Début des essais en mer de la frégate Amiral Ronarc’h

La frégate de défense et d’intervention (FDI) Amiral Ronarc’h a débuté ses essais en mer, marquant une étape importante vers sa livraison prévue à l’été 2025. Dotée de capacités polyvalentes et des dernières technologies navales, cette frégate renforcera la flotte de la Marine nationale pour répondre aux menaces actuelles et futures.

Début des essais en mer de la Frégate de défense et d’intervention (FDI) Amiral Ronarc’h

  • L’Amiral Ronarc’h, première des cinq Frégates de défense et d’intervention (FDI) prévues d’être livrées par la Direction générale de l’armement (DGA) à la Marine nationale, a effectué sa première sortie en mer le lundi 7 octobre au large de Lorient.
  • Cette étape marque le début d’une campagne d’essais à la mer qui sera menée sous le pilotage de la DGA, en lien avec ses partenaires étatiques et industriels, jusqu’à la livraison du navire prévue à l’été 2025.
  • Les cinq FDI contribueront au renforcement de la flotte des frégates françaises de premier rang, dont elles constitueront le tiers à l’horizon 2032. Trois FDI sont déjà commandées, avec des livraisons prévues en 2025, 2027 et 2028.

Le programme FDI est conduit sous maîtrise d’ouvrage de la DGA avec Naval Group, en qualité de maître d’œuvre, et ses partenaires Thales et MBDA.

Les FDI sont des bâtiments de haute mer polyvalents, endurants, et aptes à intervenir, seuls ou au sein d’une force navale, dans tous les domaines: lutte antinavire, lutte antiaérienne, lutte anti-sous-marine, lutte contre la menace asymétrique, cyberdéfense et projection de forces spéciales

Rassemblant sur une plateforme compacte le meilleur des technologies navales françaises, la FDI est une frégate puissante et innovante, conçue pour faire face à l’évolution des menaces et au combat de haute intensité. Fortement armée (missiles antinavires Exocet MM40 B3C, missiles antiaériens Aster 15 et 30, torpilles MU90, artillerie de 20 mm et de 76 mm), elle peut embarquer simultanément un hélicoptère et un drone, et recevoir un détachement de forces spéciales avec leurs deux embarcations commandos.

Entièrement numérique, la FDI dispose de deux centres de données cybersécurisés qui hébergent les applications nécessaires à la conduite du navire et à son système de combat. Dotées d’importantes capacités de calculs, ces forteresses digitales redondées sont en mesure d’absorber un gigantesque volume d’informations issues des différents capteurs du navire et de le traiter en temps réel. Ceci permettant de mettre en action les équipements de la plateforme et du système de combat.

Au titre de l’innovation opérationnelle, la FDI inaugure le concept de poste de gestion dédié à la lutte contre la menace asymétrique, distinct du central opérations (CO) en charge de tous les autres domaines de lutte. Ce nouveau poste lutte contre les menaces terroristes aériennes et de surface, notamment les mini-drones et les embarcations-suicide.

La FDI est dotée d’un mât unique rassemblant l’intégralité des capteurs aériens, permettant une surveillance permanente à 360° pour faire face aux menaces actuelles et futures. La FDI dispose de sonars performants et sa veille antiaérienne et antisurface est assurée au moyen de capteurs parmi  les plus modernes, dont en particulier le radar numérique SeaFire de Thales. Ce concentré de technologie permet notamment d’assurer la défense du bâtiment face à des attaques rapides et complexes, comme les missiles hypersoniques.

Caractéristiques techniques :

  • Déplacement : classe 4 500 tonnes
  • Longueur : 122 mètres
  • Largeur : 18 mètres
  • Vitesse : 27 nœuds
  • Autonomie : 45 jours Capacité de logement : équipage de 125 personnes + 28 passagers



Hommage de l’AASSDN aux morts de Diên Biên Phu

Allocution du président de l’AASSDN prononcé lors dépôt de gerbe au Monument aux morts de Diên Biên Phu à Saint Cyr Coëtquidan le 17 Mai 2024

Mesdames, messieurs, mes chers camarades

Merci au général de Courrèges commandant l’Académie militaire de Saint Cyr Coëtquidan de nous avoir permis de nous retrouver ici aujourd’hui pour ce moment de recueillement.

Le 7 mai 1954, après 55 jours d’une bataille, qui fut pour les unités Parachutistes ce que Camerone est aux Légionnaires et Bazeilles aux Coloniaux, tombait Dien Bien Phu. Cette cuvette où le commandement voulait refaire le succès de Na San contre les troupes du général Giap fut le tombeau de 2 293 des nôtres. Ce triste bilan fut amplifié par les 7 801 morts sur la route puis dans les camps d’internement, soit un ratio d’extermination supérieur à celui des principaux camps de concentration nazis.

Qui peut oublier ce combat pour la gloire et pour l’honneur des bataillons de Bigeard, Tourret, Bréchignac, et tant d’autres qui firent l’impossible pour renverser une situation désespérée dès le départ et ne hissèrent jamais le drapeau blanc. Si le commandement avait écouté les rapports du Groupement de commandos mixtes aéroportés (GCMA) dont les maquis jalonnaient les déplacements des Viets, ils auraient su que Giap amenait par les pistes de jungle les canons de 105 de la victoire. Permettez-moi ici d’avoir une pensée pour le capitaine Hebert et ses partisans thaï du 8è commando du GCMA, le maquis Colibri, qui fut sacrifié pour permettre le début réussi de l’opération Castor et laissèrent leur vie sur un chemin sans croix.

Dans cette bataille qui clôtura le sort de l’Indochine, on n’a pas assez tenu compte des renseignements venus de ceux travaillant sur les arrières ennemis qui permettaient de comprendre ce qui allait se passer. On ne les a pas fait intervenir suffisamment pour insécuriser les routes d’approvisionnement. Enfin on n’a donné que le 27 avril l’ordre aux 1 500 partisans des maquis Malo, Servan et Podeur du capitaine Sassi de se rapprocher suffisamment du camp retranché pour servir de recueil quand il est devenu évident que la seule solution pour échapper à l’inéluctable serait de tenter des sorties. Le 7 mai, la colonne Crèvecoeur venue du Laos était encore à 40 km de la cuvette et Sassi encore à 100 km lors de son repli le 11 mai. Moins d’une centaine d’hommes réussirent à échapper.

