Un déménagement hors norme pour le Service historique de la Défense

Le Service historique de la Défense (SHD) a achevé fin décembre une opération de déménagement sans précédent. Sur une période de deux ans, de 2022 à 2024, près de 70 kilomètres linéaires d’archives et de collections ont été transférés vers de nouvelles destinations. Ce transport monumental des archives de l’histoire militaire française a lieu pour une raison étonnante : il fallait faire de la place pour les espions ! En effet, le Fort Neuf de Vincennes a été affecté à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), qui en fera son siège d’ici 2031. 

Pour accomplir cette opération baptisée « manœuvre Braibant », le SHD a dû relever un défi organisationnel de grande ampleur. Au total, 700 000 boîtes d’archives papier et 110 000 ouvrages ont été transportés dans des conditions strictes de préservation et de sécurité. Ces fonds ont été répartis entre plusieurs sites en Île-de-France – le château de Vincennes, la caserne Mortier à Paris et le Fort de l’Est à Saint-Denis – ainsi que dans les antennes régionales du SHD.

Ce déménagement a été l’occasion de rationaliser la répartition des fonds entre les différentes implantations du SHD. Par exemple, la quasi-totalité des archives liées à la Gendarmerie nationale a été regroupée au centre des archives de l’armement et du personnel civil de Châtellerault (Vienne). Ce site, désormais doté d’une nouvelle salle de lecture, absorbe également les collections de la division des archives intermédiaires de la gendarmerie, précédemment située à Le Blanc (Indre). Ce redéploiement vise à simplifier la consultation pour les chercheurs et le public. 

Les archives ont également été acheminées vers des sites spécialisés : le centre des archives du personnel militaire à Pau, la division des archives des victimes des conflits contemporains à Caen, ainsi que plusieurs ports militaires, comme Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon. À Dijon, le bureau des archives et des réserves de l’armée de l’Air et de l’Espace a aussi été mobilisé pour accueillir une partie des collections.

Cette réorganisation rend consultables des fonds qui ne l’étaient pas, comme les archives récemment transférées à Châtellerault qui seront ouvertes au public dès le 1er février 2025. Chargé d’une mission de collecte, de conservation et d’exploitation des archives du ministère des Armées, le service est également doté d’une bibliothèque spécialisée parmi les plus riches d’Europe, avec plus d’un million de volumes. Depuis le mois de juin 2024, une nouvelle cheffe du SHD a été nommée, Nadine Marienstras remplace Nathalie Genet-Rouffiac, qui était elle-même une ancienne archiviste de la DGSE. 

Guillaume de Morant
La revue française de généalogie
13/01/2025