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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LES SERVICES SPÉCIAUX EN FRANCE de Juin 1940 à Novembre 1942
 

Par le Général Louis RIVET


Sur les heures les plus angoissantes, les plus tragiques du SERVICE, rien de complet jusqu'ici n'avait été écrit.

Cette lacune est maintenant comblée par celui-là même qui - avec le très petit nombre de ses "alliés" - s'est imposé dans la défaite, une discipline souvent douloureuse à son coeur de Français et de Soldat sans reproche.

Sans doute a-t-il eu la satisfaction de constater que ses sacrifices accomplis pour la plus noble des causes n’avaient pas été vains.

Après 15 ans de silence, le voile ainsi soulevé.

 

LA GUERRE CONTINUE ...
( Ce " témoignage " porte sur les années précédant immédiatement la période déjà évoquée dans notre BULLETIN n° 5 sous le titre " ALGER, PC. des SERVICES SPÉCIAUX ".)

Voici donc le vieux S.R, rétabli dans la zone exiguë où le confinent les conditions d'un armistice inexorable. Numériquement amoindri par la démobilisation des réserves, il dispose sensiblement de son effectif du temps de paix. Sa qualité est intacte. Son aire de travail, affectée par le débordement germanique à l'Ouest, le met en prise dicte avec l’adversaire : la ligne de démarcation n'est pas un obstacle.

L'étiquette trompeuse de Bureau M.A. l'abrite provisoirement des curiosités du dehors. Le large éventail de son implantation et une dissimulation réalisée au maximum lui permettent de poursuivre sans interruption ses oeuvres de la veille. La suppression du S.R. ancienne manière, qui surviendra le 5 Août, restera sans résonance dans le public .
La guerre du renseignement, la guerre contre l'Allemand et contre ceux, dociles ou traîtres qui le serviront, continue.

Mais les difficultés vont venir, déjà elles se dessinent. C'est la narration de ce drame que nous devons à l'Histoire.


LE CLIMAT D' ARMISTICE


La question qui surgit, irrépressible, à l’esprit d'innombrables français, se pose, obsédante, aux combattants du S.R. : en présence d'une guerre que nos alliés continuent, que va faire le gouvernement de VICHY lié par les engagements qu'il a pris ?

Situons l’atmosphère, honnêtement. Elle domine, durant cette période. le comportement des services secrets.

Pour qui l'a connue en France même, c'est avant tout un complexe d'obscurités. Destin de l'individu et destin national sont à la dérive et flottent dans la nuit, nuit traversée d'adjurations discordantes : deux guides se proposent à la France. La masse encore hébétée ne comprend pas, mais elle entend le bruit pesant de la botte allemande qui couvre le heurt des ondes.

Pourtant, si l'on essaie de revivre ce désarroi moral, on a bien le sentiment que d'aucuns, à ce moment, ne voulurent tenir pour définitive la défaite de la France. Et que le plus grand nombre chercha, dans les premières paroles prononcées par les hommes au pouvoir, ce qu'elles pouvaient contenir de résolution secrète à s’affranchir de l'occupation quand les circonstances deviendraient favorables : l'exemple allemand de 1918 hantait certains ressouvenirs…


Le Français enraciné au sol millénaire eut voulu à cette heure discerner sur ce sol les leviers de son mouvant destin. Ne percevait-il pas obscurément aussi, la vague puissante d'un monde révolté qui, refusant la chute de la France, viendrait combler dans le camp allié l'absence des divisions françaises ?

Cet état d'esprit était celui de la masse. Il composait aux forces secrètes aux prises avec l’ennemi, une toile de fond propice.

Il se modifiera par la suite dans le sens de graves réserves, puis d'une opposition accentuée à l’égard de la politique vichyssoise. Et l'on sait bien aujourd’hui sur quoi s'édifia cette réprobation populaire, dont les excès mêmes ne sauraient abolir les raisons.


En tout état de cause, la faveur à peu près unanime était acquise, dès le départ, aux éléments réfractaires et aux manifestations anti-allemandes qui se développeraient au sein de la nation. Le S.R. en fut le premier bénéficiaire. Ses facilités principales lui vinrent d'une terre qui se rebellait.


Dans cette atmosphère palpable, ce qui nous reste d'une armée humiliée souffre et vibre à l’unisson du sentiment national. Ce noyau, tenu pour dérisoire, qu'on nous concède sous le vocable d'armée d’armistice, est entre les mains d'un Etat-Major résolu à ressaisir les armes, spirituelles et matérielles, de sa revanche.

Un pacte est né spontanément entre le S.R. et lui : on se battra ensemble. (La France attend encore, dix ans après la victoire, qu’on lui parle de cette armée dont le sort dramatique ne répondit ni à son juvénile élan, ni à ses nobles rêves.

Mais on retrouvera ses glorieux lambeaux au Vercors, aux Glières et sur tous les champs de bataille de la Libération).


Pour un S.R. en quête de points d'appui, le monde des facilités s'arrête là.

C’est une promesse, morale : que comptera-t-elle en face des intentions qui ont licence de s'exprimer et sont loin de donner le même son ? Et déjà ce climat aux contours incertains ne perd-il pas immédiatement de sa substance quand on le confronte aux actes initiaux du pouvoir ?


C'est un fait rapidement évident qu'un gouvernement, né au bout du désastre et constitué sous le contrôle du vainqueur, ne réagit pas - à une ou deux exceptions près - à la manière du gladiateur dont le glaive s’est rompu au choc mais qui d'instinct cherche à en rassembler les tronçons.

Rappelons-nous : en ces débuts d’armistice, il est uniquement question, dans les instructions officielles comme dans les conversations d’augures, d'exécuter les conditions imposées. La réserve mentale elle-même ne se révèle pas dans le propos gouvernemental. On a l'impression oppressante d'une totale soumission.


Au fur et à mesure que passent les mois, les présomptions s'accumulent que la ligne choisie à BORDEAUX prend une consistance imprévue. Et l'on s'étonne d'apprendre que le chef du Gouvernement a entamé avec le vainqueur des relations fondées sur des thèmes d'hégémonie allemande et de désintéressement de la lutte.

Quand THIERS, en 1871, disait que la France n'avait d'autre attitude à prendre que de s'entendre avec le plus fort, l'idée ne lui venait pas de tels renoncements.

Plus près de nous, les signataires allemands du traité de VERSAILLES n'avaient renoncé à rien. La suite l'avait prouvé.


On voudrait croire à de simples rumeurs. Mais l'atmosphère dans quelle évolue le S.R. convainc trop vite ses hommes que toutes les activités françaises, légales ou illégales, vont, pour un temps indéfini, se développer sous l'oeil inquisiteur de l'ennemi : rien ne se décidera sans l'approbation du "Grand Paris" allemand.

Dès lors, un conflit s'engendre entre deux états de fait inconciliables :
- l'un, l'armistice, garanti par un pouvoir qui s'interdit jusqu'aux réactions élémentaires d'une souveraineté stipulée libre dans une portion de la Métropole, mais que violent pourtant délibérément, dès le lendemain des signatures, espions et policiers de l'axe,
- l’autre, l'activité ininterrompue du S.R. français, étranger aux suspensions d'armes, résolu à poursuivre sa mission en se dérobant aux servitudes de l’Armistice.

