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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
ALGER: P. C. DES SERVICES SPECIAUX
 

 par le Général Louis RIVET, Président d'Honneur, fondateur


Préambule


Le 10 Novembre 1942, vers 9h 30, une douzaine de passagers tirés de leur torpeur sentent l'avion qui les porte frôler le sol d'une piste de sable.: Biskra L'appareil se pose. La carlingue se vide.

Quelques camarades arrivés la veille sont là, qu'un soleil éclatant transfigure: ils sont déjà autres.

Les yeux des arrivants brusquement se dessillent, leurs coeurs subitement se gonflent d'un air tout neuf, traversé d'effluves étranges dont ils avaient perdu la saveur : quelques heures auparavant, au départ de Marignane, le carcan d'une occupation invisible pesait encore sur leurs épaules. Maintenant le doute est levé. Un noyau de la Direction du SR français venait de prendre pied en France libre. Chez nous. (1)

(1) Un humoriste, qui a vu le SR de son balcon, a concentré toutes les ressources de son esprit pour définir cette obscure équipée : "Voler au secours de la Victoire". Il faut parfois rire un peu. Et ceux qui, depuis tant d'années "volaient" (au secours de la Victoire) ont bien le droit de se détendre à leur tour.


Que s'était-il donc passé ?

Une chose attendue, simple et grandiose : le débarquement allié en A.F.N, s'était opéré avec succès dans la nuit du 7 au 8.

Qu'importe si certaines réactions locales ont quelque peu terni l'image de nos rêves. Le grand fait était là, solidement acquis.

Le Commandement français avait repris sa place sur le damier des forces unies pour vaincre.

Les Services spéciaux surgissaient d'une longue nuit d'âpre bataille, pour rallier à front découvert le Chef de l'armée et recevoir ses ordres.

Qu'y avait-il de changé ?

Rien. La Direction du SR s'était déplacée, sa structure demeurait.

En dépit de deux ans de tentatives d'étouffement ponctuées par maints arrêts de mort, cette structure, moins les apparences, avait surmonté l'épreuve, en France comme en ses plus lointains rameaux.

La coupure France-A.F.N, avait été prévue, ses correctifs préparés.

Mais le choc de l'occupation totale avait cassé des ressorts et mis à nu des lacunes.

Le Colonel PAILLOLE, courageusement attardé en France sous l'oeil des Barbares, vous l'a dit.

Il a marqué de main de maître les effets inévitables - ou presque - du débarquement Nord-africain, sur l'action de direction, non moins que sur le comportement des sources, menues ou importantes, que l'évènement atteignait.

Soubresauts d'un pendule secoué par la foudre. Les liaisons avaient pâti. Est-il chose plus périlleuse que le silence des liaisons, générateur sournois de toutes les autres carences ?

Celles-ci, vous le savez, furent écartées par des interventions accélérées sur les moyens de transmission.

PAILLOLE, arrivant à Alger le 2 Janvier, pouvait nous tranquilliser sur la sûreté des liaisons désormais établies entre France et Alger.

Rien n'était changé, parce que SR et CE avaient fait leur métier, et que les initiatives de sous-ordres dispersés avaient joué dans le sens de la doctrine, au fil des directives exprimées par le Chef.

En Afrique du Nord, première base de départ de nos armées d'assaut, préalablement nettoyée des suppôts de l'ennemi par un CE vigilant et rude, nos Services échappaient par vocation à la surprise et à la confusion du moment, tandis que nos postes de recherches, à l'orée des champs de bataille libyens, accentuaient leur prise sur des adversaires devenus familiers. Nous étions renseignés.

En France métropolitaine, face à face avec l'occupant total, une remarquable élite d'officiers et de personnel, en postes de sacrifice, reste étonnamment maîtresse de ses investigations.

Celles-ci portent, comme la veille, sur la profondeur du dispositif allemand en Europe.

De bonne heure, leurs résultats parviennent à Alger. Depuis 1939, ils étaient communiqués à nos alliés...

Plus loin, sur les contours orientaux de l'armée allemande, une poussière de minuscules postes que la tempête hitlérienne n'a pu ou su balayer, recousent peu à peu, avec Alger, une liaison que le remous a "taillée".

Un fait, pour finir : les intelligences nouées avant la guerre au coeur même du Grand Etat-Major allemand subsistent. Elles seront encore en majeure partie conservées quand sonnera l'hallali final.

Tout beau. Tout s'annonce sous les plus heureux auspices.

Certes, de gros problèmes restent à résoudre pour accorder toutes les pièces ballottées de la machine à renseigner.

Tant mieux. L'équipe de spécialistes qui tient les leviers est dans son élément - la difficulté. On lui sourira pour la séduire - la difficulté -, on la violentera pour la réduire, s'il le faut.

Ceux qui me lisent imaginent bien, pourtant, que la simple obligation de souder la tête du SR, à Alger même, aux nombreux Etats-Majors et services dont l'appui ou le concours s’imposaient, n'était pas une mince affaire...