C’est la différence avec le débarquement du 6 juin 1944 où les alliés demandèrent aux services spéciaux de se mettre en action pour informer sur l’ennemi et gêner ses opérations.  Du BCRA de Passy au 2è bureau de Paillole et Rivet à ceux de l’intelligence service (IS) anglais, comme Alliance de Marie Madeleine Fourcade et les réseaux Gilbert du colonel Groussard, ou de l’office of strategic services (OSS) américaine comme Roy de l’abbé Lapouge, ou encore les équipes alliées de Sussex, tout le monde apporta sa contribution à la victoire. Ici permettez-moi d’avoir une pensée particulière pour les 10 « merlinettes » chères au général Mermet et les 39 agentes anglaises parachutées en France, de Violette Szabo assassinée près de Limoges à Phyllis Latour qui vient de s’éteindre en octobre 2023.

Chacun se souvient de la phrase à la radio Londres qui déclencha leur action : « Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone ». Depuis Sun Tzu nous savons que le renseignement est une des clés de la victoire mais, au Tonkin, certains l’avaient oublié.

Ceci n’a pas empêché nombre de nos combattants sur cette terre lointaine de rentrer dans l’histoire. Faisant partie de ceux ayant eu la chance d’avoir servi sous les ordres ou travaillé avec des anciens de Diên Biên Phu comme Bigeard, Trapp, Flamen, ou Pouget j’ai appris d’eux que l’on se bat pour une certaine idée de la France, par devoir, pour l’honneur, et avec panache quelles que soient les circonstances.  

Quels que soient les services d’où nous venons, soyons toujours digne d’eux qui nous ont montré le chemin.

Alain JUILLET
Président de l’AASSDN




Bon-Encontre : le chemin de l’honneur et de la Résistance

Par JoëlFrançois Dumont

L’Amicale des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale, l’AASSDN, vient de tenir son congrès à Bon-Encontre, dans la banlieue d’Agen. Une occasion pour la Voix du Béarn d’évoquer une très belle page de l’histoire de nos services spéciaux, à un moment crucial, en juin 1940, après le déferlement des troupes allemandes sur la France.

Voir ci-dessous la vidéo sur la commémoration du Sermet de Bon-Encontre avec le discours du Président de l’AASSDN, le Général françois Mermet.



En mai-juin 1940, en quelques semaines, 100.000 militaires et civils français sont morts en tentant de stopper l’offensive allemande, sans succès, écrasés qu’ils furent par la puissance de feu des blindés de la Wehrmacht et des Stuka de la Luftwaffe.

La débâcle qui s’en est suivie marquera à jamais la mémoire collective des Français après avoir été vécue comme un moment de déshonneur national. Heureusement, le courage et à la détermination d’une poignée d’hommes et de femmes refusant la défaite, mobilisés corps et âme pour bouter l’ennemi hors de France, permettront à la Libération de retrouver confiance en notre avenir collectif après plusieurs années d’occupation.

Les tous premiers à se ressaisir, imaginant des conditions d’armistice très dures, furent les hommes et les femmes du « 2 bis », notre service de renseignement en 1940. Comme le veut la tradition, en temps de guerre, celui-ci se transforme en 5e Bureau pour regrouper le service de Renseignement et celui du contre-espionnage.

Le général d’armée aérienne François Mermet, président de l’Amicale des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale, l’AASSDN, a retracé ce qui s’est passé le 14 juin 1940 dans la banlieue d’Agen au séminaire de Bon-Encontre, réquisitionné par l’équipe du colonel Rivet et du capitaine Paillole, chef du contre-espionnage français.

Ce 80e anniversaire du serment de Bon-Encontre, a été reporté du fait de la pandémie et après le décès de son ancien président, le colonel Henri Debrun, qui était venu faire apposer une plaque en l’honneur de ce fait d’arme exceptionnel sur le mur du séminaire. Il a enfin été commémoré comme prévu. Les hommes et les femmes de l’ombre chargés du Renseignement aiment et respectent les traditions. Même discrètement, ils n’oublient jamais d’honorer la mémoire et le sacrifice des « anciens » pour l’exemple qu’ils ont su montrer. Avec ceux qui ont survécu, ils s’attachent également lors de ces rencontres à avoir une pensée pour ceux qui sont morts pour la France au champ d’honneur sans oublier les camarades qui les ont quittés en cours d’année.

Nombreux sont parmi les membres de l’AASSDN ceux qui ont eu un père, une mère ou un proche à s’être jeté dans la bataille et avoir « payé le prix du sang ».

Lors de ces congrès, il n’y a pas que les anciens. Traditionnellement, des militaires d’active, représentant des unités d’élite qui sont le bras-armé de nos services sont présentes, autant de symboles de nos forces armées : 13e RDP, 1er RPIMA, 2e Hussards, le « 44 », les Forces spéciales et leurs célèbres commandos comme le CPA 10 de l’armée de l’Air et de l’Espace qui n’ont rien à envier au Navy Seals américains. Sans oublier, parmi les plus fidèles, les marins du sous-marin Casabianca qui, lors de la 2e Guerre Mondiale, s’est illustré entre Alger et la métropole en assurant des liaisons à risque et en transportant des responsables de la Résistance.

Chaque année, l’amicale rend également hommage à des hommes et à des femmes qui, par leurs actions, sont devenus des symboles de la Résistance.

Cette année une gerbe a été déposée sur la tombe de l’adjudant-chef André Fontès – en présence de son fils Christian – pour célébrer le réseau Morhange dirigé par Marcel Tallandier, en présence de sa fille Monique.

