L’objectif de notre amicale : rétablir “cette sacrée Vérité”

Par Paul Paillole en 1973 :

Depuis plusieurs mois, nous assistons à la sortie massive d’écrits de toutes sortes, d’émissions radio et télévisées, qui prétendent projeter des lueurs de vérité sur les événements des années 1939 à 1945.

Je constate à regret – comme vient de le faire le Général BAILLIF à propos de la guerre d’Indochine dans sa protestation adressée à l’O.R.T.F. – le manque d’informations et d’objectivité de la plupart des auteurs.

Connaissance incomplète des événements, témoignages partiaux, subjectifs, récits hagiographiques, plaidoyers orgueilleux, présentations partisanes ou tendancieuses des faits, telles sont les caractéristiques de tant d’oeuvres diffusées avec une prétention historique.

Nous avons trop souvent dénoncé les manquements à la VERITE pour ne pas stigmatiser le « bourrage des crânes » et plus particulièrement celui qui s’exerce jusque dans nos foyers par les moyens officiels audio­visuels.

Ainsi a été pratiquement monopolisé le mérite de la Résistance à l’envahisseur de 1940 et minimisée toute action patriotique en marge de ce monopole.

Je ne veux pour preuve de ce que j’avance que cette monstrueuse disposition administrative qui interdit encore aujourd’hui au Ministre des Armées (D.P.M.A.T.) de prendre en considération les titres de résistance établis autrement que par les fichiers du B.C.R.A.

J’imagine la réaction de LOCHARD ou de VERNEUIL si on leur avait prescrit en 1943 ou 1944 d’adresser à Londres les listes de leurs agents pour qu’elles soient mises en fiche !

Que l’on me comprenne bien : la pensée de minimiser les mérites de ceux – quels qu’ils soient – qui « ont fait quelque chose de bien », ne m’effleure pas.

Ce que nous sommes un certain nombre à ne plus pouvoir supporter, c’est la prétention sacro-sainte au « monopole », c’est l’audace de présenter avec un label plus ou moins officiel des événements tronqués, c’est l’impudeur de donner une dimension démesurée à des faits bénins, en ignorant – ou feignant d’ignorer – des faits essentiels.

Alors, comment ne pas saluer cette amorce de renversement de tendance que nous percevons dans les flots que déverse la littérature. Nous ne saurions trop remercier les quelques auteurs courageux, consciencieux, qui tentent de rétablir la VERITE.

QUELS QU’ILS SOIENT, nous avons LE DEVOIR DE LEUR OUVRIR NOS DOSSIERS ET NOS SOUVENIRS.

L’objectif majeur de notre Association demeure d’ordre moral.

Nulle récompense, nulle satisfaction, ne saurait honorablement et pleinement sanctionner les sacrifices des nôtres, sans le rétablissement complet de « cette sacrée VERITE ». Elle chemine lentement dans l’accumulation des mensonges, et des produits des imaginations perverses; mais cette marche annonce la fin d’une époque où trop de médiocres et d’ambitieux ont trouvé dans l’astucieuse exploitation des événements, le tremplin nécessaire pour sauter sur les honneurs et les bonnes places.

Je crains fort que notre PAYS n’y ait pas trouvé son compte, et que l’HISTOIRE, la vraie, en subisse les conséquences.




Imperial War museum et Services speciaux

Récemment ouvert à la guerre secrète, ce grand musée situé Lambeth Road est exemplaire par la richesse de ses expositions et aussi par les réalisations qui facilitent sa visite… Les sièges ne manquent pas, une cafétéria est accueillante et ouvre sur de vastes jardins.

Une bibliothèque rassemble quantité d’ouvrages sur les grands conflits mondiaux et notamment sur la guerre secrète. L’œuvre la plus importante, la plus récente et sans nul doute la mieux documentée sur l’action des services spéciaux britanniques est celle du professeur F.-H. Hinsley “ British intelligence in the second world war “.

Le rez-de-chaussée présente les matériels de guerre, notamment ceux de la 2e guerre mondiale, britanniques, américains et allemands. Le nombre est impressionnant.

Au premier étage sont les expositions sur les deux dernières guerres mondiales.