Il va sans dire aussi que la jonction avec les services alliés apparus en A.F.N. ne devait pas se réaliser effectivement et efficacement au rythme de nos impatiences.

Là, pourtant, nos voeux étaient dépassés : le SR français reprenait, aux yeux des services amis, figure d’aîné et de mentor. Nous étions comblés.

Tout beau. Oui. Mais nous ne sommes qu'à la première phase, celle où, sous la seule impulsion du Général commandant en Chef, le SR ajuste l'appareil aux consignes d'en haut, alerte et innerve ses postes, et fonce, libre de ses actions, vers ses objectifs permanents - à la française.

J'estime superflu de promener le lecteur dans ces mille détails d'organisation et de fonctionnement, où les servitudes du métier. voire ses misères, n'obscurcissent jamais la grandeur de la chose.

Mais une deuxième phase interromprait bientôt la première, trop prometteuse. Et cette nouvelle période, déterminée par des causes extérieures au SR, allait ébranler le système, ruiner ses perspectives.

C'est elle qui remplit les notes auxquelles je me réfère. Raccourci objectif et sans passion des faits et méfaits qui, inconscients parfois, prémédités trop souvent, furent dirigés contre nos Services spéciaux.

On ne fera point ici, le procès des hommes qui, au nom de notions nouvelles arbitrairement invoquées, intervinrent dans le destin d'un service national placé par définition hors de la politique.

Nous resterons dans le cadre des disciplines qui sont les nôtres et que la discipline militaire prédomine.

Le mépris des consciences pures s'adresse d'ailleurs moins aux hommes qu'aux idées fausses qu'ils tiennent de leur nature ou de leurs ambitions personnelles.

Craignons pourtant de voir se profiler, sur cette fresque, l'ombre des discordes qui accompagnèrent, à Alger, les préparatifs de l'ultime bataille.

Laissant simplement parler ces notes, je les reprends en Novembre 42 pour lier commodément à la deuxième phase les brefs éléments de la première, je demande toutefois au lecteur l'autorisation de les couper parfois d'un commentaire. Je n'en abuserai pas, mais je crains d’être long, et d'encourir la réprobation présidentielle



BOURRASQUES DANS UN CIEL PUR


Le l4 Novembre au matin, le Général commandant en Chef (2) reçoit le Chef du SR, l'informe de sa propre situation dans le Haut - Commandement allié et lui expose ce qu'il croit savoir des évènements de Tunisie, où les Allemands prennent pied.

(2) Le Général GIRAUD, arrivé le 9

Il a besoin d’être renseigné sur ce point. Il laisse toute latitude au Chef du SR pour organiser cette recherche particulière, sans préjudice du fonctionnement régulier de renseignement sur les autres théâtres d’opérations. C'est dans l'ordre.

Et tel est bien le schéma éprouvé des rapports qui constamment existèrent entre le Chef responsable de la conduite des armées et le Chef de son Service des renseignements.

Le Général GIRAUD a ajouté : Allez maintenant vous présenter au Haut - Commissaire (Amiral DARLAN).

Cela est moins … dans l'ordre.

Il faut cependant se résigner, et le 16 au matin, le Colonel RIVET et son adjoint le Colonel RONIN, deux victimes de l'Amiral à Vichy, se présentent au Haut-Commissaire.

Accueil placide et bonhomme sur un banc de jardin, dans les fumées d'une pipe.

Impression que l'Amiral, instruit par les évènements, a modifié son optique.

Ne dit-il pas qu'il ne s'agit plus que d'une chose : écraser l'Allemagne ? A la bonne heure.

Mais "que de chemin parcouru depuis Vichy :" susurre RONIN, venimeux.

L'Amiral, d'un geste, chasse le souvenir.

Nous ne sortons pas de notre sujet en mentionnant ici les dissensions latentes et les rivalités profondes que l'événement du 8 Novembre avait fait apparaître en A.F.N. - Loin de provoquer l'union spontanée des Français, il faisait éclater le désaccord.

Laissons les historiens s'en expliquer, la Patrie rénovée dispenser souverainement ses arrêts.

Notons seulement que "ceux" du SR n'ont pas connu ce "drame de conscience", mais que ses manifestations en A,F,N, créaient une ambiance défavorable à leurs activités.

Disons aussi, à l'honneur de notre armée d'Afrique, que le 19 Novembre au matin, elle résolvait le drame en engageant le combat avec l'Allemand sur les confins tunisiens.

Ainsi les hostilités étaient ouvertes. Préfaçant la solidarité définitive avec nos alliés, SR et CE français oeuvraient depuis longtemps sur les contours des forces de l'Axe établies en Cyrénaïque et en Tripolitaine.

Le renfort des services alliés leur permettait d'accentuer la recherche sur les arrières, les voies d'accès, les plages lointaines.

