Memorial – biographie de Paul, Charles, Joseph MOUTON Alias ANDRÉ

Né le 21 avril 1892  à  Attigneville (Vosges) de Victor, Alfred Mouton  et de  Marie, Joséphine,Alise Liauté  Epouse: Régine, Henriette, Julia Aubriot Profession: employé des Chemins de fer Décédé le 2 mars 1945  à  Dachau 

Réseaux: S.S.M.F./T.R. – Uranus du S.R. Kléber, Résistance Fer / Agent P2

 

Paul Mouton, dont le père était maréchal-ferrant, s’était engagé en 1914 et avait fait la guerre  comme brancardier. Il était ensuite entré à la S.N.C.F. et s’était d’abord retrouvé à la gare de Neufchâteau, où il avait épousé l’une des filles du chef de gare, Régine Aubriot. Sa carrière de cheminot les mena alors à Nancy, puis à Troyes, enfin à Châlons-sur-Marne, où il était, en 1939, sous chef de gare de 1re classe.

En mai-juin 1940, la gare est bombardée une dizaine de fois. Sous les bombes, Paul Mouton veille au bon acheminement des transports militaires français. Le 14 juin 1940, à la gare de Bar-sur-Seine, il aide ses collègues à faire partir un dernier train, malgré une blessure à la tête (citation à l’ordre de la S.N.C.F.).

Remis de sa blessure, il s’engage dans la Résistance le 1er mars 1941. Il a alors 47 ans et deux enfants: Jacqueline, 17 ans, et Anne-Marie, 5 ans et demi.

Une attestation de l’État-major polonais dit qu’il  fait partie comme volontaire du réseau F2. Membre des  groupes de Résistance Fer de Châlons-sur-Marne, il participe activement  à la désorganisation des transports allemands, distribuant les explosifs nécessaires à la destructions des infrastructures, ce qui ne l’empêche pas de recueillir et de transmettre de précieux renseignements sur les mouvements ennemis. D’après Henri Navarre, Paul Mouton dirige , fin 1943, l’un des quatre sous-réseaux qui travaillent dans le nord de la France sous la direction du poste  P4 du S.R. Kléber.

Le 2 août 1944, à midi,  la Gestapo l’attend chez lui, où il est arrêté sous les yeux de sa femme. Il avale alors les documents qu’il a à transmettre. Il est immédiatement terriblement torturé, mais se tait, ce qui permettra à son réseau de continuer à fonctionner.

Interné à Châlons-sur-Marne, il est déporté. Du véhicule qui le transporte de la prison vers la gare, il peut jeter un morceau de papier qui sera rapporté à sa femme et sur lequel il a écrit:

“Châlons le 18 août.

Chères toutes, je pars demain matin à 6 h pour Paris nous dit-on, ou Compiègne.

Je ne vois plus clair pour écrire dans ma cellule. Mes pensées y vont toutes vers<




Memorial – biographie de Francis MORAND

Né le 25 mars 1915 à Lodève (Héraut) De Maxime Morand et Yvonne Andrieu Marié le 22 décembre 1943, épouse : Angèle Gratia Profession : officier d’active

Réseau Action R.6, FFI d’Auvergne, FFC Agent P2 Disparu à Melk (Autriche) en avril-mai 1945