Des vidéos très didactiques expliquent les développements des conflits, années par années..

a)- Seconde Guerre Mondiale. C’est l’exposition la plus riche. Elle comprend une exposition générale divisée par thèmes (bataille d’Angleterre – Blitz – guerre sur mer, dans le Pacifique, camps de déportation, etc…) et des expositions spécifiques telles que la vie à Londres, la défaite du Japon, les débarquements de Normandie, la célébration de la Victoire, etc… la guerre secrète.

b)- La Guerre Secrète occupe une grande partie du premier étage, son exposition est divisée en trois :

M.I.5, M.I.6 et S.O.E., les trois spécialités de l’I.S.

Chacun de ces 3 services secrets est détaillé : genèse, objectifs, fonctionnement, matériels, personnels… avec le curriculum vitae simplifié de leurs chefs successifs et des personnalités qui ont marqué leurs activités diverses.

Ainsi à titre d’exemple: M.I.6 (renseignements et CE extérieurs):

Directeurs : Menzies de 1939 à 1952 – Dick – White de 1953, etc… enfin Mac Coll de 1989 à 1992.

Personnalités : Dansey, directeur adjoint de M.I.6 de 1939 à 1945 – Denniston, chef du G.S.C.S. (Government Code and Cypher School) organisme du chiffre, transféré en 1939 à Bletchley Park où furent exploités notamment les secrets de la machine à chiffrer allemande Enigma par le savant Turing, cryptoanalyste exceptionnel et Winterbottham chargé de l’exploitation des renseignements.

A noter :

La machine Enigma est exposée et son fonctionnement expliqué. Le visiteur peut s’amuser à l’utiliser en tapant son nom. Les services français et polonais qui ont les premiers percé les secrets d’Enigma sont cités.

Opérations: Affaire Ciceron – Réseau “La Dame Blanche” en Belgique pendant la 1ère Guerre Mondiale – Affaire de Venlo en 1939 (enlèvement par le S.D. des agents M.I.6 Stephens, Beit, Klop) réseau Alliance en France (de 1941 à 1944) etc…

Traîtres: Philby – Burgess – Cairincross qui travaillait au G.S.C.S. de Bentley découvert en 1964 par M.I.5 (chargé du contre-espionnage à l’intérieur).

Autre exemple très développé, S.O.E., sa création en 1940 par Churchill, ses missions, ses moyens, son personnel d’encadrement : Dalton, Nelson et Selborne de 1942 à 1945, Buckmaster pour la France.

Parmi les agents S.O.E. cités : Dericourt (Opération Prosper), Khan (princesse Noor), Cammaerts, Odette Sanson déportée à Ravensbrück (travaillait avec Peter Churchill).

Des consoles d’ordinateurs, faciles d’utilisation, permettent d’obtenir sur tout ce qui est exposé (y compris sur les personnes) des informations détaillées, telles que curriculum vitae ou déroulement des principales missions secrètes.

Des petits films parlants relatent certaines actions ou diffusent des témoignages (on peut entendre Odette Sanson, une reconstitution du Blitz, les explosions des V1 et V2. Pendant quelques minutes, on peut se croire à Londres fin 1940 ou en 1944; les témoignages de soldats qui ont libéré les premiers camps de concentration en Allemagne, etc…).

Un film émouvant retrace la célébration de la victoire à Londres. On voit Churchill à Buckingham aux côtés de la famille royale, saluant la foule. On entend les cris, les applaudissements, les musiques.

L’exposition se termine par l’éternelle question: doit-on parler de la guerre secrète, de ses acteurs, de ses organisations, de ses actions, de ses résultats.

La réponse est positive.

Il faut que le public sache le rôle des services secrets, en comprenne la nécessité et l’importance et accepte de leur confier les moyens indispensables à leur efficacité.

La célèbre phrase de Churchill est citée en exergue, à la gloire des aviateurs et des services secrets britanniques : “Jamais dans l’histoire des conflits mondiaux autant d’êtres humains auront dû leur salut à si peu d’hommes “.