De même, la mémoire de nos « Merlinettes » a été honorée, après avoir été tirées d’un oubli qui a duré près de 70 ans… Ces Merlinettes dont le colonel Paillolle était si fier ont désormais trouvé leur place dans le jardin Eugénie-Malika Djendi dans le parc Citroën (Paris XVe) où a été édifié le monument à la mémoire de ceux qui sont morts pour la France en OPEX.

Sans l’opiniâtreté de Jean-Georges Jallot-Combelas, neveu d’une de ces Merlinettes, elles seraient restées méconnues.

Comment expliquer que de si belles pages de notre histoire commune soient inconnues de nos compatriotes ? Certains vont tenter à Bon-Encontre de trouver des éléments de réponse à cette question. Un pays qui ne sait pas d’où il vient ne saura jamais où il va.

Le combat mémoriel que livre l’AASSDN se poursuit depuis mai 1954. Si elle reste une association patriotique des plus emblématiques, l’AASSDN reste toujours discrète mais bien présente pour défendre la mémoire des hommes et des femmes de l’ombre qui ont combattu pour la France.

Comme l’a rappelé le général Mermet dans l’entretien qu’il a accordé à Christophe Cornevin du Figaro, rappelant le sens du combat mémoriel que livre l’amicale : « Notre mission est de faire œuvre de vérité et de tirer de l’oubli des personnages de l’ombre au parcours extraordinaire » avant de faire sienne cette maxime de Bossuet : « Le plus grand outrage que l’on puisse faire à la Vérité est de la connaître et en même temps de l’abandonner ou de l’oublier » Une citation reprise par un officier de gendarmerie, le colonel Paillole chef du contre-espionnage français en juin 1940 qu’il mettra en exergue de son livre « Services Spéciaux ».

Après cette évocation avec Jean-Michel Poulot, nous entendrons la voix d’une grande dame, Joséphine Baker, qui nous chantera « j’ai deux amours, la France et Paris ». Notre pays lui rendra le 30 novembre prochain l’hommage de la Nation pour son engagement au service de la France en transférant ses cendres au Panthéon. Joséphine Baker a été recrutée avant-guerre par le service de contre-espionnage du capitaine Paillole et a effectué de nombreuses missions pendant la guerre.

Comme quoi, dans la vie, on peut avoir deux amours en n’ayant qu’une seule fidélité !

Joël-François Dumont

Ecouter le podcast audio du Discours du Général Mermet :




Les Forces Spéciales des alliés durant la II° Guerre Mondiale et héritage

Ce document présente l’organisation des Forces Spéciales des Etats-Unis et le Grande Bretagne durant la deuxième guerre mondiale.
La liste est longue des unités pouvant revendiquer, de près ou de loin, un lien avec les forces spéciales.

Elles s’appellent « rangers », « raiders », « marauders », et surtout « commandos »… Beaucoup sont « spéciales » comme les opérations qu’elles exécutent.
Leurs effectifs sont très différents : certaines n’atteignent pas une vingtaine d’hommes, d’autres dépassent le millier. Un commando britannique, un régiment
SAS ou un bataillon de Rangers alignent 400 à 450 hommes, le Bataillon de choc et les Commandos de France 700 à 800, la 1st SSF et les Commandos d’Afrique 1 100 à 1 200. Cependant, presque toutes ont en commun d’être engagées derrière les lignes ennemies, de subir un entraînement particulier inspiré de celui des commandos et d’opérer selon des modes d’action spécifiques souvent empreints de secret…




Le service secret action en Indochine

Par le colonel Jean Deuve
ancien chef de groupement franco-lao « Yseult »

Qui mieux que nombre des membres de notre Association pourrait apporter le témoignage d’événements vécus ou le fruit de leurs recherches: cette rubrique leur est ouverte sans exclure évidemment les signatures qui voudront bien nous confier leurs travaux.

LE RÉTABLISSEMENT DE L’AUTORITÉ FRANÇAISE AU LAOS

La situation au 1er août 1945

Au 1er août 1945, vivent dans les profondes forêts du Laos 200 Européens et 300 autochtones, ressortissant de la « Force 136 » britannique des Indes (Service Secret d’Action) et de la représentation locale de la Direction Générale des Etudes et Recherches (Colonel Roos), basée à Calcutta.

Ces groupes sont formés des membres du Service d’Action Secrète (S.A.S.) intégrés dans la ” Force 136 ” britannique, de membres de la D.G.E.R. venant de France récemment, de personnel, européen et autochtone, civil et militaire, d’anciens de l’armée ou de l’administration d’Indochine, échappés aux Japonais, enfin, de volontaires lao.

En dehors du Laos, et à l’exception d’un petit groupe de marins et de coloniaux qui, basés en Chine, se livrent à un harcèlement naval du trafic côtier nippon, il n’y a aucune résistance dans les autres pays d’Indochine.

Ces groupes du Laos ont survécu aux campagnes d’anéantissement japonaises et, malgré les difficultés de la vie en jungle en saison des pluies, d’un ravitaillement souvent aléatoire, de l’incessante pression des troupes nipponnes, grâce aussi à la complicité générale des populations lao, remplissent les missions qui leur ont été confiées: – maintenir une présence française – renseigner le gouvernement français et le South East Asia Command – préparer la reprise de l’action pour octobre, à la fin de la saison des pluies.

Les pays qui constituaient la Fédération Indochinoise (Empire d’Annam et du Tonkin, colonie de Cochinchine, Royaumes du Laos et du Cambodge) ont été déclarés indépendants par les Japonais, mais cette indépendance ne s’est pas concrétisée. Les gouvernements se sont contentés de survivre, de gérer leurs besoins essentiels et de faire, plus ou moins, fonctionner leurs services publics.

Il n’existe aucun mouvement d’indépendance populaire, sauf au nord-Tonkin, où le Parti Communiste indochinois, de ses bases de Chine, a lancé une ” Ligue pour l’Indépendance du Vietnam ” (Vietnam Doc Lap Dong Minh, dit Vietminh). Cette ligue a profité de la naïveté américaine pour obtenir des armes sous le fallacieux prétexte de combattre les Japonais.

