Extrait du Bulletin : Pierre Griffi héros de la résistance Corse.

Par Toussaint Griffi

Allocution à Corte, le 11 Septembre 1993 Mon nom est Toussaint Griffi Je vous parle à double titre d’abord en ma qualité d’ancien adjoint du Commandant Roger de Saule, Chef de la mission Pearl-Harbour », et de mes camarades, notamment : – Laurent Preziosi, Président de l’Union Fraternelle de la Résistance. – Georges Lasserre ancien officier du sous-marin « Casabianca ». – Joseph-Louis de Montera, Avocat et ancien Bâtonnier, compagnon de lutte de la première heure, venu spécialement de Bastia pour participer à cette journée du souvenir. Ensuite en tant que membre de la famille et compagnon de lutte de Pierre Griffi. Mais avant tout je tiens à exprimer notre reconnaissance à la municipalité de Corte et à son Maire Jean-Charles Colonna pour l’excellente initiative qu’ils ont prise d’honorer la mémoire de Pierre Griffi en donnant son nom à un square de la ville. Je salue la présence du Colonel Paul Paillole, Président National des Anciens des Services Spéciaux ainsi que celle de Monique Blanc, fille du Général d’Armée Giraud principal artisan de la libération de la Corse en septembre 1943.  

Certains esprits mesquins ou mal informés ont trop souvent tendance à l’oublier. Pierre Griffi, premier radio clandestin débarqué en Corse dans la nuit du 14 au 15 décembre 1942, était né à Alger au mois de mai 1914, de père Corse et de mère Savoyarde.

Pierre avait vingt-neuf ans lorsqu’il vint en Corse pour la première fois. Il n’en repartit plus. Fusillé par les Italiens à Bastia, le 18 août 1943, son corps repose dans le carré miliaire du cimetière de la ville.

Radio dans la clandestinité à Alger, en liaison avec les postes du quartier Général de Tanger, Gibraltar et Londres, il prit une part active à l’insurrection d’Alger dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, facilitant le débarquement des troupes alliées.

Comme tant d’autres enfants de chez nous, Pierre n’a pas fait mentir notre race et notre histoire. Ce descendant de Sanpiero portait dans ses veines le sang chaud de nos ancêtres montagnards, aussi fier de ses origines insulaires que de celles non moins farouches de l’antique Savoya.

Les qualités dominantes de Pierre Griffi étaient la bravoure digne des preux chevaliers, un courage à toute épreuve, joint à une honnêteté scrupuleuse. Il avait une haine farouche de l’occupant fasciste, un mépris provoquant pour son armée sans panache qui avait annexé, en mercenaire des nazis, ses deux petites patries : la Corse et la Savoie.

Mieux que quiconque, Pierre Griffi, a ressenti l’éventualité du déshonneur et de la honte si le drapeau tricolore ne flottait plus sur ces deux plus belles régions de France, les deux berceaux de sa famille. A son idéal, il sacrifia sa vie. Professionnel averti, il se conduisit également en soldat, acceptant tous les risques, ne poursuivant qu’un but : l’accomplissement de la mission qu’il avait voulue.

Nous qui avons eu l’honneur de vivre avec lui cette épopée de plusieurs mois, allant de la montagne à la plaine, de vallées en calanques, de grottes en bergeries, savons avec quelle ténacité, quel admirable sang-froid et quelle maîtrise étonnante il réussit, aux prix de risques et d’efforts quotidiens, la liaison radio-télégraphique entre la Corse et le Haut Commandement Allié en Afrique du nord. (plus de 100 messages passés par lui.).

Repéré, traqué, puis arrêté en mai 1943 par les services de l’O.V.R.A., cette gestapo, il fut soumis à d’odieuses tortures. Il tomba sous les balles italiennes pour la libération de la Corse en août 1943.

Extrayons ce passage du texte de la citation à l’ordre de l’Armée qui lui fut décernée à…




Extrait du Bulletin : Organisation du Service à la veille de la guerre de 39

Au cours du Congrès 1973 à Paris, les Anciens des Services Spéciaux membres de l’Amicale effectuent un ultime pèlerinage  au 2 bis. Avenue de Tourville, pour les locaux du P.C. du Service de Renseignement et de Contre-Espionnage de 1932 à 1940, avant que les bâtiments du 2 bis ne disparaissent.

Bref rappel historique à propos du Service de Renseignement et de Contre-Espionnage Français.
C’est en 1932 que ce Service a quitté son ancien P.C. au 175, rue de l’Université pour s’installer au 2 bis de l’Avenue de Tourville

L’ organisation du Service a la veille de la guerre de 1939 :

Au rez-de-chaussée :
Le Chef de Service : Colonel RIVET et son Adjoint : Lieutenant-Colonel MALRAISON.
Administration : Colonel BERGEAT, puis Commandant MARANDEY.

