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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
MAIN DANS LA MAIN AVEC LE SERVICE
 

 par André ACHIARY


Chef de la Brigade de la Police de Surveillance du Territoire d'ALGER, André ACHIARY fut l'un des piliers de notre Contre - Espionnage de 1939 à 1944.


Patriote avisé et ardent, il donna à la BST d'Alger, dès Juillet 1940, une impulsion résistante qui se révéla décisive dans la lutte contre l’occupant.


En marge de ses occupations techniques, il accorda au TR, une aide constante et sans réserve, il fut aussi l'un des promoteurs de la Libération de l'AFN. Avec tous ses collaborateurs il prit une part glorieuse dans la réussite du 8 Novembre.


En Février 1943, après avoir subi les étonnantes conséquences des situations paradoxales qui se succédèrent à Alger dès le débarquement allié, il fut affecté à la Direction de la Sécurité Militaire et devint, dans son sein, le Chef des Services de Surveillance du Territoire d'AFN, ainsi que le créateur de la Sûreté aux Armées.


Technicien de grande valeur, courageux militaire de notre Défense Nationale, André ACHIARY dont on ne peut que regretter qu'il ait abandonné prématurément une carrière où les fonctionnaires de sa trempe sont rares, a bien voulu rédiger pour nos lecteurs quelques souvenirs sur les évènements de 1940 8 1942 en AFN.


Ce faisant, il donne une preuve supplémentaire de son dévouement et de sa généreuse camaraderie.


La "note d'orientation" de l'Amicale demandant aux témoins directs des évènements de donner leurs souvenirs sur la Libération de l'Afrique du Nord correspond à un voeu que j'ai déjà exprimé au nom de plusieurs camarades algériens.


Aussi aurais-je mauvaise grâce à ne pas y répondre immédiatement, bien que présenter un travail à peu près complet, sans notes et sans documents, soit une rude tâche, je m'en rends compte au moment de m'asseoir devant les feuillets blancs.



JUIN - JUILLET 1940.


L'Armée d'Afrique est quasiment intacte lorsque l'offensive allemande de Mai 1940 et les évènements qui vont en découler frapperont d'une véritable stupeur, même ceux, qui comme nous, habitués des synthèses du S.R., connaissaient la puissance de l'armée allemande.


Le 18 Juin 1940, nous étions des milliers en Afrique du Nord qui aurions parié n'importe quoi que l'Armistice ne s'étendrait pas à la France d'outre-Mer et que notre Flotte rallierait les ports africains.

Le Général anglais DILLON, descendant d’une vieille famille française, pourrait dire les visites qu'il reçut, les soirs qui suivirent immédiatement l'Armistice, dans sa villa des Hauts d'Alger.


Le Général DILLON commandait la mission militaire britannique de liaison auprès de l'Etat-Major français du T.O.A.F.N. (Noguès = Juin). I1 devait être prié de faire ses bagages en 24 heures et, en bon Généra1, et en bon anglais, il partit sans laisser derrière lui aucun moyen de liaison.


Le Consul britannique, comme le Général, devait quitter Alger "sans laisser d’adresse".


Quant au Consul des U.S.A. (qui était encore loin d’avoir pris parti officiellement), il se tenait coi . Il s'appelait Monsieur COLE, avait longtemps vécu en Chine d’où il avait rapporté des meubles magnifiques et une philosophie très particulière qui donnait un relief extraordinaire à sa profonde culture française. En quittant Alger en 1943, il devait retourner vers l'Asie, à Ceylan.


C'est dire que ceux qui eurent "envie de faire quelque chose" ne devaient compter que sur eux-mêmes.
Faire quelque chose, Oui : Mais quoi ?


C'est alors qu'arrivèrent, qui par avion, qui par bateau, les premiers « évadés » de France.


Puis ce fut le tour de deux Officiers du Service, qui ont joué dans nos services d'Afrique du Nord un rôle d'une importance capitale : DOUDOT dit CARLIER et René RICHARD, l'aviateur, tué dans un accident d’aviation en Angleterre fin 1943, je crois.


Alsaciens tous deux, déjà anciens du Service, ils parlaient à peu près tous les dialectes allemands et chantaient à deux voix à peu près tous les "lieds" du folklore germanique.


Je crois pouvoir dire que la flamme de ces deux hommes a plus fait pour fortifier et animer les partisans de la lutte à outrance que tous les discours, tous les tracts et toutes les radios de la terre.


Sur le plan technique du Contre - Espionnage, DOUDOT fut pour nous un professeur et un ami éminent.

