Le coup fatal de l’attaque japonaise du 9 mars 1945 : la fin de l’Indochine française

Dans un contexte de repli face aux Alliés, le Japon décide, le 9 mars 1945, d’évincer brutalement les forces françaises encore présentes en Indochine. Cette offensive marque un tournant décisif dans l’histoire de la colonisation française en Asie du Sud-Est. Entre massacres, internements et bouleversements géopolitiques, cet événement précipite la fin de la domination coloniale française et ouvre la voie à la montée du nationalisme vietnamien.

La France évincée

Les Japonais, en guerre contre la Chine, ont profité de la défaite de la France face à Hitler pour occuper l’Indochine française. Le 25 septembre 1940, ils soumettent les troupes françaises d’Indochine mais laissent en place l’administration coloniale et le gouverneur général nommé par le gouvernement de Vichy, l’amiral Jean Decoux.

Celui-ci maintient vaille que vaille la présence française dans cette colonie du bout du monde et préserve la sécurité de ses habitants, cependant que l’occupant met l’Indochine en coupe réglée et exploite le caoutchouc naturel (15% des exportations mondiales en 1939).

Vers le chaos

Cinq ans plus tard, repoussés de partout par la contre-offensive américaine, les Japonais craignent que des Français venus de la métropole ne tentent de les chasser aussi du réduit indochinois.

C’est ainsi que le 9 mars 1945, ils attaquent avec brutalité les garnisons françaises encore présentes sur place. On ne compte pas moins de 2 650 morts parmi les Français, dont le général Émile Lemonnier commandant de la 13e  brigade de Lang Son. Le général a refusé à deux reprises de signer une capitulation sans conditions. Il est décapité au sabre le 10 mars (à Paris, l’avenue située entre le Louvre et les Tuileries honore sa mémoire).

3 000 prisonniers rejoignent les camps de la mort, dont celui de Hoa-Binh. Parmi les 19 000 civils français, 3 000 sont aussi internés et parfois torturés. Les autres sont astreints à résidence forcée sous la férule de la Kempeitai (la police politique de l’armée impériale nippone).

Cependant, le leader communiste-nationaliste Hô Chi Minh dénonce la tutelle japonaise le 10 août 1945 et proclame l’indépendance de la République démocratique du Viêt-Nam (.

Dans le même temps, comme pour ajouter à la confusion qui règne sur le terrain, les Alliés réunis à Potsdam projettent de couper en deux la péninsule indochinoise suivant le 16e parallèle. Le maintien de l’ordre reviendrait au nord de cette ligne aux Chinois nationalistes de Tchang Kai-chek, au sud aux Britanniques !

Une tentative de reconquête

Le général Charles de Gaulle, qui dirige le gouvernement provisoire de la République française, met tout en œuvre pour restaurer la souveraineté de la France sur ses colonies d’outre-mer. Il veut effacer le souvenir de la défaite de 1940 et restaurer en tous lieux la grandeur de son pays. Il veut aussi couper court à d’autres tentatives indépendantistes au sein de l’Empire colonial.

Dès le 24 mars 1945, il déclare son intention de constituer en Indochine une fédération de colonies et de protectorats qui comprendrait les trois provinces du Viêt-Nam (les trois Ky : Tonkin, Annam et Cochinchine) ainsi que le Cambodge et le Laos.

Des soldats français sous les ordres du lieutenant-colonel Jacques Massu s’emparent le 23 septembre de Saigon, capitale de la Cochinchine (le Viêt-Nam du sud). Leur entreprise est facilitée par la capitulation officielle du Japon trois semaines plus tôt.

Quelques jours plus tard arrive un corps expéditionnaire sous les ordres du général Leclerc de Hauteclocque, héros de la Libération nommé par de Gaulle commandant en chef des troupes d’Extrême-Orient, sous les ordres de l’amiral Georges Thierry d’Argenlieu, gouverneur général d’Indochine.

À sa manière audacieuse, Leclerc chasse Japonais et Chinois du Vietnam et du Cambodge. Il fait une entrée triomphale à Hanoï le 18 mars 1946.

Site Hérodote

Source photo : SiteHérodote




Naval Group en lice pour équiper le Canada en sous-marins de nouvelle génération

Le groupe français Naval Group a répondu à l’appel d’Ottawa pour le renouvellement de sa flotte sous-marine, avec une proposition basée sur la famille Barracuda. Ce projet, qui pourrait aboutir à la commande de douze sous-marins à propulsion conventionnelle, marque une nouvelle opportunité stratégique pour l’industriel français, déjà engagé sur plusieurs programmes internationaux. La compétition s’annonce intense, dans un contexte de renforcement des capacités navales canadiennes.

Le gouvernement canadien avait annoncé, le 17 septembre dernier, avoir émis auprès des industriels internationaux une demande d’information (Request for Information – RFI) pour l’acquisition d’une flotte pouvant comprendre jusqu’à douze nouveaux sous-marins à propulsion conventionnelle. Les candidats intéressés avaient jusqu’au 18 novembre pour se manifester. Parmi ceux qui se sont positionnés figure Naval Group, ont révélé le 17 février nos confrères de La Tribune. Une information confirmée par les sources de Mer et Marine. 

L’industriel français propose au Canada un sous-marin de la famille Barracuda, qui s’est pour le moment déclinée en deux variantes : une plateforme à propulsion nucléaire (classe Suffren) de 99.5 mètres et 4650 tonnes de déplacement en surface commandée par la France et dont trois exemplaires ont été à ce stade livrés par Naval Group (trois autres le seront d’ici 2030) ; ainsi qu’une version à propulsion diesel-électrique de 82 mètres et 3300 tonnes (classe Orka) dont quatre unités vont être réalisées pour les Pays-Bas, qui doivent réceptionner la tête de série en 2034. C’est aussi sur la base du design développé pour les nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) français que Naval Group avait remporté, en 2016, la compétition internationale lancée par l’Australie pour douze sous-marins conventionnels (classe Attack), Canberra annulant finalement ce contrat en 2021 suite à la signature de l’Alliance AUKUS avec les États-Unis et le Royaume-Uni. 