Sections Géographiques du S.R. :
Section Allemagne : Commandant PERRUCHE, puis Commandant NAVARRE, Capitaines GASSER, BURLEREAU, MERCIER.
Section U.R.S.S. : Commandant JOSSE, M. DELIMARSKI.
Section Midi : Commandant CURET, Capitaine LE TROTTER.
Section « NEMO »: Capitaine CAZIN D’HONONCTUN, Lieutenant LOCHARD.
Section M.G./Avia :
Branche M.G. : Commandant BROCHU, Lieutenant POITOU.
Branche Avia : Commandant FERRAND, puis Lieutenant-Colonel RONIN.

Au ler Etage :
Le Contre-Espionnage (S.C.R.) :
Chef : Commandant SCHLESSER. et son Adjoint : Capitaine PAILLOLE.
Section Allemande : Capitaine BONNEFOUS, Lieutenants ABTEY et DARBOU.
Section Italienne : Capitaines OLLE LAPRUNE, et BRUN.
Section « Sécurité » : Capitaine DEVAUX
Points Sensibles : Capitaine POMMIES.
Encres sympathiques : DEVAUX (Daniel). Capitaine ARNAUD.

Section « Menées Révolutionnaires »
Commandant SERRE, Capitaine JACQUOT.
(Cette Section sera détachée au Cabinet du Ministre de la Guerre )

Le Chiffre :
Commandant BERTRAND.

Courriers extérieurs :
Le P.C. du 2 bis actionnait 7 Postes sur le territoire national et de nombreux Postes à l’étranger (Attachés militaires adjoints). Les Postes sur le territoire national étaient :

Le Poste de LILLE ou Bureau d’Etudes du Nord-Est (BENE). Chef : Commandant DARBOU. Adjoint : Capitaine BERNIER. Officier C.E. : Capitaine BERTRAND.
En 1939, ce Poste allait être renforcé par plusieurs Officiers dont le Lieutenant-Colonel Robert DUMAS, auteur de la série des « Capitaine BENOIT » et le Lieutenant RIGAUD.

Le Poste de METZ ou Bureau d’Etudes Régionales Militaires (B.R.E.M.). Chef : Colonel MANGES, puis Colonel KUNMUNCH. Adjoint : Commandant du CREST de VILLENEUVE.
S.R. : Capitaine LAFON. C.E. : Lieutenant DOUDOT, M. KLEIN.

Le Poste de BELFORT ou Service des Communications Militaires ( S.C.M. ).
Chef : Commandant LOMBARD. Adjoint : Capitaine SEROT.
C.E. : Capitaine HUGON, M. JOURDEUIL.

MARSEILLE
Chef : Commandant BARBARO.
C.E. : Capitaine GUIRAUD- (Georges HENRY).
Antenne de Nice : Capitaine GALLIZIA.

TOULOUSE (créé en 1937).
Chef : Commandant LULLE DES JARDINS.
C.E. : Capitaine d’HOFFELIZE (DOBRE).

ALGER
Chef : Commandant DELOR.

TUNIS
Chef : Commandant NIEL.

Les Renseignements collectés par le « 2 bis » étaient trans…




Bibliographie : ATLAS GEOPOLITIQUE DES ESPACES MARITIMES

 

ORTOLLAND Didier, PIRAT Jean-Pierre

ATLAS GEOPOLITIQUE DES ESPACES MARITIMES

Frontières, énergie, pêche et environnement,

Éditions TECHNIP – 2008

Illustré d’une cartographie remarquable, cet ouvrage aborde toutes les questions politiques et juridiques relatives à la délimitation des espaces maritimes : mer territoriale, zones sous juridiction (zone économique exclusive, zone de pêche, zone de protection écologique, plateau continental).

Il évoque la genèse du droit de la mer, la position des Etats côtiers ainsi que les méthodes de délimitation et fait une revue exhaustive de toutes les mers et de tous les océans, en insistant particulièrement sur les zones de conflit (Méditerranée, mer de Chine Méridionale, différends entre la Chine et le Japon, etc. .).

Les enjeux économiques (gestion de la pêche, pétrole, gaz, nodules et sulfures polymétalliques) et la dimension géopolitique du trafic maritime des hydrocarbures font l’objet de développements particuliers.

Les aspects environnementaux : protection du milieu marin, régime des fonds marins, hydrothermalisme sous-marin, régime de l’Antarctique et des mers australes sont également traités, de même que les développements récents de l’extension du plateau continental au-delà de deux cents milles nautiques.

L’ouvrage comprend une centaine de cartes originales en couleur représentant les différents espaces maritimes avec leur bathymétrie, les problèmes de délimitation et les contentieux. Les aspects techniques des délimitations font l’objet d’une description illustrée de cartes et graphiques.

