SSA. Lancement du projet de construction du nouvel hôpital national d’instruction des armées (HNIA) à Marseille
Category: 2020-2030,Actualités
21 janvier 2025
Lors d’un déplacement à Marseille le 27 juin 2023, le président de la République avait annoncé la future construction d’un nouvel hôpital national d’instruction des armées (HNIA) dans la ville. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a décidé, le lundi 6 janvier 2025, le lancement des travaux préalables pour permettre sa construction sur le camp militaire de Sainte-Marthe, après avoir validé le cadrage du projet.
Deuxième plus grand chantier immobilier prévu en loi de programmation militaire (LPM), ce projet est au cœur de l’ambition stratégique renforcée du Service de santé des armées (SSA) voulue par le ministre, et de la feuille de route SSA 2030 soutenue par la LPM.
Conduit sous la maitrise d’ouvrage du Service d’infrastructure de la Défense (SID), le projet prévoit une mise en service de l’hôpital militaire à l’horizon 2031. Il s’agira d’un hôpital de nouvelle génération, d’une capacité de 350 lits et places, accueillant des pôles d’excellence et d’expertise du SSA. Au-delà de sa vocation opérationnelle au profit des armées, iI s’inscrira pleinement dans l’offre de santé marseillaise au bénéfice de la patientèle civile et militaire du territoire.
Essentiels pour les armées, les hôpitaux militaires du SSA prennent en charge les militaires blessés rapatriés des théâtres d’opérations et déploient en opérations leurs personnels formés et entrainés pour soigner au plus près des combats.
C’est dans ce cadre que le 27 juin 2023, lors d’un déplacement à l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) de Laveran à Marseille, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la construction d’un nouvel hôpital militaire à Marseille, sur le camp de Sainte-Marthe, pour remplacer l’actuel hôpital vieillissant.
Il s’agira d’un hôpital de nouvelle génération, véritable capacité militaire de défense tournée vers l’opérationnel et les besoins des armées, concourant à l’autonomie stratégique et à la liberté d’action des armées, tout en répondant aux enjeux des opérations avec nos alliés européens et de l’OTAN.
Sa capacité sera renforcée avec 350 lits et places (296 lits et 55 places) et le développement des pôles d’excellence et d’expertise du SSA, tels que la chirurgie de guerre, la prise en charge des traumatisés physiques et psychiques, la gestion du risque infectieux et NRBC et la gestion de crise. Il sera modulable en cas de crise pour lui permettre d’absorber des flux importants de blessés.
Alliant haute technicité et équipements aux standards les plus actuels et innovants, il s’inscrira pleinement dans l’offre de santé marseillaise au profit de la patientèle militaire et civile du territoire et constituera un vecteur d’attractivité pour le personnel soignant du SSA. Représentant un investissement majeur de l’État à Marseille, dans le prolongement de « Marseille en Grand », le projet est conduit en étroite collaboration avec les collectivités locales et les services de l’État.
Centre médias du ministère des Armées
Réorganisation. Livre de Georges-Henri Soutou : La grande rupture, de la chute du mur à la guerre d’Ukraine Un déménagement hors norme pour le Service historique de la Défense
Category: 2020-2030,Actualités,Evénements
21 janvier 2025
Le Service historique de la Défense (SHD) a achevé fin décembre une opération de déménagement sans précédent. Sur une période de deux ans, de 2022 à 2024, près de 70 kilomètres linéaires d’archives et de collections ont été transférés vers de nouvelles destinations. Ce transport monumental des archives de l’histoire militaire française a lieu pour une raison étonnante : il fallait faire de la place pour les espions ! En effet, le Fort Neuf de Vincennes a été affecté à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), qui en fera son siège d’ici 2031.
Pour accomplir cette opération baptisée « manœuvre Braibant », le SHD a dû relever un défi organisationnel de grande ampleur. Au total, 700 000 boîtes d’archives papier et 110 000 ouvrages ont été transportés dans des conditions strictes de préservation et de sécurité. Ces fonds ont été répartis entre plusieurs sites en Île-de-France – le château de Vincennes, la caserne Mortier à Paris et le Fort de l’Est à Saint-Denis – ainsi que dans les antennes régionales du SHD.
Ce déménagement a été l’occasion de rationaliser la répartition des fonds entre les différentes implantations du SHD. Par exemple, la quasi-totalité des archives liées à la Gendarmerie nationale a été regroupée au centre des archives de l’armement et du personnel civil de Châtellerault (Vienne). Ce site, désormais doté d’une nouvelle salle de lecture, absorbe également les collections de la division des archives intermédiaires de la gendarmerie, précédemment située à Le Blanc (Indre). Ce redéploiement vise à simplifier la consultation pour les chercheurs et le public.
Les archives ont également été acheminées vers des sites spécialisés : le centre des archives du personnel militaire à Pau, la division des archives des victimes des conflits contemporains à Caen, ainsi que plusieurs ports militaires, comme Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon. À Dijon, le bureau des archives et des réserves de l’armée de l’Air et de l’Espace a aussi été mobilisé pour accueillir une partie des collections.
Cette réorganisation rend consultables des fonds qui ne l’étaient pas, comme les archives récemment transférées à Châtellerault qui seront ouvertes au public dès le 1er février 2025. Chargé d’une mission de collecte, de conservation et d’exploitation des archives du ministère des Armées, le service est également doté d’une bibliothèque spécialisée parmi les plus riches d’Europe, avec plus d’un million de volumes. Depuis le mois de juin 2024, une nouvelle cheffe du SHD a été nommée, Nadine Marienstras remplace Nathalie Genet-Rouffiac, qui était elle-même une ancienne archiviste de la DGSE.
