Extrait du Bulletin : Long prologue catastrophe 10 mai 1940

Par M. Jean VANWELKENHUYZEN

Ce mois de mai, si riche en souvenirs, nous incite à piocher toujours davantage dans l’Histoire et plus particulièrement dans celle, si controversée, des événements qui ont précédé le désastre de mai 1940.

Cette fois, nous donnons la parole à M.VANWELKENHUYZEN, le distingué directeur du Centre belge de Recherches et d’Études historiques de la Deuxième Guerre Mondiale. Avec son autorisation, nous reproduisons ci-après des extraits de son étude récente sur l’attitude de la Belgique.

 

La haute compétence de l’auteur, la documentation unique dont les archives belges sont pourvues donnent à son étude une valeur exceptionnelle.

 

Nos camarades que les événements de 1939-1940 passionnent, pourront par comparaison avec les indications abondamment fournies sur ce sujet (1) se faire une opinion à la fois sur le comportement de la Belgique et des Pays-Bas, sur ce qu’il faut penser de l’attitude de l’un des chefs de l’Abwehr, le colonel OSTER, et plus généralement de l’opposition à HITLER.

 

PREMIÈRE ALERTE

L’histoire commence à Berlin le lundi 9 octobre 1939, au début de l’après-midi. Le vicomte Jacques DAVIGNON rentre à l’ambassade de Belgique. Devant le bâtiment de la Jägerstrasse l’ambassadeur aperçoit l’attaché militaire néerlandais qui fait nerveusement les cent pas. Le major Gijsbertus SAS a l’air préoccupé. Dès qu’il voit le diplomate belge, il se précipite à sa rencontre. Il lui dit sa contrariété. Il aurait voulu toucher le colonel George GOETHALS. Il a une communication importante à lui faire.

 

L’ambassadeur introduit l’officier dans son bureau et l’invite à lui confier l’objet de sa visite. SAS va droit au but. Il annonce qu’il tient de source sûre que l’état-major de l’armée allemande prépare une attaque de la Belgique. Il ne peut dévoiler l’identité de son informateur. Mais il a en lui la plus grande confiance. La Belgique court, à son avis, un péril immense.

 

Dès que GOETHALS arrive à l’ambassade, DAVIGNON lui fait part de ce qu’il vient d’apprendre. L’ambassadeur et l’attaché militaire confrontent leurs impressions. Ils n’ont pas besoin d’épiloguer beaucoup pour tomber d’accord que les autorités militaires belges doivent être averties immédiatement. Le colonel rédige aussitôt un télégramme et le chiffre. Son message parvient à Bruxelles à 18 heures. En voici le passage principal

« Attaché hollandais tient d’un ami allemand qu’il considère comme personne digne de foi très bien placée : une marche à travers la Belgique est en ce moment à l’étude au bureau du chef d’état-major général HALDER ; ce plan évite passage par la Hollande».

 

Qu’un allemand installé dans l’appareil de l’État trahisse à ce point paraît difficile à croire.

 

Qu’il s’agisse d’« intoxication » ou d’information exacte, ce que l’ami allemand de SAS a dit est de mauvais augure. Sans se prononcer sur le fond, l’ambassadeur de Belgique observe dans sa dépêche du 10 octobre :« Quoi qu’il en soit, un tel renseignement doit évidemment retenir notre sérieuse attention ».

 

OSTER CONTRE HITLER

La perplexité de Davignon et de Goethals augmenterait s’ils savaient d’où Sas tient ses renseignements. En effet, son informateur appartient a l’Abwehr !

 

Un des insoupçonnables paradoxes du IIIe  Reich est d’avoir à la tête de ses services secrets militaires un adversaire du régime.

 

Il est vrai que l’amiral Wilhelm Canaris ne s’est pas tourné immédiatement contre ses maîtres nazis. Au contraire, il a commencé par les servir avec enthousiasme. Il ne s’est distancé d’…




Extrait du Bulletin : Conflits outre-mer 45-56 (4)

LA FRANCE ET LE CONFLIT FRANCO-VIET MINH

par le Colonel Clément RUAT

Le Colonel DAUGREILH annonçait dans le Bulletin N° 149 son prochain article :LE FILM SOMMAIRE DES OPERATIONS NOS SERVICES EN INDOCHINEEn bas de la même page on pouvait lire :” LE COLONEL DAUGREILH N’EST PLUS “

Comme notre Président m’en a manifesté le désir, et en souvenir de mon ancien et fidèle collaborateur, et vieil ami, le Colonel Henri Daugreilh, je vais essayer d’écrire ce qu’il avait annoncé.