Ce travail inédit constitue une base essentielle de réflexion pour les questions géopolitiques liées à la mer et s’adresse aux étudiants, universitaires, spécialistes de relations internationales et aux professionnels de la mer (énergie, pêche, transports).

 
Autres commentaires

Extrait du Compte rendu de Bruno Modica, Chargé de cours en relations internationales à l’IEP de Lille, (Prépa. ENA), chargé de formation au CNED de Lille.sur le site http://www.clionautes.org

……Une préoccupation ancienne

La géopolitique de la mer, sans doute trop peu traitée par les géographes universitaires est bien l’objet d’étude fondamental du XXIe siècle. En réalité, cette géopolitique des mers suscite l’attention et la sévérité des remarques ci-dessous mérite d’être nuancée.

Plus que les géographes se sont peut-être les opinions et aussi les décideurs qui ne prennent pas suffisamment la mesure des enjeux maritimes à venir ou en tout cas qui n’en font que trop peu état.

Dès le 28 septembre 1945, la seconde guerre mondiale est à peine terminée, le Président Truman considère que le plateau continental est une extension de la masse terrestre de la nation riveraine et lui appartient naturellement.

Très rapidement, certains pays, pour des raisons énergétiques et aussi piscicoles se sont réservé les zones contigües à leur territoire continental.

Le premier chapitre revient sur les fondamentaux des délimitations de ces espaces examinant les différentes étapes qui ont conduit à la convention de Montego Bay. Une carte montre bien les différents zones concernées, entre celles qui relèvent de la ZEE et celles de l’autorité internationale des fonds marins. Les questions de pêche et d’environnement ont également généré leurs zones. ZPP et ZPE et tous les États intéressés se sont emparés des possibilités qui leur étaient offertes de défendre leurs prérogatives en la matière.

Le chapitre deux revient sur les questions de délimitation avec les différents modes de calculs. Les liti…




Bibliographie : L’INDE A L’ASSAUT DU MONDE

 

CHARRIN Eve

L’INDE A L’ASSAUT DU MONDE

GRASSET & FASQUELLE – 2007

Une grande puissance peut en cacher une autre. Les Français qui ont découvert l’Inde à travers le visage de Lakshmi Mittal n’ont pas encore pris la mesure du bouleversement lié à l’émergence de ce pays sur la scène mondiale. Plus encore que la Chine, c’est l’Inde qui va changer la donne économique mondiale.

Et pour cause : elle mise d’emblée sur l’exportation de services à haute valeur ajoutée, qui étaient jusqu’alors l’exclusivité des pays développés.

Devenue le royaume des délocalisations high tech, l’Inde empiète sur ce qui était encore, il n’y a pas si longtemps, notre domaine réservé. Ce livre dévoile le secret du décollage indien : l’élitisme, profondément ancré dans la culture indienne et la religion hindouiste.

C’est cet élitisme multimillénaire qui permet à l’Inde de « produire » une petite minorité urbaine anglophone, global Indians aux compétences internationales, branchée sur la mondialisation et qui s’en saisit avec enthousiasme.

C’est ce même élitisme ancestral qui rend acceptables les nouvelles inégalités issues de l’enrichissement de ces nouveaux privilégiés. Alors que l’Inde décolle, la France stagne.

Et pour cause : les deux pays se situent aux deux pôles de la mondialisation. A la France, pays riche et égalitaire, s’oppose l’Inde, pays émergent et élitiste.

De la middle class indienne ultra-dynamique à nos classes moyennes déboussolées, l’auteur construit un va-et-vient très éclairant. Il en découle que les classes moyennes des pays développés ne sortiront pas forcément gagnantes de cette nouvelle concurrence.

Outre-Atlantique, on n’hésite pas à poser la question : sommes-nous toujours les gagnants du libre-échange ? En France, en revanche, ce débat reste tabou. C’est cet étrange silence que le livre entend briser. Oui, l’émergence de l’Inde change la donne. Oui, nos classes moyennes risquent de perdre au change…

 
Avis journalistique

Paru dans la Croix le: lundi 31/12/2007 – Sous-estime-t-on les conséquences du foudroyant essor de l’Inde ? Les pays occidentaux ne jouent-ils pas gros en y exportant leurs bureaux et laboratoires ?

Si l’outsourcing (externalisation d’activités) permet de diminuer le prix des produits et d’augmenter les profits à court terme, quels emplois restera-t-il, dans deux décennies, aux États-Unis ou en Europe ?

Ces questions nous assaillent après avoir refermé la fascinante (et effrayante) enquête d’Ève Charrin, journaliste spécialisée dans l’économie, qui a vécu deux ans à New Delhi.