RICHARD au S.R. Air avait constitué une équipe "du tonnerre" - quand le débarquement eut lieu, cette équipe fit ses preuves - et quelles preuves - dès la campagne de Tunisie,


Tous deux avaient laissé leur famille en France. Si DOUDOT put récupérer sa femme et ses enfants quelques mois plus tard, au prix de quelles difficultés, René RICHARD ne devait pas avoir la joie de revoir sa mère avant de mourir.
Ajoutons qu'ils étaient particulièrement "visés" par les services germaniques et qu'à ce titre, leur présence en Afrique du Nord était amplement justifiée.



L'ORGANISATION ET LA VIE DE NOS SERVICES DE C.E.


La vie de nos Services s'organisait tandis qu'apparaissaient partout les premiers signes de la collaboration.

A notre ébahissement de naïfs éternels, ils faisaient très rapidement reculer ceux qui, quelques semaines auparavant, ne parlaient que de plaies et de bosses.


Qu'elles étaient réconfortantes, à cette époque, les heures passées avec DOUDOT ou RICHARD
Les B.C.R. avaient disparu, laissant officiellement la place aux B.M,A, où, parfois, un personnel "tout neuf" nous inquiétait.


Heureusement pour l'Afrique du Nord, vint le Général WEYGAND.

Le Chef du 2ème Bureau était le Colonel NAVARRE, à qui j'avoue avoir causé pas mal de tourments et je m'en excuse aujourd'hui auprès de lui, si ces lignes tombent sous ces yeux.


A peu près en même temps que l'E.M. WEYGAND, qui couvrait l'Afrique Française de Dakar à Bizerte, apparaît en Afrique la nouvelle organisation du T.R. et les premiers papiers signés : PERRIER.


L'impulsion à notre action répressive contre l'envahisseur est immédiate,


L'autorité civile, dont dépendait la surveillance du Territoire, essayait bien de temps à autre de freiner cette action patriotique et anti-allemande, mais il faut reconnaître que notre contrôleur général Monsieur FANJEAUX sut fermer les yeux, se contentant de noter parfois avec son accent méridional, quand il rencontrait le Colonel CHRETIEN, "qu'il s'étonnait de voir les Officiers du T.R. en permanence avec ses collaborateurs".


Le "père FANJEAUX" n'était pas tout à fait dupe.

En voici une preuve; au moment de l'arrestation à Oran de Pierre PUECH, SAMSON, BAZAUCOURT et autres, de cette première équipe F.F.I. dont la Surveillance du Territoire fut l'inspiratrice, il trouva une liste de sympathisants établie par moi et remise à Londres par mon ami Carl HOFGAARD que j'avais eu la chance, dès la fin de Juillet 1940, de pouvoir faire partir en Angleterre.

Monsieur FANJEAUX mit la liste au feu et se contenta de me conseiller la prudence, bien persuadé qu'il prêchait .. dans le désert.


Dès octobre 1940 et à la suite d'aventures rocambolesques, j'avais pu récupérer le poste radio de PUECH-SAMSON.


La première émission eut lieu dans mon bureau pour éviter les contrôles de consommation de courant.

L'HOSTIS et un ancien radio de la Marine. ADAM. étaient mes techniciens. Puis le quartz eut des défaillances et L'HOSTIS se fit fort de le faire réparer par un technicien de ses amis.

De techniciens en techniciens, il arriva sans me le dire, chez un H.C, du T.R, jusqu'au jour où l'Officier qui "traitait" cet H.C. bondit chez moi pour m'annoncer triomphalement qu'il "tenait" un émetteur, dont il ignorait l'identité.


Ce camarade que j'aime beaucoup et qui n'est plus "au Service", bouillait d'impatience. Il avait fait donner rendez-vous pour le lendemain. Il ne se doutait pas, en me parlant, que je bouillais aussi, de savoir s'il ne s'agissait pas précisément de "mon poste".


Enquête rapide après son départ. A onze heures du soir, le poste et sa valise étaient chez moi, sous le lit conjugal. Ce n'était pas un poste miniature.


Le lendemain à 15 heures, très ému, je disais à mon camarade de Capitaine : "vous n'aurez pas le poste, à moins de me faire arrêter".


Je vois encore cet Officier pâlir, torturé entre le Devoir, l'amitié et le Patriotisme. Son coeur de Français était avec moi.


- Avec Descartes -ou malgré lui- nous avons fait un compromis ....


Je ne devais rien transmettre sans son accord et lui de son côté ferait un compte-rendu, sans me nommer.


Pour ne pas faillir à la parole donnée, je le jure aujourd’hui, je n'ai plus rien transmis. Ce poste est resté muet. Nous avons dû trouver autre chose.