(…) Lire la suite : https://www.meretmarine.com/fr/defense/naval-group-en-competition-pour-les-futurs-sous-marins-canadiens

Vincent GROIZELEAU
Mer et Marine
25 février 2025




Décès d’Igor Rostislavovitch Iline, dernier témoin du régiment « Normandie-Niémen »

Le ministre des Armées a rendu hommage à Igor Rostislavovitch Iline, dernier survivant du régiment de chasse « Normandie-Niémen », décédé le 1er février 2025. Engagé aux côtés des pilotes français sur le front de l’Est entre 1944 et 1945, il avait consacré sa carrière à la maintenance et à la réparation des appareils de combat. Décoré de la Légion d’honneur en 2012, il incarnait un pan unique de l’histoire militaire franco-russe, illustrant l’engagement de la France Libre aux côtés de l’Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale.

Le ministre des armées, Monsieur Sébastien LECORNU, salue la mémoire de Monsieur Igor Rostislavovitch Iline, dernier survivant du régiment « Normandie Niémen », décédé le 1er février 2025.

  • Diplômé en 1943 de l’école de formation des mécaniciens de l’aéronautique militaire, Igor Rostislavovitch Iline fut affecté d’avril 1944 à juin 1945 à la deuxième escadrille du Régiment « Normandie ».
  • Il participe aux campagnes de libération des villes de Smolensk, de la Biélorussie et de la Lituanie. Il termine son service dans l’Armée rouge en 1945.

 Il a préparé et réparé les avions de chasse des pilotes français combattant sur le front de l’Est de 1944 à 1945. Igor Rostislavovitch Iline avait été décoré des insignes de chevalier de la Légion d’honneur en octobre 2012 pour sa bravoure aux côtés des pilotes français du régiment de chasse « Normandie Niémen ». Le groupe de chasse Numéro 3 « Normandie » (GC 3) fut constitué en 1942 au Levant, suite à l’invasion de l’Union soviétique par les troupes allemandes. Le général de Gaulle, soucieux de voir la France Libre représentée sur tous les fronts, envoie le GC 3 combattre aux côtés de l’Armée rouge sur le front de l’Est. Le groupe de chasse devient le régiment de chasse « Normandie Niémen » en 1944. Il s’agit d’un cas presque unique d’une force occidentale à s’être battue aux côtés de l’Armée rouge, sur le sol soviétique durant la Seconde Guerre mondiale.

Centre média du ministère des Armées




Souveraineté. L’Italie face à une perte de souveraineté : l’américanisation silencieuse de ses infrastructures stratégiques

L’Italie traverse une phase critique où son indépendance économique et géopolitique est mise à l’épreuve par une influence américaine croissante sur ses infrastructures stratégiques. La montée en puissance de BlackRock dans le secteur de la défense, l’intérêt d’Elon Musk pour les télécommunications et l’espace, ainsi que l’emprise progressive de la finance américaine sur les grandes entreprises italiennes posent un sérieux problème de souveraineté nationale. Cette pénétration, sous couvert d’investissements, pourrait transformer l’Italie en un simple rouage de la stratégie globale des États-Unis, limitant sa capacité de décision sur des enjeux cruciaux pour son avenir.

AASSDN Commentaire : L’arrivée de Donald Trump au pouvoir ne verra pas se réduire les pressions exercées par les Etats-Unis sur les pays européens dans les domaines stratégiques de l’économie, de la Défense et en particulier du renseignement.
Le principe politique « diviser pour régner » va continuer à s’appliquer par les Etats-Unis sur chacun des pays européens en fonction de leurs intérêts nationaux.

Cette politique probable des Etats-Unis conduira à une fragilisation et à une dépendance accrue des pays européens vis-à-vis de leur « grand allié », à moins qu’elle accélère le renforcement de relations privilégiées de certains pays qui souhaitent préserver leur souveraineté, c’est-à-dire leur liberté d’action politique. Ainsi ces pays pourraient développer des partenariats privilégiés avec d’autres pays dans le monde qui souhaitent, comme eux, ne pas entrer dans l’orbite d’une grande puissance.
 

L’Italie traverse une phase de transformation inquiétante : l’américanisation de ses infrastructures critiques. Ce phénomène, de plus en plus visible, ne relève pas uniquement de l’économie, mais aussi de la géopolitique et de la stratégie, avec des risques potentiels pour notre souveraineté nationale. Les récents développements, tels que l’acquisition de parts importantes de Leonardo par BlackRock et l’intérêt d’Elon Musk pour le secteur des télécommunications et de l’espace, illustrent clairement cette érosion progressive du contrôle italien sur des secteurs vitaux.

BlackRock : une pénétration financière déguisée en investissement

La récente opération de BlackRock, qui a dépassé 3% des parts de Leonardo, doit être perçue avec une extrême inquiétude. Il ne s’agit pas simplement d’un investissement dans une entreprise rentable : nous sommes face à une pénétration systématique de la finance américaine dans l’une des entreprises les plus stratégiques pour notre défense et notre sécurité nationale. Leonardo, acteur clé dans le secteur de la défense, est impliqué dans des projets sensibles tels que le programme F-35 et la mission Artemis, tous deux cruciaux pour notre politique de sécurité nationale.
La participation de BlackRock dans Leonardo représente un premier pas vers une influence croissante sur le contrôle de nos infrastructures stratégiques. Bien que la législation actuelle empêche les entités étrangères d’acquérir plus de 3% des actions avec droit de vote, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de danger. En effet, la simple présence d’un géant comme BlackRock dans la gestion de l’entreprise peut orienter les choix stratégiques et les alliances politiques de Leonardo vers les intérêts américains, au détriment de notre autonomie décisionnelle.

