Brève : Décret relatif aux opérateurs de référence du ministère des Armées pour la coopération militaire internationale

Dans un contexte géopolitique mouvant, le maintien et le développement de l’influence de la France
requièrent, en ce qui concerne la coopération internationale militaire, une assistance des armées par des
opérateurs économiques de référence, capables de seconder ou de se substituer aux forces dans certaines missions identifiées et dotés, à cette fin, de droits exclusifs ou spéciaux par domaine d’activité. Le projet de décret définit les droits exclusifs, leur portée, leur périmètre, leur format et leurs conditions d’attribution et de mise en œuvre, dans le respect des principes de nécessité et de proportionnalité.

Décret n° 2025-1030 du 31 octobre 2025
Publié au Journal officiel n° 0258 du 01 novembre 2025

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Brève : A titre posthume, Alfred Dreyfus nommé au grade du général de brigade

La Nation française élève, à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

Fait à Paris, le 17 novembre 2025.

Par le Président de la République,
Emmanuel MACRON

Le Premier ministre,
Sébastien LECORNU

La ministre des Armées et des Anciens Combattants,
Catherine VAUTRIN

Pour télécharger l’annonce officielle publiée au Journal Officiel, cliquez ICI




Vidéo : L’Allemagne : Maître de l’Europe !

Dans cette nouvelle émission, Alain Juillet et Claude Medori reçoivent Thierry Garçin à l’occasion de la sortie de son livre « La question allemande en Europe depuis l’unification ». Nous découvrons et analysons la face cachée des relations franco-allemandes qui deviennent de plus en plus compliquées et qui mettent en péril l’existence même de l’Union européenne.

Date de mise en ligne : 07/11/2025
Durée : 00:49:19
Compte YouTube : Open Box TV

00:00 : Introduction
03:35 : L’Allemagne, un pays puissant
08:50 : La remilitarisation de l’Allemagne
16:20 : L’Allemagne veut dominer l’Europe
29:04 : L’arme nucléaire française
38:07 : L’occident privilégie la force au droit
43:36 : L’Europe dans un cul-de-sac
47:53 : Discussion de fin




Guerre en Ukraine : La corruption comme un art de vivre

21 avril 2019 – « En écrivant et en incarnant le rôle principal dans la série à succès Serviteur du peuple, dans laquelle un professeur d’histoire, Vasyl Holoborodko, est propulsé président pour nettoyer le pays de la corruption, M. Zelensky a simplement donné à des millions d’Ukrainiens le sentiment que la politique pouvait être autre chose ». Benoît Vitkine rapportait, pour Le Monde (1), la victoire avec 73% des voix de Volodimir Zelensky en Ukraine, en notant : « Il est assez facile de comprendre contre quoi les Ukrainiens ont voté : corruption, guerre, pauvreté, ces maux associés à l’ère Porochenko ».

Ajoutant : « Ce changement plébiscité par les électeurs est aussi un pari. En 2014, les Ukrainiens ont estimé que nul n’était mieux placé pour démanteler le système politico-mafieux ukrainien que l’un de ses enfants, l’oligarque Petro Porochenko ; cinq ans plus tard, alors que leur pays est déchiré, ils misent sur un outsider investi d’une mission de salubrité publique ».

Mais quelques mois plus tard, en octobre 2021, des ombres viennent ternir déjà le promoteur d’un « populisme d’un type nouveau : un populisme « sympa », proeuropéen, qui ne cherche pas le clivage mais le rassemblement d’une Ukraine aux identités morcelées » – promesses de campagne non tenues, comme on le sait. Un regroupement de journalistes d’enquête, l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project), fondé en 2006, révèle que « M. Zelensky et ses partenaires dans une société de production télévisuelle, Kvartal 95, ont mis en place un réseau de sociétés offshore depuis au moins 2012, année où la société a commencé à produire régulièrement des contenus pour les chaînes de télévision appartenant à Ihor Kolomoisky, un oligarque poursuivi par des allégations de fraude portant sur plusieurs milliards de dollars ». C’est l’affaire des Pandora Papers, qui décrypte l’implication de Volodimir Zelensky, de sa femme et de leurs cercles proches dans l’achat de « coûteuses propriétés », notamment à Londres (2).

Vient l’affrontement armé avec la Russie, en février 2022.