Livre de Georges-Henri Soutou : La grande rupture, de la chute du mur à la guerre d’Ukraine
Category: 1989-1992,1992-2000,2000-2020,2022-2025 : Guerre en Ukraine,Actualités,Europe de l'Est,Europe de l'Ouest,Guerre froide (1945-1989),Livres et publications,Union Européenne
21 janvier 2025
L’AASSDN signale la parution du livre du professeur Georges-Henri Soutou « La grande rupture : 1989-2024 » de la chute du mur à la guerre d’Ukraine aux éditions Tallandier
Présentation du livre
À partir de 1989, la chute du mur de Berlin, puis la fin de l’URSS et du communisme suscitèrent un grand optimisme en Occident. Aujourd’hui, à l’heure de la guerre en Ukraine, on en est loin. La Russie, qui paraissait prête à s’inscrire dans le nouvel ordre mondial libéral, s’en est progressivement éloignée, jusqu’à le provoquer ouvertement.
Les innombrables ouvrages publiés le plus souvent à la hâte depuis deux ans et demi sur la guerre en Ukraine négligent la nécessaire profondeur historique qu’il faut observer pour bien comprendre la genèse du conflit. Or Georges-Henri Soutou, historien spécialiste des relations internationales, est probablement le mieux placé pour expliquer cette histoire sur le temps long : les questions de nationalités en Europe orientale et dans les Balkans, la brutalité de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide, la transition démocratique manquée de la Russie après 1991, l’échec des tentatives pour mettre les relations entre l’Occident et la Russie sur un nouveau pied après 1991. La gestion calamiteuse des relations internationales depuis 1989-1990 a fait le lit de la guerre actuelle.
Dans ce désastre, les responsabilités sont partagées. La Russie a été de plus en plus agressive mais l’Occident a été souvent provocateur et toujours trop sûr de lui.
L’issue du conflit est encore incertaine mais, de toute façon, le retour de la guerre sur notre continent est une catastrophe. Le troisième suicide de l’Europe depuis 1914…
Fiche d’identité du livre
Titre : « La grande rupture : 1989-2024 » de la chute du mur à la guerre d’Ukraine Date de la publication : 24/10/2024 Auteur : Professeur Georges-Henri Soutou Editions : Tallandier Pages : 368 pages Prix : 22,90€ Dimensions : 14,50 x 21,50 x 2,80 cm EAN : 9791021056077 SKU : 5592455 ISBN : 1021056073
Découvrez l’exposé “Russie agressive, Occident provocateur : les origines de la guerre d’Ukraine” de Georges-Henri Soutou mis en ligne sur YouTube
Titre : “Russie agressive, Occident provocateur : les origines de la guerre d’Ukraine“ Date : 08 janvier 2025 Durée : 00:40:28 Intervenant : Professeur Georges-Henri Soutou Mise en ligne sur le compte YouTube de Front Populaire
Espionnage. LA CIA ET LA GUERRE EN UKRAINE : Savoir jusqu’où ne pas aller trop loin
Category: 2022-2025 : Guerre en Ukraine,Actualités,Guerre froide (1945-1989)
21 janvier 2025
Commentaire AASSDN : Le rapport joint est particulièrement intéressant pour mieux comprendre la complexité de ce conflit qui fait l’objet en France de prises de position quasi unilatérales et souvent radicales. Il est vrai que les commentateurs qui interviennent quotidiennement sur les plateaux des médias français n’ont pas tous, loin s’en faut, une expérience d’officiers de renseignement. La diffusion et la lecture de ce rapport, dont nombre d’informations proviennent pourtant de la presse anglo-saxonne, serait de nature à donner aux citoyens français une vision plus complète et davantage équilibrée sur les réalités et les perspectives de ce conflits aux conséquences désastreuses pour les nations européennes.
Depuis le début de « l’Opération militaire spéciale russe » de février 2022, les États-Unis ont fait le choix d’un engagement majeur aux côtés de l’Ukraine : formation, assistance, livraison d’armes, aide financière, mais aussi fourniture de renseignements et conduite d’opérations clandestines.
Dans une longue enquête publiée lundi 23 octobre 2023, The Washington Post a révélé l’ampleur de l’aide apportée par l’agence de renseignement américaine aux services spéciaux ukrainiens. Des opérations qui vont de l’infiltration en territoire ennemi au sabotage, en passant par les assassinats ciblés.
Le média a ainsi porté à la connaissance du public que depuis 2014, année du coup d’État de Maïdan et du début de la guerre dans le Donbass, la CIA a dépensé des dizaines de millions de dollars pour réorganiser les services ukrainiens, former de nouvelles unités d’action clandestine, fournir des systèmes de surveillance avancés et construire de nouvelles infrastructures afin d’espionner la Russie. L’Agence a également livré à son allié – mais aussi reçu de lui – une quantité impressionnante de renseignements.
Parallèlement à cet engagement massif et sans ambiguïté aux côtés de Kiev pour repousser l’invasion russe, The Washington Post, comme l’hebdomadaire Newsweek avant lui en mai 2023, insistent néanmoins sur l’autre préoccupation qui animerait la CIA : limiter les actions trop offensives de Kiev contre la Russie et faire en sorte que « la défaite de Moscou ne soit pas trop marquée » afin d’éviter que le conflit ne s’étende au-delà des frontières de l’Ukraine ou ne provoque une escalade pouvant conduire à un affrontement nucléaire. Le défi est donc de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin…
Afin de mieux mesurer l’ampleur de l’engagement de la CIA en Ukraine, il est utile d’en rappeler les origines historiques et les étapes depuis la Guerre froide, puis à l’occasion de la Révolution orange (2004), jusqu’au coup d’État de Maïdan (2014). Il convient ensuite d’analyser ces opérations à partir des sources disponibles – nécessairement partielles –, évaluation qui permettra de déterminer si l’agence essaie paradoxalement de limiter les dérapages du conflit… ou s’attache à le faire croire. Car c’est bien à une très intense guerre secrète contre la Russie à laquelle elle se livre.
