Mémoire : Rémi ROBELIN et ses 6 000 gardes

Acteur de la Résistance à Vichy, le colonel Rémi Robelin y préparait le ralliement à la Résistance de toutes les unités de la Garde sous son commandement.

Silhouette élancée, cheveux drus, Rémi Robelin était un saint cyrien brillant (promotion 1925). D’abord chez les tirailleurs algériens, à Blida, puis en 1931 à l’École des officiers de Gendarmerie à Versailles, il avait choisi la Garde républicaine en 1932, alors lieutenant. Dès les troubles du 6 février 1934 devait se manifester son exceptionnel courage. 40 000 personnes place de la Concorde (des activistes de droite), la police tirant sur la foule, l’émeute (17 morts, 1 435 blessés). Le lendemain, lors de l’affrontement des camelots du roi et des communistes, Robelin fut blessé à la mâchoire.

En 1935, il entra sur concours à l’École supérieure de guerre, rareté chez les gendarmes, et fut promu capitaine l’année suivante.
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L’article est extrait de la rubrique “Mémoire vivante” du numéro de mars de la revue “Services spéciaux”

Nom de la revue : “Services spéciaux”
Période : Mars 2025 | Numéro : 270 | Pages : 10
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Energie : L’influence des fondations allemandes dans la guerre de l’information

L’économie, c’est de l’énergie transformée. Ce ne sont pas aux industriels allemands qu’il faut le rappeler. L’explosion des prix de l’électricité depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine les a remis face au désastre de la destruction de leurs capacités nucléaires depuis la mise en place de l’Energiewende dans les années 1990. Dans ce processus suicidaire, Berlin s’en est pris à l’avantage comparatif français dans le secteur énergétique afin de promouvoir sa propre industrie des énergies renouvelables (ENR) et maintenir sa domination économique en Europe. L’Allemagne mène ainsi une guerre de l’information antinucléaire contre la France en s’appuyant sur ses réseaux influents dans les couloirs de Bruxelles et sur un attirail de fondations politiques au service de ses intérêts.

Commentaire AASSDN : Cet article retrace parfaitement le déroulement des actions menées par l’Allemagne contre les intérêts supérieurs français pendant plus de 25 ans.
De nombreux responsables politiques français ont collaboré souvent pour des raisons politiciennes avec des organismes allemands dont l’objectif était d’affaiblir les capacités énergétiques et donc économiques de notre pays. La guerre notamment économique est un état permanent. Nos alliés, qui ne sont pas nos amis, chercheront toujours quand ils le pourront à nous affaiblir pour nous dominer. Il est donc urgent que nos dirigeants, mais aussi tous les Français prennent conscience de cette réalité aux conséquences graves et combattent vigoureusement ces actions souterraines menées contre nos intérêts fondamentaux non seulement par les grandes puissances (Etats-Unis et Chine) mais également au sein de l’UE.

Origines et développement de l’Energiewende 

Dans la société allemande d’après-guerre traumatisée par les bombardements américains à Nagasaki et Hiroshima, puis par la peur d’une guerre nucléaire généralisée entre les deux blocs lors de la crise des euromissiles en 1977, l’énergie nucléaire a rapidement suscité une aversion naturelle au sein de la population. C’est d’abord ce terreau réceptif qui a fait le succès des militants antinucléaires en Allemagne. Dès 1980, émerge l’idée d’une « transition énergétique » (Energiewende[2]) qui fixe pour horizon l’abandon progressif des énergies fossile et nucléaire au profit des ENR. Ce rêve trouve immédiatement un écho favorable dans le public allemand et des relais politiques dans le jeune parti écologiste Die Grünen, qui accède au pouvoir dans le cadre de la coalition noir-vert avec la CDU au début des années 1990. C’est alors que la promotion des ENR est devenue le fer de lance d’un discours idéologique puissant reposant sur la « bonne conscience » environnementale et l’ostracisation des défenseurs de l’énergie nucléaire[3].

