L’objectif de notre amicale : rétablir “cette sacrée Vérité”

Par Paul Paillole en 1973 :

Depuis plusieurs mois, nous assistons à la sortie massive d’écrits de toutes sortes, d’émissions radio et télévisées, qui prétendent projeter des lueurs de vérité sur les événements des années 1939 à 1945.

Je constate à regret – comme vient de le faire le Général BAILLIF à propos de la guerre d’Indochine dans sa protestation adressée à l’O.R.T.F. – le manque d’informations et d’objectivité de la plupart des auteurs.

Connaissance incomplète des événements, témoignages partiaux, subjectifs, récits hagiographiques, plaidoyers orgueilleux, présentations partisanes ou tendancieuses des faits, telles sont les caractéristiques de tant d’oeuvres diffusées avec une prétention historique.

Nous avons trop souvent dénoncé les manquements à la VERITE pour ne pas stigmatiser le « bourrage des crânes » et plus particulièrement celui qui s’exerce jusque dans nos foyers par les moyens officiels audio­visuels.

Ainsi a été pratiquement monopolisé le mérite de la Résistance à l’envahisseur de 1940 et minimisée toute action patriotique en marge de ce monopole.

Je ne veux pour preuve de ce que j’avance que cette monstrueuse disposition administrative qui interdit encore aujourd’hui au Ministre des Armées (D.P.M.A.T.) de prendre en considération les titres de résistance établis autrement que par les fichiers du B.C.R.A.

J’imagine la réaction de LOCHARD ou de VERNEUIL si on leur avait prescrit en 1943 ou 1944 d’adresser à Londres les listes de leurs agents pour qu’elles soient mises en fiche !

Que l’on me comprenne bien : la pensée de minimiser les mérites de ceux – quels qu’ils soient – qui « ont fait quelque chose de bien », ne m’effleure pas.

Ce que nous sommes un certain nombre à ne plus pouvoir supporter, c’est la prétention sacro-sainte au « monopole », c’est l’audace de présenter avec un label plus ou moins officiel des événements tronqués, c’est l’impudeur de donner une dimension démesurée à des faits bénins, en ignorant – ou feignant d’ignorer – des faits essentiels.

Alors, comment ne pas saluer cette amorce de renversement de tendance que nous percevons dans les flots que déverse la littérature. Nous ne saurions trop remercier les quelques auteurs courageux, consciencieux, qui tentent de rétablir la VERITE.

QUELS QU’ILS SOIENT, nous avons LE DEVOIR DE LEUR OUVRIR NOS DOSSIERS ET NOS SOUVENIRS.

L’objectif majeur de notre Association demeure d’ordre moral.

Nulle récompense, nulle satisfaction, ne saurait honorablement et pleinement sanctionner les sacrifices des nôtres, sans le rétablissement complet de « cette sacrée VERITE ». Elle chemine lentement dans l’accumulation des mensonges, et des produits des imaginations perverses; mais cette marche annonce la fin d’une époque où trop de médiocres et d’ambitieux ont trouvé dans l’astucieuse exploitation des événements, le tremplin nécessaire pour sauter sur les honneurs et les bonnes places.

Je crains fort que notre PAYS n’y ait pas trouvé son compte, et que l’HISTOIRE, la vraie, en subisse les conséquences.




Editorial de Michel Garder sur l’evolution de l’AASSDN (1987)

Depuis sa création, fin 1953, notre Association a connu une lente mutation transformant un rassemblement spontané de femmes et d’hommes ayant en commun l’amour de la Patrie, les preuves concrètes de cet amour et leur attachement aux Services Spéciaux et à leurs anciens chefs en une grande famille unie par des liens ineffables.

De ce fait, au sein du monde des Anciens Combattants, l’A.A.S.S.D.N. occupe une place à part grâce à une âme collective exprimant la totalité des vivants et des morts réunis à jamais dans un même idéal.

Le miracle ne s’est évidemment pas réalisé en un jour. Pour en être digne notre Amicale a dû passer — à l’instar de la France elle-même, par une série d’épreuves telles que la fin douloureuse de la guerre d’Indochine, le drame algérien, le trait tiré sur notre Empire, le repli sur l’Hexagone.

De part sa nature même l’Amicale s’est trouvée à la fois plus sensible aux blessures infligées par les épreuves et plus apte à les supporter que la plupart des autres composantes de la collectivité nationale — le passé de ses membres étant une quintessence de patriotisme, d’abnégation et de foi dans les destinées du pays. Ajoutons que nous avons eu la chance d’être animés et représentés par un chef digne de ce nom en vue d’une mission exaltante : défendre la mémoire de nos glorieux morts en servant la cause de la Vérité Historique.

Et c’est ainsi qu’aux années d’incertitude devaient succéder les années marquées par un feu d’artifice de mises au point et d’oeuvres historiques originales rétablissant en France et à l’étranger le rôle véritable joué par nos Services avant, pendant et après la Deuxième Guerre Mondiale (1).

Ce feu d’artifice n’a pas été uniquement le fait de quelques historiens improvisés issus de nos rangs. Chaque membre de l’Amicale, grâce à son témoignage écrit ou oral, s’est vu obligé d’apporter sa pierre à l’édifice de cette Sacrée Vérité. Le bouquet final de ce feu d’artifice a été « Notre Espion Chez Hitler du Colonel PAILLOLE; « Les Renards de l’Ombre » du regretté Elly ROUS et, en voie d’exploitation, le travail de fond du non moins regretté MORANGE.

Il restait à l’Amicale d’assurer sa survie en recrutant une relève de jeunes camarades dignes de recevoir le flambeau de la génération des survivants du 2 bis, de la S.T. et des Réseaux S.R. (Kléber, Gallia, Marco, etc.), S.R. Air, SSM.T.R. S.A. L’opération est actuellement en cours. L’avenir étant assuré, nous entrons désormais dans l’ère de la Sérénité — non pas cependant celle de l’autosatisfaction béate, mais celle de la conscience du labeur accompli — celle du « Nunc dimittis ! » du Témoin de la Promesse réalisée.

Ce dernier Congrès dont la réussite est attestée par le compte rendu figurant dans le présent Bulletin a été celui de la Sérénité. Et c’est sous son signe que nous voudrions répondre à la question que se pose notre Président National dans l’émouvant nécrologue qu’il consacre à son ami d’enfance, à son « frère », le Professeur Maurice RECORDIER, ce grand Patron, ce grand Français qui vient de nous quitter.

Non, mon Colonel, ne regrettez pas cette occasion effectivement unique, ou du moins contentez-vous de la souligner comme vous le faites. Chacun des protagonistes du drame, Jean MOULIN, FRENAY et vous-même avait alors sa propre vision du Devoir et même si ce que nous croyons sincèrement, la vôtre était la vraie, vous n’étiez pas en état de la faire triompher.

Au soir d’une vie bien remplie les regrets sont quand même plus faciles à supporter que les remords et donnent à la Sérénité son halo de Sagesse. C’est en somme le tribut qu’il nous faut payer à cette Sacrée Vérité. (1) En particulier les ouvrages du Général NAVARRE, le Général BEZY, de Michel THORAVAL, de Michel GARDER et du Colonel PAILLOLE




Conference de M Garder- Analyse de la situation mondiale suite aux evenements de Pologne

L’été écoulé n’a pas dû apporter de grosses satisfactions aux oligarques moscovites. Depuis le point auquel nous avons procédé dans le B L. 110, le Kremlin n’est pas parvenu à « redresser » la situation en Pologne ; en Afghanistan les divisions soviétiques et leurs supplétifs « karmalistes » ont essuyé une série de revers graves et en Extrême-Orient un nouvel affrontement sino-vietnamien peut à tout moment placer l’U.R.S.S. dans une position embarrassante. Au même moment, l’Administration américaine met en oeuvre une stratégie totale qui déroute les dirigeants soviétiques, peu habitués à voir utiliser contre eux leurs propres procédés, et les offensives psycho-politiques de Moscou, s’appuyant sur des manifestations pacifiques en Allemagne et d’autres pays occidentaux, n’ont pu jusqu’ici compromettre gravement l’unité de l’Alliance Atlantique.

En ce qui concerne ce dernier point, le changement de président et de majorité en France n’a en rien affecté la position de notre pays demeuré fermement fidèle à l’Alliance. Enfin à l’intérieur de l’Empire soviétique, le mauvais exemple polonais risque avec le temps de faire tache d’huile et en U.R.S.S. même, la situation pourrait fort bien devenir préoccupante pour le pouvoir totalitaire lénino-marxiste.

LE CASSE-TÊTE POLONAIS

Plus de quatorze mois après l’émergence – avec le phénomène « Solidarité » – d’une Société Civile polonaise transcendée par l’Église et fortifiée par le sentiment national, le Kremlin se trouve dans l’incapacité totale de ramener la Pologne dans le giron communiste.

Toutes les tentatives de pression et quelques provocations n’ont pu modifier le cours inexorable des événements. L’oligarchie communiste polonaise ne représente plus qu’une minorité de privilégiés accrochée désespérément à un pouvoir qu’elle ne peut plus exercer face à un peuple debout exigeant des élections libres et la création d’un nouvel état au sein duquel la « solidarité nationale » se substituerait aux dogmes périmés du marxisme­léninisme.

Une intervention militaire soviétique paraît de moins en moins concevable, Selon Lech WALESA lui-même, il ne resterait qu’une chance sur cent pour que Moscou commette cette erreur tragique. En effet, la situation en Pologne n’est guère comparable à celle de la Hongrie en 1956, ni a priori à celle de la Tchécoslovaquie en 1968. On ne peut pas non plus la comparer à celles qui prévalaient lors des deux partages ou des insurrections historiques, voire du dépècement en 1939 par l’Allemagne nazie et l’U.R.S.S. stalinienne.