 Sorti  en 1937 de l’Ecole spéciale militaire de Saint Cyr (promotion maréchal Lyautey), Francis Morand   choisit l’Ecole d’application de cavalerie à Saumur , qu’il termine en juillet 1938. Affecté au 2e régiment de chasseurs d’Afrique à Mascara, il fait la Campagne de France au sein du G.R.C.A.  et sera cité à l’ordre du régiment par décret du 21 juin 1940 : « Jeune officier de renseignement toujours prêt à assurer les liaisons quelque soit le danger. Le 6 juin 1940, chargé d’aller chercher un renseignement sur la ligne de feu, n’a pas hésité à regrouper autour de lui des hommes désemparés pour suivre des chars non accompagnés et pénétrer dans un bois occupé par l’ennemi. » Puis il est à nouveau cité à l’ordre du régiment : « A fait courageusement tout son devoir pendant les opérations de la 7e Armée du – au 24 juin 1940. »
En août 1940, il sera brièvement affecté au 3e régiment de Dragons, mais demandera sa mutation dans la gendarmerie. Il suit alors les cours de l’Ecole d’application de la gendarmerie, à Pau,  et sera affecté successivement à la 2e légion de la Garde ( 16.02.1941) et à la 4e Légion, avant de rejoindre l’EM de la Direction générale de la Garde .
Il sert sous les ordres directs du comandant Robelin*, pour lequel il effectue de nombreuses missions ;  Robelin maintient le contact avec les diverses organisations de la Résistance,  en particulier avec les réseaux CE du colonel Lafont (Verneuil). On peut donc imaginer que Francis Morand,  ancien officier de renseignement de 1940, travaille sous couverture de ses missions techniques au profit de la Garde, pour fournir à son chef les renseignements pouvant intéresser ces réseaux.

Quand il se marie, en décembre 1943 , c’est Robelin lui-même qui signe l’enquête préalable de moralité concernant la future Mme Morand. En janvier 1944, il est à Paris et répète à son épouse qu’il travaille à la poste, au central. C’est en février 1944 qu’il rejoint la Garde à Vichy  et devient l’adjoint de Robelin.

Le jeune couple est très proche de ce dernier (un jour, se souvient Mme Morand, à l’occasion d’un repas, Robelin lui a donné une de ses photos).

Il fut affecté à la sous direction technique générale de la Garde, comme capitaine de Gendarmerie . Dans son dossier d’homologation de grade, on lit : « Agent de liaison auprès du chef d’escadron Courson de Villeneuve, dit Pyramide dans la Résistance , celui-ci avait reçu du  gouverneme




Memorial – biographie de Alfred (ou André) MILLET Alias ERLINI

Né le 2 décembre 1913  à  Rouille (Vienne) de Armand Millet  et de  Eugénie Oblé Epouse:  Simone Le Moal Profession: ingénieur agronome Décédé le 24 juillet 1944 à La Harmoye (Côtes du Nord)Agent P2 

Réseaux:  Alibi (relevant de l’I.S.) ,Gallia-Kasanga  S.R. MLN, D.G.E.R.

 

Ingénieur agronome (il avait fait l’École de Grignon), Alfred Millet était professeur d’agriculture. Il avait fait la guerre de 39-40 en Belgique et dans la Meuse (cité à l’ordre de la division); habitait Saint Brieuc et était père de deux enfants.

Arrêté pour ses activités de résistance le 27 juillet 1944 à Saint Brieuc, il est fusillé le jour même à La Harmoye (Côtes du Nord). D’après l’acte de décès, son corps est retrouvé le 14 août 1944, à dix heures, au lieu dit Kergus.

Capitaine à titre posthume, Alfred Millet sera cité à l’ordre de l’Armée et à l’ordre de la division; il sera fait chevalier de la Légion d’Honneur, et recevra la Croix de Guerre 1939-45 avec palme et la Médaille de la Résistance.

 

Références Archives du Bureau”Résistance”; : “L’ORA” du colonel A. de Dainville (Ed. Lavauzelle, 1974)

 




Memorial – biographie de Fernand DROUIN Alias Fernand LATOUR, LE GRENADIN (ou LE GRENADIER)

Né le 2 novembre 1909  à Rennes (Ille et Vilaine) de Albert Drouin  et de Charlotte Levillain Epouse: Eliane Vauche Profession: agent d’assurances Décédé le 5 septembre 1942  à  Paris

 Réseau:  S.R. Air  ( Villon)

Agent d’assurances, Fernand Drouin a fait la guerre 1939-40 comme 2ème classe dans le Service de santé, puis a été versé dans l’infanterie.

Il devient l’un des premiers agents clandestins du S.R. Air de Limoges. Le Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°169, rapporte aussi qu’il indique à un agent venu de Belgique, Georges Bourguignon, une filière d’évacuation par voie maritime vers l’Angleterre, au départ de La Rochelle, et que c’est par son intermédiaire que ce dernier est présenté au capitaine Boué, un des officiers traitants du poste.

