Vidéo exclusive : Hommage au Colonel André Sérot, héro de l’ombre, assassiné à Jérusalem en 1948

L’AASSDN a réalisé un court-métrage sur le colonel André Sérot, officier de renseignement dans l’entre deux guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale. Co-fondateur de l’AASSDN, il est mort pour la France à Jérusalem en septembre 1948 alors qu’il accompagnait le comte Bernadotte envoyé spécial de l’ONU qui tentait de trouver une solution au conflit opposant (déjà) Arabes et Juifs établis en Palestine.
Ce film peut être visionné gratuitement en cliquant ici ou ci-dessous :






Biographie du Colonel André Serot par JC Petermann

Voir la biographie du Colonel Serot realisée par JC Petermann.




L’assassinat du colonel André SEROT

En 1981, L’AASSDN commémorait le 33° anniversaire de l’assassinat à Jérusalem de notre ami et camarade, le colonel André SEROT. Il était médiateur de l’O.N.U. aux côtés du comte Folke BERNADOTTE. Nous devons à l’obligeance de notre camarade lyonnais RÉAUX un émouvant récit de cet attentat. Nous l’avons extrait de son journal de marche, en même temps que quelques passages édifiants sur le climat qui régnait en Israël. Mais est-ce bien différent aujourd’hui ?

par Mr. REAUX

Dans la nuit du 17 au 18 août 1948, des détachements des trois armées se glissent vers le Government House, les Juifs avec des camions blindés, les Arabes à pied.

Rencontre sérieuse, combat de nuit, échange de mortiers et d’obus. La bataille fait rage jusqu’au jour.

Du côté juif : 50 tués ou blessés.

Le commandement juif prétend qu’averti de l’intention des Arabes de s’emparer de l’hôpital, il a voulu les devancer afin d’évacuer des malades juifs qui s’y trouvaient.

Mais les Arabes ont réagi, et le 17 au matin, ils occupent le Government House, tandis que les Juifs se sont installés dans l’université arabe et l’école d’agriculture juive.

Arabes, Égyptiens et Juifs sont au contact et chacun s’organise sur le terrain conquis.

Dans la journée, les observateurs de l’O.N.U. essaient en vain d’obtenir le retrait des troupes de part et d’autre.

Le 18 seulement, on obtiendra une trêve permettant de relever les cadavres et blessés restés entre adversaires. Malheureusement, malgré les engagements les Arabes tirent sur les brancardiers juifs et 3 cadavres restent sur le terrain, d’où ils ne seront relevés qu’en septembre. Les cadavres juifs ramenés sont atrocement mutilés, selon la vieille coutume arabe !…

Vers 10 heures, je descends en jeep avec deux camarades jusqu’à l’American School, P.C. du colonel SÉROT, commandant le secteur arabe de Jérusalem.

Je retrouve avec joie ce dernier, avec qui j’ai passé deux ans au S.R. de Belfort, en 37-38, et à qui j’ai toujours été très cordialement attaché.

Depuis quelques jours, violente campagne dans les journaux contre l’O.N.U., et surtout contre BERNADOTTE.

31 août 1948

Un radio américain et un ouvrier juif sont grièvement blessés au carrefour du consulat américain. Cela fait les 4e et 5e victimes. On pense (enfin !)… à rechercher un itinéraire moins dangereux.

A 21 heures, je suis à Lifta avec tous mes officiers. La nuit est magnifique.. Sous le ciel bleu parsemé d’étoiles, à 40 m. des mitrailleurs au créneau, derrière la maison du P.C., une vaste cour entourée d’oliviers et de figuiers ; des chaises et des bancs sur toutes les faces. Au centre, un énorme projecteur qui inonde de lumière les dalles roses de la cour.

Cinq cents personnes au moins, civiles et militaires, s’y entassent. On nous a réservé des places à la table d’honneur, aux côtés du colonel venu pour l’occasion. Dans un coin, un orchestre à cordes sur une estrade.

La nuit est calme, fraîche. A l’arrivée du colonel, un commandement bref retentit, tout le monde est au garde-à-vous… L’hymne national retentit, chanté avec une ardeur sauvage, presque mystique…

18 septembre 1948

Le comte Folke BERNADOTTE et le colonel SEROT sont assassinés par le groupe STERN (groupe choc de l’AGANA dont le chef était M. BEGIN).

On a beaucoup écrit, beaucoup épilogué sur ce meurtre. Voici exactement comment les faits se sont passés.

Dans la voiture de tête, l’officier de liaison juif, le secrétaire et l’aide de camp de BERNADOTTE.

Dans la deuxième voiture, devant : le commander Mox et, comme chauffeur, Mr. BUGLEY, chef de la sûreté de l’O.N.U. ; derrière, de gauche à droite, le général LANDSTROËM, le colonel SEROT au centre, le comte BERNADOTTE à droite.

Brusquement, une jeep barre la route au convoi, deux Juifs en descendent, mitraillette au poing, inspectent la première voiture, puis arrivent à la deuxième. Celui de gauche passe le canon de son arme par la portière de gauche et descend à bout portant le colonel SEROT qui se penchait vers lui, couvrant BERNADOTTE, puis le comte, qui s’effondre frappé à mort. Le comte meurt pendant son transfert à l’hôpital.

Mr. BUGLEY, non armé, n’a pu intervenir. Les deux Juifs se sont replié en tirant, crevant même le pneu avant droit de la voiture de tête, et la jeep a disparu.

L’officier de liaison juif (le capitaine HILLMANN) n’a « naturellement » rien vu ! On ne retrouvera jamais les agresseurs.

Dans l’après-midi, les corps sont déposés sur des brancards, dans une salle du YMCA transformée en chapelle ardente, et nous veillons toute la nuit les corps de ces martyrs de la Paix » dont la toilette funèbre a été faite par des religieuses françaises.

20 septembre 1948

Les corps de BERNADOTTE et de SEROT sont transférés à Haïfa. Long cortège d’une vingtaine de voitures. Autorités juives et consulaires. A Latrum, l’Arab Legion, alignée le long de la route, rend les honneurs.

Parti à 9 heures, le cortège arrive vers 13 heures, en pleine chaleur. Les corps sont immédiatement embaumés.

Nuit d’une chaleur étouffante.

A 6 heures du matin, les corps de nos infortunés camarades sont partis en avion pour la France.

Nous leur adressons du terrain d’Haïfa un dernier adieu. Pauvre Mme SÉROT !…

A 8 heures, je prends l’avion à mon tour.