La finance américaine et le sacrifice de la souveraineté italienne

Ce n’est pas un cas isolé. Depuis quelque temps, le capitalisme américain s’infiltre dans les infrastructures critiques italiennes avec le soutien tacite ou explicite de nos gouvernements. BlackRock détient déjà des parts significatives dans d’autres entreprises italiennes, telles que Unicredit, Intesa Sanpaolo, ENI, Enel et Generali, renforçant ainsi son contrôle sur l’économie du pays. L’intervention dans le secteur de la défense est cependant particulièrement préoccupante car elle expose l’Italie à une vulnérabilité géopolitique sans précédent.
L’alliance entre la haute finance américaine et les actifs stratégiques italiens n’est pas qu’une question de profit : c’est une véritable opération de conquête silencieuse. Le risque est qu’à l’avenir, des décisions cruciales pour la sécurité nationale soient influencées par des entités étrangères, dont les intérêts pourraient ne pas coïncider avec ceux de l’Italie. Notre pays, de plus en plus lié aux États-Unis, risque de devenir un simple satellite de la politique américaine, perdant ainsi sa capacité à déterminer son propre destin dans un contexte mondial de plus en plus instable.

Elon Musk : un magnat avec trop de pouvoir

À ce scénario inquiétant s’ajoute l’intérêt d’Elon Musk pour l’Italie. L’entrepreneur américain, à la tête de « géants » comme Tesla, SpaceX et Starlink, a déjà manifesté son intention d’étendre son empire en Italie, en tirant parti de ses relations privilégiées avec le gouvernement Meloni. Son attention se porte principalement sur les secteurs des télécommunications et de l’espace, des domaines qui représentent l’avenir des infrastructures mondiales.
Musk n’est pas seulement un entrepreneur visionnaire, mais c’est aussi un acteur géopolitique avec un pouvoir énorme. Le contrôle qu’il exerce via son réseau satellitaire Starlink, par exemple, pourrait facilement se traduire par une influence directe sur les communications mondiales, avec des conséquences dévastatrices pour la souveraineté des pays qui dépendent de ses technologies. Si l’Italie permet à Musk d’entrer dans le secteur des télécommunications ou de l’espace, nous risquons de céder une autre partie cruciale de notre autonomie à une figure dont l’intérêt est de renforcer la domination américaine à l’échelle mondiale.

Une étreinte mortelle : les conséquences pour l’Italie

L’américanisation des infrastructures italiennes ne peut être considérée comme un phénomène neutre ou positif. Nous sommes face à une menace pour notre souveraineté, qu’elle soit économique, technologique ou géopolitique. Les secteurs les plus stratégiques, tels que la défense, l’énergie et les télécommunications, tombent progressivement sous le contrôle d’acteurs étrangers qui agissent selon des logiques de pouvoir global et non en fonction des intérêts nationaux italiens.
La présence croissante d’acteurs américains dans nos entreprises stratégiques expose l’Italie à des vulnérabilités dangereuses. Un pays qui ne contrôle pas ses infrastructures critiques est un pays qui ne peut pas déterminer son avenir de manière autonome. C’est la direction que nous prenons et le risque existe que cela devienne irréversible. L’Italie risque de se transformer en une pièce de la stratégie géopolitique américaine, incapable de résister à des pressions extérieures et contrainte d’accepter des décisions qui sapent sa souveraineté.

Il est temps de stopper cette invasion silencieuse !

L’Italie est face à un choix crucial : défendre sa souveraineté ou se soumettre à une dépendance croissante envers les États-Unis et leurs géants financiers et technologiques. Si nous continuons sur cette voie, nous risquons de devenir un pays incapable de protéger ses intérêts stratégiques, laissant d’autres décider à notre place.
Il est essentiel que le gouvernement italien prenne des mesures pour limiter l’influence américaine sur nos infrastructures critiques, en défendant les intérêts nationaux et notre capacité d’autodétermination. L’Italie doit rester un acteur indépendant sur la scène internationale, capable de décider de son propre avenir sans subir des pressions indues de puissances étrangères.
L’américanisation de nos infrastructures est une menace réelle. Le moment d’agir, c’est maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

Giuseppe GAGLIANO
Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis
Membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R
CF2R
Septembre 2024




Communiqué : La Marine nationale renforce ses capacités défense aérienne et de lutte anti-drones

La Marine nationale se dote de nouvelles capacités d’autodéfense avec l’acquisition de systèmes navals SIMBAD RC auprès de MBDA France. Ces systèmes, conçus pour mettre en œuvre des missiles MISTRAL, équiperont les patrouilleurs hauturiers et les bâtiments ravitailleurs. Objectif : garantir leur liberté d’action et leur sécurité face aux menaces aériennes, renforçant ainsi la protection des unités de la flotte française.

Paris, le 28 janvier 2025

La DGA modernise et renforce les capacités des forces en matière de défense aérienne et de lutte anti-drones

  • La Direction générale de l’armement (DGA) a commandé, en décembre 2024, de nouveaux systèmes de Défense sol-air (DSA) et de Lutte anti-drones (LAD) au profit des trois armées.
  • D’un montant global de l’ordre de 600 millions d’euros, ces commandes s’inscrivent dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 qui prévoit de renforcer et moderniser les capacités des forces dans ces domaines stratégiques.
  • Pilotés par la DGA, ces programmes et leurs futurs incréments doivent permettre la poursuite de l’amélioration des performances des systèmes d’armes et la montée en puissance de ces nouvelles capacités.

Une première commande, passée auprès de MBDA France, porte sur huit lanceurs VL MICA ainsi que des munitions au profit de l’armée de l’Air et de l’Espace. Elle intervient dans la continuité de la livraison des premiers systèmes VL MICA au premier semestre 2024, qui ont contribué à la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Une deuxième commande, réalisée auprès de KNDS France, porte sur le développement et la production de deux nouvelles versions du SERVAL (DSA et LAD). Ces versions sont adaptées aux conditions d’engagement dans des conflits de haute intensité. Elles contribuent à la mise en place par l’armée de Terre d’une bulle antiaérienne d’accompagnement, en protection des forces terrestres déployées en opération.