Le 2 août 2022, c’est Thomas Friedman, trois fois prix Pulitzer, qui s’inquiète dans le New York Times, de « drôle d’affaires à Kiev ». Précisant : « En privé, les responsables américains sont beaucoup plus préoccupés par les dirigeants ukrainiens qu’ils ne le laissent paraître ». Le 7 août, c’est a chaîne américaine CBS (3) qui s’intéresse, avec précaution, au sort des « armes et équipements militaires » qui « sontacheminés jusqu’à la frontière polonaise, où les États-Unis et les alliés de l’OTAN les transportent rapidement de l’autre côté de la frontière pour les remettre aux autorités ukrainiennes ». Selon un témoin, « seulement « 30 à 40 % » des fournitures qui traversaient la frontière atteignaient leur destination finale ». Le doute traverse la presse américaine – dont Newsweek, le 10 août (4). « Ainsi, les contribuables américains empruntent des dizaines de milliards de dollars que leur pays n’a pas, pour envoyer des fortunes au dirigeant irresponsable d’un pays corrompu, tout cela pour intensifier une guerre dans laquelle les États-Unis n’ont aucun intérêt national vital. Oh, et cela pendant une récession marquée par une inflation galopante au niveau national. Je vois ».

Un an après « l’opération militaire spéciale russe » cependant, les armes arrivent toujours à flots en Ukraine. A l’Ouest, on s’est donc fait une raison quant à la corruption ?

Pourtant, la Cour des comptes européenne avait averti, dès 2021. Son rapport est toujours disponible en français. Et très clair, facile à lire, en synthèse ou in extenso. Que dit le rapport ? Il permet de comprendre comment les Ukrainiens acceptent cet état de fait. « L’Ukraine est minée de longue date par la corruption et est confrontée à la fois à la petite et à la grande corruption. La petite corruption est généralisée et est acceptée comme un phénomène presque inévitable par une grande partie de la population. Pour justifier leur participation à la petite corruption, les citoyens font souvent remarquer que de hauts fonctionnaires et des oligarques sont impliqués dans des malversations à une bien plus grande échelle. Les experts estiment que des montants considérables, à savoir des dizaines de milliards de dollars, sont perdus chaque année en raison de la corruption en Ukraine ».

La grande corruption ?

« Transparency International définit la grande corruption comme un abus de pouvoir de haut niveau, qui profite à quelques-uns au détriment du plus grand nombre et cause des préjudices graves et de grande ampleur aux individus et à la société. En Ukraine, la grande corruption repose sur des liens informels entre des fonctionnaires de l’exécutif, des membres du parlement, des procureurs, des juges, des agents des services répressifs, des dirigeants d’entreprises publiques, ainsi que des individus/entreprises jouissant de relations dans le monde politique (voir l’infographie, à ne pas manquer !). L’Ukraine compte environ 3 500 entreprises publiques au niveau central et 11 000 au niveau municipal ». Peut-on être plus clair ?

Précision ? « La «captation de l’État» par des groupes de puissantes élites politiques et économiques à la structure pyramidale et enracinés dans l’ensemble des institutions publiques et de l’économie est considérée comme l’une des caractéristiques spécifiques de la corruption en Ukraine. Tant le Fonds monétaire international (FMI) que le gouvernement ukrainien ont reconnu que des intérêts particuliers ont généré une résistance aux réformes structurelles. La grande corruption due à la faiblesse de l’état de droit et à la large influence des oligarques va à l’encontre des valeurs de l’UE et constitue un obstacle majeur au développement de l’Ukraine. La grande corruption ou la corruption de haut niveau entrave la concurrence et la croissance du pays, nuit au processus démocratique et fait le lit de la petite corruption ».

En 2021, la Cour pouvait espérer que les recommandations de l’Union européenne seraient efficaces.

D’ailleurs un an après le début de la guerre, en février 2023, Yves Bourdillon notait pour les Echos (6), que « le simple comique troupier télévisuel » de 2019, Volodimir Zelensky, « vêtu de son désormais inévitable tee-shirt kaki, celui qui a été élu personnalité de l’année par le magazine « Time », a reçu à Kiev tous les grands chefs d’Etat et de gouvernement alliés. Joe Biden a été, lundi, le premier président américain à se rendre dans un pays en guerre sans que son armée y soit déployée ». On se souvient aussi comment Volodimir Zelensky a été acclamé par le Parlement français en mars 2022, Assemblée nationale et Sénat (7). Tout à sa détestation de Vladimir Poutine, Joe Biden, lui même concerné par les affaires de son fils en Ukraine, continue de déverser armes et milliards sur le pays.

L’arrivée de Donald Trump en janvier 2025 ?

