Evasion de l’ Etandard du 2° regiment de Dragons d’Auch : temoignage du Commandant de Neuchèze
Dans notre dernier Bulletin, nous nous sommes fait l’écho de la belle cérémonie organisée à Ramatuelle à l’occasion du 50° anniversaire de l’évasion de l’étendard du 2° Régiment de Dragons d’Auch à bord du sous-marin l’ ” Arethuse ” (le 18 septembre 1943).
Au cours de cette manifestation a été rappelée la mémoire du Commandant de Neuchèze, tué en septembre 1944 près d’Autun et porteur de l’illustre emblème qu’il était allé chercher à Toulouse après s’être lui-même évadé de l’Hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris où il était en traitement sous surveillance, avant d’être déporté en Allemagne. Nous avons reçu de l’infirmière qui veillait sur lui à l’hôpital une émouvante lettre nous donnant quelques détails sur l’évasion de notre héroïque camarade. Nous reproduisons ci-après les extraits les plus significatifs de ce témoignage.
« Infirmière militaire depuis 1932 (…) j’ai été affectée en 1942, sur ma demande à l’Hôpital du Val-de-Grâce aux pavillons T ter et T bis où étaient soignés sous la surveillance des Allemands les détenus résistants et politiques.
« Chaque pavillon était gardé par des sentinelles de la Wehrmacht. « C’est là que j’ai eu à prodiguer mes soins au Capitaine de Neuchèze. Nous avons tout de suite sympathisé. Il m’a chargé d’avertir à Auch un boucher que la filière par l’Espagne n’était plus sûre et que c’était là l’origine de son arrestation. « Il m’a fait porter à diverses adresses en zone libre des messages codés. « Il voulait s’évader. « Je connaissais bien les habitudes et les points de garde des Allemands. « Il fallait faire vite, car il avait encore pour quelques jours ses vêtements civils et je savais qu’on devait impérativement les lui enlever après un prochain passage à la radio. « J’ai donc profité de l’inattention de la sentinelle du couloir, pour conduire le Capitaine jusqu’à la chapelle du Val-de-Grâce, en lui indiquant que de là il pourrait sortir rue du Val-de-Grâce, le poste à cette sortie n’étant gardé à certaines heures que par un sous-officier français. « Ne l’ayant pas vu revenir, j’ai compris qu’il avait réussi. « Par la suite j’ai fait évader quelques autres prisonniers, notamment plusieurs femmes internées-résistantes. « J’ai eu droit à des enquêtes de la Gestapo et m’en suis bien tirée. « J’ai rejoint enfin la 1° Armée Française et eu le grand honneur de soigner le Général de Lattre de Tassigny à son P.C. de Karlsruhe. » * *
Nous remercions vivement Mme Dantoine de sa communication, en la félicitant de son courage et en la remerciant de ses initiatives si salutaires pour nos infortunés camarades