Nous reprenons ci-dessous la publication des mémoires de notre camarade Elly ROUS alias SERRA, chef de la mission Baden-Savoie dont le dernier épisode a paru dans le B.L. 106. Parvenu à Pamiers, SERRA trouve chez un de ses H.C. JOUCLA un message du capitaine VELLAUD alias TOTO, chef du T.R. Jeune le félicitant des résultats obtenus et lui enjoignant d’être prudent.

par Elly ROUS

UNE DANGEREUSE MÉPRISE.

Le problème financier resté sans solution immédiate m’ennuyait évidemment, car il n’allait pas manquer d’accroître nos difficultés. Comparativement aux autres problèmes auxquels nous avions à faire face, il ne me semblait pas présenter des obstacles insurmontables et n’était pas spécialement préoccupant étant donné que nous allions continuer à vivre d’emprunts grâce à la compréhension et à la gentillesse des nombreux amis.

 

« Quelle a été la réaction de JEAN en prenant connaissance de cette lettre » demandai-je à mon ami qui semblait impatient de me faire part de ce qu’il savait.

 

« JEAN n’est pas très loquace : il a simplement pensé que vous seriez très ennuyé de ne pas voir TOTO (1), mais que malgré cela vous trouveriez des solutions de rechange. Il doit revenir dans une semaine environ ; il a aussi laissé un mot pour vous ».

 

Je lus rapidement mais très attentivement les quelques lignes de mon adjoint :

« La circulation devient de plus en plus difficile ; j’ai eu des « crevaisons » (entendez des vérifications de papiers, des contrôles), mais j’ai de la chance et j’ai pu réparer ; je vais essayer de prendre le train de la « Cité » (Carcassonne) où j’ai rendez-vous avec « l’ami de la rue de Lyon » jusqu’aux « Arènes » (Nîmes), je ferai le reste en vélo. A bientôt… Cordialement… ».

 

« Il ne vous dit pas, reprit JOUCLA, qu’il traîne une forte grippe et que j’ai dû lui donner quelques cachets ». « Non, lui dis-je, vous savez, chez nous l’état de santé est nécessaire mais secondaire ; tant qu’on peut tenir le coup on ne s’en préoccupe pas ». A présent, avant de vous écouter, je tiens à vous préciser que j’ai rencontré FAURE sur la route d’Escosse et que je suis venu directement chez vous sans m’arrêter chez aucun de mes amis comme vous me l’avez particulièrement recommandé ; j’avoue que je n’ai pas encore compris… ».

 

Il ne me laissa pas achever. « Savez-vous, poursuivit-il en souriant que vous êtes un dangereux agent de la Gestapo et que vous avez failli faire prendre tous vos amis de Pamiers ? » Visiblement amusé par mon étonnement, il enchaîna : « vous vous souvenez sans doute de PAULETTE que ma femme vous avait présentée lors de votre dernier passage… »

 

« Je pense bien, et si mes souvenirs sont exacts, nous devions nous rencontrer ici cette semaine pour mettre au point son travail futur ». « Eh bien, ne comptez plus sur elle, elle est partie vers Carcassonne se cacher chez des parents et ne reviendra pas de sitôt… » « Que s’est-il passé ? »

 

« Ce qui s’est passé, c’est bien simple… quand PAULETTE a vu votre photo d’identité que lui présentait GISELE, elle a failli se trouver mal… « Malheureuse, s’est-elle écriée ; vous travaillez tous pour BERKANE, nous allons être pris et fusillés… et avant que mon agent de liaison ait pu revenir de sa stupéfaction et la dissuader, PAULETTE avait bouclé sa valise et s’était dirigée vers la gare, non sans être au préalable passée chez ROBERT le charcutier, lui conseillant de quitter la ville sans attendre et de prévenir tous les camarades, dont la famille GUICHARD, afin qu’ils disparaissent au plus vite et qu’ils…

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