A 9 h 30 je suis à Colundia et à 17 heures je réintège le YMCA, sans incident, mais « vanné » !

Triste corvée enfin terminée !

La nuit est agitée, mais le sommeil l’emporte.

Les Juifs s’attendent à une réaction en Europe, et à l’application des sanctions.

22 septembre 1948

Police, patrouilles, contrôles… le grand jeu ! Mais on a l’impression que c’est du bluff et que les coupables sont déjà à l’abri. Il faut bien calmer l’opinion mondiale ;

A 10 heures, service religieux, chez les Pères de Ratisbonne, pour le repos de l’âme du colonel SÉROT. Autorités juives et étrangères y sont représentées.

par Mr. REAUX, publié dans le Bulletin N° 108 (1981)




A la mémoire du Colonel Serot : 45 ème anniversaire de sa mort

45 eme Anniversaire de la mort du colonel Serot .

Article paru dans le Bulletin N° 159

Par le colonel Paul PAILLOLE

Le 17 septembre 1948, vers 16 heures, le Colonel André Sérot, médiateur de l’O.N.U. était abattu par une rafale de pistolet-mitrailleur dans le quartier juif de Jérusalem.

Il pressentait son destin.

Sa vision lucide de la situation créée au Moyen-Orient par les Nations Unies, son analyse des caractères, son expérience de plus de vingt ans dans les Services de Renseignements et de Sécurité, son robuste bon sens de Vosgien, tout l’amenait à désespérer de voir un jour la paix dans ces pays de passions et de rivalités livrés à l’aventure par les Nations Unies.

Un jour d’août 1948 il était venu en mission à Paris et m’avait consacré quelques heures.
II m’avait confié ses déceptions devant ce qu’il pensait être sa mission de Paix. Serein, il m’avait dit ses craintes pour l’avenir et aussi pour lui- même

« Mourir à Jérusalem, Paillole, croyez-vous qu’un chrétien puisse avoir une plus belle mort. »
Je ne l’ai plus revu. Un funeste pressentiment me faisait chaque jour écouter les radios, lire les nouvelles, et puis est venu ce jour fatal où le plus pur, le plus noble, le plus héroïque de nos soldats de la Paix est mort assassiné.

Trois jours avant, le 14 septembre 1948, il écrivait à l’un de ses intimes collaborateurs de la Sécurité Air qu’il avait créée en 1942 et dirigée jusqu’en 1948, une lettre bouleversante de simplicité de vérité et de stoïcisme.

Avec l’autorisation de son destinataire, le Colonel de l’Armée de l’Air Panthène, nous en publions ci-après de larges extraits.

Les anciens retrouveront dans ces lignes le visage de celui qui fut leur chef et qu’ils ont vénéré.
Les plus jeunes et surtout ceux qui ont chaque année rendu hommage au Colonel André Sérot devant sa stèle édifiée dans les locaux de leur service de Sécurité, apprendront à mieux le connaître et à comprendre jusqu’où peut aller l’esprit de sacrifice et la conception élevée du Devoir.

Tous pourront méditer sur le sort prévu, par Sérot et réservé à ce Moyen Orient où s’enlise toujours une Paix impossible.

Jérusalem, 14 septembre 1948.

Mon cher ami,
Aujourd’hui, j’en suis à mon 54e jour de mon second séjour à Jérusalem. Mais cette seconde trêve n’est pas du tout la même que la précédente, — autrement dit, il n’y a pas de trêve à Jérusalem. Nous avons eu, des journées et des nuits, de véritables batailles et nous nous bornons à enregistrer les coups. L’avant-dernière nuit par exemple, les observateurs, dans le secteur nord ont enregistré plus de 400 coups de mortiers. Cette nuit-ci, c’est la colline de Sion qui a été le centre d’activité.

Et nous sommes en plein dans le bain. Le couvent des Dominicains où j’habite avec huit officiers est en première ligne.

A cinq miles de là, l’Américan School où se trouve mon P.C. et où habitent une vingtaine d’Officiers. Entre les deux une petite butte sur laquelle l’arab legion a installé un Canon de 57 antichars et s’amuse de temps en temps à chatouiller les juifs avec son frère jumeau installé lui de l’autre côté des Dominicains. Et les Juifs les contrebattent à coup de mortiers… Nuit et jour, douze à quatorze observateurs sont en ligne de chaque côté. C’est très dur comme travail, et ce n’est pas sans danger vous le voyez. Jusqu’à présent, nous n’avons eu qu’un seul officier légèrement blessé : Pourvu que ça dure! Les deux groupes sont coiffés par un capitaine de vaisseau américain. Ce dernier devant rejoindre les Etats-Unis., l’Etat-major de Haïfa m’a demandé si j’acceptais de prendre la direction de l’ensemble du groupe de Jérusalem, soit 80 officiers. J’ai accepté pour mieux défendre les intérêts français. Je dois dire que j’ai une équipe d’officiers, français, excellente dans son ensemble, qui ont décidé de rester à Jérusalem et de ne pas profiter des possibilités de relève qui leur ont été offertes. Car le secteur de Jérusalem a la réputation d’être le secteur dangereux et pénible. Je me contenterai d’envoyer mes officiers en permission de détente à Beyrouth ou ailleurs lorsqu’ils seront fatigués.