Remarques et conclusions:

– L’auteur de ce compte-rendu de visite a été frappé par le grand nombre de visiteurs des salles réservées à la guerre secrète. Beaucoup de jeunes de toutes conditions: certains étaient venus plusieurs fois pour approfondir diverses expositions, telles celles d’Enigma, ou de la formation des agents M.I.6 ou S.O.E.

– Exclusivement consacrée aux services secrets britanniques, il est à remarquer que l’exposition ne donne aucune indication sur les services secrets étrangers (alliés, ou ennemis, ou neutres), ni sur les organisations amies installées en Grande Bretagne pendant la 2e guerre mondiale.

– Rien sur le 2e Bureau et le B.C.R.A. du Général de Gaulle.




Colonel M Garder : Reflexions sur Les services speciaux (1986)

En cette fin d’année 1986, que de thèmes de réflexion s’imposent à nous, anciens des Services Spéciaux, à propos de deux anniversaires : celui de la fin de la Bataille de Verdun, en décembre 1916, et celui du début du prologue de la Seconde Guerre Mondiale avec, fin août 1936, le rétablissement du service militaire obligatoire en Allemagne!

En effet, il y a soixante-dix ans, à la suite de l’échec allemand devant Verdun, nos grands anciens apportaient leur concours — sans être dans le secret des dieux, à la préparation d’une nouvelle bataille grâce à laquelle le Haut Commandement espérait reprendre l’initiative et forcer la décision.

Nul ne savait encore que celle-ci prendrait le nom du « Chemin des Dames », celui d’une route reliant l’Aisne et l’Ailette. Il leur fallait quant à eux reconstituer l’ordre de Bataille de l’Ennemi, suivre les mouvements des troupes sur les arrières, percer les intentions du Grand État-Major Impérial et neutraliser ses espions.

Humbles artisans — conscients de leur rôle d’auxiliaires discrets de la machine de guerre française, ces grands anciens, que notre ami le Colonel Allemand nous a fait si bien connaître dans ce Bulletin, ne prétendaient ni se substituer au Commandement qu’ils renseignaient, ni à la Troupe qu’ils servaient. Chacun était à sa place et la victoire de 1918 a été celle de tous.

De côté, ceux de notre génération qui — voilà un demi-siècle, servaient au 2 bis, avenue de Tourville sous les ordres du regretté Colonel Rivet; le faisaient dans le même esprit que leurs anciens de 14-18.

Ceux d’entre nous qui devaient les rejoindre entre 1940 et 1944 pour participer à la Résistance d’abord, et à la Libération ensuite, ont découvert ainsi des Services devenus clandestins sans pour autant avoir la prétention de se substituer à la Direction Politico-Militaire de la France Combattante.

Là aussi chacun était à sa place, même si le tribut payé par nos Services pour que la France retrouve sa place parmi les vainqueurs devait être plus lourd que lors du conflit précédent.

Or de nos jours, devenus par la force des choses les spectateurs ou tout au plus les figurants du conflit permanent en cours depuis 1945, nous assistons à une curieuse interversion des rôles.

Pour commencer, les responsables au sommet — surtout en ce qui concerne le Monde Occidental, paraissent incapables de percevoir la nature et de comprendre les règles de l’affrontement total dans lesquels leurs pays respectifs se trouvent engagés. Les Forces Armées ne sont sollicitées que périodiquement à l’occasion de conflits secondaires, leur mission essentielle étant, de part et d’autre, de dissuader l’adversaire — autrement dit de se neutraliser mutuellement.

En revanche les Services Spéciaux — au sein desquels la Branche « Action » a pris définitivement le pas sur le S.R. et le C.E., jouent les premiers rôles échappant souvent au contrôle d’un pouvoir politique dépassé par ce conflit d’un genre nouveau.

C’est ainsi qu’en U.R.S.S. le K.G.B. détient depuis plusieurs années la réalité du pouvoir et que dans les démocraties occidentales nous assistons avec tristesse à un dérèglement de la machine dont de récents événements fournissent la pénible illustration.

Que le système totalitaire soviétique récolte ce qu’il a semé en subissant la férule de son propre outil de coercition est après tout admissible. Mais que dans nos pays de vieille tradition démocratique le pouvoir politique ne sache pas utiliser de façon rationnelle des Services parfaitement adaptés au conflit en cours nous paraît à la fois désolant et dangereux.

