Pèlerinage au Mont-Valérien

Sont inscrits, par année d’exécution, les 1.148 noms des fusillés au Mont-Valérien (*) parmi lesquels sept membres de nos Services :

Marc Desserée Le plus jeune avait 19 ans. Il était pilote et avait été recruté par le SR Air en octobre I940. Chargé de la surveillance d’une vingtaine de terrains d’aviation allemands, il était de ceux qui parcouraient à bicyclette les routes de Normandie. Sous la torture il n’a rien dit. L’aumônier qui l’a suivi a témoigné de sa fin : il est allé à la mort en chantant et a désigné lui-même au peloton d’exécution la place de son cœur.

Claude Betsch 20 ans, était un étudiant brillant. Agent des TR et du SR Kléber. Sous l’uniforme de feldwebel qu’il avait dérobé, il collectait des renseignements sur les champs d’aviation de Reims. C’est aussi sous uniforme allemand que, grâce à sa connaissance de la langue, à son habileté et à son courage, il a réussi à se faire passer pour un sous-officier allemand au sein même de l’État-major de la Luftwaffe à Paris où il recueillit de précieux renseignements. Il finit par être arrêté après une banale opération administrative. Dans sa dernière lettre, il écrit à ses parents :” (…) On est venu me dire tout à l’heure que je partirai à quatre heures. (…) Je n’ai pas peur et vous pourrez vous dire que je serai mort sans avoir peur. (…) Dites-vous que je suis tombé pour mon pays d’abord et que c’est une belle mort, une très belle mort “. Et en post-scriptum : ” On me prie d’ajouter au moment de partir que vous pourrez réclamer mon corps au tribunal “.

Camille Bouvet était notaire à Dax. Dès l’armistice, il est entré dans la résistance et au SR Kléber en 1941. Il fournissait des renseignements d’intoxication à un lieutenant de la Gestapo dont il avait fait la connaissance ; il a aidé de nombreux résistants à passer en zone libre et transmis des ordres et plans qui s’avérèrent utiles pour la préparation du débarquement. Interné à Fresnes en 1942, un compagnon de cellule l’a souvent vu revenir ensanglanté des interrogatoires. Le 3 novembre 1942, il écrit à sa mère: ” nous allons être exécutés à 14 heures. (…} Je le confie et je confie à Sujette et à mes frères mon dépôt le plus cher, mes deux chers petits (…) Élèves-les dans le culte de Dieu et de la France pour laquelle je meurs “.

Maurice Dechy est agent de police. Entré en 1940 dans le réseau Honneur et Police, puis dans les TR, il fournit de nombreux renseignements d’ordre militaire qui sont transmis à Londres, distribue des tracts et des journaux clandestins, accomplit des sabotages. Il a 37 ans quand il est arrêté en avril 1943, lors d’une mission à Vichy. Transféré au fort de Romainville il sera exécuté au Mont-Valérien le 2 octobre 1943.

Louis EsparreRobert Jeanne et Pierre Doucet ont travaillé ensemble, ont été juges et tués ensemble. Louis Esparre, 30 ans, est ingénieur des travaux publics, il a pour adjoint Robert Jeanne, 26 ans, dit ” le Pédagogue ” parce qu’il est instituteur. Pierre Doucet, 31 ans, est entrepreneur de travaux publics et beau-frère de Louis Esparre. Ils sont agents du SR Air et font partie d’un groupe dirigé par Esparre, puis par Jeanne. Grâce à Henri Brunet, propriétaire d’un atelier de reproduction réquisitionné par les Allemands, ils obtiennent et communiquent à Londres plus de 4.000 reproductions de plans concernant des maquettes de camouflages de l’aviation allemande, des installations militaires, des usines… Le groupe est démantelé fin 1942. Neuf personnes seront jugées au cours de l’affaire dite ” Brunet “. Louis Esparre, Robert Jeanne et Pierre Doucet seront fusillés, ici, le même jour, le 28 mai 1943. Henri Brunet sera, lui, fusillé quelques mois plus tard. Dans sa dernière lettre à ses parents, Louis Esparre écrit : ” Un seul trouble dans ma divine sérénité devant la mort : c’est celui du désastre que je vous cause en partant. (…) Dites à tous que je pardonne le mal qu’on a pu me faire et que je prierai de là-haut même pour ceux qui ont contribué à me conduire au sacrifice suprême. (…) J’ai depuis longtemps accepté ce sacrifice. Aujourd’hui à 16 heures il sera consommé “. Dans la marge de celle lettre, Pierre Doucet, son beau-frère, écrit : ” Nous partons courageusement “.

(*Voir les sites SGA- Mémoire des hommes ( Ministère de la Défense ) et Mémoire 78 ( Affilié ONAC )