Pour négligeable qu'apparaisse à l'esprit public le rôle tenu dans l'ombre par un Service de Renseignements national, il faudra bien, nonobstant, que l'historien probe fasse émerger des matériaux aujourd'hui en sa possession les attitudes et les premiers gestes qui, de 1940 à 1944, firent se raidir la France contre l'occupant et contre ceux qui le favorisèrent.


Il manquerait à sa mission, comme nous faillirions à notre devoir, en laissant ignorer aux Français que la première bataille livrée sur notre sol aux envahisseurs du Pays, fut une initiative de nos Services secrets.



LES POSITIONS SE PRECISENT

Le premier temps de l'ère exécrable qui s’annonce est donc celui où l’appareil gouvernemental fait effort pour s'adapter à l'"ordre nouveau". Des institutions tombent, d'autres s'improvisent. De vieux routiers que personne n'attendait, poussés par la nostalgie du pouvoir à supputer les risques et les promesses du serment d'allégeance, envahissent les porches officiels, en quête de postes avantageux. Politique, hélas : la plus décevante.


Le S.R. n'a cure de la politique, mais il a besoin d'assurer ses arrières : Parmi ces consciences souples, en est-il du moins dont l'adhésion à l’"Europe Nouvelle" n'est que jeu ?

Des investigations précoces le renseignent :le S.R. n'est compris, et généralement approuvé, que par deux Ministres de l'équipe gouvernementale, celui de la Guerre (Général HUNTZINGER), celui de l'Air (Général BERGERET).

Hors ces deux havres, les Officiers du "Bureau M.A." devront éviter de paraître dans les lieux arborant pavillon officiel : ce bloc enfariné, où l'on retrouve étrangement les principaux chefs du S.R. soi-disant dissous, n'y soulève que suspicions et désapprobation.


Aussi le chef du Bureau M.A, prévient-il les vérifications dont il se sent menacé en prenant des dispositions propres à assurer, en toute hypothèse, la permanence des missions de salut. Le S.R. d'hier aura désormais deux faces :


- l’une, le Bureau M.A. officiel., chargé de défendre l'armée et le pays contre les menées anti-nationales et contre la violation des secrets nationaux.
((Telle était la mission plaidée par le chef du S.R. quand il proposa la création du Bureau M.A. Elle
donna lieu à équivoque, mais cette équivoque favorisa les entreprises du SERVICE.))


- l’autre, le Bureau M.A, clandestin, survivance des deux organes classiques du S.R. aboli : S.R. + C.E. Il vivra sans bannière à l'ombre du Bureau M.A. officiel. Le C.E. troquera cette étiquette contre celle de T.R., emprunt fait au slogan à la mode du moment (Travaux Ruraux).


Les divers éléments du service clandestin sont dispersés sous des noms innocents en différents secteurs de la "zone libre", Leurs liaisons avec l'organe de direction fixé à ROYAT seront protégées au maximum.
((Le centre actif du T.R. fut installé à MARSEILLE sous l'appellation de "Cambronne". Parmi les autres éléments, le plus important "interceptions, chiffre et crypto", fut camouflé dans la région de  NIMES. Il répondit au nom de guerre de "Congo".))

Ces précautions prises, les contacts avec le monde d'alentour s'engagent à pas feutrés. Seule clarté dans cette nébuleuse : les missions de renseignement et de contre-espionnage, précisées et ajustées à la nouvelle situation, ne sont pas interrompues.


Le 14 Septembre, le Général HUNTZIGER, qui a succédé au Général COLSON à la Guerre, s'efforce de comprendre le service qu'il hérite de son prédécesseur. Il se penche sur le statut proposé par le chef du Bureau M.A. Tâche laborieuse.

Le chef d'Armée d'hier, tout comme ses pairs, connaît mal cet organe qui, par sa nature, vit en marge des Etats-Majors. Il en appréhende les subtiles combinaisons, les coups hors des règles, les chocs en retour.

Il hésite.

Cédant enfin aux arguments que sa conscience de patriote ne saurait rejeter en bloc. Il accepte une charte provisoire. L'essentiel de celle-ci, sophistiquée à souhait, laisse un champ suffisant aux initiatives que le chef du Bureau M.A. sera amené à prendre - sous sa responsabilité personnelle, cela va de soi.

Le coup de frein est d’ailleurs dans les réserves verbales... " N'oubliez pas que la charte contrevient aux instructions du gouvernement dont je fais partie "; autrement dit : débrouillez-vous et surtout, " pas d'histoires ". (Le Général COLSON avait déjà dit : " ne cassez rien prématurément ")

C'est décidément à l'échelon inférieur que " ceux du S.R. " vont voir parler à coeur ouvert.


L'Etat-Major de l'Armée (Siège principal à VICHY) vit hors de l’enceinte politicienne où l'on se préoccupe de renverser le courant des esprits. Replié sur le drame de ses rêves anéantis, d'une France accablée sous le poids de son incroyable défaite, il a conservé à travers la tourmente le mépris des jeux de la politique.

Sa Pensée sinue dans des lendemains imprécis, cherchant les prémices d'un renversement du destin.

L'esprit de revanche a soufflé en lui au soir même de l'inadmissible écroulement. Il l'infusera au noyau d'armée qui lui reste, il encouragera les Initiatives des officiers voués au réarmement clandestin, les suscitera à la 1ère occasion, il les couvrira toujours.

Ses chefs s’appelleront le Général CAILLAUX, dont l'appui au S.R. est immédiat, le Général PICQUENDAR qui ouvre l'ère des activités illégales de son Etat-Major, le Général VERNEAU, que sa foi placide et robuste en un renversement victorieux conduira à la déportation et à la mort, le général OLLERIS, son sous-chef d’Etat-Major, arrêté, lui aussi, et déporté. Ce sera plus tard le Général FRERE, chef splendide, promis la torture et à un assassinat ignominieux.



Les Bureaux de l'Etat-Major sont, à l'exception de quelques hommes, en sourde rébellion contre les fins officiellement proclamées.

Citons en deux, proéminents :


Le 2ème Bureau, pétri d'esprit anti-allemand et dressé dès la première heure contre toute politique d'abandon. Les Colonels GAUCHE et BESANÇON ont commencé l'aménagement d'une position indépendante au coeur de la place menacée. Le Colonel BARIL leur succède le 1er Janvier 1941, Silhouette de proue, patriote intransigeant et lucide, chef entraînant, il va faire du 2ème Bureau dont il a savamment dispersé les éléments - (le noyau clandestin a été dissimulé dans un immeuble lyonnais) - le bastion et l'âme de la résistance au sein de l'E.M.A. 2ème Bureau et Bureau M.A. frères jumeaux, demeurent traditionnellement liés,


Le 3ème Bureau a trouvé dans son nouveau Chef, le Colonel du VIGIER, l'animateur ardent et réfléchi qui traduira sur le plan de l’action immédiate l'esprit et les secrètes Intentions du Chef de l’ E.M.A. et guidera les opérations de réarmement clandestin effectuées par le Commandant MOLLARD.

