Sorti de Saint-Cyr en juillet 1900, jeune capitaine au 4ème régiment de zouaves, il est blessé d’une balle au poumon et laissé pour mort sur le champ de bataille de Guise, le 30 août 1914. Fait prisonnier par les Allemands, il s’évade le 30 octobre 1914 de l’hôpital d’Origny-Sainte-Benoîte.

Il rejoint le Maroc, pour de grandes victoires. Dar-Caïd-Medboh contre Abd-el-Krim, alors que Lieutenant-colonel il commande le14ème Tirailleurs Marocains, celle du Djebel-Sagho, sa prise du Tafilalet, sa liaison d’une sensationnelle témérité, avec les forces du Soudan, au milieu du désert à Bir-Moghrein, alors qu’il est Général.
Toutes ces victoires remportées de sa propre initiative, et parfois en dehors même des ordres du commandement, préfigurent longtemps à l’avance le Giraud qu’il sera en 1942, le Giraud d’Alger.

Le préfigure aussi son attitude cassante et désinvolte à l’égard de certains membres du Gouvernement en la trouble année de 1936, alors qu’il est Commandant de la sixième région Militaire et gouverneur de Metz. Il s’en faut de peu que sa carrière ne soit brusquement interrompue. Mais il est si populaire parmi la troupe, que l’on hésite et puis la Guerre de 1939, menace.

En mai 1940, aux frontières de Hollande, il est à la tête de la VII Armée. Un haut commandement ayant perdu tout sang froid, tout esprit de manoeuvre, lui enlève par une succession d’ordres impératifs ses meilleures divisions, pour lui confier les débris de la IX armée. Le 19 mai 1940, il est fait prisonnier par les Allemands. Le 17 avril 1942, il s’évadera de Königstein (Elbe). Le 8 novembre 1942, les Américains débarquent au Maroc et en Algérie. Giraud prévenu, a été sollicité par eux pour prendre le commandement des opérations à la tête de l’armée d’Afrique, qu’il relancera dans la guerre aux cotés des Alliés, afin de rendre à la France sa place de grande puissance et la délivrer de l’oppression ennemie. Il a accepté.

Le 24 décembre 1942, muni de tous les pouvoirs, il va pleinement s’accomplir. Giraud inspire confiance, à son appel beaucoup de réservistes français et indigènes ont remis le sac au dos. Très rapidement, il aura avec lui prés de 350.000 hommes de cette Armée d’Afrique, sauvegardée par la clairvoyance du Général Weygand.
C’est lui, qui prépare les plans de la bataille de Tunisie et conduit à l’écrasement de l’Afrika-Corps de Rommel à Tunis et à Bizerte. Avec l’appui matériel de nos alliés américains, il fera de cette armée d’Afrique, une armée moderne un outil de premier ordre, dont la pointe d’acier ira pénétrer comme un doigt vengeur jusqu’au coeur de l’Allemagne. C’est lui, avec le Général Juin, qui met sur pied l’organisation de l’immortelle campagne d’Italie, qui allait donner aux Français la gloire d’enfoncer l’ennemi sur le Garigliano pour s’en aller défiler dans Rome libéré.

Le 24 janvier 1943, les accords d’Anfa concrétisent les accords Murphy-Giraud du 2 novembre 1942:

  • Armement de 11 Divisions françaises.
  • Parité du franc et du dollar.
  • Loi prêt-bail.
  • Souveraineté des territoires administrés par la France.

Fort de son soutien des militaires et malgré les conseils de collaborateur vigilants, Giraud invitera le Général de Gaulle à venir partager ses pouvoirs avec lui, à Alger. Les deux hommes ne pourront s’entendre. Voulant passionnément l’union de tous les Français, le Général ne peut admettre la séparation de Londres et d’Alger. Il dira “Je ne veux pas donner le spectacle de deux Généraux français se disputant entre eux, alors que leur pays agonise sous la botte allemande”.
Juillet 1943. Voyage en Amérique. Le Président Roosevelt octroie la totalité du matériel que le Général Giraud réclame pour l’armée française.
C’est aussi lui, chef incontesté, qui prend la décision du débarquement en Corse, offrant aux français leur premier département libéré, et mettant à la disposition de nos Alliés un magnifique porte-avions à proximité des côtes de Provence.

La libération de la Corse, initiative individuelle, en accord avec les Alliés, sera à l’origine du remaniement du CFLN. Ordonnance et décret rapidement adoptés à la majorité, détermineront la séparation du pouvoir du Gouvernement (commissariat) et de l’autorité de commandement. Le Général Giraud restera Commandant en chef sous les ordres du commissaire à la Défense Nationale. L’exploitation calomnieuse de l’affaire Pierre Pucheu, viendra à point pour précipiter l’éviction du Général du commandement des Armées. Il se verra proposer par le CFLN, le poste Honorifique, d’Inspecteur Général des Armées.

Le 17 avril 1944, peu enclin aux intrigues, Giraud, fidèle à sa volonté d’union, refusant le poste proposé, se laissera écarter, puis évincé du Gouvernement. Le 21 avril 1944, son avion quittera ce même jour Boufarik, pour l’emmener en exil “Volontaire” dans le village de Mazagran situé à deux kilomètres à l’ouest de Mostaganem. Le 28 août 1944, à 18 h45, une balle frappe le Général Giraud sous le maxillaire gauche pour ressortir sous le médullaire. Le Général est blessé mais vivant. Version officielle: Attentat causé par un tirailleur sénégalais ivre. Le meurtrier sera condamné à mort à Oran au début de 1945.

L’homme qui a préparé le débarquement américain en Afrique, qui a libéré la Tunisie, la Corse, qui a contribué à organiser l’armée française de la Libération qui devait s’illustrer dans les campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne, s’est éteint à l’Hôpital militaire de Dijon le 11 mars 1949. Quelques jours avant, il avait reçu la veille la médaille militaire, la plus haute distinction pour un officier Général. Ainsi disparaissait à 70 ans ce grand soldat qui, par sa bravoure, son audace, son courage indomptable et son patriotisme, incarnait les plus nobles vertus militaires, celui qui s’interdisait et interdisait aux siens de se résigner à la défaite, celui que la France reconnut comme l’une des gloires les plus pures de son armée et à qui il fera des obsèques nationales. Le Général Henri Giraud, repose avec les autres grands capitaines de notre Histoire, dans la crypte de la Chapelle Saint-Louis des Invalides.

En savoir plus sur le Général Henri Giraud :

De J.C. Petermann, d’après des notes du Général Chambe et de “Un seul But la Victoire” H Giraud – Julliard 1949

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