Priorité de la Défense américaine : Discours du Secrétaire à la Défense Pete Hegseth au Pentagone

Lors d’une conférence de presse tenue le 7 février 2025, le Secrétaire à la Défense des États-Unis, Pete Hegseth, a exposé sa vision pour le Département de la Défense sous la nouvelle administration. Insistant sur un retour aux fondamentaux militaires, il a défini trois priorités majeures : restaurer l’éthique du guerrier, reconstruire l’armée américaine et rétablir la dissuasion. Il a également affirmé son engagement envers une gestion plus efficace des ressources du Pentagone, une sécurisation renforcée de la frontière sud et une approche plus pragmatique des alliances internationales.

Discours de Pete HEGSETH, Secrétaire à la Défense américaine :

« C’est un honneur absolu de me tenir devant vous tous. Je suis reconnaissant. Je suis honoré. Les deux semaines que j’ai passées ici sont un rappel solennel, et à quelques reprises, un rappel solennel de la nature très particulière de ce que fait le ministère de la Défense.

Et je l’ai vu au bureau de l’Office of Secretary of Defense (OSD). Je l’ai vu chez tant de personnes avec lesquelles j’ai eu la chance d’interagir, et chez tant d’autres avec lesquelles je veux interagir, l’engagement solennel envers le devoir constitutionnel que nous avons tous, de protéger et de défendre la Constitution.

Qu’une administration parte et qu’une autre arrive, et cela peut entraîner de nombreux changements en fonction des élections qui ont eu lieu, des nouveaux dirigeants, des nouveaux décrets, des nouvelles directives et des ordres légaux.

Mais ce qui m’a le plus impressionné, c’est le professionnalisme des hommes et des femmes de tous les rangs qui reconnaissent pour qui nous travaillons, c’est-à-dire le peuple américain, pour la défense de notre nation.

Je tiens donc à remercier tous ceux qui nous regardent, tous ceux qui sont ici pour avoir participé à cette transition, ce que j’ai certainement beaucoup reconnu.

J’ai passé une grande partie de ma carrière dans l’armée, ce qui n’est pas autant que beaucoup d’entre vous qui essaient de fuir le mât du drapeau le plus vite possible.

Il semble maintenant que je sois le mât du drapeau.

Je reconnais et je comprends cette distinction. Mais ce que je veux apporter à ce travail et à l’éthique, c’est une reconnaissance des hommes et des femmes qui font le sale boulot toute la journée pour nous ici, partout dans le monde.

Chaque fois que je parle, ou chaque fois que j’étais dans ma vie professionnelle, j’étais à la télévision, j’étais sous les projecteurs et les projecteurs et les gens me regardaient, je prenais toujours du recul pendant une seconde pour penser aux hommes et aux femmes avec qui j’ai servi.

Les gens qui ne seront jamais présentés, qui n’auront jamais de micro. On ne les entendra jamais. Les hommes et les femmes avec qui vous savez que vous avez servi et qui sont les meilleurs des meilleurs de notre pays. C’est à eux que nous servons.

J’étais au téléphone tard dans la nuit hier soir, parlant aux familles de deux soldats qui ont eu un accident à Fort Stewart. J’étais au téléphone avec les trois, les familles des trois qui ont été perdus dans l’UH60 à l’extérieur de l’aéroport ici à Washington, DC.

Les coûts et les conséquences sont très réels, et vous le savez.

L’une des choses auxquelles je n’étais pas préparé, c’est que toutes les deux semaines, nous faisons un carnet de commandes à l’OSD où nous approuvons littéralement les commandes qui sortent. Cela ressemble à une formalité, mais après avoir reçu ces ordres où les dates et la mission comptaient vraiment, je regarde mes ordres et je me demande où je vais, qu’est-ce que cela signifie et combien de temps je reste là-bas.

Cela m’a fait l’effet d’un choc.

Chacune de ces signatures concerne un être humain dont la mission doit être importante et vitale pour l’intérêt national et pour notre ministère avant que je signe ce livre. Et c’est en grande partie mon engagement envers vous.

C’est aussi mon travail de ne pas maintenir le statu quo, comme le président Trump me l’a demandé.

Nous allons adopter des approches non conventionnelles. Nous allons agir vite, sortir des sentiers battus, être perturbateurs à dessein pour créer un sentiment d’urgence que je veux m’assurer d’avoir au sein de ce ministère. Et ce n’est pas pour mettre en cause quiconque a été ici ou quiconque est assis ici ou quiconque regarde.

Je n’ai pas besoin de vous dire que nous vivons une époque très dangereuse dans un monde où les puissances ascendantes, si elles avaient leur mot à dire, adoreraient s’élever et rejeter les forces, les capacités et les croyances de l’Occident.

L’Amérique est à l’avant-garde de ce mouvement.

Et en portant l’uniforme ici au ministère, c’est notre travail de nous assurer que nous créons l’effet dissuasif qui maintient la domination américaine dans le monde.

Et il y a beaucoup de gens, notamment – et je l’ai cité en public également – les communistes chinois qui cherchent par leur ascension une vision très différente du monde. Nous devons donc agir d’urgence et être prêts à comprendre ce que cela signifie. Et nous allons le faire.

Une partie de la façon dont nous appliquons cela est que je suis arrivé avec trois piliers que j’ai déjà répétés, mais je veux redire comment nous abordons cela à mon niveau.

Le premier est de restaurer l’éthique du guerrier.

Assurez-vous que nous revenons à l’essentiel. Notre mission est de dissuader les conflits et, si nécessaire, de vaincre et de détruire complètement, de démoraliser et de vaincre nos ennemis. C’est ce que nous faisons. Nous menons des guerres ici au ministère de la Défense, et nous voulons rétablir cette situation en nous concentrant sur la préparation, la létalité et la conduite de la guerre dans tous les domaines.

Hier, j’étais avec les surintendants de West Point et d’Annapolis à l’Académie de l’Air, hé, que faisons-nous là-bas pour faire avancer ces principes fondamentaux ? Que faisons-nous ici pour faire avancer ces principes fondamentaux de E-1 à – je suppose que c’est O-10, je n’ai même jamais dit ça. Et je sais que cette salle est O-6 et en dessous, ce qui m’a été dit était junior. D’où je viens, un O-6 n’est pas junior.

Donc, c’est un nouveau rôle pour moi aussi dans cette perspective.

Et je suis allé à Fort Bliss, j’ai rencontré – j’ai dit intentionnellement, hé, E-7 et au-dessus et O-3 et au-dessus ou O-4 et au-dessus déménagent. Je veux entendre les gens ici sur cette mission frontalière, comment cela vous affecte-t-il, vous et votre famille ? Quelle est votre mission ? Êtes-vous utilisé ? Comment cela affecte-t-il – je pense en fait que cela contribue à la préparation et – parce que vous faites une mission dans le monde réel, mais comment cela affecte-t-il tous ces aspects ?

Il est essentiel de restaurer l’esprit guerrier, et je pense que nous l’avons déjà constaté dans les chiffres du recrutement. Je pense que nous avons constaté un enthousiasme et une excitation chez les jeunes hommes et femmes qui veulent s’engager activement dans l’armée parce qu’ils souhaitent faire partie de la meilleure force de combat que le monde ait à offrir et ne pas faire beaucoup d’autres choses qui servent souvent, trop souvent, à diviser ou à distraire.