Il serait quand même temps que ceux qui ont accepté la lourde charge de gouverner les pays du monde libre comprennent que la « paix » est devenue la forme de la guerre moderne par excellence et que pour survivre leurs pays doivent pouvoir utiliser tous les moyens nécessaires à leur Sécurité et à leur Défense.

Les Services Spéciaux sont actuellement les premiers de ces moyens. Encore faut-il savoir les utiliser




La Releve de Camelia arrive a Clermont Ferrand

Un artile de Colonel Xavier Bernard tire des archives du Colonel Paul Bernard son pere. Il relate l’arrivee a Clermont Ferrand en 1944 pour reprendre la direction de Camelia apres l’arrestation du Capitaine Mercier.




Livre : Des services secrets pour la France (1856-2013)

A l’origine, un Mémoire adressé au ministère de la Guerre en 1856, vibrant plaidoyer pour la création d’un service de renseignement efficace et centralisé. Son auteur, le capitaine Joseph Tanski, précurseur de l’espionnage à la française, appelait les responsables militaires à inventer de nouvelles méthodes pour regrouper et analyser l’information.

160 ans plus tard, la réforme de Nicolas Sarkozy permet enfin à la France de disposer d’une communauté du renseignement mieux adaptée aux menaces du XXIe siècle. Entre-temps, les atermoiements politiques, les rivalités entre services, les querelles entre le Quai d’Orsay et le ministère de la Guerre auront longtemps constitué un handicap pour l’efficacité du renseignement français.

De la naissance des premières structures d’espionnage sous le Second Empire à la création de la DCRI en 2008, de la guerre de Crimée à l’ère post-guerre froide en passant par le 2e Bureau, le BCRA et la DGSE, Gérald Arboit signe la première étude de fond sur l’histoire de nos services secrets. S’appuyant sur de nombreuses archives déclassifiées et libérées des fantasmes, il montre qu’après s’être longtemps désintéressés du renseignement, les responsables militaires et politiques ont compris son importance dans leur rivalité avec l’Allemagne. Engagée dès les années 1900, la professionnalisation des espions et contre-espions permettra alors d’engranger des succès incomparables mais il faudra attendre la fin de la guerre froide pour que voient le jour des services secrets formés aux technologies nouvelles, au contre-terrorisme ou à l’intelligence économique.

 
Gérald ARBOIT
Historien spécialiste des relations internationales contemporaines, ancien auditeur de l’Institut des hautes études de Défense nationale, Gérald Arboit est directeur de recherche au sein du Centre français de recherche sur le renseignement. Il est notamment l’auteur de James Angleton, le contre-espion de la CIA (2007) et de La Guerre froide (2012).