Mais son histoire n'en fut pas pour autant terminée. Il me causa encore au moins une émotion :
Le poste était depuis un certain temps chez moi, quand un matin un haut fonctionnaire se fait annoncer à mon domicile vers 6 heures 30. Je sors en donnant pour instructions à mon épouse de "faire la malade".


Ce haut fonctionnaire, très courtoisement, m'indique qu'il vient me chercher pour une opération importante.
Départ en auto.

Central téléphonique. Nous attendons la sortie de l'équipe de nuit des Contrôles Techniques. Un homme se présente : "Arrêtez-le", me dit-on, il est porteur de documents secrets :

Une heure après, le "document secret" était découvert dans la doublure de la ceinture du pantalon de mon ami - depuis - SCHWARTZ dit "LENOiR".

Et l'homme mis en confiance avouait que le document (un rapport sur l'activité des collaborateurs) était destiné aux Alliés.


Il fallait se rendre à l'évidence. Nous avions été joués : croyant avoir devant nous un agent du S.R. allemand, nous avions arrêté un ami.

Il ne nous restait qu'à "limiter les dégâts" avec l'aide du T.R. qui avait des agents bien placés. Ce qui nous prit toute la matinée.


Mais pendant ce temps, ma femme était malade de peur !! J'avais oublié le poste et sa cachette insolite,


Le T.R, était chaque jour plus menacé, il fallait de toute urgence lui trouver un refuge absolument sûr pour ses archives et son personnel.


Nos Amis de l'Amicale ne seront pas peu surpris d'apprendre que ce local fut fourni par J. CHEVALLIER, aujourd'hui Secrétaire d'Etat à la Guerre, dans une dépendance de l'usine familiale, rue de Belfort, dans le quartier de Belcour à ALGER.


Jacques ne m'en voudra pas, j'en suis sûr, de dévoiler aujourd'hui ce qui constituait pour lui, à l'époque, une véritable folie. Découvert, il risquait de voir tout le bien familial confisqué sans préjudice des sanctions personnelles fort graves.


Deux hommes armés veillaient jour et nuit à l'intérieur des bureaux que J,CHEVALLIER avait donnés avec le sourire, disant "Installez-vous mes amis".


Mais le T.R. était à l'abri et GERMAIN pouvait fumer sa pipe avec sérénité.


J'ai dit plus haut que l'arrivée du Général WEYGAND avait été bénéfique pour l'Afrique du Nord.
Une histoire, entre tant d'autres, suffira à illustrer cette affirmation.


Nous sommes mis sur la piste d'un agent de l'ennemi, secrétaire dactylo à la Direction des Services Français de la Commission d'Armistice.


Il faut aller vite. Le soir même, dans des conditions dramatiques pour nous, nous avons le bonheur d'arrêter cet individu une heure avant qu'il puisse remettre au Commandant SCHMIDT, de la Commission d'Armistice Allemande une liasse de documents qui étaient les copies dactylographiées d'ordres signés : "WEYGAND", pour le camouflage des armes et des hommes de l'Armée d'Afrique.


On venait de friser le "casus belli" ou, tout au moins, la rupture des conventions d'Armistice.


Cet homme, et son complice, radio, ont été jugés par le Tribunal Militaire d'ALGER et condamnés à mort, dans un délai record, sur l'intervention personnelle du Général WEYGAND.


Je ne nomme pas ce traître pour ne point me faire traiter de politicien impérialiste, mais il me fait penser à DUMONT (Rabat 1944) qui fut empêché de donner une suite judiciaire normale à une certaine affaire d'espionnage au profit de l'Allemagne, par Raison d’Etat.


Pour nous, en effet, il n'y avait qu'une seule Bible : le Code Pénal et une seule fin ; le Tribunal Militaire, un seul ennemi : le S.R.A. et ses séides.
Et PERRIER - PAILLOLE l'a souvent répété.



LA PREPARATION DU DEBARQUEMENT DU 8 NOVEMBRE 1942.


Il convient maintenant de fixer, pour nous-même d'abord, pour la vérité historique ensuite, la part que nous avons prise à la préparation du débarquement en AFN en négligeant les problèmes politiques de la Libération.


Plusieurs thèses sur la façon de reprendre la lutte s'étaient affrontées, les unes purement françaises, les autres faisant appel aux alliés. Nous étions ainsi un certain nombre à réfléchir à ces problèmes.


Au début, et le Général JOUSSE - alors Chef du 3ème Bureau - en est témoin , nous ne pensions qu'à renforcer matériellement l' Armée d'Afrique.

Le Général de LATTRE, un moment en Tunisie, fit même une apparition sur notre plan de bataille.