Toutefois, écrire sur les activités d’un service spécial est un exercice audacieux et risqué, car les informations relatives à ses opérations sont toutes secrètes, hors quelques rares fuites dans la presse ou révélations opportunes. L’auteur est donc conscient des limites de cet exercice. Le présent rapport n’est fondé que sur des sources secondaires qui doivent par principe être considérées comme sujettes à caution, soit qu’elles attaquent la CIA, soit au contraire qu’elles aient été communiquées par elle à des journalistes pour la protéger, faire diversion ou entraîner délibérément les services adverses sur de fausses pistes.
Il convient de toujours garder à l’esprit que la CIA s’est fait une spécialité de mentir, de tromper et de dissimuler. Le cas du sabotage des gazoducs Nord Stream est à ce titre particulièrement édifiant. Il n’y a cependant rien d’anormal à cela, car c’est là l’un des aspects de sa vocation, quoi que ces mensonges aient à plusieurs reprises largement dépassé, ces dernières années le cadre de la mission de l’Agence.
Il n’en demeure pas moins que les articles publiés depuis deux ans outre-Atlantique concernant l’action de la CIA en Ukraine méritent d’être pris en considération, car ils rendent compte d’événements ayant pu – en partie le plus souvent – être vérifiés par ailleurs.
Aussi, il nous faut apprendre à naviguer dans ses arcanes obscurs où la réalité est rarement ce qu’elle parait être et nous risquer à dresser un tableau de la situation aussi cohérent et plausible que possible.
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*Éric DENÉCÉ , Docteur en Science Politique, habilité à diriger des recherches (HdR), est directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et de sa société de conseil en Risk Management (CF2R SERVICES).
Derniers ouvrages parus :
Renseignement et espionnage pendant la Seconde Guerre mondiale (dir.), Ellipses, Paris, 2024.
La guerre russo-ukrainienne. Réalités et enseignements d’un conflit de haute intensité́ (dir.), CF2R/TheBookEdition, Paris, 2024.
Ukraine : la Guerre américaine (dir.), CF2R/TheBookEdition, Paris, 2023.
Renseignement et espionnage pendant la Première Guerre mondiale (dir.), Ellipses, Paris, 2023.
Georges Agoutin : Des gaz de la Grande Guerre aux geôles nazies
Category: 1ère Guerre Mondiale (1914-1918),Actualités,Documents PDF
21 janvier 2025
Des tranchées de 14-18 au peloton d’exécution de 1943, sans jamais déroger à sa ligne, Georges Agoutin est l’image d’un indéfectible patriotisme. Peu en sont capables, quelques-uns laissent leur nom dans l’Histoire, ne laissons pas ceux qui restent dans l’ombre tomber dans l’oubli.
Engagé volontaire pour la Première Guerre mondiale à 19 ans, Georges Agoutin est incorporé au 26e régiment d’artillerie en février 1916 et depuis près de 7 mois sur le front, en pleine bataille de la Somme, quand les Allemands emploient un gaz moins connu que le gaz moutarde, le phosgène, incolore, à l’odeur de « foin moisi », sur nommé Etoile blanche lorsqu’il est mélangé à du chlore (d’après le marquage des fûts qui le contiennent). Le phosgène sera responsable de 85 % des tués par arme chimique. Le 10 octobre, Georges est gazé devant le moulin de Becquincourt. Évacué, il survivra, avec les séquelles que cela peut représenter, et sortira de cette guerre avec trois citations et la Croix de guerre.
Rien ne semblait prédisposer à un engagement militaire ce jeune Normand aux yeux gris, à la silhouette élancée (1,76 m était une belle taille à l’époque), muni de son brevet élémentaire et d’un diplôme d’agriculture, si ce n’est cet amour de son pays qui lui devra de recevoir aussi la Médaille de la Résistance la guerre suivante.
Né dans un village de l’Eure, Mesnil-sur-Estrée, le 22 septembre 1897, il n’avait pas connu sa mère, Berthe Harang, morte quelques jours après sa naissance. Son père, Joseph Agoutin, remarié, devait avoir une fille et un autre fils. En octobre 1917, maréchal des logis, il est versé dans la réserve, puis détaché, le 7 juillet 1918, au 1er Groupe d’aérostation dépendant de l’aéronautique de la X e Armée. Peu après, il se marie avec Yvonne Bicherel. Une fille, Marie-Rose, leur naîtra en janvier 1921 et, en avril 1926, un fils, Michel (qui sera, plus tard, dans la Division Leclerc).
Quand survient la mobilisation de 1939, Georges Agoutin entre comme lieutenant, dans l’aviation, d’abord à Chartres, puis à Reims au Groupe aérien d’observation (GAO) 504, enfin à Tours à la base aérienne 109. En mai 1940, il effectue une mission périlleuse sur le LeO45 n°4 (Istres-Tunis- les Baléares-Lézignan- Saint Raphael, 2 400 km en mer en 5h27). Un mois plus tard, il participe aux bombardements de Genevo Spezzia, de Livora, de Pise et du Lido de Rome. Enfin, au cours du bombardement de Palerme, il est atteint au bras par des balles de mitrailleuse et reçoit la Légion d’Honneur et la Croix de guerre (deux citations). Enfin, à sa sortie de l’hôpital militaire de Blida, il rentre en France, où il sera affecté au 2e Bureau de l’état major, à Avignon, avant d’être rendu, en 1941, à la vie civile. Il tient alors un hôtel à Paris dans le XVIIe arrondissement, l’hôtel Demours, 14 rue Pierre Demours. Des Allemands y sont logés.
