Dans notre dernier BULLETIN (n° 28), nous avons commencé la reproduction de la première partie du livre écrit par l’Abbé VORAGE, Aumônier des Services Spéciaux de la Défense Nationale, décédé le 9 août 1959.

Le prêtre, après avoir décrit la naissance de sa vocation sacerdotale et de son entrée au S.R. a exposé ses premières missions secrètes pendant la première grande guerre.

L’Agent ” 37 bis “, alias ” NORBERT “, identifié par les Services de Contre­-espionnage Allemands a été condamné à mort par contumace et sa tête mise à prix.

Il doit se réfugier en France où, jusqu’à la fin du Conflit, il devra se contenter, sur l’ordre exprès des Services Spéciaux, d’exécuter des missions d’importance secondaire qui ne peuvent suffire à son activité.

L’Abbé ” NORBERT ” achève ses études théologiques et se consacre à son Sacerdoce dans la Paroisse qui lui est désignée dans la Vallée de Chevreusee: Beaurières.

La Paix revenue, le démon du ” renseignement ” le poursuit et il exécute périodiquement, sous des identités diverses, les missions que lui confient les Services Spéciaux avec lesquels il demeure en contact permanents.

L’ennemi le recherche toujours et c’est avec de multiples précautions que le SERVICE l’utilise.

La deuxième guerre mondiale éclate.

L’Abbé VORAGE ” NORBERT”, désormais naturalisé Français, veut encore servir.

Le Colonel RIVET, chef du SERVICE, lui confie des missions très précises tout en évitant de le remettre en contact direct avec l’Allemagne.

La défaite accable l’Agent ” 37 bis “, mais il ne renonce pas à la lutte et nous allons voir dans les pages qui suivent quelle fut, à partir de 1940, son existence d’Agent de renseignements et de Résistant.

L’Agent ” 37 bis ”  est mis ” au vert “

…Ce 14 juillet 1940, disait l’Abbé ” NORBERT ” en veine de confidences, est le plus beau que j’aie vécu. J’ai vu celui de 1919. C’était celui de la Victoire. Défilé, fanfares… Mais celui de 1940, quand tout était perdu, quand nous n’avions plus rien, ce fut une vraie fête ! RIVET nous avait réunis dans une maison du boulevard des Italiens à Clermont-Ferrand. Nous, je veux dire tous ses collaborateurs dispersés par la défaite. Il nous expliquait le nouveau dispositif qu’il avait dressé, nous distribuait les consignes, nous exposait comment la présence de l’ennemi, écrasante en zone nord, occulte en zone sud, nous contraignait à un camouflage plus rigoureux, à des ruses plus subtiles. Par surcroît, il faudrait se méfier aussi du gouvernement, ligoté par la convention d’armistice.

Nous allions devoir travailler en ” artistes “. Comme disait PAILLOLE : ” du travail sans filet “…

Autour du chef très aimé du SERVICE se tenaient alors tous les fidèles : d’ALES, PAILLOLE, RONIN, LAFFONT, MANGES père et fils, PERRUCHE, de VILLENEUVE. SIMONEAU, PELLISSIER, MULLER, et tant d’autres, tous bien résolus à retrouver la victoire en niant la défaite. Faisant mine d’acquiescer au slogan officiel du ” Retour à la Terre “, ils camouflèrent leurs activités sous des raisons sociales diverses. L’abbé ” NORBERT “, lui, pouvait continuer de servir sans autre camouflage que la transformation de son nom en ” DESGOUTTES “.

La paroisse que lui avait confié l’évêque de Clermont-Ferrand était un petit village juché dans la montagne, à 1.150 mètres : Borderolles. Il s’y installe au lendemain de ce 14 juillet. Privés de prêtre depuis longtemps, les montagnards lui firent fête. A la messe du premier dimanche qui suivit son arrivée, l’église regorgeait de fidèles. Se souvenant de l’auditoire qui l’avait accueilli le jour de son installation à B…

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