Biographie du General Meyer

Né à Belfort en mars 1921, aîné de six enfants. Son père, Ancien Combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et Officier de Réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’Air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne. Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Il a 18 ans. Candidat à l’Ecole de l’Air, il s’engage pour la durée de la guerre comme élève pilote. En mai 1940, il est admis en stage d’Aspirant à Agen mais la défaite bouleverse sa destinée et le 20 juin il cherche à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, il est interné à Argelès. Il s’évade pour retourner à Belfort où il apprend que son père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Il gagne alors la Suisse et se met à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’Ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec lui il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber.Il a tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot l’a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement. Dès juillet 1940, il se lance à corps perdu dans ce combat de l’ombre.Il constitue progressivement plusieurs réseaux très étoffés qui couvrent toute la France qu’il sillonnera à bicyclette pendant quatre ans, de Belfort à la Normandie ou à la Pointe de Bretagne et du Nord à la Provence. Il parcoure aussi la Belgique, les Pays-Bas et même une large partie du Reich. Sa mission prioritaire : identifier les unités allemandes afin de dresser en permanence l’ordre de bataille ennemi. Malgré sa jeunesse, mais grâce à ses qualités exceptionnelles, il va recueillir des renseignements d’importance capitale et, bravant tous les dangers, il deviendra au fil des mois le meilleur agent de ” Bruno ” et l’un des hommes clés des services alliés en Europe, en particulier de l’OSS.Échappant, souvent de justesse, aux contrôles et aux recherches des services allemands, il sera tout de même appréhendé douze fois, et plusieurs de ses agents seront, hélas, arrêtés et déportés.De 1940 à 1944, il organise environ 400 passages de la frontière suisse ou d’Alsace et de la ligne de démarcation, permettant ainsi l’évasion de près de 1.200 Français et alliés dont celle du Général Giraud. Il parviendra ainsi à confier au Commandant Pourchot à Berne le Drapeau de la Section des Combattants Volontaires de Belfort que présidait son père.Cette intense activité le ramène cependant toujours à Belfort, point nodal de la “toile ” qu’il a tissée.La citation pour sa nomination à titre exceptionnel au grade de Chevalier de la Légion d’honneur stipule notamment : ” A obtenu un rendement exceptionnel qui a contribué d’une façon déterminante à la préparation et au succès des débarquements alliés “.En septembre 1944, de Lattre approche de Belfort. Le Commandant Pourchot le met à la disposition du Service de Renseignement Opérationnel de la première Armée dirigé par le colonel Simoneau. C’est la mission ” Stuka ” pour laquelle il constitue un nouveau réseau spécifique.Ses renseignements permettent d’épargner la vie de nombreux soldats et influent sur l’issue de la bataille. Mais, trahi par un élément douteux, il est arrêté le 11 novembre 1944 à Belfort.Interrogé, torturé pendant près d’une semaine sans rien révéler, il est déporté le 18 novembre à la forteresse de Fribourg alors que la bataille de Belfort est déclenchée depuis le 15.Condamné à mort le 27, il parvient à s’évader à la faveur d’un bombardement. Au terme d’un périple de quatre mois en Allemagne, au cours duquel il sera repris et s’évadera de nouveau, il se présente, le 8 mars 1945, aux éléments avancés de la 9e armée américaine avec trois prisonniers, non sans avoir recueilli d’autres renseignements précieux, en particulier sur l’offensive des Ardennes. Une nouvelle Citation à l’ordre de l’Armée précise : ” doit être considéré de très loin comme le meilleur artisan de la préparation de l’offensive Vosges-Alsace, de l’avis de l’ennemi lui-même qui lui rendra cet hommage “. Ayant retrouvé le Colonel Sérot, il rejoint le Service de Renseignement Opérationnel de la Première Armée et repasse le Rhin le 31 mars 1945. La guerre se termine. Il y a consacré sa jeunesse, gagné trois citations à l’ordre de l’armée et la Légion d’honneur à titre exceptionnel. Lieutenant de Réserve, il est démobilisé en 1946. Après quelques années de vie civile durant lesquelles il sera le liquidateur national du SR français en Suisse et du réseau Kléber-Bruno, il est volontaire en 1951 pour servir en Indochine.Capitaine de Réserve en situation d’activité, il est affecté sur les bases aériennes de Bien Hoa et de Tan Son Nhut où il cré et commande, avec des éléments vietminh ralliés, un commando de contre-espionnage et de contre-sabotage. Le concept des brigades de recherches el de contre-sabotage – les BRCS – est né, il donne à celle de Bien Hoa le nom de ” commando Colonel Sérot ” assassiné à Jérusalem le 17 septembre 1948. En septembre 1953, il est le chef de l’antenne aéroportée de renseignement opérationnel auprès du Général commandant en chef en Indochine, notamment pour l’opération ” Atlante “et Dien Bien Phu où, dès fin 1953, il appele l’attention du commandement sur le choix de la cuvette qui ne lui paraît pas judicieux, compte tenu des renseignements dont il dispose. Par la suite il organise une filière d’évasion pour les personnalités vietnamiennes pro-françaises qui souhaitent rester à nos côtés et, en septembre 1955, il est rappelé en France. En mars 1956, il participe à la création pour l’Algérie, sur décision du Général de Maricourt, des Commandos Parachutistes de l’Air, dont il assure, jusqu’en 1961, la conduite opérationnelle. Affecté à Paris comme directeur et inspecteur des Commandos Parachutistes de l’Air il demande, en janvier 1963, un congé pour convenance personnelle compte tenu de l’attitude officielle à l’égard des Commandos de l’Air. Il occupe ensuite, pendant dix ans, diverses fonctions au sein de l’Armée de l’Air, notamment à la direction du personnel militaire (DPMAA) et il devient conseiller ” Commando ” avant d’être appelé à la direction de la Sécurité Militaire comme Chef d’État-Major inter-armées, de 1974 à 1976. Son dernier commandement sera celui de la base aérienne de Chartres, de 1976 à 1978. Il sera alors nommé Général de Brigade Aérienne en 2e section.