J’ai interrompu ma lettre pour aller en liaison. J’apprends à mon retour que je prends décidément l’ensemble de Jérusalem et dès demain je vais abandonner la ville arabe pour m’installer dans la ville juive. Ça ne m’emballe pas mais il n’y a pas moyen de faire autrement. Je dois vous dire que la Défense Nationale se désintéresse de nous. Elle a été bien ennuyée lors qu’il a fallu envoyer en Palestine 125 officiers. Mais elle se désintéresse de la mission, les consignes qui nous ont été données sont lamentables « Pas de zèle! Et surtout votre sécurité avant tout ». Qu’on me laisse rire! la sécurité à Jérusalem n’existe pas, on peut recevoir une balle au moment où on s’y attend le moins; et nous vivons dans un secteur qui est battu par les bouches de mortiers. Quant au zèle, il faut bien qu’on vive et on ne peut pas moins faire que d’écouter les doléances des arabes et des juifs. Et pourtant il y a ici une partie importante qui se joue. Les Américains l’ont fort bien compris, ils ont envoyé des généraux, des Capitaines de Vaisseau, des Colonels anciens qui ont pris tout en mains et ont évincé les officiers (suédois) supérieurs incapables. Et nous Français, nous sommes considérés comme des gens de second plan. C’est la raison pour laquelle étant un des rares officiers français ayant un gros poste, j’ai accepté celui encore plus important du groupe total de Jérusalem. Je voudrais y monter une affaire spécifiquement française. Je m’aperçois que je vous raconte des histoires et que j’écris sans me rendre compte que je suis arrivé à la fin de mes deux pages.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas et que vous ne pensiez pas qu’après avoir reçu votre lettre, j’ai voulu, en représailles, vous imposer un pensum.
(Entre nous, si j’écris mal et peu lisiblement je crois que vous êtes dans le même cas! )
Cette expédition m’a permis de faire, non seulement un merveilleux voyage, mais un pèlerinage que je n’aurais jamais songé faire. Je peux dire que je connais Jérusalem., la vieille cité et ses environs immédiats, le mont des Oliviers, les jardins, la vallée de Josaphat, la colline de Sion, etc… Tous ces lieux sont devenus pour moi familiers. Jéricho, Bethléem, Emmaüs, que sais-je encore! Et si j’en ai le temps et le loisir, je voudrais avant mon retour voir Naplouse…, Nazareth et le lac de Tibériade. Mais pour cela il faudrait que la paix revienne dans ce malheureux pays. Mais y reviendra-t-elle jamais?


Toute notre bureaucratie se fait en langue anglaise, ce qui ne facilite pas les choses et c’est pour moi un travail supplémentaire d’essayer de comprendre parfaitement les papiers que je signe…
J’ai, paraît-il, fait des progrès en anglais et j’arrive à exprimer des choses pas très compliquées.

Autre question? Combien de temps resterons-nous ici? Je n’en sais rien. Mais plutôt que de ne rien faire à Paris, je préfère rester ici. La vie y est dure et austère, mais je me sens en pleine forme physique et morale.
Ne croyez pas que j’ai coupé les ponts avec le passé! Ma pensée est souvent à Paris vers ce service que j’aurais tant voulu avoir le temps de « peaufiner ».
J’en ai quelques rares nouvelles.

J’en reviens à mes officiers, la moitié sont américains; plusieurs capitaines de frégate et de corvette; j’ai aussi sous mes ordres un Colonel français Commandant le 40e régiment d’artillerie de Verdun; plusieurs Lieutenants-Colonels et Commandants brevetés. Dans l’ensemble tous ont fait très correctement et avec beaucoup de cran un métier dur et risqué.

J’ai aussi quelques belges. Mes relations avec l’Arab Legion sont excellentes, mes relations avec les juifs sont bonnes. Mais le métier est terriblement décevant. Il n’est pas facile de négocier avec de tels adversaires. Nous faisons de notre mieux et je suis un peu effrayé de la responsabilité que je viens d’endosser en acceptant l’ensemble du groupe de Jérusalem. A la grâce de Dieu!

Deux de mes camarades sont morts tragiquement à Gaza, littéralement assassinés par des irréguliers égyptiens. Parmi eux le Lieutenant-colonel Ceren du boulevard Suchet. Lorsque son nom a été donné à la radio, il a été si mal prononcé que certains ont cru que c’était moi la victime.

A Xertigny les gens venaient aux nouvelles à la maison. La nouvelle aurait été infirmée par la presse et mon père en apprenant que j’aurai pu être tué a eu une attaque. Pauvre papa! Je ne sais pas ce que l’année me réserve mais vraiment ce serait une misérable destinée que de perdre la vie ici.


signé : André SEROT.

Article paru dans le Bulletin N° 159

Par le colonel Paul PAILLOLE

Le 17 septembre 1948, vers 16 heures, le Colonel André Sérot, médiateur de l’O.N.U. était abattu par une rafale de pistolet-mitrailleur dans le quartier juif de Jérusalem.

Il pressentait son destin.

Sa vision lucide de la situation créée au Moyen-Orient par les Nations Unies, son analyse des caractères, son expérience de plus de vingt ans dans les Services de Renseignements et de Sécurité, son robuste bon sens de Vosgien, tout l’amenait à désespérer de voir un jour la paix dans ces pays de passions et de rivalités livrés à l’aventure par les Nations Unies.

Un jour d’août 1948 il était venu en mission à Paris et m’avait consacré quelques heures.
II m’avait confié ses déceptions devant ce qu’il pensait être sa mission de Paix. Serein, il m’avait dit ses craintes pour l’avenir et aussi pour lui- même

« Mourir à Jérusalem, Paillole, croyez-vous qu’un chrétien puisse avoir une plus belle mort. »
Je ne l’ai plus revu. Un funeste pressentiment me faisait chaque jour écouter les radios, lire les nouvelles, et puis est venu ce jour fatal où le plus pur, le plus noble, le plus héroïque de nos soldats de la Paix est mort assassiné.

Trois jours avant, le 14 septembre 1948, il écrivait à l’un de ses intimes collaborateurs de la Sécurité Air qu’il avait créée en 1942 et dirigée jusqu’en 1948, une lettre bouleversante de simplicité de vérité et de stoïcisme.

Avec l’autorisation de son destinataire, le Colonel de l’Armée de l’Air Panthène, nous en publions ci-après de larges extraits.

Les anciens retrouveront dans ces lignes le visage de celui qui fut leur chef et qu’ils ont vénéré.
Les plus jeunes et surtout ceux qui ont chaque année rendu hommage au Colonel André Sérot devant sa stèle édifiée dans les locaux de leur service de Sécurité, apprendront à mieux le connaître et à comprendre jusqu’où peut aller l’esprit de sacrifice et la conception élevée du Devoir.

Tous pourront méditer sur le sort prévu, par Sérot et réservé à ce Moyen Orient où s’enlise toujours une Paix impossible.

Jérusalem, 14 septembre 1948.

Mon cher ami,
Aujourd’hui, j’en suis à mon 54e jour de mon second séjour à Jérusalem. Mais cette seconde trêve n’est pas du tout la même que la précédente, — autrement dit, il n’y a pas de trêve à Jérusalem. Nous avons eu, des journées et des nuits, de véritables batailles et nous nous bornons à enregistrer les coups. L’avant-dernière nuit par exemple, les observateurs, dans le secteur nord ont enregistré plus de 400 coups de mortiers. Cette nuit-ci, c’est la colline de Sion qui a été le centre d’activité.