Le tournant énergétique se situe en 1998 lors de la première coalition rouge-verte[4] dirigée par G. Schröder. Il propose deux lois faisant de l’Energiewende un agenda politique pour l’Allemagne. La première[5] renforce le soutien au développement de la filière des ENR (en garantissant des prix de vente supérieurs au prix du marché au détriment du consommateur) et la deuxième[6] programme un abandon du nucléaire échelonné dans le temps. Concrètement, les centrales nucléaires existantes étaient condamnées à la fermeture tandis que la construction de nouvelles centrales était interdite. Cette transition est à nouveau accélérée en 2011 dans la foulée de la catastrophe de Fukushima, lorsque Angela Merkel annonce la fermeture anticipée de la totalité des centrales allemandes à horizon 2022[7]. En avril 2023, les trois derniers réacteurs nucléaires du pays sont finalement fermés[8]. Le rêve vert des écologistes est devenu réalité.

L’Union européenne mise au pas

L’abandon précipité du nucléaire a exposé l’économie allemande aux aléas climatiques et aux incertitudes de l’intermittence des ENR. Pour réguler l’instabilité de sa production énergétique, l’Allemagne dépend de la coopération des pays voisins pour liquider sa surproduction en exportant ou pour compenser son déficit de production en important. Sa survie énergétique étant désormais en jeu, elle n’a pas hésité à mobiliser son influent réseau de lobbyistes à Bruxelles pour défendre ses intérêts et imposer son modèle énergétique[9].

Cette influence s’est traduite de trois manières[10]. En 1996, la directive 96/92/CE vise à développer les débouchés allemands en favorisant les interconnexions des réseaux électriques européens dans le cadre du marché européen de l’électricité. En 2007, l’UE s’engage dans la libéralisation du marché européen de l’énergie et la directive 2009/28/EC, pour ne citer qu’elle, est reformulée sous la pression du lobbying allemand pour maintenir des tarifs de rachat avantageux aux producteurs d’ENR[11]. Enfin, l’Allemagne a vampirisé les subventions de la Banque européenne d’investissement en excluant le nucléaire du label vert de la taxonomie (exclusion levée en 2022). En revanche, le gaz fossile – notamment russe –, essentiel à l’économie allemande pour remplacer le nucléaire, est quant à lui considéré comme une énergie de transition. En d’autres termes, n’est durable ou décarboné que ce qui assure la pérennité et l’hégémonie du modèle énergétique allemand.

Une bête à abattre : le nucléaire français

Il est clair que le lobbying allemand sur la taxinomie avait un bouc émissaire : la France et son fleuron EDF[12]. La sortie du nucléaire ayant mécaniquement augmenté les prix de l’électricité outre-Rhin, le risque pour l’Allemagne était une perte intolérable de compétitivité pour son industrie alors qu’à sa frontière se vendait de l’électricité 2,5 fois moins chère. Henri Proglio, ancien PDG d’EDF, déclarait ainsi à l’Assemblée nationale : « Comment voulez-vous que ce pays qui a fondé sa richesse, son efficacité, sa crédibilité sur son industrie accepte que la France dispose d’un outil compétitif aussi puissant qu’EDF à sa porte ? Depuis trente ans, l’obsession allemande est la désintégration d’EDF ; ils ont réussi[13] ! »

Dans un premier temps, EDF avait pourtant bien reçu la nouvelle de la libéralisation du marché européen. Il était théoriquement gagnant puisqu’il proposait les meilleurs tarifs du marché. Mais l’Allemagne, sous couvert de la commission bruxelloise, a eu tôt fait de pointer du doigt la position monopolistique d’EDF sur le marché français et d’exercer une pression constante pour qu’il se plie à ses exigences[14]. La docilité d’une naïveté impensable des gouvernements français pour s’y conformer s’est traduite par l’adoption de la loi NOME en 2010 et du dispositif ARENH qui en découle. Cette loi contraignait EDF à vendre chaque année un quart de sa production nucléaire à prix coûtant (42€/MWh) à ses « concurrents » qui n’existaient pas, c’est-à-dire des intermédiaires de la filière qui ne produisaient aucune énergie. EDF était riche, il fallait qu’elle donne sa rente nucléaire. C’était absurde, et la France l’a fait par dévotion à l’idée qu’elle se fait de l’Europe. En dix ans, le cours de l’action EDF a baissé de 80 % et l’entreprise a été ruinée[15]. L’Allemagne avait obtenu gain de cause.

L’arsenal de fondations allemandes dans la guerre de l’information 

Dans cette entreprise de sabotage du nucléaire français, l’Allemagne s’appuie sur plusieurs fondations politiques au premier rang desquelles se trouvent Heinrich Böll et Rosa Luxembourg, financées par Berlin à hauteur de 500 millions d’euros par an[16].