Il devient chef d’un réseau des Services spéciaux
C’est alors qu’il est contacté par un agent du SR Guerre et recruté par ce service à partir du 2 avril 1941, comme agent P2. Son chef, le colonel Simoneau (chef du Poste P2 et futur directeur du Service de renseignements opérations (SRO), précisera que Georges Agoutin est alors chef d’un réseau assez important du SR Air (sous le pseudonyme de Alain Agniol, ou Agniel) et fournit d’excellents renseignements. Certains membres de son réseau sont connus, ainsi, Mme Gardes, une employée du chemin de fer de Versailles, qui sera inculpée en même temps que lui, et Mme Charlotte Poirier Marchebout qui, du 15 septembre 1940 au 15 mai 1942, exerce des activités de renseignements et de liaisons sous sa direction, dans l’Ouest parisien, l’Eure-et-Loir et la Normandie. C’est elle qui, lorsque Georges Agoutin est recherché en septembre 1941, l’héberge et facilite son passage en zone libre (cette femme discrète, uniquement connue par un prénom ne sera identifiée qu’en 1951).
Mais Georges Agoutin est finalement arrêté le 17 mai 1942. Ce soir-là, il est en famille, à son hôtel, où il habite. Un rapport concernant l’artillerie allemande qu’il a dissimulé, vient de lui être apporté par un agent de son réseau, André Gardes, qui a été son compagnon d’armes au GAO 504 à Chartres et qu’il a lui-même recruté en septembre 1940. Dix minutes plus tard arrivent des policiers en civil, armés : lors de la perquisition, la Gestapo va droit à l’endroit où se trouvent les papiers cachés. Cette précision laisse penser qu’Agoutin a été trahi par un agent de liaison. Son appartement est bouleversé.
Il est frappé et emmené avec sa compagne, Germaine, et sa petite fille, Jeanine, dans une villa de Neuilly connue comme un lieu de tortures. Enfermé dans la cave durant trois jours, attaché à un mur et sauvagement traité, c’est un détenu dans un état terrible qui est emmené à Fresnes. Germaine, subit interrogatoires et menaces de mort, avant d’être libérée après dix jours d’internement avec son enfant. Jusqu’à l’hiver, Georges Agoutin est à Fresnes, encore interrogé et menacé. Le 30 décembre, après sept mois et demi au secret, il peut revoir sa compagne : il est faible, presque sans voix, psychiquement atteint. Quelques jours plus tard, le relais des voix des prisonniers de cellule à cellule l’avertit que Germaine est détenue au 3e étage, 3e division, cellule 340, et il entend sa voix: « J’ai été arrêtée le 5 janvier. Courage, confiance! A bientôt! »
[…]
Marie GATARD Administratrice de l’AASSDN Auteur du livre Les silencieux des Services spéciaux 1940-1945
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Légende de la photo bandeau : La bataille de la Somme Source de la photo bandeau : ECPAD
Histoire. 22 octobre 1956 : Le détournement de l’avion du FLN
Category: 1955-1962,Actualités,GRANDES AFFAIRES,Mafias et terrorisme
21 janvier 2025
Commentaire AASSDN : Le détournement de l’avion transportant des chefs du Front de libération nationale (FLN) a été une magnifique opération construite sur de bons renseignements et montée dans un temps très court. Pour sa réussite, après un feu vert donné rapidement en court-circuitant nombre de décisionnaires, un certain nombre de moyens civils et militaires ont été mis en œuvre sans la moindre fuite. Elle impliquait la collaboration de l’équipage, ce qui n’avait rien d’évident. Il a joué son rôle au-delà des espérances. Malheureusement, aucun des vrais chefs du FLN n’étant à bord, cette superbe action n’a pas eu d’impact sur le déroulement des opérations.
L’arrestation spectaculaire de cinq chefs historiques du Front de libération nationale (FLN) suite à une opération de piraterie aérienne le 22 octobre 1956 constitue l’un des grands coups de maître de l’armée française pendant la guerre d’Algérie.
Les faits : l’exploitation d’une opportunité
Pour se rendre à un sommet organisé à Tunis fin octobre 1956 par le président Bourguiba et sous le patronage du roi du Maroc, cinq hauts responsables de la rébellion algérienne prennent place à Rabat dans un DC-3 de la compagnie Air Atlas – Air Maroc : Ahmed Ben Bella, l’un des leaders les plus représentatifs de l’insurrection, Mostefa Lacheraf, un ancien professeur d’histoire au lycée Louis-le-Grand, Mohamed Boudiaf, l’un des tous premiers chefs de la rébellion, Mohamed Khider, ancien député et Hocine Aït Ahmed, chef de l’organisation spéciale Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, Parti populaire algérien (MTLD-PPA) fondé par Messali Hadj. Informé par le service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), l’état-major militaire français ne veut pas rater une si belle occasion pour détourner l’avion et décapiter le haut commandement du FLN.
L’aéronef appartient à une compagnie marocaine, mais il est immatriculé en France. Dans ce contexte, les lois internationales sont formelles : c’est bien l’immatriculation qui détermine la nationalité de l’appareil. Les autorités françaises ont donc le droit de détourner vers Alger cet avion prévu pour un vol Rabat-Tunis.