Ce n’est pas la corruption mais une autre vision du monde qui lui fait changer de pied – avec sa spectaculaire rencontre avec le président russe en Alaska – la suite nous étant à peu près indéchiffrable les deux protagonistes se voulant pour l’heure taiseux. C’est l’Europe – qui ne participe en rien aux négociations – qui a bruyamment repris le flambeau du soutien à l’Ukraine. Et qui est touchée de front par la nouvelle affaire « de corruption d’une ampleur exceptionnelle » qui, nous dit le Figaro (8), « secoue les plus hautes sphères de l’Etat ukrainien ». On y parle de milliards et de très proches de Zelensky (Timur Mindish, son associé dans Kvartal 95, voir plus haut), de quoi rendre la vue aux aveugles. « Elle a été révélée le 11 novembre, quand le Bureau national anticorruption (Nabu) » dont Volodimir Zelensky voulait supprimer l’indépendance – « a annoncé l’inculpation de huit personnes pour corruption, détournement de fonds et enrichissement illicite dans le secteur énergétique ». L’affaire tombe très mal pour le président Macron au moment où il annonce la vente d’une centaine de Rafale à l’Ukraine d’ici à 2035 (comment les fabriquer, payés comment ?) alors qu’il lui reste un peu plus d’un an de mandat non renouvelable.

Quant à la corruption, qui est notre sujet ici, une ONG citée par le Figaro résume : « Les mécanismes de corruption persistent. Même après trois années d’invasion totale et douze ans de guerre, certains continuent encore de s’enrichir sur le sang des Ukrainiens ».

Mais pour ceux qui pratiquent autour de Volodimir Zelensky, la corruption est un art de vivre, en somme.

Hélène NOUAILLE
Directrice de la rédaction
La lettre de Léosthène

19 novembre 2025
n°1951/2025

Infographie :

Le système ukrainien facilite la grande corruption (source : Cour des comptes européenne, 2021)

https://op.europa.eu/webpub/eca/special-reports/ukraine-23-2021/fr/#figure1

Notes :

(1) Le Monde, le 21 avril 2019, Benoît Vitkine, Ukraine : Volodymyr Zelensky remporte la présidentielle, le pays fait un saut dans l’inconnu
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/04/21/en-elisant-volodymyr-zelensky-president-l-ukraine-fait-un-saut-dans-l-inconnu_5453254_3210.html

(2) OCCRP, le 3 octobre 2021, Pandora Papers Reveal Offshore Holdings of Ukrainian President and his Inner Circle
https://www.occrp.org/en/the-pandora-papers/pandora-papers-reveal-offshore-holdings-of-ukrainian-president-and-his-inner-circle

(3) CBS, le 7 août 2022, Adam Yamaguchi, Ales Pena, Why military aid in Ukraine may not always get to the front lines
https://www.cbsnews.com/news/ukraine-military-aid-weapons-front-lines

(4) Newsweek, le 10 août 2022, Steve Cortes, The Zelensky Narrative is Shifting
https://www.newsweek.com/zelensky-narrative-shifting-opinion-1731875

(5) Cour des comptes européenne, 2021, Rapport spécial, Réduction de la grande corruption en Ukraine : des résultats encore insuffisants malgré plusieurs initiatives de l’UE
https://op.europa.eu/webpub/eca/special-reports/ukraine-23-2021/fr/#chapter0

(6) Les Echos, le 23 février 2023, Yves Bourdillon, Volodymyr Zelensky, le « lion » inattendu
https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/zelensky-le-lion-inattendu-1909503

(7) France Inter, le 23 mars 2022, Julien Baldacchino, Devant le Parlement français, Zelensky évoque Verdun, la devise tricolore et les entreprises françaises
https://www.radiofrance.fr/franceinter/devant-le-parlement-francais-zelensky-evoque-verdun-la-devise-tricolore-et-les-entreprises-francaises-3488919

(8) Le Figaro, le 17 novembre 2025, Clara Marchand, Corruption en Ukraine : cette affaire qui secoue les plus hautes sphères de l’Etat
https://www.lefigaro.fr/international/corruption-en-ukraine-cette-affaire-qui-secoue-les-plus-hautes-spheres-de-l-etat-20251117

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Brève : Patrick Pailloux nommé à la tête de la DGA

Sur proposition de la ministre des Armées et des Anciens combattants, Catherine Vautrin, Patrick Pailloux a été nommé délégué général pour l’Armement par le président de la République. Il prend ses fonctions le 17 novembre 2025.