C’est le cas de la fondation Heinrich Böll qui coordonne depuis 2016 des opérations d’influence contre le nucléaire français en finançant un large panel d’ONG-relais comme le Réseau Action Climat (qui regroupe 27 associations nationales telles Greenpeace France, WWF ou Sortir du nucléaire). En 2022, la fondation recevait 67 % de ses financements du gouvernement allemand et de l’UE et concentrait plus de 50 % de ses activités à l’étranger. En lien étroit avec le parti vert allemand, elle s’occupe essentiellement de produire et de financer du contenu et des rapports à diffuser dans la presse et les sphères politiques, octroyer des bourses pour la recherche universitaire écologique ou encore rencontrer les élites françaises et soutenir la création de partis politiques comme EELV. Or, les contenus qu’elle propose vouent systématiquement aux gémonies les déchets nucléaires, les risques nucléaires ou l’obstination de l’État français et d’EDF dans le nucléaire ; et n’hésitent pas à aller jusqu’à la désinformation en stipulant que l’énergie nucléaire est polluante et manque de fiabilité[17]. Et ne manquent jamais de vanter les mérites de l’Energiewende allemande ou de l’avenir des ENR.

La fondation Rosa Luxembourg, si elle n’a pas d’antenne en France, s’attaque aux intérêts énergétiques français à l’étranger à commencer par l’extraction d’uranium. Elle participe par exemple à la publication d’un Atlas de l’uranium[18]en 2022, financé par le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement allemand, et qui dénonce le néocolonialisme de la France au Niger et les dangers sanitaires de l’exploitation du minerai par Orano (ex-Areva). Comment ne pas y voir la main de Berlin qui cherche à miner la filière nucléaire française, imposer cette idée fausse dans les esprits de l’Hexagone que le nucléaire est néfaste pour l’environnement et soutenir sa propre industrie dans les ENR ?

Conclusion

Devant les ingérences allemandes contre l’indépendance énergétique française, un constat s’impose : les conflits d’intérêts et les antagonismes entre pays n’ont pas miraculeusement disparu en Europe après 1945. N’en déplaise à un certain pacifisme idéaliste, la géopolitique reste le terrain des rapports de force entre les États, même dans l’Union européenne. « Les États n’ont pas d’amis », disait le général de Gaulle. Pourtant, l’Élysée ne cesse de brandir la bannière de « l’amitié franco-allemande » tandis que la page Wikipédia de cette expression n’existe pas en allemand, mais seulement en français, en esperanto et en suédois…

Louis du BREIL

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[1] Énergies renouvelables.

[2] Du rapport de 1980 publié par l’Okö Institut, un institut de recherche sur l’environnement, qui s’intitule « Energie-Wende : Growth and Prosperity Without Oil and Uranium ».

[3] C’est dans ce contexte que le chancelier Helmut Kohl impose la loi de tarif de rachat de 1991 qui impose aux entreprises de distribution d’acheter de l’électricité issue des énergies renouvelables à un tarif supérieur aux prix de marché.

[4] Coalition entre les socio-démocrates du SPD et les verts de Die Grünen.

[5] Loi Erneuerbare Energien Gesetz (EEG), promulguée en avril 2000.

[6] Loi sur l’énergie atomique, entrée en vigueur en 2002.

[7] Frédéric Lemaître, « La conversion d’Angela Merkel en faveur d’une sortie du nucléaire », Le Monde, 1er avril 2011.

[8] Jens Thurau, « Germany shuts down its last nuclear power stations », Deutsche Welle, 14 avril 2023.

[9] Inga Margrete Ydersbond, « Multi-level lobbying in the EU: The case of the Renewables Directive and the German energy industry», Fridtjof Nansen Institute, octobre 2012.

[10] Rapport de l’EGE de mai 2021, « J’attaque ! Comment l’Allemagne tente d’affaiblir durablement la France sur la question de l’énergie ? »

[11] Margot de Kerpoisson, « Blitzkrieg énergétique : l’Allemagne en campagne contre le nucléaire français », Conflits, 1er mai 2022.

[12] Voir le rapport de l’EGE daté de juin 2023, « Ingérence des fondations politiques allemandes & Sabotage de la filière nucléaire française ».