Arrêté début août 1942 à la gare de Laval, il est interné à Angers et à la prison de la Santé à Paris. Condamné à mort par la Cour martiale de Paris le 29 août 1942, “pour espionnage et détention d’armes”, il est fusillé à Paris et inhumé à Ivry-sur-Seine.

Déclaré “Mort pour la France”, Fernand Drouin sera fait chevalier de la Légion d’Honneur et recevra la Croix de Guerre avec palme.

 

Références: Archives du Bureau “Résistance”;  le Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°24, p.47, n°169, p.27

 

 




Memorial – biographie de Marcel DOUPHY Alias CHAUMETTE

Né le 26 décembre 1890  à  Paris VIIe de Armand Douphy  et de Louise Chaumette Epouse:  Paule Prin Profession: architecte Décédé le 15 mars 1944  près de Lille 

Réseaux: S.S.M.F./T.R., Saturne du S.R. Kléber – Source K / Agent P2

Devenu architecte après avoir fait l’École des Arts et Manufactures, Marcel Douphy, qui parlait  l’anglais et l’allemand, était officier téléphoniste lorsqu’il fut mobilisé le 2 août 1914. Il se retrouva en Alsace, en Lorraine, dans la Marne, en Artois, à Lorette, à Verdun, en Champagne, dans la Somme, au Chemin des Dames, puis à la Malmaison, dans le Soissonnais et en occupation en Belgique. Ses campagnes lui valurent la Croix de Guerre, accompagnée de six citations. Il fut enfin libéré le 13 août 1919.

L’année suivante naquit son premier enfant, André. Il eut plus tard deux filles, Geneviève en 1928 et Hélène en 1937.

En août 1936, il reçut la Croix des Services volontaires de 1re classe.
Il avait 48 ans quand, de nouveau il combattit (à partir du 2 septembre 1939), et fut promu lieutenant colonel d’artillerie. Son attitude alors lui valut une Croix de Guerre et les deux citations suivantes:

 “Excellent officier supérieur. Nommé au commandement du Ier groupe le 1er avril 1940, l’a très brillamment conduit au feu, faisant preuve d’une activité inlassable, de calme, de compétence, de courage.

“Engagé parfois sans soutien d’autres armes, à proximité de l’ennemi, a toujours réussi à décrocher en temps opportun, ayant rempli toutes ses missions.

Termine la campagne avec onze canons sur douze et une très belle unité de 105-Mle 36 au moral intact, unité ayant noblement fait tout son devoir et citée à l’ordre du corps d’armée.”

Le général Huntziger signe la citation à l’ordre de l’Armée:

“Chef d’escadron animé du plus ardent patriotisme. Commandant du groupe de 105, Mle 36, auquel il a su communiquer sa flamme. S’est distingué au cours des attaques du 5 au 6 juin 1940, répondant instantanément à tous les tirs demandés pour renforcer l’appui direct des divisions

“Du 8 au 25 janvier 1940 a continué à harceler l’ennemi avec opiniâtreté.

“A su à deux reprises dégager son groupe sur le point d’être encerclé.”

En septembre 1941, il s’engage dans les services de renseignements et de contre- espionnage. Son chef de réseau dira de lui: “Excellent agent de renseignements qui a obtenu de très beaux résultats. A mis sur pied plusieurs sous-réseaux et a pris finalement le commandemant de l’un d’eux. Patriote ardent, galvanisant tout le monde, a su tirer de chacun le maximum”.

En 1943 en effet il devient chef du secteur de Béthune , soit 1 200 hommes, (mouvement O.C.M.) et participe au plan Tortue.

Arrêté l




Memorial – biographie de Pierre, Stanislas DOUCET

Né le 6 octobre 1912  à  Sees (Orne) de Raoul Doucet  et  de Albertine Roullé Divorcé Profession: entrepreneur des Travaux Publics Décédé le 28 mai 1943  à  Suresnes (Hauts de Seine) 

Réseau: Villon du S.R.Air (Villon) Agent P2

 

Pierre Doucet était le fils d’un entrepreneur de Caen. Devenu lui-même entrepreneur des Travaux Publics, “il fut conducteur de travaux et dessinateur dans l’entreprise Adam et Doucet, 34 rue Desmoueux”, dit sa mère.

