par le Général Louis RIVET, Président d’Honneur, fondateur

Préambule

Le 10 Novembre 1942, vers 9h 30, une douzaine de passagers tirés de leur torpeur sentent l’avion qui les porte frôler le sol d’une piste de sable.: Biskra L’appareil se pose. La carlingue se vide.

Quelques camarades arrivés la veille sont là, qu’un soleil éclatant transfigure: ils sont déjà autres.

Les yeux des arrivants brusquement se dessillent, leurs coeurs subitement se gonflent d’un air tout neuf, traversé d’effluves étranges dont ils avaient perdu la saveur : quelques heures auparavant, au départ de Marignane, le carcan d’une occupation invisible pesait encore sur leurs épaules. Maintenant le doute est levé. Un noyau de la Direction du SR français venait de prendre pied en France libre. Chez nous. (1)

(1) Un humoriste, qui a vu le SR de son balcon, a concentré toutes les ressources de son esprit pour définir cette obscure équipée : “Voler au secours de la Victoire”. Il faut parfois rire un peu. Et ceux qui, depuis tant d’années “volaient” (au secours de la Victoire) ont bien le droit de se détendre à leur tour.

Que s’était-il donc passé ?

Une chose attendue, simple et grandiose : le débarquement allié en A.F.N, s’était opéré avec succès dans la nuit du 7 au 8.

Qu’importe si certaines réactions locales ont quelque peu terni l’image de nos rêves. Le grand fait était là, solidement acquis.

Le Commandement français avait repris sa place sur le damier des forces unies pour vaincre.

Les Services spéciaux surgissaient d’une longue nuit d’âpre bataille, pour rallier à front découvert le Chef de l’armée et recevoir ses ordres.

Qu’y avait-il de changé ?

Rien. La Direction du SR s’était déplacée, sa structure demeurait.

En dépit de deux ans de tentatives d’étouffement ponctuées par maints arrêts de mort, cette structure, moins les apparences, avait surmonté l’épreuve, en France comme en ses plus lointains rameaux.

La coupure France-A.F.N, avait été prévue, ses correctifs préparés.

Mais le choc de l’occupation totale avait cassé des ressorts et mis à nu des lacunes.

Le Colonel PAILLOLE, courageusement attardé en France sous l’oeil des Barbares, vous l’a dit.

Il a marqué de main de maître les effets inévitables – ou presque – du débarquement Nord-africain, sur l’action de direction, non moins que sur le comportement des sources, menues ou importantes, que l’évènement atteignait.

Soubresauts d’un pendule secoué par la foudre. Les liaisons avaient pâti. Est-il chose plus périlleuse que le silence des liaisons, générateur sournois de toutes les autres carences ?

Celles-ci, vous le savez, furent écartées par des interventions accélérées sur les moyens de transmission.

PAILLOLE, arrivant à Alger le 2 Janvier, pouvait nous tranquilliser sur la sûreté des liaisons désormais établies entre France et Alger.

Rien n’était changé, parce que SR et CE avaient fait leur métier, et que les initiatives de sous-ordres dispersés avaient joué dans le sens de la doctrine, au fil des directives exprimées par le Chef.

En Afrique du Nord, première base de départ de nos armées d’assaut, préalablement nettoyée des suppôts de l’ennemi par un CE vigilant et rude, nos Services échappaient par vocation à la surprise et à la confusion du moment, tandis que nos postes de recherches, à l’orée des champs de bataille libyens, accentuaient leur prise sur des adversaires devenus familiers. Nous étions renseignés.

En France métropolitaine, face à face avec l’occupant total, une remarquable élite d’o…

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