Né en 1966, ancien élève de l’École polytechnique (1986) et de l’École nationale supérieure des télécommunications ; ancien ingénieur général des mines et conseiller d’État, Patrick Pailloux a commencé sa carrière au sein de la direction régionale Île-de-France de France Télécom, en tant que responsable de l’installation des premiers réseaux de transmission optique régionaux (1991-1995).

Il a ensuite occupé divers postes opérationnels dans le domaine des systèmes d’information au ministère de la Défense (1995-2003). En juin 2003 il est nommé conseiller pour les affaires scientifiques et techniques du secrétaire général de la défense nationale (SGDN).

Le 7 octobre 2005 il est nommé directeur central de la sécurité des systèmes d’information, direction du SGDN devenu depuis SGDSN, en charge de la politique nationale en matière de cybersécurité. Le 10 juillet 2009, il est nommé directeur général de la toute nouvelle Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI), créée à la suite du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 qui invitait l’État à se doter d’une capacité de prévention et de réaction aux attaques informatiques et à en faire une priorité majeure de son dispositif de sécurité nationale.

Le 1er mars 2014, il est nommé directeur technique de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Le 15 juillet 2022, il est nommé conseiller d’État au tour extérieur et rejoint la section du contentieux du conseil d’État.

Le 21 juillet 2023, il est nommé directeur du cabinet civil et militaire du ministre des Armées.

Le 10 novembre 2025, il est nommé délégué général pour l’Armement, succédant à Emmanuel Chiva, que la ministre des Armées et des Anciens combattants tient à saluer pour son action de transformation de la DGA, de construction d’une communauté de destin avec les Forces et d’accompagnement des entreprises de Défense.

Ministère novembre des Armées et des Anciens combattants
Publié le 18 novembre 2025

© DGA / Ministère des Armées




Vidéo : Entretien avec Paul Paillole, l’homme des services secrets (1995)

Revoir l’archives de l’émission culte “Bouillon de culture” de Bernard Pivot. A l’occasion du 50e anniversaire de la Victoire sur l’Allemagne nazie, le célèbre présentateur de l’époque recevait en 1995 le colonel Paul Paillole, officier français des services de renseignement et chef du contre-espionnage pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans cet entretien, Paul Paillole apportait un éclairage peu connu sur le rôle décisif des services spéciaux français et de leurs agents durant la deuxième guerre mondiale.

Voir des documents biographiques de l’AASSDN sur son parcours :
une vie au contre-espionnage par JC Petermann




Prix AASSDN du roman d’espionnage : « Nos chers Alliés » de Gilbert Gallerne récompensé

Le prix AASSDN du roman d’espionnage a été décerné dans les salons de la mairie du Ve arrondissement de Paris, le 7 octobre 2025 à Gilbert Gallerne, pour son livre « Nos chers Alliés » (Editions KONFIDENT). Le jury, présidé par Alain Juillet, président de l’Amicale des anciens des Services spéciaux français, était composé notamment de deux anciens directeurs généraux de la DGSE ainsi que du directeur de l’Académie du Renseignement. 

Présentation du livre

La mort brutale du journaliste Rafael Arno intrigue le parrain de la victime, Martial Blanchard, un cadre de la DGSI en délicatesse avec sa hiérarchie. L’enquête a conclu au suicide et l’autopsie n’a révélé aucune trace de violences, mais l’ordinateur du défunt a été piraté et l’on découvre qu’Arno s’intéressait à un projet européen ultra-secret, le Système de combat aérien du futur (SCAF). Le journaliste en avait découvert le noyautage par des sociétés américaines avec la complicité de responsables politiques français devant leur ascension à une très influente fondation transatlantique. Mais jusqu’où la compromission va-t-elle ? A-t-on, au plus haut niveau de l’Etat, favorisé une puissance étrangère au détriment de l’intérêt national ? Et à qui Blanchard peut-il encore se fier ? À son tour, le flic est devenu une cible.

Guerre économique,Young Leaders, barbouzes de la CIA et morts violentes : Gilbert Gallerne signe avec Nos chers Alliés un thriller d’une actualité brûlante.

Fiche d’identité

Titre : « Nos chers Alliés »
Auteur : Gilbert Gallerne
Editions : Editions KONFIDENT
Date de parution : 15 octobre 2025
Prix : 22,50 €
Pages : 352
EAN : 9782493837080
ISBN : 2493837088
SKU : 5758612

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L’accord franco-algérien de 1968 coûterait 2 milliards € par an à la France

Ce rapport est explosif parce qu’à sa lecture, on découvre un véritable maquis d’informations et de statistiques éparses, disséminées entre plusieurs administrations: Intérieur, Affaires sociales, Santé, hôpitaux de Lyon ou de Marseille, Affaires étrangères. À chaque étage, c’est la distribution continue des privilèges. Même les observateurs les plus aguerris — dont l’auteur de ces lignes — restent stupéfaits devant l’ampleur des largesses accumulées, année après année, au profit des ressortissants algériens.