Son ouvrage n’a pourtant rien d’un pamphlet antimondialisation. À mille lieues de l’Inde idéalisée des touristes, elle nous guide dans un pays en plein bouleversement et plus que jamais coupé en deux. Une petite élite, occidentalisée en apparence, profite à plein des emplois que les multinationales délocalisent en Inde.

Le système de castes, ancré dans les mentalités, légitime les inégalités et leur permet de s’offrir une armada de domestiques pour quelques roupies. Mais, pour 90 % de la population, rien n’a changé. Cocasse scène que celle des étudiants de Bombay, en jean et basket de marque, invités par des militants des droits de l’homme dalits (intouchables) à aller suivre la tournée des éboueurs dans un quartier populaire. Inconcevable pour eux de parler une autre langue que l’anglais, leur signe d’appartenance aux « îles » de prospérité du pays.

Cet ouvrage, fouillé et agréable à lire, laisse, il faut bien le dire, un goût amer à propos de ce pays. Mais il pose les questions, que se pose tout Occident…




Histoire : Les Services français 1939-1945 (SR Marine)

Article paru dans le Bulletin N° 45

 


Dans notre précédent Bulletin, nous avons achevé la publication de l’étude relative à l’activité du S.R. de l’Armée de Terre. Nous donnons ci-après un aperçu de ce que fut le S.R. Marine pendant la Deuxième Guerre Mondiale.

LE S.R. MARINE

Le S.R. Marine, né de la Première Guerre Mondiale, prit son essor à partir de 1920. Généralement, après un stage dans les postes de leurs camarades expérimentés du S.R. Guerre, les marins créèrent des postes autonomes (Nice, Saint-Jean-de-Luz, Dunkerque) ou s’intégrèrent dans les bureaux de l’Armée (Metz, Strasbourg). A l’étranger et dans les possessions outre-mer ils apparurent sous des formes diverses (attachés navals, adjoints, officiers de transit, etc.).


Toutes ces antennes relevaient de la section « R » du Deuxième Bureau de l’Etat-Major Général de la Marine chargée de les orienter et de les financer (maigrement).

AVANT LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE

Très vite la montée des menaces allemandes et italiennes, la violation des traités, firent de l’Axe Berlin – Rome l’objectif prioritaire. Les postes d’observation se multiplièrent, se renforcèrent. Les moyens financiers suivaient le mouvement.


Le réarmement naval de l’adversaire était suivi avec attention. Malgré de sévères mesures de protection les forces navales et leurs mouvements n’échappèrent pas aux investigations du S.R. Marine.


Renseigné par les thèmes des Kriegspiel sur les intentions allemandes, les sous-marins français exécutèrent, bien avant l’ouverture des hostilités, des patrouilles régulières le long des côtes menacées.


L’effort considérable fait par l’Allemagne en vue de la guerre sous-marine était suivi au jour le jour.


En Italie, après une mise en sommeil des Services de Renseignements français ( ), l’activité reprit en hâte. Mais une faute pareille se paie. Le S.R. ne souffre pas l’improvisation.

De nombreux agents payèrent de leur vie ou de leur liberté l’erreur gouvernementale car les Italiens étaient des maîtres en matière de contre-espionnage. L’efficacité de la recherche s’en ressentit.


Le Proche-Orient et l’Extrême-Orient étaient des objectifs à suivre. Sous différentes formes la Marine y disposait d’observateurs.


La mobilisation de 1939 vit la section « R » prendre son autonomie sous la forme du 5ème Bureau de l’Etat-Major Général Marine qui travailla en liaisons étroites avec le 5ème Bureau (Guerre).

LA « DROLE DE GUERRE », ET L’ARMISTICE – DE 1940 A 1942

La drôle de guerre ne ralentit en rien l’activité des postes marine, bien au contraire. Poussés en avant sur les ailes, entrés en contact avec les alliés, appuyés par des missions aériennes, leur efficacité se maintint jusqu’à l’effondrement général de mai 1940.


I1 y eut alors une période de liquidation et de transfert. Des agents repliés de Belgique ou de Hollande, le réseau polonais, partirent pour l’Angleterre. Certains éléments menacés furent transférés en Afrique du Nord, des fonds et des archives mis à l’abri.


Le 5ème Bureau et avec lui le S.R. Marine sont officiellement supprimés tout comme le 5ème Bureau et le S.R. Guerre. Des éléments en subsistent. Ils sont …




Extrait du Bulletin : Comment naissent les légendes

Notre Camarade P.-E. CATON nous adresse cette petite contribution à l’histoire de la guerre 1939-1940.

AVONS -NOUS , AU MOINS, UTILISE TOUS NOS CHARS

Suivant une légende tenace. aujourd’hui  encore largement répandue, des centaines de chars modernes seraient restés inutilisés dans les dépôts alors qu’ils manquaient tant aux Armées en Mai et Juin 1940.