[13] Commission d’enquête du 13 décembre 2022.

[14] Tribune collective, Énergie : « Pour retrouver une électricité bon marché, il faut se défaire des exigences de Bruxelles », Le Figaro, 5 juin 2023.

[15] Charles Gave, « AREVA, ALSTOM, EDF, nous avons la meilleure fonction publique au monde », Institut des libertés, 30 janvier 2022.

[16] Rapport de l’EGE, « Rapport d’alerte – Ingérence des fondations politiques allemandes et sabotage de la filière nucléaire française », 22 juin 2023.

[17] https://www.greenpeace.fr/nucleaire-la-fable-de-la-fiabilite/

[18] https://rosaluxna.org/wp-content/uploads/2022/01/Uranatlas2022_franzosisch.pdf




De Vichy à Genève : Les réseaux secrets du colonel Georges Groussard, alias Eric

Colonel Georges Groussard, alias Gilbert et Eric, fut un maître du renseignement pendant la Seconde Guerre mondiale, dirigeant les “Réseaux Gilbert” et collaborant étroitement avec l’Intelligence Service britannique. Malgré les obstacles, il organisa une résistance efficace contre les Allemands depuis la Suisse et joua un rôle clé dans l’arrestation de Laval.

Photo :

Hommage au colonel
Georges Groussard,
le 25 Mai 2024

Avec
Dominique Fonvielle
et Alain Juillet

En 1942, le colonel Groussard était réputé être l’homme le mieux renseigné de France. Ses « Réseaux Gilbert », qu’il anime depuis la Suisse, couvrent pratiquement la France entière et une partie de l’Italie. La qualité des renseignements fournis à l’Intelligence Service lui vaudra d’être nommé Officier dans l’Ordre du British Empire, (OBE), distinction que les Britanniques ne distribuent qu’au compte-goutte.

En 1938, Commandant en second, puis Commandant l’École Spéciale Militaire en août 1939, il assure jusqu’au bout la formation de ses élèves qui prendront comme nom de promotion, en mars 1940, le nom d’Amitié Franco-Britannique, avant de rejoindre le front. Lui-même est nommé chef d’État-Major du 12ème Corps d’Armée, puis rejoint Paris avec le général Dentz nommé Gouverneur de Paris, comme Chef d’État-Major. Il a la pénible tâche de livrer Paris aux Allemands.

L’officier héroïque de la Première guerre mondiale ne peut admettre l’armistice, tout en conservant un grand respect à la personne du Maréchal. Ce Vendéen, descendant de grands-parents dreyfusards, époux de Véra Berstein, avec laquelle il s’est initié au renseignement en Bulgarie dès 1928, lorsqu’ elle avait voulu retourner sur la terre de son enfance, ne pouvait rester inactif.

Alors qu’il est sur le point de passer général, il demande à être mis en congé d’Armistice. Avec l’appui du ministre de l’Intérieur Peyrouton et du ministre de la Guerre, le général Huntziger, il est nommé Inspecteur général des Services de la Sûreté Nationale. Sous cette « couverture », il va entreprendre de créer, depuis Vichy, le CIE (Centre d’Information et d’Études) et les Groupes de Protection, une organisation secrète de cadres sous-officiers et officiers capable de reprendre la guerre, officiellement chargée de la protection du régime. Il s’inspire ainsi de l’exemple allemand du général von Seeckt après le traité de Versailles (1919, 22, 29), en camouflant des activités interdites sous des organismes officiellement reconnus.

Mais Vichy n’est pas Weimar, et le projet se heurtera à « l’hypothèque Vichy »[1] et à la politique de collaboration.

Avec l’accord de Huntziger et l’aide de Pierre Fourcaud[2], il effectue en juin 1941 un voyage clandestin à Londres où il rencontre personnellement Winston Churchill, Premier ministre, Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères et John Winant, ambassadeur des Etats-Unis, ainsi que les chefs du MI6 avec lesquels il est vraisemblablement en relation depuis 1940. Malgré sa demande, il ne peut rencontrer le général De Gaulle alors en tournée au Moyen-Orient, et se heurte à l’hostilité des gaullistes[3] qu’il rencontre pourtant longuement, malgré les réticences des Britanniques.