Il faut lire, ou au moins parcourir le rapport parlementaire rédigé par les deux députés Charles Rodwell et Matthieu Lefebvre, consacré à l’accord franco-algérien de 1968.

C’est, en fait, un rapport explosif et riche d’enseignements. Explosif par ce qu’il décrit. Explosif car les deux parlementaires se plaignent de la mauvaise volonté des administrations pour leur envoyer des statistiques, informations ou données chiffrées concernant l’immigration algérienne en France, comme si elles craignaient la transparence.

Explosif parce qu’à sa lecture, on découvre un véritable maquis d’informations et de statistiques éparses, disséminées entre plusieurs administrations: Intérieur, Affaires sociales, Santé, hôpitaux de Lyon ou de Marseille, Affaires étrangères. C’est à un véritable labyrinthe, voire à un jeu de piste, que les deux députés se sont retrouvés confrontés.

Explosif par la somme d’informations accumulées: ce rapport est une «bible» pour tous ceux, historiens, journalistes, politiques qui s’intéressent à cette question de l’immigration algérienne en France. Il est certain que l’Algérie, comme ses soutiens en France, protestera, critiquera et expliquera que tout ceci est à mettre sur le compte de l’extrême droite.

Explosif enfin, parce que justement, les deux députés sont des parlementaires macronistes «pur jus» du groupe Renaissance, le parti dirigé par Gabriel Attal. Justement! Si le rapport avait été rédigé par des députés «de droite» pour simplifier, du groupe RN ou Républicain, les commentateurs n’auraient pas manqué de dire qu’on ne pouvait pas attendre autre chose de députés de droite. C’est là toute la force de ce rapport: un document exhaustif, complet, argumenté, non politique mais objectif sur le coût de l’immigration algérienne en France.

Ce rapport porte en effet sur le coût de l’immigration algérienne en France. Son titre officiel est «Rapport d’information de la Commission des Finances (et non pas d’une commission spécialisée sur l’immigration) sur les implications juridiques et budgétaires des accords bilatéraux conclus en matière de circulation, de séjour, de santé et d’emploi, l’exemple de l’Algérie».
 
Le rapport chiffre le coût de l’immigration algérienne en France à environ 2 milliards d’euros par an, sans compter les coûts indirects (logement, emploi, coût juridique, encombrement des tribunaux, etc.).

«Les Algériens bénéficient d’un dispositif exceptionnel et dérogatoire à toutes les étapes du parcours migratoire.»

En effet, Charles Rodwell critique d’emblée le statut dérogatoire dont bénéficient les Algériens à chaque étape du processus. Trois éléments, précise-t-il, sont venus au fil du temps consolider et pérenniser ce régime d’exception:
1/ les avenants à l’accord de 1968,
2/ la folle jurisprudence du Conseil d’État qui a renforcé les privilèges des Algériens
3/ et enfin,  la combinaison de l’Accord de 1968 et de la Convention de Sécurité sociale de 1980.

Pour être clair, les Algériens bénéficient d’un dispositif exceptionnel et dérogatoire à toutes les étapes du parcours migratoire: la combinaison de ces textes (Accord de 1968, convention de Sécurité sociale et jurisprudence) leur permet d’être gagnants à tous les coups :

  • Entrée sur le territoire français grâce à un seul visa de court séjour et non un visa long séjour;
  • Un Certificat de résidence «vie privée et familiale» est accordé de plein droit sans même l’exigence d’une entrée régulière en France;
  • L’accès au regroupement familial est facilité en termes de délais comme de ressources prises en compte; le conjoint de Français a droit à un titre de séjour sans avoir obtenu un visa de long séjour. Le juge ne peut exiger ni vérifier l’effectivité de la vie commune des conjoints… ce qui facilite les «mariages blancs». Le titre de séjour ne peut être retiré pour polygamie…!
  • Accès aux prestations sociales: aucune condition de durée de résidence n’est nécessaire pour obtenir le revenu minimum (RSA) ou le minimum vieillesse (APSA), même sans avoir jamais cotisé alors que les autres étrangers doivent justifier d’un délai minimum de 5 ou 10 ans pour bénéficier de ces prestations.
  • Autre exemple, les Algériens sont la seule nationalité à ne pas devoir souscrire à l’engagement de respecter les «valeurs de la République» ou à avoir une connaissance minimale du français.
  • La dette hospitalière algérienne croît d’année en année, faute de remboursement des soins par l’Algérie à la partie française;
  • Les étudiants algériens obtiennent automatiquement un titre de séjour au titre de «commerçant» ou d’entrepreneur, sans avoir à prouver l’existence réelle de l’entreprise.
  • La kafala est reconnue expressément et consacrée par le droit français, source de nombreuses dérives comme j’ai pu constater à Alger.