Le Commandant LAMBERT, jusque là artisan magnifique des oeuvres du Bureau M.A.. apportera au 3ème Bureau le concours de son expérience, de son esprit d'entreprise et de sa foi.


Les dispositions de l'Armée sont celles de ses chefs. Dans les Etats-Majors subordonnés, dans les Services et Unités, d'innombrables concours ont surgi, qui seront utilisés. On ne peut les nommer tous.

Mais comment ne pas rendre un hommage particulier aux Tribunaux Militaires qui persisteront à appliquer sans faiblir les préceptes de l'action répressive en matière d'espionnage et de trahison; aux patriotes avisés qui, tel le contrôleur général LACHENAUD, trouveront en marge de consignes impératives, le moyen de financer l'activité quasi totale du Bureau M.A. ?


Sur cette floraison spontanée, encore qu'éparse et sans liens définis, planera, force vigilante, le grand chef que la France avait négligé d’appeler avant le choc des armées, quand il était encore temps de vaincre : le Général WEYGAND.

Quand le S.R. démasqué sera accusé dans ses hommes et dans ses oeuvres, on entendra résonner dans les Conseils où il paraîtra, appelé ou non, la voix nette et tranchante, le non catégorique opposé aux projets qui viseront à combler le voeu ou à déférer aux sommations de l'ennemi.

Le Général WEYGAND et son fidèle chef de Cabinet, le Colonel GASSER, seront les plus fermes et les plus efficaces soutiens du S.R.dans ses épreuves.


Un désaccord fondamental existait donc, produit d'une défaite cruellement ressentie par la masse, mais notoirement acceptée par le pouvoir comme le test probant de notre impuissance et de notre déclin.

Et ce désaccord, le Bureau M.A. allait, à sa place modeste, mais fort de son âme, en prendre la mesure.


L'esprit nouveau, que traduit déjà l'apparition insolite d'organes policiers qu’on ne connaissait point la veille, va, se propageant, se faire sentir jusqu'au Cabinet de la Guerre.

Sous la marée montante des réformes et redressements ordonnés par le Chef du Gouvernement, le Général HUNTZIGER convoque le Chef du Bureau M.A. Et Il expose en bref :


1° - France vaincue. Guerre poursuivie entre deux adversaires dont on ne sait pas qui sera vainqueur. L'Allemagne a plus de chances que l'Angleterre. Compromis possible - En attendant, la France doit exécuter loyalement les clauses de l'armistice. Donc, pas de travail S.R. sur l'Allemagne.


2° - Pas de collaboration avec l'I.S. par crainte de représailles sur le Pays tout entier,
(Cette collaboration de guerre ne fut jamais interrompue)


3° - Les Allemands nous accusent de laisser les Anglais utiliser des postes radio en France, et de ne pas agir contre les Centres d'engagements pour la "France Libre". Déceler ces activités et les combattre.


4° - Influences "gaullistes" actives contre notre empire colonial. Les Allemands s'étonnent que, disposant de l'Aviation et de la Flotte qu'ils nous ont laissées, nous n'essayions pas de rompre le blocus britannique. Nous risquons de nous voir retirer cette concession.

Ainsi la politique nouvelle s'engage bien dans les voies redoutées.

Qu'en pense au fond le Général ? Son masque froid ne trahit pas ses sentiments intimes, mais le cauchemar du dernier Rethondes - où il avait présidé la délégation française en 1940 - semble le poursuivre. Et n'a-t-il pas avoué à son entourage l'impression d'invincibilité que lui donnait la puissance militaire allemande ?


" Nous ne pouvons nous engager dans cette voie " a laissé tomber le chef du Bureau M.A. « Nous en reparlerons », dit HUNTZIGER, « Retenez en attendant que votre service ne rassure pas ».


L'homme n'est pas loquace. Rarement il livrera à ses interlocuteurs ses secrètes pensées.

Mais maintes instructions qu'il donnera à partir de ce moment légitimeront une résistance larvée des exécutants. Elles soulèveront les protestations du Bureau M.A. quand elles s'égareront au point de confondre les patriotes français avec les serviteurs de l'occupant.


Il semble bien que le ministre ait voulu tenir la gageure impossible d'assouplir le Bureau M.A., dont il savait la structure artificielle et les activités "répréhensibles", aux apparences du loyalisme : mariage de la carpe et du lapin ...

C'est ainsi qu'en Novembre 1940, Il adressera au Bureau M.A. une Instruction visant à réprimer les menées anti-nationales au nombre desquelles il nommera les "gaullistes".

Il fallut bien lui faire respectueusement entendre que ce vocable était absurde et de mauvaise foi, le terme désignant, dans son acception officielle, tout ce qui s'insurgeait contre la politique de soumission.

Et pourtant on le verra, le 15 Juillet 1941, faire écho au Général WEYGAND, et s'élever contre un réquisitoire prononcé par DARLAN, en Conseil des Ministres, à l'adresse du Bureau M.A. à qui étaient reprochés des " incidents de S.R. ", un travail actif contre les Allemands, une collaboration persistante avec un "gaullisme" latent dans son personnel.

On verra encore HUNTZIGER, vigoureusement appuyé par WEYGAND, refuser l'épuration du Bureau M.A. réclamée par DARLAN.

Mais on ne vit point le Ministre se détacher avec éclat de l'équipe à laquelle il s'était imprudemment lié.

Velléitaire ? Peut-être. Conscience droite à coup sûr. Le 11 Novembre 1941, le Général HUNTZIGER mourait tragiquement. Avec lui disparaissait l'espoir de voir se concrétiser un accord de pensée entre le Cabinet de la Guerre et le Bureau M.A.


Les dispositions qui cependant s'étaient fait jour au sein de l'Armée pour s'affirmer plus clairement au Bureau M.A.. n'avaient pas manqué d'inquiéter sérieusement le Chef du Gouvernement, l'Amiral DARLAN.

Celui-ci ne scellait plus sa résolution de mettre à la raison ce fameux S.R. dont LAVAL, dans les premiers mois de 1940, avait mal connu la position et l'esprit.


Le 25 Août 1941, il avait pris le ton de la bonhomie pour dire au Chef du Bureau M.A. convoqué qu'il ne suspectait pas son Service, mais que son activité excessive était de nature à "compromettre l'action gouvernementale".

Il arguait de ce postulat que la recherche du renseignement de guerre, en ces temps de détresse française, ne s'imposait vraiment pas. Et qu'en définitive, pour dissiper toute équivoque, il songeait à créer près de lui un organe d'information unique qui animerait la recherche.

Il brossait à cette occasion un tableau de ses difficultés : "Voyez bien ma situation : un marteau sur la tête, un morceau de sucre tendu à distance. J'ai dit à l'Amiral LEHAY, venu me sonder : donnez-moi demain 3.000 chars et 6.000 avions, et je changerai de politique".


Ce qu'il ne dit pas mais laisse entendre, c'est que le Bureau M.A. est suspect à ses yeux de travailler contre lui.

Il a livré sans nuance cet état d'âme le 16 Juillet, quand il a fait perquisitionner par sa police les Bureaux du Colonel RONIN mis aux arrêts de rigueur pour avoir porté sur sa personne un jugement méprisant, exprimé d'un mot irrévérencieux, bref mais précis.