Après une préparation militaire à Caen, il a été appelé en septembre 1939 et a fait la guerre au 182e régiment d’artillerie, puis à la 655e batterie antichars, avec le grade de brigadier. Démobilisé en août 1940, “n’ayant jamais pu accepter l’occupation allemande”, dit sa mère, il s’entend avec son beau-frère, Louis Esparre*. Ce dernier est le chef du secteur Normandie monté par le lieutenant Michel Rupied au début de 1941 et qui dépend du poste de Limoges du S.R. Air. Il a pour adjoint un officier de réserve de l’armée de l’Air, Robert Jeanne*, et près de lui, deux ingénieurs, Maury et Rouaud.

Certaines précisions sont contenues dans le résultat de l’enquête réalisée par les Allemands en vue du procès collectif qui aboutira notamment à la condamnation de Pierre Doucet. Aucun des accusés ne nie les charges retenues, néanmoins il convient de considérer ces données avec un maximum de circonspection, les affirmations proférées lors des interrogatoires ayant eu pour objectif de diminuer l’action menée ou de protéger les autres accusés.

Il en ressort que , lorsque, en février 1941, Delage réclame avec insistance à Esparre de lui fournir des croquis et des photos d’avions en bois (matériel de camouflage) qui sont construits à l’époque à Caen pour l’armée allemande, Esparre s’adresse à son beau-frère, Doucet, pour obtenir les adresses des entreprises qui effectuent ce travail. Celui-ci fournit le nom de Brunet qu’il soupçonne de détenir des reproductions des plans.

Pierre Doucet devient ainsi, avec Brunet, un des deux principaux agents à Caen, dit le général Bézy.

 “Brunet dirigeait, dit-il, un petit atelier de reproduction de plans pour ingénieurs, architectes et entrepreneurs. Réquisitionné par les Allemands, il lui fut demandé, de début 1941 au jour de son arrestation, plus de 4 000 reproductions. Malgré la surveillance dont il était l’objet, il s’organisa pour faire un tirage supplémentaire de tous les documents importants qu’il remettait parfois à des porteurs mais dont il assura surtout le transport jusqu’à Paris, d’où ils étaient acheminés sur Limoges.. Beaucoup portaient sur les travaux de la côte normande, les plans de fortifications en cours de réalisation, le port de Trouville, l’usine de Dives, etc. (Tous




Memorial – biographie de François, Louis, Gustave, Basile DORE

Né le 14 juin 1919  à  Ancey la Plaine (Manche) de François Doré  et de  Marie Wasselin Célibataire Profession: agent du Génie rural Décédé le 13 aôut 1946 à Pontorson (Manche) des suites de la déportation 

Réseau: Marco du S.R. Kléber/ Agent P2

François Doré était agent technique du Génie rural. Titulaire du brevet élémentaire, il avait devancé l’appel en 1937. Incorporé dans l’infanterie, il fit, en 1939-1940, la campagne de Belgique et la campagne de France.

En juillet 1942, il entre dans le réseau Marco du S.R. Kléber, d’abord comme agent P1 régional, puis P2 à partir du 1er novembre 1943. D’après une attestation du commandant Lochard, son rôle consiste à fournir des faux papiers et des renseignements militaires.

Il est arrêté, sur dénonciation, le 20 avril 1944, au bureau du Génie rural de Saint Lô, pour le motif officiel suivant: falsification d’identité et fait de n’avoir pas répondu à un ordre de réquisition.

Il est interné successivement à Saint Lô, à Avranches, de nouveau à Saint Lô et à Fresnes. Déporté à Karlsruhe, à Freungesheim et à Wolfenbuttel, il est rapatrié le 11 avril (ou le 6 mai) 1945, mais la dureté des mauvais traitements subis ne lui permettent pas de restaurer son état de santé et il meurt le 13 août 1946 au lieu dit “La Chaussée” à Pontorson.