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Pour la première fois dans son histoire le peuple polonais se trouve uni, organisé et résolu, alors que l’adversaire qui le menace est parfaitement conscient de ce qu’il court le risque d’une aventure sanglante aux conséquences difficilement prévisibles et, de plus, en contradiction totale avec le plan stratégique qu’il poursuit actuellement. Ce plan nous l’avons exposé dans le B.L. 110 (p. 12, Face aux Occidentaux » ) et toute l’attitude récente du Kremlin montre que l’oligarchie moscovite ne l’a pas modifié. Or il est non moins évident que l’inaction entraînerait ipso facto non seulement un changement total de régime en Pologne, mais également la désagrégation du ciment même de l’Empire soviétique et, en fin de compte, la mort du bolchevisme.

La rage impuissante qui se manifeste dans le déferlement haineux de la propagande du Kremlin à l’égard « des éléments anti-socialistes manipulés par la C.I.A. qui agissent en Pologne » – autrement dit la majorité écrasante des polonais – montre à souhait que ce danger n’a pas échappé à l’oligarchie moscovite. Ce danger est d’autant plus grand que le casse-tête polonais n’est pas le seul problème qui se pose auxdits oligarques.

L’ENLISEMENT EN AFGHANISTAN.

Au cours de l’été écoulé les soviétiques ont, une fois de plus, tenté par une série d’offensives de résoudre militairement le problème afghan. Chacune de ces offensives s’est soldée par un échec. C’est ainsi que, fin juillet, le commandement soviétique avait cru bon, pour déloger les troupes de la Résistance de la province de Paghman au N.O. de la capitale, d’expédier sur les lieux le « bataillon des anciens » de l’école d’officiers de Kaboul. Soutenus par l’aviation tactique et les hélicoptères blindés soviétiques, les élèves officiers afghans furent encerclés à quelque vingt kilomètres de leur base de départ et sommés de se rendre. Près de deux cents d’entre eux devaient passer dans le camp de la Résistance ; une centaine ont été massacrés et seule une trentaine de survivants a pu revenir à Kaboul.

Amenés par hélicoptères, les renforts soviétiques furent rapidement anéantis, un détachement étant tombé dans une embuscade et le suivant ayant été pris par erreur sous le feu de sa propre aviation.

Il fallut dépêcher sur le terrain de nouvelles unités soviétiques et « karmalistes ». Après trois jours d’intenses combats aboutissant à la destruction de vingt-cinq villages et à de nombreuses pertes civiles (les résistants ayant quatre-vingts tués dans leurs rangs), les « forces de l’ordre » se sont retirées ramenant sur Kaboul environ trois cents cadavres.

Après leur départ les résistants ont repris le contrôle de la province d’où ils ont été à même d’intensifier leurs raids sur Kaboul.

Finalement le commandement soviétique a été amené à fermer l’école d’officiers afghans, des émeutes ayant éclaté parmi les jeunes E.O.A. Une partie des élèves aurait été expédiée en U.R.S.S., les autres ayant été incorporés dans l’armée « karmaliste ».

Début et fin août, d’autres offensives soviétiques au nord et à l’est de Kaboul n’ont pas connu plus de succès. Enfin en septembre il y a eu une longue et sanglante bataille pour la possession de Randahar, la deuxième ville de l’Afghanistan, qui est restée finalement aux mains des résistants.

Les caractéristiques essentielles de cet enlisement soviétique en Afghanistan sont désormais les suivantes :

– Même si les résistants ne peuvent pas vaincre militairement l’envahisseur, celui-ci de son côté ne serait à même de l’emporter qu’à la condition de quadrupler – sinon de quintupler – les effectifs engagés et de modifier radicalement sa tactique.

– Les pertes en matériel des forces armées soviétiques s’accroissent au fur et à mesure que les résistants reçoivent des armes antichars et antiaériennes perfectionnées.

– Le régime « collaborationniste » de Babrak KARMAL paraît d’ores et déjà condamné, ce qui tend à réduire, sinon à annuler les chances d’un règlement politique du problème.

En définitive, un engrenage, plus implacable encore que celui que nous avons connu en Indochine et en Afrique du Nord, ou que celui qui a traumatisé les Américains au Viêt-nam, entraîne les Soviétiques dans une impasse totale ne leur permettant ni de conclure victorieusement cette guerre coloniale, ni d’y mettre un terme impunément.

La CONFRONTATION SOVIÉTO-CHINOISE.

Les problèmes précités ne manquent pas d’avoir une influence directe sur le conflit inexpiable qui oppose l’U.R.S.S. et la Chine, et par voie de conséquence ils renforcent encore la cohésion du binôme sino-nippon et le rapprochement entre les Asiatiques et le camp occidental.

En effet, Moscou qui voit déjà la main de la Chine dans l’affaire afghane, constate la joie mauvaise de Pékin devant l’évolution de la situation en Pologne. Faute de pouvoir rendre les îles Kouriles au Japon, l’U.R.S.S. a perdu toute chance de séparer ce pays de la Chine. Enfin l’antagonisme – à la limite de l’explosion – sino-vietnamien ne peut laisser l’Union Soviétique indifférente. En l’occurrence Moscou a déjà perdu la face une première fois, en janvier 1979, en ne se portant pas immédiatement au secours de l’allié vietnamien agressé par la Chine. Or nous voici à la fin de la saison des pluies et les motifs d’une nouvelle guerre sino-vietna­mienne ne manquent pas.

Depuis le printemps dernier l’U.R.S.S. a renforcé son dispositif à la frontière chinoise et il est possible que les troubles récemment signalés au Sin-Kiang aient eu à leur origine une manoeuvre du K.G.B.

On peut se demander dès lors si le face à face haineux soviéto-chinois demeurera longtemps au point mort le long de sept mille kilomètres de frontière commune.

LA NOUVELLE STRATÉGIE LÉTALE AMÉRICAINE.

Même si tout ne baigne pas dans l’huile du côté américain et si l’opposition démocrate – initialement sans réactions sérieuses – a fini ces derniers temps par s’organiser contre l’effet Reagan », il n’en demeure pas moins que la nouvelle administration a surpris les adversaires et les alliés des États-unis par la vigueur et la cohérence de sa stratégie totale.

En Europe, au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et surtout en Amérique Latine, le « vent d’ouest » tend à supplanter le « vent d’est ». La détente, cette géniale duperie du Kremlin a laissé la place à un brutal bras de fer américano-soviétique. La course aux armements qui, soit dit en passant, n’avait jamais cessé – surtout du côté soviétique – a été relancée par les Américains. Quand on connaît leurs qualités de sérieux et d’efficacité on ne peut douter de leur victoire dans cette course d’ici quelques années.

Du coup, les négociations américano-soviétiques sur la limitation des armements qui doivent reprendre en novembre vont se dérouler selon un schéma quelque peu modifié, les États-unis ne permettant plus, comme avant, aux Moscovites de faire des concessions sur leurs propres exigences.

DES OFFENSIVES DE PAIX EN RAFALE.

Ainsi qu’il fallait s’y attendre depuis le 26e Congrès de février-mars 1981, l’U.R.S.S. a multiplié face aux Occidentaux des offensives de paix, soutenues et amplifiées par ses alliés conscients – les communistes européens – ou inconscients, autrement dit les libéraux de gauche, les pacifistes, les écologistes et autres idéalistes. Certes ce genre d’offensives a enregistré quelques succès tactiques, en particulier en Allemagne où l’opinion publique s’est trouvée divisée. Toutefois dans l’ensemble le camp occidental n’a pas été ébranlé et la France – naguère maillon important du dis­positif – a tenu bon. Jusqu’à nouvel ordre le principe de l’installation en Europe des Pershings et des « Cruise missiles » en 1983 a été maintenu et l’arme à rayonnement renforcé (bombe à neutrons) devrait finalement être intégrée au corps de bataille aéro-terrestre de l’Alliance Atlantique.

ET PENDANT CE TEMPS !…

Confrontée dans des conditions de plus en plus difficiles aux quelques problèmes – dont la liste est loin d’être exhaustive – que nous venons de passer en revue, l’oligarchie moscovite se trouve sérieusement menacée sur l’ensemble de ses arrières. De très nombreux points d’interrogation inquiétants pour la survie du système s’y posent sans que l’on puisse entre­voir la moindre réponse satisfaisante pour la plupart d’entre eux.

Le premier est, bien entendu, celui de l’exercice du pouvoir au sommet du système totalitaire soviétique. Pléthorique, gérontocratique, anachronique, de qualité discutable et divisée en son sein, l’oligarchie soviétique se trouve de plus en plus en butte aux pressions divergentes de ses deux piliers auxiliaires : l’Armée et les Services Spéciaux. Aussi paraît-elle, ces derniers temps, incapable de prendre des décisions rapides et cohérentes face aux problèmes extérieurs et intérieurs qui se posent à elle. De plus, une relève massive au sommet, sans cesse reculée, devrait finir par s’imposer dans une atmosphère de fin d’Empire.

Or au sein de cet Empire « le mauvais exemple » polonais pourrait à tout moment faire tache d’huile alors que Moscou doit résoudre d’urgence les problèmes suivants :

– faire participer plus activement les satellites à son effort en Asie ;

– réaliser un juste équilibre entre la férule économique qu’elle impose à ses vassaux européens par le biais de l’énergie (pétrole, gaz naturel) ;

– conjurer les dangers d’explosion populaire sur lesquels pourrait déboucher la crise économique, difficilement évitable, résultant de cette férule.