Entre temps, il adhère à l’amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (A.A.S.S.D.N.) et en devient administrateur en 1978, puis Président National Adjoint.Il sera également un membre influent de plusieurs autres associations ou fédérations patriotiques. Grand’Croix de la Légion d’Honneur, Grand’Croix de l’Ordre National du Mérite, titulaire des Croix de Guerre 39-45 et des Théâtres d’Opérations Extérieures, de la Croix de la Valeur Militaire et de la Croix de la Vaillance Vietnamienne avec treize citations dont huit palmes ainsi que de la Médaille de la Résistance et de bien d’autres décorations. Blessé à cinq reprises.

Décédé le 6 mai 2006

Bio reprise au sein du discours d’adieu du Président de l’AASSDN le 12.05.06




Colloque Apres l’Affaire Farewell conséquences géopolitiques

Un compte rendu de P Ferrand et M Moulin sur le colloque qui s’est tenu a l’Ecole militaire consacre aux consequences geopolitiques de l’Affaire Farewell.




Henri Giraud : l’évasion d’un général d’armée

Sorti de Saint-Cyr en juillet 1900, jeune capitaine au 4ème régiment de zouaves, il est blessé d’une balle au poumon et laissé pour mort sur le champ de bataille de Guise, le 30 août 1914. Fait prisonnier par les Allemands, il s’évade le 30 octobre 1914 de l’hôpital d’Origny-Sainte-Benoîte.

Il rejoint le Maroc, pour de grandes victoires. Dar-Caïd-Medboh contre Abd-el-Krim, alors que Lieutenant-colonel il commande le14ème Tirailleurs Marocains, celle du Djebel-Sagho, sa prise du Tafilalet, sa liaison d’une sensationnelle témérité, avec les forces du Soudan, au milieu du désert à Bir-Moghrein, alors qu’il est Général.
Toutes ces victoires remportées de sa propre initiative, et parfois en dehors même des ordres du commandement, préfigurent longtemps à l’avance le Giraud qu’il sera en 1942, le Giraud d’Alger.

Le préfigure aussi son attitude cassante et désinvolte à l’égard de certains membres du Gouvernement en la trouble année de 1936, alors qu’il est Commandant de la sixième région Militaire et gouverneur de Metz. Il s’en faut de peu que sa carrière ne soit brusquement interrompue. Mais il est si populaire parmi la troupe, que l’on hésite et puis la Guerre de 1939, menace.

En mai 1940, aux frontières de Hollande, il est à la tête de la VII Armée. Un haut commandement ayant perdu tout sang froid, tout esprit de manoeuvre, lui enlève par une succession d’ordres impératifs ses meilleures divisions, pour lui confier les débris de la IX armée. Le 19 mai 1940, il est fait prisonnier par les Allemands. Le 17 avril 1942, il s’évadera de Königstein (Elbe). Le 8 novembre 1942, les Américains débarquent au Maroc et en Algérie. Giraud prévenu, a été sollicité par eux pour prendre le commandement des opérations à la tête de l’armée d’Afrique, qu’il relancera dans la guerre aux cotés des Alliés, afin de rendre à la France sa place de grande puissance et la délivrer de l’oppression ennemie. Il a accepté.