L'Amiral était allé un peu loin. Le Général HUNTZIGER s'en offusqua. Il invita ses services à ne point obtempérer, sans son autorisation, aux ordres de perquisition qui amèneraient la police à leurs portes.


Ainsi, en quelques mois, l'étrange maquis dans lequel un grand service national tentait de voir clair, lui apparaissait chargé de plus de pièges que de sentes libres, de plus de risques de mort que de chances de durée.

Les concours espérés, les recours possibles, les ressources de la clandestinité, toutes ces forces associées pouvaient, certes, faire merveille. Mais résisteraient-elles aux mots d'ordre d'un pouvoir résolu à réduire le S.R., à contraindre ses chefs, en un mot, à faire place nette ?


C'est bien en effet contre le pouvoir que la lutte était commencée.


Nous n'emprunterons pas à la politique ses thèmes intéressés, ses jargons partisans. Simplement, nous disons que l'équipe de notre vieux Service de Renseignements ne pouvait se soumettre aux décisions d'un pouvoir qui avait pris vis-à-vis de l'ennemi des engagements mortels pour le Pays, et qui, loin de tenter de les tourner et de se reprendre, se disposait au contraire à les appliquer avec servilité.


Nous essayons de définir à grands traits les difficultés et les embûches que, de ce fait, le Bureau M.A. rencontrait sur le territoire national entre 1940 et 1942 pour remplir sa mission. Nous en reproduisons les incidents caractéristiques.



"POUVOIR" CONTRE "BUREAU M.A."


Tenue en défiance, en butte dès le lendemain de la conclusion de l'Armistice aux manoeuvres hostiles du Gouvernement, le Bureau M.A. est devenu, vers le milieu de 1941, l'appareil perturbateur par excellence, la bête noire du régime.


Il se confirme au mois d'Août que DARLAN bâtit, à grand renfort de compétences neuves, un « S.R. de Défense Nationale » qu'on appellera le « Centre d'information Gouvernementale ».

Parallèlement, de pseudo policiers reconnaissent entre chien et loup les gîtes incertains du SERVICE, et des demandes émanant du Cabinet DARLAN enjoignent le Bureau M.A. d'expliquer ses faits et méfaits.


Une parenthèse s'impose ici. La nouvelle police, dite nationale, a perdu l'homogénéité de son aînée. Nombreux sont encore les fonctionnaires en place qui conservent au SERVICE un fidèle attachement, et le prouvent. Malheureusement, les principaux personnages de l'intérieur ont été mis en place par le nouveau régime. Ils exécutent, souvent d'un esprit las et incrédule, des consignes qui rendent illusoires les tentatives faites par nos Officiers dans le sens d'une coopération.

Serait-ce que la fonction publique, sous le signe des dévotions nouvelles, s'est subitement détournée de son sens et se dresse contre les serviteurs du Pays ?

C'est un fait que les Directeurs successifs de la Sûreté Nationale de cette époque sont rétifs ou délibérément hostiles : ils manquent à l'appui que leurs services donnèrent de tout temps à nos organes de recherche, maints de leurs subordonnés les suivent.

Rarement dans l'histoire, ce Corps d'élite avait été en désaccord avec l'intérêt national. Il se peut qu'au sommet, des Ministres de circonstance aient dans le secret la tentation de jouer les Fouché . Mais il y avait du moins dans cette âme assez vile, pour voiler l'impudeur des variations opportunes, le soupçon, sinon la certitude de la pérennité de la France.

Cette constatation nous met à l'aise pour louer bien haut les policiers de tout grade qui, patriotes magnifiques, participèrent, fraternellement, aux actions et aux sacrifices des Services Spéciaux Français.


Le conflit éclate donc dans tous les actes, de part et d'autre, qui mettent en présence Officiers du S.R. et fonctionnaires de l'Intérieur :

C'est un jour la police qui livre à la Gestapo des « gens de mains » ainsi que des documents révélant les missions qu'ils avaient reçues.

Ce sont, le lendemain, des investigations contre des « Chefs de groupements troubles », et l'on s'indigne de rencontrer sans cesse sur cette voie l'ombre du " 2ème Bureau ".

La police s'offusque que des "gens" parfaitement " innocents ", lancés par elle, soient arrêtés à la ligne de démarcation par des représentants non qualifiés du Bureau M.A. Mais elle demeure muette sur l'arrestation d’agents du S.R. français par les services allemands de la zone occupée.

Et les accusations se croisent, acerbes, mettant directement en cause les chefs des services opposés. Et chaque jour leur apporte un nouvel aliment : des deux côtés, chacun fait son métier, mais en sens contraire.


Ainsi passent les jours, les mois. Les griefs s'accumulent, les menaces se précisent. Le Bureau M.A, sera souvent acculé aux manoeuvres retorses pour dissocier la meute et défendre ses voies, jusqu'au jour où, au mois d'Août 1942, il devra, pour échapper à l'exécution, faire accepter par le Commandement une nouvelle appellation du SERVICE : le Bureau M.A. deviendra la SECURITE MILITAIRE.


N'anticipons point; nous sommes en Août 1941, et déjà le Chef de l'E.M.A. a dû promettre au Ministre de renouveler le personnel du Bureau M.A. et de mettre ses actes en harmonie avec les directives du jour. Il ne procède bien entendu qu'à des mutations de forme.

De son côté, DARLAN a mis sur pied son " Centre d'information gouvernementale " dont il confie - un peu naïvement - la direction au Général ROUX, ancien chef du S.R. Celui-ci joindra à son art propre de différer, le ferme propos de neutraliser l'agression, mais il ne pourra ni convaincre, ni modérer l'entourage de l'Amiral qui redoublera de suggestions draconiennes.


Ces suggestions sont elles bien nécessaires ? Il y a dans les Conseils du " Majestic " assez d'hommes puissants qui dénoncent l'" action néfaste du 2e Bureau ", dont les gens, dit PUCHEU, Ministre de l'Intérieur, doivent être " traqués sans pitié ".

PUCHEU vient d'ailleurs (Février 1942) de dire son fait à FRENAY au cours d'un dialogue orageux qui a mis en évidence toute la nervosité des hommes au pouvoir.

Subiraient-ils l'influence de deux évènements, le repli du front allemand en Russie (Décembre 1941) et le recul précipité des germano-italiens en Cyrénaïque, qui font envisager par HITLER des négociations de paix séparée avec la France afin de n'avoir plus de ce côté de graves soucis d'ordre militaire ?

C'est le sentiment qu'en a notre 2ème Bureau. Et son chef, BARIL, ne le dissimule pas dans une note courageuse qu'il destine, par delà le Commandement, aux hommes responsables égarés dans les fourrés de la collaboration.


Cependant qu'un faux instrument de police continue son oeuvre, aveuglément. C'est ici une jeune fille qu'on emprisonne parce qu’elle transporte des papiers suspects. C'est là un membre du S.R. que la police arrête et refuse de relâcher. Ailleurs c'est le cadavre d'un " collaborateur " dont l’élimination est, dit-on, " signée " des hommes du Bureau M.A.

C'est une liste de gens " compromis avec le S.R. " que le diplomate allemand RAHN, au nom des hautes Autorités du Reich remet à DARLAN pour décision à prendre.