Il s’agit d’être prêt, de rester concentré, et je pense que vous l’avez vu dans de nombreux décrets présidentiels émis que nous avons repris. Et il peut y avoir une confusion à ce sujet. Mais de notre point de vue, pourquoi se débarrasser de quelque chose comme DEI ? Parce que de notre point de vue, cela a servi à diviser la force au lieu de l’unifier.

Et c’est quelque chose que j’ai dit assez publiquement, et ce que je veux, c’est être transparent avec ce bâtiment et tous ceux qui servent ici, dire la même chose en public que nous disons en privé, ce que j’espère que vous trouverez de nous.

Je pense que la phrase la plus stupide de l’histoire militaire est « Notre diversité est notre force ».

Je pense que notre force est notre unité, notre force est notre objectif commun, quelle que soit notre origine, quelle que soit la façon dont nous avons grandi, quel que soit notre sexe, quelle que soit notre race, dans ce département, nous traiterons tout le monde de manière égale. Nous traiterons tout le monde avec équité. Nous traiterons tout le monde avec respect. Et nous vous jugerons en tant qu’individu par votre mérite et par votre engagement envers l’équipe et la mission.

C’est comme ça que ça s’est passé. C’est comme ça que ça se passera.

Toute inférence contraire est destinée à diviser ou à créer des complications qui autrement ne devraient pas exister et n’existent pas.

J’ai servi tout au long de ma carrière avec des hommes et des femmes extraordinaires de tous les horizons. Ils étaient présents à mon témoignage au Congrès, ils ont été dans mon bureau, ils travaillent avec moi et pour moi maintenant. Leurs contributions sont immenses pour cette nation et sont appréciées de la même manière que pour tout le monde et c’est l’approche que nous allons adopter. Donc, restaurez l’éthique du guerrier.

La deuxième est de reconstruire notre armée.

Notre base industrielle de défense, notre processus d’acquisition, la rapidité avec laquelle nous mettons en œuvre de nouvelles technologies, la façon dont nous tirons les leçons des conflits dans le monde, la façon dont nous adaptons ce que nous finançons aux capacités et aux effets. Il y a beaucoup de programmes ici sur lesquels nous avons dépensé beaucoup d’argent et qui, lorsqu’on les utilise comme un jeu de guerre, n’ont pas l’impact souhaité.

L’un des avantages que j’ai, c’est que je ne viens pas de… je n’ai pas d’intérêts particuliers. Je n’ai pas d’expérience dans les systèmes ou les services. Je suis agnostique à ce sujet.

Je veux… cela signifie que je vais prendre beaucoup de flèches, et je suis prêt à le faire. C’est bien. Nous avons besoin des meilleurs systèmes entre les mains des combattants là où ils en ont besoin, aux COCOM pour dissuader et envoyer les signaux que lorsque le combat aura lieu, nous sommes prêts à gagner et à gagner de manière décisive.

Cela comprend un audit du Pentagone, qui, pour les Marines là-bas, vous avez tout compris et nous apprécions cela, maigre et méchant. Nous allons nous concentrer sur le fait que, au minimum, d’ici quatre ans, le Pentagone passe un audit sans faute.

Les contribuables américains le méritent. Ils méritent de savoir où vont leurs 850 milliards de dollars, comment ils sont dépensés et de s’assurer qu’ils sont dépensés à bon escient.

Auparavant, si vous demandiez un audit, vous sapiez d’une manière ou d’une autre le ministère. Je crois exactement le contraire.

Je crois que nous sommes responsables de chaque dollar que nous dépensons et que chaque dollar de gaspillage ou de redondance que nous trouvons est un dollar que nous pouvons investir ailleurs, comme le président Trump s’y est engagé, directement pour reconstruire l’armée de notre pays. La reconstruction de notre armée est donc essentielle.

Et troisièmement, il faut rétablir la dissuasion.

Malheureusement, au cours des dernières années, nous avons vu des événements qui se sont produits et qui ont créé une perception – réalité ou perception, mais je dirais plutôt une perception de la faiblesse américaine, que ce soit ce qui s’est passé en Afghanistan, d’ailleurs, pour lequel nous allons devoir rendre des comptes, nous méritons de rendre des comptes pour ce qui s’est passé en Afghanistan, pour ce qui s’est passé le 7 octobre, la guerre qui a été déclenchée en Ukraine.

Le chaos se produit lorsque la perception de la force américaine n’est pas complète. Nous cherchons donc à rétablir cette dissuasion, et cela commence par notre propre frontière sud. Cela commence par la défense de notre patrie.

Je pense que d’une certaine manière, ce ministère a eu l’impression au fil du temps que c’était la mission de quelqu’un d’autre. Nous avons passé beaucoup de temps, des décennies, ma génération et la vôtre, à défendre les frontières d’autres peuples à travers le monde, mais nous avons assisté à une invasion de la nôtre.

De la part de personnes du monde entier qui, j’en suis sûr, veulent pour beaucoup une vie meilleure. Je comprends cela. Mais nous ne savons pas non plus qui sont des millions d’entre eux, quelles sont leurs intentions, pourquoi ils sont ici – cela crée une menace très réelle pour la sécurité nationale du pays.

La sécurité des frontières est une sécurité nationale et, comme le président nous l’a dit, nous allons obtenir un contrôle opérationnel à 100 % de notre frontière sud et cela sera – doit être et sera – une priorité de ce ministère.

Je tiens à tirer mon chapeau au NORTHCOM, ils ont fait un travail incroyable au cours des deux premières semaines ici, en prenant ce décret exécutif, qui parlait de la défense territoriale de notre pays comme étant au cœur de la mission de défense, et en le mettant en œuvre.

D’une certaine manière, en utilisant les processus existants dont nous disposons, qui ne sont franchement pas assez robustes, mais aussi en planifiant et en anticipant la manière dont nous allons passer à une défense plus efficace et permanente, en repoussant et en scellant notre frontière sud, afin que nous sachions exactement qui entre et quand ils entrent, ils entrent légalement.

Et puis aussi la priorisation à travers le monde. Nous avons beaucoup d’atouts, mais pas des atouts illimités. Et donc, une partie de la priorisation consiste à donner du pouvoir à nos alliés et partenaires. Nous devons diriger le monde, cela ne fait aucun doute. Et le président Trump a été clair à ce sujet.

L’Amérique d’abord signifie que nous prenons soin de l’Amérique d’abord. Mais une partie de l’Amérique d’abord consiste à donner à nos alliés et partenaires les moyens d’être des multiplicateurs de combat, d’ajouter aux capacités dont nous disposons.

Je veux dire, ce sont des ventes militaires à l’étranger, des exercices, des partenariats de défense. Mais cela rappelle aussi à certains pays et à certaines régions du monde que l’Amérique ne peut pas être le garant de tout pour toujours dans un monde où nous devons donner la priorité à des menaces plus importantes à certains moments.

Vous allez donc voir ce genre de priorisation de notre part, qui, selon nous, va renforcer, dynamiser, encourager un plus grand partage des charges de la part des alliés qui nous sont chers, que nous soutenons, qui doivent également être prêts à intensifier leurs efforts.

Le président Trump a été le premier à le faire avec l’OTAN lors de sa première administration. Nous allons le faire à nouveau. Nous irons en Europe la semaine prochaine pour la réunion ministérielle de l’OTAN afin de parler à nos amis qui ont été et continueront d’être nos alliés.

Mais nous devons également les encourager à continuer d’accroître leurs dépenses dans le domaine de la défense. Le genre de choses que nous devons faire ici aussi, chez nous.

Donc, pour conclure, j’ai déjà parlé plus longtemps que je n’aurais dû. C’est vraiment un retour en arrière, de notre point de vue, un retour aux fondamentaux.