  • La version DSA (défense sol-air), dont la commande initiale porte sur 30 exemplaires, sera équipée de la tourelle ATLAS RC de la société MBDA France. Ces tourelles permettent de mettre en œuvre le missile MISTRAL sous blindage et disposent d’armes d’autodéfense.
  • La version LAD (lutte anti-drone), dont la commande initiale porte sur 24 exemplaires, sera équipée d’un tourelleau téléopéré intégrant un canon de 30 mm et de systèmes autonomes de détection (radar et détecteur radiofréquence).

Une troisième commande, réalisée auprès de MBDA France, porte sur l’acquisition de systèmes navals « SIMBAD RC » permettant la mise en œuvre de missiles MISTRAL. Ces systèmes doivent équiper les patrouilleurs hauturiers et les bâtiments ravitailleurs de la Marine nationale de capacités d’autodéfense renforcées. Ils sont destinés à contribuer et à garantir leur liberté d’action et leur sécurité.

Une quatrième commande porte sur le développement d’une munition anti-aérienne d’artillerie de 40 mm. Adaptée aux systèmes d’artillerie de 40 mm des bâtiments de la Marine nationale et développée par KNDS France et THALES LAS, elle contribuera également au renforcement des capacités d’autodéfense des navires.

Avec ces nouveaux systèmes et le système de défense franco-italien sol-air « haute couche » SAMP-T NG de la société EUROSAM (THALES LAS et MBDA), la France disposera d’une gamme complète, moderne et performante de capacités de défense surface air et de lutte anti-drone à même de faire face, de manière coordonnée, à l’ensemble du spectre des menaces.

Direction générale de l’armement
Service de presse
Centre médias du ministère des Armées




Nomination : Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État de l’Amérique

Confirmé à l’unanimité par le Sénat, Marco Rubio devient secrétaire d’État des États-Unis sous l’administration Trump, marquant une étape clé dans sa carrière politique. Premier hispanique à occuper ce poste, il s’engage à défendre les intérêts fondamentaux de l’Amérique en matière de sécurité, de puissance et de prospérité. Fort de son expérience au Sénat, notamment sur les questions de politique étrangère et de défense des droits humains, il entend renforcer la position des États-Unis face à la Chine, à l’Amérique latine et aux grands enjeux internationaux.

Marco Rubio  attribue à la décision de ses parents de quitter Cuba pour immigrer aux États-Unis en 1956 « le privilège d’être né citoyen de la plus grande nation de l’histoire du monde ». Son père travaillait comme barman dans les banquets, tandis que sa mère alternait entre son rôle de mère au foyer et celui de femme de ménage dans un hôtel.

Le Sénat a confirmé à l’unanimité, par 99 voix pour et 0 contre[1], sa nomination au poste de secrétaire d’État dans les heures qui ont suivi la prestation de serment du président Trump, le 20 janvier. M. Rubio, [53 ans] originaire de Miami, a prêté serment peu après. Il rejoint ainsi une lignée de diplomates de haut niveau qui remonte jusqu’à Thomas Jefferson. Il est le plus haut fonctionnaire hispanique de l’histoire des États-Unis.

Lors de son audition de confirmation le 15 janvier devant la commission des Relations extérieures, M. Rubio a déclaré qu’il restait déterminé à placer les intérêts nationaux fondamentaux des États-Unis au-dessus de tout en tant que secrétaire d’État .

« Sous le président Trump, a-t-il insisté, la priorité absolue du département d’État américain sera les États-Unis. La ligne directrice qu’il a donnée à la conduite de notre politique étrangère est claire. Chaque dollar que nous dépensons, chaque programme que nous finançons, chaque politique que nous menons doit être justifié par la réponse à l’une des trois questions suivantes :

  • Est-ce que cela rend l’Amérique plus sûre ?
  • Est-ce que cela rend l’Amérique plus forte ?
  • Est-ce que cela rend l’Amérique plus prospère ? »

Marco Rubio siégeait au Sénat pour un troisième mandat – il représentait la Floride depuis 2011 – lorsque le président l’a nommé au poste qui est désormais le sien. En tant que membre influent de la Commission des relations extérieures et vice-président de la Commission spéciale sur le renseignement, M. Rubio a joué un rôle déterminant dans la politique étrangère des États-Unis. À titre de sénateur, l’un des deux représentant la Floride, il s’est rendu dans des dizaines de pays et a rencontré un grand nombre de dirigeants étrangers.

Il est notamment l’auteur de textes de loi bipartite clé relatif à la Chine et il s’est battu pour mettre le gouvernement chinois face à ses responsabilités en matière de violation des droits de l’homme à l’encontre des Ouïghours et à Hong Kong. Il a également joué un rôle important dans l’élaboration de la politique étrangère des États-Unis à l’égard de l’Amérique latine, ayant d’ailleurs parrainé une loi exigeant l’imposition de sanctions contre les auteurs de violations des droits humains au Venezuela et une autre imposant des sanctions à des membres du régime cubain.

Pendant des années, M. Rubio s’est fait le champion de la loi bipartite portant prorogation de la Commission des États-Unis sur la liberté de religion dans le monde.

Avant d’entrer au Sénat, Rubio a été commissaire municipal à West Miami, en Floride, et président de la Chambre des représentants de Floride.

M. Rubio est titulaire d’une licence de l’université de Floride et diplômé de la faculté de droit de l’université de Miami.

Son épouse, Jeanette, et lui ont quatre enfants.

