Les auditeurs de la 4e session nationale de l’IHEDN et de la session en région Provence-Alpes-Côte d’Azur effectuent leur rentrée cette semaine. À cette occasion, le nouveau directeur de l’Institut, le général de corps d’armée Hervé de Courrèges, revient sur son expérience et développe sa vision pour l’IHEDN. Entretien.

Depuis le 1er août, le général de corps d’armée Hervé de Courrèges a pris la direction de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et de l’Enseignement militaire supérieur, ainsi que la présidence de l’Académie de défense de l’École militaire (ACADEM). Il commandait auparavant l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Formé notamment à Saint-Cyr et à SUPELEC, le général de Courrèges est issu de l’arme blindée cavalerie, et a servi essentiellement dans les troupes de montagne. Sa carrière l’a conduit à servir au Liban, au Tchad, en Afghanistan et en Côte d’Ivoire, à commander différentes unités comme le 4e régiment de chasseurs et la 27e brigade d’infanterie de montagne, mais aussi à exercer des responsabilités au sein de l’administration centrale et dans des cabinets. Dans cet entretien, il retrace les grandes lignes de son parcours avant de développer sa vision pour l’IHEDN, ses auditeurs, l’ACADEM et leurs partenaires.

Comment votre parcours vous a t-il préparé à prendre la direction de l’IHEDN ?

En portant un regard sur mes trente-six années de carrière militaire, j’ai effectivement le sentiment que ma récente nomination à la tête de l’IHEDN s’inscrit en parfaite cohérence avec mon parcours professionnel pour des raisons d’expérience, de connaissances et d’appétence.

D’expérience tout d’abord car celle-ci fonde la crédibilité quand on parle de sujets graves comme la guerre et ses corollaires. Un tiers de ma carrière s’est déroulé au sein des forces armées en situation de commandement avec divers engagements en opérations extérieures qui m’ont permis de voir concrètement sur le terrain les effets de la violence humaine et de la confrontation des volontés.

De connaissances ensuite car un deuxième tiers de ma carrière m’a conduit à servir en administration centrale puis surtout en cabinets aux niveaux ministériel, primo ministériel puis au service de la Présidence de la République. Après la vision terrain précédemment évoquée, c’est lors de ces années que j’ai mieux appréhendé la vaste notion de défense nationale et la nécessité d’y impliquer de très nombreux acteurs de l’État et de la société civile.

De l’appétence enfin puisque mon dernier tiers temps a eu pour cadre des organismes de formation, soit pour y être formé, soit pour y former. Ainsi, après mes trois dernières années passées à commander l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan qui forme les 2 000 jeunes officiers de l’armée de Terre, me voici à l’autre bout du spectre générationnel, dorénavant chargé de la formation d’une population plus expérimentée. Le niveau ne sera pas le même mais mon enthousiasme demeure intact. Transmettre et faire grandir figurent au rang des plus belles missions que l’on peut se voir confier au cours d’une vie.

Que représente pour vous la notion de défense nationale en 2024 ?

La défense nationale est une ambitieuse et ancienne idée qui s’est peu à peu cristallisée au cours du XXe siècle. Son dernier développement s’est traduit en 2008 par l’apparition du concept de sécurité nationale qui vise à « parer aux risques et aux menaces susceptibles de porter atteinte à la vie de la nation ». Depuis 2009, l’IHEDN a reçu pour mission de développer l’esprit de défense et de sensibiliser aux questions internationales.

Aussi afin d’embrasser au plus large ces notions aux contours mouvants et de les adapter aux temps présents, mon prédécesseur, le général Benoît Durieux, a orienté le périmètre d’action de l’Institut sur quatre cercles concentriques en réponse à des risques différents : au cœur se situe la défense militaire qui s’élargit ensuite à la défense nationale puis à la sécurité nationale pour embrasser enfin le périmètre de la sécurité internationale. Je me retrouve parfaitement dans cette présentation didactique qui encadre notre réflexion et nos formations.

Quelles sont les actions prioritaires que vous entendez mener pendant votre mandat ?

Tout d’abord je pense inscrire pleinement mon action dans la continuité de celles de mes prédécesseurs, auxquels je rends hommage car ils ont su faire évoluer régulièrement nos formations pour les adapter à un monde en perpétuelle mutation. Soucieux de cette continuité, j’entends porter mes efforts dans trois directions.

Ma première attention est pour l’IHEDN lui-même dans son offre de formation et dans son fonctionnement interne. Nos formations et notre rayonnement doivent veiller à maintenir la qualité attendue par nos auditeurs, nos associations et nos partenaires. Notre fonctionnement interne, très rationalisé ces dernières années, doit poursuivre dans sa démarche de performance et d’efficacité.

Ma deuxième priorité se porte vers l’ambitieuse Académie de défense de l’École militaire. Celle-ci fédère la vingtaine d’organismes situés sur notre site, dont la compétence recouvre des activités de recherche, de doctrine, de formation et d’enseignement afin de faire de ce lieu un acteur majeur de la réflexion stratégique française et européenne, de renforcer les synergies entre ses membres et de valoriser un patrimoine architectural exceptionnel. L’incontestable succès du Paris Defence and Strategy Forum qui s’est tenu au printemps dernier témoigne des formidables potentialités de l’ACADEM. Le travail en commun paye !

« L’IHEDN a l’immense chance de bénéficier d’un réseau très riche »

Enfin je porterai mes efforts vers le monde plus élargi de nos partenaires au-delà des murs de l’École militaire. Ils ont très nombreux à Paris, en régions ou dans les outre-mer.

L’IHEDN a notamment l’immense chance de bénéficier d’un réseau partenarial et associatif très riche et actif qui fait vivre l’esprit de défense au sein des territoires avec un effort tout particulier porté vers la jeunesse. Je souhaite donc une belle rentrée aux auditeurs de la session nationale et à ceux de la session en région PACA qui débutent leur formation cette semaine. La reprise se poursuivra en octobre avec le cycle en Intelligence économique et stratégique à Bordeaux, le cycle Jeunes en Île-de-France, ainsi que différentes sessions internationales.

IHEDN
16/09/2024
Entretien publié sur le site de l’IHEDN

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