Histoire. Brève histoire des Renseignements généraux (RG)

Les Renseignements généraux (RG) ont joué un rôle clé dans la collecte et l’analyse d’informations sur la vie institutionnelle, économique et sociale en France. Depuis leur origine sous Napoléon Ier jusqu’à leur intégration dans le renseignement territorial moderne, leur mission a évolué au gré des menaces et des enjeux de sécurité nationale. Retour sur l’histoire d’un service central à la fois discret et stratégique.

Avec pour lignes directrices la recherche de renseignement sur la vie institutionnelle, économique et sociale et les phénomènes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public et à la sûreté générale, les Renseignements généraux ont vu leur périmètre d’action et leur organisation fluctuer au fil des temps.

La chute de la monarchie française en 1792 ouvre une période agitée, durant laquelle l’activité de police fait l’objet de nombreuses réorganisations. En février 1800, Bonaparte créé la Préfecture de police de Paris et sa division « Sûreté générale et police secrète », prémices du premier service organisé pour prendre en compte les activités de renseignement en France.  
En 1811, des « commissaires spéciaux [1] » sont attachés à la surveillance de l’opinion, des opérations de commerce, des mouvements des ports, des communications avec l’étranger, des associations politiques et religieuses.

Sous le Second Empire, Napoléon III édicte un décret qui place 30 commissaires spéciaux de police [2] sous la tutelle des préfets et du ministère de l’Intérieur. Outre la répression des infractions de droit commun, ils sont chargés du suivi de l’état de l’opinion publique. En 1861, de nouvelles directives viennent élargir leurs prérogatives, notamment en ce qui concerne la police des ressortissants étrangers et celle des ports et des frontières. Ces commissaires spéciaux constituent la première implantation territoriale durable de l’activité de renseignement.

La structuration progressive des RG

Confrontée aux mouvements anarchistes et aux attentats qu’elle ne parvient pas à endiguer seule, la police française commence à s’engager pleinement dans la coopération internationale, après l’assassinat de l’impératrice d’Autriche en 1898.

En 1907, une vaste réforme de l’organisation policière est engagée par Georges Clémenceau, alors Président du conseil et ministre de l’Intérieur. Ce dernier instaure des brigades régionales mobiles, plus connues sous le nom de « Brigades du Tigre », qui sont principalement chargées de lutter contre le crime organisé.  

En parallèle, il crée une autre brigade en charge de la police judiciaire et des renseignements généraux, placée au sein de la Sûreté générale. Le dispositif est complété, en 1911, par le nouveau service des renseignements généraux de police administrative qui a pour mission de prévenir les troubles à l’ordre public. 
Par ailleurs, le gouvernement encourage le développement à Paris d’un service de renseignement possédant des attributions similaires. Les Renseignements généraux de la préfecture de police (RGPP), ainsi que le service des renseignements généraux et des jeux, sont ainsi créés en 1913.

En avril 1937 sous le Front Populaire, le président du Conseil Léon Blum et le ministre de l’Intérieur Max Dormoy expérimentent une nouvelle Commission interministérielle du renseignement, réunie chaque semaine autour du président du Conseil, pour faciliter l’échange d’informations au plus haut niveau.

L’après-guerre impose de nouvelles missions

Dès novembre 1944, le Général de Gaulle restructure les services de renseignement et de contre-espionnage. Il crée la direction de la surveillance du territoire (DST) et confirme dans leurs missions les Renseignements généraux, placés au sein de la sûreté nationale. Le suivi de la vie politique, économique et sociale, ainsi que la surveillance des hippodromes et des établissements de jeux, leur sont confiés. 

L’appellation historique de « direction centrale des renseignements généraux » (DCRG) apparait en octobre 1968. Peu après, la DCRG intègre la nouvelle direction générale de la police nationale (DGPN) qui succède à la Sûreté nationale.

Au cours des années 70, les RG sont chargés de missions de recherche de renseignement concernant les phénomènes terroristes. Ils contribuent à l’identification des réseaux terroristes et notamment islamistes, en lien étroit avec la direction de la surveillance du territoire (DST) et les renseignements généraux de la préfecture de police (RGPP) à Paris.

Dans les années 90, les RG doivent également faire face aux phénomènes de violence urbaine, aux dérives sectaires ou au hooliganisme, qui ont une incidence sur la sécurité et l’ordre public. Ils s’intéressent aussi aux nouvelles formes de contestation sociale. Ils surveillent les groupements à risque ou les individus susceptibles de se livrer à des actions violentes, prônant des idéologies extrémistes, séparatistes (basques, corses), ou portant atteinte aux principes démocratiques. 
Le suivi de l’activité et du fonctionnement interne des partis politiques lui est retiré.
 

En dépit des activités et des cultures complémentaires des RG et de la DST, le contexte sécuritaire du début des années 2000 fait apparaître un besoin d’intensification de la coopération entre les services de renseignement du ministère de l’Intérieur. Une refonte des services de renseignement policier est décidée au plus haut niveau en 2007. La DCRG est alors supprimée par le décret n°2008-609 du 27 juin 2008.

Ses attributions sont en partie transférées à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui deviendra l’actuelle DGSI en 2014. À l’inverse, ses missions relatives à la vie institutionnelle, économique et sociale, et aux phénomènes de violence urbaine susceptibles d’intéresser l’ordre public sont confiées à la sous-direction de l’information générale (SDIG) de la DGPN. Ce service forme l’ossature de l’actuel service central du renseignement territorial (SCRT), créé en 2014. Simultanément, l’activité de contrôle des établissements de jeux et de courses est définitivement transférée à la police judiciaire (DCPJ).