L’articulation générale de la résistance au Laos comprend des groupements, des sous-groupements et des groupes:

– Au nord, le groupement Imfeld (S.A.S.), implanté entre Louang-Prabang et la frontière de Chine, comprend trois sous-groupements Mollo (S.A.S.), Rottier (Indochine) et Baudouard (Indochine). En tout, il compte 52 Français et cinq postes radios E.R.

– Plus à l’est, Guilliod, avec ses groupes Petit et Heymonet, tient le massif du Phou Loï, à 100 kilomètres au nord de Xieng-Khouang. Le groupe Mutin (D.G.E.R.) séjourne à côté. En tout: 34 Français et 3 postes radios E.R. Zone d’action: Samneua.

– Au sud-est, Bichelot (D.G.E.R.), tout près de Xieng-Khouang, dispose de deux postes. Il tient la région Méo. Le groupement Fabre (S.A.S.) avec deux sous groupements, le sien et le sous-groupement Deuve (S.A.S.) qui va devenir groupement et qui comporte les groupes Picot (S.A.S.), Lemal (Indochine) et Etchart (D.G.E.R.).

– Fabre est au nord-est de Paksane, en instance de mouvement vers Vientiane, la capitale du Laos. Il commande 26 Français et dispose d’un seul poste. Deuve, avec un poste, tient le nord de la province de Paksane. Il n’a que 5 Français avec lui pour un territoire égal à la moitié de la Normandie. A l’est de Paksane, le groupement de Wavrant (D.G.E.R.) tient la région Khamkeut-Napé, en tout 12 Français et 2 postes. Le groupement Legrand (L’Helgouach, D.G.E.R.), avec une soixantaine de Français et 2 postes, tient le sud et le moyen Laos.

La confusion et le désordre

L’usure due à la vie en jungle, aux conditions atmosphériques, aux incessantes pérégrinations en montagne, les combats, les difficultés des parachutages ont réduit considérablement la dotation de matériel en bon état et les groupes ont besoin de recevoir armes, munitions, médicaments, explosifs, vêtements.

Le 13 août, les groupes tapis dans la jungle apprennent que des négociations sont en cours entre les Japonais et les Alliés. Le soir, un message de la « Force 136 » invite les groupes à se préparer à recevoir la reddition des troupes japonaises et à réoccuper tous les centres administratifs.

Les 15 et 16, nouvelles instructions : libérer les prisonniers et maintenir l’ordre. Le 16 au soir, arrive l’ordre formel d’occuper les centres administratifs au nom de la France…

Puis le ton des messages change. Le 19, on informe les groupes que les autorités nipponnes restent responsables du maintien de l’ordre et qu’il n’est plus question de recevoir leur reddition. En conséquence, on ne doit occuper les centres qu’au départ des Japonais! Le 19 au soir, arrive l’ordre d’arrêter toute opération contre les Nippons, sauf pour se défendre.

Les jours suivants, on apprend que les Américains s’opposent aux parachutages de la « Force 136 », car l’Indochine du nord est dans leur zone. On invite les groupes à engager des négociations locales avec les Japonais pour qu’ils passent aux guérillas les pouvoirs de police et d’administration… « en sachant qu’il y a de fortes chances que les Japonais ne reconnaissent pas le caractère sacré des parlementaires ». On apprend que le Vietminh, profitant du vide administratif existant au Vietnam et de l’aide active des Japonais, est en train de prendre le pouvoir avec des méthodes énergiques.

Le 30 août, on est informé que la Conférence de Postdam (où la France a été absente) a désigné les Chinois pour désarmer les Japonais du nord de l’Indochine.

L’instruction reçue des autorités françaises en Extrême-Orient est claire : il faut que les groupes évitent tout incident avec les Chinois…mais il faut protéger les intérêts essentiels de la France! Les directives reçues en ce qui concerne le Vietminh ne sont pas moins nettes : ne pas chercher à s’imposer face à un comité révolutionnaire vietnamien…mais assurer le maintien de l’ordre si ce comité causes des incidents.

A 3.000 kilomètres de distance des bases, devant des ordres aussi contradictoires, chacun va agir selon son tempérament, ses moyens, son armement et l’adversaire, et fera de son mieux.

Le Vietminh envoie des meneurs pour organiser dans les nombreuses communautés vietnamiennes du Laos des comités révolutionnaires, dont la mission est de s’opposer au retour des Français et de transformer le Laos en satellite du Vietminh.

La réoccupation des centres et les combats meurtriers (15 août – 15 septembre 1945)

Le 16e parallèle coupe l’Indochine en deux. Seul le sud du Laos est dans la zone de désarmement britannique.

Le groupement L’Helgouach réoccupe Paksé, Saravane et Attopeu sans la moindre difficulté, les troupes japonaises se mettant à ses ordres.

Le 14 septembre, le drapeau français flotte sur tout le sud Laos et les services sont remis en place.

Au nord du 16e parallèle, la situation est toute différente, car les comités Vietminh sont organisés dans les communautés vietnamiennes, c’est-à-dire, dans tous les centres du Laos… et les Chinois commencent à déferler.

A Louang Prabang, la ville royale, les Japonais arment le comité Vietminh que des meneurs venus du Tonkin excitent contre la France.

Imfeld, nommé Commissaire de la République, arrive dans la capitale royale le 29 août avec les groupes Tual (S.A.S.) et Berthier (S.A.S.). Le roi confirme le maintien du Protectorat Français et proclame la nullité de l’indépendance accordée par les Nippons.

Le 1er septembre, Brasart (S.A.S.), se dirigeant vers Muong Sing, se heurte aux premiers éléments chinois qui viennent de franchir la frontière (93e division indépendante).

Les Chinois décrètent le rattachement de l’extrême nord-lao à la Chine, donnent l’ordre aux fonctionnaires locaux de ne pas obéir aux Français, à qui ils refusent, non seulement le droit d’être en Indochine, mais même la qualité d’alliés. Ils occupent tous les centres des provinces du nord et en chassent, manu militari, les faibles groupes franco-lao qui viennent de les réoccuper.

