La poche de Colmar
Il est admis que la ville de Colmar a été libérée le 2 février 1945 après plus de quatre années d’occupation – ou plus exactement d’annexion par le IIIem Reich.
En réalité, ce n’est pas une seule bataille qui a délivré la ville, mais cette libération résulte d’une série d’actions offensives puissantes tendant à rompre le dispositif ennemi et à ébranler la 19e Armée allemande.
C’est d’abord, le 20 janvier une attaque sur le flanc sud de la poche par le 1er C.A. du Général BETHOUARD.
Puis, le 22 janvier, le 2e C.A. intervient sur le flanc nord de la 19e Armée Allemande, le Général de MONSABERT ayant en outre à protéger Strasbourg.
Le 28 janvier, le XXIe C.A. américain prend place entre nos 1er , et 2e C.A. et, renforcé par notre 5e D.B., déborde Colmar par l’Est, pousse énergiquement verrs Neuf Brisach et fait jonction en deux points avec le 1er C.A.
En outre, la 10e D.I. du Général BILLOTTE, sur la ligne des Vosges, maintenait un contact étroit avec les forces allemandes pour empêcher celles-ci de participer à la bataille proprement dite.
Tout cela se passa d’abord par un froid sibérien complété par de violentes tempêtes de neige ; puis un dégel imprévu créa par le débordement des rivières un problème supplémentaire à résoudre.
Mais le Général de LATTRE, par son omniprésence, obtint de ses subordonnés qu’il dominassent victorieusement toutes les difficultés.
LA SITUATION GENERALE FIN 1944 – DEBUT 1945
Avant d’exposer ce que fut la bataille de Colmar il me paraît utile de faire un rapide tour d’horizon de la situation générale, et singulièrement de celle de l’Armée française qui opérait aux côtés des forces alliées.
En novembre 1944, le Français moyen considérait que la guerre était pratiquement terminée puisque Paris était libéré ainsi que les autres grandes villes. A part quelques « poches », l’ensemble du territoire retrouvait progressivement une vie normale. Bien sûr, quatre années d’occupation n’étaient pas sans avoir laissé des séquelles. Des restrictions affectaient encore la qualité des menus familiaux. Il y avait aussi les prisonniers dont le nombre avait été accru par celui des travailleurs du S.T.O. Quant aux déportés, on en parlait mais sans trop connaître leur nombre ni l’étendue de la souffrance qu’ils enduraient. La presse d’alors ne donnait guère que des informations sommaires sur les activités militaires. A peine parlait-elle d’une armée française venue d’Afrique qui avait cependant mérité ses chevrons en Tunisie et en Italie, et qui, sous les ordres du Général de LATTRE, avait rejeté la 19e Armée allemande au-delà des Vosges.
La propagande ennemie, de son côté, omettait volontairement de mentionner les succès remportés par nos troupes, comme s’ils eussent été négligeables. Ce fait n’était d’ailleurs par nouveau, car pendant la Grande Guerre – il faut le remarquer, le même genre de propagande ne parlait qu’avec dérision de la « misérable petite armée du Général Pershing ».
Ne soyons donc pas surpris si le Français moyen, reprenant peu à peu ses habitudes, ne prêtait que peu d’attention à notre armée. Celle-ci, mis à part ceux qui l’avaient rejointe volontairement, était pour lui une armée de métier, qui, de plus, devait son armement, ses équipements et ses vivres à la puissance américaine.
Ajoutons que l’armée du Général de LATTRE, en raison des missions qui lui étaient confiées, semblait principalement destinée à couvrir le flanc droit du dispositif allié débarqué sur notre territoire, et plus particulièrement celui de la 7e Armée US du Général PATCH.
Mais le futur Maréchal de France voyait loin, tout en remplissant simplement sa mission. Outre la servitude qu’il avait de tenir le front des Alpes et d’organiser la destruction des éléments ennemis qui tenaient encore quelques points de notre côte Atlantique, il considérait comme un impératif absolu de libérer entièrement l’Alsace. Ainsi serait-il en mesure par la suite, en menant une campagne victorieuse au-delà du Rhin, de participer à la capitulation de la Wehrmacht et des formations orgueilleuses du régime nazi.
Cependant il fallait pour cela obtenir de nos alliés un accord de participation avec attribution d’une zone d’opération qui, plus tard, serait le territoire d’occupation à nous dévolu, après la victoire finale.
Les opérations de novembre 1944 n’avaient pas permis, faute de moyens suffisants, de réaliser la jonction avec LECLERC, le libérateur de Strasbourg, La 19e Armée allemande était fortement entamée mais demeurait encore redoutable, n’ayant livré face à nous que des combats retardateurs, tous empreints d’une grande violence.
