Extrait du Compte rendu de  Bruno Modica, Chargé de cours en relations internationales à l’IEP de Lille, (Prépa. ENA), chargé de formation au CNED de Lille.sur le site http://www.clionautes.org
                ……Une préoccupation ancienne
                La géopolitique de la mer, sans doute trop peu traitée par les géographes universitaires est bien l’objet d’étude fondamental du XXIe siècle. En réalité, cette géopolitique des mers suscite l’attention et la sévérité des remarques ci-dessous mérite d’être nuancée. 
                Plus que les géographes se sont peut-être les opinions et aussi les décideurs qui ne prennent pas suffisamment la mesure des enjeux maritimes à venir ou en tout cas qui n’en font que trop peu état. 
                Dès le 28 septembre 1945, la seconde guerre mondiale est à peine terminée, le Président Truman considère que le plateau continental est une extension de la masse terrestre de la nation riveraine et lui appartient naturellement. 
                Très rapidement, certains pays, pour des raisons énergétiques et aussi piscicoles se sont réservé les zones contigües à leur territoire continental.
                Le premier chapitre revient sur les fondamentaux des délimitations de ces espaces examinant les différentes étapes qui ont conduit à la convention de Montego Bay. Une carte montre bien les différents zones concernées, entre celles qui relèvent de la ZEE et celles de l’autorité internationale des fonds marins. Les questions de pêche et d’environnement ont également généré leurs zones. ZPP et ZPE et tous les États intéressés se sont emparés des possibilités qui leur étaient offertes de défendre leurs prérogatives en la matière. 
                Le chapitre deux revient sur les questions de délimitation avec les différents modes de calculs. Les litiges sont multiples et sont d’ailleurs traités à l’aide d’un manuel spécifique des Nations unies. La géomorphologie ou l’histoire viennent aussi au secours des arguments des uns et des autres. On parle alors des eaux historiques pour justifier les prétentions libyennes sur le golfe de Syrte ou de prolongement des plateau continental ou de continuité de dorsales et de reliefs sous marins pour appuyer telle ou telle affirmation à propos des Kouriles. 
                La cour internationale de justice et même le tribunal international du droit de la mer, peu connu, qui siège à Hambourg sont également compétents pour dire le Droit en la matière. Des litiges encore et toujoursDidier Ortolland fait ici un inventaire des questions litigieuses, opposant la Tunisie ou la Libye, mais aussi l’Allemagne et le Danemark et même la France et l’Angleterre en Manche en 1977. 
                Il semblerait, pour régler ces différentes questions que la jurisprudence ait pris comme critère les lignes d’équidistances qui sont éventuellement modifiées selon des « circonstances spéciales et des principes équitables ». 
                L’ouvrage examine ensuite dans le détail les différents espaces maritimes en s’appuyant sur un appareil cartographique sans lequel on aurait aimé voir quelques photos satellites. 
                Une carte remarquable de la mer du Nord présente à la fois l’étendue des richesses pétrolières et gazières de la zone et les différents accords ayant permis de trouver une solution à certains litiges. On retiendra évidemment certaines zones « chaudes » au niveau énergétique comme le Golfe de Guinée et l’intérêt actuel pour des gisements en off-shore profond qui présentent l’intérêt d’être moins vulnérables aux convulsions politiques terrestres. De la même façon la Namibie dessine son avenir au large avec 1500 km de façade maritime, des eaux poissonneuses, avec l’upwelling, une industrie minière off-shore avec l’extraction des diamants alluvionnaires du fleuve Orange et même du gaz naturel sur le champ de Kudu. Pour l’Atlantique Sud on apprendra évidemment les causes de la guerre des Malouines, la justification argentine et les arguments britanniques. Les argentins revendiquent en effet les Malouines, appelées Falkland en 1833, les Sandwich du Sud et la Géorgie du Sud, ensembles insulaires sous souveraineté britannique. Pour la mer baltique on insistera sur le Nord Stream qui, dans cette mer marquée par la guerre froide, marque la renaissance d’une puissante coalition d’intérêts entre l’Allemagne et la Russie qui suscite l’inquiétude de pays comme la Pologne et les États Baltes, il est vrai échaudés par l’histoire !...
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