Hommage à Georges Bourguignon : un belge au service de la France
Chargé de mission du S.R. Air P3/Av des Services Spéciaux de la Défense Nationale (1941-1944), Georges Bourguignon est né à Dison en Belgique, près de Verviers, le 23 avril 1920.
Parfaitement bilingue (allemand-français), Georges est amené, avec un de se frères, à franchir par erreur la frontière, Belgo-Allemande dans le début de l’année 1939. Arrêtés, tous deux, ils constatent l’impressionnant état de préparation de l’Armée allemande.
Mai-juin 1940, fuyant devant l’invasion nazie, ils parviennent jusque dans le département de l’Ariège. Là, en sa qualité de “Chef Scout “, Georges encadre un groupe de jeunes belges destinés à être incorporés.
Après la fin des hostilités, la famille, rejoint, son domicile en Belgique et en janvier 1941, Georges Bourguignon décide de tenter de joindre ceux qui combattent auprès des Britanniques. Avec deux camarades, il franchit clandestinement la frontière Belgique-France interdite, celle de la zone interdite-zone occupée, puis celle de la zone occupée- zone libre. II rejoint l’Ariège où il a des connaissances, puis Limoges où il rencontre des compatriotes qui semblent avoir d’étranges activités, puis tente sa chance à Toulouse. Mais ses efforts pour trouver une filière de passage vers l’Espagne échouent.
Finalement, il est arrêté par la police de Vichy, et envoyé dans un camp de rassemblement où séjournent déjà des réfugiés républicains espagnols. Il s’en évade et décide de revenir à Limoges pour retrouver ces mystérieux belges… Mais ceux-ci sont introuvables… Par contre, il fait la connaissance d’un breton, Fernand Drouin, qui lui donne une filière d’évacuation par voie maritime, vers l’Angleterre, au départ de La Rochelle.
Après un nouveau franchissement de la ligne de démarcation, il parvient dans ce port, pour apprendre l’arrestation de son contact puis retourne à Limoges où Fernand Drouin, alias “Le Grenadier “, s’avèrera être, un des premiers agents clandestins, du Poste S.R. Air de Limoges (P3/Av). Après quelques missions en zone occupée pour le tester, Drouin le présente au Capitaine Boué, un des Officiers traitants du Poste.
En mars 1941, Bourguignon est incorporé au S.R. Air. Il effectue des missions ponctuelles en territoire occupé, poussant des missions de liaison jusqu’en Belgique, sous la direction d’un officier belge de P3 Av, (Willy de Maeyer) puis sous les ordres directs du capitaine Boué.
En avril 1941, il est chargé de vérifier l’infrastructure de la Luftwaffe dans le Nord-Ouest de la France, particulièrement en zone interdite (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Marne et Belgique du Sud-Ouest).
C’est ainsi qu’il parvient à Laon, siège d’un important dispositif de l’aviation allemande, et y fonde grâce à l’aide de Paul Berthe, de sa famille et de ses amis, un important réseau qui tiendra jusqu’à la libération, apportant un flot de renseignements sur la forte concentration de l’Armée d’occupation (terrains d’aviation, dépôts, base de lancement d’armes spéciales) dans cette région du Nord-Ouest.
Bourguignon assure le recueil et le transport des renseignements entre la zone interdite et le poste P3 Av de Limoges, tous les quinze jours, après franchissement clandestin des différentes lignes de démarcation et ce, jusqu’à la fin novembre 1942…!
Arrêté une première fois au passage de la ligne interdite à Vauxaillon dans l’Aisne en octobre 1941, il purge 15 jours de cellule à la prison de Laon. Le 8 novembre 1942, revenant de mission, il apprend que son Officier traitant est parti pour l’A.F.N. Bourguignon n’a aucune consigne et pas d’argent. Il repart vers le Nord, où il met en sommeil ses agents et son réseau de Laon et le 12 novembre 1942, va s’abriter dans sa famille en Belgique.