Les Allemands dénoncent à VICHY des passages insolites à la ligne de démarcation et enjoignent d'y mettre fin.

Et, pour corser le tout, c'est une menace allemande d'exécution d'otages, en représailles d'attentats où la main du Bureau M.A. " a laissé sa griffe ... ".

Notre SECURITE MILITAIRE est au coeur de l'orage.

Des propos sans aménité sont échangés entre nos Officiers et les Services de Police. Des convocations impératives parviennent au chef du service incriminé : à sa traversée des bureaux, on affecte de ne pas le voir.

Le pot de fer semble avoir raison du pot de grès.

Le 23 Mars 1942, le Général PICQUENDAR mande le Colonel RIVET.

Simple communication, faite avec une solennité feinte : le Chef du 2ème Bureau, le Chef du Bureau M.A, et son adjoint le Colonel d'ALES sont relevés de leur emploi.

Motifs invoqués par DARLAN : ses ordres réitérés ne sont pas exécutés, 2ème Bureau et S.R. ne sont pas " épurés "... BARIL a rédigé un rapport déplacé, non dépourvu d’insolence. Le Chef du S.R. et lui persistent à répandre à tous échos que l'Allemagne est l'ennemi N° 1, ils n'ont rien changé à leurs directions de travail. Le Chef du C.E. nous met chaque jour de nouveaux incidents sur les bras. " Que ces gens là s'en aillent, et qu'ils se félicitent de ma modération ".


Quand on veut tuer une équipe, on commence par la décapiter. C'est un moyen classique de déblayer les situations équivoques. DARLAN semble ne pas voir que ces têtes de file, si elles peuvent être changées de place, ne peuvent changer d'esprit ni de coeur. Et pourtant : Telles sont les difficultés et les servitudes des mandarinats mal assurés, que leurs décisions, même quand elles se veulent radicales, sont imperceptiblement teintées de desseins personnels qui en vicient les effets.

Quatre jours plus tard, le Général PICQUENDAR en faisait la démonstration.

 


A TRAVERS LES FISSURES DU REGIME


Le 27 Mars, quand le Chef du Bureau M.A, vient prendre congé du Chef de l'E.M.A. avant de " rentrer dans ses foyers ", PICQUENDAR, l'oeil rieur, l'arrête d'un mot : " vous ne partez pas encore ".

Et il explique, monologuant le propos pittoresque qu'il a tenu à l'Amiral :


" Il y a tout de même des règles de prudence constamment observées dans les faux ménages en mal de rupture. Le Bureau M.A. vous est intolérable, c'est un fait. Vous voulez sa disparition, c’en est un second. Il y en a un troisième. Ce bureau est né du S.R. . Or le S.R. est un édifice compliqué dont la chute brutale pourrait vous valoir des ennuis, des retours de flamme. On ne sait jamais exactement ce que dissimulent ces pistes tortueuses, ces visages sans contours qui se dérobent quand on croit les tenir. Moi-même, et en dépit de vos objurgations, j'ai renoncé à les définir. Une bonne méthode pour changer l'attelage, serait de désigner d'abord un successeur, homme de confiance bien entendu, de l'initier peu à peu en lui prêchant en chemin la bonne parole. On l'introniserait quand il serait au point. D'ici là, Il me semble indispensable de laisser côte à côte la garde montante et la garde descendante ".


Pour un chef de son rang, qui couvrait au même moment des Officiers affairés au camouflage des armes de l'"armée secrète", le discours de PICQUENDAR ne manquait ni d'habileté ni de courage.


La bête de l'Apocalypse était-elle passée, ricanante, dans les songes de l'Amiral ? Du moins la manoeuvre avait-elle séduit ... Le 1er Avril, le Chef du Bureau M.A. recevait l'ordre de rester provisoirement à VICHY.

Sursis de trois mois, avait dit PICQUENDAR. Le Colonel d'ALES, lui, ne passerait ses consignes que le 1er Août. Mais BARIL rejoindrait immédiatement KOLEA où l'attendait son régiment.

Pour marquer néanmoins sa résolution intacte de conférer peau neuve au Service Indiscipliné, DARLAN limogerait en Août le Colonel PERRUCHE, Chef de notre branche " Renseignements sur les questions allemandes " rendu indésirable par son obstination hautaine dans la ligne interdite et ses remarquables succès dans la recherche.


Mais nous arrivons en Avril. Un évènement va amener DARLAN à suspendre son tir et à nuancer ses attitudes à l'endroit du Bureau M.A. le retour de LAVAL qu'il n'a pu empêcher.

Le 18 Avril, l'Amiral lui restitue le fauteuil présidentiel. Celui que l'on appelait le " Dauphin " perçoit l'effondrement de ses rêves de succession légitime : l'Olympe entrevue, à son tour se dérobe.


Mieux informé que LAVAL du renversement progressif de la situation de guerre, il va s'efforcer de mettre son rival en posture de politicien cristallisé dans la méconnaissance des mouvantes réalités. Les péripéties de ce duel requièrent toute son attention.


Ajoutons - c'est important - qu'en Novembre 1941. un homme s'était introduit, sans déployer ses couleurs, au coeur de la place où l'honneur français semblait n'avoir plus de siège ; le Général REVERS.

Silencieusement, les initiatives occultes du Chef d'Etat-Major de l’Amiral s'appliquent à prévenir ou à neutraliser les offensives de DARLAN, et procurent par instant quelque répit au S.R.

Dès lors, et comme on aurait pu s'y attendre, la " bête noire " sera ménagée dans la mesure où l'Amiral pourra jouer de ses " incartades " pour faire trébucher le " Président ".

L'occasion d'ailleurs se présente : LAVAL n'ouvre-t-il pas son nouveau mandat en négociant avec les Allemands l'envoi d’une main d'oeuvre française réduite pour mettre les usines d'Outre-Rhin au niveau ordonné par HITLER ?

Et DARLAN, d'humeur goguenarde, n’éprouve-t-il pas un secret plaisir à le voir s’enliser ?


Le Bureau M.A. n'eut certes pas la naïveté de penser que la rentrée en scène de LAVAL lui vaudrait autre chose qu'un redoublement d’assauts : cette remise en selle n'était-elle pas le sursaut d'une politique allemande inquiète, et résolue à éliminer toute énigme du côté Français ?


Aussi, l’effervescence qui agite le lourd édifice des services gouvernementaux ne tarde-t-elle pas à replacer le Bureau M.A. au centre de leurs préoccupations.

Sa présence persistante dans les flancs d'une politique de collaboration qu'il s'agit de raffermir est jugée à défi.

A peine LAVAL a-t-il mis sur pied sa nouvelle équipe, qu'il a retrouvé sur les marches du " Majestic " des partenaires incommodes, accoutumés à parler net.

ABETZ, diplomate de circonstance, censeur désigné des faits et gestes vichyssois, GESSLER, bas policier perdu de vices, posté par la Gestapo sur les avenues de la fausse capitale, veulent savoir où en est l'imbroglio des services secrets français, dont l'existence se prouve.

Quelle pâture leur jeter ? Où et comment les saisir ? Car LAVAL, qui n'a jamais vu que roman policier dans cet univers ténébreux, ne sait par quel bout commencer.


