Memorial – biographie de André, Paul POURCHET

Né le 8 juin 1897  à  Lille (Nord) de Charles Amédée Pourchet  et de  Louise Ernestine Gentilhomme Epouse: Marie Thérèse Rekn Profession: pharmacien Décédé le 21 décembre 1944  à  Hambourg Altona

 Réseaux: S.S.M.F./T.R., Mithridate, F.F.I., F.F.C. Agent PI et P2

 

Paul Pourchet était un ancien combattant:  affecté dans l’artillerie le 8 janvier 1916,  il avait terminé la guerre comme maréchal des logis, cité à l’ordre du régiment en ces termes: “Très brave et dévoué, s’est distingué aux attaques de Champagne le 16 avril 1917, de Verdun, de Lorraine, de la Somme en juin 1918, de l’Aisne en juillet 1918 et dans les Flandres.”

C’est avec le grade de sous-lieutenant qu’il fut mobilisé en 1939, en tant que pharmacien auxiliaire, puis démobilisé en novembre 1939, comme père de quatre enfants .

Rentré en zone interdite en juin 1941, il est pharmacien à Nancy où ses affaires sont florissantes et, à partir de cette date,  participe à l’organisation de la résistance dans la région, pour divers réseaux. Il est en relation avec M. Chailley-Bert, le Dr Weber et le capitaine Richard (pharmacien) pour la mise sur pied du service médical de la Résistance de la Région C. Il est également chargé de stocker des médicaments.

Entré dans le Service de contre-espionnage le 27 novembre 1942, il participe à la constitution du service de Sécurité militaire clandestin dans la région de Nancy, tout d’abord avec le commandant Pauly* , puis avec le commandant Debrosse. Son officine, 10 rue Raugraff, à Nancy, sert de lieu de rendez-vous et de boîte aux lettres. Il collecte lui-même les renseignements de sécurité militaire et, durant quelques semaines, héberge chez lui le commandant Pauly, arrivé d’Afrique du Nord en sous-marin. Enfin, il participe à l’évasion de prisonniers et les met à l’abri, dans le cadre de l’organisation de la Maison du prisonnier.

Le commandant Flouquet (réseau Mithridate, DS.DOC) témoignera de ces activité en ces termes: “Fin 1943, j’ai été chargé par T.R. clandestin d’installer un poste dans la région de l’Est. A mon arrivée j’ai pris contact avec le commandant Pauly, chef du S.M. clandestin régional, qui avait une chambre chez M. Pourchet. Avant mon arrivée, M. Pourchet avait accepté que sa maison serve de boîte aux lettres et de lieu de rendez-vous pour tous les camarades de la Résistance. Assistaient à ces réunions: Pauly, Flouquet (T.R.), Lutz (alias Perra; chef du B.C.R.A., réseau Mithridate), M. Chailley-Bert (en 1945 commissaire de la République à Nancy).”

Lorsque le commandant Pauly, recherché par la police allemande, doit quitter Nancy et reçoit le commandement du poste S.M. clandestin de Lille, le commandant Debrosse est désigné pour lui succéder. Pauly lui recommande alors de s’adresser à M. Pourchet pour régler les questions omises au cours de leur entretien, ce dernier étant au courant de son activité et connaissant ses correspondants. Pauly spécifie que Paul Pourchet est son adjoint désigné et qu’il envisage sa promotion au grade de capitaine à titre temporaire, dans les conditions prévues dans la clandestinité.

Le  lieutenant colonel Verneuil, chef du réseau clandestin de contre-espionnage en  France occupée certifiera en décembre 1945, que M. Pourchet, agent P2, chargé de mission de 1ère classe, avait une fonction assimilée au grade de capitaine.

Malgré les dangers qu’il court, Paul Pourchet ne fuit pas et continue à déployer une vive activité.

Après une surveillance de deux mois environ de la part des services allemands, la Gestapo l’arrête le 8 juin 1944. Il est mis en cellule à la prison Charles III de Nancy. Le 18 juillet 1944, il est transféré à Compiègne et déporté à Neuengamme la première quinzaine d’août, dans un train qui transporte des résistants du réseau Mithridate et des otages. Maître Fournier, notaire et maire de Badonviller, son compagnon de cellule à Nancy, rescapé de Buchenwald, dira que Pourchet lui a confié avoir été arrêté pour avoir hébergé la commandant Pauly.

