INDOCHINE (1940-1945) LES RETOMBEES DE LA GUERRE DU PACIFIQUE

par le Colonel DAUGREILH

LA MONTÉE DES ORAGES

Pression japonaise.  Affaire de Langson. Conflit avec le Siam

En 1939, la Fédération Indochinoise regroupe trois pays sous Protectorat et une colonie comme nous l’avons vu précédemment (cf. Bulletin n° 142).

En fait, depuis la suppression du Vice-Roi qui représentait l’Empereur d’Annam au Tonkin, elle comporte quatre territoires sous Protectorat : Royaume du Cambodge, Royaume du Laos, Annam, Tonkin et toujours une colonie, la Cochinchine.

 

Cette possession est placée sous l’autorité d’un Gouverneur Général assisté d’un Résident Supérieur dans chaque protectorat et d’un Gouverneur pour la Colonie Cochinchinoise. Le siège du Gouvernement Général est établi au Tonkin, plus précisément à Hanoi, mais en raison des distances et de la relative lenteur des communications, les Gouverneurs Généraux utilisent encore, suivant les besoins, l’ancienne résidence des Amiraux à Saïgon (Palais Norodom). En outre, au Tonkin, la frontière de Chine est bordée par cinq Territoires Militaires où tous les pouvoirs civils et militaires sont assurés par un Officier Supérieur assisté d’un Administrateur Civil qui lui est adjoint.

 

Depuis la fermeture des ports chinois, les Japonais désireux de couper toutes les voies terrestres de ravitaillement restant ouvertes à la Chine de Tchoug King, font pression sur les Gouvernements intéressés pour arrêter le trafic important écoulé par :

– le Chemin de Fer français du Yunnan de Haiphong à Kun Ming,

– la Route de Birmanie, route des crêtes, reliant Rangoon à Kung Ming par Mandalay et Lashio.

 

Devant la menace qui se précise, le Général Catroux, alors Gouverneur Général, suspend le transit de matériels ou produits stratégiques le 16 juin 1940 par notre voie ferrée. Dans le même temps, la Grande-Bretagne accepte de fermer pour un mois la route de Birmanie.

 

Le Japon envahira par la suite la Birmanie fin février 1942. Les Forces Alliées évacueront le centre de ce Pays en juin 1942 et feront retraite jusqu’aux accès de l’Inde. Ils exploiteront en 1944 un autre tracé de la route qui, partant de Ledo à la frontière de l’Assam (province Nord des Indes) rejoindra Lashio, puis par Pao Shan et Tali Fou, continuera d’assurer le ravitaillement des armées de Tchang Kai Chek.

 

Cependant en 1940, profitant de nos difficultés en Europe, Tokyo par un véritable ultimatum exige la mise en place dès le 20 juin d’un contrôle japonais pour surveiller la réalité de la fermeture de la frontière sino-tonkinoise.

 

Mis ainsi au pied du mur et compte tenu de la conjoncture, le Général Catroux (1) donne son accord, puis rend compte au Ministre des Colonies qui blâme son initiative. Le 25 juin, le Gouvernement de Bordeaux décide son rappel et son remplacement par l’Amiral Decoux.

 

La mission de contrôle nippone arrive en Indochine le 29 juin et engage dès le 30 les premières conversations avec les autorités françaises.

 

Le 2 juillet, les contrôleurs japonais sont en place à Moncay, Langson, Cao Bang, Hagiang, Laokay et Haiphong, mais le Chef de la Mission émet aussitôt de nouvelles prétentions allant dans le sens d’une coopération militaire beaucoup plus poussée.

 

L’Amiral prend ses nouvelles fonctions le 20 juillet 1940.

 

Le 2 août, le Gouvernement japonais exige le libre passage de ses troupes par le Tonkin, la disposition de nos aérodromes et un rattachement presque complet de l…

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