Paul Raynaud, devenu Président du Conseil le 21 Mars et Ministre de la Guerre le 5 Juin 1940, en écrit ce qui suit :
« Utilisons-nous, au moins, tous nos chars ? » demandais-je en arrivant au Ministère de la Guerre, après la catastrophe.
« On me répondit que l’on jetait dans la bataille des chars sortant de l’usine, dont les moteurs n’étaient même pas rôdés. »
« Et pourtant, depuis le procès de RIOM, un bruit a couru  et s’est amplifié : nos chefs militaires auraient commis la faute incroyable de ne pas utiliser tous les chars mis à leur disposition. »
« C’est la déclaration faite par Daladier au procès de RIOM qui est à l’origine de cette rumeur. » Maître Ribet (avocat de Daladier), la com­mente ainsi : « Et l’on apprend avec stupeur que des centaines de chars en bon état ont été laissés dans les dépôts : ce qui représente plusieurs divisions cuirassées. »
(Paul Reynaud, « Au coeur de la mêlée », p. 471-72).
BRUITS… RUMEURS… AURAIENT été… ONT été…

M. Paul Reynaud nous montre comment en quelques lignes naissent certaines légendes. La plus typique est celle des « chars disponibles, mais inemployés ».

Bataillon de Chars de Combat de la 4e  Division Cuirassée (de GAULLE).

Suivons un exemple caractéristique : celui du 44e  B.C.C. formé le 16 Novembre 1939 dans la Drôme, devant être apte à partir aux Armées le 15 Mars 1940, et que l’auteur entendit tirer ses premiers coups de feu aux abords de la Somme le 27 Mai 1940, alors que l’évacuation par DUNKERQUE était commencée.

A sa formation, le 44e  B.C.C, reçoit pour son instruction :
– 3 chars R 35 ;
– 33 chars FT 1918 (dont 8 chars-canons sans armement, servant d’auto-école et 25 chars-mitrailleuses).

On relève dans ses archives :
27 Janvier 1940 : La Direction de l’Infanterie (Section chars) demande que soit complété en matériel le 44e  B.C.C, qui, formé depuis le 16 No­vembre 1939, ne possède encore que trois chars modernes.
5 Février 1940 : La Direction de l’Infanterie (Section chars) demande que le 44e  B.C.C. devant partir aux Armées au début de Mars, son matériel soit mis en place pour le 15 Février, en raison de son station­nement éloigné et du rodage à effectuer.
5 Mars 1940 : L’Etat-Major de la 14e  Région Militaire (LYON) sur le territoire de laquelle stationne le 44e  B.C.C., signale qu’il pourrait partir aux Armées le 15 Mars 1940, s’il recevait ses chars avant cette date.
4 Mars 1940 : Le 44e  B.C.C. a exécuté :
– 5 tirs à la mitrailleuse (sur chars FT 1918) ;
– 2 tirs seulement au canon (du fait qu’il ne possède que 2 chars R 35 armés de canons, le troisième étant indisponible).
21 Mars 1940 : La Direction de l’Infanterie (Chars) fait savoir :
« Les chars R 35 ne pourront être fournis au 44e  B.C.C. du fait du manque de disponibilités en tourelles. D’après les renseignements obtenus auprès du Ministère de l’Armement, les tourelles nécessaires aux 42 chars de ce Bataillon (3 chars sont en place) ne pourraient être livrées avant le mois de Mai 1940.
15 Mai 1940 : Le 44e  B.C.C, est toujours à l’instruction dans !a Drôme dans l’attente de son matériel. (Le 15 Mai au soir, des chars allemands ayant débouché de MONTHERME arrivent à MONTCORNET. )




Extrait du Bulletin : Fonction publique – action clandestine – état francais (2)

par Guy de SAINT-HILAIRE

Chef du Réseau des F.F.C. ” Kléber-Marco ”

Pour une meilleure compréhension de cette deuxième partie – à moins que l’on ait sous les yeux la fin de la première partie, page 36 du Bulletin précédent n° 152 – il convient de rappeler que le sauvetage des enfants de Vénissieux, ainsi que l’intervention du S.S.E. (Service Social des Étrangers) dans les rafles d’août 1942 en Zone libre, avaient provoqué une ” déception ” quant au nombre des Juifs que les Allemands avaient pu arrêter et déporter.

Les agissements suspects de Gilbert Lesage ne pouvaient rester sans conséquences.    

 

ENQUETES DE POLICE ET LEURS RÉSULTATS  

Le Ministre de l’Intérieur désigna, pour enquêter, le Commissaire Principal Mortier. Ayant eu la chance de retrouver le rapport Mortier dans son intégralité, et ayant pu d’autre part recueillir les commentaires de Lesage, il m’apparaît que l’auteur de ce rapport ne pouvait être qu’un ” résistant “, confronté à la double obligation de faire une sérieuse enquête policière, mais aussi de conclure par l’innocence du vrai coupable.