Après une escale technique à Palma de Majorque aux Baléares, le commandant Gellier, officier de réserve de l’armée de l’air française et commandant de bord du DC-3, reçoit l’ordre de se poser à Maison- Blanche, l’aérodrome civil d’Alger. Pendant le trajet, le sang-froid et l’attitude impassible de la jeune hôtesse de l’air, Nicole Lambert, qui connaissait la véritable destination de l’appareil, dupent les voyageurs de ce vol très particulier censé relier Palma à Tunis. Pour que les passagers ne puissent pas se rendre compte du changement de direction de l’avion en voyant notamment par les hublots la lune passer d’un bord à l’autre, l’hôtesse tirera les rideaux pour permettre à ses voyageurs « de prendre un peu de repos. » Leurrés par cette supercherie jusqu’à l’arrivée de l’appareil sur le tarmac de l’aérodrome d’Alger, les cinq chefs du FLN seront cueillis par la Direction de la surveillance du territoire (DST) à leur descente d’avion. Ils seront transférés à la prison de la Santé à Paris puis au fort Liédot sur l’île d’Aix. Les prisonniers ne seront libérés qu’en mars 1962 après la signature des accords d’Evian.
Conséquences diplomatiques du détournement
Malgré son incontestable réussite, cette action audacieuse va susciter des turbulences politiques, nationales et internationales. En France, le secrétaire d’État à la Défense Max Lejeune a donné son accord à l’opération, mais sans avertir le président du Conseil Guy Mollet, alors en déplacement dans le Pas-de-Calais, ni le ministre résident en Algérie Robert Lacoste, également en déplacement. Les critiques sont virulentes dans la presse de gauche et enflamment les débats au Parlement. Alain Savary, secrétaire d’État aux affaires marocaines et tunisiennes et son chef de cabinet Claude Cheysson démissionnent. Pierre de Leusse, ambassadeur de France à Tunis, quitte ses fonctions. Dans le monde arabe, les diatribes pleuvent contre la France. Le FLN reçoit alors l’assurance d’une aide accrue en provenance de l’Égypte, du Maroc et de la Tunisie. Mais le séisme diplomatique sera vite étouffé par les crises internationales qui vont se succéder à partir de novembre 1956 : la campagne militaire de Suez menée contre l’Égypte par les armées française, britannique et israélienne, ainsi que l’intervention brutale de l’armée soviétique en Hongrie.
Pour leur part, les conséquences militaires seront limitées. L’arrestation des cinq chefs du FLN, qui étaient des personnalités politiques sans responsabilités opérationnelles dans la lutte armée, ne modifiera pas le cours de la guerre d’Algérie. Toutefois, pour les historiens militaires, le détournement de l’avion du FLN et la neutralisation de hauts dirigeants de la rébellion par une action non violente de ruse basée sur un travail efficace de renseignement reste un modèle du genre à la gloire de l’armée française.
Michel KLEN* Officier saint-cyrien Docteur en lettres et sciences humaines Essayiste
* Michel Klen est l’auteur de plusieurs ouvrages dont : « La tragédie de l’Algérie française », « Les ravages de la désinformation », « La guerre du bluff est éternelle », « Dans les coulisses de l’espionnage ».
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Légende photo bandeau : Ahmed Ben Bella à gauche
Stratégie. L’opinion publique taïwanaise face à la Chine : émancipation, soumission et résignation
Depuis des décennies mais de manière plus marquée ces dernières années, la relation entre Taïwan et la Chine est une question géopolitique majeure, suscitant un large débat au sein de la société taïwanaise. Face à la pression croissante de Pékin, l’opinion publique à Taïwan s’articule autour de plusieurs courants, chacun ayant une perspective différente sur la manière de gérer les relations avec la Chine continentale. Cet article explore ces tendances et s’interroge sur les scénarios envisageables pour l’avenir de l’île.
Le courant indépendantiste : pour une identité taïwanaise affirmée
Une part significative de la population taïwanaise, en particulier les jeunes générations, favorise une identité distincte et se prononce pour le maintien d’une indépendance de facto, voire pour une indépendance officielle. Selon cette tendance, Pékin est perçu comme une menace directe, et la préservation de la souveraineté de l’île est essentielle. Ces opinions sont souvent soutenues par le Parti démocrate progressiste (DPP), actuellement au pouvoir. Ce courant cherche à consolider l’identité taïwanaise par des initiatives culturelles, politiques et éducatives, tout en renforçant les alliances internationales, notamment avec les États-Unis, le Japon, et d’autres démocraties.
Le courant modéré : équilibre entre souveraineté et apaisement des tensions
Les modérés prônent une approche pragmatique, visant à conserver la paix tout en maintenant une forme d’indépendance de facto. Ces Taïwanais considèrent que les provocations directes envers Pékin sont contre-productives et risquent de déclencher des réactions militaires ou économiques dangereuses. Ils défendent une politique de statu quo, évitant les déclarations d’indépendance officielles tout en développant des liens économiques et culturels prudents avec la Chine. Ce groupe inclut des membres du Kuomintang (KMT), le principal parti d’opposition, qui mise sur une politique de dialogue et d’échanges économiques pour désamorcer les tensions.
Le courant pro-réunification : des voix minoritaires mais influentes
Bien que minoritaire, un courant existe en faveur d’un rapprochement avec la Chine, voire d’une réunification, même si celle-ci serait largement conditionnée par des garanties d’autonomie politique. Pour les partisans de cette position, la Chine représente une opportunité économique et culturelle majeure, et un rapprochement pourrait garantir la stabilité de l’île à long terme. Toutefois, ce courant est confronté à un manque de soutien populaire, en raison des politiques répressives de Pékin et de la crainte d’une perte de libertés démocratiques.