Le même « mauvais exemple » polonais menace d’ailleurs également les populations soviétiques, et en premier lieu celles des républiques baltes, de Biélorussie et de l’Ukraine. Déjà nous croyons savoir que depuis septembre dernier le thème des « syndicats libres polonais » trouve une audience de plus en plus grande dans la partie européenne de l’Union.

A cela viennent s’ajouter en s’aggravant :

– la radicalisation des sentiments nationalistes dans les Républiques allogènes ;

– l’éveil croissant du sentiment religieux parmi les populations de souche chrétienne, son intensification chez les citoyens d’origine juive et sa confirmation dans les républiques musulmanes ;

-la croissance des besoins insatisfaits au sein des populations découvrant le mirage d’une société de consommation, sans cesse reportée au lendemain.

UNE ÉCHÉANCE SANS CESSE RETARDÉE.

Certains amateurs d’analogies en histoire comparent la période actuelle à celle qui a précédé la 2èm guerre mondiale. Les analogies ne manquent certes pas entre ces deux prologues de « catastrophes ». Toutefois, outre le fait que seul l’avenir confirmera ou non ce diagnostic pessimiste, il y a d’ores et déjà une série de différences fondamentales entre le « perturbateur de 1939 » et « l’agresseur potentiel » de 1981.

La première de ces différences réside dans l’approche du problème de la guerre. L’arme nucléaire n’existait pas en 1939. HITLER pouvait fort bien, avec CLAUSEWITZ, considérer la guerre comme la poursuite de la guerre par d’autres moyens. C’était d’ailleurs également l’opinion de STALINE. Il en va de même aujourd’hui des successeurs de ce dernier qui ont pu, depuis des années, prendre pleinement conscience du caractère apocalyptique d’une guerre totale moderne.

Monocrate, confiant dans son étoile et dans l’avenir glorieux du peuple allemand, HITLER avait une psychologie de joueur de poker ; même de qualité intellectuelle discutable, l’oligarchie moscovite est essentiellement une équipe de joueurs d’échecs.

Enfin l’Allemagne nazie électrisée et unie par son chef et une idéologie conquérante ne peut se comparer à un Empire, surpuissant peut-être, mais affecté ainsi que nous l’avons dit plus haut d’une série de maux difficilement curables. C’est d’ailleurs de l’avenir de cet Empire – plus que d’importantes décisions de son oligarchie – que dépend, selon nous, le sort de notre monde.

Dans le B.L. précédent nous avons rappelé les quatre hypothèses relatives à cet avenir. Ces hypothèses demeurent toutes valables. Cependant avec le temps, ce sont H-3, celle d’une révolution de palais à Moscou et H-4, celle d’une guerre civile en U.R.S.S., qui nous paraissent de plus en plus probables.

En effet, faute d’intervenir en Pologne et de pouvoir régler le problème afghan, l’Empire – à moins d’une fuite en avant sous la forme d’une guerre par surprise en Asie ou en Europe, voire partout à la fois -, se trouve menacé par une implosion.

Au moment où nous écrivons ces lignes on prête aux oligarques soviétiques l’intention de laisser se dégrader la situation économique en Pologne en restreignant les livraisons de vivres, de gaz naturel et de pétrole à ce pays. Il serait étonnant que les membres de Solidarité finissent par capituler devant les effets de cette manoeuvre de strangulation économique.

Aussi croyons-nous que le fait de retarder sans cesse l’échéance en Pologne, un risque de subir d’autres avatars au sein de leur empire ne peut profiter aux dirigeants actuels du Kremlin.




Biographie du General Meyer

Né à Belfort en mars 1921, aîné de six enfants. Son père, Ancien Combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et Officier de Réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’Air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne. Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Il a 18 ans. Candidat à l’Ecole de l’Air, il s’engage pour la durée de la guerre comme élève pilote. En mai 1940, il est admis en stage d’Aspirant à Agen mais la défaite bouleverse sa destinée et le 20 juin il cherche à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, il est interné à Argelès. Il s’évade pour retourner à Belfort où il apprend que son père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Il gagne alors la Suisse et se met à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’Ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec lui il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber.Il a tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot l’a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement. Dès juillet 1940, il se lance à corps perdu dans ce combat de l’ombre.Il constitue progressivement plusieurs réseaux très étoffés qui couvrent toute la France qu’il sillonnera à bicyclette pendant quatre ans, de Belfort à la Normandie ou à la Pointe de Bretagne et du Nord à la Provence. Il parcoure aussi la Belgique, les Pays-Bas et même une large partie du Reich. Sa mission prioritaire : identifier les unités allemandes afin de dresser en permanence l’ordre de bataille ennemi. Malgré sa jeunesse, mais grâce à ses qualités exceptionnelles, il va recueillir des renseignements d’importance capitale et, bravant tous les dangers, il deviendra au fil des mois le meilleur agent de ” Bruno ” et l’un des hommes clés des services alliés en Europe, en particulier de l’OSS.Échappant, souvent de justesse, aux contrôles et aux recherches des services allemands, il sera tout de même appréhendé douze fois, et plusieurs de ses agents seront, hélas, arrêtés et déportés.De 1940 à 1944, il organise environ 400 passages de la frontière suisse ou d’Alsace et de la ligne de démarcation, permettant ainsi l’évasion de près de 1.200 Français et alliés dont celle du Général Giraud. Il parviendra ainsi à confier au Commandant Pourchot à Berne le Drapeau de la Section des Combattants Volontaires de Belfort que présidait son père.Cette intense activité le ramène cependant toujours à Belfort, point nodal de la “toile ” qu’il a tissée.La citation pour sa nomination à titre exceptionnel au grade de Chevalier de la Légion d’honneur stipule notamment : ” A obtenu un rendement exceptionnel qui a contribué d’une façon déterminante à la préparation et au succès des débarquements alliés “.En septembre 1944, de Lattre approche de Belfort. Le Commandant Pourchot le met à la disposition du Service de Renseignement Opérationnel de la première Armée dirigé par le colonel Simoneau. C’est la mission ” Stuka ” pour laquelle il constitue un nouveau réseau spécifique.Ses renseignements permettent d’épargner la vie de nombreux soldats et influent sur l’issue de la bataille. Mais, trahi par un élément douteux, il est arrêté le 11 novembre 1944 à Belfort.Interrogé, torturé pendant près d’une semaine sans rien révéler, il est déporté le 18 novembre à la forteresse de Fribourg alors que la bataille de Belfort est déclenchée depuis le 15.Condamné à mort le 27, il parvient à s’évader à la faveur d’un bombardement. Au terme d’un périple de quatre mois en Allemagne, au cours duquel il sera repris et s’évadera de nouveau, il se présente, le 8 mars 1945, aux éléments avancés de la 9e armée américaine avec trois prisonniers, non sans avoir recueilli d’autres renseignements précieux, en particulier sur l’offensive des Ardennes. Une nouvelle Citation à l’ordre de l’Armée précise : ” doit être considéré de très loin comme le meilleur artisan de la préparation de l’offensive Vosges-Alsace, de l’avis de l’ennemi lui-même qui lui rendra cet hommage “. Ayant retrouvé le Colonel Sérot, il rejoint le Service de Renseignement Opérationnel de la Première Armée et repasse le Rhin le 31 mars 1945. La guerre se termine. Il y a consacré sa jeunesse, gagné trois citations à l’ordre de l’armée et la Légion d’honneur à titre exceptionnel. Lieutenant de Réserve, il est démobilisé en 1946. Après quelques années de vie civile durant lesquelles il sera le liquidateur national du SR français en Suisse et du réseau Kléber-Bruno, il est volontaire en 1951 pour servir en Indochine.Capitaine de Réserve en situation d’activité, il est affecté sur les bases aériennes de Bien Hoa et de Tan Son Nhut où il cré et commande, avec des éléments vietminh ralliés, un commando de contre-espionnage et de contre-sabotage. Le concept des brigades de recherches el de contre-sabotage – les BRCS – est né, il donne à celle de Bien Hoa le nom de ” commando Colonel Sérot ” assassiné à Jérusalem le 17 septembre 1948. En septembre 1953, il est le chef de l’antenne aéroportée de renseignement opérationnel auprès du Général commandant en chef en Indochine, notamment pour l’opération ” Atlante “et Dien Bien Phu où, dès fin 1953, il appele l’attention du commandement sur le choix de la cuvette qui ne lui paraît pas judicieux, compte tenu des renseignements dont il dispose. Par la suite il organise une filière d’évasion pour les personnalités vietnamiennes pro-françaises qui souhaitent rester à nos côtés et, en septembre 1955, il est rappelé en France. En mars 1956, il participe à la création pour l’Algérie, sur décision du Général de Maricourt, des Commandos Parachutistes de l’Air, dont il assure, jusqu’en 1961, la conduite opérationnelle. Affecté à Paris comme directeur et inspecteur des Commandos Parachutistes de l’Air il demande, en janvier 1963, un congé pour convenance personnelle compte tenu de l’attitude officielle à l’égard des Commandos de l’Air. Il occupe ensuite, pendant dix ans, diverses fonctions au sein de l’Armée de l’Air, notamment à la direction du personnel militaire (DPMAA) et il devient conseiller ” Commando ” avant d’être appelé à la direction de la Sécurité Militaire comme Chef d’État-Major inter-armées, de 1974 à 1976. Son dernier commandement sera celui de la base aérienne de Chartres, de 1976 à 1978. Il sera alors nommé Général de Brigade Aérienne en 2e section.