 

Bien que datant de plus de trente ans, ces événements ont trop marqué leur époque, pour que l’on puisse entrer dans beaucoup de détails, et encore moins, faire beaucoup de commentaires. Si l’on veut des récits détaillés, il y a lieu de se référer à tous les livres qui ont paru, que Daugreilh avait cités dans le Bulletin n° 146, et à tous ceux qui ont pu paraître depuis.

 

Il est toutefois nécessaire, avant de parler des Services Spéciaux (objet de cette étude) de rappeler certains éléments qui permettront, je pense, de se faire une idée de la situation du pays dans lequel ils étaient appelés à travailler.

 

I. – Nous commencerons par une double liste, celle des Autorités Françaises et celle des Autorités Viet Minh.

II. – Viendra ensuite un relevé rapide des principales activités qui, en Indochine, ont marqué cette époque.

III. – Nous traiterons ensuite des organisations Viet Minh, notre objectif.

IV. – Viendront ensuite nos Services et leur évolution en fonction d’événements et de notre expérience.

V. – Nous essaierons, pour terminer de faire un bilan sommaire.

 

I. – LES HAUTES AUTORITES

CÔTE FRANÇAIS

Autorités civiles

HAUTS COMMISSAIRES

En 1947, M. Bollaert remplace l’Amiral Thierry d’Argenlieu.

En 1948, M. Pignon lui succède.

En décembre 1950 c’est le Général de Lattre de Tassigny qui prend sa place.

En 1952, M. Letourneau est nommé à ce poste.

COMMISSAIRES GENERAUX

En 1953, M. Dejean arrive à Saigon (le nom de la fonction a changé). En 1954, le Général Ely le remplace.

(Il faut citer aussi S.M. Bao Dai, monté sur le trône en 1944 qui fut déclaré déchu en 1955, mais dont l’influence fut des plus restreinte.)

HAUT COMMANDEMENT

Après le Général Leclerc, c’est en 1946, le Général Valluy qui devient Commandant en Chef.

En 1948, le Général Blaizot le remplace. En 1949, le Général Carpentier lui succède.

Fin 1950, le Général de Lattre de Tassigny (déjà cité comme Haut-Commissaire) arrive à son tour, et, avec lui, les Généraux Salan et Cogny.

Il faut rappeler que quelques temps auparavant, le Général de Lattre avait reçu une lettre de son fils Bernard, qui lui disait : ” Papa, on a besoin de toi ici. ” Le 30 mai 1951, Bernard était tué à Ninh Binh.

En 1952, le Général Salan succède au Général de Lattre.

En 1953, il est à son tour remplacé par le Général Navarre.

En 1954, après Dien Bien Phu, celui-ci part. Il est remplacé par le Général Ely, également Commissaire Général.

 

DU CÔTE VIET MINH QUE SE PASSE-T-IL ?

Dans le Bulletin no 146, Daugreilh nous a dressé une notice biographique de :

– Ho Chi Minh ;

– Pham Von Dong ;

– Vo Nguyen Giap.

Le premier est Président de la République Démocratique du Viet Nam, le deuxième en est le Vice-Président, quant à Giap,il est le Ministre de la Défense Nationale et assure le Commandement suprême de…




Extrait du Bulletin : sur Weygand

Témoignages par le Général de C.A. Henri NAVARRE

Mon premier contact personnel avec le Général WEYGAND remonte aux premiers
jours de la guerre de 1939.

J’étais alors Chef de la Section allemande du S.R. , et j’avais comme
adjoint le Capitaine GASSER.

Or celui-ci m’avait prévenu la veille de ce que
le Général WEYGAND, nommé Commandant en Chef au Moyen Orient lui avait
demandé de l’accompagner à Beyrouth comme chef de Cabinet.

La porte de son
bureau s’ouvre et je vois entrer le Général WEYGAND. Venu au « 2 bis » pour
y prendre connaissance des dossiers, renseignements sur le théâtre
d’opérations qu’il allait commander, il s’était donné la peine d’entrer chez
moi pour dire au modeste Chef d’Escadron que j’étais, ses respects, et au
moment où son travail allait beaucoup s’amplifier, d’être obligé de me
priver de mon principal collaborateur.