La trouée de Belfort et Mulhouse étaient libérées. Il fallait à tout prix conserver sur cet ensemble l’avantage acquis. Et surtout il ne fallait pas que l’ennemi ait le sentiment exact du degré de fatigue de nos troupes. C’est pourquoi furent ordonnées des actions offensives à courte portée, mais réitérées, destinées surtout à conserver le contact sur le pourtour de la poche de Colmar, autrement dit du territoire encore contrôlé par la 19e Armée.
L’optique de nos alliés différait quelque peu de la nôtre. La partie sentimentale de la situation leur échappait. La poche de Colmar ne constituait à leurs yeux qu’une zone d’opération secondaire, d’autant plus que le G-2, par une fâcheuse interprétation de renseignements, laissait entendre que la 19e Armée, très affaiblie, se préparait à un repli progressif de l’autre côté du Rhin.
Évidemment la 1ère Armée française avait reçu en renfort la 2e D.B. du général LECLERC et la 36e D.I. US, mais avec la lourde hypothèque d’avoir à renvoyer sur la poche atlantique la 1ère D.F.L. et la 1ère D.B.
Il n’en restait pas moins que notre armée avait à tenir un front de 200 kilomètres avec des lignes de communications étirées et de faible débit. Avec cela, de dures réalités devaient intervenir à la mi-décembre.
LA MENACE SUR STRASBOURG
Faisant une sorte d’impasse sur le front oriental, le Führer ordonna la fameuse offensive des Ardennes dont il espérait la rupture du front américain. Le Maréchal von RUNDSTEDT disposait à cet effet de très gros moyens. Dans le même temps, une autre offensive non moins brutale était déclenchée en Alsace avec pour objectif la reprise de Strasbourg.
La situation était devenue suffisamment grave pour que le Commandement Suprême Allié pût envisager de sacrifier Strasbourg, d’opérer un repli d’ensemble à l’ouest de la ligne des Vosges en attendant de pouvoir déclencher une vaste contre-offensive.
Pour nous Français il ne pouvait être question de voir abandonner presque sans combat la capitale de l’Alsace, et moins encore de voir les couleurs du IIIem Reich flotter de nouveau à la flèche de la cathédrale.
Le Général de LATTRE, fortement appuyé par le Général de GAULLE, chef du gouvernement, et par le Général JUIN, chef d’E.M. de la Défense nationale, avec la plus grande fermeté des trésors de diplomatie persuasive qu’il savait mettre en oeuvre quand la situation l’exigeait.
La réponse fut nette : c’était aux troupes françaises qu’incombait la défense de la ville, en dépit du repos qui leur était nécessaire, et cela sans espérer une aide américaine, car le Général PATCH – 7e Armée US – avait à faire avec la puissante tête de pont que l’ennemi avait réalisée à Gambsheim.
Il fallait faire face à l’immédiat, et c’est d’abord avec une poignée d’hommes se résumant à un groupe d’escadrons de gardes mobiles – les FFI locales ne dépassant pas la valeur numérique d’un bataillon et la fameuse brigade Alsace-Lorraine d’André MALRAUX – que le Général SCHWARZ réussit à contenir les premières tentatives allemandes vers Strasbourg.
Dès que ce fut possible – avec l’intervention de la 3e D.I.A., puis de la D.F.L., la défense de la ville prit une allure offensive destinée à gagner du temps en fixant l’ennemi.
BATAILLE DU RENSEIGNEMENT
Pourtant le Général de LATTRE avait déjà conçu la manoeuvre qui devait contraindre l’adversaire à évacuer la poche de Colmar et, par extension, à abandonner la tête de pont de Gambsheim. Le facteur ennemi était bien connu de lui, tout au moins pour ce qui concernait les G.U. au contact ou y intervenant.
Les moyens dont il disposait étaient les suivants : articulées en deux C.A. : 2èm DB (1er et 5e), la 3èm D.LA., la 1ère D.F.L., 2 divisions marocaines : 21èm D.I.M. et 4èm D.M.M. (cette dernière étant encore dépensée sur le front des Alpes) et la 91èm D.I.C. ; s’y ajoutaient des éléments de Réserve Générale comprenant les fameux Tabors marocains, les bataillons et commandos de choc, le régiment de Chasseurs para et une artillerie de renforcement. Il obtint en outre du Général de GAULLE l’intervention de la 10èm D.L formée à partir d’unités F.F.I. qui avaient fait leur preuve mais dont l’insertion dans le dispositif de l’Armée nécessitait un certain délai.
Un chef a toujours besoin de renseignements, aussi bien pour la sûreté des troupes que pour la sienne propre – et aussi pour mettre le facteur temps de son côté.
Le Général de LATTRE disposait à cet effet du S.R.O. (1) – survivance de notre SR. traditionnel dont les antennes étaient adaptées à chacune des G.U. engagées -; juxtaposée au S.R.O. une section du T-R (2) dont nous verrons qu’elle fut extrêmement utile.
