Hommage au Général Jean Pichot-Duclos (2011)

 

Jean Pichot-Duclos

Le général Pichot-Duclos est décédé mardi 8 mars 2011, après-midi.

Saint-Cyrien de la promotion 1956-1958 GENERAL LAPERRINE, le général Jean Pichot-Duclos a servi en Algérie au 1er REP avant d’accomplir l’essentiel de sa carrière en corps de troupe dans les bataillons alpins.

A l’issue de son temps de capitaine, il suit les cours des langues orientales et de relations internationales de “Sciences Po”, se préparant ainsi au rôle essentiel qu’il jouera plus tard dans le renseignement français et plus particulièrement dans l’Intelligence économique.

Il commande ensuite le 27°BCA.

En pleine Guerre froide, il effectue trois séjours en Europe de l’Est, deux à Prague et un à Varsovie comme attaché militaire.

Nommé général, Il commande pendant 4 ans, à Strasbourg, l’Ecole Interarmées du Renseignement et des Etudes Linguistiques (EIREL).

Quittant le service actif en 1992, il entre à DCI – Défense Conseil International – où il crée une cellule d’intelligence économique, qui a participé activement aux travaux de la Commission Martre. En 1997, il a fondé avec Christian Harbulot l’Ecole de Guerre Economique, l’EGE.
Il avait rejoint l’AASSDN dès 1992 et avait été élu au conseil d’administration. Durant plusieurs années, il avait assuré la charge de Délégué régional.

L’homme sans qui rien ne se serait passé Mercredi, 09 Mars 2011 11:43
Hommage de Christian Harbulot

Le général Jean Pichot Duclos, qui nous a quittés cette semaine, a été l’un des pionniers de l’Intelligence Economique en France. Christian Harbulot, avec qui il a fondé l’Ecole de Guerre Economique, témoigne.

“Le général Jean Pichot Duclos nous a quittés. L’intelligence économique lui doit beaucoup. Et je ne pouvais pas le laisser partir sans rappeler le rôle fondamental qu’il a joué dans le lancement de cette démarche en France.

Tout commence au début des années 90. Le général Pichot Duclos termine son temps de commandement à la tête de l’Ecole Interarmées du Renseignement et des Etudes Linguistiques. Il rédige un article dans la Revue de la Défense Nationale sur la culture du renseignement. Philippe Baumard nous met en relation.

C’est de cette rencontre que va naître le processus qui aboutit au rapport Martre. A l’époque, Baumard et moi-même tentions depuis plusieurs mois de faire aboutir la constitution d’un groupe de travail au Commissariat Général au Plan. Sans succès.

Jean Pichot Duclos fait valider mon recrutement par le général Mermet, alors PDG de Stratco, une filiale du groupe COGEPAG (devenu depuis Défense Conseil International). Il existe alors une fenêtre de tir : le contrôleur général des armées Jouan qui préside alors la destinée de ce groupe parapublic a une vision stratégique. Il décide d’appuyer le lancement d’une dynamique sur la question des sources ouvertes afin de renforcer la compétitivité de nos entreprises. Il accepte aussi de nous soutenir auprès du Commissariat Général au Plan.

Dans le même temps, fort de ce soutien, je propose à Jean-Louis Levet nommé au Plan, et dont j’avais fait la connaissance quand il était chargé de mission auprès d’Edith Cresson, de constituer un groupe de travail sur la question. Levet accepte. Il convainc Henri Martre de le présider. La démarche d’intelligence économique est lancée.

Si le général Jean Pichot Duclos n’avait pas été là, cet enchaînement de circonstances favorables n’aurait pas eu lieu.

Mais le général Pichot Duclos est allé plus loin. Son implication dans la création du département Intelco et plus tard dans le lancement de l’Ecole de Guerre Economique ont constitué un point d’appui essentiel à la longue marche de l’intelligence économique en France.

Le général Pichot Duclos était un homme hors du commun. Contrairement à beaucoup d’autres, il a su dépasser les clivages de toute nature pour bousculer les idées reçues dans le domaine du renseignement militaire lorsqu’il portait un uniforme puis dans le monde civil quand il s’est impliqué dans le lancement de l’intelligence économique en France.

Il ne cherchait pas la reconnaissance, il servait son pays. A ce titre, il est un exemple. Sans lui, je n’aurais pas pu poursuivre le combat que j’avais commencé au cours des années 80 pour saper les bases de ce ghetto idéaliste du « village planétaire » dans lequel notre système de pensée officiel était en train de nous enfermer.

A la sortie de la guerre froide, le général Pichot Duclos avait compris, comme certains de ses pairs qu’il a côtoyés dans les coulisses de cette aventure (je pense en particulier au général Alain de Marolles et à l’Amiral Labouérie), qu’il était urgent de relancer le débat sur la stratégie de puissance de la France dans un monde qui allait devenir de nouveau chaotique.

C’est cette vision qu’il nous laisse aujourd’hui comme héritage avec l’impérieuse nécessité de donner au renseignement et à l’intelligence économique le rôle déterminant qu’ils doivent jouer lors d’un tel changement de cap.

Le portail de l’IE rend hommage à ce patriote, pionnier trop méconnu, que fut le général Pichot Duclos tout au long de sa vie. Nos pensées vont à sa famille, son épouse, ses enfants dont François (diplômé de l’EGE), qui a suivi les traces de son père comme officier de l’Armée française.”