Il s’agit donc, à mes yeux, d’un véritable chef-d’oeuvre de cette époque quand le système du double jeu s’imposait à tout fonctionnaire en place, astreint à l’obligation hiérarchique, mais également astreint, en conscience, à sauver ce qui pouvait l’être (1).

Pour significatif qu’il soit, le cas du Commissaire Mortier est loin d’être exceptionnel. Combien ” d’inévitables ” arrestations ont été évitées grâce au gendarme, au policier, ou même au Commissaire, qui ont ” fait semblant ” d’instrumenter quand la simple routine aurait pu déceler un Résistant.

Mais pour élever le débat au niveau des plus hautes responsabilités, pourquoi ne pas se fier à l’opinion de François-Georges Dreyfus, le dernier en date des historiens ayant traité le problème. Je le cite (p. 785) ” Ainsi au-delà du déshonneur qu’est la collaboration dans laquelle Laval engage la France de Vichy le 18 avril 1942, il faut objectivement admettre qu’elle contribua à limiter considérablement les pertes humaines comme les connurent les voisins de la France. La crainte de la polonisation avait, au prix de l’infamie collaborationniste, sauvé nombre de Français.

  France Belgique Pays-Bas

% de pertes civiles

0.4 0.88 1.75

% de juifs déportés non revenus

21.4 45 81.5

% des pertes humaines totales dues à la guerre

1.5 1 2.3

Pour être plus concrets et s’en tenir à certains événements trop justement célèbres, telles que les rafles de Juifs étrangers en juillet 42, je cite encore F.G. Dreyfus (p. 635) : ” Mais grâce à la Résistance, parfois à la Police elle-même, il n’y a eu que 12.884 arrestations alors que l’on en espérait 28.000 ! “.  

Si la Police française n’avait pas été chargée de cette pénible et odieuse opération, en contrepartie du renoncement, par les Allemands, à se faire livrer des Juifs français, croit-on vraiment que les policiers allemands auraient fait du porte à porte (ce que firent de nombreux policiers français) pour prévenir, la veille, les victimes recensées qu’ils viendraient, le lendemain, les arrêter ?

Il reste cependant l’erreur de base, fondamentale et impardonnable, du Gouvernement de Vichy d’avoir devancé les exigences allemandes pa…




Archives du site – André VABOIS

 

Adieu, cher Docteur et ami. Un an après le décès du Général Albert Meyer, Président national adjoint de l’A.A.S.S.D.N., le Docteur André VABOIS qui lui avait succédé dans cette fonction de responsabilité après un demi-siècle de vice-présidence, nous a quitté, le 27 avril 2007, emporté par un mal inexorable.

Se sachant condamné à court terme, il avait tenu, en mars dernier, à communiquer au Conseil d’Administration, avec une grande clairvoyance, son ” testament intellectuel ” fondé sur l’ouverture, l’avenir et les relations extérieures de l’Amicale.

HOMMAGE DU PRÉSIDENT DE A.A.S.S.D.N.

 Dr. André VABOIS

Mon cher André, Cher grand ancien et ami, Ainsi tu as quitté les tiens, ton épouse, ta famille, les amis parmi lesquels nous avions une place de choix dans ton cœur comme dans ton esprit.

Nous étions tes camarades de guerre, de cette guerre clandestine menée dans le secret et le danger permanents, de cette guerre anonyme où l’on trouve rarement la gloire. Nous étions aussi pour toi les compagnons des générations ultérieures qui assurent la continuité de ce que tu as vécu au sein de l’un de nos Services Spéciaux et qui ont désormais la responsabilité d’en porter le flambeau.

Aujourd’hui, ton départ vers l’Au-delà nous laisse bien seuls. …/… accepte, mon cher André, que je te rende hommage comme lu le mérites, au nom de ton amicale, et que j’évoque pour ta famille, les amis, tes relations, les grands traits de ta vie si riche, si dense, sur les plans militaire et national.

Né au lendemain de la Grande Guerre à Dreux dans une famille normande, tu poursuis tes éludes secondaires au collège Rotrou puis celles de médecine alternativement à Caen et à Paris, études que tu n’achèveras, et pour cause, qu’après la guerre.

Mobilisé en mars 1940 au Mans puis affecté, en juin, à Marmande, au 150° régiment d’infanterie, tu rencontres bientôt le Capitaine d’aviation Hériard-Dubreuil qui dirige l’antenne du SR Air et le Lieutenant Mangés, chef du SR de l’armée, le SR Kléber, pour le sud-ouest.

Tu quittes alors l’armée d’armistice pour entrer en résistance au titre des Forces Françaises Combattantes à compter du 1er septembre 1941 et connaître la vie clandestine dangereuse de ces Services Spéciaux comme chargé de mission du réseau Kléber-Vénus et du SR Air.