En face d’un front continu, le S.R.O. était en mesure de fournir aux G.U. des renseignements sur les zones de contact et leurs arrières immédiats, mais il se trouvait en défaut pour ce qui concernait la profondeur de l’adversaire, tant pour les réserves d’armée que pour les renforcements qui pouvaient provenir du Reich. Fort heureusement la liaison étroite qu’il entretenait avec le Colonel POURCHOT, chef de « Bruno », notre poste de Berne, permettait de combler cette lacune, du moins partiellement.
Il y avait aussi, car tout grand chef a des informateurs personnels, les excellentes relations que le Général entretenait avec M. René PAYOT, une éminente personnalité helvétique. Par cette voie il recevait les connaissances que le Commandement de l’Armée suisse pouvait obtenir, avec toutefois une certaine réserve. En effet, les services du Reich ne manquaient pas de faire parvenir par des voies diverses des informations apparemment recoupées contenant aussi des renseignements incomplets ou même faux, enveloppés d’indications valables et vérifiables, mais appartenant déjà au passé. L’O.K.W. laissait ainsi supposer que malgré l’évolution de la situation sur le front oriental, il conservait une entière liberté d’action. Ce n’était ni plus ai moins qu’une manœuvre d’intoxication dont le 2èm Bureau de l’Armée n’était pas dupe.
Le Général de LATTRE demanda donc au S.R.O, de rechercher à tout prix des renseignements valables à son échelon.
Une équipe de deux jeunes officiers, à la fois choisis et volontaires, fut donc implantée au Wurtemberg avec l’aide de « Bruno » et de certains officiers du S.R. helvétique. Leur mission ne devait durer que 10 à 15 jours. Tous deux, habillés en « Gefreiter » et pourvus de papiers de volontaires de la Wehrmacht disposaient de titres de convalescence pour maladies contractées sur le front russe. Tout se passa pour le mieux. Il faut dire qu’ils bénéficièrent de complicités plus ou moins inconscientes, car beaucoup d’Allemands, sentant approcher la défaite et l’écroulement du régime nazi, éprouvaient le besoin d’étaler ce qu’ils savaient devant ces jeunes hommes censés risquer leur vie pour une cause qui n’était pas la leur, ni même celle du peuple allemand. Il n’y eut d’alerte pour eux qu’au retour. Alors qu’ils franchissaient la frontière helvétique, des hommes du « Grenzwache » les prenant sans doute pour des déserteurs ouvrirent sur eux un feu heureusement imprécis et sans résultat.
Grâce à eux, le Général de LATTRE apprit ce qu’il désirait savoir sur les possibilités de renforcement de la 19e Armée et que la D.G.S.S. beaucoup plus préoccupée par la politique n’était pas en mesure de lui fournir. Outre les unités qui pouvaient intervenir au profit de la 119e Armée, ils signalèrent la réalisation du Messerschmitt 262 – avion de chasse à réaction destiné à intervenir sur les deux fronts et dont la cadence de sortie était encore très faible.
Ayant ainsi acquis une connaissance à peu près totale de l’Ordre de Bataille ennemi, le Général pouvait en déduire l’existence d’un certain équilibre des moyens en présence. Toutefois, si en matière d’engins blindés la 1ère Armée française détenait l’avantage du nombre qualitativement, les chars allemands l’emportaient dans les domaines de la portée efficace de leurs armes et la valeur de leurs blindages. En revanche l’artillerie française dominait indiscutablement celle de l’ennemi, malgré les tirs intermittents de pièces lourdes – sur voie ferrée, qui à l’abri du Kaiserstuhl harcelaient dangereusement nos unités. Enfin l’aviation amie avait la maîtrise de l’air et son intervention dans une bataille au sol n’avait à redouter que la « Flak » et éventuellement une météo défavorable.
Il fallait donc imposer sa volonté à un adversaire bénéficiant des avantages d’une position centrale, en le trompant sur ses propres intentions et en particulier sur sa véritable direction d’effort.
C’est ainsi que le 3èm Bureau fut amené à établir, dans le plus grand secret et sans connaître exactement les véritables intentions du « patron », une I.P.S. et des instructions complémentaires qui furent présentées à la signature du Général.
En fait, le véritable destinataire de ces documents « Top Secret » n’était autre que le général commandant la 19e Armée allemande.
La Section T.R., grâce à un « W » bien placé, put faire parvenir ces documents à leur destinataire en « les lui communiquant pour une courte durée » sous le prétexte qu’ils n’avaient pas été dérobés mais simplement « empruntés », compte tenu de leur importance.
Il fallait en outre matérialiser ponctuellement les ordres du Général de LATTRE. On introduisit pour ce faire une division blindée toute fraîche… mais fictive, dans le réseau radio de l’Armée, tandis que certains de ses chars, circulant ostensiblement, attiraient l’attention des agents de renseignement ennemis.
Ajoutons que dans la zone du 2e C.A. certains mouvement d’unités transportées purent être observés.