Ce geste d’extrême courtoisie m’avait
beaucoup touché et je me le suis souvent rappelé, à une époque où la
muflerie semble devenir la règle.

Puis, ce furent les huit mois de la « drôle de guerre », les revers, la
nomination du Général WEYGAND au Commandement en Chef, son immense effort
pour redresser la situation désespérée qui lui avait été léguée, l’Armistice
et l’installation à Vichy, en qualité de Ministre de la Défense Nationale du
Maréchal PETAIN.

Pendant toute cette période si je n’ai pas eu de contacts
personnels avec le Général WEYGAND, j’ai été, par GASSER, au courant de sa
pensée.

Je savais qu’il n’avait pas accepté la défaite et ne vivait que pour
la rentrée en guerre de la France – mais pour gagner, cette fois ! De cette
revanche, j’étais persuadé que le tremplin ne pouvait être que l’Afrique du
Nord.

Aussi fut-ce avec joie que j’acceptai quand le Général WEYGAND me proposa de
faire partie de l’équipe qu’il enverrait à Alger où il allait prendre les
fonctions de Délégué Général pour l’Afrique française.

Dès le premier contact avec lui, à Alger, notre équipe savait dans quel
esprit elle devrait travailler : l’Allemand restait l’ennemi.

La répartition des tâches était également fixée sans
ambiguïté. Pour ma
part, désigné comme Chef du 2 ème Bureau, je serais responsable de toute la «
partie secrète » – tout au moins de celle que le Général ne se réservait pas
personnellement.

Je dirigerais, à son échelon, le Renseignement, le C.E., la
répression des activités anti-nationales, la propagande et la
contre-propagande.

J’aurais à couvrir tous les camouflages qui
s’organisaient : effectifs, armement, matériel.

Je devrais contrôler
l’activité et lutter contre les empiècements des Commissions d’armistice
allemandes et italiennes.

Il me faudrait un volume pour écrire l’histoire de cette « partie secrète »
de l’action du Général WEYGAND d’octobre 1940 à fin 1941.

Je me bornerai donc ici à retracer quelques épisodes qui me semblent
caractéristiques de l’état d’esprit qui était alors celui de notre Chef.

Le premier de ces épisodes se situe dans le cadre de la guerre du
Renseignement.

Pendant que nous étions à Alger, la guerre opposait en
Libye et en
Tripolitaine l’armée anglaise d’Egypte et les Armées Germano-Italiennes.

La victoire ou la défaite de ces dernières dépendaient du rendement de leur
ligne de communications maritimes qui, partant d’Italie, doublai…




Extrait du Bulletin : 50e anniversaire de la mort du Général d’Armée Henri Giraud

SECTARISME ET DÉSINFORMATION

C’est à cet ” exploit ” que j’ai eu la tristesse d’assister le samedi 13 mars 1999 de 19 h à 19 h 45, sur la chaîne de télévision ARTE.  

Deux compères y faisaient assaut d’hypocrisie : le pseudo historien Max F… et son invité, Jean-Louis C-B, connu de l’A.A.S.S.D.N. pour son culte professionnel du gaullisme exclusif.

Oeil complice et sourire en coin, les duettistes commentaient à leur façon les images souvent émouvantes de l’existence du Général Giraud dont c’était le cinquantième anniversaire de la mort. Affirmations erronées, insinuations désobligeantes, allusions tendancieuses, tout l’arsenal de la désinformation tendait à justifier le titre fielleux de l’émission : ” Le Général Giraud ou l’ambiguïté de Vichy “… ” Résistant ” à Londres et responsable du Comité de propagande de la France Libre, Jean-Louis C-B n’arrive pas à admettre que propagande et Vérité historique ne peuvent pas faire bon ménage.

Il lui est interdit de dire que l’évadé de Koenigstein, la tête mise à prix par Hitler, la fille aînée mourante en déportation, la famille prisonnière des nazis, a libéré l’A.F.N. de l’emprise de Vichy et remis l’Armée Française unanime, dans le chemin de l’Honneur.