Le 24 décembre 1942, muni de tous les pouvoirs, il va pleinement s’accomplir. Giraud inspire confiance, à son appel beaucoup de réservistes français et indigènes ont remis le sac au dos. Très rapidement, il aura avec lui prés de 350.000 hommes de cette Armée d’Afrique, sauvegardée par la clairvoyance du Général Weygand.
C’est lui, qui prépare les plans de la bataille de Tunisie et conduit à l’écrasement de l’Afrika-Corps de Rommel à Tunis et à Bizerte. Avec l’appui matériel de nos alliés américains, il fera de cette armée d’Afrique, une armée moderne un outil de premier ordre, dont la pointe d’acier ira pénétrer comme un doigt vengeur jusqu’au coeur de l’Allemagne. C’est lui, avec le Général Juin, qui met sur pied l’organisation de l’immortelle campagne d’Italie, qui allait donner aux Français la gloire d’enfoncer l’ennemi sur le Garigliano pour s’en aller défiler dans Rome libéré.

Le 24 janvier 1943, les accords d’Anfa concrétisent les accords Murphy-Giraud du 2 novembre 1942:

  • Armement de 11 Divisions françaises.
  • Parité du franc et du dollar.
  • Loi prêt-bail.
  • Souveraineté des territoires administrés par la France.

Fort de son soutien des militaires et malgré les conseils de collaborateur vigilants, Giraud invitera le Général de Gaulle à venir partager ses pouvoirs avec lui, à Alger. Les deux hommes ne pourront s’entendre. Voulant passionnément l’union de tous les Français, le Général ne peut admettre la séparation de Londres et d’Alger. Il dira “Je ne veux pas donner le spectacle de deux Généraux français se disputant entre eux, alors que leur pays agonise sous la botte allemande”.
Juillet 1943. Voyage en Amérique. Le Président Roosevelt octroie la totalité du matériel que le Général Giraud réclame pour l’armée française.
C’est aussi lui, chef incontesté, qui prend la décision du débarquement en Corse, offrant aux français leur premier département libéré, et mettant à la disposition de nos Alliés un magnifique porte-avions à proximité des côtes de Provence.

La libération de la Corse, initiative individuelle, en accord avec les Alliés, sera à l’origine du remaniement du CFLN. Ordonnance et décret rapidement adoptés à la majorité, détermineront la séparation du pouvoir du Gouvernement (commissariat) et de l’autorité de commandement. Le Général Giraud restera Commandant en chef sous les ordres du commissaire à la Défense Nationale. L’exploitation calomnieuse de l’affaire Pierre Pucheu, viendra à point pour précipiter l’éviction du Général du commandement des Armées. Il se verra proposer par le CFLN, le poste Honorifique, d’Inspecteur Général des Armées.

Le 17 avril 1944, peu enclin aux intrigues, Giraud, fidèle à sa volonté d’union, refusant le poste proposé, se laissera écarter, puis évincé du Gouvernement. Le 21 avril 1944, son avion quittera ce même jour Boufarik, pour l’emmener en exil “Volontaire” dans le village de Mazagran situé à deux kilomètres à l’ouest de Mostaganem. Le 28 août 1944, à 18 h45, une balle frappe le Général Giraud sous le maxillaire gauche pour ressortir sous le médullaire. Le Général est blessé mais vivant. Version officielle: Attentat causé par un tirailleur sénégalais ivre. Le meurtrier sera condamné à mort à Oran au début de 1945.

L’homme qui a préparé le débarquement américain en Afrique, qui a libéré la Tunisie, la Corse, qui a contribué à organiser l’armée française de la Libération qui devait s’illustrer dans les campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne, s’est éteint à l’Hôpital militaire de Dijon le 11 mars 1949. Quelques jours avant, il avait reçu la veille la médaille militaire, la plus haute distinction pour un officier Général. Ainsi disparaissait à 70 ans ce grand soldat qui, par sa bravoure, son audace, son courage indomptable et son patriotisme, incarnait les plus nobles vertus militaires, celui qui s’interdisait et interdisait aux siens de se résigner à la défaite, celui que la France reconnut comme l’une des gloires les plus pures de son armée et à qui il fera des obsèques nationales. Le Général Henri Giraud, repose avec les autres grands capitaines de notre Histoire, dans la crypte de la Chapelle Saint-Louis des Invalides.