Dès ce moment, les éléments de l'armée au contact aidant, les impératifs du Renseignement sont remplis, les mouvements de l'ennemi observés, le Commandement renseigné:la surprise n'est plus possible.

C'est dans l'action toujours plus ample, mieux ajustée et productive à souhait que nos Services spéciaux vivent les mois qui suivent pour aborder une année 1943 qui consacrera le succès de leurs efforts, comme ceux de l'armée qu'ils éclairent.

Dans le même temps, à Alger même, persiste une atmosphère marquée de divisions et lourde d'incertitudes : le pouvoir est contesté, on peut dire condamné, puisque, le 24 Décembre au début de l'après-midi, quelques balles homicides éliminaient son titulaire, l'Amiral DARLAN.

Disparition qui, cela va sans dire, ne pouvait avoir de conséquence directe sur la tenue de nos Services, mais qui soulignait la sensibilité exacerbée des partis en présence, aux suggestions de la politique.

Et la politique assiègerait le Général GIRAUD, successeur de DARLAN; elle impliquerait. s'il n'y prenait garde, le SR dans ses projets.

Dès ce moment, l'inquiétude habitera les esprits au sein du grand Service.

La rencontre d'Anfa, au mois de Janvier, vient la justifier : le tête-à-tête GIRAUD - de GAULLE ne se conclut point par le sensationnel accord entre deux grands Français que les Alliés y avaient conviés dans cet espoir.

Aussi faudra-t-il, au milieu des préoccupations d'une direction qui le sollicite à chaque heure, que le Chef du SR tente de percer le voile d'un avenir incertain, à coup sûr menacé.

Dans les premiers jours de Février, il est à Londres. Reprendre contact avec L’I.S. en est le prétexte et une des raisons. La moindre.

Tout va bien de ce côté. Un organe de renseignement, sous le nom de B.C.R.A. y fonctionne au sein de l'E.M, du Général de GAULLE, et sous la direction du Colonel PASSY : c'est la matière à voir de près.

Le Colonel RIVET s'est leurré en espérant qu'il suffirait d'un entretien pour définir les bases de l'intégration du B.C.R.A. organe de circonstance, dans le SR classique, arme ancienne et chevronnée du Renseignement français, sorti plus revigoré qu'amoindri de récents et glorieux combats.

L'accueil s'est efforcé d'être amical, mais nuancé de réserve. Les propositions de RIVET sont acceptées en principe, assorties toutefois de concessions qui tiendront compte de la nature complexe du B.C.R.A. et de ses liens.

Mais le partenaire ne concrétise pas son désir d'entente. Un obstacle déprimant : le B.C.R.A. semble avoir imprégné profondément de politique pure ses mobiles d'action : il n'est pas libre.

On se quitte sans s’être compris, ce n'est pas un accord.

Les faits donneront raison aux appréhensions qui viennent de s'implanter dans l’esprit du Chef du SR.

Sur la route épineuse suivie par un SR dans l'exécution de ses tâches, les épreuves à surmonter ne sont pas seulement d'ordre professionnel.

Il en est d'affectives dont le poids, ajouté aux premières, pèse sur le mécanisme tout entier.

Le 7 Mars, le Général BARIL, Chef du 2ème Bureau interallié si heureusement créé au voisinage du SR, était tué dans un accident d'aviation au cours d'une mission en Syrie.

Irréparable perte qui, en même temps qu'elle privait l'armée d'une de ses lumières et d'une de ses forces les plus certaines, enlevait aux Services spéciaux français dont la doctrine était la sienne, son meilleur appui.

Son absence va être ressentie gravement dans le proche destin du SR.

Et cependant : Tels étaient nos volontés et nos espoirs que dans nos coeurs le temps restait au beau.

Sous les souffles printaniers qui annoncent les précoces chaleurs africaines, nos ports et nos villes bourdonnent de multiples et bruyantes activités qui assemblent, ordonnent et perfectionnent les forces de guerre.

Sous nos yeux, de fabuleux préparatifs se déroulent, prélude d'offensives irrésistibles, dont le premier acte s'achève, dans la première décade de Mai, par l'effondrement des armées de l’Axe en Tunisie reconquise.

Comme un écho ricanant, parvient aux combattants l'insulte de l'Allemand, toujours maître en France. Le SR apprend l'arrestation d'un groupe d'officiers du Service à Lyon, les procédés d'intimidation et de terreur pratiqués à l'égard des familles de ceux qui ont quitté la métropole pour entrer dans la bataille, les déportations.

On songe aux invectives des guerriers des siècles morts, mais l'absurde défi fait souffrir, pleurer parfois …. Il décuple les énergies.

Nous voici au 30 Mai : le Général de GAULLE arrive à Alger.

Le 2 Juin, le bruit se répand que les premières réunions du Comité immédiatement constitué ont été houleuses, les premiers contacts entre les deux Chefs mauvais.

D'emblée, la rupture menace le duumvirat.