Mais où les limites du sectarisme confinent à l’odieux, c’est lorsqu’en réponse à la question faussement naïve de F…, l’éminent auteur de la ” France Libre ” ose insinuer que l’ampleur de l’hommage rendu au Général Giraud le jour de ses obsèques nationales, n’était qu’un montage politique destiné à détourner l’attention de la nation des initiatives du Général de Gaulle qui, hors des affaires publiques depuis 1947 s’efforçait de jeter les bases du R.P.F. (Rassemblement du Peuple Français).

Pauvres et rares habitués des émissions de ARTE sur ” l’Histoire parallèle “, après avoir vu Giraud remettre à Eisenhower la Grande Croix de la Légion d’Honneur, après l’avoir vu entrer aux côtés de Patton dans Metz libéré, après l’avoir vu fièrement assis sur son lit de mort et honoré par tout un peuple le jour de ses obsèques, que pouvez-vous penser de ce matraquage impie de l’Histoire (non parallèle) de notre France ?

 ( Paul PAILLOLE )

 

50e ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU GÉNÉRAL D’ARMÉE HENRI GIRAUD

Le 11 mars 1949, le Général Henri Giraud s’éteignait à l’Hôpital militaire de Dijon. Il avait reçu la veille la médaille militaire, la plus haute distinction pour un officier général.  

Ainsi disparaissait à 70 ans ce grand soldat qui, par sa bravoure, son audace, son courage indomptable et son patriotisme, incarnait les plus nobles vertus militaires, celui qui s’interdisait et interdisait aux siens de se résigner à la défaite, celui que la France reconnut comme l’une des gloires les plus pures de son armée et à qui elle fit, il y a 50 ans, des obsèques nationales.  

Depuis, il repose, avec les autres grands capitaines de notre Histoire, dans la crypte de la Chapelle Saint-Louis des Invalides.  

Nous avons déjà relaté dans notre bulletin les grandes lignes de la carrière d’exception du Général Giraud et notamment son action pendant la guerre retracée dans sa dernière citation, la treizième, octroyée par le gouvernement de la République lorsque lui fut décernée la médaille militaire et dont voici le texte :

” Chef prestigieux aux états de service splendides, s’est évadé en avril 1942 de la citadelle de Kônigstein, exploit tenant de la légende, avec la volonté ardente de reprendre le combat. Présent à Alger à l’heure décisive, a pris une part déterminante à la rentrée de l’Afrique du Nord dans la guerre. A réussi, dans les moindres détails, à jeter les troupes françaises face à l’armée allemande en couverture des débarquements alliés, préparant par le succès…




Extrait du Bulletin : Guy Jousselin de Saint-Hilaire

Deux semaines après son épouse, décédée le 11 décembre dernier, notre ami Guy de Saint-Hilaire nous a quittés, discrètement, le jour de Noël.

Administrateur en chef de la France d’Outre-Mer, il avait créé en 1943 et dirigé le réseau Marco du S.R. Kléber. Il était Membre d’Honneur de l’A.A.S.S.D.N. après en avoir été le Commissaire aux Comptes et l’un de ses administrateurs.

A la messe concélébrée en la Chapelle de l’École Militaire par l’Abbé Lapouge, assistaient parmi ses nombreux amis, des représentants : – De l’O.R.A., dont le Général Roidot, Vice-Président délégué. – De la F.A.R.R.E.F.C., avec son Président M. Duval et Mme Letty-Mouroux, Secrétaire générale. – Des médaillés de la Résistance et leur Vice-Président, le Colonel de Lalande. – De l’A.A.S.S.D.N. dont la délégation était conduite par Michel Thoraval – Et les porte-drapeaux de l’O.R.A., des médaillés de la Résistance et de l’A.A.S.S.D.N.

A la fin de l’office religieux, son glorieux passé dans la clandestinité a été retracé par M. Jean Huteau du réseau Marco, au nom du Colonel Lochard, dit ” Lucien “, dernier chef du S.R. Kléber, et des compagnons de celui qu’ils appelaient alors Joyeux : Marco.  

Éloge de ” Marco “

” Le jour de Noël, quelques jours après son épouse, Guy de Saint-Hilaire est décédé. A leurs familles, si cruellement éprouvées, je renouvelle mes condoléances et toute ma sympathie.