Le colonel Groussard et ses Groupes de protection participent à l’arrestation de Laval en décembre 1941, mais lui-même est arrêté sur ordre de Darlan et interné à plusieurs reprises. Son projet s’effondre, les Groupes de Protection et le CIE sont dissous sur ordre des Allemands. Qu’importe, il change son fusil d’épaule et, sachant que la Grande-Bretagne, seule encore dans la lutte contre les Allemands, a avant tout besoin de renseignement opérationnel, avec l’aide de ses amis et relations, il donne la priorité aux réseaux Gilbert qui vont rapidement se déployer et se montrer particulièrement efficaces.

Ses partisans se nomment Virret, Kapp, Bruno, le Préfet Jacques Juillet (en 1942 à la direction du personnel de l’Administration Préfectorale à Vichy)[4]. Sa fille Françoise, alors âgée de 12 ans lui servira, lors de ses périodes de détention, d’agent de liaison.

Il est par ailleurs en contact étroit avec les réseaux clandestins des SR et CE montés depuis le « Serment de Bon Encontre », avec Paillole, Rivet, les colonels Ronin et Baril, ainsi que les groupes formés par le général Heurteaux (en zone occupée) et le commandant Loustaunau-Lacau (Alliance).

En novembre 1942, à nouveau prisonnier de Vichy et risquant de se voir livré aux Allemands, il fausse compagnie à ses geôliers, et rejoint Genève où il bénéficie de l’appui des services suisses de renseignement et de l’IS. Depuis ce « sanctuaire », il développe les réseaux qu’il a mis en place dès l’été 1940 et qu’il avait continué d’animer depuis ses lieux de détention successifs.

Ses chefs de réseaux sont les frères Ponchardier, Devigny (Vallée du Rhône, Toulon), De Pace (Italie), Heurteaux (Zone occupée), Dingler (Alsace-Lorraine), Bruno (Espagne), … avec un effectif global d’environ 700 personnes et un taux de pertes très bas, du fait de son exigence absolue en matière de sécurité.

Le colonel Groussard n’est pas gaulliste, bien qu’il connaisse très bien le général De Gaulle depuis le SGDN où ils servaient ensemble en 1934-35. Passy et Dejean ne l’aiment pas et le sous-estiment largement. Pourtant, il mettra à la disposition des MUR ses moyens et les points de passage entre la France et la Suisse qu’il contrôle totalement. Bénouville profitera à de nombreuses reprises de son aide et de son appui.

Après la guerre, le colonel Groussard, profondément choqué par les conditions de l’épuration dans l’armée, refuse les étoiles offertes par le général De Gaulle. Il se consacre à la rédaction de ses mémoires (« Chemins secrets », en 1948, « Services secrets » en 1964) et à d’autres ouvrages. Il rompt définitivement les ponts avec De Gaulle au moment de la crise algérienne, et se retire dans le sud de la France avec sa compagne de la guerre, Suzanne Kohn[5], qu’il épousera après le décès de sa première épouse.

En septembre 1944, ses compagnons, réunis à Annemasse lui dédicacent un témoignage de fidélité et d’amitié qui, pieusement conservé, a été remis par sa fille Françoise au colonel Fonvielle pour être déposé dans un lieu de mémoire. Ce vœu a été exaucé en mai 2024, à l’occasion du Congrès de l’AASSDN.

Aucun autre lieu ne pouvait mieux convenir que le Musée de l’Officier de l’académie Militaire de St Cyr pour abriter le souvenir d’un grand soldat, d’un grand résistant, et d’un ancien commandant de l’École de Saint Cyr.

Par le colonel (h) Dominique Fonvielle


[1] Peschanski, D ;  Dauzou, L. « La Résistance française face à l’hypothèque Vichy », Centre d’Histoire Sociale du XXème siècle, CNRS Université, Panthéon-Sorbonne Paris I.

[2] L’un des premiers « missionnaires » des FFL de De Gaulle en France.

[3] Capitaine Dewavrin, dit Passy, qui avait été professeur de fortifications à St Cyr sous son commandement, et Dejean, Directeur des affaires Politiques de De Gaulle, d’emblée totalement opposé au projet de Groussard.

[4] Groussard, Georges, « Chemins secrets », Bader-Dufour, 1948

[5] Suzanne Kohn, célèbre aviatrice, a réalisé le raid Paris Madagascar avant la guerre ; sa sœur Antoinette Sachs, muse de Paul Géraldy, était une très proche amie de Jean Moulin.