La polarisation générationnelle et les influences externes
Il est important de noter une différence générationnelle notable dans les opinions. Les jeunes Taïwanais, souvent plus sensibilisés aux valeurs démocratiques et à une identité taïwanaise distincte, sont largement en faveur du maintien du statu quo ou d’une indépendance renforcée. Les générations plus âgées, ayant connu des périodes de rapprochement avec la Chine, sont parfois plus favorables à des relations apaisées, même si le soutien à une réunification reste marginal. L’influence des États-Unis et de ses alliés sur l’opinion publique taïwanaise est également déterminante. Les accords de coopération militaire, les visites officielles et les déclarations de soutien au gouvernement taïwanais encouragent une partie de la population à envisager un renforcement des alliances, tandis que d’autres craignent une escalade des tensions avec Pékin.
Mourir pour Taïwan
Concernant la volonté des taïwanais à défendre l’île face à une invasion chinoise, celle-ci est nuancée et complexe, influencée par nombre de facteurs internes comme externes. D’un côté, les sondages montrent que la majorité des Taïwanais se disent prêts à défendre leur île. Par exemple, environ 68 % des personnes interrogées en août 2023 se disaient « très » ou « plutôt prêtes » à se battre si la Chine attaquait, bien que ce pourcentage ait fluctué au fil du temps, notamment en réaction aux tensions militaires ou aux visites de responsables américains à Taipei.
Cependant, il y a des doutes sur ce que signifie concrètement cette volonté de com battre. Les expériences de guerre des Taïwanais sont limitées, rendant les prédictions sur leur comportement en cas de conflit réel plutôt incertaines. De plus, la question de la mobilisation et de la préparation militaire reste problématique : bien que Taïwan ait environ 188 000 soldats actifs, l’efficacité de ses réserves est souvent remise en question.
L’attente d’une aide internationale, et plus particulièrement américaine, joue un rôle majeur dans l’opinion publique. Les Taïwanais semblent divisés quant à la possibilité d’une intervention directe des États-Unis. Certains pensent que les États-Unis se contenteraient de fournir des armes, tandis qu’une minorité croit en une intervention militaire conjointe. Le soutien international, notamment de la part des États-Unis, est perçu comme un élément crucial pour maintenir la volonté de résister.
En somme, bien que de nombreux Taïwanais semblent prêts à défendre leur nation, leur détermination est liée à la perception d’un soutien international, tout comme celle de l’Ukraine est influencée par l’aide occidentale en cours. Les préoccupations concernant l’équipement, l’organisation militaire et la solidité des alliances internationales ajoutent à la complexité de la situation actuelle.
Les élections présidentielles et législatives de 2024
Le scrutin présidentiel de janvier 2024 a capté la majeure partie de l’attention médiatique internationale : William Lai Ching-ten (DPP) a été élu président avec 40,05% des voix alors que l’ancienne présidente Tsai Ing-wen (DPP) l’avait été avec 57,1% des voix en 2020. Une autre élection s’était déroulée le même jour et était potentiellement tout aussi significative : l’ensemble des 113 sièges du Parlement taïwanais étaient à pourvoir pour un mandat de quatre ans. Ces élections législatives furent marquées par des pertes significatives pour le PDP (51 vs. 68 sièges en 2016) à la faveur du KMT (52 vs. 35 sièges en 2016). Une réelle lassitude politique, une volonté de changement et un mécontentement croissant ont pesé lourd dans le vote des Taïwanais. Autre élément intéressant de cette élection est l’avènement du Parti du peuple taïwanais (TPP) qui avec près de 10% des sièges lui permet de jouer un rôle de «faiseur de roi» dans le parlement. Le KMT et le TPP représentent ensemble (62 %) une vision politique plus nuancée sur la question des relations avec la Chine continentale et un affaiblissement de la ligne dure indépendantiste.
Quelles solutions pour l’avenir ?
L’opinion reste divisée, oscillant entre la défense de la souveraineté et le désir d’éviter une confrontation directe avec la Chine. La majorité semble privilégier le statu quo, estimant qu’il représente le compromis le plus viable entre indépendance et stabilité. La consolidation des liens diplomatiques et économiques avec des puissances étrangères est vue comme une garantie de protection face à Pékin. À moyen terme, les solutions pourraient se concentrer sur un renforcement des capacités de défense tout en maintenant le statu quo, combiné à des politiques de dialogue économique mesuré avec la Chine pour réduire les risques de tensions. Il existe des mécanismes de coopération régionale et internationale, ceux-ci associée à une consolidation de l’identité taïwanaise, proposent des voies réalistes pour un avenir stable. Toute tentative de modification unilatérale du statu quo, qu’elle vienne de Pékin ou de Taipei, risquerait d’accentuer la polarisation interne et d’entraîner des conséquences géopolitiques imprévisibles. Une solution durable nécessiterait de concilier la reconnaissance de l’identité taïwanaise avec une gestion pragmatique des relations sino-taïwanaises, dans un cadre de sécurité collective plus large.
Claude R. JAECK Bangkok, le 7 novembre 2024
TAÏWAN EN CHIFFRES
Taïwan est un État insulaire de 36 197 km² (1) situé à 180 km à l’est de la Chine. Sa capitale, Taïpei, est située au nord de l’ile.