Simultanément les Services venus de Londres, dont quelques missionnaires avaient annoncé la proche arrivée, s’installent avec autorité, armés d'évidentes consignes.

Ils se heurtent à l'instinctive méfiance des nôtres. Le drame redouté commence.



L' ABIME


La grave mésentente des Services spéciaux à Alger, étroitement liée au conflit GIRAUD - de GAULLE qu'elle a alimenté, peut aujourd'hui s'écrire d'une plume sereine, à l'abri des révoltes et des sursauts qui animèrent alors notre volonté de défendre un bien national.

Ce qui, jusqu'ici, en a été dit ailleurs, a escamoté l'agression. Par pur souci de vérité, je la ressuscite, dans l'ordre des actes authentiques qui la dessinent.

Un gouvernement de fait prenait donc à Alger les rênes du pouvoir.

Il amenait, parmi ses composantes sommaires, l'organe de renseignement qui nous occupe.

Il importait de "reprendre contact" avec ce dernier, de préciser les obstacles, techniques et spirituels, à lever, pour tenter une immédiate fusion, de connaître les ambitions du B.C.R.A, et les limites que le SR ne pouvait pas ne pas leur assigner.

Il fallait s'entendre, et très vite : l'heure n'était-elle pas à l'union sacrée ?

Et dans le camp de ceux que, le coeur gros, nous allons devoir appeler nos "adversaires", le mot de fusion n'avait-il pas été prononcé?

Accepter le mot et la chose, oui, mais sous des conditions à convenir qui garantiraient la prépondérance et la direction au véritable, au seul SR.

Il fallait, pour tout dire, que notre appareil, reconstitué avec l'apport, non négligeable assurément, des éléments de renseignement du B.C.R.A., donnât l'accent de l'unité, restât adapté aux seuls besoins de notre Défense nationale, en particulier de nos armées renaissantes, et rassurât nos alliés inquiets.

Telle fut, du moins, la pensée du Chef du SR à ce moment.

Mais en dernière analyse, et c'était l'évidence même, la solution d'un tel problème, déjà difficile en soi, dépendrait de l’issue du conflit d'autorité qui, couvé depuis des mois, éclatait au sommet dans une atmosphère de forum.

Dès le début, hélas : les entretiens révélèrent que les prétentions d'un organe de recherche improvisé en hâte hors de France - lieu d'élection de toute oeuvre française de salut - allaient beaucoup plus loin qu’il était sensé de le prévoir.

Elles visaient - nous le sûmes bientôt - parallèlement à une action menée au Comité en vue de déposséder le Général GIRAUD de ses attributions essentielles, à courber ou à éliminer la direction du SR, et à placer celui-ci au sein et dans la main d'un "comité d'action" où de nouveaux canons lui seraient signifiés.

En un mot, c'était la subordination docile aux constructions et aux fins suggérées par les animateurs du B.C.R.A.

Il y avait un abîme entre les projets audacieux de l'équipe Londonienne et les rêves candides de l'opposition.

Je ne m'attarderai pas aux conversations initiales qui firent jaillir ces lumières.

Mais avant de parcourir rapidement les étapes du complot, je crois devoir en donner tout de suite le sens, et essayer de faire comprendre vers quel gouffre on nous conduisait, en violation des lois permanentes du SR.

Et puisque nous sommes dès maintenant au courant des intentions de l'interlocuteur, encore qu'il n'ait pas dévoilé toutes ses batteries, livrons à la critique impartiale ce qu’il dit, fait dire et laisse entendre



DIALOGUE DE SOURDS


EUX.- Tout d'abord, foin du Passé. Des temps nouveaux commencent qui veulent une Politique nouvelle innovant sur tous les plans. Il convient d'y adapter le SR en le purgeant de ses anachronismes. Les techniques anciennes ? Usées. Nous nous flattons de conduire de front, avec les procédés dictés par notre intelligence, l’action politique et le renseignement de guerre.

NOUS.- Vous êtes des novices, vous déraillez, il n’y a pas de politique nouvelle à instaurer en matière de recherche, il y a l'Allemagne à battre avec des armes qui ont fait leurs preuves et l'ont déjà battue. Politique ? Connaissons pas, Ceci dit, nous ne mènerons à bien le renseignement de guerre, le seul dont on nous demandera compte, qu'avec un personnel techniquement rodé et moralement criblé. Ne parlez pas de ce que vous ignorez et ne rejetez pas l'expérience comme un vieil oripeau. Le vieux SR français est en mesure de vous donner des leçons d'éternelle jeunesse.
- La France est à "reprendre", un régime odieux à jeter bas.
- C'est possible, sans doute vrai. Le régime, nous le connaissons, nous en avons souffert plus que vous. Mais ce n'est point là notre affaire.

::

Il y a une France à libérer, et pour ce, l'armée à éclairer et à couvrir, des renseignements urgents à obtenir, des rives de l'Atlantique aux fronts orientaux, plus loin encore.