Au fil des mois, tu franchis 22 fois la ligne de démarcation et recueilles des renseignements notamment en Val-de-Loire et en Normandie ; tu es arrêté à deux reprises par la Feldgendarmerie, échappes à une troisième arrestation à Paris mais tu es contraint de vivre pendant plus d’un an sous une fausse identité.

En 1944, tu refuses une affectation dans une unité du service de santé pour terminer la guerre comme Lieutenant au Service de Renseignement Opérationnel du détachement d’armée commandé par le Général de Larminat et tu es promu capitaine.

Apres ces années terribles, tu reprends les études, deviens en 1948 docteur en médecine et choisis ensuite la spécialité de gynécologue-obstétricien que tu pratiques à Dreux.

Homme d’entreprises, tu mènes une vie très active, non seulement comme médecin, puisque tu seras : – pendant 18 ans conseiller municipal d’Escorpain où tu as souhaité reposer, – fondateur, en 1954, puis président du Lyon’s Club de Dreux, – breveté pilote d’avion privé, – cavalier de concours hippique, chasseur, ton autre passion, à l’équipage normand Piq’hardi dans la voie du cerf et au Piq’Harville dans la voie du lièvre.

Tu adhéres à l’A.A.S.S.D.N. en 1954, suite à sa création, pour en devenir, en 1956 et pendant 50 ans, Vice-Président avant d’être en 2006, son Président national adjoint.

L’esprit toujours en éveil, tu es attentif aux perfectionnements qu’appo…




Extrait du Bulletin : Opération Ticom

Par Pierre de VILLEMAREST  

En mars et avril 1945, l’un des dirigeants de la division américaine des Services du Chiffre, le Général George A. Richer, qui dès 1944, avait conçu les moyens de s’emparer des spécialistes allemands de ce domaine, lorsque l’Allemagne serait envahie, met à exécution son plan. Ce sera l’opération Ticom, l’une des plus secrètes de l’histoire de la guerre puisque aujourd’hui seul un confrère américain a obtenu le droit d’en parler .

Il s’agit de découvrir les secrets allemands qui ont permis à Berlin de pénétrer les chiffres anglais et américains, d’empêcher qu’ils ne tombent durant la retraite allemande ” dans des mains non autorisées ” (sic), d’exploiter les techniques allemandes en la matière, de voir s’il y a des possibilités d’exploitation de leur système tandis que la guerre se poursuit contre le Japon…

Six équipes de chercheurs sont donc expédiées secrètement en Allemagne, à huit semaines de sa capitulation. Une opération extraordinaire qui permet la capture d’environ 200 techniciens de grades et fonctions divers. Le plus extraordinaire est que tout cela reste secret, – même Moscou l’ignore -, et que des commandos sont derrière ses armées qui convergent vers Berlin et l’Europe centrale et du sud-est et font la chasse.

 

Ils réussissent non seulement à rapatrier secrètement vers l’ouest ces techniciens mais aussi des machines à chiffrer et déchiffrer, le tout saisi dans la région d’Augsburg, d’Ulm, de Dresde et du sud de Munich.

Il s’agit, au sud de Munich, de la prise à Rosenheim, grâce aux indications des prisonniers, d’une machine extraordinaire récemment mise au point par les Allemands, qui permet de capter toutes les télécommunications de l’armée soviétiques, du Haut Commandement à ses bases avancées, désormais cantonnées dans ce qui devient l’Allemagne de l’Est, et aussi bien avec celles qui s’installent dans tous les pays de l’est européen.

A parti de la fin de l’été 1945, Washington ” lit ” tous les ordres de Moscou à ses responsables, de la Baltique à la Mer Noire.

 

Ce qui veut dire aujourd’hui qu’il faut revoir sous cet éclairage toute l’histoire de la période 1945-1948 à propos des rapports americano-soviétiques, et de l’attitude du Président Truman qui a pris la succession de Roosevelt. Truman, de fait, est convaincu du danger de croire que l’idylle de Roosevelt avec Staline va donner naissance à un Nouvel Ordre Mondial pacifique.

Recoupement récent : Henry Fournier-Foch vient de publier un ouvrage évoqué durant le Congrès de l’A.S.S.D.N. par notre ami Rioual : ” Tovaritch Capitaine Foch ” (La Table Ronde) demande les moyens de regagner à France après avoir rendu d’éminents services à l’offensive soviétique sur l’Oder, une fois évadé d’un camp de prisonniers allemands.

 

Joukov lui répond carrément (c’est le 9 mai 1945). la guerre n’est pas finie : ” Nous allons bientôt reprendre la lutte, rejeter les Anglais et les Américains à la mer… Nous irons jusqu’à Brest, chez toi. Tu viendras avec nous ! “. Personne n’imaginait cela en mai 1945, à l’Ouest. Sauf parmi ceux qui, grâce à la machine prise à Rosenheim allaient ” lire ” les ordres de Moscou sur tous les fronts.