Il s'y essaie quand même, négligeant délibérément ce que son prédécesseur a déjà accompli dans l'action punitive, ne le consultant même pas.


Le 3 Juin, le Chef du Bureau M.A., convoqué par ROCHAT, franchit pour la première fois l’antichambre conduisant au Cabinet présidentiel. Il s'attend à tout, sauf à ce qui va se passer.


LAVAL : " Je ne connais pas le service que vous dirigez (il dit "2ème Bureau").

Les Allemands prétendent que nos services secrets, officiellement supprimés, ont maintenu intacte leur structure et inchangés leurs agissements. Ils me pressent d'en finir. Au vrai, que faites-vous ? "

Inutile de chercher une échappatoire, le moment est de parler clair. En raccourci, le comparant expose :
" Le Bureau M.A. a pris à sa charge, au profit d'une Défense nationale qui subsiste en dépit de la trêve, les tâches permanentes du S.R. Si maltraité qu'il soit, ce Pays a encore des secrets à défendre et des secrets à rechercher. Si nous voulons participer à l'assaut final contre l'Allemagne, nos chefs civils et militaires ont besoin de savoir à tout moment où elle en est de sa puissance, de son usure. Les Allemands, eux, ne se privent pas de nous inonder de leurs agents ".


Ce propos, lâché d'une traite, apparaît aussitôt énorme à celui qui l'a tenu.

LAVAL n'a eu qu'un mot ; « Hein ? » . Un silence.

Le regard du Président se fige sur un coin vide de la pièce, puis : " Ce que vous glanez dans le secret présente donc, selon vous, un grand intérêt du point de vue de ma politique étrangère ? Vous me dites aussi que le S.R. allemand est très actif en France. Je m'en étonne. Que veulent-ils savoir, puisque nous ne leur cachons rien " (sic)... ".

" Ils veulent sans doute connaître vos arrières - pensées ", risque l'interlocuteur. Nouveau silence.

Et un monologue monte :
" Depuis que je suis au pouvoir, je n'ai que des "tuiles ". Pis que cela, ce sont des pans de mur qui me tombent sur la tête. J'ai encore failli récemment avoir une histoire avec un certain papier émanant des " Contrôles téléphoniques ". Si je l'avais signé et qu'il fût tombé aux mains des Américains, c'était la rupture avec eux. Et je ne veux pas de çà … I1 y a trop d'excités.

J’ai fait interner. le Général de LA LAURENCIE. Je ne lui veux aucun mal. Il y a quantité de bons Français qui rêvent de sauver leur Pays à leur manière, mais ils me gênent dans une politique qui ne tend qu'à son salut. J'ai retranché la Gendarmerie du corps de l'Armée d'Armistice.

En cela je poursuis deux fins : mettre à ma disposition un instrument excellent du maintien de l'ordre, et augmenter par ce procédé l'importance numérique de notre armée".

A ce moment, coup de téléphone. LAVAL répond par monosyllabes. Il raccroche. " C'est BRINON ".

LAVAL affecte le calme. Un temps, où les deux hommes essaient de mesurer l'abîme qui les sépare.

Enfin, le Président : " si vous avez quelque chose à me faire savoir, dites-le à ROCHAT ". L'entretien est terminé. Il a été d'une surprenante banalité.

Dehors, le climat vous ressaisit dans sa matière exacte, délétère : la présence invisible de l'Allemand, qui corrode les rapports et creuse les fossés.

Dans l'épaisse confusion créée par un pouvoir qui se dit d'expression française mais qui - le doute semble impossible - marche en sens inverse des destins du Pays, un fait demeure : les autorités ont des consignes d'action précises contre ceux qui, à l'abri des crises de conscience, poursuivent leur oeuvre patriotique.


Les hauts fonctionnaires gardent un silence éloquent lorsque, la protestation aux lèvres, des Officiers du Bureau M.A. parviennent à forcer leurs portes.

L'un de ceux-ci est allé demander à BUFFET, Directeur des Renseignements Généraux, l'explication d'une note de signalement diffusée aux policiers de la zone occupée. Elle concerne un officier parachuté aux environs de LIMOGES au retour d'une mission, arraché, après une altercation des mains de la police, " mis en sûreté " pendant quelque temps puis reparti à PARIS.

Un discours évasif de BUFFET fait apparaître que les Allemands sont prévenus. L’ Officier ne dissimule pas à ce fonctionnaire qu'il lui sera demandé des comptes. On devine le ton du colloque, simple épisode entre cent.


A ce point du conflit, début de Juillet, le S.R. est entré en possession de documents précis, établissant que HITLER exigera, non point le départ de 30.000 travailleurs pour l'Allemagne comme il l’avait mensongèrement assuré à son féal partenaire, mais en réalité la déportation de 150.000 hommes.

Muni de cette preuve et de ce prétexte, le Chef du Bureau M.A., refoulant d'intimes révoltes, décide, le 10 Juillet, de se faire introduire une deuxième fois chez LAVAL. ROCHAT, qui comprend et opine, l'y encourage.

Cette fois, l'accueil a un autre ton.

Le " Président ", assis, chapeau sur la tête, devant une table nue, s'abstient de regarder son visiteur et de lui offrir une chaise.

On le sent en boule, crêté, prêt mordre. " Que désirez-vous ? " - Vous apporter une nouvelle preuve de a mauvaise foi allemande.

" Il s'agit de la déportation de 150.000 Français… "

" Attendez un peu ", coupe LAVAL, vulgaire, " Voulez-vous m'expliquer pourquoi un certain D. que j'avais envoyé à PARIS pour m'en rapporter un document important, a été arrêté par les soins de votre "soi-disant" service, remis à un tribunal militaire, condamné à mort et exécuté avec une précipitation qui est une insulte à la légalité ? ".

- Je ne connais pas cette histoire. Mais si vous voulez bien m'accorder cinq minutes, je puis vous en conter une autre.

–" Allez-y ", et le Chef du S.R. d'exposer la véritable affaire.

D. était un espion à la solde des Allemands, un traître à son Pays. " Vous me permettrez d'en douter, interrompt le "Président ". " Et d'ailleurs j'en ai assez (sic). Je veux que cesse cette activité qui n'a plus sa raison d'être et que les Allemands me reprochent " à longueur de journée ".

" Elle met ma politique en porte à faux, quand celle-ci devrait primer tout le reste. Cette politique vise à faire une « France impériale », à constituer un bloc solide comprenant d'une part le territoire national avec ses anciennes frontières, d'autre part l'empire occidental africain (LAVAL énumère nos colonies africaines, il y inclut SIERRA LEONE ). Elle implique l'abandon de toute politique continentale en Europe. Laissons " çà " à l'Allemagne, nous n'avons rien à faire en Europe Centrale. Pour tirer tous les fruits de mes négociations, j'entends donner aux Allemands des satisfactions tangibles. Ainsi ai-je admis que des policiers allemands accompagneraient, en zone libre, les policiers français chargés d'enquêter sur l'atterrissage de parachutistes britanniques. RAHN m'a proposé une collaboration entre 2èmes Bureaux français et allemand...