Pourquoi l’Afrique a rompu avec l’« Occident »

Enfermés dans leur bulle sociétale, les dirigeants occidentaux ne mesurent pas le niveau d’exaspération, voire d’indignation et d’écœurement provoqué par la guerre morale qu’ils mènent actuellement contre les piliers des cultures africaines.

Commentaire AASSDN : Ce texte de Bernard Lugan, africaniste reconnu, pose la question de la relation entre le monde occidental et l’Afrique sous un angle rarement évoqué par les médias officiels et les dirigeants politiques européens et américains. Le refus de voir et reconnaître certaines réalités constitue un obstacle majeur dans l’établissement de relations solides et confiantes entre occidentaux et africains et dont nos compétiteurs asiatiques et russes tirent largement profit.

« Il faut toujours dire ce que l’on voit ;
surtout, il faut toujours,
ce qui est plus difficile,
voir ce que l’on voit. »
Charles Péguy

Le 16 mai 2024, lors d’un discours consacré aux relations entre l’Afrique et l’Europe prononcé à Dakar devant les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop en présence de Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a déclaré que la « promotion des droits des homosexuels alimente le sentiment anti-occidental en Afrique ».

Sur un continent où les deux tiers des pays criminalisent l’homosexualité, les injonctions occidentales en la matière sont en effet ressenties comme des attaques directes à l’ordre naturel africain. Ici, les peines contre les homosexuels vont en effet de l’amende à la condamnation à mort. L’ancien président de Gambie, Yahya Jammeh affirmait pour sa part que son pays « lutterait contre ces vermines gays de la même manière qu’il combat les moustiques responsables du paludisme, sinon plus agressivement ». Quant au défunt président Mugabe du Zimbabwe, ce fut à la tribune de l’ONU qu’en 2015, il déclara que « l’Afrique ne voulait pas de gays sur son sol » car l’homme noir se devait de « perpétuer sa race avec des femmes. »

C’est dans un ferme discours au ton très mesuré qu’Ousmane Sonko a condamné les « velléités extérieures d’imposer l’importation de modes de vie et de pensée contraires à nos valeurs et qui risquent de constituer un nouveau casus belli parce que, dans des pays comme le Sénégal, cela soulève énormément de tensions et d’incompréhensions tant cela met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposée ».

Refusant ce nouveau diktat qui, à la différence des précédents, n’est ni politique, ni économique, mais « existentiel », Ousmane Sonko a déploré que « la question du genre revienne régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux, jusqu’à se poser comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers ».

Enfermés dans leur bulle sociétale, les dirigeants occidentaux ne mesurent pas le niveau d’exaspération, voire d’indignation et d’écœurement provoqué par la guerre morale qu’ils mènent actuellement contre les piliers des cultures africaines.

Ancrés sur leur arrogance, eux qui ne trouvent d’échos que dans le cap ouest de l’Europe et en Amérique du Nord, sont partout ailleurs balayés dans ce que le reste du monde considère comme un réflexe de survie. Cependant qu’en Afrique, sur les volutes de leur prétention morale, Russes, Chinois, Indiens, Indonésiens et Turcs tirent les marrons du feu…

Le message d’Ousmane Sonko est très clair :  l’Afrique qui ne cédera pas à l’oukase existentiel du Nord a donc décidé de redevenir africaine. Un écho à ceux qui, de plus en plus nombreux, demandent quant à eux que l’Europe redevienne européenne… Ici et là,  référence est donc faite à l’identité, ce qui annonce le triomphe de l’ethno-différentialisme sur les nuées de l’universalisme.




Capacité de projection de l’armée de l’Air et de l’Espace : l’armée lance la mission Pégase 2024 en Indopacifique

L’armée de l’Air et de l’Espace lance la mission Pégase 2024 en Indopacifique du 27 juin au 15 août 2024. Cet exercice est une démonstration de la capacité de protection de nos compatriotes ultra-marins et de dissuasion de la France dans ce vaste espace stratégique Indopacifique où notre pays possède plus de 50% de sa zone économique exclusive (ZEE). Rappelons que les DROM – COM représentent une superficie terrestre de 120 000 km2 et de 11 millions de km2 d’espace maritime (ZEE).

