Nous pensons que tous nos camarades liront avec plaisir ces lignes consacrées à deux grands chefs de l’Armée et à la collaboration de nos camarades Michel THORAVAL et HERMANN, les héroîques “exécutants” de cette opération clandestine. Le TR. avait reçu la charge de ramener à ALGER le Général GEORGES qui était demandé par le Général GIRAUD et par CHURCHILL.Le Commandant PAILLOLE, Chef du Service, nous avait confié cette mission qui devait s’effectuer par un “pick-up” à réaliser par les Britanniques. Pour plus de sécurité, nous choisîmes un terrain déjà utilisé et situé sur le Causse-Méjean, entre Floirac et Ste – Enimie. Les contacts furent pris par “von KLÜCK”, JOHANNES et HERRMANN avec le Général GEORGES qui emmenait avec lui le Colonel DUVAL, son collaborateur. Malgré toutes nos précautions, ce fut une opération que nous eûmes beaucoup de mal à réaliser, par suite de difficultés techniques, les Anglais nous firent attendre sur le terrain près d’une semaine tandis que le Général GEORGES et le Colonel DUVAL étalent hébergés à Roquefort à l’Hôtel Casino après avoir été expulsés comme “suspects” d’un hôtel de Balsiège (près de Mende). Nous attendions, comme d’habitude, le message de la B.B.C. et, pour plus de facilités, nous descendîmes tous dans les environs du lieu d’opération. Le Général GEORGES et le Colonel DUVAL étaient le plus souvent escortés par “von KLÜCK” et JOHANNES; quant au “groupe d’action” composé de HERRMANN, SIMONIN et MICHEL il couchait dans les voitures; deux gendarmes observaient et gardaient le terrain. A la première tentative l’avion devait se perdre (c’était le 16 Mai 1943). A la deuxième, un moteur flancha et nous désespérions d’arriver à nos buts pendant cette période de lune. Le Général GEORGES, impatient, rédigea un message à CHURCHILL exposant “vigoureusement” la situation critique de l’équipe. HERRMANN chiffra (après en avoir arrondi les angles) et SIMONIN transmit. 24 heures après, l’heure du départ sonna enfin. Nous avions tous pris position dans les environs du terrain qui fut balisé avec soin, comme d’habitude.

Nous étions une dizaine de passagers mais le temps passait et le bruit sympathique des moteurs ne se percevait toujours pas. Pourtant peu de temps avant le lever du jour, l`avion, un bi-moteur, se présenta. le Général GEORGES nous donna à ce moment-là l’exemple du calme et de l’obéissance. Il prit en main les passagers et dégagea ainsi les opérateurs de tout souci.L’atterrissage se passa parfaitement. Une équipe TR-Jeune débarqua, avec 16 valises : l’explication du retard nous fut donnée par le pilote, le group captain FIELDEN, pilote du Roi. Il ne connaissait pas le terrain et quoi qu’ayant pris avec lui le navigateur de PIKARD, qui avait fait la précédente opération pour le TR., il n’était arrivé à faire le point qu’en descendant jusqu’à la Méditerranée.

Le décollage se passa très bien; LAPRUNE et MICHEL ayant terminé leur mission, regagnaient aussi ALGER avec un volumineux courrier du TR. C’était le 18 Mai 1943. Quelques instants après avoir quitté le sol, le pilote fit appeler MICHEL dans la cabine et lui expliqua que la nuit étant très avancée, il fallait envisager de se diriger soit vers GIBRALTAR, soit sur ALGER. Malheureusement il restait peu d’essence et le risque était gros. Nous savions qu’aussitôt au-dessus de la Méditerranée, nous pourrions appeler par radio GIBRALTAR et ALGER et les alerter. Que faire ?

Nous décidions de ne pas mettre les passagers au courant. Mais c’était sans compter avec la vieille expérience du Général GEORGES qui fit appeler MICHEL et lui demanda pourquoi le cap était au Sud.

Heureusement, si nous n’avions pas le confort des avions de ligne, on nous avait préparé quelques boissons chaudes et un peu de whisky ! des appels radio furent entendu d’ALGER, mais GIBRALTAR ne répondit pas.

Le voyage fut sans histoire, mais non sans inquiétude : l’atterrissage eut lieu à BLIDA. Là, nous aperçûmes qu’il ne restait plus qu’environ une dizaine de litres d’essence !

Un Officier supérieur anglais attendait le Général GEORGES et le Colonel DUVAL. Quelques secondes après, une voiture de la Direction de la Sécurité Militaire nous amenait à ALGER où le Commandant PAILLOLE, notre Patron, nous accueillait. L’avion ayant refait son plein d’essence repartit pour l’Angleterre via Gibraltar. Pendant ce temps, demeurés sur la terre de France, JANSEN, “von KLÜCK”, HERRMANN et SIMONIN avaient entassé dans trois voitures l’équipe TR. débarquée et les innombrables valises. Au décollage, l’avion ayant gardé par mégarde ses phares allumés jusqu’à une hauteur de 500 mètres environ, on pouvait redouter le pire.

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