À chaque étage, c’est la distribution continue des privilèges. Même les observateurs les plus aguerris — dont l’auteur de ces lignes — restent stupéfaits devant l’ampleur des largesses accumulées, année après année, au profit des ressortissants algériens. La «perle» que j’ignorais est celle-ci: l’Algérie refusant de payer leurs pensions de retraite aux Algériens qui ne vivent pas en Algérie (par hypothèse, ils vivent en France), c’est la France qui, sans aucune obligation juridique ou internationale, prend à sa charge les pensions de retraite des dits Algériens… Les députés chiffrent à 1 milliard d’euros le montant des retraites versées aux Algériens résidant en Algérie.

Un mot doit être mentionné sur la responsabilité écrasante (je pèse mes mots) du juge administratif dans ce dossier, en particulier le Conseil d’État.
Le rapport mentionne régulièrement ce qu’il faut bien appeler la «dérive jurisprudentielle» de la Haute Assemblée ou la «folle jurisprudence» du Conseil d’État qui a systématiquement interprété dans un sens ultra-favorable aux Algériens les dispositions de l’accord de 1968. Le Conseil d’État et les juges administratifs portent une responsabilité écrasante qu’il ne faut pas sous-estimer. Ainsi le Conseil d’État estime qu’aucun texte ne s’oppose à une mesure de régularisation en faveur d’un Algérien qui ne satisfait pas à l’accord de 1968, ce qui revient à appliquer aux Algériens «l’admission exceptionnelle au séjour», non prévue par l’accord. Par ailleurs, l’administration ne peut jamais retirer un titre de séjour à un Algérien, puisque ceci n’est pas mentionné dans l’accord de 1968. En un mot, les avantages de l’accord de 1968 sont «bétonnés» par le juge et les avantages du droit commun des étrangers sont ajoutés à ceux qui découlent de l’accord de 1968. Même un Algérien qui constitue une menace pour l’ordre public ne peut se voir retirer son titre de séjour! Même remarque pour un Algérien polygame! Décidément, le juge administratif français est hors sol.

Les auteurs du document concluent à l’absolue nécessité de dénoncer les accords avec l’Algérie, tant ils privilégient une immigration qui profite des avantages accordés au fil des ans. Le tableau qu’ils dressent des caractéristiques de l’immigration algérienne en France est, à cet égard, édifiant: communauté mal intégrée, qui bénéficie de multiples dérogations et avantages, vivant de prestations sociales françaises. Le plus comique sans doute est l’interview donnée dans le journal l’Opinion par le Président Tebboune en début d’année: il expliquait que cet accord était totalement dépassé et devenu inutile pour les Algériens! Que la France le dénonce donc, ajoutait-il. Manifestement, il ne connaissait pas le sujet dont il parlait.

Xavier DRIENCOURT
21 octobre 2025




Un projet de satellite européen pour contrer Starlink

Satellite : Le français Thales s’allie à Airbus et Leonardo pour contrer Starlink (SpaceX) d’Elon Musk. Les trois fabricants européens ont annoncé le rapprochement de leurs activités spatiales dans une société commune. Celle-ci sera basée à Toulouse et devrait générer un chiffre d’affaires de 6,5 milliards d’euros. Une bonne nouvelle pour l’écosystème local. 

Voici une alliance européenne qui a des ambitions mondiales. Après plus d’un an de négociations, les trois grands fabricants de satellites Airbus, Thales et Leonardo, ont signé, ce 23 octobre, un protocole d’accord en vue de rapprocher leurs activités spatiales. « Ce projet de création d’entreprise marque une étape décisive pour l’industrie spatiale européenne. Ce partenariat s’inscrit dans la volonté des gouvernements européens de renforcer leurs atouts industriels et technologiques, garantissant ainsi l’autonomie de l’Europe dans le domaine spatial stratégique et ses nombreuses applications. », affirment les trois partenaires dans un communiqué. 
 