Rottier après être entré à Muong Saï le 26 août va renforcer Imfeld à Louang Prabang. Le 15 septembre, ces deux officiers sont désarmés de force par les Chinois. Baudouard, qui avait reçu mission de réoccuper Phongsaly, y est devancé par l’armée chinoise.

La capitale administrative du Laos, Vientiane, la ville du santal, a une forte communauté vietnamienne qui, dès la capitulation nipponne, est organisée par des meneurs venus du Siam, où existe une forte implantation du Parti Communiste Indochinois.

Les Japonais quittent la ville le 4 septembre. Fabre, accompagné de quatre groupes, entre sur leurs talons. Il n’y a pas une heure qu’il est là que les premières manifestations sont organisées par les Vietminh. Le 8, des officiers américains de l’Office of Strategic Services (O.S.S.) promettent aux autorités locales lao qu’ils s’opposeront au retour des Français.

Cette intervention accélère l’agitation vietnamienne. Des agents siamois ajoutent le trouble dans les populations et les administrations lao. Les révolutionnaires font le blocus de Fabre et de ses hommes, les empêchant de recevoir le moindre ravitaillement. Fabre réussit cependant, avec l’aide des officiers de la « Force 136 » du Siam à évacuer la population civile française retenue en otage par les Vietminh, 55 femmes, 46 hommes et 58 enfants, puis il renvoie à l’extérieur ses guérillas et reste, seul, avec quelques hommes.

Les Vietminh promènent sous ses fenêtres les têtes coupées de quelques Français ou métis capturés par les révolutionnaires… Deuve occupe Paksane le 14 en débarquant par pirogue en arrière du comité révolutionnaire avec les groupes Picot et Etchart (24 hommes). De Wavrant s’installe à Napé le 6 septembre (8 Français et 15 Indochinois). Ils sont violemment attaqués les 7 et 8 par des Vietminh et des Japonais venus du Vietnam proche. De Wavrant, un de ses officiers et 7 de ses hommes sont tués. On ne peut tenir Napé. Le 9 septembre, Gasset, un sous-officier et 6 chasseurs lao arrivent aux mines d’étain de Boneng, où les Japonais viennent de massacrer des femmes et des enfants français et où plusieurs familles françaises sont détenues en otage par les Vietminh. Le 10, Gasset est attaqué par 150 Vietminh et Japonais. Il tient jusqu’à l’arrivée d’un officier de la « Force 136 » du Siam qui intime aux Nippons de décrocher et de libérer les otages.

Dans le Moyen-Laos, les deux villes de Thakhek et de Savaninakhet sont bourrées de Japonais qui aident les Vietminh à organiser d’importantes unités avec des renforts venus du, Vietnam et des volontaires recrutés au Siam. Tavernier occupe les centres de la province de Thakhek, mais ne peut prétendre s’imposer dans la ville. Quinquenel a le même problème devant Savannakhet où les Japonais sont encore plus de 1.000 le 10 septembre et où des unités Vietminh venues du Vietnam ont pris le pouvoir. Ses groupes occupent les centres de la province, sauf Sepone, à l’est, trop près de la frontière vietnamienne, d’où viennent des troupes bien armées.

Ainsi, en un mois, sauf l’extrême nord, Thakhek, Savannakhet et Sepone, 500 guérilléros franco-lao ont repris le contrôle d’un pays de 230. 000 kilomètres carrés (presque la moitié de la France) en dépit des Japonais, des Chinois et des Vietminh, malgré l’hostilité de fait des Américains qui font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher les Français de revenir en Indochine.

Les Chinois – Le retour en jungle (15 septembre 1945 à mai 1946)

Les Chinois entrés par le nord Laos et par le Tonkin en fin août 1945 déferlent maintenant partout. Si les campagnes continuent d’être tenues par les franco-lao, les villes vont être, presque toutes, occupées par des troupes chinoises, Vietminh, siamoises.

L’élite lao s’engage aux côtés du Roi et de la France, mais les Chinois poussent à la création le 12 octobre d’un mouvement s’opposant au retour des Français, le Laos Libre (Lao Issala), assuré également d’un appui par des officiers de l’O.S.S. américain.

Ce mouvement, immédiatement infiltré par les Vietminh, n’existe que là où il y a des soldats chinois pour le défendre. Au 15 septembre, tout l’extrême nord du pays est occupé et annexé par les Chinois, sauf deux môles qui tiennent malgré la pression ennemie.

Le 23 septembre, Imfeld et ses cadres sont encerclés par les troupes de la 93e division chinoise et menacés de mort, s’ils ne désarment par leurs propres groupes. Le Roi lui-même est sommé de proclamer l’indépendance du Laos et de rejeter le Protectorat français. Ce qu’il refuse de faire. Il est alors tenu prisonnier et empêché de tout contact extérieur, notamment avec les Français.

Imfeld fait discrètement partir ses groupes, de nuit, et reste seul avec une poignée de ses hommes. Le 4 novembre, des troupes Lao Issala et Vietminh, renforcées de Chinois, renversent le Roi.

Le 22 décembre, les révolutionnaires envahissent le casernement français et cassent tout. Le 31, à l’issue d’une manifestation encore plus violente, Imfeld décide d’évacuer. C’est fait le 4 janvier 1946. Le Roi et sa famille sont prisonniers des révolutionnaires.

A Vientiane, la situation évolue pareillement. Fabre, bien qu’ayant un bras cassé, tient au maximum, mais privé de ravitaillement, menacé journellement dans sa vie, il reçoit, le 20 novembre, l’ordre d’évacuer. A Paksane, Deuve est attaqué par le comité Vietminh dès le 15 septembre, mais il tient.

Le 5 octobre, les Chinois débarquent. Devant leurs menaces et ne voulant pas risquer de se faire désarmer, Deuve évacue la ville, fait croire qu’il quitte la région, rassemble secrètement ses groupes et, le 12 octobre, au soir, rentre par surprise, tue 26 membres du comité Vietminh, met en fuite les survivants et fait savoir aux Chinois, qu’il coulera leurs chalands s’ils viennent.