- Nous le savons bien, et nous nous en occupons. Les réseaux que, depuis Londres, nous avons tissés en France, en sont la meilleure preuve.

- Parfait, Nous nous en doutions, et nous savons la valeur de certains de vos hommes. Aussi ont-ils leur place dans le SR militaire unique, chez nous, où ils trouveront leurs pareils, peut-être leurs maîtres. Dans des équipes entraînées,

- Impossible. Ces hommes ont des activités assez diverses qui les portent simultanément dans les domaines de "l'action" et du renseignement.

- Faites un tri. Gardez les "mordus" du renseignement, et passez les autres à ce "Comité d'action" qui - vous le savez mieux que nous - a la matière de leur emploi.

-.Nous ne croyons pas que le Général de GAULLE soit sensible à vos arguments. Il conservera ce qu'il a créé, et qui répond à sa conception d'une bataille totale à livrer, à la fois sur le plan politique et sur le plan militaire.

- Nous ne pensons pas que le Général GIRAUD, Commandant en Chef, incline à désintégrer le SR d'un Etat-Major de guerre dont il est la pièce primordiale, celle qui permet au Chef responsable de savoir ou il va.

- Acquiescez aux idées principales qui inspirent nos suggestions, la question de la dévolution du SR se résoudra sans dommage pour le SR dont les techniques seront respectées.

- Dépouillez votre dessein de ses rêveries dangereuses et vos velléités de. réformes, la pente est mortelle. L'histoire des Services spéciaux de tous les temps et de tous les pays condamne vos projets. Le SR ne saurait servir de cobaye à une épreuve de laboratoire. Rendez-vous à nos raisons.

- Nous allons informer le Général de GAULLE.

- Nous allons rendre compte au Général GIRAUD.

 

On sait fort bien, de part et d’autre, que les deux Chefs sont au même diapason d'intransigeance butée, et qu'il ne sortira rien d'un entretien, plus souvent acerbe qu'apaisé, si tête-à-tête il y a.

Ainsi se dérouleront, des mois durant, les colloques que l’on devine. Ils n’apporteront jamais d'éclaircie véritable, ne dégageront aucune perspective d'entente,

le Général GIRAUD résolu à défendre le SR national en même temps que ses propres prérogatives, le Général de GAULLE nullement disposé à déplacer les voies frayées par ses collaborateurs du début.

Le droit du plus fort finira par l'emporter.

On frémit à la pensée que cette intrusion insolite dans le ciel pur du SR a pu être le fait d'innocents séduits par les apparences de châteaux en Espagne.

On ne saura point de quels troublants prestiges ces hommes nouveaux, dupés par de mauvaises lectures, avaient pu parer le Service des renseignements français.

On saura moins encore si quelques médiocres sujets, venus se joindre à eux, n'y furent pas stimulés par les avantages et les libertés de comportement qu'ils croyaient attachés à la "seigneurie" du Renseignement.

Tout est possible. Ce qui demeure vrai, c'est que la haute qualité des chefs de l'organisation Londonienne eut dû les mettre en garde contre la grave atteinte qui allait s'accomplir en leur nom et sur leur impulsion.



LE FATAL GLISSEMENT


Alger toujours. A l'heure médiane, les feux du soleil éclairent les lointains méditerranéens où la France attend et souffre.

Le 22 Juin, une décision du Comité a créé deux commandements militaires.

Le Chef du SR a demandé le lendemain auquel des deux il devait obéir. Pas de réponse nette. Il faut attendre.

Cependant que les représentants du B.C,R.A, viennent entretenir RIVET d'une conception du SR unique, il semble qu'on pourrait s'entendre.

Mais dans les semaines qui suivent, des propos hostiles viennent révéler l’imminence d'assauts qui mettront en question l’autorité du Chef du SR et de ses adjoints.

Un Décret du 2 Août réorganise le Comité de Libération nationales, donne au Général de GAULLE la présidence de ce Comité, et fait du Général GIRAUD le Commandant en Chef de l'Armée.

Tous les espoirs sont permis côté SR.

Mais voici que pointe un projet de décret qui doit confier « les Services de Renseignements », sous le signe de la « Résistance », à un membre du Comité.

Prétexte: l'action politique doit primer l'activité de renseignement.

Un membre du Comité ne vient-il pas au siège du SR "s'informer" de l’organisation et du fonctionnement de celui-ci ? Le Chef du Service le reçoit mal. Incident. Déjà sont piétinées les règles protectrices de notre sécurité.

Septembre. On parle et l'on discute, mais pas dans la même langue.

Le Général GiRAUD prend une décision unilatérale ; constitution sous la direction de RONIN devenu Général, de deux organes aux missions différentes, indépendantes l'une de l'autre : "Action contre l'ennemi" et "Renseignement",

Cette création devient immédiatement la cible des adversaires du SR. Sur ces entrefaites, le Général DONAVAN, délégué personnel du Président des USA, est venu s'enquérir du conflit en cours. Son adhésion sans ambage à la thèse classiquement française du SR ne change rien à l'état des choses.