Et nous sommes en plein dans le bain. Le couvent des Dominicains où j’habite avec huit officiers est en première ligne.

A cinq miles de là, l’Américan School où se trouve mon P.C. et où habitent une vingtaine d’Officiers. Entre les deux une petite butte sur laquelle l’arab legion a installé un Canon de 57 antichars et s’amuse de temps en temps à chatouiller les juifs avec son frère jumeau installé lui de l’autre côté des Dominicains. Et les Juifs les contrebattent à coup de mortiers… Nuit et jour, douze à quatorze observateurs sont en ligne de chaque côté. C’est très dur comme travail, et ce n’est pas sans danger vous le voyez. Jusqu’à présent, nous n’avons eu qu’un seul officier légèrement blessé : Pourvu que ça dure! Les deux groupes sont coiffés par un capitaine de vaisseau américain. Ce dernier devant rejoindre les Etats-Unis., l’Etat-major de Haïfa m’a demandé si j’acceptais de prendre la direction de l’ensemble du groupe de Jérusalem, soit 80 officiers. J’ai accepté pour mieux défendre les intérêts français. Je dois dire que j’ai une équipe d’officiers, français, excellente dans son ensemble, qui ont décidé de rester à Jérusalem et de ne pas profiter des possibilités de relève qui leur ont été offertes. Car le secteur de Jérusalem a la réputation d’être le secteur dangereux et pénible. Je me contenterai d’envoyer mes officiers en permission de détente à Beyrouth ou ailleurs lorsqu’ils seront fatigués.

J’ai interrompu ma lettre pour aller en liaison. J’apprends à mon retour que je prends décidément l’ensemble de Jérusalem et dès demain je vais abandonner la ville arabe pour m’installer dans la ville juive. Ça ne m’emballe pas mais il n’y a pas moyen de faire autrement. Je dois vous dire que la Défense Nationale se désintéresse de nous. Elle a été bien ennuyée lors qu’il a fallu envoyer en Palestine 125 officiers. Mais elle se désintéresse de la mission, les consignes qui nous ont été données sont lamentables « Pas de zèle! Et surtout votre sécurité avant tout ». Qu’on me laisse rire! la sécurité à Jérusalem n’existe pas, on peut recevoir une balle au moment où on s’y attend le moins; et nous vivons dans un secteur qui est battu par les bouches de mortiers. Quant au zèle, il faut bien qu’on vive et on ne peut pas moins faire que d’écouter les doléances des arabes et des juifs. Et pourtant il y a ici une partie importante qui se joue. Les Américains l’ont fort bien compris, ils ont envoyé des généraux, des Capitaines de Vaisseau, des Colonels anciens qui ont pris tout en mains et ont évincé les officiers (suédois) supérieurs incapables. Et nous Français, nous sommes considérés comme des gens de second plan. C’est la raison pour laquelle étant un des rares officiers français ayant un gros poste, j’ai accepté celui encore plus important du groupe total de Jérusalem. Je voudrais y monter une affaire spécifiquement française. Je m’aperçois que je vous raconte des histoires et que j’écris sans me rendre compte que je suis arrivé à la fin de mes deux pages.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas et que vous ne pensiez pas qu’après avoir reçu votre lettre, j’ai voulu, en représailles, vous imposer un pensum.
(Entre nous, si j’écris mal et peu lisiblement je crois que vous êtes dans le même cas! )
Cette expédition m’a permis de faire, non seulement un merveilleux voyage, mais un pèlerinage que je n’aurais jamais songé faire. Je peux dire que je connais Jérusalem., la vieille cité et ses environs immédiats, le mont des Oliviers, les jardins, la vallée de Josaphat, la colline de Sion, etc… Tous ces lieux sont devenus pour moi familiers. Jéricho, Bethléem, Emmaüs, que sais-je encore! Et si j’en ai le temps et le loisir, je voudrais avant mon retour voir Naplouse…, Nazareth et le lac de Tibériade. Mais pour cela il faudrait que la paix revienne dans ce malheureux pays. Mais y reviendra-t-elle jamais?


Toute notre bureaucratie se fait en langue anglaise, ce qui ne facilite pas les choses et c’est pour moi un travail supplémentaire d’essayer de comprendre parfaitement les papiers que je signe…
J’ai, paraît-il, fait des progrès en anglais et j’arrive à exprimer des choses pas très compliquées.

Autre question? Combien de temps resterons-nous ici? Je n’en sais rien. Mais plutôt que de ne rien faire à Paris, je préfère rester ici. La vie y est dure et austère, mais je me sens en pleine forme physique et morale.
Ne croyez pas que j’ai coupé les ponts avec le passé! Ma pensée est souvent à Paris vers ce service que j’aurais tant voulu avoir le temps de « peaufiner ».
J’en ai quelques rares nouvelles.

J’en reviens à mes officiers, la moitié sont américains; plusieurs capitaines de frégate et de corvette; j’ai aussi sous mes ordres un Colonel français Commandant le 40e régiment d’artillerie de Verdun; plusieurs Lieutenants-Colonels et Commandants brevetés. Dans l’ensemble tous ont fait très correctement et avec beaucoup de cran un métier dur et risqué.

J’ai aussi quelques belges. Mes relations avec l’Arab Legion sont excellentes, mes relations avec les juifs sont bonnes. Mais le métier est terriblement décevant. Il n’est pas facile de négocier avec de tels adversaires. Nous faisons de notre mieux et je suis un peu effrayé de la responsabilité que je viens d’endosser en acceptant l’ensemble du groupe de Jérusalem. A la grâce de Dieu!

Deux de mes camarades sont morts tragiquement à Gaza, littéralement assassinés par des irréguliers égyptiens. Parmi eux le Lieutenant-colonel Ceren du boulevard Suchet. Lorsque son nom a été donné à la radio, il a été si mal prononcé que certains ont cru que c’était moi la victime.

A Xertigny les gens venaient aux nouvelles à la maison. La nouvelle aurait été infirmée par la presse et mon père en apprenant que j’aurai pu être tué a eu une attaque. Pauvre papa! Je ne sais pas ce que l’année me réserve mais vraiment ce serait une misérable destinée que de perdre la vie ici.


signé : André SEROT.




A la mémoire du colonel Serot : 33 éme anniversaire de sa mort

A la mémoire du colonet Serot -Article paru dans le Bulletin N° 108-octobre 1980

Cette année nous commémorons le 33° anniversaire de l’assassinat à Jérusalem de notre ami et camarade, le colonel André SEROT.