Ils arrivent le 25. Deuve fait venir tout son groupement renforcé des groupes revenus de Napé. Les Chinois n’osent pas débarquer. A Xieng-Khouang, Bichelot, durement attaqué et blessé, doit évacuer la ville, qu’il reprendra en janvier 1946.

Le Laos libéré

Tout le nord-Laos, sauf Paksane, est sous la domination des Chinois, des Vietminh et des Lao Issala. Toute la campagne est aux mains des franco-lao qui reçoivent des renforts et des volontaires lao en grand nombre. Les groupes de guérillas deviennent des compagnies et des bataillons.

C’est le retour en jungle, fort différent du séjour durant l’occupation japonaise, ponctué de coups de main, d’attaques, d’embuscades, de menaces. On se bat contre les Chinois et contre les Vietminh.

Mais les franco-lao sont comme « des poissons dans l’eau ». Tenant la brousse, ils tiennent le ravitaillement des villes qui sont, en fait assiégées.

La D.G.E.R. a passé la main : c’est un commandement militaire qui dirige les opérations, les « Forces du Laos ».

Avec l’aide de deux commandos du Corps Léger N° 2, d’un escadron d’autos-mitrailleuses, les unités des « Forces du Laos », directement issues des guérillas et encore, pour la plupart, commandées par ceux qui menaient cette résistance, à partir du début 1946, reprennent les villes, chassent les Chinois et les Vietminh.

Savannakhet et Thakhek sont réoccupées en mars, Vientiane le 25 avril, Louang-Prabang le 13 mai. Le Roi est rétabli sur son trône. Le Laos est libre de tout adversaire.

Les débris de ce qui reste du Lao Issala, pris en main par le Parti Communiste Indochinois, formeront les futurs cadres du Parti Communiste Lao. Ce qui reste des comités Vietminh, repliés au Siam et au Vietnam, continueront à fomenter la subversion au Laos dans le cadre de la guerre d’Indochine.

Le rôle des services spéciaux reprend son aspect classique, mais ce sont eux, avec l’aide de leurs camarades de l’ancienne armée d’Indochine, qui ont mené cette folle épopée au Laos et ont conservé, à l’époque, le Laos à la France.




Biographie du General Meyer

Né à Belfort en mars 1921, aîné de six enfants. Son père, Ancien Combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et Officier de Réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’Air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne. Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Il a 18 ans. Candidat à l’Ecole de l’Air, il s’engage pour la durée de la guerre comme élève pilote. En mai 1940, il est admis en stage d’Aspirant à Agen mais la défaite bouleverse sa destinée et le 20 juin il cherche à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, il est interné à Argelès. Il s’évade pour retourner à Belfort où il apprend que son père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Il gagne alors la Suisse et se met à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’Ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec lui il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber.Il a tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot l’a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement. Dès juillet 1940, il se lance à corps perdu dans ce combat de l’ombre.Il constitue progressivement plusieurs réseaux très étoffés qui couvrent toute la France qu’il sillonnera à bicyclette pendant quatre ans, de Belfort à la Normandie ou à la Pointe de Bretagne et du Nord à la Provence. Il parcoure aussi la Belgique, les Pays-Bas et même une large partie du Reich. Sa mission prioritaire : identifier les unités allemandes afin de dresser en permanence l’ordre de bataille ennemi. Malgré sa jeunesse, mais grâce à ses qualités exceptionnelles, il va recueillir des renseignements d’importance capitale et, bravant tous les dangers, il deviendra au fil des mois le meilleur agent de ” Bruno ” et l’un des hommes clés des services alliés en Europe, en particulier de l’OSS.Échappant, souvent de justesse, aux contrôles et aux recherches des services allemands, il sera tout de même appréhendé douze fois, et plusieurs de ses agents seront, hélas, arrêtés et déportés.De 1940 à 1944, il organise environ 400 passages de la frontière suisse ou d’Alsace et de la ligne de démarcation, permettant ainsi l’évasion de près de 1.200 Français et alliés dont celle du Général Giraud. Il parviendra ainsi à confier au Commandant Pourchot à Berne le Drapeau de la Section des Combattants Volontaires de Belfort que présidait son père.Cette intense activité le ramène cependant toujours à Belfort, point nodal de la “toile ” qu’il a tissée.La citation pour sa nomination à titre exceptionnel au grade de Chevalier de la Légion d’honneur stipule notamment : ” A obtenu un rendement exceptionnel qui a contribué d’une façon déterminante à la préparation et au succès des débarquements alliés “.En septembre 1944, de Lattre approche de Belfort. Le Commandant Pourchot le met à la disposition du Service de Renseignement Opérationnel de la première Armée dirigé par le colonel Simoneau. C’est la mission ” Stuka ” pour laquelle il constitue un nouveau réseau spécifique.Ses renseignements permettent d’épargner la vie de nombreux soldats et influent sur l’issue de la bataille. Mais, trahi par un élément douteux, il est arrêté le 11 novembre 1944 à Belfort.Interrogé, torturé pendant près d’une semaine sans rien révéler, il est déporté le 18 novembre à la forteresse de Fribourg alors que la bataille de Belfort est déclenchée depuis le 15.Condamné à mort le 27, il parvient à s’évader à la faveur d’un bombardement. Au terme d’un périple de quatre mois en Allemagne, au cours duquel il sera repris et s’évadera de nouveau, il se présente, le 8 mars 1945, aux éléments avancés de la 9e armée américaine avec trois prisonniers, non sans avoir recueilli d’autres renseignements précieux, en particulier sur l’offensive des Ardennes. Une nouvelle Citation à l’ordre de l’Armée précise : ” doit être considéré de très loin comme le meilleur artisan de la préparation de l’offensive Vosges-Alsace, de l’avis de l’ennemi lui-même qui lui rendra cet hommage “. Ayant retrouvé le Colonel Sérot, il rejoint le Service de Renseignement Opérationnel de la Première Armée et repasse le Rhin le 31 mars 1945. La guerre se termine. Il y a consacré sa jeunesse, gagné trois citations à l’ordre de l’armée et la Légion d’honneur à titre exceptionnel. Lieutenant de Réserve, il est démobilisé en 1946. Après quelques années de vie civile durant lesquelles il sera le liquidateur national du SR français en Suisse et du réseau Kléber-Bruno, il est volontaire en 1951 pour servir en Indochine.Capitaine de Réserve en situation d’activité, il est affecté sur les bases aériennes de Bien Hoa et de Tan Son Nhut où il cré et commande, avec des éléments vietminh ralliés, un commando de contre-espionnage et de contre-sabotage. Le concept des brigades de recherches el de contre-sabotage – les BRCS – est né, il donne à celle de Bien Hoa le nom de ” commando Colonel Sérot ” assassiné à Jérusalem le 17 septembre 1948. En septembre 1953, il est le chef de l’antenne aéroportée de renseignement opérationnel auprès du Général commandant en chef en Indochine, notamment pour l’opération ” Atlante “et Dien Bien Phu où, dès fin 1953, il appele l’attention du commandement sur le choix de la cuvette qui ne lui paraît pas judicieux, compte tenu des renseignements dont il dispose. Par la suite il organise une filière d’évasion pour les personnalités vietnamiennes pro-françaises qui souhaitent rester à nos côtés et, en septembre 1955, il est rappelé en France. En mars 1956, il participe à la création pour l’Algérie, sur décision du Général de Maricourt, des Commandos Parachutistes de l’Air, dont il assure, jusqu’en 1961, la conduite opérationnelle. Affecté à Paris comme directeur et inspecteur des Commandos Parachutistes de l’Air il demande, en janvier 1963, un congé pour convenance personnelle compte tenu de l’attitude officielle à l’égard des Commandos de l’Air. Il occupe ensuite, pendant dix ans, diverses fonctions au sein de l’Armée de l’Air, notamment à la direction du personnel militaire (DPMAA) et il devient conseiller ” Commando ” avant d’être appelé à la direction de la Sécurité Militaire comme Chef d’État-Major inter-armées, de 1974 à 1976. Son dernier commandement sera celui de la base aérienne de Chartres, de 1976 à 1978. Il sera alors nommé Général de Brigade Aérienne en 2e section.