François Doré a été déclaré “Mort pour la France”.

 

Références: archives du Bureau “Résistance”.




Memorial – biographie de Eugénie DJENDI Alias JENNY, JIMMY, Jacqueline DUBREUIL

Née en 1918  à Bône (Algérie) de Salah ben Chefrai Djendi Fallah  et de  Antoinette Silvani Célibataire Décédée le 18 janvier 1945  à  Ravensbrück

Réseaux:  I.T.G., F.F.C., F.F.L., B.C.R.A.,  S.S.M.F./T.R.Agent P2

Eugénie Djendi s’engage à vingt-quatre ans dans les Transmissions après le débarquement des Anglo-Américains du 8 novembre 1942 au Maroc et en Algérie où elle habite, chez ses parents, à Bône dont elle est originaire. Elle fait alors partie de celles qu’on surnomme les Merlinettes, du nom du chef des Transmissions, le général Merlin. Un centre d’entraînement est installé à Staouëli, près d’Alger.

Paul Paillole, commandant le 2e Bureau d’Alger, dit Mireille Hui (qui fut des Merlinettes), contacte le général Merlin pour recruter des spécialistes radio.

Avec Marie-Louise Cloarec, Suzanne Mertzizen et Pierrette Louin, Eugénie Djendi est volontaire. Recevant les jeunes femmes, Paul Paillole ne leur cache pas l’extrême danger des missions à effectuer, mais elles persistent dans leur engagement.

En janvier 1944, elles sont dirigées vers le Bureau Central de Renseignement et d’Action  d’Alger (B.C.R.A.A.) puis à Londres (B.C.R.A.L.) pour suivre des stages d’instruction d’opératrices radio. Mireille Hui dit que ce stage dure deux mois. Il a lieu en Grande-Bretagne, à Saint Albans et à Ringway, près de Manchester. Le programme: renseignement, topographie, identification des effectifs et matériels ennemis, repérage des objectifs à bombarder, sport de combat, séances de tir, maniement des explosifs, conduite et mécanique auto et moto, parachutisme, transmissions (émettre de France plus de trente minutes sans changer de longueur d’onde ou de lieu est suicidaire).

Eugénie Djendi est incorporée à la mission Berlin, qui doit opérer dans la région parisienne. Elle est parachutée (avec la mission Libellule) dans la région de Sully-sur-Loire le 7 avril 1944. Elle établit alors la liaison avec Alger et Londres.

Arrêtée le 9 avril porteuse de tout son matériel radio, elle est interrogée avenue Foch et enfermée 1bis place des États-Unis.

Georges Pinchenier (alias Lt Lafitte), parachuté et arrêté avec ses deux radios, Jenny Djendi et Marcel Leblond, écrira en octobre 1945 au père de Pierrette Loin: “Transféré avenue Foch à Paris, où je suis resté jusqu’au 27 avril, jour de l’arrestation de Pierrette et de Marie-Louise (Cloarec*), j’ai été ce jour-là interné place des Etats-Unis avec mon radio, mais sans nouvelles de Jenny.

Peu de jours après, car les choses se savent vite en prison, j’acquis la certitude que Marie-Louise et son amie Suzy Mertzisen se trouvaient au dessus de moi, mais je ne pus leur faire connaître ma présence faute d’arriver à entrer directement en communication.

Enfin, le 15 mai, mes deux voisines de cellule disparurent et furent remplacées par Pierrette et Jenny. Pierrette était ce jour-là d’un moral remarquabl




Memorial – biographie de Louis PROTON Alias LE LAGOUAROUX

Né le 25 janvier 1908  à  Tassin-la-Demi-Lune (69) de Claude, Antoine Proton  et de  Blanche, Henriette, Marie Berliet Epouse:  Denise, Marie, Jeanne Lambert Profession: officier d’active puis ingénieur Décédé le 23 novembre 1944  à Kehl

 Réseaux:  S.S.M.F./T.R., Alliance Agent P2

 

Louis Proton, dont le père était doreur, avait obtenu le Certificat d’études supérieures de physique industrielle de la Faculté des Sciences de Lyon et parlait couramment l’anglais et l’espagnol.