Lorsque le président Trump m’a choisi et m’a dit : « Pete, je veux que tu diriges le ministère de la Défense », il m’a demandé de ramener ce ministère à sa mission de combat, qui est au cœur de ses préoccupations.

La guerre, la létalité, la méritocratie, la responsabilité et la préparation. Les choses que nous – le – je – le fondement de ce que nous comprenons tous comme étant notre mission fondamentale.

Vous savez, j’étais à l’Académie des sergents-majors à Fort Bliss il y a quelques jours à peine pour parler à 500 futurs sergents-majors. Euh, ils sont les porte-étendards. Quelles sont les normes ? Je veux dire, et cela commence par les choses de base, n’est-ce pas ? Il s’agit des normes de toilettage, des normes d’uniforme, des normes de formation, des normes de condition physique.

Tout cela compte. C’est presque comme la théorie des vitres brisées de la police. Lorsque vous ignorez les petites choses des criminels, et je ne dis pas – je ne dis pas que si vous violez les normes de toilettage, vous êtes un criminel.

L’analogie est incomplète.

Mais si vous violez les petites choses et que vous les laissez se produire, les grandes choses, cela crée une culture où vous n’êtes pas tenu responsable des grandes choses. Je pense que la même chose existe au sein de nos services. Et nous nous assurons qu’à chaque niveau, il y a des normes et une responsabilité. Et que nous le vivons également au plus haut niveau.

C’est pourquoi nous allons, vous savez, revenir sur ce qui s’est passé en Afghanistan et demander des comptes aux gens. Pas pour être rétrospectifs, ni pour punir, mais pour comprendre ce qui s’est mal passé et pourquoi il n’y a pas eu de responsabilité pour cela. Ce genre de choses sont des exemples.

Mais j’apprécie simplement le service que beaucoup d’entre vous rendent. Je sais que beaucoup de gens regardent. C’est l’honneur d’une vie d’être à vos côtés. Personne ne travaillera plus dur. Personne ne sera plus… tentera d’être plus transparent avec le peuple américain et avec vous.

Nous voulons entendre vos commentaires. Et nous allons nous mettre au travail immédiatement. Et je suis reconnaissant au président Trump pour son leadership. Nous allons reconstruire l’armée et nous concentrer sur les troupes.




Souveraineté. L’Italie face à une perte de souveraineté : l’américanisation silencieuse de ses infrastructures stratégiques

L’Italie traverse une phase critique où son indépendance économique et géopolitique est mise à l’épreuve par une influence américaine croissante sur ses infrastructures stratégiques. La montée en puissance de BlackRock dans le secteur de la défense, l’intérêt d’Elon Musk pour les télécommunications et l’espace, ainsi que l’emprise progressive de la finance américaine sur les grandes entreprises italiennes posent un sérieux problème de souveraineté nationale. Cette pénétration, sous couvert d’investissements, pourrait transformer l’Italie en un simple rouage de la stratégie globale des États-Unis, limitant sa capacité de décision sur des enjeux cruciaux pour son avenir.

AASSDN Commentaire : L’arrivée de Donald Trump au pouvoir ne verra pas se réduire les pressions exercées par les Etats-Unis sur les pays européens dans les domaines stratégiques de l’économie, de la Défense et en particulier du renseignement.
Le principe politique « diviser pour régner » va continuer à s’appliquer par les Etats-Unis sur chacun des pays européens en fonction de leurs intérêts nationaux.

Cette politique probable des Etats-Unis conduira à une fragilisation et à une dépendance accrue des pays européens vis-à-vis de leur « grand allié », à moins qu’elle accélère le renforcement de relations privilégiées de certains pays qui souhaitent préserver leur souveraineté, c’est-à-dire leur liberté d’action politique. Ainsi ces pays pourraient développer des partenariats privilégiés avec d’autres pays dans le monde qui souhaitent, comme eux, ne pas entrer dans l’orbite d’une grande puissance.
 

L’Italie traverse une phase de transformation inquiétante : l’américanisation de ses infrastructures critiques. Ce phénomène, de plus en plus visible, ne relève pas uniquement de l’économie, mais aussi de la géopolitique et de la stratégie, avec des risques potentiels pour notre souveraineté nationale. Les récents développements, tels que l’acquisition de parts importantes de Leonardo par BlackRock et l’intérêt d’Elon Musk pour le secteur des télécommunications et de l’espace, illustrent clairement cette érosion progressive du contrôle italien sur des secteurs vitaux.

BlackRock : une pénétration financière déguisée en investissement

La récente opération de BlackRock, qui a dépassé 3% des parts de Leonardo, doit être perçue avec une extrême inquiétude. Il ne s’agit pas simplement d’un investissement dans une entreprise rentable : nous sommes face à une pénétration systématique de la finance américaine dans l’une des entreprises les plus stratégiques pour notre défense et notre sécurité nationale. Leonardo, acteur clé dans le secteur de la défense, est impliqué dans des projets sensibles tels que le programme F-35 et la mission Artemis, tous deux cruciaux pour notre politique de sécurité nationale.
La participation de BlackRock dans Leonardo représente un premier pas vers une influence croissante sur le contrôle de nos infrastructures stratégiques. Bien que la législation actuelle empêche les entités étrangères d’acquérir plus de 3% des actions avec droit de vote, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de danger. En effet, la simple présence d’un géant comme BlackRock dans la gestion de l’entreprise peut orienter les choix stratégiques et les alliances politiques de Leonardo vers les intérêts américains, au détriment de notre autonomie décisionnelle.

La finance américaine et le sacrifice de la souveraineté italienne

Ce n’est pas un cas isolé. Depuis quelque temps, le capitalisme américain s’infiltre dans les infrastructures critiques italiennes avec le soutien tacite ou explicite de nos gouvernements. BlackRock détient déjà des parts significatives dans d’autres entreprises italiennes, telles que Unicredit, Intesa Sanpaolo, ENI, Enel et Generali, renforçant ainsi son contrôle sur l’économie du pays. L’intervention dans le secteur de la défense est cependant particulièrement préoccupante car elle expose l’Italie à une vulnérabilité géopolitique sans précédent.
L’alliance entre la haute finance américaine et les actifs stratégiques italiens n’est pas qu’une question de profit : c’est une véritable opération de conquête silencieuse. Le risque est qu’à l’avenir, des décisions cruciales pour la sécurité nationale soient influencées par des entités étrangères, dont les intérêts pourraient ne pas coïncider avec ceux de l’Italie. Notre pays, de plus en plus lié aux États-Unis, risque de devenir un simple satellite de la politique américaine, perdant ainsi sa capacité à déterminer son propre destin dans un contexte mondial de plus en plus instable.

Elon Musk : un magnat avec trop de pouvoir

À ce scénario inquiétant s’ajoute l’intérêt d’Elon Musk pour l’Italie. L’entrepreneur américain, à la tête de « géants » comme Tesla, SpaceX et Starlink, a déjà manifesté son intention d’étendre son empire en Italie, en tirant parti de ses relations privilégiées avec le gouvernement Meloni. Son attention se porte principalement sur les secteurs des télécommunications et de l’espace, des domaines qui représentent l’avenir des infrastructures mondiales.
Musk n’est pas seulement un entrepreneur visionnaire, mais c’est aussi un acteur géopolitique avec un pouvoir énorme. Le contrôle qu’il exerce via son réseau satellitaire Starlink, par exemple, pourrait facilement se traduire par une influence directe sur les communications mondiales, avec des conséquences dévastatrices pour la souveraineté des pays qui dépendent de ses technologies. Si l’Italie permet à Musk d’entrer dans le secteur des télécommunications ou de l’espace, nous risquons de céder une autre partie cruciale de notre autonomie à une figure dont l’intérêt est de renforcer la domination américaine à l’échelle mondiale.