Site internet de l’Ambassade de France aux USA 
Charles HOSKINSON 
Samedi 25 janvier 2025

[1] A noter qu’il avait fallu la voix additionnelle du Vice-président Vance pour confirmer la nomination du secrétaire à la défense qui était à 50-50 au Sénat puisque tous les démocrates et trois sénateurs républicains avaient voté contre.

Source photo : US Department of State




Culture géostratégique : Le Groenland fait-il partie de l’Union européenne ?


Située entre l’Atlantique nord et l’Arctique, la plus grande île du monde fait l’objet de convoitises. Autonome mais constitutive du royaume du Danemark, elle n’est pas à proprement parler un territoire de l’UE. En revanche, les Groenlandais sont bien des citoyens européens.
C’est un territoire grand comme quatre fois celui de la France métropolitaine, mais peuplé de seulement 55 000 âmes et recouvert à 85 % de glace. C’est le territoire le moins densément peuplé de la planète, avec 0,03 habitant par km2.  
A première vue, le Groenland ne semble pas particulièrement attrayant. Pourtant, la plus grande île du monde fait aujourd’hui l’objet de nombreuses convoitises, notamment de la part du futur président des Etats-Unis.

Début janvier 2025, lors d’une conférence de presse, Donald Trump a refusé d’exclure une annexion militaire du territoire. Le milliardaire américain, qui retrouvera la Maison-Blanche le 20 janvier 2025, voit dans “la propriété et le contrôle du Groenland” par les États-Unis une “nécessité absolue”. En 2019 déjà, il avait évoqué l’idée d’acheter ce territoire, suscitant une fin de non-recevoir de la part des autorités danoises, dont le Groenland est un pays constitutif. Quelques-uns de ses prédécesseurs avaient essuyé le même refus, en 1867, en 1910 ou encore en 1947. 

Quel est le statut du Groenland ?

Le Groenland a connu de nombreux changements de statut depuis la seconde moitié du XXe siècle. L’ancienne colonie danoise a accédé au statut de communauté autonome constitutive du royaume du Danemark en 1979. Elle a alors acquis des compétences en matière de fiscalité, d’économie ou d’éducation, puis de police ou encore de justice à partir de 2009.

Le territoire reste néanmoins soumis à la Constitution et à la Cour suprême du Danemark, le pays scandinave conservant des prérogatives importantes, notamment dans les domaines des relations internationales, de la défense et de la sécurité. Par ailleurs, Copenhague verse aujourd’hui l’équivalent de 500 millions d’euros d’aides à l’île chaque année.

Comme le Danemark, le Groenland a rejoint la Communauté économique européenne (CEE, désormais Union européenne) en 1973. Mais le territoire autonome a décidé de la quitter douze ans plus tard, à la suite d’un référendum. Il n’est donc plus un territoire européen depuis le 1er février 1985.

Outre son appartenance au Danemark, le territoire conserve toutefois des liens importants avec l’Union européenne. Le Groenland figure ainsi parmi les 13 pays et territoires d’outre-mer (PTOM), un ensemble de dépendances et de territoires ultramarins qui entretiennent des liens constitutionnels avec un Etat membre de l’Union européenne, sans faire partie intégrante de l’UE.

Ces 13 pays et territoires relèvent aujourd’hui de trois Etats : 6 sont reliés à la France (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres australes et antarctiques françaises, Wallis-et-Futuna et Saint-Barthélemy), 6 autres aux Pays-Bas (Sint Maarten, Saba, Sint Eustatius, Aruba, Curaçao et Bonaire) et enfin le Groenland qui est un pays constitutif du royaume du Danemark. Le droit européen ne s’applique pas dans ces territoires, qui ne sont pas membres de l’espace Schengen par ailleurs.

Les PTOM sont en revanche associés à certaines politiques de l’UE pour faciliter leur développement économique, social et commercial. L’instrument européen pour le voisinage, le développement et la coopération internationale regroupe les différents programmes de financements à destination de ces zones. Par ailleurs, les produits importés dans l’UE depuis les PTOM ne sont pas soumis aux droits de douane ou aux restrictions quantitatives. Enfin, leurs ressortissants disposent de la citoyenneté européenne et donc d’un passeport de l’UE.

Pour les PTOM, un statut différent de celui des régions ultrapériphériques (RUP)

Le statut des PTOM (pays et territoires d’outre-mer) est à distinguer de celui des régions ultrapériphériques (RUP). Ce dernier concerne 9 régions insulaires et/ou géographiquement éloignées du continent européen. Contrairement aux PTOM, elles font partie intégrante du territoire de l’Union et sont, à ce titre, soumises au droit européen.

La France compte six régions ultrapériphériques (Saint-Martin, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Mayotte et La Réunion), contre deux pour le Portugal (Madère et les Açores) et une pour l’Espagne (les Canaries).

Pourquoi le Groenland est-il convoité ?

Pour justifier ses volontés d’annexion du Groenland, Donald Trump avance des raisons de sécurité nationale. Présents depuis la Seconde Guerre mondiale sur l’île, les Etats-Unis y ont notamment construit une base aérienne au nord-ouest, à Qaanaaq (ou Thulé) en 1953. Le Groenland suscite également les convoitises de la Chine, qui y a développé des activités économiques et scientifiques ces dernières années, ou celles de la Russie, qui espère régner sur l’Arctique dans les années à venir.

Ces multiples intérêts s’expliquent par la situation géographique de l’île, dont les planisphères donnent une mauvaise représentation. En regardant une carte centrée sur le Groenland (voir l’encadré ci-dessous), on constate la position stratégique du territoire. Constitué en grande partie de glace, il se réchauffe deux fois plus vite que le reste du globe, entraînant la fonte des glaces. Celle-ci pourrait ouvrir de nouvelles routes commerciales maritimes jusqu’ici inaccessibles. Une aubaine pour les trois puissances mondiales.