Incorporé dans l’armée en novembre 1928, il fit l’École militaire d’artillerie de Poitiers en 1929.  Libéré en mars 1930, sous-lieutenant de réserve, il accomplira par la suite deux périodes militaires (en 1931 et 1934), promu lieutenant entre temps. En 1938, il fit un stage à l’École d’application d’artillerie de Fontainebleau et fut admis en 1939 dans l’armée active. Il reçut cette année là des félicitations du général Doumenc, commandant supérieur des Forces terrestres et aériennes, “pour l’appareil qu’il a réalisé permettant à des unités d’artillerie non spécialisées d’effectuer des déterminations précises et rapides de routes d’avions par l’utilisation des données d’un appareil de conduite de tir voisin”.

En août 1940, il fut affecté au régiment d’artillerie de la 16e Région, à Castres, et au Service du matériel en décembre 1940.

Mis en congé d’armistice en mars 1942, avec le grade de capitaine, il est ingénieur à la Centrale Lyonnaise, quand il entre, en juillet, dans la Résistance. Il est au B.M.A. 17 de Toulouse et, à partir de septembre 1942, dirige le T.R. 117 de Toulouse, jusqu’en février 1943.

Dans le Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°106, Paul Paillole écrit: “Il était droit, dévoué et travailleur. Ses idées étaient nettes et saines. Un regard très bon derrière de grosses lunettes.

Un matin de fin novembre 1942, il m’avait donné la mesure de son sang-froid. Tandis que nous bavardions près de la fenêtre de son bureau et que le pauvre Michel Reynard s’affairait autour d’un poste radio émetteur récepteur compliqué, une Citroën noire de la Gestapo s’était installée avec des appareils radiognoniométriques devant notre porte. Calme, Proton faisait partir Reynard et sa femme, mettait dans sa poche les documents et les objets les plus compromettants, et filait…à l’anglaise.

A quelques jours de là je le revis toujours maître de lui, appliqué et sérieux. J’orientai sa mission principale vers l’Espagne et les liaisons avec l’A.F.N. Il prenait les contacts qu’il fallait avec tact et prudence, s’assurait facilement les concours nécessaires, car il donnait l’exemple du courage et du désintéressement. Malgré la présence de l’ennemi aux Pyrénées, il organisait ses filières, aidait les passages




Memorial – biographie de André, Paul POURCHET

Né le 8 juin 1897  à  Lille (Nord) de Charles Amédée Pourchet  et de  Louise Ernestine Gentilhomme Epouse: Marie Thérèse Rekn Profession: pharmacien Décédé le 21 décembre 1944  à  Hambourg Altona

 Réseaux: S.S.M.F./T.R., Mithridate, F.F.I., F.F.C. Agent PI et P2

 

Paul Pourchet était un ancien combattant:  affecté dans l’artillerie le 8 janvier 1916,  il avait terminé la guerre comme maréchal des logis, cité à l’ordre du régiment en ces termes: “Très brave et dévoué, s’est distingué aux attaques de Champagne le 16 avril 1917, de Verdun, de Lorraine, de la Somme en juin 1918, de l’Aisne en juillet 1918 et dans les Flandres.”

C’est avec le grade de sous-lieutenant qu’il fut mobilisé en 1939, en tant que pharmacien auxiliaire, puis démobilisé en novembre 1939, comme père de quatre enfants .

Rentré en zone interdite en juin 1941, il est pharmacien à Nancy où ses affaires sont florissantes et, à partir de cette date,  participe à l’organisation de la résistance dans la région, pour divers réseaux. Il est en relation avec M. Chailley-Bert, le Dr Weber et le capitaine Richard (pharmacien) pour la mise sur pied du service médical de la Résistance de la Région C. Il est également chargé de stocker des médicaments.