LES DERNIERS PREPARATIFS
Ayant ainsi contraint l’adversaire à l’expectative et à un gaspillage des possibilités que lui offraient ses lignes intérieures, le Général put s’assurer du facteur « temps ». Désormais son « Plan de Noël » allait prendre une tournure concrète en tendant à l’exécution d’une offensive de rupture.
Entre-temps la bataille pour Strasbourg avait été gagnée, mais au prix de lourds sacrifices. La 3èm D.I.A. et la 1ère D.F.L. s’y employèrent avec plus que du courage – pour ne citer que l’héroïsme du BM.24/Bataillon de Marche du Pacifique qui n’a que peu d’équivalents dans notre histoire.
Aux côtés de nos troupes, le 6e C.A. US abandonnant toute idée de repli et malgré des pertes sérieuses se battit victorieusement dans la région de Gambsheim.
Notre 1er C.A. recevait dans son dispositif la 4èm D.M.M. encore limitée à 2 Régiments d’Infanterie et à un groupe d’Artillerie, le reste de ses moyens devant arriver ultérieurement du fait des difficultés des transports routiers. Cette belle division reçut en partage – en raison des qualités naturelles de ses personnels, les contreforts des Vosges épaulant à l’Est-Sud Est la 10èm Division (Billotte) qui malgré un retard d’une dizaine de jours prenait à son compte le secteur des Vosges et des crêtes.
Il restait à résoudre le problème de la logistique sans laquelle une armée moderne peut devenir inopérante. Ce fut l’oeuvre du 4èm Bureau de l’Armée, lequel devait parvenir à approvisionner nos C.A. en munitions, en carburant et en vivres en vue de toute la bataille, tout en préservant absolument le secret des opérations.
De plus, il fallait prévoir les évacuations, tant du fait des intempéries que – surtout – des pertes sensibles que l’adversaire ne manquerait pas de nous infliger. Le réseau routier dont nous disposions n’avait qu’un faible débit, tout comme la voie ferrée unique qui nous reliait aux bases méditerranéennes.
Le Colonel ALLARD, chef du 4èm Bureau, fit de véritables acrobaties, car le commandement n’entendait pas différer d’un jour la date prévue pour le déclenchement de l’offensive. L’insistance du Général de LATTRE nous valut heureusement de bénéficier de certaines priorités sur les axes de circulation.
LE 1er CORPS D’ARMÉE PASSE A L’ACTION
Enfin le 20 janvier 1945 ce fut – en accord avec les Alliés, l’attaque non pas sur la direction Nord-Sud comme le prévoyait le Commandant de la 19e Armée allemande (préalablement intoxiqué comme nous l’avons vu, et de plus alerté par les mouvements de troupes dans la zone de notre 2e C.A.), mais par le 1er C.A. du Général BETHOUARD.
Un déluge d’artillerie réalisé par 102 batteries s’abattit sur un ennemi totalement surpris. Toutefois, le général RASP qui commandait la 19e Armée allemande disposait d’excellentes troupes et avait reçu le renfort de la fameuse brigade blindée SS « Feldhernhalle » et de la 2e Division de Montagne en provenance de Finlande. Même surpris, l’adversaire du Général de LATTRE pouvait faire face à toutes les éventualités grâce au dispositif resserré de son armée. De plus, dès le début de l’offensive française, une tempête de neige d’une rare violence vint contrarier sérieusement l’action du 1er C.A. attaquant d’Ouest en Est avec la 4èm D.M.M., la 2èm D.I.M. et la 9èm D.I.C. ; la 1ère D.B. étant son élément de manoeuvre.
La 4èm D.M.M. appuyée aux contreforts des Vosges, est bloquée peu après son démarrage, les chars ne pouvant accompagner ses mouvements.
Au centre, la 2èm D.I.M., bien que placée au départ dans des conditions aussi difficiles, réussit à atteindre la forêt de Nonenbrück, la route de Thann à Mulhouse et à aborder Cernay par le sud, le tout se soldant par un gain de 5 kilomètres.
Enfin la 9èm D.I.C. opérant dans un secteur comportant un véritable enchevêtrement de petites localités, réussit grâce à un audacieux coup de main du 23èm R.I.C. à s’emparer d’un passage sur la Doller ; puis, énergiquement appuyée par le CCI de la 1ère D.B., libère dans la foulée Pfalstatt, Lutterbach, Bourtzwiller, Illzach et Kingersheim, repoussant chaque fois de vives réactions de l’ennemi.
Finalement cette première journée ne donne pas les résultats escomptés. Toutefois elle permet d’apprécier l’allant et la combativité des jeunes Français qui avaient assuré, au sein de la 9èm D.I.C. les éléments africains en raison des rigueurs du climat.
La journée du 21, avec des conditions atmosphériques inchangées, n’apporte pas les succès souhaités.