Ce pays très montagneux, est peuplé de 24,5 millions d’habitants avec une densité moyenne de 650 h/km2, une des plus élevées au monde. Mais la grande majorité de la population se concentre sur la côte ouest où la densité atteint 1 500 h/km2. La zone centrale de l’ile très montagneuse et forestière est à peu près déserte.
Les Chinois constituent l’essentiel du peuplement. Il existe des minorités proto malaises sur les hauteurs. Le taux de fécondité n’assure plus la croissance de la population, vieillissante (l’espérance de vie des femmes à la naissance est une des plus élevées du monde).
Taipei, la capitale, domine le réseau urbain avec 2,5 millions d’habitants , devant Kaohsiung 1,5 million d’habitants).
Considérée par la Chine comme sa 23e province, Taiwan est administrée de fait, sous le nom de république de Chine, par son propre gouvernement, depuis 1949. Sur le plan économique, la principale entreprise est Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) qui produit plus de 90 % des puces de moins de 10 nanomètres utilisés dans le monde. Ce secteur représente 15 % du PIB taïwanais ; les exportations annuelles de semi-conducteurs sont estimées à plus de 150 milliards de dollars US. Les grandes entreprises françaises implantées à Taïwan: Airbus, Total Energies, Thales, Safran, Dassault Systèmes.
(1) soit une superficie intermédiaire entre celle de la Belgique et celle des Pays-Bas
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RH. L’industrie française de l’armement manque cruellement de bras
Category: 2020-2030,Actualités,Armement
21 janvier 2025
Selon une étude menée par la DGA auprès de 2 500 entreprises, l’industrie de l’armement manque cruellement de bras et de cerveaux : 10 000 postes sont immédiatement à pouvoir dans tout le pays. Pour produire plus et plus vite, les entreprises, dont le carnet de commandes est plein, recherchent avant tout des ouvriers et des techniciens. La difficulté à recruter des profils expérimentés pourrait être un frein pour répondre aux défis de l’économie de guerre.
Naval Group envisage de recruter plus des 1 000 personnes en 2025 dans un grand nombre de métiers: soudeurs, électriciens, électroniciens, métiers du digital, ingénieur…
Et si le nerf de la guerre, c’était… les RH ? En pleine économie de guerre, où le ministère des armées demande aux industriels de l’armement de produire plus et plus vite, ceux-ci manquent cruellement de bras. «Il y a 10 000 postes disponibles dans les industries de défense partout en France», estime le délégué général à l’armement Emmanuel Chiva. Le patron de la direction générale à l’armement (DGA) s’exprimait à l’occasion de son audition le 4 décembre devant la commission de la défense et des forces armées sur les enjeux de l’économie de guerre.
Dopées par le Rafale et les sous-marins, les exportations d’armes françaises ont atteint 18 milliards d’euros en 2024
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Les exportations d’armement de la France ont atteint 18 milliards d’euros en 2024, soit la deuxième meilleure année enregistrée par le secteur après 2022. S’il se félicite de ces résultats, le gouvernement reste lucide sur le chemin qu’il reste à accomplir pour parvenir à mettre en place une véritable économie de guerre dans l’Hexagone.
Les exportations d’armes françaises sont au beau fixe : elles ont atteint pas moins de 18 milliards d’euros en 2024. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, l’a annoncé mardi 7 janvier en précisant que 10 milliards d’euros concernaient des «plateformes phares» comme le chasseur Rafale de Dassault (La Serbie a acheté douze Rafale en 2024) ou les sous-marins d’attaque produits par Naval Group.
Dassault a quasiment doublé ses livraisons de Rafale en 2024
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Dassault Aviation a livré 21 Rafale en 2024, contre 13 en 2023. L’avionneur espère atteindre la cadence de trois appareils par mois en 2025, mais fait face à des tensions au sein de sa chaîne de fournisseurs. Si le succès de son avion de combat se confirme, ses jets d’affaires sont en revanche moins à la fête.
L’an dernier, Dassault Aviation a livré 21 Rafale, contre 13 en 2023. En ligne de mire: passer de 2 à 3 avions produits par mois dans le courant de l’année 2025.
Les livraisons de Rafale relèvent franchement le nez. Dassault Aviation a fait savoir, mardi 7 janvier, qu’il avait livré l’an dernier 21 exemplaires de son avion de combat, contre 13 en 2023. Soit un exemplaire de plus que l’objectif fixé en début d’année. Dans le détail, 14 Rafale étaient destinés à l’armée française et 7 à l’export. Avec un carnet de commandes total de 220 Rafale (dont 164 à l’export), contre 211 l’an dernier, l’industriel cherche à tirer vers le haut ses cadences de production pour réduire les délais de livraisons auprès de ses clients. Et ce malgré les fortes tensions au sein de la chaine de fournisseurs.
Objectif pour Dassault Aviation : passer de 2 à 3 exemplaires produits chaque mois dans le courant de l’année, sur un cycle annuel de 11 mois (le mois d’août n’étant pas pris en compte). Pour rappel, l’outil industriel de Dassault Aviation était calé sur la cadence d’un Rafale par mois jusqu’en 2014. Puis la première vague de contrats exports entre 2015 et 2017 – avec 24 appareils pour l’Egypte, 24 pour le Qatar et 36 pour l’Inde – avait poussé à tirer vers le haut les capacités de production.
Une montée en cadences délicate
Après un ralentissement industriel engagé en 2020 faute de nouveaux contrats, l’avionneur a remis les gaz à la faveur d’une nouvelle salve de commandes à l’export : 80 pour les Émirats Arabes Unis, 31 pour l’Égypte, 12 pour la Grèce, 42 pour l’Indonésie et 12 pour la Serbie. L’an dernier, 30 Rafale ont encore été commandés, contre 60 en 2023 (42 France et 18 à l’export). Il s’agit des 12 destinés à la Serbie ainsi que de 18 exemplaires pour l’Indonésie, ces derniers étant compris dans le contrat de 42 Rafale passé en 2022. Une moisson de contrats qui a contribué aux 18 milliards d’euros de contrats d’exportation d’armement en France l’an dernier.