Mais, les mesures prises sous la pression de l'occupant, faisaient des vides impressionnants dans l'Armée d'Afrique. Le Capitaine BEAUFRE avait beau inventer les douairs, et nos amis marocains les "mehallas", cette Armée était durement atteinte.


Il fallait songer à un débarquement de forces alliées organisées qui apporteraient l'armement de l'Armée d'Afrique et l'appui de ses propres forces.

Les discussions furent longues, parfois orageuses, toujours passionnées au sein de cette sorte d'Etat-Major qui s'était spontanément créé à Alger en 1941.


Jamais, aucun de nous, ne fit une allusion politique.

Il y eut pourtant Henri d'ASTIER de la VIGERIE, VAN ECKE, LEMAIGRE-DUBREUIL, JOUSSE, l'HOSTIS, puis ABOULKER, CAPITANT, MURPHY, PILLAFORT, de SAINTHARDOUIN, DARTOIS, l'Amiral BARJOT, J. BRUNEL, tous venus d'horizons différents.


La Libération de la France, par l'Afrique du Nord, était le seul objectif de tous.

Nous étions d'accord pour conjuguer nos efforts en vue d'une action militaire, décidés à ne pas y mêler de vues politiques, laissant au peuple de France le soin de choisir son Gouvernement.


Nous nous sommes attachés à créer avec l'aide de nos alliés, les conditions optima d'une rénovation de l'Armée française, sans chercher à préciser les conditions politiques de l'opération.

 L'aide d'hommes, comme le Général BARIL, fut immense.


A la vérité, et je l'ai souvent dit, la grande majorité d'entre nous manquait d'éducation et de maturité politique, par tempérament elle avait choisi l’action et l'action seule.


Les difficultés qui se sont fait jour dès le lendemain du débarquement furent les premières conséquences de ce que nous pouvons appeler aujourd'hui notre négligence sur le plan politique.


La Résistance métropolitaine qui, elle, prit soin des dosages politiques jusqu'au sein du C.N.R. a-t-elle empêché ainsi certaines graves difficultés de naître ?


L’Histoire tirera, sans doute, la philosophie de tout celà.


Le TR d’une part, la ST de l'autre, furent avec les Chantiers de Jeunesse, les anges gardiens de la Résistance Nord-Africaine.


Une anecdote : l'Eté 1942, par suite d'une indiscrétion grave, le Colonel CHRETIEN intercepte un rapport complet sur notre organisation, rapport contenant des précisions indiscutables.

Le Chef VAN ECKE des Chantiers, Henri d'ASTIER de la VIGERIE, le Général MAST, étaient cités.

Très normalement, le rapport fut transmis avec un commentaire un peu ironique disant qu'il ne manquait à cette organisation que le nom de l'Amiral DARLAN lui-même, ou quelque chose d'approchant.


A VICHY, on en fit des gorges chaudes.


Les "sauvetages" que la Surveillance du Territoire put assurer, à commencer par celui de notre camarade LOUSTAUNAU-LACAU, ne se comptent pas.


Pour préserver sa situation précaire, nous n'avons mêlé directement le T.R. à la préparation même du débarquement en AFN que quelques semaines avant les opérations, lorsqu'il fallut "mettre dans le coup" le plus de sympathisants possible.


Dès 1941, cependant à l'occasion d'un voyage à Marseille, PERRIER, seul, avait été prévenu par mes soins.


Ici, je dois rendre hommage à nos amis étrangers, spécialement américains et polonais, dont l'aide se révéla décisive dans la préparation et l'exécution de la Libération de l’AFN.


Nos amis polonais réfugiés en Afrique du Nord sous des couvertures diverses (parfois sans couvertures du tout), se trouvèrent brutalement jetés en terre étrangère sans aucune possibilité.


Plusieurs d'entre eux, dont leur Chef, le Major SLOWIKOWSKI, ne connaissaient que très imparfaitement la langue française.

Ils surent cependant nous fournir des moyens de communication parfaits avec Londres et cela grâce à leur technique du S.R. et à leurs appareils radio qui étaient de véritables merveilles pour l'époque.

Ils avaient déjà des émetteurs tenant dans une boite à cigares : Quant à nous, nous nous sommes efforcés d'assurer leur sécurité et je crois que nous y sommes parvenus.


Nous n'eûmes qu'un seul ennui grave après l'arrestation de Maxime de ROQUEMAURE à Tunis.

Tous les services de police recherchaient l'une des chevilles ouvrières de l'organisation polonaise : le Comte  LUBIANSKY.