Il était médiateur de l’O.N.U. aux côtés du comte Folke BERNADOTTE.

Nous devons à l’obligeance de notre camarade lyonnais RÉAUX un émouvant récit de cet attentat. Nous l’avons extrait de son journal de marche, en même temps que quelques passages édifiants sur le climat qui régnait en Israël.

 

Mais est-ce bien différent aujourd’hui ?

 

par Mr. REAUX

 

Dans la nuit du 17 au 18 août 1948, des détachements des trois armées se glissent vers le Government House, les Juifs avec des camions blindés, les Arabes à pied.

Rencontre sérieuse, combat de nuit, échange de mortiers et d’obus. La bataille fait rage jusqu’au jour.

Du côté juif : 50 tués ou blessés.

Le commandement juif prétend qu’averti de l’intention des Arabes de s’emparer de l’hôpital, il a voulu les devancer afin d’évacuer des malades juifs qui s’y trouvaient.

Mais les Arabes ont réagi, et le 17 au matin, ils occupent le Government House, tandis que les Juifs se sont installés dans l’université arabe et l’école d’agriculture juive.

Arabes, Égyptiens et Juifs sont au contact et chacun s’organise sur le terrain conquis.

Dans la journée, les observateurs de l’O.N.U. essaient en vain d’obtenir le retrait des troupes de part et d’autre.

 

Le 18 seulement, on obtiendra une trêve permettant de relever les cadavres et blessés restés entre adversaires. Malheureusement, malgré les engagements les Arabes tirent sur les brancardiers juifs et 3 cadavres restent sur le terrain, d’où ils ne seront relevés qu’en septembre. Les cadavres juifs ramenés sont atrocement mutilés, selon la vieille coutume arabe !…

Vers 10 heures, je descends en jeep avec deux camarades jusqu’à l’American School, P.C. du colonel SÉROT, commandant le secteur arabe de Jérusalem.

Je retrouve avec joie ce dernier, avec qui j’ai passé deux ans au S.R. de Belfort, en 37-38, et à qui j’ai toujours été très cordialement attaché.

 

Depuis quelques jours, violente campagne dans les journaux contre l’O.N.U., et surtout contre BERNADOTTE.

 

 

31 août 1948.

 

Un radio américain et un ouvrier juif sont grièvement blessés au carrefour du consulat américain. Cela fait les 4e et 5e victimes. On pense (enfin !)… à rechercher un itinéraire moins dangereux.

A 21 heures, je suis à Lifta avec tous mes officiers. La nuit est magnifique.. Sous le ciel bleu parsemé d’étoiles, à 40 m. des mitrailleurs au créneau, derrière la maison du P.C., une vaste cour entourée d’oliviers et de figuiers ; des chaises et des bancs sur toutes les faces. Au centre, un énorme projecteur qui inonde de lumière les dalles roses de la cour.

 

Cinq cents personnes au moins, civiles et militaires, s’y entassent. On nous a réservé des places à la table d’honneur, aux côtés du colonel venu pour l’occasion. Dans un coin, un orchestre à cordes sur une estrade.

 

La nuit est calme, fraîche. A l’arrivée du colonel, un commandement bref retentit, tout le monde est au garde-à-vous… L’hymne national retentit, chanté avec une ardeur sauvage, presque mystique…

 

 

18 septembre 1948.

 

Le comte Folke BERNADOTTE et le colonel SEROT sont assassinés par le groupe STERN (groupe choc de l’AGANA dont le chef était M. BEGIN).

On a beaucoup écrit, beaucoup épilogué sur ce meurtre. Voici exactement comment les faits se sont passés.

 

Dans la voiture de tête, l’officier de liaison juif, le secrétaire et l’aide de camp de BERNADOTTE.

Dans la deuxième voiture, devant : le commander Mox et, comme chauffeur, Mr. BUGLEY, chef de la sûreté de l’O.N.U. ; derrière, de gauche à droite, le général LANDSTROËM, le colonel SEROT au centre, le comte BERNADOTTE à droite.

 

Brusquement, une jeep barre la route au convoi, deux Juifs en descendent, mitraillette au poing, inspectent la première voiture, puis arrivent à la deuxième. Celui de gauche passe le canon de son arme par la portière de gauche et descend à bout portant le colonel SEROT qui se penchait vers lui, couvrant BERNADOTTE, puis le comte, qui s’effondre frappé à mort. Le comte meurt pendant son transfert à l’hôpital.

 

Mr. BUGLEY, non armé, n’a pu intervenir. Les deux Juifs se sont replié en tirant, crevant même le pneu avant droit de la voiture de tête, et la jeep a disparu.

 

L’officier de liaison juif (le capitaine HILLMANN) n’a « naturellement » rien vu ! On ne retrouvera jamais les agresseurs.

 

Dans l’après-midi, les corps sont déposés sur des brancards, dans une salle du YMCA transformée en chapelle ardente, et nous veillons toute la nuit les corps de ces martyrs de la Paix » dont la toilette funèbre a été faite par des religieuses françaises.

 

 

20 septembre 1948.

 

Les corps de BERNADOTTE et de SEROT sont transférés à Haïfa. Long cortège d’une vingtaine de voitures. Autorités juives et consulaires. A Latrum, l’Arab Legion, alignée le long de la route, rend les honneurs.

 

Parti à 9 heures, le cortège arrive vers 13 heures, en pleine chaleur. Les corps sont immédiatement embaumés.

 

Nuit d’une chaleur étouffante.

 

A 6 heures du matin, les corps de nos infortunés camarades sont partis en avion pour la France.

 

Nous leur adressons du terrain d’Haïfa un dernier adieu. Pauvre Mme SÉROT !…

 

A 8 heures, je prends l’avion à mon tour.

 

A 9 h 30 je suis à Colundia et à 17 heures je réintège le YMCA, sans incident, mais « vanné » !

 

Triste corvée enfin terminée !

 

La nuit est agitée, mais le sommeil l’emporte.

Les Juifs s’attendent à une réaction en Europe, et à l’application des sanctions.

 

22 septembre 1948.

 

Police, patrouilles, contrôles… le grand jeu ! Mais on a l’impression que c’est du bluff et que les coupables sont déjà à l’abri. Il faut bien calmer l’opinion mondiale ;

A 10 heures, service religieux, chez les Pères de Ratisbonne, pour le repos de l’âme du colonel SÉROT. Autorités juives et étrangères y sont représentées.