Une étreinte mortelle : les conséquences pour l’Italie

L’américanisation des infrastructures italiennes ne peut être considérée comme un phénomène neutre ou positif. Nous sommes face à une menace pour notre souveraineté, qu’elle soit économique, technologique ou géopolitique. Les secteurs les plus stratégiques, tels que la défense, l’énergie et les télécommunications, tombent progressivement sous le contrôle d’acteurs étrangers qui agissent selon des logiques de pouvoir global et non en fonction des intérêts nationaux italiens.
La présence croissante d’acteurs américains dans nos entreprises stratégiques expose l’Italie à des vulnérabilités dangereuses. Un pays qui ne contrôle pas ses infrastructures critiques est un pays qui ne peut pas déterminer son avenir de manière autonome. C’est la direction que nous prenons et le risque existe que cela devienne irréversible. L’Italie risque de se transformer en une pièce de la stratégie géopolitique américaine, incapable de résister à des pressions extérieures et contrainte d’accepter des décisions qui sapent sa souveraineté.

Il est temps de stopper cette invasion silencieuse !

L’Italie est face à un choix crucial : défendre sa souveraineté ou se soumettre à une dépendance croissante envers les États-Unis et leurs géants financiers et technologiques. Si nous continuons sur cette voie, nous risquons de devenir un pays incapable de protéger ses intérêts stratégiques, laissant d’autres décider à notre place.
Il est essentiel que le gouvernement italien prenne des mesures pour limiter l’influence américaine sur nos infrastructures critiques, en défendant les intérêts nationaux et notre capacité d’autodétermination. L’Italie doit rester un acteur indépendant sur la scène internationale, capable de décider de son propre avenir sans subir des pressions indues de puissances étrangères.
L’américanisation de nos infrastructures est une menace réelle. Le moment d’agir, c’est maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

Giuseppe GAGLIANO
Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis
Membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R
CF2R
Septembre 2024




Carrière. Manuel Alvarez, du réfugié espagnol au général cinq étoiles : un destin hors du commun

Arrivé en France à l’âge de sept ans après avoir fui le franquisme avec sa mère, Manuel Alvarez a suivi un parcours exceptionnel. Engagé dans l’armée de l’Air à quinze ans comme mécanicien, il a gravi tous les échelons jusqu’à devenir général cinq étoiles et inspecteur général des armées. Premier officier mécanicien à atteindre un tel grade dans l’histoire de l’armée de l’Air, il incarne une réussite exemplaire fondée sur le mérite et l’engagement. De passage à Perpignan dans le cadre d’une campagne de recrutement, il délivre un message fort aux jeunes générations : « Osez, osez et encore osez ! ».

AASSDN Commentaire : Dans cette interview donnée à France Bleu/ici Roussillon, le général d’armée aérienne Manuel Avarez de l’armée de l’Air et de l’Espace française, décrit son parcours depuis son arrivée en France, étranger devenu Français, d’apprentis mécanicien à sa fonction d’inspecteur général des Armées.
A ceux qui sont travailleurs et reconnaissants envers la France qui les accueille, il affirme que tout étranger à la possibilité non seulement de s’assimiler à la Nation mais aussi à y développer ses talents.
Encore faut-il le vouloir et vouloir servir sa patrie d’adoption !

Ses propos rappellent ceux du lieutenant-colonel Amilakwary, alors qu’il commandait la 13e demi-brigade de Légion étrangère : « Nous, étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle ». Il tombe mortellement blessé quelques mois plus tard.

Arrivé dans les Pyrénées-Orientales à l’âge de sept ans après avoir fui le franquisme avec sa mère, Manuel Alvarez s’est engagé dans l’armée à l’âge de 15 ans. Il est aujourd’hui l’un des plus haut-gradés de l’armée française. Interview avant sa venue ce vendredi à Perpignan.

C’est un parcours hors norme, l’histoire d’un enfant qui fuit l’Espagne franquiste avec sa mère. Manuel Alvarez arrive dans les Pyrénées-Orientales, au Boulou, au début des années 70. Il a alors sept ans et ne parle pas français. À quinze ans, il s’engage dans l’armée, devient mécanicien 2e classe de l’armée de l’air. Aujourd’hui, Manuel Alvarez est général cinq étoiles, l’un des plus haut-gradés de l’armée française, Inspecteur général des armées. Le général était l’invité de ici Roussillon ce vendredi matin avant sa venue à Perpignan dans le cadre de la campagne de recrutement de l’armée de l’Air et de l’Espace, organisée ce week-end dans les Pyrénées-Orientales.

ici Roussillon : Pouvez-vous commencer par nous raconter votre arrivée en France et dans les Pyrénées-Orientales ?

Général Manuel Alvarez : En fait, rien ne me prédestinait à vous parler ce matin. Moi, je suis né il y a bientôt 60 ans dans la région la plus pauvre d’Espagne et les circonstances de la vie ont fait que, à l’âge de deux ans, il ne me restait plus que ma mère et ma grand-mère maternelle. Nous vivions sous le franquisme dans des conditions très rustiques puisqu’on habitait dans une maison où il n’y avait pas d’eau courante, pas d’électricité. Et la première mission de ma grand-mère le matin était de prendre deux récipients sur ses hanches et d’aller chercher l’eau à la fontaine du village. À quatre ans, nous avons émigré vers la Catalogne qui à l’époque était l’une des deux régions d’Espagne où il y avait un peu de travail. Et là, on a rejoint ma tante, la sœur de ma mère. Et puis ma mère, qui était donc veuve avec moi, s’est mariée avec un ouvrier agricole, veuf avec cinq enfants, qui avait déjà franchi la frontière et qui travaillait en France entre le Boulou et Montesquieu.

Vous avez alors sept ans et vous ne parlez pas un mot de français !

Mais l’école de la République m’a pris sous son aile. Et l’intégration a été assez aisée, d’autant plus que j’étais bon élève. À la maison, les conditions étaient assez dures. Par exemple, on n’a jamais eu de cadeaux à Noël, ce n’était pas possible. Mais j’ai passé une enfance heureuse. On était jeunes, on était dans la nature et puis on était assez nombreux pour toujours pouvoir s’amuser. Donc je garde de cette période de mon enfance dans les Pyrénées-Orientales un souvenir très heureux.

Vous êtes donc à l’école au Boulou puis au collège de Céret. À quinze ans, vous rejoignez l’armée. Pour quelle raison ?

Parce que c’était l’engagement qui me semblait le plus fort. Parce que quand on s’engage dans l’armée, on est prêt à donner sa vie. Moi je suis arrivé au Boulou et, comme je dis souvent, j’ai goûté la viande de bœuf à la cantine de l’école. J’ai pris ma première douche en France. Cela ne veut pas dire que je ne me lavais pas avant mais, petit à petit, je me suis rendu compte des opportunités que m’offrait ce pays d’accueil, la France, par rapport à ce que j’aurais pu faire en Espagne. Et donc, petit à petit, a germé en moi l’idée de rendre à ce que mon pays d’accueil m’offrait. J’étais donc prêt à donner ma vie pour ce pays d’accueil. Je me suis renseigné et j’ai été plutôt attiré par l’aéronautique puisque je faisais des maquettes d’avions quand j’étais en quatrième et en troisième. Je me suis tout naturellement orienté vers l’armée de l’Air. Je me suis engagé dès que j’ai pu. A quinze ans, j’ai réussi le concours pour m’engager à l’école d’enseignement technique de l’armée de l’Air à Saintes, en Charente-Maritime où on forme les apprentis-mécaniciens.

