Vosgien, fils d’un maréchal des logis-chef de gendarmerie, il tirait de ses origines simplicité, droiture et cet amour de son pays, qui allait conduire sa destinée.

En 1915, dès le début de la première guerre mondiale, à dix-huit ans, il s’engage dans l’infanterie.

En 1916, il est élève officier à Saint-Cyr. Un an plus tard, il passe dans l’aviation. Nul ne l’entendra jamais évoquer ses faits d’armes…

La paix revenue, la vision lucide d’une inéluctable explication franco­allemande, autant que son besoin d’action, le poussent vers le Service de Renseignements. C’est faire vœu de désintéressement, de sacrifice et de pauvreté.

En 1923, il est affecté au poste de Strasbourg, où déjà son goût pour le contre-espionnage se manifeste. Précurseur de l’intoxication, il s’infiltre dans l’Abwehr. Dans le, même temps, il pousse d’audacieuses recherches au plus profond de l’industrie aéronautique allemande.

Du poste de Belfort, où il a été affecté en 1933 il transmet des rapports d’un intérêt capital sur les études et la production du troisième Reich, révélant l’état des recherches nazies jusque dans les domaines les plus secrets de l’aviation à réaction.

Tant d’activités audacieuses ne pouvaient que laisser des traces. En Allemagne, Sérot identifié devient l’homme à abattre. En Suisse, c’est l’indésirable et insaisissable agent du Deuxième Bureau, trouble fête de la sacro-sainte neutralité suisse, générateur permanent de complications diplomatiques. Imperturbable, maître de lui autant que de son métier, il poursuit sa mission.

Le désastre militaire de juin 1940 l’oblige à une action totalement clandestine. Recherché par l’ennemi, il change son fusil d’épaule et se lance résolument dans la chasse à la trahison. Avec cet autre aviateur qu’est Mayeur, tout aussi résolu que lui dans sa volonté de lutte, il jette les bases des services de sécurité de l’armée de l’Air.

En novembre 1942, ” Lors de l’occupation totale de la France, une élémentaire prudence nous contraint à forcer Sérot à se mettre hors de portée de la Gestapo. Il rejoint Alger, où il aura, en janvier 1943, la généreuse pensée de joindre ses efforts aux miens pour diriger les services de contre-espionnage et structurer définitivement la sécurité militaire. Jamais, je n’ai eu collaborateur plus dévoué, plus efficace, plus loyal, plus discret et plus humain.

Hélas, son épouse est demeurée en France. Impuissant à saisir l’homme, l’ennemi se venge sur la femme. Betty Sérot est déportée à Ravensbrück. Pendant vingt-quatre mois de “ nuits et brouillards ”, elle va être le pitoyable otage dont l’épreuve douloureuse suscite chez son époux une angoisse mortelle que l’impression de sa responsabilité rend plus cruelle encore. Couple meurtri et résigné, André et Betty gravissent alors le faîte du surhumain.

La délivrance intervient. Marquée pour la vie, chancelante, Betty va affronter de nouveaux tourments. Sérot, après avoir dirigé l’ensemble des services de sécurité des forces armées françaises, est désigné comme délégué de la France à la mission des Nations Unies en Palestine. Aux côtés du comte Folke Bernadotte il va en Terre Sainte, porter aux hommes déchirés par la haine, ce message de réconciliation et de fraternité qui fait son idéal spirituel. Pourtant, un funeste pressentiment l’habite : l’échec de ses efforts et la mort.

En juin 1948, il vient à Paris et m’ouvre son cœur de chrétien: “ Je ne reviendrai pas vivant de là-bas. Mais qu’importe. Si vous saviez quelle quiétude m’envahit, lorsque certains soirs je gravis seul le calvaire et me recueille sur le Mont des Oliviers ”.

Le 18 septembre 1948, il est assassiné à Jérusalem, en même temps que le comte Folke de Bernadotte.

image_pdfimage_print
Recevoir les actualités par email