 




Biographie du colonel Serot par colonel Paul Paillole

Vosgien, fils d’un maréchal des logis-chef de gendarmerie, il tirait de ses origines simplicité, droiture et cet amour de son pays, qui allait conduire sa destinée.

En 1915, dès le début de la première guerre mondiale, à dix-huit ans, il s’engage dans l’infanterie.

En 1916, il est élève officier à Saint-Cyr. Un an plus tard, il passe dans l’aviation. Nul ne l’entendra jamais évoquer ses faits d’armes…

La paix revenue, la vision lucide d’une inéluctable explication franco­allemande, autant que son besoin d’action, le poussent vers le Service de Renseignements. C’est faire vœu de désintéressement, de sacrifice et de pauvreté.

En 1923, il est affecté au poste de Strasbourg, où déjà son goût pour le contre-espionnage se manifeste. Précurseur de l’intoxication, il s’infiltre dans l’Abwehr. Dans le, même temps, il pousse d’audacieuses recherches au plus profond de l’industrie aéronautique allemande.

Du poste de Belfort, où il a été affecté en 1933 il transmet des rapports d’un intérêt capital sur les études et la production du troisième Reich, révélant l’état des recherches nazies jusque dans les domaines les plus secrets de l’aviation à réaction.

Tant d’activités audacieuses ne pouvaient que laisser des traces. En Allemagne, Sérot identifié devient l’homme à abattre. En Suisse, c’est l’indésirable et insaisissable agent du Deuxième Bureau, trouble fête de la sacro-sainte neutralité suisse, générateur permanent de complications diplomatiques. Imperturbable, maître de lui autant que de son métier, il poursuit sa mission.

Le désastre militaire de juin 1940 l’oblige à une action totalement clandestine. Recherché par l’ennemi, il change son fusil d’épaule et se lance résolument dans la chasse à la trahison. Avec cet autre aviateur qu’est Mayeur, tout aussi résolu que lui dans sa volonté de lutte, il jette les bases des services de sécurité de l’armée de l’Air.

En novembre 1942, ” Lors de l’occupation totale de la France, une élémentaire prudence nous contraint à forcer Sérot à se mettre hors de portée de la Gestapo. Il rejoint Alger, où il aura, en janvier 1943, la généreuse pensée de joindre ses efforts aux miens pour diriger les services de contre-espionnage et structurer définitivement la sécurité militaire. Jamais, je n’ai eu collaborateur plus dévoué, plus efficace, plus loyal, plus discret et plus humain.

Hélas, son épouse est demeurée en France. Impuissant à saisir l’homme, l’ennemi se venge sur la femme. Betty Sérot est déportée à Ravensbrück. Pendant vingt-quatre mois de “ nuits et brouillards ”, elle va être le pitoyable otage dont l’épreuve douloureuse suscite chez son époux une angoisse mortelle que l’impression de sa responsabilité rend plus cruelle encore. Couple meurtri et résigné, André et Betty gravissent alors le faîte du surhumain.

La délivrance intervient. Marquée pour la vie, chancelante, Betty va affronter de nouveaux tourments. Sérot, après avoir dirigé l’ensemble des services de sécurité des forces armées françaises, est désigné comme délégué de la France à la mission des Nations Unies en Palestine. Aux côtés du comte Folke Bernadotte il va en Terre Sainte, porter aux hommes déchirés par la haine, ce message de réconciliation et de fraternité qui fait son idéal spirituel. Pourtant, un funeste pressentiment l’habite : l’échec de ses efforts et la mort.

En juin 1948, il vient à Paris et m’ouvre son cœur de chrétien: “ Je ne reviendrai pas vivant de là-bas. Mais qu’importe. Si vous saviez quelle quiétude m’envahit, lorsque certains soirs je gravis seul le calvaire et me recueille sur le Mont des Oliviers ”.

Le 18 septembre 1948, il est assassiné à Jérusalem, en même temps que le comte Folke de Bernadotte.




Le Colonel d’Aviation André Sérot & le BREM – Opuscule

Le Colonel d’Aviation André Sérot est un grand nom des services spéciaux militaires de la guerre et des années qui l’on précédée. Il a accompli un travail considérable – et encore trop méconnu – de renseignement et de contre-espionnage sur l’Allemagne du IIIème Reich à partir d’un des postes les plus importants des services spéciaux militaires. Ce poste SR et CE, est appelé BREM (Bureau Régional d’Etudes Militaires).

Le BREM était une couverture des services spéciaux militaires. Il disposait de plusieurs antennes dans la région et même au Luxembourg. Dirigé par des chefs éminents comme les Colonel Mangès, Kunhmunch ou du Crest de Villeneuve, il comprenait des spécialistes de premier ordre de ce travail bien particulier de recherche et de recueil de renseignements, de lutte contre l’espionnage, de pénétration, d’intoxication, réalisé avec des moyens techniques qui aujourd’hui paraitraient dérisoires.

André Sérot est né à Xertigny le 24 juillet 1896, fils d’un maréchal des logis-chef de gendarmerie. Vosgien d’exception, le Colonel André Sérot a servi la France, tout au long de sa vie, avec courage, abnégation et détermination. Sa devise : « Servir sans se servir » illustre parfaitement cet engagement exemplaire et sans faille au service des intérêts des Français.

En 1923, Il est alors affecté au poste de Strasbourg, où déjà son goût pour le contre-espionnage se manifeste. Précurseur de l’intoxication, il s’infiltre dans l’Abwehr. Dans le, même temps, il pousse d’audacieuses recherches au plus profond de l’industrie aéronautique allemande.

En novembre 1942, lors de l’occupation totale de la France il est contraint à se mettre hors de portée de la Gestapo. Il rejoint Alger, en janvier 1943 où il se joint au Colonel Paul Paillole pour diriger les services de contre-espionnage et structurer définitivement la sécurité militaire.

Restée en France, Betty Sérot, sa femme, est déportée par les allemands à Ravensbrück. Elle sera libérée et accompagnera son mari qui a été désigné comme délégué de la France à la mission des Nations Unies en Palestine.

Le 17 septembre 1948, André Sérot est assassiné à Jérusalem, en même temps que le Comte Folke Bernadotte. Il est mort en héros de la paix.

