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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LES SERVICES SPÉCIAUX DANS L'APPAREIL DÉFENSIF DU PAYS (2)
 

On nous a posé un jour cette question : Qu'avez-vous su de l'Allemagne entre les deux guerres?

Réponse :

La question est mal posée : demandez-nous plutôt ce que nous n'avons pas su. Voici un bilan du SERVICE.

Nous avons noté précédemment qu'avec l'arrivée de Hitler au pouvoir, l'acquisition du " renseignement " a posé des problèmes qui sont allés s'aggravant. Mais l'appareil de " recherche ", accroché aux centres vitaux de la force allemande, résiste et poursuit son office. Il en résulte que la reconstitution de l'armée allemande, son rythme et ses formes vont être observées à souhait. Nous saurons ce qu'Hitler va mettre en action dans ses coups de force successifs. Et à chaque effort qu'il fera pour accomplir une nouvelle étape dans la réalisation de ses plans, le S.R. français sera en mesure d'annoncer à notre Etat-Major, l'objectif, les moyens et la date approximative (parfois précise) de l'opération projetée. (Quand? Contre qui? Avec quoi?)

Bornons-nous aux renseignements majeurs :

- Début de 1936, le S.R. fait connaître les tractations engagées entre l'Intendance et les fournisseurs aux armées en vue d'approvisionner les futures garnisons de la rive gauche du Rhin, l'activité du Génie aménageant en hâte les anciennes casernes désaffectées, l'alerte des municipalités régionales prévenues de la proche réoccupation de la zone démilitarisée. Ces renseignements sont recoupés en février.

Le 7 mars au matin, 19 bataillons allemands entrent sans combat dans cette zone.

- Le 19 janvier 1938, d'abondants renseignements appuyés de documents viennent corroborer ce que le S.R. tient déjà de plusieurs sources : l'Anschluss sera réalisé à brève échéance. Le S.R. identifie les troupes stationnées en Bavière dans ce but. Le 11 mars, il signale l'alerte préparatoire de ces forces et la fermeture de la frontière austro-allemande.
Le 12 au matin, 3 divisions allemandes font irruption dans la plaine autrichienne.

- Le 8 avril, le S.R. dit : l'O.K.W. monte une action contre la Tchécoslovaquie. Les Tchèques le savent et le confirment. D'avril à août, le machiavélisme politique de Hitler tente de couvrir les préparatifs. Le 25 août, le S.R. apprend que l'opération aura lieu le 25 septembre. Il décèle les jours suivants le plan de concentration allemand et reçoit connaissance des mouvements assignés aux principales unités.
Le 26 septembre, le Führer signifie à l'Europe sa décision de faire entrer ses troupes dans les pays sudètes.

- Dans le courant de janvier 1939, les meilleures sources du S.R. annoncent la résolution prise par Hitler de procéder à l'absorption totale de la Tchécoslovaquie. Le 6 mars, nous apprenons de source sûre que l'opération aura lieu le 15.
Le 14 la frontière établie en septembre était franchie, et le 15 les troupes allemandes exécutaient leur dernier bond sur Prague.
- Tout observateur attentif de la politique inaugurée par Hitler prévoit à ce moment une proche attaque de la Pologne, couronnement de sa mainmise sur l'Europe centrale. La préparation politique de cette agression est marquée par le souci hitlérien d'écarter une intervention russe au travers de ses projets. Le monde apprendra, quelques jours avant l'opération que celle-ci bénéficie de la complicité soviétique. Avouons que le S.R. ne connut pas à l'avance la date de ce revirement. On ne peut tout attendre de lui...

La préparation militaire est suivie sans lacune. Dès le 9 juin, des sources éprouvées annoncent pour la fin d'août le rush allemand vers l'Est. Informé des mesures préalables à l'exécution de cette attaque, le S.R. va se trouver en mesure de suivre, dès leur début, les étapes de concentration des grandes unités. Le 19 août, il relève le dispositif stratégique allemand. Le 23, notre Deuxième Bureau en expose le schéma au Commandement. Le 24, le S.R. apprend que la Pologne sera envahie le 26 ou le 28 août.


Nous savons aujourd'hui que l'attaque s'est trouvée différée de 3 jours par d'ultimes tentatives de négociation.


A la veille du 10 mai
L'heure du destin français approche. A peine les derniers tronçons de l'armée polonaise sont-ils mis hors de cause, que les premiers éléments disponibles de l'armée allemande s'embarquent pour le front français. Le S.R., noué à leurs traces, va suivre de bout en bout, huit mois durant, la mise en place du dispositif allemand face à l'ouest. Facilement? Non. Efficacement? Oui. A aucun moment ne se poseront d'indéchiffrables énigmes. A la veille du 10 mai 1940, nous saurons comment est faite l'armée allemande, ses moyens, sa doctrine, ses insuffisances aussi, et les risques qu'elle va encourir. Depuis novembre 1939, Hitler fait peser sur l'esprit de notre Commandement la menace d'une attaque imminente. A plusieurs reprises, le S.R. dévoile le caractère tendancieux de certaines informations alarmistes. Nous savions, d'autre part, que l'heure H procéderait d'une psychologie typiquement hitlérienne. Elle dépendrait uniquement de l'intuition que le Führer aurait de son opportunité ; et les chefs allemands eux-mêmes l'ignoreraient jusqu'au dernier moment. En fait, ils l'ont connue le 9 à 21 h. :

De notre côté, le " Renseignement " a, malgré tout, tenu ses promesses : il a serré de près l'heure H. Le 1er mai, le S.R, apprenait d'une excellente source que l'attaque serait lancée le 8 ou le 10.
Il apprenait également et le faisait savoir au G.Q.G. que le point de rupture était prévu sur Sedan et que l'axe général de l'attaque serait en direction de la mer du Nord et de Dunkerque.
Le dernier renseignement, reçu le 8, annonçait l'attaque pour le jour même ; moins de 48 heures après, à l'aube du 10 mai. Belgique, Hollande et Luxembourg étaient envahis, les Stukas apparaissaient sur notre front.
Chefs militaires et chefs politiques de ce Pays ont su ce qu'ils devaient savoir de l'armée allemande et des intentions de ses chefs. Ils ont su comment, quand et avec quoi la France serait attaquée.

 

 

 

 

 
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Article paru dans les Bulletins N° 19 et 34

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