Entre temps, il adhère à l’amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (A.A.S.S.D.N.) et en devient administrateur en 1978, puis Président National Adjoint.Il sera également un membre influent de plusieurs autres associations ou fédérations patriotiques. Grand’Croix de la Légion d’Honneur, Grand’Croix de l’Ordre National du Mérite, titulaire des Croix de Guerre 39-45 et des Théâtres d’Opérations Extérieures, de la Croix de la Valeur Militaire et de la Croix de la Vaillance Vietnamienne avec treize citations dont huit palmes ainsi que de la Médaille de la Résistance et de bien d’autres décorations. Blessé à cinq reprises.

Décédé le 6 mai 2006

Bio reprise au sein du discours d’adieu du Président de l’AASSDN le 12.05.06




Eloge funèbre du Commandant Hélie de Saint-Marc

Discours prononcé le vendredi 30 août 2013 à Lyon par le Général d’armée (2s) Bruno Dary
ancien Gouverneur militaire de Paris

Mon Commandant,
Mon ancien,

Ils sont là, ils sont tous présents, qu’ils soient vivants ou disparus, oubliés de
l’histoire ou célèbres, croyants, agnostiques ou incroyants, souffrant ou en pleine
santé, jeunes soldats ou anciens combattants, civils ou militaires, ils sont tous présents,
si ce n’est pas avec leur corps, c’est par leur coeur ou par leur âme ! Tous ceux
qui, un jour, ont croisé votre chemin, ou ont fait avec vous une partie de votre route
ou plutôt de votre incroyable destinée, sont regroupés autour de vous : les lycéens de
Bordeaux, les résistants du réseau Jade Amicol, les déportés du camp de Langenstein,
vos frères d’armes, vos légionnaires que vous avez menés au combat, ceux qui sont
morts dans l’anonymat de la jungle ou l’indifférence du pays, les enfants de Talung
que vous avez dû laisser derrière vous, les harki abandonnés puis livrés aux mains du
FLN ! Je n’oublie pas vos parents et votre famille, qui ont partagé vos joies et vos
épreuves : il faut ajouter à cette longue liste les jeunes générations qui n’ont connu
ni la Guerre de 40 ni l’Indochine, pas plus que l’Algérie, mais qui ont dévoré vos
livres, qui vous ont écouté et que vous avez marqués profondément ! Cette liste ne
serait pas complète, si n’était pas évoquée la longue cohorte des prisonniers, des
déchus, des petits et des sans-grades, les inconnus de l’histoire et des media, ceux
que vous avez croisés, écoutés, respectés, défendus, compris et aimés et dont vous
avez été l’avocat. Eux tous s’adressent à vous aujourd’hui, à travers ces quelques
mots et, comme nous en étions convenus la dernière fois que nous nous sommes vus
et embrassés chez vous, je ne servirai que d’interprète, à la fois fidèle, concis et surtout
sobre. Aujourd’hui, Hélie, notre compagnon fidèle, c’est vous qui nous quittez,
emportant avec vous vos souvenirs et surtout vos interrogations et vos mystères ;
vous laissez chacun de nous, à la fois heureux et fier de vous avoir rencontré mais
triste et orphelin de devoir vous quitter. Vous laissez surtout chacun de nous, seul
face à sa conscience et face aux interrogations lancinantes et fondamentales qui ont
hanté votre vie, comme elles hantent la vie de tout honnête homme, qui se veut à la
fois homme d’action et de réflexion, et qui cherche inlassablement à donner un sens
à son geste ! Parmi tous ces mystères, l’un d’eux ne vous a jamais quitté. Il a même
scandé votre vie ! C’est celui de la vie et de la mort. Car qui d’autres mieux que
vous, aurait pu dire, écrire, prédire ou reprendre à son compte ce poème d’Alan
Seeger, cet Américain, à la fois légionnaire et poète, disparu à 20 ans dans la tourmente
de 1916 : “ j’ai rendez-vous avec la mort ” ? C’est à 10 ans que vous avez
votre premier rendez-vous avec la mort, quand gravement malade, votre maman
veille sur vous, nuit et jour ; de cette épreuve, vous vous souviendrez d’elle, tricotant
au pied de votre lit et vous disant : “ Tu vois Hélie, la vie est ainsi faite comme
un tricot : il faut toujours avoir le courage de mettre un pied devant l’autre, de
toujours recommencer, de ne jamais s’arrêter, de ne jamais rien lâcher ! ”. Cette
leçon d’humanité vous servira et vous sauvera quelques années plus tard en camp de
concentration. Votre père, cet homme juste, droit et indépendant, qui mettait un point
d’honneur durant la guerre à saluer poliment les passants marqués de l’étoile jaune,
participera aussi à votre éducation ; il vous dira notamment de ne jamais accrocher
votre idéal, votre “ étoile personnelle ” à un homme, aussi grand fût-il ! De l’époque
de votre jeunesse, vous garderez des principes stricts et respectables, que les aléas de
la vie ne vont pourtant pas ménager ; c’est bien là votre premier mystère d’une éducation
rigoureuse, fondée sur des règles claires, simples et intangibles, que la vie va
vous apprendre à relativiser, dès lors qu’elles sont confrontées à la réalité ! Puis, à
20 ans, vous aurez votre deuxième rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, vêtu
d’un méchant pyjama rayé, dans le camp de Langenstein. Deux ans de déportation
mineront votre santé et votre survie se jouera à quelques jours près, grâce à la libération
du camp par les Américains. Mais votre survie se jouera aussi par l’aide fraternelle
d’un infirmier français qui volait des médicaments pour vous sauver d’une
pneumonie, puis celle d’un mineur letton, qui vous avait pris en affection et qui chapardait
de la nourriture pour survivre et vous aider à supporter des conditions de vie
et de travail inhumaines. En revanche, vous refuserez toujours de participer à toute
forme d’emploi administratif dans la vie ou l’encadrement du camp d’internement,
ce qui vous aurait mis à l’abri du dénuement dans lequel vous avez vécu. Vous y
connaîtrez aussi la fraternité avec ses différentes facettes : d’un côté, celle du compagnon
qui partage un quignon de pain en dépit de l’extrême pénurie, du camarade
qui se charge d’une partie de votre travail malgré la fatigue, mais de l’autre, les rivalités
entre les petites fraternités qui se créaient, les cercles, les réseaux d’influence,
les mouvements politiques ou les nationalités… Mystère, ou plutôt misère, de
l’homme confronté à un palier de souffrances tel qu’il ne s’appartient plus ou qu’il
perd ses références intellectuelles, humaines et morales ! Vous avez encore eu rendez-
vous avec la mort à 30 ans, cette fois, à l’autre bout du monde, en Indochine.
Vous étiez de ces lieutenants et de ces capitaines pour lesquels de Lattre s’était
engagé jusqu’à l’extrême limite de ses forces, comme sentinelles avancées du monde
libre face à l’avancée de la menace communiste. D’abord à Talung, petit village à la
frontière de Chine, dont vous avez gardé pieusement une photo aérienne dans votre
bureau de Lyon. Si les combats que vous y avez menés n’eurent pas de dimension
stratégique, ils vous marquèrent profondément et définitivement par leur fin tragique
: contraint d’abandonner la Haute région, vous avez dû le faire à Talung, sans
préavis ni ménagement ; ainsi, vous et vos légionnaires, quittèrent les villageois, en
fermant les yeux de douleur et de honte ! Cette interrogation de l’ordre que l’on exécute
en désaccord avec sa conscience vous hantera longtemps, pour ne pas dire toujours
! Plus tard à la tête de votre compagnie du 2e Bataillon étranger de
parachutistes, vous avez conduit de durs et longs combats sous les ordres d’un chef
d’exception, le chef d’escadron Raffalli ; Nhia Lo, la Rivière Noire, Hoa Binh,
Nassan, la Plaine des Jarres. Au cours de ces moments, à l’instar de vos compagnons
d’armes ou de vos aînés, vous vous sentiez invulnérables ; peut-être même vous sentiez-
vous tout permis, parce que la mort était votre plus proche compagne : une balle
qui vous effleure à quelques centimètres du coeur, votre chef qui refuse de se baisser
devant l’ennemi et qui finit par être mortellement touché ; Amilakvari et Brunet de
Salrigné vous avaient montré le chemin, Segrétain, Hamacek, Raffalli et plus tard
Jeanpierre, Violès, Bourgin, autant de camarades qui vous ont quitté en chemin.
Parmi cette litanie, on ne peut oublier votre fidèle adjudant d’unité, l’adjudant
Bonnin, qui vous a marqué à tel point que, plus tard, vous veillerez à évoquer sa personnalité
et sa mémoire durant toutes vos conférences ! Et avec lui, se joignent tous
vos légionnaires, qui ont servi honnêtes et fidèles, qui sont morts dans l’anonymat
mais face à l’ennemi, et pour lesquels vous n’avez eu le temps de dire qu’une humble
prière. Tel est le mystère de la mort au combat, qui au même moment frappe un compagnon
à vos côtés et vous épargne, pour quelques centimètres ou une fraction de