La 4èm D.M.M. en est réduite à repousser des contre-attaques ennemies.
La 2èm D.I.M. subit elle aussi une très dure contre-attaque, mais parvient à reprendre le terrain perdu la veille, et même à réaliser une légère avance .
La 9èm D.I.C. enfin, se heurtant à une très forte résistance allemande, peut ici et là grignoter le dispositif adverse.
Le 21 janvier au soir, le Général BETHOUARD constatant la baisse du moral et la fatigue de ses troupes, exprime au Commandant en Chef la nécessité d’adopter pour un temps une attitude défensive. Mais le Général de LATTRE est inflexible et au cours d’un contact direct avec les cadres supérieurs du 1er C.A., il maintient l’ensemble de ses directives – son intention étant de déclencher le lendemain l’offensive du 2e C.A. – l’autre mâchoire de l’étau qui doit enfermer la 19e Armée allemande. Il ne peut laisser aucun répit à l’ennemi.
Le 22 janvier, les conditions atmosphériques sont encore plus mauvaises que les jours précédents. Mais est-ce l’influence personnelle du Commandant en Chef ? Toujours est-il que le 1er C.A. reprend son offensive en dépit de la fatigue et de l’insuffisance de sommeil. La 4èm D.M.M. s’empare de Reiningue tandis que la 9èm D.I.C. repousse de fortes contre-attaques en infligeant de lourdes pertes à l’ennemi.
Dans la nuit du 22 au 23 janvier, cependant que le 2e C.A. s’apprête à entrer en action, des remaniements de détail sont opérés au sein du 1er C.A.
La 4èm D.M.M., adoptant une attitude défensive, relève la gauche de la 2èm D.I.M. pour permettre à celle-ci de concentrer ses efforts tandis que des éléments F.F.I., ayant reçu les numéros de tradition du 2èm B.C.P. et du 152èm R.I., s’insèrent entre la 2èm D.I.M. et la 9èm D.I.C.
Au cours des trois jours suivants le 1er C.A. obtient quelques succès de détail. C’est ainsi que la 9èm D.I.C., appuyée par les CC1 et CC3 de la 1ère D.B. finit, après s’être emparée de plusieurs localités, par capturer une centaine de prisonniers appartenant pour la plupart à la Brigade SS « Feldhernhalle ». De son côté la 2èm D.I.M. réalise une poussée en direction de Wittelsheim.
L’ENTREE EN JEU DU 2e C.A.
Comme prévu, le 2e C.A. entre en jeu dans la nuit du 22 au 23 janvier 1945.
La 1ère D.F.L, et la 3e D.I. US attaquent conjointement en direction du Sud-Est à partir de la ligne Grieman-Ostheim. La forêt communale de Colmar et Illhausern sont atteints ; une tête de pont sur l’Ill est réalisée.
L’ennemi réagit avec le gros de ses blindés. Arrêté par nos feux d’artillerie, il conserve cependant des passages sur la Fecht.
La 2èm Division de Montagne, encore incomplète, intervient dans cette action sans toutefois faire preuve de mordant – composée en grande majorité d’Autrichiens elle ne semble pas (aux dires des prisonniers) animée des mêmes sentiments que les autres G.U. de la 19e Armée. Celle-ci, persuadée d’autre part que notre objectif était Colmar, a immobilisé pour la défense de la ville des unités qui auraient pu intervenir dans la bataille en cours.
Les combats font rage jusqu’au 27 janvier en vue de la possession de Jebsheim et de Grüssenheim. Des deux côtés les belligérants sont épuisés. Finalement les légionnaires de la 13èm Demi-Brigade parviennent, avec l’appui des chars de la 2èm D.B., à s’emparer de Grüssenheim. La 1ère D.F.L. tient les positions acquises jusqu’à la matinée du 29, lorsque l’ennemi qui tente de revenir en force depuis plus de 24 heures finit par lâcher pied sous les tirs combinés de notre artillerie et de nos chars.
L’adversaire laisse plus de 200 tués sur le terrain et autant de prisonniers. Les pertes françaises sont, hélas, également lourdes avec 20 officiers et 300 gradés et hommes de troupe hors de combat. A noter que cette affaire a fait apparaître la qualité des blindages des chars allemands « Tigre » et « Panther », invulnérables à nos projectiles anti-chars. Il fallut faire donner l’artillerie, avec ses obus fumigènes, pour détruire un certain nombre de ces blindés.
Ce fait d’armes du couple 1ère D.F.L./2èm D.B. donne lieu à une exploitation immédiate.
Le 30 et le 31 janvier nos troupes poussent en direction du Rhin et, le 1er février, s’emparent de Markolsheim.