NB: Opuscule complet en pièce jointe




Biographie du General Meyer

Né à Belfort en mars 1921, aîné de six enfants. Son père, Ancien Combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et Officier de Réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’Air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne. Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Il a 18 ans. Candidat à l’Ecole de l’Air, il s’engage pour la durée de la guerre comme élève pilote. En mai 1940, il est admis en stage d’Aspirant à Agen mais la défaite bouleverse sa destinée et le 20 juin il cherche à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, il est interné à Argelès. Il s’évade pour retourner à Belfort où il apprend que son père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Il gagne alors la Suisse et se met à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’Ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec lui il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber.Il a tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot l’a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement. Dès juillet 1940, il se lance à corps perdu dans ce combat de l’ombre.Il constitue progressivement plusieurs réseaux très étoffés qui couvrent toute la France qu’il sillonnera à bicyclette pendant quatre ans, de Belfort à la Normandie ou à la Pointe de Bretagne et du Nord à la Provence. Il parcoure aussi la Belgique, les Pays-Bas et même une large partie du Reich. Sa mission prioritaire : identifier les unités allemandes afin de dresser en permanence l’ordre de bataille ennemi. Malgré sa jeunesse, mais grâce à ses qualités exceptionnelles, il va recueillir des renseignements d’importance capitale et, bravant tous les dangers, il deviendra au fil des mois le meilleur agent de ” Bruno ” et l’un des hommes clés des services alliés en Europe, en particulier de l’OSS.Échappant, souvent de justesse, aux contrôles et aux recherches des services allemands, il sera tout de même appréhendé douze fois, et plusieurs de ses agents seront, hélas, arrêtés et déportés.De 1940 à 1944, il organise environ 400 passages de la frontière suisse ou d’Alsace et de la ligne de démarcation, permettant ainsi l’évasion de près de 1.200 Français et alliés dont celle du Général Giraud. Il parviendra ainsi à confier au Commandant Pourchot à Berne le Drapeau de la Section des Combattants Volontaires de Belfort que présidait son père.Cette intense activité le ramène cependant toujours à Belfort, point nodal de la “toile ” qu’il a tissée.La citation pour sa nomination à titre exceptionnel au grade de Chevalier de la Légion d’honneur stipule notamment : ” A obtenu un rendement exceptionnel qui a contribué d’une façon déterminante à la préparation et au succès des débarquements alliés “.En septembre 1944, de Lattre approche de Belfort. Le Commandant Pourchot le met à la disposition du Service de Renseignement Opérationnel de la première Armée dirigé par le colonel Simoneau. C’est la mission ” Stuka ” pour laquelle il constitue un nouveau réseau spécifique.Ses renseignements permettent d’épargner la vie de nombreux soldats et influent sur l’issue de la bataille. Mais, trahi par un élément douteux, il est arrêté le 11 novembre 1944 à Belfort.Interrogé, torturé pendant près d’une semaine sans rien révéler, il est déporté le 18 novembre à la forteresse de Fribourg alors que la bataille de Belfort est déclenchée depuis le 15.Condamné à mort le 27, il parvient à s’évader à la faveur d’un bombardement. Au terme d’un périple de quatre mois en Allemagne, au cours duquel il sera repris et s’évadera de nouveau, il se présente, le 8 mars 1945, aux éléments avancés de la 9e armée américaine avec trois prisonniers, non sans avoir recueilli d’autres renseignements précieux, en particulier sur l’offensive des Ardennes. Une nouvelle Citation à l’ordre de l’Armée précise : ” doit être considéré de très loin comme le meilleur artisan de la préparation de l’offensive Vosges-Alsace, de l’avis de l’ennemi lui-même qui lui rendra cet hommage “. Ayant retrouvé le Colonel Sérot, il rejoint le Service de Renseignement Opérationnel de la Première Armée et repasse le Rhin le 31 mars 1945. La guerre se termine. Il y a consacré sa jeunesse, gagné trois citations à l’ordre de l’armée et la Légion d’honneur à titre exceptionnel. Lieutenant de Réserve, il est démobilisé en 1946. Après quelques années de vie civile durant lesquelles il sera le liquidateur national du SR français en Suisse et du réseau Kléber-Bruno, il est volontaire en 1951 pour servir en Indochine.Capitaine de Réserve en situation d’activité, il est affecté sur les bases aériennes de Bien Hoa et de Tan Son Nhut où il cré et commande, avec des éléments vietminh ralliés, un commando de contre-espionnage et de contre-sabotage. Le concept des brigades de recherches el de contre-sabotage – les BRCS – est né, il donne à celle de Bien Hoa le nom de ” commando Colonel Sérot ” assassiné à Jérusalem le 17 septembre 1948. En septembre 1953, il est le chef de l’antenne aéroportée de renseignement opérationnel auprès du Général commandant en chef en Indochine, notamment pour l’opération ” Atlante “et Dien Bien Phu où, dès fin 1953, il appele l’attention du commandement sur le choix de la cuvette qui ne lui paraît pas judicieux, compte tenu des renseignements dont il dispose. Par la suite il organise une filière d’évasion pour les personnalités vietnamiennes pro-françaises qui souhaitent rester à nos côtés et, en septembre 1955, il est rappelé en France. En mars 1956, il participe à la création pour l’Algérie, sur décision du Général de Maricourt, des Commandos Parachutistes de l’Air, dont il assure, jusqu’en 1961, la conduite opérationnelle. Affecté à Paris comme directeur et inspecteur des Commandos Parachutistes de l’Air il demande, en janvier 1963, un congé pour convenance personnelle compte tenu de l’attitude officielle à l’égard des Commandos de l’Air. Il occupe ensuite, pendant dix ans, diverses fonctions au sein de l’Armée de l’Air, notamment à la direction du personnel militaire (DPMAA) et il devient conseiller ” Commando ” avant d’être appelé à la direction de la Sécurité Militaire comme Chef d’État-Major inter-armées, de 1974 à 1976. Son dernier commandement sera celui de la base aérienne de Chartres, de 1976 à 1978. Il sera alors nommé Général de Brigade Aérienne en 2e section.

Entre temps, il adhère à l’amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (A.A.S.S.D.N.) et en devient administrateur en 1978, puis Président National Adjoint.Il sera également un membre influent de plusieurs autres associations ou fédérations patriotiques. Grand’Croix de la Légion d’Honneur, Grand’Croix de l’Ordre National du Mérite, titulaire des Croix de Guerre 39-45 et des Théâtres d’Opérations Extérieures, de la Croix de la Valeur Militaire et de la Croix de la Vaillance Vietnamienne avec treize citations dont huit palmes ainsi que de la Médaille de la Résistance et de bien d’autres décorations. Blessé à cinq reprises.