En fait, début 1944, un informateur du commandant, arrêté par la Gestapo, a reconnu avoir eu rendez-vous avec des officiers venant d’Alger (Pierson, pseudonyme de Pauly), chez M. Pourchet. Il est aussi écrit que des révélations auraient été faites par des camarades de la Maison des prisonniers.

Paul Pourchet est affecté à un kommando de Neuengamme qui emploie quelque 2 000 détenus à des travaux de déblaiement et de construction navale. Il meurt le 21 décembre 1944.

Déclaré “Mort pour la France”, il revevra la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance.

 

*Citation: “Patriote convaincu qui n’a cessé pendant l’occupation allemande de participer par tous les moyens à la lutte contre l’envahisseur. A apporté son concours à de nombreuses organisations. Quoique se sentant menacé d’arrestation, n’a pas voulu fuir pour continuer son oeuvre.

Arrêté le 8 juin 1944, déporté en juillet, n’a fait aucun aveu, sauvant ainsi de nombreux camarades de résistance. Est mort martyr après avoir soutenu admirablement le moral de ses compagnons de déportation.”

 

Références: Archives du Bureau “Résistance; Société d’entraide des membres de la Légion d’Honneur (section Nord)




25 Juin 1940 : Après la défaite, le Serment de BON-ENCONTRE engage les Services à poursuivre la lutte

Monument aux morts de Bon-EncontreAprès le choc de la défaite française, les services spéciaux se recueillent longuement le 25 Juin 1940 autour du monument aux morts de Bon-Encontre. Le colonel Rivet trace le devoir de chacun : poursuivre le combat dans la clandestinité. Tous en font le serment.

Voici ce qu’en a écrit le colonel Paillole (1)

«Rivet nous rejoint le 21 juin vers 20 heures à Bazas. Abattu, il décrit l’atmosphère déprimante de Bordeaux où se sont repliés le Président de la République et le gouvernement

– N’attendez pas plus de quarante-huit heures ici. Les conditions d’armistice seront très dures. Je crains que vous soyez dans la zone que va occuper la Wehrmacht. – S’il n’y a aucune possibilité de nous embarquer à Bordeaux pour gagner l’Afrique, nous essaierons Port-Vendres, Marseille ou Toulon. Sinon nous n’aurons pas d’autre solution que de poursuivre clandestinement notre combat.

Le lendemain 22 juin 1940, à 18 heures, l’armistice est signé avec les Allemands. Il sera effectif après la conclusion de l’armistice en cours de discussion avec les Italiens. La clause dissolvant nos services est confirmée. Un silence de mort règne dans notre cantonnement.

Dans un bureau voisin soudain s’élève une voix : « L’honneur, le bon sens, l’intérêt de la Patrie commandent à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront » C’est de Gaulle qui de Londres exprime et endurcit notre résolution prise la veille à Bazas : continuer là où nous serons et comme nous pourrons.

– Rejoignez-moi demain au petit séminaire de Bon-Encontre, à la sortie d’Agen vers Moissac, nous enjoint Rivet. Nous arrivons au petit séminaire le 23 juin vers 13 heures. Le 25 juin 1940, l’armistice est signé avec l’Italie. Pétain parle aux Français : le drame est consommé.

Autour du monument aux morts de Bon-Encontre, nous nous recueillons longuement. De sa voix sourde Rivet nous parle. Il trace le devoir de chacun : lutter contre l’envahisseur. Nous en faisons le serment. … Il faut faire vite. Dans le réfectoire du séminaire de Bon-Encontre, nos visages encore bouleversés par la cérémonie au monument aux morts, traduisent l’humiliation et la révolte.

Rivet reprend la parole. – Notre destin ne s’arrête pas là. Tirée de l’anesthésie par la brutalité du drame, la France perçoit dans sa chute le début d’un règlement de comptes. C’est l’heure du redressement. Un calcul trop savant, l’obsession du schéma (2) ou une étourderie inespérée ont laissé au vaincu du moment une portion de territoire, avec l’Afrique française et un noyau d’armée.

A qui fera-t-on croire que cette armée d’armistice se résignera plus docilement à la honte que la Reichswehr en 1918 ? Nous écoutons en silence ces mots qui traduisent ce que nous ressentons.

Rivet poursuit : – Soyez sûrs que cette armée offrira à la dissidence de nos Services de renseignements et de contre-espionnage la couverture et l’appui qu’en d’autres temps la Reichswehr a donnés au Nachrichtendienst. Ceux qui comme nous peuvent se battre ne doivent pas attendre. Notre action doit se poursuivre, invisible et secrète. Aucune autre attitude n’est concevable.

