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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LA CORSE SE SOUVIENT
 

Le 13 décembre 1987 les municipalités de CARGESE, MARIGNANA et PIANA ont commémoré le 45e anniversaire du premier débarquement clandestin en Corse d’une équipe des Services Spéciaux de la Défense Nationale. Une double cérémonie fut organisée à cette occasion - à la stèle de CHIUNI, érigée sur la route de CARGESE à PIANA où naguère l’A.A.S.S.D.N. en Congrès à Ajaccio avait déposé une gerbe; - à REVINDA où fut inaugurée une plaque commémorative portant les noms des héroïques camarades de la mission PEARL-HARBOUR.

L’A.A.S.S.D.N. était représentée par Toussaint GRIFFI, hélas seul représentant de la mission, et par Lucien LABADIE, secrétaire général de notre délégation de la Corse du Sud.

Les autorités civiles et militaires étaient notamment représentées par : M. Pierre MORIN, Préfet de Police, le Colonel RAILLON représentant le Général commandant la 55° Division Militaire, le Capitaine du Vaisseau HEMARD commandant la Base Aéronavale d’ASPRETO et la Marine de la Corse, M. NICOLI, Directeur interdépartemental des A.C. et V.G. et, bien sûr, les maires des communes intéressées. Après la messe célébrée à REVINDA des allocutions furent prononcées. Nous donnons ci-après de courts extraits de l’émouvante allocution prononcée par notre camarade Toussaint GRIFFI.

 

EXTRAITS DE L’ALLOCUTION PRONONCEE PAR TOUSSAINT GRIFFI A L’OCCASION DE L’INAUGURATION DE LA PLAQUE COMMÉMORATIVE A REVINDA, LE 13 DECEMBRE 1987.

par Toussaint GRIFFI

« ...Ce fait d’armes concernant l’arrivée en Corse de la première mission française venue d’Alger à bord du sous-marin « CASABIANCA » et débarquée clandestinement dans la nuit du 15 décembre 1942 a été maintes fois revendiquée par les uns et les autres, à tel point que j’en viens parfois à me poser la question de savoir si Laurent Preziosi et moi-même y avons réellement participé. Voici comment les choses se passèrent :

Après le débarquement Allié en Afrique du Nord, en novembre 1942, le Général Rivet, chef des Services Spéciaux de la Défense Nationale, s’efforça de ressaisir tous les fils du renseignement pour en faire bénéficier le Commandement Allié.

C’est ainsi qu’il lui apparut indispensable de lancer une mission de renseignement et d’action sur la Corse. Le sous-marin « CASABIANCA » du Commandant L’Herminier venait de s’évader de Toulon et de rejoindre les Forces Françaises Libres en Afrique du Nord. L’audace de son équipage et sa compétence le désignaient pour effectuer la première opération de débarquement clandestin d’une mission en Corse, occupée par l’ennemi italien.

Mais le Commandant du « CASAB » n’admit de tenter une telle opération qu’avec l’assurance formelle qu’elle fût organisée dans le secret exclusif et absolu des Services Spéciaux Français, et notamment ignorée du Haut-commissaire, l’Amiral Darlan et de son entourage.

Une équipe fut constituée, composée de quatre hommes, tous volontaires, comprenant : - le Commandant Roger De Saule (chef de mission); - l’Officier Radio Pierre Griffi (qui fut plus tard arrêté et fusillé après avoir émis plus de 200 messages) - le Lieutenant Laurent Preziosi (aujourd’hui Administrateur Civil en retraite) - le Lieutenant Toussaint Griffi (Adjoint au chef de mission).

La France disposait ainsi des hommes et des moyens de transport. Mais le matériel radio faisait défaut ; celui-ci devait être fourni par les Services Spéciaux Américains. C’est ainsi que le Capitaine Frederic Brown dont les connaissances techniques, notamment en matière de radio étaient éprouvées, ainsi que sa solide réputation de nageur, fut mis à la disposition du Commandant De Saule.

Le groupe ainsi constitué fut débarqué clandestinement dans la crique de Topiti, au cours de la nuit du 14 au 15 décembre 1942. Pierre Griffi emmenait avec lui un poste-radio et ses accessoires. Sitôt conduits à terre, alors que Frederic Brown et Pierre Griffi étaient laissés sur place, cachés dans le maquis, les trois autres membres de la mission se mettaient en route pour tenter de rejoindre Revinda où ils espéraient trouver aide et assistance.

Notre progression s’avéra très difficile en raison de la pluie qui tombait en abondance du maquis inextricable. A 8 heures nous atteignions la route au pont de Chiuni. Après un quart d’heure de marche, nous tombions providentiellement sur l’Abbé Mattei, curé de Cargèse, qui se rendait précisément à Révinda pour y célébrer la fête de Sainte-Lucie.

Rencontre furtive mais non dépourvue d’intérêt pour la suite des événements A l’heure où les cloches sonnaient pour annoncer l’office, nous arrivions à Revinda et nous rendions aussitôt à l’église où nous étions le point de mire de tous les villageois. Néanmoins au cours de la procession, nous fûmes invités à porter la statue de la sainte.

A l’issue de l’office, nous demandons un entretien à l’Abbé afin de lui exposer notre problème. Sitôt mis au courant, sa réponse fut spontanée : « Si vous êtes des Français qui arrivez pour préparer l’insurrection de la Corse, je suis votre homme; je vous promets aide et assistance. » Sitôt dit, sitôt fait... La suite serait trop longue à raconter. Sachez seulement que notre mission en Corse devait se prolonger pendant trois mois. Et croyez-moi, dans les années 1942-1943, les mois étaient longs par ici...

Le 6 février 1943, le sous-marin se présente de nouveau devant la plage d’Arona et y débarque 450 mitraillettes « Sten » et 60 000 cartouches. Une stèle érigée depuis par la municipalité de Picana, ayant à sa tête le Député-maire Nicolas Alfonsi, porte gravés sur une plaque tous les noms des hommes du commando qui réalisèrent cette opération.

Je profite de l’occasion pour saluer la présence de deux anciens du sous- marin : Asso et Cardot, qui se trouvèrent coincés en Corse lors de l’opération, n’ayant pu rejoindre le submersible car leur barque s’était envasée dans le sable. Tous ces hommes que je viens de citer ne représentent en fait qu’une infime partie des combattants volontaires de la résistance qui se sont battus contre l’envahisseur. Beaucoup se sont sacrifiés afin que la Corse retrouve sa dignité et vive libre et heureuse dans le sein de la Mère Patrie la France.

Mais si au réseau « PEARL-HARBOUR », pendant plus de quarante ans, nous nous sommes tenus à l’écart de certaines luttes intestines, c’est par respect pour le serment que nous avons fait en entrant dans les Services Spéciaux Français de la Défense, à savoir SERVIR, SE TAIRE, SE SACRIFIER.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 136

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