[1] Créés par décret impérial du 25 mars 1811
[2] Créés par décret du 22 février 1855

Source : DGSI




Histoire politique des services secrets français

Cet ouvrage retrace l’épopée de la DGSE, le service de renseignement français à l’international et des services qui l’ont précédé. Cette centrale d’espionnage et de contre-espionnage est en effet l’héritière d’une longue histoire commencée dans la Résistance contre les nazis. Trajectoire prolongée par le SDECE pendant la guerre froide, la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, sous la IVe République comme sous les présidences de Gaulle, Pompidou et Giscard d’Estaing. Puis par la DGSE depuis 1982 sous Mitterrand, Chirac, Sarkozy et maintenant Hollande avec l’émergence du monde éclaté d’aujourd’hui.

Une aventure qui court sur sept décennies, de la Seconde Guerre mondiale à l’actuelle gestion par le nouveau pouvoir socialiste. Pour faire vivre cette histoire des services secrets français, de leurs échecs et de leurs réussites, pour décrire en profondeur leurs relations souvent mouvementées avec le pouvoir politique, les trois meilleurs spécialistes du sujet, Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer, ouvrent leurs fonds d’archives originales accumulées pendant près de quatre décennies.

Brossant le portrait des hommes et des femmes des services, ils narrent leurs opérations clandestines sur tous les continents et livrent des dizaines de témoignages inédits. Nourrie de révélations, de récits spectaculaires, de mises en perspective novatrices, de détails techniques, cette somme et son index de près de 6 000 noms constituent dès maintenant une référence sans équivalent.

Commentaire :
Livre de référence sans précédent écrit par trois journalistes d’investigation bien connus de l’ASSDN à partir de leurs fonds d’archives, de nombreux témoignages et de leurs connaissances du monde du Renseignement. Un livre passionnant sur cette aventure humaine que constitue la trajectoire décrite de nos Services qui court sur sept décennies. L’ASSDN y occupe une place de choix et ses membres y sont qualifiés de “ gardiens du temple ”. A lire sans aucun doute. Un des auteurs, Roger Faligot, est membre honoraire de l’ASSDN.




Commentaires de l’ouvrage du General Navarre” Le Service de renseignement 1871-1944″ par L PAPELEUX

Le professeur Léon PAPELEUX de l’Université de Liège a publié dans une revue spécialisée belge une critique de l’ouvrage d’Henri Navarre et d’un groupe d’anciens du SR : Le Service de Renseignements, 1871-1944 .Parmi les succès obtenus par le S.R. français, un certain nombre – et des plus importants – furent dus à des sources allemandes. L’une de celles-ci que Churchill appelait « la source miracle » et dont Eisenhower a dit que son rôle avait été décisif, a été la reconstitution et l’utilisation de la machine allemande à chiffrer mécaniquement qui est connue sous le nom d’Enigma. Les plus grands cryptologues du camp adverse avaient conclu à l’herméticité des documents chiffrés par cet engin.

La paternité de la reconstruction d’Enigma est encore aujourd’hui un sujet de polémiques entre les anciens Alliés. Navarre apporte, à ce propos, le son de cloche français. Le S.R. français a obtenu d’un fonctionnaire de la Chiffrierstelle les éléments nécessaires au déchiffrement : manière d’utilisation et de déchiffrement, tableau mensuel des clés changeant quotidiennement, etc. Partant de ces données, le S.R. polonais reconstitua Enigma et ses modèles successifs. Ce qui permit aux Alliés de lire presque toute la guerre à livre ouvert dans les intentions stratégiques allemandes




A L’OMBRE DE WALL STREET – Complicités et financements soviéto-nazis

Sous ce titre, notre camarade Pierre de Villemarest publie un ouvrage consacré à l’étude du financement de la révolution bolchevique et de la survie de l’U.R.S.S. jusqu’en 1990 par des banques et firmes étrangères, voire même américaines.

Pendant la deuxième guerre mondiale cette coopération financière internationale avec l’Allemagne comme avec les soviets, nous est révélée avec tous ses aspects scandaleux et sordides.

Pierre de Villemarest, ancien de notre réseau Kléber, patriote intransigeant, s’est spécialisé depuis 1950 dans l’étude des pays de l’Est et plus particulièrement sur l’U.R.S.S. elle-même. Chroniqueur très apprécié dans divers journaux et publications nationales, sa compétence fait autorité en France et dans plusieurs pays voisins.

Nos camarades liront avec intérêt ces nouvelles révélations sur un monde “faisandé” dont les responsabilités mériteraient l’attention des historiens et de la justice

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Notre espion chez Hitler : Documentaire sur France 5

Cliquez sur l’image pour voir la bande annonce (en anglais !)

Si les historiens et les cinéastes ont souvent associé la guerre du renseignement contre Hitler avec la machine Enigma et Alan Turing, il existe un autre homme de l’ombre sans lequel rien n’eut été possible. Il s’agit de Hans-Thilo Schmidt, un espion recruté par les services français de contre-espionnage, qui a opéré au Bureau du chiffre puis au sein du ministère allemand de l’Air de 1931 à 1943. Ce film raconte son histoire.

Diffusion le Dimanche 27 Mars 2016

FICHE TECHNIQUE
  • Auteur : Alain FREREJEAN d’après le livre du Colonel Paul PAILLOLE « Notre Espion chez Hitler » paru chez Nouveau Monde Éditions
  • Réalisateur : Laurent BERGERS
  • Conseillers historiques : Colonel DEBRUN / Marie GATARD
  • Musique originale : Pascal STIVE
  • Avec la voix de : Damien BOISSEAU
  • Producteurs délégués : Guillaume GALLIOT / Thibaut CHATEL
https://youtu.be/a2vNemB106Q
Extrait du film en français