seconde ! Dix ans plus tard, vous aurez encore rendez-vous avec la mort ! Mais cette
fois-ci, ce ne sera pas d’une balle perdue sur un champ de bataille, mais de 12 balles
dans la peau, dans un mauvais fossé du Fort d’Ivry. En effet, vous veniez d’accomplir
un acte grave, en vous rebellant contre l’ordre établi et en y entraînant derrière
vous une unité d’élite de légionnaires, ces hommes venus servir la France avec honneur
et fidélité. Or, retourner son arme contre les autorités de son propre pays reste
un acte très grave pour un soldat ; en revanche, le jugement qui sera rendu – 10 ans
de réclusion pour vous et le sursis pour vos capitaines – montre qu’en dépit de toutes
les pressions politiques de l’époque, en dépit des tribunaux d’exception et en dépit
de la rapidité du jugement, les circonstances atténuantes vous ont été reconnues.
Elles vous seront aussi reconnues cinq ans après, quand vous serez libéré de prison,
comme elles vous seront encore reconnues quelques années plus tard quand vous
serez réhabilité dans vos droits ; elles vous seront surtout reconnues par la nation et
par les media à travers le succès éblouissant de vos livres, celui de vos nombreuses
conférences et par votre témoignage d’homme d’honneur. Ces circonstances atténuantes
se transformeront finalement en circonstances exceptionnelles, lorsque, 50
ans plus tard, en novembre 2011, le Président de la République en personne vous élèvera
à la plus haute distinction de l’Ordre de la Légion d’honneur ; au cours de cette
cérémonie émouvante, qui eut lieu dans le Panthéon des soldats, nul ne saura si l’accolade
du chef des armées représentait le pardon du pays à l’un de ses grands soldats
ou bien la demande de pardon de la République pour avoir tant exigé de ses soldats
à l’époque de l’Algérie. Le pardon, par sa puissance, par son exemple et surtout par
son mystère, fera le reste de la cérémonie !… Aujourd’hui, vous nous laissez
l’exemple d’un soldat qui eut le courage, à la fois fou et réfléchi, de tout sacrifier
dans un acte de désespoir pour sauver son honneur ! Mais vous nous quittez en
sachant que beaucoup d’officiers ont aussi préservé leur honneur en faisant le choix
de la discipline. Le mot de la fin, si une fin il y a, car la tragédie algérienne a fait couler
autant d’encre que de sang, revient à l’un de vos contemporains, le Général de
Pouilly qui, au cours de l’un des nombreux procès qui suivirent, déclara, de façon
magistrale et courageuse, devant le tribunal : “ Choisissant la discipline, j’ai également
choisi de partager avec la Nation française la honte d’un abandon… Et pour
ceux qui, n’ayant pas pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire
dira sans doute que leur crime est moins grand que le nôtre ” ! Et puis, quelque vingt
ans plus tard, alors que, depuis votre sortie de prison, vous aviez choisi de garder le
silence, comme seul linceul qui convienne après tant de drames vécus, alors que vous
aviez reconstruit votre vie, ici même à Lyon, vous êtes agressé un soir dans la rue par
deux individus masqués, dont l’un vous crie, une fois que vous êtes à terre : “ Taistoi
! On ne veut plus que tu parles ! ” Cette agression survenait après l’une de vos
rares interventions de l’époque ; elle agira comme un électrochoc et vous décidera
alors à témoigner de ce que vous avez vu et vécu à la pointe de tous les drames qui
ont agité la France au cours du XXe siècle. Ainsi, au moment où vous comptiez
prendre votre retraite, vous allez alors commencer une troisième carrière d’écrivain
et de conférencier. Alors que le silence que vous aviez choisi de respecter vous laissait
en fait pour mort dans la société française, ce nouvel engagement va vous redonner
une raison de vivre et de combattre ! Toujours ce mystère de la vie et de la mort !
Au-delà des faits et des drames que vous évoquerez avec autant d’humilité que de
pudeur, vous expliquerez les grandeurs et les servitudes du métier des armes et plus
largement de celles de tout homme. A l’égard de ceux qui ont vécu les mêmes
guerres, vous apporterez un témoignage simple, vrai, poignant et dépassionné pour
expliquer les drames vécus par les soldats qui, dans leur prérogative exorbitante de
gardiens des armes de la cité et de la force du pays, sont en permanence confrontés
aux impératifs des ordres reçus, aux contraintes de la réalité des conflits et aux exigences
de leur propre conscience, notamment quand les circonstances deviennent
exceptionnellement dramatiques. A l’égard des jeunes générations, qui n’ont pas
connu ces guerres, ni vécu de telles circonstances, mais qui vous ont écouté avec ferveur,
vous avez toujours évité de donner des leçons de morale, ayant vous-même trop
souffert quand vous étiez jeune des tribuns qui s’indignaient sans agir, de ceux qui
envoyaient les jeunes gens au front en restant confortablement assis, ou de notables
dont la prudence excessive servait d’alibi à l’absence d’engagement. Vous êtes ainsi
devenu une référence morale pour de nombreux jeunes, qu’ils fussent officiers ou
sous-officiers ou plus simplement cadres ou homme de réflexion. Puis dans les dernières
années de votre vie, vous avez aussi eu plusieurs rendez-vous avec la mort, car
votre “ carcasse ” comme vous nous le disiez souvent, finissait par vous jouer des
tours et le corps médical, avec toute sa compétence, sa patience et son écoute, ne pouvait
plus lutter contre les ravages physiques des années de déportation, les maladies
contractées dans la jungle indochinoise et les djebels algériens, les conséquences des
années de campagnes, d’humiliation ou de stress. Pourtant, vous avez déjoué les pronostics
et vous avez tenu bon, alors que vous accompagniez régulièrement bon
nombre de vos frères d’armes à leur dernière demeure ! Là encore, le mystère de la
vie et de la mort vous collait à la peau. Et puis, aujourd’hui, Hélie, notre ami, vous
êtes là au milieu de nous ; vous, l’homme de tous les conflits du XXe siècle, vous
vous êtes endormi dans la paix du Seigneur en ce début du XXIe siècle, dans votre
maison des Borias que vous aimiez tant, auprès de Manette et de celles et ceux qui
ont partagé l’intimité de votre vie. Mais, Hélie, êtes-vous réellement mort ? Bien sûr,
nous savons que nous ne croiserons plus vos yeux d’un bleu indéfinissable ! Nous
savons que nous n’écouterons plus votre voix calme, posée et déterminée ! Nous
savons aussi que lors de nos prochaines étapes à Lyon seule Manette nous ouvrira la
porte et nous accueillera ! Nous savons aussi que vos écrits sont désormais achevés !
Mais, Hélie, à l’instar de tous ceux qui sont ici présents, nous avons envie de nous
écrier, comme cet écrivain français : “ Mort, où est ta victoire ? ” Mort, où est ta
victoire, quand on a eu une vie aussi pleine et aussi intense, sans jamais baisser les
bras et sans jamais renoncer ? Mort, où est ta victoire, quand on n’a cessé de frôler
la mort, sans jamais chercher à se protéger ? Mort, où est ta victoire, quand on a toujours
été aux avant-gardes de l’histoire, sans jamais manquer à son devoir ? Mort, où
est ta victoire, quand on a su magnifier les valeurs militaires jusqu’à l’extrême limite
de leur cohérence, sans jamais faillir à son honneur ? Mort, où est ta victoire, quand
on s’est toujours battu pour son pays, que celui-ci vous a rejeté et que l’on est toujours
resté fidèle à soi-même ? Mort, où est ta victoire, quand après avoir vécu de
telles épreuves, on sait rester humble, mesuré et discret ? Mort, où est ta victoire,
quand son expérience personnelle, militaire et humaine s’affranchit des époques, des
circonstances et des passions et sert de guide à ceux qui reprendront le flambeau ?
Mort, où est ta victoire, quand après avoir si souvent évoqué l’absurde et le mystère
devant la réalité de la mort, on fait résolument le choix de l’Espérance ? Hélie, notre
frère, toi qui a tant prôné l’Espérance, il me revient maintenant ce vieux chant scout
que tu as dû chanter dans ta jeunesse et sans doute plus tard, et que tous ceux qui sont
présents pourraient entonner : “ Ce n’est qu’un au revoir, mon frère ! Ce n’est qu’un
au revoir ! Oui, nous nous reverrons Hélie ! Oui, nous nous reverrons ” ! Oui,
Hélie, oui, nous nous reverrons à l’ombre de Saint Michel et de Saint Antoine, avec
tous tes compagnons d’armes, en commençant par les plus humbles, dans un monde
sans injure, ni parjure, dans un monde sans trahison, ni abandon, dans un monde sans
tromperie, ni mesquinerie, dans un monde de pardon, d’amour et de vérité ! A Dieu,
Hélie… A Dieu, Hélie et surtout merci ! Merci d’avoir su nous guider au milieu des
“ champs de braise ! ”.