En février 1943, il se décide à aller voir un agent auprès duquel il avait effectué, auparavant, des missions de liaisons et qui demeure dans la région parisienne. Il s’agit de Jean Viaud, Capitaine de l’Armée de l’Air qui a noué des contacts avec d’autres organisations dont le réseau belge “ Zéro France “ mais surtout “ Turma Vengeance ” une organisation en liaison avec le B.C.R.A. Les informateurs et le réseau de Laon sont réactivés.
Un mois plus tard, André Duthilleul est chargé de réanimer les réseaux du S.R. Air, et de reprendre contact avec les agents laissés en France avec quelques consignes d’attente (Philouze-Gervais). Viaud et Bourguignon sont remis en liaison avec le S.R. Air qui a ranimé ses réseaux. Une période floue s’instaure car Viaud, gardant quelques rancunes à ses premiers chefs, ne veut pas rompre avec ses amis de Turma Vengeance.
Le 30 avril 1943, Viaud est arrêté par les Allemands et réussit aussitôt une évasion spectaculaire. Il doit, contre son gré, se mettre au vert, et c’est Bourguignon qui reprend en plus de son propre réseau de Laon, la direction du secteur de Paris et des réseaux nouvellement créés de Troyes, de Bretagne et de Normandie.
Le 7 août 1943, Bourguignon échappe de justesse à une arrestation, le poste Directeur de Londres décide de l’évacuer avec Viaud, dans la nuit du 21 août 1943 par une opération Pick-Up. Dès son arrivée en Angleterre, il suit les stages de l’I.S., passe son brevet de parachutiste et est accrédité “agent d’opération aérienne “.
Le 19 octobre 1943, ses vieux amis de Laon, le réceptionnent ainsi que son radio Sinturel, sur leur terrain de parachutage. Bourguignon doit monter un réseau dans le Sud de la France. Malheureusement deux jours après, le 21 octobre 1943, alors qu’ils se retrouvent au rendez-vous fixé dans un café près de Saint-Germain-des-Prés, ils sont interpellés par des policiers allemands.
Tous deux prennent la fuite. Le radio, gêné par sa valise, est vite repris, tandis que Bourguignon malgré une balle dans le talon, réussit à se cacher dans la cave d’un immeuble. Sinturel, le radio, reviendra de déportation. Bourguignon est rappelé à Londres et à nouveau récupéré par une opération Lysander, le 12 novembre 1943. Il est affecté, jusqu’au débarquement allié en Normandie, au poste central S.R. Air de Caxton Street à Londres, surnommé “ Dunderdale Circus “.
II participe à la campagne de France comme Officier de liaison, puis est remis à la disposition du Commandement Militaire Belge. Chargé de mission, il participe à l’occupation en Allemagne avec rang de Capitaine de l’Armée belge. Il est titulaire de décorations belges et françaises, dont celle de Chevalier de Légion d’Honneur.
II se marie avec Anne-Marie de Roeck, alors danseuse étoile de l’Opéra de Bruxelles, elle aussi, ancienne valeureuse résistante à l’occupant. Après une carrière au Congo belge et une autre comme chef d’entreprise en Belgique, il se retire, en France, près de son vieil ami de la résistance et chef du réseau de Laon, Paul Berthe, à Cabriès près de Aix-en-Provence.
Autant Belge que Français, revivant intensément et avec ferveur le passé de la résistance, Georges Bourguignon était un membre fidèle des associations patriotiques dont la Fraternelle des parachutistes belges et l’ A.A.S.S.D.N. Il assura durant de nombreuses années, la présidence “ de la Fraternelle des Anciens Combattants de Cabriès ” où il se dévoua sans compter.
En 1994, son état de santé, l’obligera à renoncer à ses fonctions. Georges Bourguignon s’est éteint le 25 novembre 1995, à l’Hôpital Erasme de Bruxelles. Après une absoute célébrée à Bruxelles, une cérémonie funèbre s’est déroulée à Cabriès, son lieu de résidence dont il a déjà été rendu compte. Il est inhumé au cimetière de Mirabel, près de Montauban.