Réarmement Français : le défi des poudres et explosifs
L’AASSDN partage cet article écrit par Alain Darney, un professionnel expérimenté dans le domaine des poudres et explosifs, principalement à usage militaire. Il met en lumière les défis auxquels la France est confrontée pour reconstruire sa filière d’armement face aux besoins actuels. Darney, ayant travaillé de 1971 à 2004 dans divers établissements de fabrication de poudres et d’explosifs, souligne les faiblesses de la France en matière d’armement, exacerbées par le conflit entre la Russie et l’Ukraine et le soutien des pays occidentaux à l’Ukraine.
L’auteur retrace l’histoire de l’industrie des poudres et explosifs depuis l’époque de Colbert, mettant en avant l’évolution de la fabrication de la poudre noire aux poudres modernes et explosifs militaires. Il note le passage de la gestion des poudreries sous l’égide de l’État à la SNPE (Société Nationale des Poudres et Explosifs) en 1970, une transition qui visait à répondre aux exigences européennes tout en conservant les personnels sous un statut adapté.
Les réorganisations et les fermetures d’usines qui ont suivi la création de la SNPE, ainsi que le démantèlement progressif de la SNPE au début des années 2000, ont aboutit à la dispersion de ses activités entre plusieurs sociétés sans liens entre elles, dont Eurenco pour les poudres et explosifs militaires et Ariane Groupe pour la propulsion stratégique.
La capacité de production actuelle de la France en matière de munitions, exacerbée par la guerre en Ukraine, semble préoccupante pour la sécurité nationale. En effet, la réduction drastique des capacités de production, comme à Bergerac, autrefois capable de produire 5000 tonnes/an de poudres à usage militaire, et aujourd’hui limitée à une capacité de production très limitée.
Alain Darney plaide pour une réflexion sérieuse sur la gestion des stocks de munitions et sur les capacités de production, suggérant que la France aurait dû conserver ses installations en sommeil, prêtes à être réactivées rapidement en cas de besoin, plutôt que de les démanteler ou les fermer, pour éviter les longs délais de remise en marche en situation de crise.