LE GENERAL DE LATTRE PREPARE LA DERNIÈRE PHASE
Le Général de LATTRE sent que la partie est sur le point d’être gagnée. Pour emporter la décision il lui faudrait un appoint de troupes fraîches. Le 6e Corps d’Armée US dont il dépend finit par accéder à ses demandes. Il faut dire qu’entre temps l’offensive de von RUNDSTEDT s’est soldée par un échec et que le Haut Commandement américain dispose de réserves. C’est ainsi que le 21e C.A. US – dont les 3e et 28e D.I. se trouvaient déjà en place dans notre dispositif, est mis à la disposition de la 1ère Armée française qui reçoit l’appoint de la 75èm D.I. et surtout de la 2èm D.B. US.
Sûr du résultat final, le Général de LATTRE prend l’engagement de remettre ces G.U. à la disposition de l’échelon supérieur à la date du 10 février. En même temps le Commandant en Chef de la 1ère Armée française se voit accorder un sursis en ce qui concerne l’envoi de deux de ses divisions sur la poche de Royan.
Le 21e C.A. US prend donc place entre les 1er et 2e C.A. français, cependant que la 1ère D.F.L. et la 2èm D.B. (LECLERC) reçoivent la mission de liquider les poches résiduelles ennemies à l’ouest du Rhin. Il s’agit là d’éléments sacrifiés pour permettre l’évacuation à l’est du fleuve des débris de la 19e Armée. Celle-ci avait reçu l’ordre formel de tenir jusqu’au dernier homme la « tête de pont Alsace », mais le Général RASP ne se faisait plus aucune illusion.
Tout pouvait donc aller très vite. Dans la zone du 2e C.A., depuis la prise d’Erstein et de Markolsheim, l’ennemi ne disposait plus du côté Est que d’un étroit couloir entre l’Ill et le Rhin.
Au sud, le 1er C.A. poursuivait patiemment le « grignotage » auquel il avait été contraint par la force des choses. Bloqué devant Cernay, il poussait en direction de Wittelsheim et de Vieux Thann.
Le 21e C.A. US entra en action le 28 janvier au soir, et cela se sentit d’autant mieux que les divisions américaines disposaient d’un soutien logistique permettant toutes les audaces. La 75èm D.I. ne devait toutefois intervenir que le 1er février.
LA BATAILLE DE COLMAR
Disposant désormais de 3 C.A. (13 divisions + les éléments de réserve générale) – soit près de 400.000 hommes et 1.000 pièces d’artillerie, le Général de LATTRE est à même de passer à la dernière phase de son plan.
Son objectif prioritaire est Brisach sur lequel convergent les actions de ces Corps. En même temps il se réserve des effectifs en bordure du Rhin de Markolsheim pour renforcer si nécessaire la défense de Strasbourg.
Le 21e C.A. US qui dispose (outre les divisions américaines mentionnées plus haut) de notre 5èm D.B. (Vernejoul), du 1er Groupement de Choc et de notre 1er Régiment de Parachutistes, est chargé de l’effort principal. Il doit forcer sur Brisach en effectuant sa jonction avec le 1er C.A. Français et libérer Colmar entre temps si les circonstances le permettent.
La 3e D.I. US et la 5èm D.B. franchissent le Canal de Colmar dans la nuit du 29 au 30 janvier et atteignent Widensolen le 1er février. Plus à l’Est, grossies des commandos de choc et du 1er R.C.P., elles se heurtent à une défense ennemie extrêmement forte.
A l’Ouest, la 75e D.I. US, appuyée par le CC4 (SCHLESSER) de notre 5èm D.B., prend pied à Horbourg et progresse au delà en mettant l’ennemi en situation critique.
Mais la Météo favorise une fois de plus l’adversaire. Un printemps inattendu provoque prématurément une fonte des neiges transformant ruisseaux et rivières en fleuves et détruisant bon nombre de ponts indispensables. Les troupes du génie doivent de ce fait accomplir des prodiges pour permettre – au prix de lourdes pertes, la poursuite de l’offensive. Grâce aux sapeurs américains et français, la progression reprend à un rythme accéléré.
Au Nord, le 21e C.A. atteint le Rhin le 31 janvier, obligeant l’ennemi à décrocher.
Le 21e C.A. US, renforcé par la 2èm D.B., déborde Colmar par l’Est et le Sud-Est et pousse en direction de Brisach. L’ennemi qui s’attend toujours à une attaque en force de Colmar par le Nord, maintient inutilement des forces dans la ville au détriment de sa manoeuvre d’ensemble.
Le Général RASP tente alors de protéger le repli de son armée par Brisach en lançant une contre-attaque désespérée sur Ibshiem en y consacrant toute son artillerie et ses blindés disponibles. Après un succès partiel, ses troupes subissent en deux jours de combat de très lourdes pertes et sont contraintes au repli.
Le Général de LATTRE estime alors que les circonstances sont devenues favorables pour que Colmar puisse être cueillie comme un fruit mûr ». Sans pour autant abandonner l’objectif de Brisach prévu, il ordonne au 21e C.A. US de maintenir sa pression vers l’Est (75e D.I. US) sur Sundhoffen et Andolsheim et d’attaquer Colmar par surprise (28e D.I. US).
