Histoire : La terrifiante “bombe volante” d’Hitler et la guerre des drones

Comment la terrifiante « bombe volante » d’Hitler a inauguré la guerre des drones
(Extrait)
Le 13 juin 1944, un étrange nouvel avion apparut dans le ciel anglais. Alors que la Royal Air Force était habituée à effectuer des vols d’urgence pour intercepter les chasseurs et bombardiers allemands en provenance d’Europe continentale, cette nouvelle menace était différente. Il était sans pilote. Décrit par des observateurs perplexes comme un « avion sans pilote », il était équipé d’ailes, d’un réacteur et d’une ogive qui provoquait des dégâts explosifs considérables à l’impact. Son moteur s’est arrêté en plein vol peu avant de s’écraser sur ses cibles. Il était autoguidé. Il s’agissait du Fieseler Fi 103, ou Vergeltungswaffe 1, plus connu sous le nom de « bombe volante » V-1, souvent qualifié de premier missile de croisière. Mais le V-1 pourrait plus précisément être décrit, dans la nomenclature actuelle, comme un véhicule aérien sans pilote (UAV) – et plus précisément, comme le premier drone suicide.
Comme les drones actuels, le V-1 était peu coûteux à fabriquer et simple à assembler. Son prix abordable, ainsi que les dégâts et la terreur qu’il pouvait infliger, expliquent pourquoi le Troisième Reich a choisi d’investir dans sa production alors que la guerre s’éternisait. La pénurie de main-d’œuvre, une économie sous pression, croulant sous les coûts de la guerre, et une baisse générale du moral de la population civile affaiblissaient la capacité de l’Allemagne à soutenir son effort de guerre. Adolf Hitler espérait que le V-1 se révélerait une véritable Wunderwaffe, ou « arme miracle », capable de renverser la situation face aux Alliés et de remporter une victoire rapide.
Une arme en avance sur son temps Le V-1 était sophistiqué pour son époque. Il était préprogrammé pour trouver sa cible et pouvait corriger sa trajectoire automatiquement. Un système de pilotage automatique avancé, réglé avant le lancement, permettait de programmer la portée, l’altitude et même les conditions de vent auxquelles il devait s’adapter, selon le Deutsches Museum allemand. L’avion pouvait ajuster sa trajectoire en vol grâce à un altimètre barométrique, un compas magnétique et un gyroscope intégrés. Un télémètre, entraîné par son hélice, l’aidait à atteindre sa cible. Le V-1 était équipé d’une ogive de 820 kg et se déplaçait à une vitesse pouvant atteindre 640 km/h. Surnommé « bombe bourdonnante », il était tristement célèbre pour son bourdonnement, qui devenait ensuite mortellement silencieux avant l’impact. Il lui fallait entre 15 et 30 minutes pour atteindre une cible. Une seule explosion pouvait raser des bâtiments et tuer des centaines de personnes d’un coup. Outre son autonomie, le V-1 présentait d’autres similitudes avec les drones actuels. Comme plusieurs variantes de drones modernes, dont le Kratos XQ-58A Valkyrie, le V-1 pouvait être lancé via une rampe inclinée. Comme c’est souvent le cas dans la guerre moderne des drones, il était déployé en essaims. De même, comme beaucoup de drones actuels, les V-1 pouvaient être lancés depuis d’autres avions en vol. Selon la chaîne d’information Norddeutscher Rundfunk, des centaines de V-1 ont été lancés avec succès depuis des bombardiers Heinkel 111 pendant la guerre.
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Zita BALLINGER FLETCHER
Publié sur Military Times
26 septembre 2025
Zita Ballinger Fletcher a précédemment été rédactrice en chef des magazines Military History Quarterly et Vietnam, et historienne à la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine. Elle est titulaire d’une maîtrise en histoire militaire avec mention.
Légende photo : Gros plan sur la « bombe volante » V-1 utilisée par l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Son ogive contenait plus de 820 kg d’explosifs. (Archives d’État polonaises)