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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
EN GUISE DE CONCLUSION
 

Par l'Amiral Pierre LACOSTE

Je suis très reconnaissant à l'A.A.S.S.D.N. d'avoir institué cette remise de prix pour récompenser les meilleurs travaux des officiers qui s'intéressent à l'histoire du renseignement militaire et je suis très honoré d'y avoir été à nouveau associé. .... .... Vous contribuez ainsi à lever le voile sur ce que Sir Alexander Cadogan, qui fut Sous Secrétaire au Foreign Office de 1938 à 1945, avait appelé " la dimension manquante de l'histoire diplomatique ".

En raison de sa nature secrète, le renseignement demeure un des facteurs les plus mal connus de l'histoire militaire. Quel a été son rôle réel dans l'élaboration des décisions tactiques, opérationnelles ou stratégiques ? Comment les décideurs ont-ils été informés, comment ont-ils pris en compte les renseignements fournis par les services spécialisés ? Quelle a été l'influence des autres facteurs techniques, politiques ou psychologiques ? Parallèlement aux informations précises qui ont été fournies, quelle a été la part de l'intuition ou de la subjectivité dans le choix d'un mode d'action plutôt qu'un autre ?

Grâce à vos travaux on ne pourra plus objecter qu'en France le manque de sources interdit de se poser de telles questions ; vous jouez le rôle de défricheurs, j'espère que vous ferez beaucoup d'émules. Car c'est aussi une façon de se libérer des tabous et des interdits qui ont si souvent empêché nos compatriotes de porter un regard objectif et dépassionné sur leur propre histoire. Une histoire douloureuse qui dans l'époque contemporaine a été marquée par plus de défaites que de victoires, par plus de guerres perdues que de grands succès militaires. Une opinion publique divisée, le poids des idéologies, l'âpreté des querelles politiciennes, ont contribué à obscurcir les témoignages ou à pratiquer l'oubli systématique afin d'accréditer certaines légendes " politiquement correctes ". C'est ainsi qu'on passe sous silence la collusion des communistes et des nazis de septembre 1939 à juillet 1941, ou bien qu'on refuse de reconnaître les résultats obtenus par les services secrets de l'armée d'armistice contre l'ennemi allemand sous prétexte qu'ils avaient servi sous le régime de Vichy.

Il vous appartient à vous, les générations montantes, de ne pas être prisonniers de ces réactions passionnelles, de refuser la politique de l'autruche, d'oser poser toutes les questions, même celles qui dérangent.

 

A l'occasion d'un récent colloque sur le renseignement organisé par le Collège Saint-Anthony de l'Université d'Oxford, j'ai pu observer à quel point les anglais sont capables d'assumer sans fausse honte certains drames de leur passé. Il osent parler franchement de la trahison de Kim Philby et de ses amis au profit de l'Union Soviétique. En France, l'évocation de faits analogues soulève encore des réactions indignées et on préfère ne pas parler du tout ! Je lance aussi un appel aux anciens des services qui sont venus nombreux aujourd'hui pour témoigner de la vitalité de l'A.A.S.S.D.N.

 

L'association ne se contente pas d'honorer la mémoire des anciens des Services Spéciaux victimes du devoir. Elle oeuvre aussi pour que nos compatriotes reconnaissent enfin l'importance des activités du renseignement, au sens large du mot.

Je vous demande de surmonter vos réticences légitimes de vrais professionnels, élevés dans le culte du secret, qui n'ont pas jusqu'à présent souhaité parler de leurs activités passées. Car il se trouve qu'à l'étranger nos adversaires, et même nos meilleurs amis, portent sur nos Services Spéciaux des jugements très critiques dans la mesure où ils ne disposent que d'informations insuffisantes, erronées, voire franchement mensongères.

 

Il court beaucoup de légendes malveillantes qui se nourrissent d'enquêtes publiées par certains journalistes peu scrupuleux ou d'autobiographies fantaisistes d'anciens responsables en mal de publicité. Faute de mieux seules de telles légendes servent de références, même dans les milieux académiques les plus sérieux qui se penchent sur l'histoire de nos services. Il est donc indispensable d'entreprendre dans notre pays un effort systématique de recherche, d'explication et de publication pour ne pas en laisser l'exclusivité à des universitaires étrangers.

 

Mais il convient de le faire en toute clarté et en toute rigueur car il ne doit y avoir en ces matières qu'une seule ligne de conduite, à savoir le culte de " cette Sacrée Vérité " selon la formule qui est chère à votre valeureux président, le Colonel Paillole. Pour avoir été le premier à s'engager dans cette voie après tout ce qu'il avait déjà accompli pour notre pays, il mérite encore plus notre admiration et notre gratitude.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 183

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