L'un de nos camarades, comédien amateur, lui fit un maquillage fort bien réussi et, le chef couvert d'un superbe chapeau à bords larges, il continuait sa besogne, couchant le soir dans la villa de José ABOULKER à Hydra.


Pendant ce temps, sa femme, la Comtesse LUBIANSKA, affublée de grosses lunettes noires, allait à la plage, en cet été 1942, avec Madame de ROSE, épouse d'un diplomate, ami.


Le premier bombardement allemand sérieux d’ALGER le 13 Novembre 1942, faillit coûter la vie à tous nos amis polonais installés dans leur P.C., dans un immeuble face aux bâtiments du Gouvernement Général. Deux radios furent gravement blessés et hospitalisés, mais ils n'avaient plus à se cacher,


De loin en loin, nous avons de brèves nouvelles de l’un d'entre eux. Un destin implacable leur a barré la route triomphale du retour dans leurs foyers. Ils poursuivent leur vie d'errants.

A la tête des Services diplomatiques et consulaires d'AFN était Robert MURPHY, jeune diplomate d'une intelligence subtile et vaste sous un physique d'une rare distinction.

A peu près inconnu jusqu'alors, même au Stade Departement, Robert MURPHY a fait, depuis, une fort brillante carrière.


Les Vice-Consuls, par une attention vraiment très délicate, n’avaient pas été choisis sur leurs capacités ou leur connaissance du S.R., mais par les liens personnels qu'ils avaient avec la France.


John BOYD, ancien combattant de 14-18, était veuf d'une Française.
ROUNDS, avait été pilote de la fameuse escadrille "La Fayette".
KING, était l'un des premiers américains à avoir combattu en France en 1915 dans les rangs de la Légion Etrangère.
John KNOX, militaire de carrière, avait servi à la Légion comme Officier à titre étranger. Il est aujourd'hui au SHAPE, en France.
Madame KNOX, jeune algéroise de nationalité anglaise, qui fut un brillant agent de liaison, a publié depuis aux USA, la relation de ses souvenirs sous le titre ;"Mama is a spion",
KNIGHT, ancien élève de la Sorbonne, devait quelques fois montrer son passeport pour démontrer sa nationalité américaine tant son physique et son accent le faisaient ressembler à un véritable parisien.


Tous, ils arrivèrent en Afrique du Nord munis de passeports diplomatiques, et attachés aux Consulats de CASABLANCA, ORAN, ALGER, TUNIS. A cette équipe venait souvent se joindre, en voyages rapides, le Colonel SOLBORG.


Quand ces hommes arrivèrent dans les premiers mois de 1941, ils ne savaient vraiment pas ce qu'ils feraient, ni même ce que serait la fin de l'aventure.


Mais ils étaient emplis de bonnes intentions et leur amour de la France et des Français était si réellement perceptible qu'ils commencèrent par gagner nos coeurs. Cette première victoire rapidement assurée, restait à mettre sur pieds le débarquement lui-même.


D’autres ont narré ces longues et difficiles négociations qui engageaient l'Etat Américain, et ne pouvaient avoir pour étiage, notre simple désir de victoire.


Disons seulement que les Chefs militaires des USA surent mettre en marche une magnifique armada, et qu'ils ont à plusieurs reprises reconnu que sans l'aide de la Résistance intérieure la réussite du Débarquement du 8 Novembre aurait été gravement compromise.

L'un de mes souvenirs les plus émouvants est la rencontre que je fis de J. BOYD et J. KNOX au matin du 9 Novembre 1942. Leur joie s’exprimait par des larmes, de simples et pures larmes, dans le décor le plus banal, devant un bar de la rue Michelet.



C O N C L U S I 0 N


Si une exaltation magnifique animait officiers du Contre - Espionnage et fonctionnaires de la S.T., il en allait tout autrement dans notre vie extérieure et dans nos relations avec les différents services officiels tant civils que militaires, ou la population.


Les camps de concentration étaient largement ouverts à tout un chacun et la délation, hélas, se manifestait trop souvent, comme elle devait sévir, mais en sens contraire, un peu plus tard.


Nous avons cependant la satisfaction d'avoir ensemble, abouti à Libération de nos territoires d’Outre-Mer, sans qu'à aucun moment la France y ait perdu les prérogatives et l'exercice de sa souveraineté.


Cet objectif, qui fut l’objet constant de nos préoccupations, était absolument essentiel à l'heure où la France Métropolitaine envahie, ne pouvait conserver sa place dans le concert des nations libres que par la capacité qu'elle pourrait montrer à gérer son immense domaine d’Outre-Mer.


N'est-il pas toujours d'une actualité cuisante ?

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 4

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