En savoir plus sur Hélie de Saint-Marc




2014 : année de grands anniversaires pour l’AASSDN

Editorial du Colonel Henri Debrun, Président de l’AASSDN

1) Anniversaire de l’Amicale : l’AASSDN a soixante ans !
Elle est officiellement née le 25 décembre 1953,
Date du Journal officiel qui publia sa déclaration en préfecture de police de Paris.
Le jour de Noël !… Cela ne saurait s’inventer.
Conçue par nos Anciens du Contre-espionnage, Paillole, Rivet, Navarre,
d’Alès, Gérar-Dubot et bien d’autres afin d’entretenir un lien de solidarité et
d’entraide entre ceux qui avaient lutté au sein de ce service et auprès des
familles de leurs camarades disparus mais aussi de faire reconnaître l’importance
du rôle qu’ils avaient joué dans la clandestinité au service de la France
et de faire respecter les actions qu’ils avaient menées pendant la guerre.

Elle s’appelait alors : “ Amicale des Anciens des SSM/TR ”
et prit corps le 27 février 1954 lors de son assemblée générale constituante.
Le Colonel Paul Paillole en fut élu Président national et le resta jusqu’en 2001.
Deux ans après, elle ouvrait ses rangs tout naturellement à ceux qui
avaient oeuvré au sein des SR Guerre, Air, Marine et s’appela en 1956 :
“ Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ”
L’histoire de l’ASSDN commençait. 60 ans après, elle se poursuit. Grâce à
son souci d’adaptation au fil du temps, elle a désormais l’honneur d’être
reconnue comme l’expression associative de la Communauté du
Renseignement et des Opérations spéciales telles qu’elles sont à présent définies,
dans l’esprit légué par ses fondateurs et dans le respect des valeurs qui
lui sont chères et de l’histoire des Services Spéciaux dont elle est “ la gardienne
du temple ”.

Pour célébrer cet anniversaire, nul autre lieu que Ramatuelle, si liée à
l’ASSDN par cette histoire dont notre Mémorial à caractère national est “ la
Pierre de Mémoire ”, ne convenait et quoi de mieux que d’y tenir Congrès,
du 7 au 10 mai prochain ?

D’autant que 2014 est l’année d’autres anniversaires au retentissement
historique à l’évidence bien plus grand que l’ASSDN, membre du Monde
Combattant, se doit de célébrer également à sa mesure :

2) Le 60e anniversaire de la chute de Diên Biên Phu le 7 mai 1954
après deux mois de combats acharnés, prélude dramatique, mais dans l’honneur
de nos forces armées, de la fin de la guerre d’Indochine à laquelle nos
services apportèrent un concours encore trop méconnu. Nous le commémorerons
au Mémorial de Fréjus, sans oublier que cette fin de guerre lointaine pour la
métropole entraîna “ la Toussaint rouge ” en Algérie, début d’une autre
guerre.

3) Le 70e anniversaire du débarquement de Provence.
Nous commémorerons avec trois mois d’avance cette opération Dragoon en rappelant l’action
déterminante de nos services et de certains de nos réseaux, dont celui de
l’Abbé Lapouge récemment décédé, pour sa préparation, et, dans son exécution,
avec des détachements TR et SA auprès des grandes unités alliées et le
SRO de l’armée B commandée par le Général de Lattre de Tassigny.
Nous saluerons nos derniers Anciens de cette grande époque de la
Libération et ceux qui nous ont quittés. Nous leur rendrons hommage.

4) Le 70e anniversaire du débarquement de Normandie, l’opération Overlord
à laquelle nos services SR et CE participèrent, dans sa phase de préparation,
par un intense travail de recueil et de transmission de renseignements
et une contribution précieuse au fabuleux stratagème “ Fortitude ”,
comme dans son déroulement, grâce à l’accord conclu par le Commandant
Paillole et le Colonel Sheen, chef du G2 de l’État-major du Général
Eisenhower, avec des détachements TR et SA auprès des grandes unités
alliées et les BSM préinstallés.

L’ASSDN sera présente, avec sa délégation de Normandie animée par
Pierre Desjardins, Délégué régional et Jean-Claude Hamel, Délégué de la
Manche, aux commémorations en juin prochain.

5) Enfin le centenaire de la déclaration de la Première Guerre Mondiale.
Nous participerons bien sûr à sa célébration et découvrirons avec intérêt
certaines actions d’acquisition du renseignement.

En somme, une année riche de souvenirs, d’hommages et de découvertes aussi…




Amiral Pierre LACOSTE : “Osons dire les non-dits” (2013)

Depuis qu’Internet a étendu sa toile sur toute la planète, on peut dire que
jamais dans l’histoire de l’humanité la “ société de l’information ” n’avait joué
un si grand rôle dans les politiques et dans les stratégies des institutions étatiques
et des entreprises privées de l’économie mondiale. Mais, paradoxalement, alors
que les discours édifiants des candidats aux élections dans les démocraties occidentales
se targuent d’agir en toute “ transparence ”, ils évitent prudemment
d’évoquer les “ zones d’ombres ” qui subsistent dans leurs sociétés respectives.
Les “ non-dits ” ne couvrent pas seulement les scandales périodiquement
révélés par quelques habiles journalistes d’investigation. Ils n’épargnent aucun
parti politique, aucune collectivité humaine. Certes ces francs-tireurs profitent
des lois sur la liberté de la presse qui caractérisent les démocraties authentiques.
Mais il faut beaucoup de courage à leurs homologues de régimes autoritaires et
des “ États faillis ” pour poursuivre et publier leurs investigations, parfois au
péril de leurs vies.

Un des sujets les plus sensibles à cet égard est celui de la corruption parce
qu’elle prend les formes les plus variées et qu’aucune institution n’est à l’abri des
manoeuvres frauduleuses de quelques-uns de ses membres. On la dénonce chez
l’adversaire, mais on feint de l’ignorer chez soi !

De Tien an Men aux “ printemps arabes ” la révélation des scandaleux privilèges
des pouvoirs en place et des familles de leurs dirigeants, a été à l’origine
des révoltes populaires remettant en cause les régimes précédents. En décembre
2012, les déclarations publiques de l’ancien et du nouveau maître de la Chine
populaire ont été très significatives : le sacro-saint parti communiste chinois luimême
est interpellé après la révélation des comportements frauduleux de Bo
xilai, l’ancien premier secrétaire du parti de Chonking et de sa richissime épouse.
En Chine la corruption va probablement être traitée comme une affaire d’État.
L’Église catholique en a été victime à travers l’IOR, l’Institut pour les oeuvres
de Religion. Les déclarations du nouveau président de la “ banque du Vatican ”
sont tout à fait claires : en confirmant les non-dits et les insuffisances du contrôle
des flux financiers qui ont eu lieu dans le passé, il reconnaît la gravité des
manoeuvres frauduleuses des quelques menteurs et escrocs qui ont abusé
l’Institution. Il veut rétablir sa réputation en renonçant aux prudences du silence,
amplificateurs des rumeurs et responsables de perceptions très négatives de l’Église,
dans les opinions publiques et les milieux dirigeants du monde entier.

Tout essai de problématique sur le thème des “ non-dits ” conduit inévitablement
à évoquer un vaste ensemble de sujets qui sont du domaine des sciences
politiques et sociales et des pratiques gouvernementales, dans les différents
contextes du secteur public et des secteurs privés. Le “ non-dit ” relève aussi,
évidemment, des responsabilités du Renseignement et des Services Secrets.
Certains secrets sont incontestablement légitimes, par exemple pour des États de
droit victimes d’agressions militaires ou de menaces terroristes. A l’opposé, les
secrets de la corruption et de la criminalité sont évidemment inavouables par
leurs auteurs et leurs complices. Entre ces deux extrêmes j’appelle ambigües, les
centaines de nuances du secret qu’on peut distinguer en fonction des contextes,
des personnes et des circonstances. Elles soulèvent des interrogations fondamentales
en termes d’exigences morales et de règles déontologiques. Les bouleversements
géopolitiques d’après la fin de la Guerre froide ont dessiné les
premiers contours d’un nouveau monde et d’un nouveau siècle. Mais la rapidité
et la complexité des évolutions démographiques, politiques, économiques et
sociales, contrastent avec les pesanteurs, les rigidités ou les archaïsmes des mentalités
et des comportements.

Des secrets légitimes s’observent notamment dans les situations de guerre,
chez chacun des adversaires en présence. Dans les grands conflits militaires du
XXe siècle, comme dans les nouvelles formes de conflits asymétriques de luttes
contre le terrorisme, de guerres révolutionnaires et de guerres de religion, les pratiques
du secret s’imposent à l’évidence aux forces de l’ordre professionnelles,
militaires et policiers, à la Justice et aux gouvernants.

L’observation des États-Unis montre comment les principaux traits de la culture
nationale sont déterminants dans les “ représentations ” des réalités dans
l’opinion publique et dans leurs perceptions par les cercles dirigeants. Dans leur
grande majorité, les citoyens américains avaient adhéré aux visions primaires
diabolisant le communisme : l’URSS était perçue comme “ l’Empire du mal ”.
Avant le 11 septembre 2001, ce singulier aveuglement avait conduit les “ faucons
” du Parti Républicain à ne pas prendre au sérieux les menaces les plus précises
du terrorisme. Un même tropisme simplificateur, les mêmes confusions sur
la nature exacte de leurs ennemis islamistes, les ont enfermés dans une nouvelle
sorte de “ croisade ” diabolisant, cette fois-ci, “ l’Islam en général ”. Cette
funeste erreur de jugement sur des situations bien plus complexes que les visions
binaires “ ami-ennemi ” a eu des conséquences dramatiques.

Les fabuleuses capacités de leur immense arsenal militaire font l’orgueil de
la majorité des citoyens américains. C’est seulement de nos jours, après les
défaites des années 70 au Vietnam, puis les déboires successifs en Irak et en
Afghanistan, qu’ils commencent à douter des affirmations, des jugements et des
décisions des maîtres du “ complexe militaro-industriel ” qui n’a jamais cessé
d’exercer une influence dominante sur la politique des États-Unis. Déjà, à la fin
de ses deux mandats présidentiels des années cinquante, le Président Dwight
Eisenhower avait mis en garde ses concitoyens sur les dangers de ce très puissant
lobby. Soixante-dix ans plus tard, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent
pour fustiger les mensonges de G.W. Bush en 2003 à la tribune des Nations
Unies et pour condamner ses stratégies “ d’apprenti sorcier ” dans les années
suivantes.

Des secrets inavouables visent à camoufler les activités illégales ou criminelles
de certains membres des partis politiques et de leurs clientèles électorales,
pour abuser les citoyens désinformés. Les non-dits sur les organisations de type
“ mafieux ” sont caractéristiques à cet égard. En dépit d’une documentation précise,
complète, incontestable et aisément accessible sur le sujet, comme ce n’est
pas un enjeu politique visible, on évite d’en parler dans les campagnes électorales.