Commentaire AASSDN : Avec Pégase 2024, l’armée de l’Air et de l’Espace démontre ses capacités de projection de puissance en Indopacifique. Les Rafale avec leur soutien logistique ne mettront que quelques jours pour rejoindre les forces françaises de souveraineté déployées en permanence dans le Pacifique et dans l’Océan Indien.

Capacité de projection de l’armée de l’Air et de l’Espace

La Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et la Réunion constituent de véritables porte-avions capables d’accueillir non seulement des Rafale mais aussi des avions cargos et ravitailleurs susceptibles de renforcer les forces présentes sur place et des bâtiments de la Marine nationale.
A cet égard, il est indispensable d’accroitre le nombre d’A400 M (25 avions-cargos) et de ravitailleurs (12 MRTT A 330 Phénix) dont dispose l’armée de l’Air et de l’Espace.

Pégase 2024 confirme la montée en puissance de la capacité de projection fulgurante de l’armée de l’Air et de l’Espace autour du globe. Après une première en 2018 en Asie du Sud et une projection en Polynésie française en 2021 avec la mission Heifara / Wakea, les missions Pégase 2022 et 2023 en Indopacifique ont aguerri les aviateurs au déploiement d’un dispositif aérien de haute intensité, vite et loin.
Les missions des armées françaises s’inscrivent dans la stratégie de la France en Indopacifique, entre objectifs de protection d’espaces souverains, promotion du droit international et partenariats avec les pays riverains. Cette année, le dispositif Pégase se posera dans trois bases aériennes des Forces armées françaises, en Nouvelle-Calédonie (FANC), en Polynésie française (FAPF) et dans le sud de l’océan Indien (FAZSOI).
La mission 2024 aura une dimension européenne particulière avec un déploiement conjoint des pays du Système de combat aérien du futur SCAF (France, Allemagne, Espagne) sur une route ouest, et un déploiement conjoint avec l’Angleterre sur une route est, toutes deux à destination de l’Australie pour l’exercice interalliés « Pitch Black ». Sur leur trajet, les Rafale, A400M Atlas et A330 Phénix participeront à l’exercice de haute intensité « Arctic Defender » aux Etats-Unis (Alaska) et réaliseront une série d’escales valorisées et d’exercices conjoints au Canada, au Japon, aux Émirats Arabes Unis, à Singapour, en Indonésie, en Nouvelle-Zélande, en Malaisie, en Inde, au Qatar, en Égypte et pour la première fois aux Philippines.
L’ambition de Pégase 24 prend une résonance particulière en cette année anniversaire où l’armée de l’Air et de l’Espace célèbre ses 90 ans.




Biographie : Général Henri NAVARRE

Général Henri NAVARRE

Né en 1898, il est le fils d’un professeur de littératures grecque à la faculté de Toulouse.

En juin 1916, il entre à l’école Spéciale Militaire, promotion “Promotion des Drapeaux et de l’Amitié américaine”.

 

En 1917, il est affecté en Champagne, à la 4ème Division de Cavalerie, 2ème Régiment de Hussards. Le 11 novembre 1918, il est stationné aux environs de Mayence.

En 1919, , il est rappelé à Saint-Cyr, où sa promotion devait être regroupée pour suivre sa seconde année d’école. En octobre 1919, il est affecté pour un an, à l’École d’application de la Cavalerie à Saumur.

 

Entre 1920 et 1936, il sera affecté dans divers régiments de cavalerie : début 1920, au 10ème Dragons à Montauban, puis à la mi-décembre, au 11ème régiment de Spahis à Alep. Ce sera ensuite le 3ème puis le 5ème Spahis à Trèves, et le 14ème Régiment de Chasseurs à Cheval de Wiesbaden.

En 1927, il suit les cours de l’École d’application de la Cavalerie, et sera en garnison à Saint-Germain-en-Laye.
De 1928 à 1930, il suit les cours de l’école Supérieure de Guerre. Il choisira d’être affecté à Rabat au Maroc, et en 1931, il est affecté à l’EMA de Marrakech où commande le Général Catroux. Il y prend la direction du 4ème Bureau, pour reprendre, au départ du Lieutenant colonel Duché, celui du 3ème Bureau auquel était rattaché le 2ème Bureau. En1934, il quitte le Maroc pour rejoindre le 11ème Régiment de Cuirassiers à Paris.