Entré dans le Service de contre-espionnage le 27 novembre 1942, il participe à la constitution du service de Sécurité militaire clandestin dans la région de Nancy, tout d’abord avec le commandant Pauly* , puis avec le commandant Debrosse. Son officine, 10 rue Raugraff, à Nancy, sert de lieu de rendez-vous et de boîte aux lettres. Il collecte lui-même les renseignements de sécurité militaire et, durant quelques semaines, héberge chez lui le commandant Pauly, arrivé d’Afrique du Nord en sous-marin. Enfin, il participe à l’évasion de prisonniers et les met à l’abri, dans le cadre de l’organisation de la Maison du prisonnier.

Le commandant Flouquet (réseau Mithridate, DS.DOC) témoignera de ces activité en ces termes: “Fin 1943, j’ai été chargé par T.R. clandestin d’installer un poste dans la région de l’Est. A mon arrivée j’ai pris contact avec le commandant Pauly, chef du S.M. clandestin régional, qui avait une chambre chez M. Pourchet. Avant mon arrivée, M. Pourchet avait accepté que sa maison serve de boîte aux lettres et de lieu de rendez-vous pour tous les camarades de la Résistance. Assistaient à ces réunions: Pauly, Flouquet (T.R.), Lutz (alias Perra; chef du B.C.R.A., réseau Mithridate), M. Chailley-Bert (en 1945 commissaire de la République à Nancy).”

Lorsque le commandant Pauly, recherché par la police allemande, doit quitter Nancy et reçoit le commandement du poste S.M. clandestin de Lille, le commandant Debrosse est désigné pour lui succéder. Pauly lui recommande alors de s’adresser à M. Pourchet pour régler les questions omises au cours de leur entretien, ce dernier étant au courant de son activité et connaissant ses correspondants. Pauly spécifie que Paul Pourchet est son adjoint désigné et qu’il envisage sa promotion au grade de capitaine à titre temporaire, dans les conditions prévues dans la clandestinité.

Le  lieutenant colonel Verneuil, chef du réseau clandestin de contre-espionnage en  France occupée certifiera en décembre 1945, que M. Pourchet, agent P2, chargé de mission de 1ère classe, avait une fonction assimilée au grade de capitaine.

Malgré les dangers qu’il court, Paul Pourchet ne fuit pas et continue à déployer une vive activité.

Après une surveillance de deux mois environ de la part des services allemands, la Gestapo l’arrête le 8 juin 1944. Il est mis en cellule à la prison Charles III de Nancy. Le 18 juillet 1944, il est transféré à Compiègne et déporté à Neuengamme la première quinzaine d’août, dans un train qui transporte des résistants du réseau Mithridate et des otages. Maître Fournier, notaire et maire de Badonviller, son compagnon de cellule à Nancy, rescapé de Buchenwald, dira que Pourchet lui a confié avoir été arrêté pour avoir hébergé la commandant Pauly.

En fait, début 1944, un informateur du commandant, arrêté par la Gestapo, a reconnu avoir eu rendez-vous avec des officiers venant d’Alger (Pierson, pseudonyme de Pauly), chez M. Pourchet. Il est aussi écrit que des révélations auraient été faites par des camarades de la Maison des prisonniers.

Paul Pourchet est affecté à un kommando de Neuengamme qui emploie quelque 2 000 détenus à des travaux de déblaiement et de construction navale. Il meurt le 21 décembre 1944.

Déclaré “Mort pour la France”, il revevra la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance.

 

*Citation: “Patriote convaincu qui n’a cessé pendant l’occupation allemande de participer par tous les moyens à la lutte contre l’envahisseur. A apporté son concours à de nombreuses organisations. Quoique se sentant menacé d’arrestation, n’a pas voulu fuir pour continuer son oeuvre.

Arrêté le 8 juin 1944, déporté en juillet, n’a fait aucun aveu, sauvant ainsi de nombreux camarades de résistance. Est mort martyr après avoir soutenu admirablement le moral de ses compagnons de déportation.”

 

Références: Archives du Bureau “Résistance; Société d’entraide des membres de la Légion d’Honneur (section Nord)