Quelques semaines plus tard Rivet rassure : “La position de Weygand est claire : la guerre continue. L’armistice n’est qu’une suspension d’armes. Il m’a dit textuellement :« Quoi qu’il puisse advenir, la ligne de conduite de vos services, comme celle de l’Armée, implique que l’Allemagne doit être traitée en ennemie et l’Angleterre en alliée. “

Le colonel Schlesser écoute Paillole décrire la retraite française et les méthodes offensives de l’Abwehr.

– C’est nous qui devions faire cela ! Nous avons déclaré la guerre sans savoir ni vouloir la faire. Pour aller au secours de la Pologne, nous sommes restés sur place !

Gravement il ajoute : – Il n’y a plus d’autre solution que de rassembler ce qui nous reste de forces pour les jeter dans la bataille lorsque les Anglais et les Américains seront en état de la déclencher en France. C’est l’idée de Weygand. C’est sans doute celle du Maréchal. Il faut les aider à la mettre en oeuvre….

 

(1) SERVICES SPÉCIAUX 1935-1945

(2) Une carte circulait en Allemagne en 1939 donnant les limites des débordements hitlériens en Europe.On y voyait figurer la « ligne de démarcation » en France !




Bref historique des services français, depuis 1871

1871-juin-08
Création au Ministère de la Guerre d’un service chargé de « renseigner sur les desseins et les opérations de l’ennemi ».

En 1872
Un service Militaire de Contre-espionnage est créé au Ministère de la Guerre.

1876-juin-08
Création de la Section de “Statistiques et de reconnaissances Militaires”. avec rattachement au deuxième Bureau de l’armée.

1886-avril-18
Loi pénale sur la répression de l’espionnage. (Général Boulanger).

1887-janvier-01                          
Instruction relative à l’Organisation du SR en temps de Guerre.

1894-octobre                         
Affaire Dreyfus. Le capitaine Dreyfus, est victime d’une manipulation montée par un officier du 2ème Bureau dirigé par le colonel Sandherr.

1899-mai-05                          
Alors que cette affaire divise la France sur les plans politique et militaire, le gouvernement décide de confier le contre-espionnage au ministère de l’Intérieur. Le service de renseignements de l’état-major est supprimé et est créé le Service de surveillance du territoire (SST), rattaché à la Sûreté générale (SG), officiellement chargée de la traque des espions étrangers sur le sol national. Le contre-espionnage est à la charge des commissaires spéciaux de la Sûreté. Une petite section de renseignements est maintenue au sein de l’état-major, mais elle n’a aucune activité en matière de contre-espionnage, celui-ci restant du ressort de la Sûreté.

1899-septembre-15                         
Dissolution de la Section de statistiques, qui devient une section du deuxième Bureau.
                          
En 1906                         
Georges Clemenceau, devient président du Conseil tout en conservant le portefeuille de l’Intérieur. Le commissaire Célestin Hennion est nommé à la tête des brigades mobiles chargées d’enquêter sur les affaires spéciales de police judiciaire et de contre-espionnage. Ces unités sont baptisées « brigades du Tigre », surnom de Clemenceau.

1907-février-02                           
Le 2ème Bureau de l’état-major redevient opérationnel et récupère une partie des missions de contre-espionnage dont il avait la charge avant l’affaire Dreyfus. Sous la direction du général Charles-Joseph Dupont, le 2ème Bureau travaille avec l’Intérieur, en particulier avec les brigades mobiles du commissaire Hennion (spécialisées dans le contre-espionnage), au sein desquelles ont été intégrés les commissaires des frontières.

1911-août-31                         
La répression de l’espionnage est confiée au Contrôle général des services de recherche Judiciaire qui supervisait les brigades mobiles.

En 1913                         
Reconnaissance officielle d’une mission de contre-espionnage extérieur dévolue aux autorités militaires. La répartition se fait comme suit :
Au Ministre de la Guerre, le contre espionnage extérieur.
Au Ministre de l’intérieur, la surveillance des frontières et la répression .

1915-mai-28                         
Création d’une Section de Centralisation du Renseignement (SCR), sous l’autorité du Commandant Ladoux. Rattachée au 2ème Bureau de l’état Major, qui centralise les actions des bureaux centraux de renseignement (BCR). L’ensemble sous l’autorité d’un 5ème Bureau.

1917-avril                         
Passage de la SCR sous l’autorité de la Section de renseignements (SR).
 