Dassault Aviation devrait donc parvenir à produire cette année entre 25 et 30 appareils. L’objectif de livraisons pour cette année sera dévoilé le 5 mars prochain, à l’occasion de la présentation des résultats annuels. Pour rappel, Dassault livrant parfois par paquets, il est parvenu certaines années à livrer davantage d’appareils que ne le laissent supposer les cadences : l’avionneur à par exemple livré 25 Rafale en 2021. La montée en cadence de l’avionneur, qui bénéficie aujourd’hui de dix années de production assurée, est tout sauf triviale : il faut 36 mois pour produire un Rafale, un assemblage qui met par ailleurs en branle quelque 400 sous-traitants répartis sur tout le territoire français. Et entre les commandes pour l’armée française et ses clients à l’export, l’industriel va devoir trouver le bon équilibre.
Si le Rafale prend de la hauteur, les Falcon sont en revanche plus à la peine. L’an dernier, Dassault Aviation a livré 31 Falcon : un niveau supérieur à celui de 2023 (26 Falcon) mais inférieur à l’objectif fixé de 35 jets d’affaires. Pour mémoire, pas moins de 95 Falcon avaient été livrés en 2010. Si le marché de l’aviation d’affaires reprend aujourd’hui des couleurs, là encore, l’avionneur fait face comme les autres donneurs d’ordre à des retards de livraisons de pièces au sein d’une chaîne de fournisseurs mise à rude épreuve depuis le Covid. Malgré tout, l’industriel peut se consoler avec un bilan commercial à la hausse : 26 Falcon ont été commandés en 2024, contre 23 en 2023. Le carnet de commandes comprend aujourd’hui 79 Falcon, soit 5 de moins qu’en 2023.
Stratégie. Les conditions d’une future politique sahélienne
Category: 2020-2030,Afrique,Mafias et terrorisme
21 janvier 2025
Au Sahel où le retrait français a laissé le champ libre aux GAT (Groupes armés terroristes), la situation est désormais hors contrôle. Face aux massacres de civils, les armées locales sont totalement dépassées quand elles ne sont pas complices. Quant aux mercenaires russes, ce n’est pas en multipliant les crimes de guerre qu’ils pourront faire croire aux populations qu’ils sont animés de la « parcelle d’amour » qui était si chère à Lyautey et aux grands coloniaux français…
Il faut bien voir que la catastrophe actuelle résulte de deux principales erreurs de diagnostic faites par les décideurs parisiens :
1) Avoir cautionné la cuistrerie de ceux de leurs « experts » officiels qui qualifiaient systématiquement de jihadiste tout bandit armé ou même tout porteur d’arme.
Alors que nous étions face à un « cocktail » de revendications ethniques, sociales et politiques opportunément habillées du voile religieux, et que le trafic était devenu le poumon économique de populations subissant les effets d’une désertification accélérée par la démographie. D’où la jonction entre trafic et islamisme, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par le second.
2) Avoir ignoré les constantes ethno-historico-politiques régionales.
Un tel refus obstiné de prendre en compte les réalités ethniques s’explique à la fois par l’idéologie et par l’ignorance. Avec pour conséquence que des solutions aussi hors sol que simplistes ont été plaquées sur la complexe, mouvante et subtile alchimie humaine sahélienne.
En effet, dans ces immensités où le jihadisme surinfecte de vieilles plaies ethno-historiques, présenter comme solution un processus électoral est une farce tragique car il n’aboutit qu’à un sondage ethnique grandeur nature. Quant au discours convenu prônant la nécessité de combler le « déficit de développement » ou encore la « bonne gouvernance », il relève du charlatanisme politique…
En 2025, si, après avoir été honteusement « éjectée » du Sahel à la suite de l’accumulation des erreurs commises par Emmanuel Macron, la France décidait d’y revenir, ses dirigeants devraient alors bien réfléchir. Ils ne devraient en effet plus voir la question régionale à travers le prisme des idéologies européo-centrées, des automatismes contemporains et des «singularités » LGBT.
Tout au contraire, il s’agirait pour eux de replacer les évènements dans leur contexte historique régional à travers cette longue durée qui, seule, permet de comprendre qu’ils sont liés à un passé toujours prégnant et qui conditionne largement les choix des uns et des autres.
Dossier : L’année 2024 en Afrique, bilan et perspectives pour 2025 – L’Algérie sans boussole – Algérie, un bilan diplomatique désastreux – Le trou noir du Sahel – Ailleurs sur le continent
Dossier : Soudan, la guerre de l’est contre l’ouest – La descente aux enfers du Soudan – Les fronts du Soudan
Missiles : MBDA devient l’unique propriétaire de Roxel
Category: 2020-2030,Armement,Europe de l'Ouest,Technologies
21 janvier 2025
MBDA a finalisé l’achat de 50 % des parts détenues par Safran dans le spécialiste de la propulsion tactique Roxel.
Le groupe de défense MBDA a annoncé la conclusion du rachat à Safran de la moitié du capital du groupe franco-britannique Roxel, spécialisé dans les moteurs pour missiles. Ainsi, MBDA possédera la totalité du capital de la société, ce qui lui permettra d’accélérer la montée en cadence de ses missiles grâce à une meilleure intégration verticale.