Pourquoi la date butoir de 1948 ? Parce qu’un agent soviétique, William Weissband recruté par l’OSS en Égypte (où sa famille juive venue d’Odessa s’était réfugiée avant guerre) et qui parlait trois ou quatre langues, avait réussi à progresser dans l’appareil américain jusqu’à faire son nid au Chiffre, et avertit Moscou en 1948. L’État-major soviétique a, de suite évidemment modifié son système.

Mais pe…




Memorial – biographies Lh-Lz

LHEUREUX
Léon

Pseudonymes:   Louis  Joseph LAFFITTE, LOUIS, Léon JOIE

 

Né le 9 novembre 1913  à  Sainghin-en-Weppes (Nord)de Léon, Ignace Lheureux  et de  Marie, Augustine AubinCélibataireProfession: officier d’active (Saint Cyr, promotion 1935-1937)Décédé le 17 décembre 1944  au camp d’Ellrich

Réseau: S.S.M.F./T.R.
Agent P2

Léon Lheureux était un homme du Nord; ses parents, tous deux originaires de Lille, géraient un négoce d’épicerie en gros auquel ils devaient adjoindre la torréfaction du café, à Sainghin-en-Weppes où il était né. La famille comptait trois autres enfants: Marie-Paule, l’aînée, Pierre et Thérèse.
Il fit ses études à Peruwelz, Marc en Baroeul et Douai, avant de préparer le concours d’entrée à Saint-Cyr au collège Stanislas à Paris.
Saint-Cyrien de la promotion Liautey (1935-37), Léon Lheureux était lieutenant à la déclaration de guerre. Il a commandé la 1re compagnie du 8e Zouaves à Mourmelon (Aisne) du 1er octobre au 30 novembre 1939, a alors reçu la Croix de Guerre avec étoile de bronze et été cité à l’ordre de la brigade pour avoir “entraîné sa section malgré un feu violent de mitrailleuses et a réussi à atteindre son objectif, malgré une résistance opiniâtre de l’ennemi”. Puis, affecté à la 12e DIM (division d’infanterie motorisée), 14e Compagnie divisionnaire antichars, il a reçu la Croix de Guerre avec étoile d’argent, et la citation à l’ordre de la division dit: “Lieutenant chef de canons antichars qui a fait preuve pendant la bataille de Belgique de beaucoup de courage et d’initiative. Le 17 mai, à la gare de Traulée sur la Sambre, a dégagé à coups de mousqueton deux de ses pièces complètement cernées par l’ennemi.
Du 30 mai au 4 juin s’est battu sous Dunkerque avec une énergie peu commune. A été un exemple pour toute la compagnie. Fait prisonnier le 4 juin, s’est immédiatement évadé”.
Il tenta alors de gagner l’Angleterre dans un bateau de pêche. Repris à 3h du matin le 5 juin, il fut conduit au camp de Rexpoede où il resta les 5 et 6 juin. En route vers Lille le 7, il s’échappa à Lomme le 8 et,  muni de vêtements civils, le 9 gagna son village natal où il retrouva son père, maire de la commune.
Parvenu en Zone libre le 5 juillet 1940, il servit au 237e RI (devenu le 1er RI), avant d’être muté au Maroc où il se trouva en décembre 1940, affecté au 4e régiment de tirailleurs marocains. Il resta chef de poste de Bou-Zineb jusque en juin 1942, puis,  affecté à la compagnie antichars le 16 février 1943, il y rencontra le parachutiste René Boffy qu’il connaissait bien.  Enfin il fut muté à la Direction de la Sécurité Militaire le 3 avril 1943.
C’est sans doute cette rencontre avec René Boffy qui motive sont entrée dans les Services spéciaux, pense Yves Costeur, président de la Société historique de Sainghin-en-Weppes, dont le témoignage sur la Mission Joie est d’autant plus riche qu’il a interrogé le Colonel Paillole, Henri Lugiez (qui a beaucoup oeuvré pour la mission), Pierre Lheureux (frère de Léon Lheureux), Martial Aubert (beau-frère de Léon Lheureux), Antoinette Brunin (secrétaire de la mission), les familles d’Alexis Le Douguet, de Charles Bellet* et d’André Opsommer*, la famille de Mme Dellieux (dont la maison, à Albert, servait de plaque tournante).
Début mars 1943, Lheureux se rend à Alger où il se met à la disposition du commandant Paillole, chef du contre-espionnage français. Celui-ci le décrit comme “un solide garçon (…), un saint-cyrien dont deux étoiles sur la jeune Croix de Guerre attestent de la valeur et du courage. A sa volonté …