Enfin, le sol du Groenland est particulièrement riche en ressources : 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel non découverts à ce jour se trouveraient en Arctique, dont la majeure partie au Groenland, selon certaines estimations. Il regorgerait enfin de terres rares, comme le nickel ou le cobalt, nécessaires à la fabrication des batteries pour les téléphones portables, par exemple. Là aussi, la fonte des glaces pourrait s’avérer déterminante.

Le Groenland : carte d’identité 

Crédits : Toute l’Europe, avec Flourish

Capitale : Nuuk (17 000 habitants)
Population : 55 000 habitants (449 millions pour l’Union européenne)
Superficie : 2,16 millions de km2 (deux fois moins que l’Union européenne, 4,23 millions de km2)
Monnaie : couronne danoise (comme au Danemark)
Chef du gouvernement : Múte B. Egede, membre du parti Inuit Ataqatigiit (social-démocrate)

Le Groenland fait-il partie de l’Otan ?

Si elle peut paraître farfelue, l’option militaire n’a pas été écartée par Donald Trump pour s’emparer du Groenland. Compte tenu de la présence américaine sur l’île, une hypothétique invasion s’avérerait relativement simple à mettre en œuvre. Evidemment, une telle intervention créerait un choc sans précédent, notamment parce que les Etats-Unis et le Danemark sont alliés au sein de l’Otan.

S’ils envahissent le Groenland, ils envahissent l’Otan. C’est là que ça s’arrête. L’article 5 de l’Otan [qui implique qu’une attaque contre l’un ou plusieurs de ses membres est considérée comme une attaque dirigée contre tous, NDLR] devrait être déclenché. Et si un pays de l’Otan envahit l’Otan, il n’y a plus d’Otan”, explique par exemple Elisabet Svane, correspondante politique en chef du journal danois Politiken, citée par la BBC.

Enfin, les Etats membres de l’UE, dont le Danemark, pourraient également évoquer l’article 42.7 du Traité sur l’Union européenne, également appelé “clause de défense mutuelle”. “Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir”, précise ce dernier. Une clause dont bénéficie également le Groenland, a confirmé un porte-parole de la Commission européenne.

Le Groenland pourrait-il demander son indépendance ?

Depuis 2009, le Groenland peut, s’il le souhaite, déclarer son indépendance du Danemark. Un processus qui passerait notamment par l’organisation d’un référendum et des négociations avec le Danemark sur leurs futures relations. La perspective refait souvent surface dans le débat public. Le Premier ministre groenlandais, Múte Egede, a d’ailleurs exprimé son souhait d’organiser un référendum sur le sujet s’il remporte les prochaines élections, en avril 2025. Et lors de son discours du Nouvel An, il y a de nouveau fait allusion.

Reste que le Groenland est extrêmement dépendant de Copenhague. Les fonds versés par le Danemark représentent actuellement 60 % du budget de l’île et près du quart de son PIB.

Touteleurope.eu
16/01/2025

Source photo-bandeau : Google Maps




Livre de Georges-Henri Soutou : La grande rupture, de la chute du mur à la guerre d’Ukraine

L’AASSDN signale la parution du livre du professeur Georges-Henri Soutou « La grande rupture : 1989-2024 » de la chute du mur à la guerre d’Ukraine aux éditions Tallandier

Présentation du livre

À partir de 1989, la chute du mur de Berlin, puis la fin de l’URSS et du communisme suscitèrent un grand optimisme en Occident. Aujourd’hui, à l’heure de la guerre en Ukraine, on en est loin. La Russie, qui paraissait prête à s’inscrire dans le nouvel ordre mondial libéral, s’en est progressivement éloignée, jusqu’à le provoquer
ouvertement.

Les innombrables ouvrages publiés le plus souvent à la hâte depuis deux ans et demi sur la guerre en Ukraine négligent la nécessaire profondeur historique qu’il faut observer pour bien comprendre la genèse du conflit. Or Georges-Henri Soutou, historien spécialiste des relations internationales, est probablement le mieux placé pour expliquer cette histoire sur le temps long : les questions de nationalités en Europe orientale et dans les Balkans, la brutalité de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide, la transition démocratique manquée de la Russie après 1991, l’échec des tentatives pour mettre les relations entre l’Occident et la Russie sur un nouveau pied après 1991. La gestion calamiteuse des relations internationales depuis 1989-1990 a fait le lit de la guerre actuelle.

Dans ce désastre, les responsabilités sont partagées. La Russie a été de plus en plus agressive mais l’Occident a été souvent provocateur et toujours trop sûr de lui.

L’issue du conflit est encore incertaine mais, de toute façon, le retour de la guerre sur notre continent est une catastrophe. Le troisième suicide de l’Europe depuis 1914…

Fiche d’identité du livre

Titre : « La grande rupture : 1989-2024 » de la chute du mur à la guerre d’Ukraine
Date de la publication : 24/10/2024
Auteur : Professeur Georges-Henri Soutou
Editions : Tallandier
Pages : 368 pages
Prix : 
22,90€
Dimensions : 14,50 x 21,50 x 2,80 cm
EAN : 9791021056077
SKU : 5592455
ISBN : 1021056073

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Découvrez l’exposé “Russie agressive, Occident provocateur : les origines de la guerre d’Ukraine” de Georges-Henri Soutou mis en ligne sur YouTube 

Titre : Russie agressive, Occident provocateur : les origines de la guerre d’Ukraine
Date : 08 janvier 2025
Durée : 00:40:28
Intervenant : Professeur Georges-Henri Soutou
Mise en ligne sur le compte YouTube de Front Populaire




L’opinion publique taïwanaise face à la Chine : émancipation, soumission et résignation

Depuis des décennies mais de manière plus marquée ces dernières années, la relation entre Taïwan et la Chine est une question géopolitique majeure, suscitant un large débat au sein de la société taïwanaise.
Face à la pression croissante de Pékin, l’opinion publique à Taïwan s’articule autour de plusieurs courants, chacun ayant une perspective différente sur la manière de gérer les relations avec la Chine continentale.
Cet article explore ces tendances et s’interroge sur les scénarios envisageables pour l’avenir de l’île.