…Guy de Saint-Hilaire avait dès l’Armistice de 1940, milité contre la puissance occupante. Sous le couvert de Secrétaire général pour la lutte contre le chômage dans la zone dite libre, il avait participé au service de camouflage du matériel du Commandant Mollard. Finalement brûlé à Vichy, il était, fin septembre 1943, parti via l’Espagne pour Alger où il s’était mis immédiatement à la disposition du S.R.

Il accepta de revenir en mission en France occupée où un sous-marin le déposa sur la Côte de Provence le 24 octobre 1943.

Après avoir pris contact avec la direction du S.R. Kléber (Commandant Bertrand et Capitaine Lochard), il gagna Paris où il devait prendre contact avec deux officiers survivants du poste de Paris. Malheureusement, entre temps, ceux-ci avaient été à leur tour arrêtés et Guy de Saint-Hilaire se retrouva seul à Paris à la fin de décembre 1943.

Avec un courage et une ténacité qui étaient des composantes de son caractère, grâce à son intelligence et à son charisme, grâce aussi à l’aide de ses relations et en particulier du Général Revers, chef de l’O.R.A., il créa de toutes pièces le réseau Marco. Il était composé d’éléments de valeur, d’hommes et de femmes sûrs, qui étaient entièrement dévoués et profondément attachés à leur chef.

Le réseau Marco rendit dans la période cruciale de 1944 qui précéda le débarquement des services éminents à la cause de la Libération.

Ceux qui ont connu Guy de Saint-Hilaire garderont le souvenir d’un homme de qualité supérieure, d’un homme hors du commun. Adieu Marco “.

 

Puis notre Président national délégué lut L’hommage du Colonel Paillole

Des deux phases de l’action patriotique de Guy de Saint-Hilaire de 1940 à 1944, je ne sais la plus méritoire.

La première, la plus longue, la moins brillante mais non la moins exemplaire, est celle de juillet 1940 à août 1943 où le fonctionnaire rebelle met à profit les institutions d’État pour multiplier les actes de résistance à l’occupant et aux lois scélérates.

Recherché, il s’évade par l’Espagne et rejoint Alger fin septembre 1943. Le besoin d’action le dévore. La lutte clandestine l’appelle. Négligeant les dangers d’un retour en France, il accepte d’aller au secours de notre réseau de renseignement Kléber, décimé dans la région parisienne.

C’est la 2e phase de son action en métropole. Elle sera…




Page de recherche sur site

 
fourni par
Recherche personnalisée

Web
 
 
 
Loading

 

 

 




Extrait du Bulletin : Réseaux militaires et BMA

Par le Colonel Paul PAILLOLE

CETTE SACRÉE VÉRITÉ

Soucieux de dissiper bien des malentendus, des confusions et des jugements sommaires, hâtifs et souvent partiaux formulés à propos de l’action clandestine menée par les services spéciaux militaires de juin 1940 à la fin de l’année 1942, le Colonel Paillole nous livre ici le témoignage vivant de cette époque si contrastée, si controversée aussi et fait sortir de la nébuleuse des premières années de la résistance, le rôle joué par ses camarades et le sacrifice de nombre d’entre eux.

C’est encore et toujours la présentation inexacte, incomplète de l’opposition des militaires à l’oppression nazie de 1940 à 1942 qui m’incite à revenir sur un sujet que j’ai maintes fois traité. Je supporte mal l’image confuse qui est donnée de leur résistance et l’exploitation malveillante qui en résulte. Nous avons, moi le premier, notre part de responsabilité dans cet état de fait: trop de timidité, d’humilité, mais aussi et surtout, en face des exigences de l’HISTOIRE, une conception étriquée du devoir de réserve, pas toujours exempte de suffisance. Je serais satisfait si l’exposé qui va suivre limité au travail de nos réseaux clandestins et des Bureaux Menées Antinationales (B.M.A.) permettait une vue plus claire, une compréhension plus complète et juste de leurs rôles et actions respectives.  

Les militaires dans la résistance de 1940 à 1942 N’en déplaise aux irréductibles détracteurs de l’armée et à leurs complices médiatiques, il est désormais établi que les premiers actes de résistance à l’occupant, fin 1940, sont pour la plupart d’initiatives militaires.

On peut les classer schématiquement en trois groupes: – L’opposition à l’ennemi mais aussi au pouvoir de Vichy. La plus salutaire pour la FRANCE fut celle du Général de Gaulle. Elle reste dans l’HISTOIRE, le symbole du patriotisme et de l’honneur. Il y en eut d’autres diversement développées, la plus marquante étant celle de mon ancien de Saint-Cyr et ami Henri Frenay.