(Ici, LAVAL qui a remarqué une crispation du visage chez son visiteur, s’interrompt et bifurque). Oh ! je sais bien que les Allemands n'approuvent pas tous ma politique, rejetée avec dédain par un groupe de militaires qui suivent KEITEL et réclament l'abaissement définitif de la France. Je m'y tiendrai quand même. Quant à ma politique vis-à-vis des autres Etats, elle est simple : je veux pouvoir leur parler librement, et leur dire, à l'Amérique comme aux autres, ce que j'ai à leur dire … ".

LAVAL, dont le ton baisse, poursuit son monologue, comme s'il se parlait à lui-même. L'interlocuteur, qui peu à peu a gagné la porte, se retire comme s'il s'arrachait à un cauchemar. Au sortir de l'hôtel, le pourpre du jour déclinant, au contour des arbres touffus, lui apparaît comme un sanglant présage.


Le Chef du S.R . n'avait pas besoin de tant de confidences. Au-delà de ce verbalisme menaçant, sa pensée se porte vers l'immense champ de bataille où ses hommes peinent, renseignent et meurent, Il faut tenir, et il a, avec ses fidèles et ardents chefs d'équipe, la volonté de tenir.

Cependant que dans la cuvette de VICHY, le lourd soleil estival double le poids des réflexions, retarde les décisions. Les ablutions thermales mêmes ne chassent pas l'engourdissement des cerveaux, l'être assoupi devient automate et velléitaire. Pour vaincre le sommeil qui guette l'armée alanguie des scribes et de leurs chefs, derrière les stores des grands hôtels où campe l'appareil gouvernemental, il ne faut rien moins que le rythme précipité des questions ponctuées par le rude poing allemand. Et moins encore que DARLAN. LAVAL n'oublie qu'il faut s'incliner devant l'injonction des maîtres.

AUX ABORDS DU GOUFFRE, LE SALUT

Début d'Avril 1942, les espoirs qu'avait mis l'Allemagne dans une victoire rapide dans l'Est semblent avoir procédé d'une vue inexacte de l'immensité russe et de ses ressources. L’O.K.W. donne les signes d'une grave inquiétude.

Le Führer prévoit qu'il lui faudra, comme jadis ROME, naguère NAPOLEON, réquisitionner les ressources humaines des territoires conquis. Déjà, il a laissé entendre au Gouvernement français les concours qu'il en attend, et qui ne signifieraient autre chose qu’une véritable entrée en guerre de la France aux côtés de l'Axe. Il devine aussi sans en connaître l'étendue, les préparatifs qui se poursuivent dans le camp adverse, et qui menacent, avant que l'Allemagne n'ait atteint ses objectifs essentiels, de modifier profondément la balance des forces.


Les certitudes que le S.R. possède à cet égard ne lui laissent, à lui, aucun doute sur les évènements qui approchent. Il sait par les Services alliés que des opérations décisives auront lieu avant la fin de l’année, probablement en Afrique du Nord. La notion des conséquences à en tirer va peser sur les déterminations du Bureau M.A.


Le 1er Août, son chef, qui estime avoir dépassé le sursis stipulé le 27 Mars, fait tenir à l'Amiral DARLAN et au Général BRIDOUX, Ministre de la Guerre, une lettre identique rendant compte qu'arrivé au terme de ses fonctions il va rentrer dans ses foyers.

C'est une manière de testament où sont réaffirmés les buts invariables du S.R. français, sa mission anti-allemande, l'irréprochable conscience de ses Officiers.

Coïncidence piquante : le même jour, ABETZ faisait remettre par BRINON au Gouvernement LAVAL, une véritable sommation l'enjoignant de mettre fin aux agissements du Bureau M.A..


Le 4 Août, le Général BRlDOUX a convoqué, première et dernière fois, le Colonel RIVET : " Votre "papier" m'a beaucoup intéressé. Mais je ne suis pas très au courant de votre service. Parlez m'en un peu ".

Avec une émotion contenue, le Chef du S.R. l'instruit sans détour, magnifiant pour conclure l'oeuvre patriotique de ses Officiers.

BRIDOUX a pris des notes, sans interrompre, sans se découvrir. Entrevue d'une demi-heure, incolore.

Chez DARLAN, deux jours après, c'est autre chose :

Il a appelé le chef du Bureau M.A. pour l' " informer de ses projets ". L' Amiral a un visage apaisé, il va au fait avec rondeur : " Merci pour le "papier". Mais il ne s'agit pas de çà.

" Je viens d'avoir avec le " Président ", au sujet des services secrets, une vive controverse que nous avons fait arbitrer par le Maréchal. Ma position l'emporte sur celle de LAVAL qui, rudoyé par un récent ultimatum allemand, voudrait vous tuer une deuxième fois."


" J'ai prétendu assumer les responsabilités de l'information. Je me suis fait fort de rattacher directement à moi ces " condamnés " que vous êtes, et de les orienter de telle sorte que le gouvernement ne sera plus inquiété dans cette question. J'ai tracé le petit schéma que voici (Il tend un quart de feuille). Je ne cache pas mon ignorance de la matière. Qu'en pensez-vous ? "

L'interlocuteur, averti à demi-mot par le Général REVERS, n'en est pas moins un peu décontenancé.

" Ce schéma est logique, mais c'est un schéma, Il y faut la chair.., et l'esprit. "

Bon, reprend DARLAN, veuillez, avec REVERS, me mettre " çà en musique ", et vous prendrez la direction de ce " S.R. unique ".


L'imprévu de cette palinodie fait sursauter l'Officier interpellé, qui réagit :

"Vous oubliez, Amiral, que j'ai été " limogé " par vos soins le 27 Mars dernier et que je n'ai pas qualité... "

- " Laissons cela. J'ai mon idée, et J'ai besoin de vous - Amiral, les services secrets et moi n'avons qu'un ennemi. - Oui, je sais. Et moi ? Pourquoi me dit-on germanophile ? Je ne le suis pas le moins du monde. Mais je me déclare résolument anglophobe. - Vous voyez bien ? - Mais il n'y a pas là contradiction. On peut tout de même trouver sa voie parmi ces difficultés sans précédent. - Vous aurez des ennuis, et en tout cas, je ne puis vous assister dans ce noir tunnel " .

A ce moment, un signe de REVERS semble inviter son compagnon à ne pas insister, " Permettez, Amiral, que je vous donne demain ma réponse définitive

- " D'accord ".


Dans son bureau, le Général REVERS conseille au Chef du Bureau M.A. de tenir cette nouvelle gageure : " J'ai, dit-il, le sentiment très net qu'il y va du salut de votre service. C'est la dernière perche de secours. Vous devez à mon sens jouer jusqu'au bout. Ne sommes-nous pas à la veille du jour où tout va casser en même temps ? - Ce qui veut dire, mon Général, que je puis compter sur votre appui ? - N'en doutez pas ".


Nous voudrions que les honnêtes Français qui nous lisent, gardés par une longue tradition d'honneur et de droiture contre les transactions de la conscience, se représentent le champ clos de ces étranges joutes et mesurent l'épreuve morale de ces mises en scène menteuses. L' Officier de renseignement n'était point accoutumé à rencontrer chez ses compatriotes l'obstacle majeur à ses oeuvres pies. Il n'avait pas pressenti qu'il aurait un jour à passer outre les directives d'un pouvoir asservi, et à braver son veto pour défendre contre lui la sécurité du pays. A devoir à tout prix s'épargner la souillure des fonds, il lui fallait maintenant, plus que jamais, sentir le fouet d'une mission qui le surélevait, il lui fallait chaque jour triompher des tentations de la servitude.