Décédé le 6 mai 2006

Bio reprise au sein du discours d’adieu du Président de l’AASSDN le 12.05.06




Archives du site – Albert-Charles MEYER

 

Notre Président national adjoint nous a quitté Le Général de Brigade aérienne Albert-Charles MEYER est décédé le 6 mai. Ses obsèques ont lieu le vendredi 12 mai 2006 , en la Cathédrale Saint Louis des Invalides. Les Honneurs militaires lui ont été rendus à l’issue de la cérémonie religieuse.   Dès juillet 1940, il était officier de renseignements du réseau KLÉBER BRUNO. Il a été le fondateur du BRCS en Indochine et des Commandos Parachutistes de l’Air en Algérie.   Le Général MEYER était Grande Croix de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite; titulaire de la Croix du Guerre 39-45 et des TOE, et de celle de la Valeur Militaire. Il était également titulaire de la Croix de la Vaillance Vietnamienne.
HOMMAGE DU PRÉSIDENT DE A.A.S.S.D.N.

Albert-Charles MEYER, de l’agent de renseignement…

… au Général…

Qu’il est difficile de dire ” Adieu ” à un homme d’exception, un officier hors du commun et volontiers hors normes que l’on vénère el à qui l’on voue une affection quasi filiale !

Mon Général, Nous sommes deux aujourd’hui, le Général Lajoux ( NDLR : au nom des anciens Commandos Parachutistes de l’Air ) et moi-même, à vous exprimer, par delà les sentiments que nous éprouvons, la tristesse de vos compagnons, de vos amis si nombreux que vous avez marqués de votre gentillesse, de votre fidélité, de votre générosité, de votre sagacité mais aussi de votre courage, de votre abnégation, de votre sens inné du commandement, de votre autorité naturelle et de votre attachement à la Patrie, au cours de votre vie consacrée, d’une manière exemplaire, au service de la France.

Une vie qui se confond avec une carrière d’officier qui débuta avec la guerre pour ne prendre fin qu’aujourd’hui. Une vie d’officier de l’Armée de l’air bien atypique qui, de 1940 à 1962, vous fit parcourir les trois guerres auxquelles la France dut faire face et qui marquèrent notre histoire contemporaine tout autant que la vôtre ; une vie d’officier dont les chapitres majeurs s’intitulent ” Services Spéciaux ” et ” Commandos Parachutistes de l’Air “.

Dussions-nous enfreindre votre modestie, acceptez, mon Général, que nous en tracions les traits dominants car vous avez été pour nous un exemple et un guide.

Né à Belfort en mars 1921, vous êtes l’aîné de six enfants ; votre père, ancien combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et officier de réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne.

Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Vous avez 18 ans. Candidat à l’école de l’air, vous vous engagez pour la durée de la guerre comme élève pilote.

En mai 1940, vous êtes admis en stage d’aspirant à Agen mais la défaite bouleverse votre destinée et le 20 juin vous cherchez à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, vous êtes interné à Argelès ; vous vous évadez pour retourner à Belfort où vous apprenez que votre père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Vous gagnez alors la Suisse et vous vous mettez à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec vous il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber. Vous avez tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot vous a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement.

Désormais, votre vie bascule et dès juillet 1940, vous vous lancez à corps perdu da…




Sommaire du Bulletin : les Hommages particuliers

AASSDN – Extrait du Bulletin : Commandant Marandet
AASSDN – Extrait du Bulletin : Souvenir de Mg Boyer-Mas
AASSDN – Extrait du Bulletin : Souvenir de Maryse Bastié
AASSDN – Extrait du Bulletin : Hommage mémoire chef d’escadron Kerhervé
AASSDN – Extrait du Bulletin : A la mémoire d’André Sérot
AASSDN – Extrait du Bulletin : En souvenir amis américains : Cassady, Sabalot et Bob Schow
AASSDN – Extrait du Bulletin : Derniers jours d’André Aufranc
AASSDN – Extrait du Bulletin : En souvenir grand resistant André Aufranc et héroique épouse
AASSDN – Extrait du Bulletin : Allocution de Hector Ramonatxo
AASSDN – Extrait du Bulletin : de Tudesq à Alfasser : héros des Services spéciaux
AASSDN – Extrait du Bulletin : Fin glorieuse d’Alfasser et vengeance du groupe Morhange
AASSDN – Extrait du Bulletin : Inauguration square Robert Huguet – Chamalières
AASSDN – Extrait du Bulletin : Hommage à Polacci et Rosa par camarades prisons italiennes
AASSDN – Extrait du Bulletin : Hommage au général Giraud
AASSDN – Extrait du Bulletin : Le colonel Gasser
AASSDN – Extrait du Bulletin : A la gloire des Sous-Mariniers
AASSDN – Extrait du Bulletin : Mort de Marie Bell – une grande française ( souvenir )
AASSDN – Extrait du Bulletin : In memoriam
AASSDN – Extrait du Bulletin : Un héros – capitaine Paul Vellaud
AASSDN – Extrait du Bulletin : Gendarmerie de Saillagousse à l’honneur
AASSDN – Extrait du Bulletin : Deux héros honorés à Toulouse
AASSDN – Extrait du Bulletin : Maurice Recordier
AASSDN – Extrait du Bulletin : Les frères Recordier
AASSDN – Extrait du Bulletin : Décès du Général Chrétien
AASSDN – Extrait du Bulletin : Georges Pradines
AASSDN – Extrait du Bulletin : Henri Frenay
AASSDN – Extrait du Bulletin : Hommages des Alliés
AASSDN – Extrait du Bulletin : Capitaine Léon Lheureux
AASSDN – Extrait du Bulletin : Weygand
AASSDN – Extrait du Bulletin : Colonel Gallizia
AASSDN – Extrait du Bulletin : Pierre Griffi héros de la résistance Corse.
AASSDN – Extrait du Bulletin : Résistance héroïque du Capitaine André Mercier ( 1) et (2)
AASSDN – Extrait du Bulletin : Résistance héroïque du Capitaine André Mercier (3)
AASSDN – Extrait du Bulletin : Roger Wybot
AASSDN – Extrait du Bulletin : Guy Jousselin de Saint-Hilaire
AASSDN – Extrait du Bulletin : Mort de De…