– Les réseaux clandestins issus du 5e Bureau de l’E.M.A.. Ils vont poursuivre leurs missions de recherche et de contre-espionnage contre l’Axe en marge des autorités vichyssoises.

– La résistance de l’armée de l’armistice orientée par les premiers chefs, Weygand, Frère, Verneau, du Vigier, Baril, etc.. dans un esprit de revanche et la préparation en secret d’une participation aux opérations alliées de libération. Ainsi naquirent dans les zones libres (métropole et A.F.N.) des institutions plus ou moins confidentielles et éphémères : camouflage du matériel (C.D.M.), mobilisation clandestine, section secrète du 2e Bureau de l’E.M.A. et Bureau des Menées Antinationales (B.M.A.). Je n’oublie pas les tribunaux militaires qui surent réprimer de 1940 à 1942 les entreprises des services spéciaux de l’Axe et de leurs auxiliaires.  

Naissance et caractéristiques des réseaux militaires clandestins

Le 26 juin 1940 à 18 heures, le Colonel Rivet et les cadres du 5e Bureau de l’E.M.A. dissous, font le serment à Bon Encontre (près d’Agen) de poursuivre en secret leur contrat. Le même jour à Brax (près de Toulouse) le personnel de ce 5e Bureau fait le même serment en présence du Colonel Malraison, adjoint du Colonel Rivet. Le 27 juin 1940, nous tirons les premières conséquences de cette résolution:

1 – La poursuite de la lutte est en opposition aux clauses de l’armistice. Elle exigera une organisation et des actions secrètes, hors des institutions officiel les. Elles seront indépendantes d’elles.

2 – Secret et sécurité imposent un cloisonnement rigoureux entre nos spécialistes: renseignement proprement dit, contre-espionnage, sécurité. C’est l’éclatement de nos services …




Memorial – biographies Ea-Ez

ENGEL

Édouard, Ignace

Pseudonyme: PLANTAGENET

 

 

Né le 11 mars 1892 à Bruxelles (Belgique) de Alphonse Engel  et de  Marie Engel Épouse Jeanne Engel Profession: journaliste Décédé le 25 décembre 1943  à  Buchenwald

 Réseaux: S.S.M.F./T.R., Bruno du S.R. KléberAgent P2

 

D’origine belge, Édouard Engel avait fait son service militaire en Belgique durant la guerre 1914-1918.

A trente -six ans, il s’était fait naturaliser français (12 décembre 1928). Il parlait le français, l’allemand, le flamand et le russe. Journaliste et directeur de journaux, il présidait le Syndicat professionnel des directeurs et éditeurs de journaux et  des publications  internationales “La Paix”. Il était également professeur au Collège des sciences sociales et membre du Comité national de la paix.

D’après les déclarations de son épouse, à son arrivée à Paris, il a pris contact avec les Services spéciaux de l’Armée, auxquels il va fournir des renseignements politiques et économiques (homologué agent P2 à partir du 1er juin 1941). Il dirige aussi une section de propagande et mène diverses autres activités.

Recherché par la Gestapo  dès juin 1940, il doit entrer dans la clandestinité (son appartement, 4 rue César Franck, Paris XVe, a été plusieurs fois fouillé).

Arrêté le 12 octobre 1942, il est déporté à Buchenwald où il meurt le 25 décembre 1943, comme en  témoigneront ses camarades Gaston Weil et Clémenceau de Vitry.

Édouard Engel, qui était chevalier de la Légion d’Honneur, officier d’Académie, chevalier de l’Ordre de Saint Pierre (Serbie), du Dragon d’Annam, de l’ordre polonais “Polonia Restituta”, officier de l’ordre de la Couronne, recevra la Médaille de la Résistance.

 

Références: Archives du Bureau “Résistance”


ESPARRE

Louis, Joseph, Pierre

Pseudonyme: L’INGÉNIEUR

 

 

Né le 29 octobre 1913  à  Toulouges (Pyrénées-orientales) de Pierre Esparre  et de  Isabelle Camo Epouse: Jacqueline Doucet Profession: ingénieur des Travaux Publics Décédé le 28 mai 1943  à  Suresnes (Mont Valérien) 

Réseaux: S.P. Ain 1940, Eleuthère, S.R. Air 40 (Normandie et Limoges)

 

Fils d’un fonctionnaire des P.T.T., Louis Esparre   avait fait ses études dans des institutions tenues par des Jésuites à Toulouse, sa ville natale, et à Marseille.  Licencié en droit, ayant fait l’École des Ponts et Chaussées à Paris, il  devint ingénieur des Travaux Publics.