Le 25 Septembre, un projet de Décret lu au Comité met fin aux prérogatives que le Général GIRAUD tenait du précédent Décret, et le Comité institue, sans son approbation, deux catégories de Forces Armées : « Opérations », sous GIRAUD, « Forces de l'intérieur », sous un autre.

Il tombe sous le sens qu'un Chef militaire dessaisi par le pouvoir politique de la fonction suprême qu’il occupait, n'est plus en situation de défendre efficacement un service dépendant encore de lui et livré aux mêmes actes de force.

Son affectation d'ignorer le Décret ne fera que différer l'heure où il devra s'effacer.

Un temps d'arrêt, une hésitation. Le Général COCHET a été désigné, avec l’accord de GIRAUD, pour tenter de sceller l'union des services divisés.

En vain. Au bout d'un mois d'efforts infructueux pour concilier les contraires, il démissionnait le 20 Octobre, Du moins reconnaissait-il qu’en cette affaire le SR défendait de justes principes et de saines traditions.

Nous arrivions à un point culminant de la crise,

Les "nouveaux", eux, savent de mieux en mieux où ils peuvent, où ils veulent aller. Ils sont les hommes de demain.

Leur autorité, selon eux, doit s'affirmer parallèlement à celle du Général de GAULLE, dont ils sollicitent la pensée politique et devancent les desseins.

Leur nombre s’accroît de recrues prétentieuses venues on ne sait d'où, reconnaissables au charabia qui leur tient lieu de langage quand ils veulent parler « renseignement ».

Autant qu'on puisse saisir leurs transcendantales pensées, il s'agit de substituer à un vieux service sclérosé et poussif, une « sorte d’Intelligence Service » dont ils ont oui parler, et qui deviendra rapidement, grâce à leurs soins diligents, la plus puissante organisation du genre dans le monde, et une manière de gouvernement occulte en France.

En attendant, ils explorent les avenues du SR Indésirable et préparent leur entrée.

Parenthèse : On a pu constater à ce moment que le mot d'ordre de GIRAUD : "Un seul but la Victoire" n'avait pas la faveur unanime au sein du Comité. Aurait-on trouvé mieux ? Ceux du SR voudraient être le jouet d'une illusion.

Telle est l'obstination des Services aux prises que, jusque là, les décisions hésitantes qui les concernent, n'ont pu être strictement appliquées, mais l’adversaire ne s'en émeut point.

L'investissement du bloc SR se poursuit, par une infiltration généralisée qui anticipe sur les décisions définitives.

Emissaires et missionnaires au verbe assuré font leur apparition au seuil de nos postes, qui n'y comprennent rien mais soupçonnent une grave impuissance de leurs Chefs.

Cette assurance va recevoir son aliment par excellence : un Décret du 20 Novembre créée une « Direction générale des Services spéciaux », placée sous la dépendance du Comité d'action et sous les ordres de M. SOUSTELLE.

Ce sont nos antagonistes qui, dans un entretien semblable aux précédents, c'est-à-dire inutile, nous l’apprennent obligeamment.

Le Général GIRAUD, sensible à l'offense, a vivement réagi, faisant une affaire personnelle du Décret qui lui enlève les Services spéciaux.

Et il semble un moment que le Général de GAULLE soit disposé à revoir ce Décret, qui déjà déchaîne ses triomphateurs dans les voies d'une application impatiente et fébrile : ils convoquent, enjoignent, menacent, tenant leur victoire.

Pas encore, pourtant, car le Chef du SR a fait savoir qu'il ne recevrait d’injonction que de ses Chefs et continue à renvoyer la meute à celui dont il relève.

Le nouveau Chef de la D.G.S.S. de son côté, semble témoigner de vues compréhensives et conciliantes, et pencher vers une formule d'accord. La raison conservera-t-elle encore ses chances ?
Non. Dès ce moment, le SR privé de la seule autorité capable, non seulement de le défendre, mais de l'imposer, se trouve sans support.

Et ce ne sont pas les nombreuses sympathies venues à lui au bruit de la discorde, qui suppléeront l’absence d'un "Chef", un Chef qui s’appuierait lui-même, comme ses prédécesseurs, sur un pouvoir national fermement établi. Les preuves s'en accumulent rapidement.

Le 23 Novembre, RIVET a signalé le vide de ses ressources : aucune oreille n'a entendu. Le 29, il a frappé à la porte du Commissaire à la guerre, il lui a démontré que ses prérogatives ministérielles étaient foulées aux pieds et qu'il lui appartenait de les ressaisir - C'est juste, a répondu évasivement le "Ministre". Il ne fera rien.

Je laisse à deviner les effets d’un tel abandon et d'un tel désordre sur l’immense réseau SR et CE qui en perçoit les échos, qui souvent reçoit de la bouche même d'étranges personnages, venus prendre leur place, la nouvelle de leur relève.