Vous devenez donc technicien de l’armée de l’Air, vous êtes soldat de deuxième classe et vous allez alors ensuite gravir tous les échelons de l’armée française. Première classe, caporal, officier jusqu’à ce grade exceptionnel aujourd’hui de général cinq étoiles. Comment est- ce possible ?

Personnellement je ne savais pas que c’était possible de partir tout en bas de l’échelle, d’arriver tout en haut dans l’armée. Oui, c’est possible. Parce que les armées sont une des institutions qui offre le plus de perspectives. Ça s’appelle l’escalier social. Alors je sais bien que dans la langue française, l’expression consacrée, c’est l’ascenseur social. Mais bon, l’ascenseur, on appuie sur le bouton et ça monte tout seul. Là, l’armée vous offre des opportunités et c’est à vous de faire l’effort de gravir les marches. Ce n’est pas gratuit. Il faut le vouloir.

Mais comment avez-vous fait ? Il faut passer des concours, participer à des missions à l’étranger ?

Je suis arrivé à Saintes et, à l’époque, il y avait 600 jeunes qui rentraient tous les ans. Et parmi ces 600, il y avait un concours pour faire une classe de seconde scientifique.  Si on n’avait pas le niveau, on retournait dans le tronc commun. J’ai franchi les paliers un à un. Je suis monté en grade :  deuxième classe, première classe, caporal, caporal, chef. Et puis j’ai passé le concours de l’Ecole des officiers de l’armée de l’Air.

Aujourd’hui, vous êtes inspecteur général des armées. Vous êtes directement sous les ordres du ministre des Armées. Franchement, imaginiez-vous enfant atteindre un tel niveau de responsabilités ?

Non, non, jamais. D’autant plus que dans l’armée de l’Air, il y a trois corps d’officiers. Il y a les pilotes, ce qu’on appelle le personnel navigant. Ensuite, il y a le corps des officiers mécaniciens. C’était mon cas, j’étais ingénieur en télécommunication. Et puis ensuite il y a les officiers des bases de tous les autres métiers : contrôleurs aériens, administratifs, renseignements… Et jusqu’à présent, en 90 ans d’histoire de l’armée de l’Air, il n’y avait jamais eu un officier mécanicien général cinq étoiles. Je suis donc le premier donc c’était encore moins imaginable ! J’ai ouvert une voie. Comme je le dis souvent pour blaguer, ils ont fait ça par ordre alphabétique et comme je m’appelle Alvarez…  Sérieusement, jamais je n’aurais pu imaginer en être là aujourd’hui.

Vous serez ce (vendredi) soir à Perpignan. Qu’est-ce que vous comptez dire, quel message voulez-vous envoyer à celles et ceux qui vont venir vous écouter ?

Le message c’est « osez, osez et encore osez ! » Si vous avez des rêves, allez-y et osez ! Aujourd’hui les jeunes vont changer plusieurs fois de métier dans leur vie. Donc il ne faut pas rester immobile. Il faut tenter des choses. Et puis parfois c’est la vie qui choisit pour vous.

Simon COLBOC
Ici Roussillon
7 février 2025

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Nucléaire : Où en est aujourd’hui la filière nucléaire française ?

La Commission d’enquête de l’Assemblée nationale a rendu un verdict clair : la perte de souveraineté énergétique de la France résulte d’un affaiblissement de sa filière nucléaire. Le rapport souligne la nécessité de renforcer le cycle du combustible et d’investir dans la 4e génération de réacteurs afin d’assurer une autonomie totale. Actuellement dépendante de la Russie pour le ré-enrichissement de son uranium de retraitement, la France fait face à une vulnérabilité stratégique préoccupante. Face aux risques géopolitiques croissants, des mesures s’imposent pour relancer une filière nucléaire robuste et garantir une souveraineté énergétique durable.

AASSDN Commentaire : Cet article sur la filière nucléaire fait le point sur l’état de notre filière nucléaire et rappelle les les décisions politiques désastreuses prises essentiellement sous la pression des partis écologistes soutenus par des ONG anti-nuclaires soutenues par certains pays européens.

Pour renforcer sa souveraineté et sa puissance économique, la France doit retrouver et développer une fière complète et cohérente capable de fournir de manière continue, une énergie nationale, en quantité, bon marché et la moins polluante possible.
C’est la condition première pour conduire une politique de réindustrialisation et permettre notamment l’installation de data center, gros consommateurs d’énergie électrique, mais indispensables au développement de l’intelligence artificielle, secteur hautement stratégique dans lequel la France a un important potentiel de Recherche et développement.

Le 30 mars 2023 était clôturée la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France. Après six mois de travail et l’audition sous serment de 88 personnes (experts et scientifiques, dirigeants du secteur énergétique et des organismes de régulation, hauts fonctionnaires en charge des dossiers énergétiques, anciens ministres, anciens Premier ministres et même – fait inédit dans l’histoire des commissions d’enquêtes parlementaires – deux anciens présidents de la République), la trentaine de députés placés sous la présidence de M. Raphaël Schellenberger concluait à la nécessité de « refaire de la filière nucléaire la grande force française » et soulignaient la nécessité d’un « renforcement du cycle du combustible ».

Le cycle français du combustible

Pourquoi insister sur cette question du cycle du combustible ? Quels en sont les enjeux exacts ? Selon le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), « le cycle du combustible correspond aux différentes étapes d’extraction, fabrication, retraitement puis recyclage du combustible des centrales nucléaires. Son retraitement permet de récupérer l’ensemble des matières réutilisables et de réduire en parallèle le volume et la toxicité des déchets. »

Après avoir été extrait de la roche, l’uranium doit être converti, enrichi et conditionné sous forme de « crayons de combustible » avant d’être introduit dans un réacteur nucléaire. Après 4 années d’utilisation, ce combustible, dit « usé », doit être retiré du réacteur. Il se compose alors de 4% de déchets ultimes, c’est-à-dire d’éléments non réutilisables issus de la fission de l’uranium, et de 96 % de matières réutilisables possédant encore un potentiel énergétique. D’un côté, l’uranium extrait du combustible usé peut être ré-enrichi. C’est ce qu’on appelle l’uranium de retraitement (URT). D’un autre côté, une nouvelle matière qui s’est formée dans le réacteur, appelée plutonium, peut être recyclée sous la forme d’un nouveau combustible, le MOX, à partir duquel 10% de l’électricité française sont produits. Ce constat a amené la France à mettre en place une stratégie de cycle « fermé » qui prévoit le recyclage des combustibles usés en récupérant toute la matière réutilisable. L’objectif visé est triple : économiser la ressource en uranium ; diminuer les quantités de déchets radioactifs ; réduire leur toxicité.

Consolider la filière

Aujourd’hui, le recyclage de l’uranium de retraitement (URT) a lieu en Russie dans l’usine sibérienne de Seversk (anciennement Tomsk-7). Grâce à ce partenariat noué par EDF avec l’entreprise publique russe Rosatom, le combustible usé est recyclé pour servir de nouveau de combustible – sous le nom d’uranium de retraitement enrichi (URE) – dans les centrales nucléaires françaises à eau pressurisée.