Au début des années 90, j’ai publié un essai, sous le titre “ les mafias contre la
démocratie ” pour analyser leurs stratégies et leurs méthodes. Elles ne sévissent
pas seulement en Italie ; on en trouve dans plusieurs autres sociétés européennes,
américaines et asiatiques. “ Corruption et Omerta ” sont les deux mots-clés qui
résument le mieux les raisons de leur exceptionnelle résistance à toutes les
attaques, y compris dans des États de droit. Des familles de la “ Cosa Nostra
américaine ” sont encore présentes dans toutes les grandes métropoles des États-
Unis. La “ criminalité en col blanc ” sévit dans les milieux financiers de Wall
Street sous la forme de délits d’initiés et de subtiles et monumentales escroqueries.
Elles sont, sans aucun doute, au coeur de la déroute des “ subprimes ” de
2008 sur le marché immobilier américain. Elles figurent, incontestablement,
parmi les principales causes de la crise financière, budgétaire et économique qui
sévit depuis cinq ans dans le monde.

Quelques révélations tardives permettent de rompre peu à peu la loi du
silence. Cependant les réseaux légaux et illégaux sont si étroitement imbriqués
que les plus habiles des escrocs trouvent toujours le moyen d’échapper aux
contre-mesures. Le cas des paradis fiscaux est particulièrement significatif. Je
me rappelle, il y a plus de trente ans, la tentative de régulation internationale, au
“ sommet de l’Arche ”, à l’initiative du Président Mitterrand. Trois décennies
plus tard, le sujet est toujours d’actualité dans les médias, mais ils ne lui accordent
qu’un intérêt marginal comparé à la place qu’ils ont réservé pendant des
mois au “ mariage pour tous ”…

Car la grande criminalité est un “ sujet qui fâche ”. Les idéologues qui l’ont
délibérément éliminé de leurs discours prétendent que les criminels ne sont pas
personnellement responsables, dès lors que ce sont les sociétés libérales qui les
ont conduits à exercer leurs méfaits ! Cette manière de travestir les vérités sous
les sophismes et les non-dits est une autre justification de la formule “ secrets
ambigus ”. Leur dévoilement est une des obligations les plus nécessaires pour
l’avenir de la société française. Le devoir de vérité s’impose si l’on veut rétablir
des relations de confiance et réaliser des dialogues constructifs entre personnes
de bonne volonté. Au-delà des clivages et des haines politiciennes il faut oser
dire franchement certains non-dits les plus dommageables. D’autant plus que
beaucoup de secrets ambigus expliquent la chute de popularité du Président élu
en 2012 à la tête de l’État.

Pour l’observateur en retraite que je suis, les méthodes d’analyses prospectives
et stratégiques offrent plusieurs pistes d’explications. Par exemple celle de
l’opposition fondamentale entre les “ stratégies d’appareil ” et les “ stratégies
de gouvernement ”. Les premières consistent à élaborer en permanence des
compromis et des arrangements variables entre des courants idéologiques opposés
et des personnes en conflits. Les secondes dépassent et subordonnent les préoccupations
clientélistes de la République parlementaire pour privilégier l’intérêt
national et l’imposer sur la scène intérieure comme sur la scène internationale.
Car les logiques de contrôle de partis politiques perpétuellement secoués par des
divergences de “ courants ” et de personnes, sont fondamentalement différentes
des logiques d’hommes d’État confrontés aux problèmes cruciaux de l’avenir de
la Nation. Les responsabilités opérationnelles du pouvoir exécutif s’opposent
alors aux positions des doctrinaires, des sectaires et des “ apparatchiks ”.

La situation du gouvernement et de la société française en 2013 est profondément
inquiétante. La publication d’innombrables études, rapports et témoignages,
français et étrangers, démontre qu’il ne s’agit pas ici de “ non-dits ”,
mais de la révélation d’un vaste ensemble de “ dénis de vérité ” ; des préjugés,
des partis-pris, des amalgames ; des contre-vérités et des dérives idéologiques.
Le militantisme intellectuel et politicien, l’esprit de revanche, la diabolisation de
l’opposition, qui dégénèrent en règlements de comptes. Ce n’est pas l’apanage
des majorités “ de gauche ” contre celles “ de droite ”, mais les effets d’un travers
national, “ les querelles gauloises ”, qui remonte aux plus anciens temps de
notre histoire. Une autre de nos spécificités combine le centralisme administratif
avec la complexité des textes législatifs et réglementaires et avec un nombre abusif
de fonctionnaires. Elle explique notamment le refus des réformes les plus
nécessaires pour éviter à la société française de sombrer dans la faillite. Et pourtant,
il y a de nombreux exemples d’institutions, d’entreprises et de communautés,
qui ont accepté de se réformer à l’appel des gouvernements successifs, au
profit du bien général et au détriment de certains de leurs intérêts égoïstement
corporatistes. Deux illustrations, l’Éducation Nationale et les Armées, rappellent
des évidences conformes aux exigences de la mondialisation ainsi qu’aux principes
essentiels de l’Intelligence Économique et d’une saine gouvernance.

Le budget de l’Éducation Nationale, devenu le premier de l’État, est presque
entièrement consacré à des dépenses de personnel. L’histoire des échecs, cent
fois répétés, de presque tous les Ministres de l’Éducation Nationale démontre à
l’évidence les rigidités d’une immense administration allergique aux réformes.
La publication d’innombrables études, rapports et témoignages sur ce Ministère
est bien la preuve d’un insupportable “ déni de vérités ”. Le recours systématique
aux pressions de la rue, aux actions para-révolutionnaires de quelques
groupes activistes puissamment organisés, idéologisés et politisés s’inspire des
pratiques “ totalitaires ”. Elles sont toujours parvenues à annuler les décisions
des gouvernements successifs… sauf quand ils ont accepté de se soumettre à
leurs propres exigences.
Le livre publié en 2000 par Claude Allègre sous le titre “ Toute vérité est
bonne à dire ” est, à cet égard, le plus édifiant des témoignages. Venant d’un
militant de gauche, intime des membres les plus notables du Parti socialiste, ses
propos ne sont guère contestables. Désavoué par Lionel Jospin, son meilleur ami
alors premier ministre, Claude Allègre a subi les redoutables représailles de l’appareil
semi-clandestin qui n’a jamais cessé de régner à l’Éducation Nationale.
Les engagements du Président de la République élu en 2012 au profit du recrutement
supplémentaire de fonctionnaires de ce ministère démontrent que cet
appareil demeure encore assez puissant pour abuser nos compatriotes et pour leur
imposer ses propres lois.

A l’opposé des fonctionnaires civils syndicalisés et politisés, qui défendent
des privilèges indus et des activistes impénitents qui refusent d’obéir à leurs
gouvernants, les communautés militaires ont fait preuve, dans les cinquante
décennies précédentes, d’un civisme exemplaire (1). Confrontées à des changements
radicaux dans les politiques de Défense ; engagées par la Quatrième
République dans les conflits de décolonisation, notamment en Indochine et en
Algérie, elles l’étaient simultanément dans l’OTAN, face à la menace soviétique.
Dans les années 60, pour la création et la mise en oeuvre des Forces nucléaires
stratégiques, les Armées ont réussi à relever des redoutables défis techniques et
opérationnels. Enfin après la fin de la Guerre froide la suppression du Service
Militaire a de nouveau bouleversé les structures et imposé des réductions drastiques
des capacités. Cependant qu’au plan opérationnel elles n’ont cessé de tirer
les leçons des nouvelles formes de conflits militaires. Dans la plus grande discrétion,
les Armées françaises ont toujours loyalement exécuté les réformes décidées
par le pouvoir politique. Dans l’esprit et dans la lettre du Livre Blanc de
2008 sur la Défense et la Sécurité, elles se sont remarquablement adaptées aux
exigences d’un monde en mutation. Mais de nouvelles épreuves les attendent
après la publication du nouveau Livre Blanc de 2013.

Conclusion : “ Pourquoi faire simple quand on sait faire compliqué ! ”
Longtemps passées sous silence, les dérives administratives de nos services
publics ne peuvent plus être ignorées. Tous les organismes français et européens
compétents, les meilleurs experts et les personnalités les plus qualifiées qui
observent et commentent les raisons et les remèdes de la crise économique et
sociale actuelle, font les mêmes constats. Ils dénoncent en France le poids excessif
des effectifs superflus, la complexité de nos structures administratives qui
plombent inexorablement les dépenses publiques au mépris des plus élémentaires
règles de bon sens.

Le “ déni de vérité ” est une des plaies de la société. Il s’explique par des
raisons historiques et culturelles : le centralisme de l’État remontant à l’ancien
Régime, aux jacobins de 1793 et au Premier Empire ; les privilèges de l’École
Nationale d’Administration qui illustrent jusqu’à la caricature les dangers d’une
superstructure étatique qui semble mépriser les activités du “ privé ”, alors que
beaucoup de ses anciens élèves bénéficient sans vergogne de leurs avantages
pécuniaires ! Cependant que d’autres, parmi ceux qui ont choisi de faire carrière
dans la politique, sont tributaires des logiques politiciennes, de leurs règles et de
leurs “ non-dits ”.

Le refus des réformes et l’impossibilité de les imposer à l’opinion résulte
donc d’un ensemble complexe de causes. Leur étude, dans le cadre des sciences
sociales, est plus nécessaire que jamais à une époque de mises en cause fondamentales
entre deux mondes et entre deux siècles.