Le 2 février, peu avant midi, nos blindés du CC4 (Général SCHLESSER) qui, par un geste chevaleresque du 21e C.A. et de la 28e D.I. US, avaient reçu l’honneur d’entrer les premiers dans la ville, arrivaient sur la place Rapp. Le nettoyage ne demandera guère que deux jours. Nous reviendrons plus loin sur le détail de cette manoeuvre au résultat capital, car la poche de Colmar était encore partiellement tenue par un ennemi dont il fallait couper la retraite.
Au 1er C.A. – simple coïncidence peut-être, tout s’accélère avec la nouvelle de la prise de Colmar.
Le 3 février, la 4èm D.M.M. s’empare de Cernay la 2èm D.I.M. entre à Wittelsheim tandis que la 9èm D.I.C. atteint la route Wittelsheim-Ensisheim et aborde ce dernier village au cours de la nuit. Il lui faudra néanmoins 24 heures pour le conquérir.
Le 4 février, la 4èm D.M.M. est à Rouffach et fait jonction le lendemain matin avec la 12èm D.B. du 21e C.A. US ; le 1er C.A. pousse le 6 février vers Chalampé et s’empare de Fessenheim le 7 tandis que l’E.M. de la 19e Armée allemande l’avait abandonné la veille.
Les derniers bouchons ennemis s’effondrent un à un le 9 au matin ; la 2èm D.I.M. et la 9èm D.I.C. bordent le Rhin, et à 8 h les derniers éléments ennemis se replient en territoire allemand en faisant sauter le pont de Chalampé.
C’est la fin de la « tête de pont Alsace ».
Au Nord, les opérations se déroulent sur un rythme analogue. Le 21e C.A. US s’empare sans coup férir de la citadelle de Neuf Brisach (3e D.I. US). Pivotant autour d’elle, les 28e, et 75e D.I. US et la 2èm D.B. française foncent sur Chalampé. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, la jonction avec le 11e C.A. s’effectue le 5 février et se renforce le 7. Dans la journée du 8, c’est le nettoyage de la Forêt de Hardt et le 9 c’est, répétons-le, le repli définitif des débris de la 19e Armée.
Enfin sur la ligne des Vosges, la 10èm D.I. du Général BILLOTTE participe également à cette phase ultime de la bataille en nettoyant les vallées de la Fecht et de la Lauch dans les journées du 4 et du 5 et en liquidant le noyau de résistance du Hohnek. La route des crêtes est dépassée après la chute de Markstein et du Grand Ballon. Prenant liaison avec la 4èm D.M.M., la 5èm D.B. achève le nettoyage des contreforts des Vosges en s’emparant d’Osenbach et, dans la journée du 6 février, de Soulzmatt, dernier point où l’ennemi marque encore une volonté de tenir.
UN BILAN GLORIEUX
La bataille de Colmar s’achève donc victorieusement le 9 février 1945 et le Général de LATTRE peut, comme prévu, remettre le 21e C.A. à la disposition du Haut Commandement U.S.
Chèrement acquise, la victoire n’en est pas moins incontestable. La 19e Armée allemande a laissé entre nos mains plus de 20.000 prisonniers, 70 chars et 80 canons. Selon nos estimations les plus vraisemblables, elle a perdu 6 à 7.000 tués et au moins 25.000 blessés non remplacés. Néanmoins, elle a pu replier à l’Est du Rhin de 40 à 50.000 combattants.
De notre côté, les pertes sont sévères : 2.437 tués dont 542 US, près de 12.000 blessés dont 2.700 US. En outre il y eut plus de 7.000 hospitalisations pour gelures, maladies ou accidents.
Mais il y avait la joie intense d’avoir conservé à l’Alsace – et intactes, ses capitales Nord et Sud, et d’avoir délivré les populations de la plus lourde oppression. C’était du positif qui cependant ne pouvait empêcher le Commandant en Chef de penser à tous les jeunes hommes et à tous les officiers qui, par leur sang, en avaient payé le prix.
Si la jonction Nord et Sud avait pu s’opérer selon ses prévisions, la 19e Armée allemande tout entière aurait disparu de l’Ordre de Bataille ennemi. Une exploitation immédiate du succès aurait peut-être pu s’opérer alors en plaine de Bade. Mais il fallait faire face aux nouvelles réalités et tenir solidement la rive française du Rhin ; mettre à l’instruction et intégrer les formations françaises issues de la Résistance, afin de permettre à notre Armée de jouer un rôle prépondérant dans la nouvelle campagne qui allait s’ouvrir sur le territoire du Reich.
Mais ce futur sort des limites de notre exposé.