1918-février-12                         
Un commissariat à la sûreté nationale placé sous l’autorité du président du conseil est chargé de la police criminelle, des renseignements généraux et du contre-espionnage.
On y trouve :
– le SR chargé de la recherche des informations et le SCR chargé de la centralisation du renseignement et du contre-espionnage (deuxième Bureau SR-SCR). Le personnel est formé d’une équipe réduite d’officiers de contre-espionnage spécialisés dépendant du ministère de la guerre, et de policiers chargés de l’arrestation des suspects et des enquêtes judiciaires.
– Une section archives et fichier
– Une section consacrée à la propagande révolutionnaire (PR).
                          
En 1924                         
Création de la police de l’Air.

En 1927                         
Réglementation de la police de la colombophilie.

1934-janvier-26                         
Vote de la Loi sur la répression de l’espionnage.

1934-avril-28                         
Transformation de la Direction Générale de la Sûreté Générale, en Direction Générale de la Sûreté nationale, avec un poste de contrôleur général chargé du contre-espionnage. (ST)

1935-mars-01                         
Rattachement de la ST à la nouvelle direction de la police du territoire et des étrangers avec des missions de police de l’Air, de TSF et de colombophilie.

1936-juin                          
Le colonel Louis Rivet remplace le colonel Roux à la tête du Service des renseignements et du Service de centralisation des renseignements (CE) commandé par le commandant Guy Schlesser – Le service est installé au 2 bis avenue de Tourville ( Paris ).

1937-mars-09                         
La surveillance du territoire devient un service de police autonome, disposant de moyens propres.

1937-mars-12                         
Décision n°1800. Définition et constitution de Bureau central de Renseignements (BCR). Création au sein de la SCR d’une section consacrée à la défense préventive .

1939-juillet-29                         
 A l’initiative du Service de renseignement de l’Armée, une charte du contre-espionnage est établie et un décret-loi refond, en un texte unique incorporé dans le Code Pénal (article 75 et suivants), toutes les dispositions antérieures, répressives de 1810, 1886 et 1934.

 

Puis se produisent la débâcle, l’effondrement de toutes les structures, ce qui conduira les parlementaires à faire appel au Maréchal Pétain, qui demandera l’Armistice.

1940-juin-24                         
Près d’Agen, dans la cour du Séminaire de Bon-Encontre, le colonel Rivet, le capitaine Paillole et les cadres du contre-espionnage font serment de poursuivre dans la clandestinité la lutte contre les services spéciaux ennemis. Ils bénéficieront de l’appui du général Weygand, pour réaliser les structures adaptées à cette lutte.
Seront ainsi créés: – « L’entreprise des Travaux Ruraux (T.R.) », avec l’appui du Génie rural, qui sera la couverture du contre-espionnage clandestin offensif et dont la direction est confiée au capitaine Paillole. – Les Bureaux des Menées Antinationales, organisme officiel dont la justification est admise par les autorités allemandes dans la convention d’armistice afin d’assurer la protection de l’Armée d’Armistice. Ce service est en fait la couverture du CE clandestin (T.R.) et lui servira de soutien; ce service sera confié au Lieutenant-colonel d’Alés.
– Parallèlement les cadres du SR prêtent serment le même jour, et le SR Guerre, dirigé par le Lieutenant-colonel Perruche, s’installe à Royat.
– Le SR Air entre aussi en clandestinité sous les ordres du colonel Ronin.

Ainsi, le Service de renseignement « traditionnel » , sous l’impulsion particulière du général Weygand et de son chef , le colonel Rivet, va continuer le combat en changeant de structures, de noms, et de chefs, selon les circonstances; seule sa mission de lutte contre l’occupant ne changera pas.

1940-juillet-01                          
A Londres, le général De Gaulle nomme le capitaine Dewavrin dit « Passy » , chef de son 2ème Bureau, à Duke Street. Cette entité deviendra le Bureau Central de Renseignement et d’Action Militaire en 1942 (BCRAM), puis le Bureau Central de Renseignement et d’Action, le célèbre BCRA, en juillet 1942.

1941-juin-01                         
La surveillance du territoire est dirigée par le contrôleur général Castaing. Mais la haute direction est confiée par l’Amiral Darlan au capitaine de vaisseau Rollin.

1941-août-18                         
Création par l’Amiral Darlan du Centre d’Information Gouvernemental (CIG) pour coiffer les activités des trois SR.