Le courant indépendantiste : pour une identité taïwanaise affirmée

Une part significative de la population taïwanaise, en particulier les jeunes générations, favorise une identité distincte et se prononce pour le maintien d’une indépendance de facto, voire pour une indépendance officielle. Selon cette tendance, Pékin est perçu comme une menace directe, et la préservation de la souveraineté de l’île est essentielle. Ces opinions sont souvent soutenues par le Parti démocrate progressiste (DPP), actuellement au pouvoir. Ce courant cherche à consolider l’identité taïwanaise par des initiatives culturelles, politiques et éducatives, tout en renforçant les alliances internationales, notamment avec les États-Unis, le Japon, et d’autres démocraties.

Le courant modéré : équilibre entre souveraineté et apaisement des tensions

Les modérés prônent une approche pragmatique, visant à conserver la paix tout en maintenant une forme d’indépendance de facto. Ces Taïwanais considèrent que les provocations directes envers Pékin sont contre-productives et risquent de déclencher des réactions militaires ou économiques dangereuses. Ils défendent une politique de statu quo, évitant les déclarations d’indépendance officielles tout en développant des liens économiques et culturels prudents avec la Chine. Ce groupe inclut des membres du Kuomintang (KMT), le principal parti d’opposition, qui mise sur une politique de dialogue et d’échanges économiques pour désamorcer les tensions.

Le courant pro-réunification : des voix minoritaires mais influentes

Bien que minoritaire, un courant existe en faveur d’un rapprochement avec la Chine, voire d’une réunification, même si celle-ci serait largement conditionnée par des garanties d’autonomie politique. Pour les partisans de cette position, la Chine représente une opportunité économique et culturelle majeure, et un rapprochement pourrait garantir la stabilité de l’île à long terme. Toutefois, ce courant est confronté à un manque de soutien populaire, en raison des politiques répressives de Pékin et de la crainte d’une perte de libertés démocratiques.

La polarisation générationnelle et les influences externes

Il est important de noter une différence générationnelle notable dans les opinions. Les jeunes Taïwanais, souvent plus sensibilisés aux valeurs démocratiques et à une identité taïwanaise distincte, sont largement en faveur du maintien du statu quo ou d’une indépendance renforcée. Les générations plus âgées, ayant connu des périodes de rapprochement avec la Chine, sont parfois plus favorables à des relations apaisées, même si le soutien à une réunification reste marginal. L’influence des États-Unis et de ses alliés sur l’opinion publique taïwanaise est également déterminante. Les accords de coopération militaire, les visites officielles et les déclarations de soutien au gouvernement taïwanais encouragent une partie de la population à envisager un renforcement des alliances, tandis que d’autres craignent une escalade des tensions avec Pékin.

Mourir pour Taïwan

Concernant la volonté des taïwanais à défendre l’île face à une invasion chinoise, celle-ci est nuancée et complexe, influencée par nombre de facteurs internes comme externes. D’un côté, les sondages montrent que la majorité des Taïwanais se disent prêts à défendre leur île. Par exemple, environ 68 % des personnes interrogées en août 2023 se disaient « très » ou « plutôt prêtes » à se battre si la Chine attaquait, bien que ce pourcentage ait fluctué au fil du temps, notamment en réaction aux tensions militaires ou aux visites de responsables américains à Taipei.

Cependant, il y a des doutes sur ce que signifie concrètement cette volonté de com battre. Les expériences de guerre des Taïwanais sont limitées, rendant les prédictions sur leur comportement en cas de conflit réel plutôt incertaines. De plus, la question de la mobilisation et de la préparation militaire reste problématique : bien que Taïwan ait environ 188 000 soldats actifs, l’efficacité de ses réserves est souvent remise en question.

L’attente d’une aide internationale, et plus particulièrement américaine, joue un rôle majeur dans l’opinion publique. Les Taïwanais semblent divisés quant à la possibilité d’une intervention directe des États-Unis. Certains pensent que les États-Unis se contenteraient de fournir des armes, tandis qu’une minorité croit en une intervention militaire conjointe. Le soutien international, notamment de la part des États-Unis, est perçu comme un élément crucial pour maintenir la volonté de résister.

En somme, bien que de nombreux Taïwanais semblent prêts à défendre leur nation, leur détermination est liée à la perception d’un soutien international, tout comme celle de l’Ukraine est influencée par l’aide occidentale en cours. Les préoccupations concernant l’équipement, l’organisation militaire et la solidité des alliances internationales ajoutent à la complexité de la situation actuelle.

Les élections présidentielles et législatives de 2024

Le scrutin présidentiel de janvier 2024 a capté la majeure partie de l’attention médiatique internationale : William Lai Ching-ten (DPP) a été élu président avec 40,05% des voix alors que l’ancienne présidente Tsai Ing-wen (DPP) l’avait été avec 57,1% des voix en 2020.
Une autre élection s’était déroulée le même jour et était potentiellement tout aussi significative : l’ensemble des 113 sièges du Parlement taïwanais étaient à pourvoir pour un mandat de quatre ans. Ces élections législatives furent marquées par des pertes significatives pour le PDP (51 vs. 68 sièges en 2016) à la faveur du KMT (52 vs. 35 sièges en 2016). Une réelle lassitude politique, une volonté de changement et un mécontentement croissant ont pesé lourd dans le vote des Taïwanais.
Autre élément intéressant de cette élection est l’avènement du Parti du peuple taïwanais (TPP) qui avec près de 10% des sièges lui permet de jouer un rôle de «faiseur de roi» dans le parlement. Le KMT et le TPP représentent ensemble (62 %) une vision politique plus nuancée sur la question des relations avec la Chine continentale et un affaiblissement de la ligne dure indépendantiste.