Entre temps, il adhère à l’amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (A.A.S.S.D.N.) et en devient administrateur en 1978, puis Président National Adjoint.Il sera également un membre influent de plusieurs autres associations ou fédérations patriotiques. Grand’Croix de la Légion d’Honneur, Grand’Croix de l’Ordre National du Mérite, titulaire des Croix de Guerre 39-45 et des Théâtres d’Opérations Extérieures, de la Croix de la Valeur Militaire et de la Croix de la Vaillance Vietnamienne avec treize citations dont huit palmes ainsi que de la Médaille de la Résistance et de bien d’autres décorations. Blessé à cinq reprises.

Décédé le 6 mai 2006

Bio reprise au sein du discours d’adieu du Président de l’AASSDN le 12.05.06




Extrait du Bulletin : Les services spéciaux français en Indochine (1)

Par le colonel Jean Deuve

ancien chef de groupement franco-lao « Yseult »

Qui mieux que nombre des membres de notre Association pourrait apporter le témoignage d’événements vécus ou le fruit de leurs recherches : cette rubrique leur est ouverte sans exclure évidemment les signatures qui voudront bien nous confier leurs travaux. Nous devons au Colonel Jean Deuve, ancien chef du groupement franco-lao « Yseult » cette remarquable étude sur « le Service Secret d’Action en Indochine », travail historique qui complète les articles de même qualité des Colonels Daugreilh et Ruat publiés naguère.

( NDLR : voir également  AASSDN – Extrait du Bulletin : Conflits outre-mer 45-56 (1 à 5 ) En juillet 1943, à Alger, le Général De Gaulle fait décréter que « la libération de l’Indochine et la défense des intérêts français en Extrême-Orient est une opération prioritaire ». Parmi les mesures prises dans cette perspective, figure la création immédiate d’un service secret d’Action, intégré sous le nom de Section Indochine Française (French Indochina Country Section) au sein de la Force 136. Cette force, service secret britannique, dépend, comme son équivalent européen, le Special Operations Executive, du Ministry of Economic Warfare et opère dans le cadre du South East Asia Command.

 

NAISSANCE ET MISE EN PLACE DU SERVICE «ACTION» EN INDOCHINE  

Les premiers membres de ce Service Secret d’Action arrivent aux Indes en octobre 1943, venant de tous les horizons de l’empire français, volontaires, en grande partie réservistes, tous ayant eu une expérience dans la pratique de la guerre irrégulière ou du renseignement.

L’entraînement dans la Force 136, mené en grand secret, est très dure et la sélection sévère. Les agents passeront un temps indéterminé en jungle profonde (certains membres de la F.136 viennent d’y passer trois ans déjà!) d’où il ne sera pas question de revenir : 3.000 kilomètres de territoires occupés par les Japonais séparent le Bengale de l’Indochine.

Il n’est question ni de pick-up ni de ramassage en hélicoptères. Après l’entraînement — type commandos britanniques comme hors-d’œuvre — les membres du service suivent des stages spécialisés fort exigeants mer (navigation, pratique de tous les types d’embarcations, nages, passage de la barre,…), jungle et survie, parachutisme, renseignement et action subversive, action psychologique et agit-prop, connaissance de l’armée japonaise, liaisons et pratique radio, chiffre, sabotages, silent killing…

Les premiers arrivés en octobre 1943 ne partiront pas avant la fin de 1944, soit après un an d’entraînement poussé, dont plusieurs mois passés en jungle dans des conditions aussi proches que possible du réel.

Quelques opérateurs radio sont parachutés dès la fin de 1944 pour maintenir une liaison entre la Force 136 aux Indes et les organisations de résistance qui se structurent en Indochine.