RETOUR A LA LIBÉRATION DE COLMAR
Revenons donc à la Libération de Colmar – que nous avons à peine mentionnée, en nous référant au journal de marche de la 5èm D.B. et à quelques témoignages de combattants.
Mis à la disposition du 21e C.A. US, le CC4 opérant en liaison avec la 3e D.I. US avait accentué le débordement de Colmar par l’Est et s’était emparé de Wihr et de Plaine, le 30 janvier.
Le 1er février, en liaison avec la 75e D.I. US, elle avait occupé Horbourg, localité au nord-est de Colmar et, tout près de l’agglomération, elle avait pris Andolsheim et abordé Sundhoffen.
C’est à ce moment que le Général de LATTRE décida de s’emparer de Colmar. La 75e D.I. US opéra une diversion sur Andolsheim avec une forte démonstration d’artillerie, cependant que le CC4 – mis à la disposition de la 28e D.I. US, prenait toutes les mesures nécessaires pour attaquer Colmar par le nord, le 22 février au matin. Pour cela il dut effectuer, pendant la nuit du 1er au 2, une conversion par Bischwihr, Riedwihr et franchir l’Ill au pont de la Maison Rouge.
L’attaque démarra à 7 h mais se heurta à un large fossé anti-char déjà bordé par le 109e Régiment d’Infanterie US. Un trou découvert permit à deux des sous-groupements (Préval, puis du Breuil) de s’y engouffrer au prix de quelques escarmouches qui nous valurent de faire une cinquantaine de prisonniers. Vers 11 h 30, le sous-groupement Préval arrive sur la place Rapp. Du Breuil le dépasse, traverse la ville en trombe et libère Wintzenheim au sud-ouest de Colmar. En fin d’après-midi, Wettolsheim et Equisheim sont libérés.
Le 1er R.E.C. intervient à son tour et atteint Herzlisheim. L’ennemi totalement surpris n’abandonne pas pour autant la partie. L’est et le sud-est de la ville sont encore assez solidement tenus par des nids de résistance. De petites contre-offensives sont même déclenchées, mais repoussées.
Durant la nuit, le Bataillon de choc et le 1er R.C.P., appuyés par les chars, procèdent au nettoyage de la ville et des faubourgs du sud-est. Cette affaire dure encore toute la matinée du 3, et au début de l’après-midi les autorités civiles peuvent être accueillies par les libérateurs.
Bien sûr, c’est la 5èm D.B., et surtout le CC4 qui ont libéré la ville, mais ce fait d’armes résulta de l’ensemble de la manoeuvre conçue et ordonnée par le Général de LATTRE et exécutée par la totalité de l’Armée : le 21e C.A. US ; les 1er et 2e C.A. et les éléments non-indivisionnés, y compris l’aviation qui, chaque fois qu’elle put intervenir pesa de tout son poids dans la balance du succès.
Nous avons vu qu’après la libération de Colmar, le gain définitif de la partie n’était plus qu’une question de quelques jours.
Avec une joie intense, la ville de Colmar retrouva rapidement son rythme antérieur d’activités et manifesta sa gratitude aux libérateurs. La population tout entière s’était massée le 8 février pour acclamer les troupes américaines et françaises, ne ménageant pas les applaudissements aux uns comme aux autres et dont les chefs eurent largement leur part.
Le 152èm R.I. – notre glorieux 15-2 reconstitué et ayant participé à la bataille retrouvait sa garnison de tradition. Le 10 février, en présence du Général de GAULLE, il recevait son drapeau auquel était attaché le titre de 1er Régiment de France.
Nos Alliés non plus, notamment le Général EISENHOWER, Commandant Suprême des Forces Alliées, et le Général DEVERS, Commandant le 6e Groupe d’Armées, ne ménagèrent pas leurs félicitations en soulignant l’étroite fraternité d’armes qui avait marqué toute la bataille.
Mais tous les grands événements ont leur épilogue. Un an plus tard, le Général de LATTRE devenu Chef d’État-major Général de l’Armée reçut partout en Alsace les témoignages inoubliables de la reconnaissance des populations. Et au cours d’une imposante prise d’Armes qui eut lieu à Strasbourg, M. BOLLAERT, Haut Commissaire de la République, lui remit en souvenir de ses victoires une réplique du sabre du Général KLÉBER, identique à celui que porte sur sa statue le héros des Guerres de la Révolution. Dans son allocution, M. BOLLAERT ajouta même que « si le grand empereur vivait encore, il eût décerné au Général de LATTRE le titre de « Prince d’Alsace »…, et ceci aux vibrants applaudissements de la population.
Mais je précise que nous qui étions sous ses ordres avions pris les devants. Une tradition du Moyen-Age voulait que le chef victorieux fût élevé sur le pavois par ses Guerriers et reçût le titre de Roi. Et c’est spontanément que nous avions déjà décerné à notre Grand Chef le titre respectueux et empreint d’affection de « Roi Jean ».