Je laisse à penser le silence grandissant qui allait s'étendre sur maints postes durement engagés, et dont la valeur, intransmissible, allait mourir avec eux.

Je livre aux âmes fortes ce que purent ressentir d'angoisse mortelle, les Chefs qui, à Alger, perdaient peu à peu leur capacité de commandement et le contrôle du réseau.

Le 23 Décembre, le Général de GAULLE a voulu en avoir le coeur net, il a convoqué le Colonel RIVET.

Accueil empreint de sympathie. Dialogue calme,

Quelques pointes de méfiance inspirées par un séjour prolongé du SR au voisinage du gouvernement de Vichy : n'en est-il pas sorti un tantinet corrompu ? Quelques "ragots" colportés dans l'entourage du Général et qui nous présentent comme un organe perturbateur systématiquement dressé contre son autorité à Alger, contre son influence en France.

Reproche au SR et à son Chef de s'opposer à une fusion qui offre, en l'état actuel des choses, les meilleures garanties pour le SR et pour les missions qui le réclament.

Enfin, coup de chapeau au vieux Service pour l'oeuvre qu'il a accomplie et que le Général sait.

Cette fois, c'est au Président du Comité -au Chef de gouvernement - qu'il faut faire un cours sur le SR et défendre sa position dans le conflit.

Puis aborder avec lui la question brûlante dont la solution ne peut plus être différée.

Et RIVET de définir la sienne, opposée au Décret du 20 Novembre qui a, aux yeux du Général, le mérite d'avoir tranché dans le vif et donné raison aux raisonnables.

Le Général a écouté, il a marqué sa contrariété de voir ses décisions remises en cause, la difficulté de renverser la vapeur. Et pourtant, "il faut conclure", a-t-il dit.

Le Chef du SR l'adjure de réfléchir, de ne voir que les besoins militaires du moment, lesquels veulent un SR expérimenté et fort de la confiance des Alliés.

Le Général s'est levé. Seconde d'émotion. Poignée de main. L'entretien a duré plus d'une heure.

Que va-t-il s'ensuivre ?

La réponse vient dès les premiers jours de Janvier 1944. Apprenant que la gestion administrative de son Service est passée à la D.G.S.S. ,

RIVET s’adresse à celle-ci pour obtenir les crédits. Il y est mis des conditions telles qu'il lui est pratiquement impossible de ravitailler son Service.

Le Général GIRAUD, saisi du fait, réunit dans son bureau, le 21 Janvier, SOUSTELLE et RIVET.

Il les invite à faire un « essai loyal » de fusion sans souci formel des décisions intervenues.

Le Directeur de la D.G.S.S. affirme son désir de poursuivre en « camarades » cette tentative.

Le Chef du SR témoigne des mêmes dispositions, mais veut que soit respectée l'autonomie de son service. « D'accord », dit SOUSTELLE, lointain et préoccupé.

Mais il est écrit que nos rapports ne se règleront pas sur le plan amical.

Dans le quart d’heure qui suit un entretien détendu avec le Chef du SR, on lui fait tenir deux notes comminatoires. De mauvais génies veillent dans la coulisse.

Excédé de ces procédés, le Général GIRAUD se fâche et, le 5 Février, déclare (verbalement) reprendre intégralement son SR.

Cependant que SOUSTELLE montre à RIVET une décision de de GAULLE nommant le Chef du SR « Conseiller technique » de la D.G.S.S.

RIVET refuse. L'imbroglio continue. Mais l’offensive contre le SR va se précipiter.

Le Chef du SR s'épuisera en démarche pour convaincre, le Chef de la D.G.S.S. se consumera en tentatives ingénieuses pour tourner la résistance rencontrée, tous deux maintenant obstinément leurs positions respectives.

Le Général GIRAUD menacera de supprimer SR et CE : menace verbale. Le Chef du SR lui remet sa démission : elle est rejetée. Comme les vaisseaux d'un corps ulcéré, les lignes de force de l'appareil se coincent.

RiVET, rencontrant SOUSTELLE, apprend de lui que le chantage aux crédits sera poursuivi aussi longtemps que le SR ne se sera pas plié au Décret qui le mutile.

Condamnation qui devrait tuer la victime, mais qui se retournera un jour contre leurs auteurs.

Le lecteur a hâte - on le comprend - d'arriver au bout du drame impie. Nous y sommes.

Au début de Mars, la sous-commission de l'Armée de l'Assemblée consultative, émue par cette détestable guerre, convoque pour les entendre les Chefs respectifs de la D.G.S.S. et du SR.

Le premier s’abstient, La Commission fait de vaines démarches pour provoquer un règlement satisfaisant du conflit. Il est vrai que ses sympathies pour le SR la desservent.