Contre celles-ci, il avait un recours divin : garder les yeux fixés sur ce que cachait et protégeait cette apparente farce, sur les sous-sols de la guerre où, engagés dans les filets de l'ennemi pour les rompre, ses hommes livraient une hallucinante bataille et succombaient trop souvent après avoir fécondé la trame du renseignement et préparé la victoire.


Les semaines vont vite qui conduisent la France au seuil de la captivité totale, prélude abhorré mais inévitable de sa Libération.


Le Chef du Bureau M.A. a passé ses fonctions, il feint maintenant de donner satisfaction à DARLAN en créant une maison de carton, la "Petite Chancellerie" qui passera pour le centre moteur du S.R. unique des voeux de l'Amiral.

Derrière cette façade, seront prudemment calculées, triées et dosées, les informations à lui faire tenir. Dans la pénombre, le vieux S.R. le vieux C.E. continuent à remplir leur office véritable:

- Le premier en maintenant à travers les frontières les fils qui le relient aux sources. C'est l'oeuvre de spécialistes de grande classe tels que du CREST de VILLENEUVE et combien d'autres officiers de la même argile.

- Le second, animé depuis le départ du Colonel d'ALES par un chef qui réunit les plus belles qualités d'intelligence, de coeur et de courage, livre aux services ennemis un combat sans merci où sa magnifique cohorte maintient, au prix de sacrifices qui iront s'aggravant, l'ascendant qu’elle avait pris sur eux à l'aube du conflit : le Commandant PAILLOLE et les siens, dignes continuateurs du légendaire Général SCHLESSER, ont préservé le visage de la France des hontes de ce temps.


Ce temps, il faut le regretter, fut celui où trop de mauvaises consciences crurent devoir se ménager l'audience de l'ennemi, en cédant à des invites qui visaient à les associer à ses préoccupations militaires.

Ne vit-on pas l'Amiral dépêcher son chef de cabinet à un rendez-vous fixé par l'Amiral CANARIS, chef de l'Abwehr ? Et l'émissaire ne rencontra-t-il pas, chez CANARIS, un Officier général que LAVAL y envoyait à l'insu de DARLAN ?

Que signifiait cet assaut de servilité dans l'antichambre de l'augure ? Et qu'avaient bien pu répondre ces ambassadeurs au petit pied à qui le S.R. allemand - dans l’incapacité où il se débattait de déceler la circulation des bateaux alliés en Atlantique - demandait - on le sût - la collaboration des services français ?

En réalité, nous arrivions aux heures jugées par d'aucuns, sinon par tous, décisives.

L'aiguille s'infléchissait, inexorablement, au cadran des espoirs hitlériens.

La masse frémissante le pressentait.

Les hommes au pouvoir, affolés par la crainte qui étreint les joueurs devant leurs chances évanouies, perdaient contenance et subissaient passivement la loi du plus fort.


Le 14 Octobre, l'Amiral a trouvé sur sa table un renseignement subrepticement déposé : " Singulière chose ", dit-il au Colonel RIVET appelé :

-  " çà vient de vous ? "

-  " peut-être - Voyons ".

- " Les Américains font le plein des soutes dans leurs ports de l'Atlantique. Je m'en doutais. Mais il est question de 10 divisions destinées à l'Europe. 10 divisions = 300 bateaux. Vous voyez cette Armada sur l'Atlantique ? - Je ne suis pas marin, mais j'ai lu quelque part qu'en 1830, l'Amiral DUPERRE transporta les troupes de BOURMONT sur 600 bateaux, comprenant, il est vrai, une escorte de balancelles. Je crois qu'il doit s'agir d'une force bien plus importante, avec un matériel tel qu'on n'en vit jamais sur notre continent. Songez, Amiral, aux formidables possibilités de l'Amérique ".

Un temps de réflexion, puis DARLAN : " On verra bien ".


On ne vit rien d'extraordinaire au cours de ce dernier mois d'attente. La nervosité s'accrut chez les hommes qui avaient quitté les routes séculaires de la France. Les commis engagés à leur suite se plongèrent un peu plus dans la paperasse inutile de leur emploi. Quelques chefs informés se consultèrent.

Le 3 Novembre, le Général BERGERET et le Général REVERS, en présence du Chef du S.R., étaient d'accord pour estimer qu'en cas d'intervention des forces allemandes en zone libre, le devoir de l'armée d’armistice était de se battre, sous peine de déshonneur.


La police allemande, dont le nombre et l'arrogance à VICHY inquiétaient le paisible bourgeois, préparait le terrain pour une brutale opération.

LAVAL, qu'on disait un peu las, trouvait un regain d'énergie pour prescrire une enquête " conduite à fond " à la demande du policier GESSLER qui venait de découvrir un téléphone truqué dans son bureau.

" C’est encore le Bureau M.A. " avait-il dit à LAVAL. " Prouvez-le " avait fait répondre le chef de ce service interrogé par téléphone.

Le Colonel CAZIN d'HONINCTHUN, qu'heureusement on ne consulta point, eut pu à cet égard rassurer le sbire ....

Enfin, des bruits circulèrent, sous le manteau d'abord puis dans les allées. Tous affirmaient l'imminence d'évènements considérables, mais les uns pensaient passionnément à un débarquement libérateur, les autres voyaient avec angoisse venir l'heure d'une occupation redoutée de la zone libre.


Le 6 Novembre, nos services secrets étaient prévenus de source sûre que le débarquement attendu n'était plus qu'une question d’heures.


Le 7, dans le Cabinet de l'Amiral, des stratèges chevronnés discutaient avec animation de la région probable où la flotte anglo-saxonne, dont la file dense s'étirait à l'étranglement de Gibraltar, déverserait sa cargaison.


Le 8 au matin, ils étaient fixés. En quelques heures, un tournant capital de la guerre s'était opéré. DARLAN était en A.F.N. depuis plusieurs jours : à peine le savait-on.


Le 9, on apprenait sans y croire que notre petite armée avait reçu l'ordre de rester l'arme au pied quand les Allemands entreraient en zone libre. En fin de matinée, le Général REVERS le confirmait au chef de la " Petite Chancellerie ", Le magnifique résidu de notre armée de 1940 se voyait infliger la suprême honte.


Le 10, avant l'aube, sur un avion aux mains d'un équipage complice, un noyau de la Direction du Bureau M.A. passait en A.F.N. Elle allait reprendre sa place à la pointe de l'armée française rentrée en guerre.

Le réseau de recherches établi dans la métropole demeurait à son périlleux poste de combat.

Au-delà, dans la profondeur du dispositif ennemi, les hommes du renseignement élevaient leur coeur et bandaient leurs volontés.


Contre l’impossible, nos services secrets avaient maintenu ouvertes les pures clairières de la Sécurité Française.


Les premiers feux de la victoire irisaient le ciel proche.

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 8

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