1941-septembre-14                         
L’amiral Darlan et son ministre de l’intérieur Pierre Pucheu redonnent les pouvoirs de police du contre-espionnage aux autorités civiles, affranchissant ainsi la ST de la tutelle des BMA.
Le Gouvernement de Vichy va tout faire pour contrôler, limiter et si possible neutraliser l’activité contre-espionnage menée par les « Travaux Ruraux », qui compliquent ses relations avec la puissance occupante.
Le capitaine de vaisseau Rollin emploiera ses commissaires de police « spéciaux » pour contrôler les activités anti-allemandes menées par les T.R. en Zone Libre.

1941-décembre-16                         
 A Londres – Dewavrin (Passy) crée une section de CE, confiée au lieutenant Warin (Wybot) ancien du BMA de Marseille.

1942-janvier-17                         
 A Londres, création du Bureau Central de Renseignement et d’Action Militaire (BCRAM). Il comprend :
–  la section action/militaire (R.Lagier, D.Cordier, F.Scamaroni)
–  la section renseignement (A.Manue)
–  la section documentation et diffusion (DD)
– la section d’études et de coordination (SEC), (créée en mars 1942 M.Duclos).

1942-août-24                          
Dissolution des BMA et création d’un Service de la Sécurité Militaire (SSM) confié au commandant Paul Paillole. La direction du T.R. est alors assurée par le capitaine Lafont , alias Verneuil.

1942-novembre-10                         
A Alger, création de la Direction des Services de Renseignement et de Sécurité Militaire. (DSR-SM).

1943-janvier-04                         
A Alger, cette création (DSR-SM) devient opérationnelle, sous l’autorité de P. Paillole.

1943-avril                          
Intégration de la DSR-SM, dans une Direction des services spéciaux du Général Ronin (DGSS) avec le BCRA-A.

1943-mai                          
La SM devient Direction de la Sécurité militaire, (DSM) chargée du contre-espionnage et ayant autorité sur les réseaux TR et SM Précurseurs de France occupée. (la ST lui est aussi rattachée).

1943-septembre-04                         
A l’initiative du commandant Paul Paillole, création de la Sûreté aux Armées.

1943-novembre-27                         
Rapprochement politique entre le général de Gaulle et le général Giraud – Décret du comité français de Libération nationale créant une Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS). Dirigée par Jacques Soustelle. C’est la Fusion du BCRA / SR / CE, qui se fera dans la douleur, et amènera la démission du colonel Rivet.

1944-avril-24                         
Décision n° 8000 du général de Gaulle, consacrant la compétence exclusive du CE à la DSM au sein de la DGSS. Le contre-espionnage ne relève plus de l’autorité militaire, mais via la DGSS, de celle du chef du GPRF. Le commandant Paillole est confirmé dans ses fonctions et ses responsabilités par le général de Gaulle.
Le rôle de la sécurité militaire lors de la libération fut entériné par un protocole d’accord établi entre le commandant Paillole , directeur de la Sécurité Militaire et le 2ème Bureau du haut commandement allié ( SHAEF). « Dans les régions libérées, la responsabilité des activités de contre espionnage sera exercée par l’autorité militaire française (SSM) qui reconstitue ses Bureaux de Sécurité Militaire (BSM). Les noyaux de ces bureaux existent déjà dans le service de Sécurité Militaire Précurseur qui a été établi en France (SSMP).
Cet accord avec le Haut commandement allié négocié par Paul Paillole à Londres à la fin d’avril 1944, fut considéré par le Général de Gaulle comme un élément très important pour le rétablissement de la souveraineté française dans les territoires libérés et par conséquent, le renoncement des Américains à l’A.M.G.O.T..

1944-octobre-23                         
Suppression de la DGSS.

1944-novembre-06                         
La Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS) , dirigée par Jacques Soustelle devient Direction Générale des Etudes et des Recherches.(DGER).

1944-novembre-16                         
Création de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) – Roger Wybot.

1944-novembre-17
L’ex DSM est divisée en deux structures différentes.
– La DGER incorpore l’organisation T.R., pour former le noyau de son service de contre-espionnage extérieur (Le colonel Chrétien, puis le lieutenant-colonel Lafont deviendront successivement chefs du service de contre-espionnage de la DGER, puis du SDECE ),
– Un nouveau service de sécurité militaire constitué au sein du ministère des Armées regroupant les branches Guerre, Marine et Air, va constituer la sécurité des Forces Armées, le colonel Labadie devenant le patron de ce nouveau service.