Après son service militaire dans le Génie en 1934-1935, revenu à la vie civile, il fut affecté en 1937 dans l’Orne comme ingénieur des Ponts et Chaussées.

Au début de la guerre, il obtint le grade de sous-lieutenant. Remis d’…




Extrait du Bulletin : Défaite allemande sauva la france de démembrement

Par J. WULLUS-RUDIGER

Dans l’hebdomadaire belge ” Le Phare “, notre camarade J. WULLUS-RUDIGER, ancien professeur à l’Ecole de Guerre de Bruxelles, révèle quelques aspects des ambitions de l’Allemagne hitlérienne à l’égard de la France.

M. WULLUS-RUDIGER qui fut, en mai 1940, adjoint au Chef de la Mission Militaire française près le Gouvernement belge, puis membre de notre Réseau F.F.C. ” Kléber ” a été en mesure de prendre connaissance de documents secrets allemands établissant de façon irréfutable les projets nazis relatifs au démembrement de la France.

Voici l’essentiel de ce qu’il écrit :

Peu après la conclusion de l’armistice de Compiègne de 1940, Hitler, sans en référer à son ministère des Affaires étrangères, chargea le Secrétaire d’Etat Stuckart, du ministère de l’Intérieur, de lui soumettre un projet d’annexions au détriment de la France.

Il l’avertit qu’il entendait annexer le Nord de la France jusqu’à l’embouchure de la Somme, c’est-à-dire jusqu’à Abbeville.

Cette vaste région devait constituer une province (Gau) dans laquelle serait englobée la Belgique, à l’exclusion de la province de Luxembourg (celle-ci devant faire partie avec le Grand-Duché de Luxembourg, d’une autre province allemande comprenant l’Alsace-Lorraine, dont l’annexion pure et simple avait déjà été proclamée).

D’après le plan soumis à Hitler, la nouvelle frontière allemande dans le Nord de la France allait approximativement de l’embouchure de la Somme, à la région de Nancy ; d’où elle descendait vers la frontière suisse, à hauteur de Pontarlier.

En outre, le Führer envisageait l’annexion de la Bourgogne, sous prétexte que cette région avait été colonisée jadis par la peuplade germanique des Burgondes, qui lui donna son nom.

Cette annexion connut même un début d’exécution. Himmler décida en effet, de coloniser la Bourgogne en y installant des ménages tyroliens. Mais, par la suite, il lui sembla plus urgent d’installer ces Tyroliens en Crimée ! Il déclara alors nonchalamment à Frauenfeld, le 10 juillet 1942 : ” Il nous faudra donc trouver une autre peuplade ou une autre population pour coloniser la Bourgogne “. Et pour confirmer ce qui précède, M. Wullus-Rudiger ajoute :

Le 26 avril 1942, Goebbels notait dans son agenda : ” … En ce qui concerne la France, comme par le passé le Führer estime que jamais nous n’aboutirons à un accord avec elle en nous montrant conciliants.

Les propos évoquant une collaboration sont purement éphémères. Par ailleurs, à présent il veut voir des actes et non point entendre des paroles.

Il déclare : ” Quelle que soit l’issue de la guerre, la France devra la payer cher, car ” elle en fut la cause et l’a déclenchée. Elle sera ramenée à ses frontières ” de 1500 “, cela signifie que la Bourgogne fera retour au Reich. Cela nous rapportera un pays qui, en beauté comme en richesse, peut à peine être comparé à une autre province allemande … “

Quatre jours après, le 30 avril 1942, Goebbels notait : ” Si les Français savaient ce qu’un jour le Führer exigera d’eux, leurs yeux se rempliaient de larmes “.

En janvier 1944 encore, Goebbels écrivait dans ” Das Reich ” : ” Le peuple allemand réclame, comme un droit naturel, le droit de diriger les peuples de l’Europe “.