En unissant leurs forces, les trois leaders du secteur souhaitent créer un acteur spatial européen unifié, intégré et résilient, capable de rivaliser à l’échelle mondiale et se développer sur les marchés à l’export.  Dans le détail, Airbus apportera sa contribution à travers ses activités  Space Systems  and  Space  Digital, issues d’Airbus Defence and Space. Leonardo apportera sa Division Spatial, incluant ses participations dans Telespazio et Thales Alenia Space. Thales contribuera principalement en apportant ses participations dans Thales Alenia Space, Telespazio et Thales SESO. 

25 000 personnes employées à travers l’Europe 

La nouvelle société, dont le nom n’est pas encore connu, aura pour actionnaires les groupes Airbus, Leonardo et Thales, qui détiendront respectivement 35 %, 32,5 % et 32,5 % du capital. L’entité, qui fonctionnera sous le contrôle conjoint des trois acteurs, avec une gouvernance équilibrée entre ses actionnaires, emploiera environ 25 000 personnes à travers l’Europe. Et devrait couvrir un portefeuille complet de technologies complémentaires et de solutions intégrées de bout en bout, allant des infrastructures spatiales aux services (à l’exception des lanceurs) dans les domaines des télécommunications, de la navigation par satellite, de l’observation de la Terre, de la science, de l’exploration spatiale et de la sécurité nationale.  

Avec un chiffre d’affaires annuel autour de 6,5 milliards d’euros et un carnet de commandes représentant plus de trois années de chiffre d’affaires, la nouvelle entreprise qui sera basée à Toulouse – une bonne nouvelle pour les PME locales -, disposera d’une taille critique lui permettant d’être à la pointe de l’innovation et ainsi, compétitive à l’échelle mondiale. De quoi donner les moyens à l’Europe de concurrencer l’américain Starlink, de la société SpaceX d’Elon Musk. 

Site : Big Media (de BPI France)
23 octobre 2025




Equipement : Livraison d’un ordinateur quantique pour le CEA

Quandela, GENCI et le CEA annoncent aujourd’hui la livraison de Lucy, un ordinateur quantique photonique universel numérique de 12 qubits, au Très Grand Centre de calcul (TGCC) du CEA situé à Bruyères le Chatel (91). Le système, fourni par le consortium franco-allemand Quandela – attocube systems AG, a été acquis par l’EuroHPC Joint Undertaking dans le cadre du consortium EuroQCS-France.

​La partie française de cette acquisition est soutenue par le Secrétariat Général pour l’Investissement (SGPI) via le programme France 2030 dans le cadre de la Stratégie Nationale Quantique. GENCI et le CEA, en collaboration avec Inria, ont mis en place une infrastructure de calcul hybride HPC-Quantique appelée HQI (France Hybrid HPC Quantum Initiative) dans laquelle diverses technologies quantiques seront couplées au supercalculateur Joliot Curie hébergé et exploité au TGCC (projet HQI-Acquisitions réf. ANR-22-PNCQ-0001).

Une nouvelle capacité de calcul quantique européenne

Lucy, l’ordinateur quantique photonique le plus puissant jamais déployé dans un centre de calcul , vient d’être livré au TGCC. Équipé de 12 qubits photoniques, le système offre aux chercheurs et aux utilisateurs industriels une plateforme inédite pour expérimenter des algorithmes quantiques, explorer les flux de travail hybrides HPC-quantique et développer les premières applications dans des domaines tels que l’optimisation, la chimie et l’apprentissage automatique.
Conçu pour maximiser l’engagement des utilisateurs finaux, Lucy est hébergé et opéré au TGCC du CEA, où il sera couplé au supercalculateur Joliot-Curie. Il sera accessible à une large communauté d’utilisateurs européens. Les premiers cas d’usage concernent l’optimisation des réseaux énergétiques et l’intégration des énergies renouvelables, l’optimisation et la modélisation des risques financiers, la logistique et la gestion des chaînes d’approvisionnement, ainsi que la conception aérospatiale, les matériaux et l’optimisation de trajectoires.
Lucy renforce ainsi la position de l’Europe à l’avant-garde de la recherche quantique, tout en préparant l’industrie à de futures percées technologiques.