L’intérêt est également économique, le prix de l’uranium ayant été multiplié par 5 en moins de 10 ans (le prix spot est aujourd’hui à plus de 100 dollars la livre. Enfin, la valorisation de l’uranium de retraitement (URT) a l’avantage d’éviter son stockage. En effet, avant qu’EDF ait passé cet accord avec Rosatom, des dizaines de milliers de tonnes d’URT étaient stockées sur le site de Tricastin, faute de mieux. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ce stock pourrait être résorbé « à l’horizon 2050 ».

À l’issue du processus de ré-enrichissement, le nouveau combustible (URE) repart en France tandis que la matière appauvrie reste en Russie, chez l’enrichisseur. Cet uranium qui a été appauvri deux fois reste pourtant une matière valorisable. Il peut en effet être réutilisé dans des réacteurs nucléaires à neutrons rapides, dits « de 4e génération ». La Russie en compte actuellement trois et elle en construit de nouveaux. La France qui a eu trois prototypes – Phénix (arrêté en 2010), son évolution Superphénix (abandonné dès 1997 suite à une décision de Lionel Jospin), Astrid (abandonné en 2019 suite à une décision d’Emmanuel Macron) – n’en a plus aucun.

D’où la proposition 26 faite par la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale d’« accentuer le soutien aux technologies liées à la 4e génération nucléaire ». De tels réacteurs, équivalents à ceux que possèdent la Russie (et l’Inde), permettraient de « multi-recycler » le combustible usé et même d’utiliser presque tout l’uranium appauvri (résidu de la fabrication du combustible) présents sur notre territoire, avec à la clé plusieurs milliers d’années de ressource énergétique. Cette technologie, qui permettrait de fermer complétement le cycle de l’uranium, est la brique manquante du nucléaire français.

Une autres faiblesses sont ses capacités insuffisantes pour réenrichir l’uranium de retraitement (URT) sans l’aide de la Russie… Si Orano dispose en théorie de cette capacité de ré-enrichissement dans son usine Georges-Besse II, l’entreprise successeur d’Areva n’a pas l’équipement nécessaire pour assurer la phase préliminaire de conversion : principalement pour des raisons économiques et industrielles et non technologiques. C’est ce qui explique qu’EDF ait dû se tourner vers Rosatom qui fait partie du club restreint d’acteur à fournir cette capacité.

Risques géopolitiques 

Est-il besoin de souligner qu’il s’agit dans le contexte géopolitique actuel de deux dangereuses vulnérabilités ? Certes, le domaine du nucléaire civil est pour l’instant exclu des sanctions. Et pour cause ! Il y a sur le sol européen 18 réacteurs de conception russe, tandis que 20% de l’uranium importé par l’Union européenne vient de Russie. Mais parier qu’il en sera toujours ainsi est risqué, car qui peut dire comment évoluera la guerre ? Les rapports économiques entre l’Occident et la Russie font-ils autres choses que se dégrader au fil des mois et de la multiplication des sanctions ? Le Sénat américain n’a-t-il pas voté l’année dernière une loi à l’unanimité interdisant les importations d’uranium enrichi en provenance de Russie ? Certes EDF est robuste et Orano – acteur français du combustible nucléaire parmi, classé au 3e rang mondial du secteur- lui assure la plus grande partie de ses besoins. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une vulnérabilité à combler.

En admettant même que le nucléaire civil européen soit préservé, la coopération entre EDF et Rosatom autour du ré-enrichissement de l’URT pour créer un nouveau combustible pourrait tomber sous le coup de sanctions indirectes. C’est du moins ce que laissent présager les récentes sanctions prises par les États-Unis et le Royaume-Unis contre les principaux assureurs maritimes russes dans le cadre de leur lutte contre la « flotte fantôme ». Le convoiement de l’uranium de retraitement (URT) vers la Russie, puis de l’uranium de retraitement enrichi (URE) vers la France, se fait en effet sur des navires russes spécialisés disposant d’assurances sur-mesure. Si, à cause d’une mauvaise évaluation de l’« effet boomerang » de ses décisions, l’Union européenne en venait à sanctionner elle aussi ces assureurs russes toute cette chaîne logistique serait compromise. Comment imaginer en effet que des navires transportant des tonnes de combustible nucléaire puissent naviguer sans assurance ?

Devant de telles incertitudes, la France doit réagir. Elle a commencé à le faire. Orano investit 1,7 milliard d’euros pour augmenter de 30% les capacités d’enrichissement de son usine de Tricastin à Pierrelatte dans la Drôme. Même s’il faudra attendre au moins 2028 pour que cette nouvelle usine entre en fonctionnement, l’initiative doit être saluée. Des mesures comparables devraient être prises pour développer une capacité propre de ré-enrichissement de l’uranium de retraitement (URT). Cet objectif n’est pas inatteignable à moyen terme. Enfin, il vaut voir plus loin et, comme la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale le demande, il faut relancer la construction d’un prototype de réacteur nucléaire à neutrons rapides, dit « de 4e génération ». Ce n’est qu’en bouclant le cycle du combustible que la France assurera sur le long terme son indépendance énergétique et donc son indépendance, tout court.

Charles de BLONDIN
Revue Conflits
21 janvier 2025




Pierre Brochand : “L’immigration actuelle est une menace existentielle pour la France”

Dans une rare prise de parole, l’ancien directeur de la DGSE livre une analyse implacable de la situation migratoire en France. Il dénonce un phénomène massif et incontrôlé, porté par une idéologie qui paralyse l’action politique et compromet la souveraineté nationale. Selon lui, l’absence de contrôle strict entraîne un bouleversement profond du tissu social, avec des conséquences irréversibles sur l’identité et la stabilité du pays. Face à cette situation, il appelle à un sursaut collectif pour préserver l’avenir de la France.

AASSDN Commentaire : Dans cette interview donnée à la revue Valeurs actuelles, Pierre Brochand décrit ce que la plupart des Français constatent, explique ce que trop de responsables politiques ne veulent pas dire et dit clairement ce qu’il faudrait faire de toute urgence. Il y faut du courage.

Napoléon, qui en avait,  ne disait-il pas à juste titre « qu’un homme sans courage est une chose » C’est encore plus vrai, 2 siècles plus tard !

L’ancien patron de la DGSE, très rare dans les médias, pose un regard implacable sur une situation migratoire mortelle pour la France. Il lance un appel au sursaut.

Valeurs actuelles. Les derniers chiffres de l’immigration laissent entrevoir un phénomène plus massif que jamais. Vous qui avez appelé à un contrôle strict de l’immigration, comment réagissez-vous ?
Pierre Brochand.
​Avec consternation, mais aussi exaspération. Car, après cinquante ans d’inaction, la déploration finit par lasser. Si je suis sorti de la réserve qu’imposaient mes fonctions antérieures, c’est parce que j’estimais de mon devoir, au nom de l’expérience accumulée, d’avertir mes concitoyens des périls non pas de l’immigration en général mais de celle que nous subissons actuellement.

​C’est pourquoi, à mes yeux, constater que le phénomène se poursuit et s’amplifie défie l’entendement alors même que le recul est désormais suffisant pour dresser un bilan, globalement très négatif. Au moment, aussi, où, sondage après sondage, une grosse majorité de Français (des deux tiers aux trois quarts) partage ce jugement. Car les statistiques ne concernent pas seulement les arrivées irrégulières mais également les titres de séjour légaux et semi-légaux (demandes d’asile), délivrés – théoriquement – en pleine souveraineté et dont l’accroissement est encore plus stupéfiant. Comment ne pas déceler, dans cet aveuglement, une pulsion suicidaire, que rien ne semble vouloir contrarier ?