Nous livrons les témoignages ci-dessus à la méditation de ceux qui, à l’instar de Pierre LAVAL, préconisaient l’entente entre la France et l’Allemagne nazie.

 

A la vérité, dans l’Europe conçue par Hitler, la France n’aurait plus existé en tant que telle, pas plus que la Belgique d’ailleurs. C’est la coalition anti-hitlérienne qui a sauvé …




Extrait du Bulletin : Aldrich Ames, l’espion au coeur de la C.I.A.

La recherche de « Cette Sacrée Vérité » ne saurait exclure l’actualité et encore moins l’avenir. Ce titre se propose donc d’accueillir et de réunir les contributions traitant de nos préoccupations.

Notre bulletin s’enorgueillit d’ouvrir ses modestes colonnes à la prestigieuse signature de M. Pierre de Villemarest spécialiste incontesté des questions internationales. Ses analyses fines et précises voire percutantes sont régulièrement publiées dans la lettre d’information du Centre Européen d’Information qu’il a créé en 1971 (1)

Auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur L’U.R.S.S., comptant des abonnés dans dix-sept pays, il nous a semblé tout particulièrement désigné pour traiter de cette récente affaire d’espionnage révélée aux Etats-Unis.

 

Par Pierre de VILLEMAREST 

Depuis la chute du Mur de Berlin, des livres, des articles, des commentaires n’ont cessé, dans les medias, d’expliquer qu’avec la fin de la guerre froide, l’ère s’ouvrait d’une véritable coopération est-ouest et que seuls les nostalgiques de l’anti-communisme, les malades d’espionnite, ou ceux qui voulaient justifier le maintien des budgets des Services Spéciaux, entretenaient le mythe de la permanence de la subversion et de l’espionnage venant de l’Est. Au moment même où naissaient tardivement des soupçons sur Aldrich H. Ames, en 1993, … Stella Rimington, directeur du M.I.-5 britannique, exposait à Londres, devant un parterre d’initiés, « qu’avec la fin de la guerre froide s’était amorcé le déclin de l’espionnage, auquel se substituaient de nouveaux dangers : la prolifération des armements, la drogue… » Trente-six pages de la sorte, pour expliquer la nécessaire coopération avec Moscou, face à ces maux, comme le demandait Evgueni Primakov, le directeur du S.V.R. (qui a remplacé le Ier Directorat Principal du K.G.B., en janvier 1992, c’est-à-dire l’espionnage russe dans le monde).

Des arbres pour cacher la forêt! Une ambiance savamment entretenue dans nos pays contre « la stratégie du soupçon » dont parlait dans son dernier ouvrage David Wise, avec en sous-titre : « Enquête sur la paranoïa de la C.I.A. ». La traduction en a paru en France au moment même où Aldrich H. Ames, de décembre 1983 à 1990, chef du contre-espionnage de cette Agence pour les pays de l’ex-Empire soviéto-satellite, était arrêté.

Un coup de tonnerre dans le ciel d’un printemps dit du Nouvel Ordre International. On a crié au scandale : comment ? Existait-il encore un clan d’attardés à Moscou, — de suite comparé aux attardés de l’ouest — qui dans l’ombre du pouvoir voulait, pour justifier sa présence, relancer « la guerre froide »?

Désinformation totale : le S.V.R. avait pris la suite du K.G.B., et son agent Ames, au cœur de la C.I.A., était passé banalement de l’un à l’autre. A peine était-il arrêté qu’un éditorialiste du New York Times demandait, en titre : « La C.I.A. est-elle encore nécessaire? » (12-3-1994). Au même moment aussi, quatre officiers du S.V.R. et deux autres, du G.R.U., étaient expulsés d’Australie, où ils téléguidaient en commun le « travail » d’un traducteur spécialisé dans les documents secrets, au cœur du contre-espionnage de Canberra. Pas un mot là-dessus dans la « grande presse » européenne, où certains ont « surfé » sur la vague « Ames », pendant deux ou trois jours, en limitant d’ailleurs leurs comptes-rendus au spectaculaire, au détriment du fond de cette mer toujours recommencée qu’est l’espionnage, et particulièrement des détails qui déjà éclairaient cette affaire. Elle n’a d’équivalent que celle du groupe Burgess-MacLean-Philby-Blunt, du moins dans ses conséquences.

 

UN BILAN DEJA DRAMATIQUE

C’est Richard Haver, au siège de la C…