Un ordinateur quantique fabriqué en Europe 

Lucy a été acquis par EuroHPC dans le cadre du consortium EuroQCS-France.  S’appuyant sur les déploiements réussis dans les centres de données d’OVHcloud en 2023 et d’Exaion au Canada en 2024, cette livraison marque une nouvelle étape dans le parcours quantique européen. Assemblé en seulement douze mois dans le site industriel de Quandela, le système illustre la force de la collaboration européenne. Les modules cryogéniques ont été conçus par attocube systems AG près de Munich, les dispositifs quantiques ont été fabriqués sur la ligne pilote de Quandela à Palaiseau, et l’intégration finale a été réalisée dans son usine de Massy. Avec 80% de ses composants – et l’ensemble des composants critiques – d’origine européenne, Lucy incarne la capacité de l’Europe à concevoir et livrer des technologies quantiques souveraines.

Un accès à distance pour favoriser l’adoption

Le système est actuellement en phase d’acceptation, avant son ouverture aux chercheurs européens début 2026. Pour accélérer l’adoption et permettre à la communauté scientifique européenne de se préparer à cette nouvelle capacité, EuroHPC et GENCI ont déjà ouvert un accès distant à d’autres processeurs quantiques photoniques de Quandela hébergés à Massy, via le portail eDARI du GENCI. Les utilisateurs peuvent programmer et exécuter des algorithmes directement à l’aide des environnements Perceval et MerLin (spécialement adaptés à l’apprentissage automatique quantique), assurant ainsi une transition fluide vers un accès sur site lorsque Lucy sera pleinement opérationnel. 
En parallèle, GENCI, le CEA et Quandela proposent déjà des webinaires  et des formations dédiées pour préparer les communautés d’utilisateurs. Ces initiatives couvrent l’accès pratique aux QPU en cloud, les cas d’usage en machine learning quantique, ainsi que des sessions pratiques sur Lucy au TGCC. En combinant accès anticipé et formation, l’objectif est de favoriser une adoption large du calcul quantique dans les milieux académique et industriel.
Lucy sera le deuxième processeur quantique intégré à l’environnement de supercalcul du TGCC, soulignant l’expertise du CEA dans la maîtrise des infrastructures de calcul complexes. C’est une étape majeure vers l’informatique hybride quantique pour les applications à haute performance.

« La livraison de Lucy n’est pas seulement une nouvelle étape – c’est un élément clé pour l’avenir du calcul hybride européen. En collaboration avec attocube systems, nous avons construit un processeur quantique photonique qui sera couplé au supercalculateur Joliot-Curie, permettant de véritables flux de travail HPC-quantique hybrides. En offrant cette capacité à une large communauté de chercheurs et d’utilisateurs industriels européens, nous leur donnons les moyens d’explorer de nouveaux horizons en simulation, optimisation et apprentissage automatique. Cette réalisation renforce la souveraineté technologique de l’Europe et démontre la puissance de la collaboration transfrontalière pour façonner la prochaine génération du calcul. »  Niccolo Somaschi, Co-fondateur & CEO, Quandela

« Dans la course mondiale vers l’ordinateur quantique, la livraison au CEA de Lucy,  le calculateur quantique photonique le plus puissant d’Europe, fabriqué par l’entreprise Française Quandela, constitue une étape majeure de l’ambition quantique française et européenne. GENCI et le programme HQI sont particulièrement fiers d’avoir contribué à l’acquisition par EuroHPC de cette technologie souveraine qui sera ensuite connectée au supercalculateur Joliot-Curie  puis en 2026 à Alice Recoque, le supercalculateur Exascale  franco-européen , afin de démultiplier les synergies entre environnements de HPC et l’informatique quantique, tout ceci au service d’une recherche d’excellence au niveau mondial pour les chercheurs académiques et industriels » a déclaré Philippe Lavocat, PDG de GENCI. 

« En tant qu’acteur majeur du calcul quantique – de la recherche la plus fondamentale à la mise en œuvre de systèmes – le CEA est heureux d’accueillir une deuxième unité de traitement quantique (QPU) dans son centre de calcul. Cette étape marque une nouvelle avancée sur la voie du calcul quantique hybride. Elle illustre les progrès de la plateforme HQI, confiée au CEA dans le cadre de la stratégie nationale quantique française. La machine Lucy s’intègre à l’environnement partagé de calcul haute performance et quantique du TGCC, apportant une technologie de qubits photoniques en pleine évolution et au fort potentiel. Le CEA se réjouit de mettre Lucy à disposition des chercheurs comme des industriels et est fier de continuer à soutenir les start-ups françaises de pointe dans leur développement » a déclaré Jean-Philippe Verger, Directeur du centre CEA DAM Ile de France.

Site : CEA
23 octobre 2025