Que manque-t-il à nos dirigeants ? De la lucidité ? du courage ? des moyens ?
Je ne crois plus au manque de lucidité. Au long de mon parcours, j’ai eu l’occasion de converser, en privé, avec nombre de responsables de tous bords : leurs propos sur l’immigration, quand ils ne se sentent pas surveillés, vous étonneraient par leur sévérité. Force est, donc, de dénoncer une absence de courage, car la carence des moyens n’est qu’une conséquence.

​Pour expliquer ce double jeu, il convient de remonter aux causes. Car, avant la satisfaction d’intérêts économiques, ce qui nous arrive découle d’une idéologie, hégémonique depuis un demi-siècle, qui donne la priorité absolue aux droits des individus, d’où qu’ils viennent, sur les institutions, censées les réguler, désormais en voie de déconstruction. À commencer par la plus éminente, l’État national, réduit à garantir et promouvoir des prérogatives privées, au rebours de sa mission d’intérêt général : la protection de la collectivité, sur un territoire, délimité par des frontières. Soit, de fait, un désarmement unilatéral, que le reste du monde se garde bien d’imiter.

​Puisque ce nouveau dogme exclut d’emprisonner les corps, il use, pour régner, de la manipulation des esprits. Avec, pour sanction suprême, l’excommunication, c’est-à-dire la mort sociale de ceux qui osent récuser le mythe de la bienveillance universelle. Le nouvel évangile est « l’État de droit », florilège de principes abstraits, décrétés supérieurs à la volonté populaire. Le paradoxe veut que nos « dirigeants », issus de cette volonté, endossent son abaissement. D’après ce que j’ai observé, leur hantise est d’échapper aux anathèmes, briseurs de carrières (racisme, extrême droite). Pourtant, dans la pratique, rien ne leur interdit de modifier « l’état du droit » tout en préservant « l’État de droit », distinction capitale que la doxa s’emploie à gommer. En bref, si nos élites ne sont pas au rendez-vous, c’est, avant tout, par terreur du bannissement, hors du « cercle de la raison », ce petit village où l’on se blottit, bien au chaud, et dont il ne fait pas bon sortir.

Le discours n’est-il pas aujourd’hui plus libre sur ces questions ?
Il est vrai que la parole est moins unanime et la dissidence, plus étayée, comme en attestent les travaux de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID). Mais, pour l’instant, cette brèche n’est qu’entrebâillement. Car, à s’en tenir au seul critère qui vaille – la dimension des flux entrants -, l’intimidation fonctionne encore. Ce ne sera que le jour, s’il advient, où la tendance s’inversera, que nous pourrons respirer. Mais, d’ici là, gardons-nous de tout « wishful thinking » (« vœu pieux »). J’en veux pour preuve ironique la énième loi de « maîtrise de l’immigration », adoptée en janvier 2024, dans un grand tumulte, alors qu’au final, son principal effet – après nettoyage du Conseil constitutionnel -est d’aggraver la situation, en instaurant un droit à régularisation pour « métiers en tension ». En cette matière, comme en bien d’autres, la sagesse est d’imiter saint Thomas.

Que pensez-vous du tandem RetailleauDarmanin ?
Je répugne à porter des jugements sur les personnes, surtout quand elles sont aux prises avec les contingences de l’action, par opposition à ceux qui – comme moi – les tancent depuis le banc de touche… C’est pourquoi j’adopte l’expression « nos dirigeants », afin d’imputer le désastre à l’ensemble de la classe politique, aux affaires depuis des décennies, sans charger les responsables actuels davantage que leurs prédécesseurs. En outre, j’ai bien conscience des limitations que leur dicte la configuration parlementaire du moment. Il n’empêche. En aucune circonstance, pas même celles-ci, on ne saurait confondre les paroles et les actes : les premières, fussent-elles les mieux intentionnées, restent nulles et non avenues tant qu’elles ne sont pas suivies de résultats – en l’occurrence la réduction significative de l’immigration, que nous attendons toujours.

Bruno Retailleau a déclaré que l’immigration n’était plus « une chance » pour la France. Est-ce un bon début ou ne sont-ce encore que des mots ?
Je ne peux que partager cet avis. Mais il est étrange que le fait de l’émettre en 2025 soit célébré. Regardons les choses telles qu’elles sont. Tout compris, nous ouvrons la porte à au moins 500 000 personnes par an, venues pour rester. Elles sont, pour l’essentiel, originaires d’un tiers-monde dysfonctionnel, à majorité musulmane, de mœurs communautaires et patriarcales, animées pour beaucoup d’un ressentiment historique et d’une culture de l’honneur hors du temps. À quoi s’ajoutent un faible niveau d’éducation et une propension logique à surcharger services publics et budget social.

​Une fois installés, ces nouveaux venus forment des isolats, où la pression sociale s’inverse au détriment de l’intégration et a fortiori de l’assimilation : d’où le fait – jamais vu – que les jeunes générations divergent du pays d’accueil davantage que leurs ascendants. Au point de ranimer les clivages « non négociables » qui ont causé nos pires malheurs : la discorde religieuse, l’antagonisme colonial, le fléau du racialisme. Sans compter des comportements prémodernes, un alternationalisme parfois agressif, des opportunités d’ingérence pour les pays d’origine et des risques d’importation de toutes les querelles de la planète.

​Personnellement, je perçois plutôt, dans ce tableau, les indices d’une grosse « malchance », avec pour seule consolation que nous en sommes les auteurs.

​Bien sûr, à ces « amalgames » échappent nombre d’individus. Mais précisément, si nous nous sommes trompés de diagnostic, c’est parce que nous n’avons voulu voir que des individus, en oubliant les liens naturels et culturels qui les réunissent en peuples, déterminés à persévérer dans l’être. Si bien qu’aujourd’hui, selon une évaluation purement subjective, j’estime que l’assimilation n’intéresse qu’un dixième, et l’intégration un tiers des immigrés et descendants. Le reste relevant de la mystérieuse catégorie des « inclus », parmi lesquels le spécimen, jusqu’ici inconnu, du « Français francophobe ». Si l’on souscrit à ces proportions, l’échec apparaît colossal.

Êtes-vous favorable à des statistiques ethniques ?
​À l’évidence. Car les statistiques fondées sur la nationalité perdent de leur pertinence au fur et à mesure que les étrangers deviennent automatiquement français, sans perdre les traits qui en faisaient des allogènes. De toute façon, si l’on entend traiter un problème, il importe d’en connaître toutes les dimensions. Prendre en compte la culture et la religion, pour mieux appréhender des communautés largement endogamiques, n’a rien de scandaleux. C’est tout simplement préférer la connaissance à l’ignorance, et les faits mesurables à la polémique. Sinon, autant fermer le Quai d’Orsay et les services de renseignements, où ces paramètres sont d’usage quotidien.

Les « territoires perdus de la République » le sont-ils définitivement ?
​La question est grave et la réponse, difficile. L’immigration obéit à des lois simples. Ses courants sont cumulatifs : ils créent des « stocks » – les diasporas -, qui entraînent de nouveaux flux, par autoengendrement. Stocks eux-mêmes constamment accrus par le différentiel de natalité entre indigènes et allogènes. Sont alors franchis des seuils qui « renversent la vapeur », au sein de micro-contre-sociétés enclavées (1 500 environ aujourd’hui). D’où une partition, dont la seule issue, quand absorption et intégration capitulent, est une violence multiforme, opposant des souverainetés concurrentes sur un espace donné.