Le premier groupe Fabre-Deuve (5 Européens et 5 autochtones) est parachuté en janvier 1945 au Nord Laos, le second (Tual) en février, également au Nord Laos, ainsi qu’un groupe précurseur du corps Léger d’Intervention (commandos préparés en Algérie) non-membre du service secret.

Les deux groupes parachutés doivent: — se préparer à agir contre les Japonais; — recevoir des parachutages destinés à renforcer l’armée d’Indochine et la résistance; — instruire les cadres de l’armée d’Indochine dans les nouvelles techniques et l’art de la guérilla.

En septembre 1944, devant les avances alliées dans le Pacifique et le Sud-est asiatique, les Japonais ont décidé de constituer un môle de résistance Chine-Indochine. P…




Bibliographie : Ouvrages présentés – Commentaires VII

Encyclopédies :

Services et Renseignement

Périodes 1900-34 :

Services et Renseignement

Périodes 1935-45 :

(1) Acteurs, (2)
Services et Renseignement
,
(3) Résistance

Périodes après 1945 :

(1) Services, (2) Renseignement

Thèmes spécifiques :

(1) Services, (2) Autres

Autres thèmes  :
et ouvrages divers
Etudes & Perspectives  :

voir rubrique spécifique

 

BERGOT Erwan

LE DOSSIER ROUGE

Services secrets contre FLN – GRASSET – 1976

L’Algérie brûle. Pendant que paras et légionnaires se battent dans les djebels, les services spéciaux français reçoivent l’ordre d’attaquer le F.L.N. à l’étranger.

Des bateaux chargés de munitions explosent dans les ports de Hambourg et de Tanger, ou sont arraisonnés en haute mer. En Suisse, en Allemagne, en Espagne des chefs F.L.N. sont abattus par des tireurs d’élite. Des trafiquants d’armes sautent à bord de voitures piégées. Des commandos sillonnent les pistes de Tunisie et du Maroc, harcèlent les camps d’entraînement des fellaghas.

Ce dossier rouge des opérations militaires clandestines de la guerre d’Algérie est enfin ouvert par Erwan Bergot, ancien commando du 11ème Choc et du Service Action.

Abondant en révélations, relatant des épisodes d’une violence souvent terrifiante, ce livre est un exceptionnel roman d’espionnage vécu.

Haut de page

 

BERGOT Erwan

LES HÉROS OUBLIES

Services secrets contre Viêt-Minh – GRASSET

“Le 9 mars 1945, par un coup de force fulgurant, les Japonais massacrent les garnisons françaises d’Indochine. Une poignée de parachutistes des services secrets de la France Libre survivent au carnage. Retranchés dans les vertigineuses montagnes du Nord-Laos, ces quelques hommes affamés et en loques, oubliés de tous, décident de poursuivre seuls le combat.

Fresque saisissante de combats d’une violence à nulle autre pareille, éclairage fascinant de la face cachée de la tragédie indochinoise, l’ouvrage d’Erwan Bergot est d’autant plus attachant qu’il rompt avec le: clichés des habituels récits de guerre.”




Archives du site – Albert-Charles MEYER

 

Notre Président national adjoint nous a quitté Le Général de Brigade aérienne Albert-Charles MEYER est décédé le 6 mai. Ses obsèques ont lieu le vendredi 12 mai 2006 , en la Cathédrale Saint Louis des Invalides. Les Honneurs militaires lui ont été rendus à l’issue de la cérémonie religieuse.   Dès juillet 1940, il était officier de renseignements du réseau KLÉBER BRUNO. Il a été le fondateur du BRCS en Indochine et des Commandos Parachutistes de l’Air en Algérie.   Le Général MEYER était Grande Croix de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite; titulaire de la Croix du Guerre 39-45 et des TOE, et de celle de la Valeur Militaire. Il était également titulaire de la Croix de la Vaillance Vietnamienne.
HOMMAGE DU PRÉSIDENT DE A.A.S.S.D.N.

Albert-Charles MEYER, de l’agent de renseignement…

… au Général…

Qu’il est difficile de dire ” Adieu ” à un homme d’exception, un officier hors du commun et volontiers hors normes que l’on vénère el à qui l’on voue une affection quasi filiale !

Mon Général, Nous sommes deux aujourd’hui, le Général Lajoux ( NDLR : au nom des anciens Commandos Parachutistes de l’Air ) et moi-même, à vous exprimer, par delà les sentiments que nous éprouvons, la tristesse de vos compagnons, de vos amis si nombreux que vous avez marqués de votre gentillesse, de votre fidélité, de votre générosité, de votre sagacité mais aussi de votre courage, de votre abnégation, de votre sens inné du commandement, de votre autorité naturelle et de votre attachement à la Patrie, au cours de votre vie consacrée, d’une manière exemplaire, au service de la France.

Une vie qui se confond avec une carrière d’officier qui débuta avec la guerre pour ne prendre fin qu’aujourd’hui. Une vie d’officier de l’Armée de l’air bien atypique qui, de 1940 à 1962, vous fit parcourir les trois guerres auxquelles la France dut faire face et qui marquèrent notre histoire contemporaine tout autant que la vôtre ; une vie d’officier dont les chapitres majeurs s’intitulent ” Services Spéciaux ” et ” Commandos Parachutistes de l’Air “.

Dussions-nous enfreindre votre modestie, acceptez, mon Général, que nous en tracions les traits dominants car vous avez été pour nous un exemple et un guide.

Né à Belfort en mars 1921, vous êtes l’aîné de six enfants ; votre père, ancien combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et officier de réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne.

Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Vous avez 18 ans. Candidat à l’école de l’air, vous vous engagez pour la durée de la guerre comme élève pilote.

En mai 1940, vous êtes admis en stage d’aspirant à Agen mais la défaite bouleverse votre destinée et le 20 juin vous cherchez à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, vous êtes interné à Argelès ; vous vous évadez pour retourner à Belfort où vous apprenez que votre père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Vous gagnez alors la Suisse et vous vous mettez à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec vous il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber. Vous avez tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot vous a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement.

Désormais, votre vie bascule et dès juillet 1940, vous vous lancez à corps perdu da…