Le Général GIRAUD, qu'on ne ménage plus guère mais qui veut lutter jusqu'au bout, voire luire la possibilité de renflouer le SR par des fonds de provenance non officielle. Il s'avère à l'examen que le procédé est précaire et répréhensible. Seul, « pauvre et nu » comme l'infirme de l’Evangile, le SR consomme ses derniers fonds de tiroir.

Milieu de Mars. La D.G.S.S., dit-on, prépare l’ « action » à développer en territoire français quand les forces alliées s’y présenteront.

Or, notre CE, tenu en haleine par PAILLOLE, sait bien, lui, ce dont il s’agit. Les seuls éléments qui entreront véritablement en action, le moment venu, seront ceux qu'il a entraînés à cet effet contre les 5èmes colonnes, les vraies, celles de l'ennemi.

Une certaine inquiétude a gagné la D.G.S.S. devant l'émotion créée par la querelle au sein de l'Assemblée. Des bruits de démission ont circulé (on a beaucoup démissionné dans cette arène) des dispositions accommodantes se sont faits jour au Service SOUSTELLE. On a parlé d'un retour au statu quo ante.

Illusion. Les assaillants sont lancés à fond, Dans cette course, ils n’ont pas le temps de construire, à peine celui de démolir.

Un souffle « totalitaire » anime la formation hétéroclite constituée en hâte, et vers laquelle se ruent des candidats de toute origine : consciences souples, malins, affairistes et politiciens.

La Direction du présomptueux Service est visiblement débordée, mais on recouvrira ces désordres du manteau des nécessités : « Sans chaos préalable, pas de création ». Nietzsche a fait école.

La grande tristesse de ce dévergondage, c'est que d'excellents Français et d'ardents combattants y furent entraînés.

Pour défendre le SR, le Général GIRAUD s'obstine à invoquer le respect d'attributions qu'on ne lui reconnaît plus.

Administrativement, et déjà en partie techniquement, le SR. est aux mains de ceux qui le violentent.

Une fois encore, RIVET demande au Général de lui rendre sa liberté. GIRAUD lui oppose le devoir qu’a le Chef du SR de se battre jusqu'au bout avec lui. Et c'est vrai. A quoi pensait donc le soldat ainsi rabroué ?

Le Chef du SR et ses magnifiques collaborateurs ont bien le sentiment que leur défaite est question d’heures.

Quelques tentatives encore pour gagner du temps, sans espoir.

Et le 4 Août se produit l'évènement attendu : un Décret du Comité réorganise le Haut-Commandement et confie tous les pouvoirs militaires au Général de GAULLE.

Il est vrai qu'aussitôt, le Général GIRAUD est nommé « Inspecteur général des Armées » fonction qui sera déclinée. Le grand Chef quitte la scène.

Le SR qui, sous son autorité nominale, s'est uniquement battu pour la France et pour la Victoire, succombe avec lui.

La fusion est ... réalisée. La D.G.E.R., va s'efforcer, dans les pires conditions,
d’absorber morceau par morceau le SR décapité. Entreprise herculéenne : il ne pourra pas le digérer.
 



EPILOGUE


Nous avions tort de redouter le pire, la destruction sans retour. M. SOUSTELLE avait dit à RIVET : « on ne le cassera pas votre SR . »

L’offensives conjuguées des Alliés, desquels dépendait le sort de la Patrie - et de la guerre, auraient à elles seules contraint sa conscience à utiliser du SR les forces vives que la bagarre n'avait encore ravager.

La recherche proprement dite conservait en maints échelons subordonnés la vitesse acquise qui les rivait à l'ennemi.

Plus particulièrement, l'élément dit « opérationnel » constitué en 1943 au profit du corps expéditionnaire d'Italie, puis de la 1ère Armée, remplissait, selon les meilleures méthodes et avec un succès loué par les grands Chefs, son rôle traditionnel et impérieux d'éclaireur de l'Armée.

Atténuation réconfortante du regret éprouvé au sein du Commandement suprême d’enregistrer, à l'heure des graves batailles finales, les lacunes du français. (3)

 (3) - S.R. = organe d’exploitation lointaine et pleine.

Le CE, la chose est notoire, fut dans les débarquements qui préludèrent à la Libération, l'organe par excellence de l'assainissement du corps national infecté par l'Allemand.

PAILLOLE ne dira jamais assez - nos Alliés l'ont dit pour lui - que la France dût en grande partie le ressaisissement immédiat des esprits en désarroi, à l'activité prévoyante et opportune de notre CE.

J'attends, comme son Chef, qu'on mette ce fait en suspicion.

En tout cela, l'appareil SR et CE français, sous la houle qui avait déferlé et atteint son potentiel, avait conservé son visage, même défiguré par les mots et par les coups.

Il avait surtout conservé - le Chef du SR à son départ l’en avait adjuré - ses facultés de redressement, dans le sens permanent et infrangible de sa doctrine : maintenir, renseigner. (4)

(4) Ces deux termes avaient servi de thème et de mots d’ordre à toutes les instructions données de son PC auvergnat par le Chef du SR.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 5

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