En savoir plus sur le Général Henri Giraud :

De J.C. Petermann, d’après des notes du Général Chambe et de “Un seul But la Victoire” H Giraud – Julliard 1949




Archives inédites : Les courriers Alger-métropole perdus en 1944

Peu avant le 15 août 1944, Le réseau TR « Camélia » avait expédié son courrier mensuel (de la métropole à Alger) qui devait normalement emprunter des filières terrestres jusqu’à Barcelone puis un sous-marin de Barcelone à Alger.

 
Mais le 15 août se produisit le Débarquement Allié en Provence. Pour des raisons qui nous échappent aujourd’hui le courrier « Camélia » ne put franchir la frontière pyrénéenne et, après des péripéties variées, finit par échouer en Suisse où il fut pris en charge par le poste TR de Berne. Le temps avait passé, la Libération de la France s’achevait et une grande partie des renseignements contenus dans le courrier « Camélia » avait perdu tout intérêt.
 
Tous les renseignements politiques, économiques ou militaires étaient soit périmés, soit moins complets que les archives officielles Vichystes dont disposaient désormais les autorités Gaullistes. Le Chef du poste TR de Berne utilisa donc uniquement la quarantaine de pages du courrier qui avait encore de l’intérêt (identification d’agents ennemis ou de personnels du Sicherheitdienst [ SD ] et renseignements encore actuels sur l’Abwehr ou la Gestapo).
Le reste du courrier fur gardé tel quel et … versé tel quel aux archives de la Centrale lorsque dernière eut regagné Paris. Quelques années plus tard ce paquet poussiéreux allait être incinéré lorsqu’il fut reconnu par l’ancien Chef de « Camélia ». Ce dernier obtint de ses supérieurs l’autorisation de conserver à titre de souvenirs cette liasse de papiers qui lui rappelait bien des choses.
C’est ainsi qu’un « courrier mensuel » presque intact des Inspections TR, c’est-à-dire grosso modo le tiers d’un courrier mensuel du réseau TR, peut être étudié encore aujourd’hui, à des fins historiques.



Hommage à Pierre de Villemarest, spécialiste de l’espionnage soviétique

Pierre Faillant de Villemarest, ancien résistant, ex-membre des services secrets français, journaliste et spécialiste de l’espionnage soviétique, est mort vendredi 22 février 2008 à l’âge de 85 ans, a annoncé dimanche à l’AFP l’Association des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (AASSDN).

Né à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) le 10 décembre 1922, M. de Villemarest avait interrompu ses études de droit et de sciences politiques pour rejoindre la Résistance dès septembre 1940, en participant à la création de La Dernière Colonne, notamment avec Emmanuel d’Astier de la Vigerie, noyau de Libération-Sud.

En désaccord politique avec des dirigeants de Libération-Sud, il avait rejoint le maquis du Vercors en 1943, comme officier de renseignements du réseau Kléber.

Après la guerre, il avait travaillé pendant cinq ans à la Direction Générale des Etudes et Recherches (DGER, ancêtre de la DGSE) en Autriche et en Allemagne du sud pour repérer les anciens agents nazis.

Il fut journaliste à l’AFP pendant plusieurs années, puis à l’hebdomadaire Valeurs Actuelles et au mensuel Spectacles du Monde.

Pierre de Villemarest est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, notamment sur l’espionnage soviétique dont il fut un spécialiste reconnu durant la Guerre froide, comme “L’espionnage soviétique en France 1944-1969”, paru en 1969 (*), ou “GRU, le plus secret des services soviétiques” (1988) (*).

Son dernier ouvrage (“Le KGB au coeur du Vatican”, éditions de Paris) était paru en 2006.(*)

Il était décoré de la Croix de guerre 39-45, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance et de la Médaille des Engagés Volontaires.

Pierre Faillant de Villemarest était entré dans l’Amicale des Anciens des Services Spéciaux en 1956. A ses obsèques, qui ont eu lieu dans l’intimité, l’AASSDN a été représentée par le Président National et le Délégué Normandie.

C’est avec une grande tristesse que l’équipe qui fait vivre ce site a appris cette brutale disparition ; il avait toujours aidé et encouragé à poursuivre la construction de www.aassdn.org.

Nous tenons à présenter nos sincères condoléances à ses proches et nous associons à leur peine.

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