Extrait du Bulletin : Le souvenir de nos disparus

Un admirable portrait de Mg BOYER-MAS

par le chanoine NARBAITZ
Nous publions, extrait du quotidien « Sud-Ouest » du 21 Février 1973, un passage de l’article du poète bayonnais Pierre Expil consacré à l’hommage organisé par l’Union Bayonnaise des Arts à la Mémoire du regretté Mgr BOYER- MAS.

Pour célébrer le souvenir d’un homme exceptionnel, l’Union Bayonnaise des Arts avait fait appel à un orateur lui aussi exceptionnel : M. le Chanoine Narbaitz, Vicaire général honoraire.

Ayant vécu dans l’intimité de Mgr Boyer-Mas en ce merveilleux Port Royal luzien qu’était la seigneurie d’Etchebiague, il s’est montré supérieurement à la hauteur de sa tâche. Le portrait qu’il a brossé de cet homme et de ce destin hors série a été admirable de pénétration, de vie, de pudeur et de tact. Maîtrisant à merveille un sujet qui se prêtait à d’immenses développements, il s’en est tenu aux traits essentiels illustrant les lignes de force d’un caractère et d’une existence.

Fils d’un loueur de chevaux.
Rien au départ ne semblait désigner pour les chemins éclatants qu’il allait parcourir André-Louis-Joseph-.Antoine Boyer-Mas, né à Carcassonne le 1er Août 1904, assez modestement d’un père loueur de chevaux et de voitures. Enfance illuminée par la tendresse d’une mère qui allait être la grande tendresse de sa vie. Etudes brillantes au petit séminaire, puis au grand séminaire de Carcassonne. Années d’université à la Faculté Catholique de Toulouse où il se spécialisa dans la patristique et le droit canon. Il resterait toujours en lui quelque chose d’un juriste et même d’un procédurier à la Balzac, prêt à des folies pour défendre la justice.

Au service des résistants.
Devenu prêtre le 19 Juin 1928, il est nommé vicaire à Limoux où il n’est pas encore oublié. La fondation à Cusinier d’une grande école ménagère pour jeunes filles lui est l’occasion d’entrer en rapport avec les dominicaines de l’Annonciade de Madrid, dont il devient vite le conseiller. Par elles, il connaîtra l’Espagne qui sera sa véritable université et même son univers. La guerre civile espagnole lui permet de montrer son grand coeur et ses capacités d’organisateur pour l’accueil et l’aide des réfugiés de Catalogne. A la fin de la guerre civile, il constate en Espagne la nécessité d’une propagande française.
Au début de la Seconde Guerre Mondiale, l’Abbé Boyer-Mas est mobilisé sur place, à Madrid, et nommé affecté spécial grâce à l’appui de son camarade Jean Mistier.
Aux heures cruciales de la défaite et de l’asservissement, il se fait à Madrid le paladin d’une France qui ne veut pas mourir et ne craint pas, dès 1940, de s’affirmer résistant. Au service de tous les résistants français, il met un flair unique pour repérer les contacts efficaces. Nommé attaché culturel à l’Ambassade de France sous le couvert d’échanges culturels, il vient en aide aux Français incarcérés, noue d’utiles rapports avec les Ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne pour la lutte contre le nazisme.

Prêtre avant tout.
A partir de 1942, son action jusque-là semi-clandestine devient publique. Après le  débarquement en Afrique du Nord, il quitte avec éclat l’Ambassade de France, et par le biais de la Croix-Rouge espagnole, il organise l’accueil des évadés de France et réussit l’exploit d’acheminer vers Alger 23.000 volontaires à travers une Espagne officiellement liée à l’Allemagne. Parallèlement il vient au secours d’innombrables juifs en détresse, organise des services secrets, établit des contacts avec la Nonciature et la Papauté, ce qui lui vaudra son titre de Monseigneur.
Il lui faudra attendre vingt ans pour que son oeuvre à Madrid soit officiellement reconnue. Le Chanoine Narbaitz insiste sur le trait essentiel d…