Quelles solutions pour l’avenir ?

L’opinion reste divisée, oscillant entre la défense de la souveraineté et le désir d’éviter une confrontation directe avec la Chine. La majorité semble privilégier le statu quo, estimant qu’il représente le compromis le plus viable entre indépendance et stabilité. La consolidation des liens diplomatiques et économiques avec des puissances étrangères est vue comme une garantie de protection face à Pékin. À moyen terme, les solutions pourraient se concentrer sur un renforcement des capacités de défense tout en maintenant le statu quo, combiné à des politiques de dialogue économique mesuré avec la Chine pour réduire les risques de tensions. Il existe des mécanismes de coopération régionale et internationale, ceux-ci associée à une consolidation de l’identité taïwanaise, proposent des voies réalistes pour un avenir stable. Toute tentative de modification unilatérale du statu quo, qu’elle vienne de Pékin ou de Taipei, risquerait d’accentuer la polarisation interne et d’entraîner des conséquences géopolitiques imprévisibles. Une solution durable nécessiterait de concilier la reconnaissance de l’identité taïwanaise avec une gestion pragmatique des relations sino-taïwanaises, dans un cadre de sécurité collective plus large.

Claude R. JAECK
Bangkok, le 7 novembre 2024

TAÏWAN EN CHIFFRES

Taïwan est un État insulaire de 36 197 km² (1) situé à 180 km à l’est de la Chine.
Sa capitale, Taïpei, est située au nord de l’ile.

Ce pays très montagneux, est peuplé de 24,5 millions d’habitants avec une densité moyenne de 650 h/km2, une des plus élevées au monde. Mais la grande majorité de la population se concentre sur la côte ouest où la densité atteint 1 500 h/km2. La zone centrale de l’ile très montagneuse et forestière est à peu près déserte.

Les Chinois constituent l’essentiel du peuplement. Il existe des minorités proto malaises sur les hauteurs. Le taux de fécondité n’assure plus la croissance de la population, vieillissante (l’espérance de vie des femmes à la naissance est une des plus élevées du monde).

Taipei, la capitale, domine le réseau urbain avec 2,5 millions d’habitants , devant Kaohsiung 1,5 million d’habitants).

Considérée par la Chine comme sa 23e province, Taiwan est administrée de fait, sous le nom de république de Chine, par son propre gouvernement, depuis 1949.
Sur le plan économique, la principale entreprise est Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) qui produit plus de 90 % des puces de moins de 10 nanomètres utilisés dans le monde. Ce secteur représente 15 % du PIB taïwanais ; les exportations annuelles de semi-conducteurs sont estimées à plus de 150 milliards de dollars US.
Les grandes entreprises françaises implantées à Taïwan: Airbus, Total Energies, Thales, Safran, Dassault Systèmes.

(1) soit une superficie intermédiaire entre celle de la Belgique et celle des Pays-Bas




Les conditions d’une future politique sahélienne

Au Sahel où le retrait français a laissé le champ libre aux GAT (Groupes armés terroristes), la situation est désormais hors contrôle. Face aux massacres de civils, les armées locales sont totalement dépassées quand elles ne sont pas complices. Quant aux mercenaires russes, ce n’est pas en multipliant les crimes de guerre qu’ils pourront faire croire aux populations qu’ils sont animés de la « parcelle d’amour » qui était si chère à Lyautey et aux grands coloniaux français…

Il faut bien voir que la catastrophe actuelle résulte de deux principales erreurs de diagnostic faites par les décideurs parisiens : 

1) Avoir cautionné la cuistrerie de ceux de leurs « experts » officiels qui qualifiaient systématiquement de jihadiste tout bandit armé ou même tout porteur d’arme. 

Alors que nous étions face à un « cocktail » de revendications ethniques, sociales et politiques opportunément habillées du voile religieux, et que le trafic était devenu le poumon économique de populations subissant les effets d’une désertification accélérée par la démographie. D’où la jonction entre trafic et islamisme, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par le second.

2) Avoir ignoré les constantes ethno-historico-politiques régionales. 

Un tel refus obstiné de prendre en compte les réalités ethniques s’explique à la fois par l’idéologie et par l’ignorance. Avec pour conséquence que des solutions aussi hors sol que simplistes ont été plaquées sur la complexe, mouvante et subtile alchimie humaine sahélienne. 

En effet, dans ces immensités où le jihadisme surinfecte de vieilles plaies ethno-historiques, présenter comme solution un processus électoral est une farce tragique car il n’aboutit qu’à un sondage ethnique grandeur nature. Quant au discours convenu prônant la nécessité de combler le « déficit de développement » ou encore la « bonne gouvernance », il relève du charlatanisme politique… 

En 2025, si, après avoir été honteusement « éjectée » du Sahel à la suite de l’accumulation des erreurs commises par Emmanuel Macron, la France décidait d’y revenir, ses dirigeants devraient alors bien réfléchir. Ils ne devraient en effet plus voir la question régionale à travers le prisme des idéologies européo-centrées, des automatismes contemporains et des «singularités » LGBT. 

Tout au contraire, il s’agirait pour eux de replacer les évènements dans leur contexte historique régional à travers cette longue durée qui, seule, permet de comprendre qu’ils sont liés à un passé toujours prégnant et qui conditionne largement les choix des uns et des autres. 

Bernard LUGAN*
Editorial de janvier 2025

*Pour le comprendre, on se reportera à mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours.

Pour aller plus loin, lire :
L’Afrique Réelle n°181 – Janvier 2025

Sommaire

Dossier : L’année 2024 en Afrique, bilan et perspectives pour 2025
– L’Algérie sans boussole
– Algérie, un bilan diplomatique désastreux 
– Le trou noir du Sahel
– Ailleurs sur le continent

Dossier : Soudan, la guerre de l’est contre l’ouest
– La descente aux enfers du Soudan
– Les fronts du Soudan