Par Paul Paillole en 1973 :

Depuis plusieurs mois, nous assistons à la sortie massive d’écrits de toutes sortes, d’émissions radio et télévisées, qui prétendent projeter des lueurs de vérité sur les événements des années 1939 à 1945.

Je constate à regret – comme vient de le faire le Général BAILLIF à propos de la guerre d’Indochine dans sa protestation adressée à l’O.R.T.F. – le manque d’informations et d’objectivité de la plupart des auteurs.

Connaissance incomplète des événements, témoignages partiaux, subjectifs, récits hagiographiques, plaidoyers orgueilleux, présentations partisanes ou tendancieuses des faits, telles sont les caractéristiques de tant d’oeuvres diffusées avec une prétention historique.

Nous avons trop souvent dénoncé les manquements à la VERITE pour ne pas stigmatiser le « bourrage des crânes » et plus particulièrement celui qui s’exerce jusque dans nos foyers par les moyens officiels audio­visuels.

Ainsi a été pratiquement monopolisé le mérite de la Résistance à l’envahisseur de 1940 et minimisée toute action patriotique en marge de ce monopole.

Je ne veux pour preuve de ce que j’avance que cette monstrueuse disposition administrative qui interdit encore aujourd’hui au Ministre des Armées (D.P.M.A.T.) de prendre en considération les titres de résistance établis autrement que par les fichiers du B.C.R.A.

J’imagine la réaction de LOCHARD ou de VERNEUIL si on leur avait prescrit en 1943 ou 1944 d’adresser à Londres les listes de leurs agents pour qu’elles soient mises en fiche !

Que l’on me comprenne bien : la pensée de minimiser les mérites de ceux – quels qu’ils soient – qui « ont fait quelque chose de bien », ne m’effleure pas.

Ce que nous sommes un certain nombre à ne plus pouvoir supporter, c’est la prétention sacro-sainte au « monopole », c’est l’audace de présenter avec un label plus ou moins officiel des événements tronqués, c’est l’impudeur de donner une dimension démesurée à des faits bénins, en ignorant – ou feignant d’ignorer – des faits essentiels.

Alors, comment ne pas saluer cette amorce de renversement de tendance que nous percevons dans les flots que déverse la littérature. Nous ne saurions trop remercier les quelques auteurs courageux, consciencieux, qui tentent de rétablir la VERITE.

QUELS QU’ILS SOIENT, nous avons LE DEVOIR DE LEUR OUVRIR NOS DOSSIERS ET NOS SOUVENIRS.

L’objectif majeur de notre Association demeure d’ordre moral.

Nulle récompense, nulle satisfaction, ne saurait honorablement et pleinement sanctionner les sacrifices des nôtres, sans le rétablissement complet de « cette sacrée VERITE ». Elle chemine lentement dans l’accumulation des mensonges, et des produits des imaginations perverses; mais cette marche annonce la fin d’une époque où trop de médiocres et d’ambitieux ont trouvé dans l’astucieuse exploitation des événements, le tremplin nécessaire pour sauter sur les honneurs et les bonnes places.

Je crains fort que notre PAYS n’y ait pas trouvé son compte, et que l’HISTOIRE, la vraie, en subisse les conséquences.

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