Juin 1936 à août 1940, Il est affecté au Service de Renseignement, Section allemande ( en 1923, il avait obtenu le diplôme d’interprète de langue allemande ) comme adjoint du commandant Perruche . Il le remplacera quelques mois plus tard à la tête de cette Section, et cela jusqu’en 1940. Fin août 1940, il part à Alger pour un temps de commandement au 5ème Chasseur d’Afrique.

De 1940 à 1942, il sera le chef du 2ème Bureau du Général Weygand, puis du Général Juin.

 

En novembre 1942, succédant au commandant Paillole, il aura la charge de mettre en place, dès mars 1943, le Service de Sécurité Militaire Précurseur, et d’assurer la liaison avec l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Il termine la campagne d’Allemagne, en 1945, comme commandant d’un groupement Blindé.

 

De 1945 à 1953 , il occupera des postes de plus en plus importants , pour devenir en octobre 1952, chef d’état major du Général Juin, au commandement du théâtre d’Opérations Centre Europe à Fontainebleau.

 

En Mai 1953, général de Corps d’Armée, il est nommé Commandant en chef en Indochine ; il sera remplacé à ce poste, en juin 1954, par le Général Ely

 

Le 12 octobre 1956, il demande au Ministre de la Défense Nationale à quitter l’Armée.

 

Le Général Henri Navarre est décédé en 1983

   

 

 




Paulette DUHALDE marraine de la promotion 2011 des inspecteurs DPSD

( Paulette DUHALDE, née dans l’Orne en 1921, décédée en 1945 (24 ans) à Ravensbrück )

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(Edition du mercredi 08 juin 2011: ” Une promotion nationale au nom de Paulette Duhalde “
La Résistante flérienne est la marraine de la promotion 2011 des inspecteurs de sécurité défense et de sûreté Navale. La cérémonie se déroulera vendredi 10 juin 2011, dans l’enceinte du fort de Vanves à Malakoff (92).


Entretien
Avec le général Antoine Creux, directeur de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD) qui a présidé le baptême de la promotion « Paulette Duhalde » des inspecteurs de sécurité défense et de sûreté navale.


Pourquoi le choix de Paulette Duhalde comme marraine de la promotion 2011 ?
Paulette Duhalde s’est investie dans la Résistance à l’occupation allemande à l’âge de 19 ans. Elle y a accompli de nombreuses et périlleuses actions de renseignement et d’information qui ont contribué à la préparation du Débarquement allié en Normandie. Sous des aspects ordinaires, cette jeune femme de Flers, secrétaire comptable à la Banque de France, était en fait une femme extraordinaire. Les valeurs qu’elle a incarnées (courage, détermination, abnégation, maîtrise de soi) éclaireront les inspecteurs dans leurs nouvelles fonctions.


Qu’est-ce qui guide le choix d’un parrain, d’une marraine ?
Les valeurs que celui-ci ou celle-ci a portées. Les parrains ou marraines des promotions des inspecteurs évoluent notamment dans le milieu de renseignement et sont tous tombés pour la France dans le cadre de l’exercice de leur fonction.


Quels ont été les précédents parrains ou marraines ?

La promotion 2010 avait choisi comme parrain le sous-lieutenant Betsch, un homme de conviction, alliant intelligence de situation et esprit de décision. La promotion 2009 a quant à elle porté comme nom de baptême « Capitaine André Duthilleul ». Cet homme a montré les plus belles qualités d’un agent de renseignement : réorganisation de son réseau, recueil et transmission de renseignements, montage d’opérations aériennes clandestines, résistance aux interrogatoires…


En quoi consiste le baptême des inspecteurs de sécurité défense et de sûreté navale ?
Il consiste à remettre les diplômes à la nouvelle promotion des inspecteurs de la DPSD. Il s’agit d’une cérémonie annuelle qui se tient au sein de la direction centrale à l’issue d’une formation de six mois.
Qu’est-ce qu’un inspecteur de sécurité défense et de sûreté Navale ?
Un inspecteur de la DPSD est un membre de nos armées qui a fait le choix de se spécialiser dans la filière du renseignement. C’est un homme de terrain qui travaille au contact des hommes et des femmes de la communauté de la défense. Il est leur conseiller dans le domaine de la protection et a reçu une formation qui lui permet de mener des enquêtes de sécurité et de recueillir des informations qui contribueront à détecter d’éventuelles menaces pour la sécurité.