Jean Teissier, baron de Marguerittes, a joué un rôle clé dans la Résistance française et la Libération de Paris. En 1944, sous le pseudonyme de colonel Lizé, il prend le commandement des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la Seine et participe activement aux combats pour libérer la capitale. Opposé à une trêve avec l’ennemi, il ordonne l’édification de barricades, et Paris est finalement libéré le 25 août 1944. Après la guerre, il poursuit une carrière militaire et spirituelle, devenant prêtre en 1956.

Né le 1er juin 1882 à Constantine (Algérie), élève de l’Ecole centrale des Arts et Manufactures, il s’engage dans l’armée le 5 juillet 1905 et est affecté au régiment d’artillerie de Tarbes. Promu sous-lieutenant de réserve en octobre 1908, il intègre le 29e régiment d’artillerie. En 1913, il obtient les galons de lieutenant de réserve puis d’active en 1916 et passe au 63e régiment d’artillerie de défense contre avions (RADCA). Promu au grade de capitaine en janvier 1917, il rejoint le 63e régiment d’artillerie de campagne puis est détaché à la Direction de l’Aéronautique militaire en mai 1919. En 1925, il rejoint le service financier de l’Armée française du Rhin puis deux ans plus tard le 41e régiment d’artillerie divisionnaire à Périgueux. Jean Teissier est promu chef d’escadron le 25 septembre 1929.  Deux ans plus tard, il rejoint l’état-major du département de la Seine puis, en 1932, le parc régional d’artillerie d’Angoulême. Promu lieutenant-colonel le 25 décembre 1937, il prend le commandement du 74e régiment d’artillerie dépendant de la 1ère division légère mécanique.

Le 10 mai 1940, la 1ère DLM se porte sur la frontière belgo-néerlandaise et, de là, est contrainte à la retraite jusqu’à Dunkerque où elle est embarquée pour l’Angleterre. De retour à Cherbourg le 6 juin 1940, il reconstitue son régiment avec des éléments de fortune dans les environs de Chevreuse. Après avoir réquisitionné quelques véhicules, ils rejoignent le Puy-de-Dôme où ils arrivent le 16 juin.  Le 18 juin, le colonel de Marguerittes est convoqué d’urgence à Clermont-Ferrand où il doit prendre le commandement de la défense de la ville. Il est alors sous les ordres du général de Lattre. De Marguerittes apprend le 24 juin que l’armistice a été signé. Le 6 juillet, son régiment est dissous et le général de Lattre lui confie la fonction de Major de Garnison de Clermont-Ferrand, de Royat et de Chamalières et le promeut au grade de commandeur de la Légion d’honneur. Sa première préoccupation est d’organiser près de Clermont-Ferrand un camp destiné à recevoir les démobilisés, notamment ceux ne pouvant rentrer chez eux.  Il participe également aux activités naissantes d’un réseau d’évasion de prisonniers de guerre français.

Une nouvelle activité commence ensuite pour lui : le camouflage du matériel soustrait à l’ennemi. Ses nombreuses parentés en Auvergne lui facilitent le travail. Carrières, châteaux, fermes reçoivent des dépôts de toutes sortes (armes, munitions, véhicules…). En mai 1941, il est promu colonel de réserve puis est démobilisé à Bergerac. Il se retire à Manzac sur Vern (Dordogne). Il est alors contacté par le général de Beauchêne pour mettre en place un réseau de résistance armée. Le colonel de Marguerittes commence alors un travail de réorganisation clandestine de son régiment. Se sentant repéré, il entre dans la clandestinité au début de l’année 1943 et quitte la Dordogne.

En avril 1943, le colonel de Marguerittes entre en contact avec l’OCM à Bordeaux. Il accepte d’organiser l’Armée Secrète dans les départements des Landes et des Basses Pyrénées. Fin 1943, il prend le commandement de la région de Bordeaux dont le chef vient d’être identifié par la Gestapo. Traqué à son tour à la suite d’une tentative d’exécution de Grand-Clément convaincu de trahison, De Margerittes est affecté à Lyon en février 1944 et entre en liaison avec Ceux de la Libération.

Au début de mai 1944, le colonel de Marguerittes arrive à Paris sous le pseudonyme de colonel Lizé. Pierre Lefaucheux, commandant des FFI de la Seine, vient d’être arrêté par les Allemands. Le lieutenant-colonel Duc (Dauphin), responsable militaire de Libé-Nord, membre de l’état-major national FFI, lui propose de prendre le commandement des FFI de la Seine. Lizé accepte sa proposition.

A partir de cette date, le colonel Lizé met tout en œuvre pour préparer l’insurrection libératrice. Le 17 août au matin, il installe son PC au 1 rue Guénebaud, au coin du quai de Conti. La bataille de Paris commence réellement le 19 août. Le soir même, diverses hautes personnalités françaises de toutes obédiences interviennent auprès de Raoul Nordling, consul général de Suède, afin qu’il intervienne auprès du général Von Choltitz à l’effet de conclure une trève. Celui-ci accepte. Le colonel Lizé est farouchement opposé à cette trêve. Le 21 août au soir les combats reprennent. A 19h30, Lizé donne l’ordre d’édifier des barricades. Dans la nuit du 24 août, les premiers éléments de la 2e DB entrent dans Paris. Le lendemain, la ville est libérée.

Après la Libération, il est nommé président de la commission d’homologation des grades FFI de la Seine. En septembre 1945, le colonel de Marguerittes commande quelques temps la Place de Baden-Baden. Promu général de brigade le 25 février 1946, il est ensuite démobilisé pour atteinte de la limite d’âge. Il est alors appelé comme délégué français de l’UNRRA (Administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction) en Allemagne et chargé de mission, durant deux ans, de l’ordre souverain de Malte.

Veuf de Suzanne Duval qu’il avait épousé en septembre 1918, il entre au séminaire de Périgueux et est ordonné prêtre en 1956. Il devient alors curé de campagne.

Jean Tessier est décédé le 21 août 1958 à Grand-Brassac en Dordogne.

Décorations :

  • Grand Officier de la Légion d’Honneur
  • Croix de guerre 1914-1918
  • Croix de guerre 1939-1940
  • Médaille interalliée de la Victoire
  • Croix de guerre belge
  • Commandeur de l’Ordre de Léopold (Belgique).

Source : Musée de la Résistance

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