Dans cet extrait de l’interview d’Eric Béranger, PDG de MBDA, accordée à la revue “Usine nouvelle”, il est question de l’importance de l’équilibre entre programmes nationaux et en coopération dans le modèle d’intégration de MBDA, une entreprise majeure dans l’industrie de l’armement, établie principalement en France, Allemagne, Royaume-Uni et Italie. Béranger souligne que la coopération est essentielle pour développer des systèmes de missiles avancés et maintenir la compétitivité, notamment face aux acteurs américains et israéliens. Il met en avant l’efficacité de ce modèle d’intégration qui permet à MBDA de proposer une gamme complète de systèmes couvrant toutes les menaces potentielles.

Commentaire AASSDN : MBDA est une entreprise établie dans 4 grands pays européens France, Grande-Bretagne, Italie et Allemagne), dont l’organisation originale permet à ces pays de développer des capacités souveraines ainsi que des programmes multinationaux. Ces derniers permettent à MBDA d’avoir une taille critique offrant une gamme complète de missiles au meilleur niveau technologique dont la moitié est exportée. L’AASSDN, dont les membres sont engagés dans la défense des intérêts fondamentaux de la Nation, est particulièrement intéressée par ce modèle d’intégration. Aussi  elle propose à ses lecteurs, un extrait des propos recueillis par l’excellente revue l’Usine Nouvelle, du PDG de MBDA : Eric Beranger.

MBDA est fortement établi dans quatre pays (la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie ) Quelle est la part de votre activité qui est issue des programmes nationaux, des programmes en coopération, de l’export ?
Notre modèle d’intégration repose sur un équilibre entre programmes en coopération et programmes nationaux. Nous sommes à la fois le champion national pour le
développement de capacités souveraines dans chacun des pays que vous citez, et un outil de coopération internationale pour développer des programmes multinationaux . La coopération est indispensable pour atteindre la taille critique nécessaire pour développer et offrir une gamme complète de systèmes de missiles à nos forces armées dans des budgets abordables. C’est aussi ce qui nous permet d’être présents sur le marché mondial : l’export représente la moitié de notre activité.
La plupart des programmes pour préparer le futur et développer des capacités critiques en Europe sont menés en coopération, qu’il s’agisse du programme FMAN/FMC dans le domaine des missiles antinavire et de croisière, récemment rejoint par l’Italie, du projet HYDIS2, coordonné par MBDA et réunissant 14 pays européens pour développer un intercepteur contre les menaces hypersoniques, ou encore du programme SCAF pour le futur avion de combat.

MBDA est reconnue comme l’entreprise européenne la plus intégrée dans l’industrie de l’armement. Sans ce modèle, MBDA pourrait-il être compétitif face à ses concurrents américains et israéliens ?
MBDA est un modèle à part, que beaucoup nous envient. Il nous permet d’être plus
compétitifs, en optimisant nos investissements, notre efficacité, et en pérennisant des
compétences grâce aux volumes de commandes. La coopération est primordiale pour faire face à cette concurrence que vous évoquez. Elle nous permet également d’être le seul acteur non américain du monde occidental capable de proposer une gamme complète de systèmes, couvrant l’ensemble du spectre des menaces pour les trois forces armées.


Quels sont les principaux avantages à cette intégration poussée ?
Les systèmes complexes que nous développons sont le résultat de cultures,
d’expertises, de capacités technologiques uniques en Europe, que nous avons choisi de mettre en commun. C’est sur cette volonté qu’a été fondé notre modèle d’intégration.
Chez MBDA la coopération est une opportunité, et non une contrainte ! Ce niveau
d’intégration nous permet de proposer à nos clients une gamme complète de solutions souveraines.
Les centres d’excellence sont l’exemple le plus abouti de coopération que nous
connaissons chez MBDA. Ils sont le résultat d’une initiative conjointe entre la France et le Royaume-Uni, permettant le développement en commun de capacités militaires
critiques pour les systèmes, à travers une logique de spécialisation entre les deux pays. Grâce à cette interdépendance, nous développons des technologies de pointe pour l’ensemble des programmes français et britanniques du groupe en étant plus efficaces et en maintenant une taille critique suffisante.

La mise en place d’une interdépendance entre les pays n’est-elle pas antinomique avec l’exigence de souveraineté industrielle et technologique défendue par ces mêmes pays ?
Non, ce n’est pas antinomique, et c’est la force de notre groupe, d’être à la fois au cœur de la souveraineté de nos pays tout en étant un champion de la coopération. Cette interdépendance est un choix que nous avons fait pour nous doter de capacités souveraines. Si on prend l’exemple du Scalp/Storm Shadow, c’est grâce à cette coopération franco-britannique que la France et le Royaume Uni ont pu se doter d’une capacité de frappe dans la profondeur, qui contribue à leur souveraineté.
L’interdépendance choisie, raisonnée, structurée, est parfois la condition pour accéder à la souveraineté industrielle.

Crédit image : MBDA

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