Il y aura cinquante ans, en juin 1990, que notre pays subissait la défaite la plus humiliante et la plus totale de sa longue histoire. Ce cinquantenaire tragique revêt cependant pour nous les Anciens des Services Spéciaux une signification autre que celle du souvenir d’une catastrophe dans la déses­pérance.

N’oublions jamais que grâce à la force d’âme du Colonel Rivet et de ses proches collaborateurs, parmi lesquels figurait un certain Capitaine Paillole, nos Services n’ont jamais cessé de faire la guerre à l’Allemagne nazie et à l’Italie fasciste.

Le 25 juin 1940, ce jour de deuil pour la France vaincue, demeure pour les Anciens du 2 bis repliés au Séminaire de Bon Encontre près d’Agen un jour d’espérance et, en fin de compte, de gloire. ” La mission du Service n’est pas terminée ” avait dit le Colonel Rivet.

Cette phrase est de la même veine que l’admirable ” Messieurs, la guerre continue ” du Général de Castelnau. Prononcée le jour même où entrait en vigueur un Armistice prescrivant la dissolution des Services Spéciaux elle ne constituait pas un simple défi à l’adversité.

C’était un ordre de contre-offensive générale donnée à une poignée d’hommes et de femmes par un grand chef qui ne se contentait pas de refuser de déposer les armes mais qui lançait ses maigres troupes dans une aventure prodigieuse préfigurant le succès final.

L’aspect prodigieux de cette aventure résidait dans le fait que, pour la première fois dans l’histoire des Services Spéciaux jusque-là auxiliaires précieux du Commandement en temps de paix comme en temps de guerre, se permettaient de prendre une initiative inouïe, celle de se lancer dans le combat de leur propre gré.

Que plus tard, quelques rares grands chefs, tel le Général Weygand, aient pris sur eux d’encourager et de couvrir cette initiative ne change rien au fait qu’un simple colonel en ait été l’inspirateur et le seul responsable.

Un demi-siècle plus tard, nous, les rescapés de l’aventure, et les jeunes qui sont venus grossir les rangs de notre Association, nous nous devons de commémorer ce jour glorieux de notre histoire (1).

Certes il ne s’agit pas de l’ériger en une de ces dates marquées en rouge sur les calendriers officiels. La commémoration doit être discrète comme il sied dans des Services Spéciaux dignes de ce nom.

Ayons tous, ce jour-là, une pensée ardente pour le repos de l’âme du Général Rivet et de ses subordonnés disparus et réjouissons-nous de ce que, grâce à notre Mémorial, les noms de nos morts glorieux se perpétuent dans la mémoire des Français.

Par la même occasion, remercions le ciel d’avoir toujours à notre tête un survivant exceptionnel de ce 25 juin 1940, notre Président National, le Colonel Paul Paillole, et souhaitons­lui de longues années de santé et de vigueur à la tête d’une Association qui lui doit tout.

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