(1) A l’exception du putsch des généraux contre le Général de Gaulle dans les tragiques
circonstances de la Guerre d’Algérie.
Ce plaidoyer pour plus de transparence ne m’empêche pas de recommander
d’agir avec circonspection. La prudence s’impose d’autant plus, dans ce
domaine, que la plupart des sujets que j’ai évoqués suscitent des réactions passionnelles.
C’est la passion contre la raison. “ Osons dire les non-dits ” oui, mais
dans le respect des opinions et des personnes de bonne foi, sans oublier de rappeler
les exemples de dirigeants qui n’ont jamais besoin de recourir à des moyens
illicites pour assumer leurs responsabilités et pour réussir dans leurs entreprises.

Article publié dans la lettre N° 10, juin 2013, “ Offensif et Stratégie ”, de Ludovic EMANUELY




Extrait du Bulletin : Les services spéciaux français en Indochine (1)

Par le colonel Jean Deuve

ancien chef de groupement franco-lao « Yseult »

Qui mieux que nombre des membres de notre Association pourrait apporter le témoignage d’événements vécus ou le fruit de leurs recherches : cette rubrique leur est ouverte sans exclure évidemment les signatures qui voudront bien nous confier leurs travaux. Nous devons au Colonel Jean Deuve, ancien chef du groupement franco-lao « Yseult » cette remarquable étude sur « le Service Secret d’Action en Indochine », travail historique qui complète les articles de même qualité des Colonels Daugreilh et Ruat publiés naguère.

( NDLR : voir également  AASSDN – Extrait du Bulletin : Conflits outre-mer 45-56 (1 à 5 ) En juillet 1943, à Alger, le Général De Gaulle fait décréter que « la libération de l’Indochine et la défense des intérêts français en Extrême-Orient est une opération prioritaire ». Parmi les mesures prises dans cette perspective, figure la création immédiate d’un service secret d’Action, intégré sous le nom de Section Indochine Française (French Indochina Country Section) au sein de la Force 136. Cette force, service secret britannique, dépend, comme son équivalent européen, le Special Operations Executive, du Ministry of Economic Warfare et opère dans le cadre du South East Asia Command.

 

NAISSANCE ET MISE EN PLACE DU SERVICE «ACTION» EN INDOCHINE  

Les premiers membres de ce Service Secret d’Action arrivent aux Indes en octobre 1943, venant de tous les horizons de l’empire français, volontaires, en grande partie réservistes, tous ayant eu une expérience dans la pratique de la guerre irrégulière ou du renseignement.

L’entraînement dans la Force 136, mené en grand secret, est très dure et la sélection sévère. Les agents passeront un temps indéterminé en jungle profonde (certains membres de la F.136 viennent d’y passer trois ans déjà!) d’où il ne sera pas question de revenir : 3.000 kilomètres de territoires occupés par les Japonais séparent le Bengale de l’Indochine.

Il n’est question ni de pick-up ni de ramassage en hélicoptères. Après l’entraînement — type commandos britanniques comme hors-d’œuvre — les membres du service suivent des stages spécialisés fort exigeants mer (navigation, pratique de tous les types d’embarcations, nages, passage de la barre,…), jungle et survie, parachutisme, renseignement et action subversive, action psychologique et agit-prop, connaissance de l’armée japonaise, liaisons et pratique radio, chiffre, sabotages, silent killing…

Les premiers arrivés en octobre 1943 ne partiront pas avant la fin de 1944, soit après un an d’entraînement poussé, dont plusieurs mois passés en jungle dans des conditions aussi proches que possible du réel.

Quelques opérateurs radio sont parachutés dès la fin de 1944 pour maintenir une liaison entre la Force 136 aux Indes et les organisations de résistance qui se structurent en Indochine.

Le premier groupe Fabre-Deuve (5 Européens et 5 autochtones) est parachuté en janvier 1945 au Nord Laos, le second (Tual) en février, également au Nord Laos, ainsi qu’un groupe précurseur du corps Léger d’Intervention (commandos préparés en Algérie) non-membre du service secret.

Les deux groupes parachutés doivent: — se préparer à agir contre les Japonais; — recevoir des parachutages destinés à renforcer l’armée d’Indochine et la résistance; — instruire les cadres de l’armée d’Indochine dans les nouvelles techniques et l’art de la guérilla.

En septembre 1944, devant les avances alliées dans le Pacifique et le Sud-est asiatique, les Japonais ont décidé de constituer un môle de résistance Chine-Indochine. P…




Archives du site – Albert-Charles MEYER

 

Notre Président national adjoint nous a quitté Le Général de Brigade aérienne Albert-Charles MEYER est décédé le 6 mai. Ses obsèques ont lieu le vendredi 12 mai 2006 , en la Cathédrale Saint Louis des Invalides. Les Honneurs militaires lui ont été rendus à l’issue de la cérémonie religieuse.   Dès juillet 1940, il était officier de renseignements du réseau KLÉBER BRUNO. Il a été le fondateur du BRCS en Indochine et des Commandos Parachutistes de l’Air en Algérie.   Le Général MEYER était Grande Croix de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite; titulaire de la Croix du Guerre 39-45 et des TOE, et de celle de la Valeur Militaire. Il était également titulaire de la Croix de la Vaillance Vietnamienne.
HOMMAGE DU PRÉSIDENT DE A.A.S.S.D.N.

Albert-Charles MEYER, de l’agent de renseignement…

… au Général…

Qu’il est difficile de dire ” Adieu ” à un homme d’exception, un officier hors du commun et volontiers hors normes que l’on vénère el à qui l’on voue une affection quasi filiale !

Mon Général, Nous sommes deux aujourd’hui, le Général Lajoux ( NDLR : au nom des anciens Commandos Parachutistes de l’Air ) et moi-même, à vous exprimer, par delà les sentiments que nous éprouvons, la tristesse de vos compagnons, de vos amis si nombreux que vous avez marqués de votre gentillesse, de votre fidélité, de votre générosité, de votre sagacité mais aussi de votre courage, de votre abnégation, de votre sens inné du commandement, de votre autorité naturelle et de votre attachement à la Patrie, au cours de votre vie consacrée, d’une manière exemplaire, au service de la France.

Une vie qui se confond avec une carrière d’officier qui débuta avec la guerre pour ne prendre fin qu’aujourd’hui. Une vie d’officier de l’Armée de l’air bien atypique qui, de 1940 à 1962, vous fit parcourir les trois guerres auxquelles la France dut faire face et qui marquèrent notre histoire contemporaine tout autant que la vôtre ; une vie d’officier dont les chapitres majeurs s’intitulent ” Services Spéciaux ” et ” Commandos Parachutistes de l’Air “.

Dussions-nous enfreindre votre modestie, acceptez, mon Général, que nous en tracions les traits dominants car vous avez été pour nous un exemple et un guide.

Né à Belfort en mars 1921, vous êtes l’aîné de six enfants ; votre père, ancien combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et officier de réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne.

Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Vous avez 18 ans. Candidat à l’école de l’air, vous vous engagez pour la durée de la guerre comme élève pilote.

En mai 1940, vous êtes admis en stage d’aspirant à Agen mais la défaite bouleverse votre destinée et le 20 juin vous cherchez à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, vous êtes interné à Argelès ; vous vous évadez pour retourner à Belfort où vous apprenez que votre père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Vous gagnez alors la Suisse et vous vous mettez à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec vous il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber. Vous avez tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot vous a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement.

Désormais, votre vie bascule et dès juillet 1940, vous vous lancez à corps perdu da…




Bibliographie : Ouvrages présentés – Commentaires VII

Encyclopédies :

Services et Renseignement

Périodes 1900-34 :

Services et Renseignement

Périodes 1935-45 :

(1) Acteurs, (2)
Services et Renseignement
,
(3) Résistance

Périodes après 1945 :

(1) Services, (2) Renseignement

Thèmes spécifiques :

(1) Services, (2) Autres

Autres thèmes  :
et ouvrages divers
Etudes & Perspectives  :

voir rubrique spécifique

 

BERGOT Erwan

LE DOSSIER ROUGE

Services secrets contre FLN – GRASSET – 1976

L’Algérie brûle. Pendant que paras et légionnaires se battent dans les djebels, les services spéciaux français reçoivent l’ordre d’attaquer le F.L.N. à l’étranger.

Des bateaux chargés de munitions explosent dans les ports de Hambourg et de Tanger, ou sont arraisonnés en haute mer. En Suisse, en Allemagne, en Espagne des chefs F.L.N. sont abattus par des tireurs d’élite. Des trafiquants d’armes sautent à bord de voitures piégées. Des commandos sillonnent les pistes de Tunisie et du Maroc, harcèlent les camps d’entraînement des fellaghas.

Ce dossier rouge des opérations militaires clandestines de la guerre d’Algérie est enfin ouvert par Erwan Bergot, ancien commando du 11ème Choc et du Service Action.

Abondant en révélations, relatant des épisodes d’une violence souvent terrifiante, ce livre est un exceptionnel roman d’espionnage vécu.

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BERGOT Erwan

LES HÉROS OUBLIES

Services secrets contre Viêt-Minh – GRASSET

“Le 9 mars 1945, par un coup de force fulgurant, les Japonais massacrent les garnisons françaises d’Indochine. Une poignée de parachutistes des services secrets de la France Libre survivent au carnage. Retranchés dans les vertigineuses montagnes du Nord-Laos, ces quelques hommes affamés et en loques, oubliés de tous, décident de poursuivre seuls le combat.

Fresque saisissante de combats d’une violence à nulle autre pareille, éclairage fascinant de la face cachée de la tragédie indochinoise, l’ouvrage d’Erwan Bergot est d’autant plus attachant qu’il rompt avec le: clichés des habituels récits de guerre.”