En désaccord avec ce démembrement, (séparation du contre-espionnage offensif du contre-espionnage préventif) estimant qu’il ” rompt l’unité du contre-espionnage telle qu’il l’a toujours conçue ” le commandant Paul Paillole démissionna de ses fonctions.

1944-novembre-22 
Un arrêté D.8017/SN/ST, non publié, définit les attributions de la DST.

1945-avril-19                          
le colonel Passy reprend le contrôle de la DGER.
Début 1946, Passy réorganise le Service qui devient Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage (SDECE) , appellation qui restera jusqu’en 1982, avec plusieurs Directeurs.

1982-avril-04                          
le SDECE est remplacé par la nouvelle Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), par décret paru au JO. La direction en est d’abord confiée à Pierre Marion, puis à l’Amiral Lacoste… et ensuite à d’autres Directeurs.

2008-juillet-01                       
Création de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur ( DCRI ). Décret n° 2008-609. Cette nouvelle Direction regroupe Ex-DST et Ex-DCRG.

 




“J.A.”Épisodes de la vie d’un agent du S.R

“J.A.”Épisodes de la vie d’un agent du S.R. et du contre-espionnage français – de REMY – Edirions GALIC – 1961 

« J. A. » est le récit d’une extraordinaire aventure vécue pendant la guerre en Afrique du Nord par un officier des Services Secrets français, en compagnie de la célèbre artiste Joséphine Baker dont il s’était assuré le concours au début de la guerre. Nul n’était plus qualifié que l’auteur des « Mémoires d’un Agent Secret de la France Libre » pour retracer cet épisode passionnant de la guerre clandestine qui revêt par certains côtés un surprenant caractère d’actualité. Rémy l’a fait pour rendre hommage au courage, à l’intelligence et au caractère de ses deux camarades de la France Combattante : l’homme qu’il désigne par les initiales « J. A. », et la grande vedette qui a choisi de faire de la France sa patrie.




Opuscule : Paul Paillole, une vie au contre-espionnage par JC Petermann

Paul Paillole, saint-cyrien de la promotion «Maroc et Syrie» a été affecté au SR/SCR du 2ebureau de l’état-major de l’armée en 1935. Trois ans plus tard, il était nommé chef de la section allemande. L’armistice signé, dès juin 1940 il entre dans la clandestinité au sein de l’organisation mise en place par le colonel Rivet et crée et dirige le service des «travaux ruraux» (TR) couverture du service de contre-espionnage offensif. Recherché par les services allemands, l’invasion de la zone libre en novembre 1942 le contraint à s’évader via l’Espagne et à gagner Gibraltar, Londres puis Alger d’où il assure la direction de son service clandestin implanté en métropole. À ce titre, il organisera notamment les missions spéciales sous-marines entre Alger et la côte de Provence. Directeur de la sécurité militaire, il en adaptera les structures aux opérations franco-alliées jusqu’à la Libération.

Disposant de la confiance totale des alliés, il sera le premier officier français associé, sous le sceau du secret, à la préparation du débarquement de Normandie. Rentré en France, il quitte le service actif en novembre 1944 comme lieutenant-colonel. Il occupe alors d’importantes fonctions dans l’industrie et assure plusieurs mandats de maire de sa commune. Colonel de réserve et auditeur de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), il suit avec attention les problèmes de défense.

En 1953, Paul Paillole fonde l’AASSDN dont l’un des objectifs est de conserver la mémoire des actions des services spéciaux pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cette association qui a érigé à Ramatuelle le Mémorial des agents des services spéciaux morts pour la France, est habilitée à accorder l’accès aux archives du colonel Paillole.

Très attaché à la rigueur concernant l’histoire du renseignement et du contre-espionnage en France, il est l’auteur de nombreux articles et conférences et de trois ouvrages faisant référence: Service spéciaux 1935-1945 (Robert Laffont, 1975), Notre espion chez Hitler (Robert Laffont, 1995) et L’homme des services secrets (Julliard, 1995). Le colonel Paillole, décédé le 15 octobre 2002, était officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre39-45 avec palme, officier de la Legion of Merit et du British Empire, médaillé de la Résistance, des évadés et de la résistance polonaise en France.

  • Document 1: Paul Paillole avant 1942
  • Document 2 : La machine ENIGMA
  • Document 3 : La clandestinité (1942-1944)
  • Document 4 : La création de l’AASSDN (1953)
  • Document 5 : L’adieu de Paul Paillole (2002)