​Cet état de choses est-il réversible ? Ce qui est certain, c’est qu’il le sera de moins en moins, si les « territoires perdus » continuent d’être inondés d’arrivants supplémentaires. Pour sortir d’un trou, il faut, au minimum, arrêter de creuser. Ce n’est qu’alors que nous aurons une petite chance de rattraper le temps perdu, en maniant, sans sentimentalité excessive, les leviers de l’éducation, de la répression et du retour ciblé, tout en mettant un terme aux « accommodements raisonnables », qui nous ont fait tant de mal, et en révisant une « politique de la ville », dont l’efficacité est l’inverse du coût. En tout cas, nous sommes dans l’extrême urgence. D’où l’impatience, pour ne pas dire la colère, que suscitent tous les atermoiements.

Le 20 novembre, à l’Assemblée nationale, vous déclariez que « des écarts culturels insoutenables provoquent l’effondrement de la confiance sociale et donc de la qualité de l’existence, en attendant pire ». À quels écarts culturels pensez-vous ?
J’en ai déjà cité quelques-uns. Les Anglo-Saxons les résument par l’expression « blood and God », le sang et la religion, c’est-à-dire ce qui définit les agrégats prémodernes qui, tels des pavés, sont projetés dans la mare de nos sociétés hypermodernes, totalement impréparées à ce choc.

​Du point de vue religieux, chacun comprend, à défaut de le reconnaître, que l‘islam, artificiellement importé, n’a pas chez nous de légitimité historique. C’est pourquoi sa présence ne cadre en rien avec les exigences d’une laïcité taillée sur mesure pour le christianisme. Qu’on me comprenne. Je ne suis pas islamologue. Mais j’ai acquis une connaissance de cette confession « en action », en m’y frottant quotidiennement à la tête d’un service de renseignements. Ce que j’ai perçu, c’est une croyance à l’ancienne, rigide, englobante, ostensible, mais aussi un agent historique, jeune, dynamique, éruptif. Une civilisation insatisfaite, jalousement hégémonique là où elle est majoritaire, proactive là où elle ne l’est pas. Bref, une « force qui va », révisionniste de l’ordre établi par l’Occident, et dont les symptômes de rébellion – identitaires, islamistes, salafistes, djihadistes – se retrouvent aussi bien dans sa zone de prépondérance qu’en France, tordant le cou au fantasme d’un islam gallican.

​Quant aux liens du sang, ce sont ceux qui soudent les communautés naturelles, où tout le monde est “parent”, selon une hiérarchie qui place les hommes au-dessus des femmes, garantes de la reproduction du groupe et, donc, soumises au pistage. Morale de l’honneur, aussi, rémanente dans les « quartiers », en rupture avec un environnement où chacun mène sa vie dans la tolérance des autres. En effet, cette ségrégation détruit l’ingrédient principal des sociétés heureuses, à savoir la confiance civique, cette huile dans les rouages qui permet non seulement de « vivre » mais de « faire ensemble » et, notamment, de nourrir un État social où certains donnent et d’autres reçoivent.

​À mon avis, l’immigration incontrôlée n’est pas étrangère au lent écroulement de cet édifice fragile, même s’il n’est pas recommandé de le dire. De Gaulle a, paraît-il, évoqué l’huile et l’eau pour décrire ces sociétés multicouches, où personne ne se mélange et tout le monde se fuit. Nous en sommes là. Comment bâtir un avenir sur pareilles fondations ?

« En attendant pire. » Quel est ce “pire” ?
En évoquant le pire, on pense souvent à une hypothétique « guerre civile ». Les choses sont un peu plus compliquées. Je crois qu’avant d’en arriver à une “bataille à mort”, nous allons au-devant de dégradations croissantes, sous-jacentes dans la durée et explosives dans l’instant. Soit des délabrements cumulés, façon « tiers-monde », assortis de violences de types variés, à la tournure imprévisible. En l’espèce, le choix n’est pas seulement entre la vie et la mort mais, aussi, entre des existences qui méritent d’être vécues et d’autres qui n’en valent pas la peine. En un mot, la qualité de la vie, au sens large, est tout autant une exigence que la vie tout court. Sinon, à quoi bon ?

Y a-t-il en France un choc entre une civilisation qui s’efface et une autre qui s’affirme ?
En bons individus, nous croyons ingénument que le monde est né avec nous. Parce que nous avons perdu le sens de l’appartenance, nous avons oublié le temps long. Oui, il existe des civilisations et elles se télescopent. Sinon, comment expliquer l’émergence de ce « Sud global », dont le seul ciment est le déboulonnage de l’Occident ?

​Si nous changeons de lunettes, comment ne pas voir partout à l’œuvre des forces historiques supra-individuelles, telles que « l’islam mécontent » ou « la grande revanche des humiliés » ? S’agissant précisément des musulmans, pourquoi leur installation ne marquerait-elle pas une nouvelle phase de l’alternance pluriséculaire qui les oppose aux Européens pour le contrôle des deux rives de la Méditerranée ? Comment ne pas remarquer aussi, en consultant une carte, que chaque fois qu’ils arrivent au contact des autres sphères de civilisation, ils entrent en conflit avec toutes ? Comment ignorer que dans la surdélinquance immigrée, il y a un sous-texte de compensation postcoloniale ?

​La différence est évidemment celle que vous dites : d’un côté, une civilisation qui baisse la garde et s’ouvre inconditionnellement à tous, de l’autre, des agents historiques à l’offensive, qui exploitent cette incroyable naïveté. Du plein qui s’engouffre dans du vide. Mais alors qu’un peu partout les yeux se dessillent, en France, on se dispute encore sur les mots – « submersion » ou non -pour masquer la chose. Serons-nous les derniers à ouvrir les yeux ?

Propos de Pierre BROCHAND*
recueillis par Gaspard de MALHERBE
Valeurs Actuelles
05 février 2025

*Pierre Brochand, Ambassadeur de France, a été directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE) de 2002 à 2008.




Cyclone Chido : un bataillon de reconstruction déployé à Mayotte

À la demande du président Emmanuel Macron, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé la création d’un bataillon de reconstruction pour venir en aide à Mayotte, durement frappée par le cyclone Chido. Composé de 350 à 400 soldats en renfort des effectifs déjà mobilisés, ce bataillon intégrera des unités de génie, d’infanterie et de logistique afin de rétablir les infrastructures essentielles de l’archipel. Un dispositif inédit permettra aux soldats mahorais volontaires de participer directement à la reconstruction de leur territoire.

À la demande du président de la République Emmanuel Macron, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé la création d’un bataillon de reconstruction après le passage dévastateur du cyclone Chido.

Entre 350 et 400 soldats rejoindront prochainement Mayotte, en renfort des 1 100 militaires actuellement mobilisés. Ce bataillon sera doté de plusieurs compagnies de génie, d’infanterie, de commandement et de logistique.
Les moyens du génie participeront à rétablir les réseaux d’eau et d’électricité ainsi que les infrastructures routières au service de la population.

Une part de volontariat sera possible au sein de ce bataillon. Le ministre des Armées a déclaré ce dimanche : « De nombreux soldats d’origine mahoraise ont manifesté le souhait d’être utiles pour leur archipel d’origine. Nous allons leur permettre de revenir à Mayotte pour cette mission, ce qui n’est pas usuel dans les armées. »

Ministère des Armées

Source photo : Ministère des Armées / Service du Commissariat des Armées




Communiqué : La Marine nationale renforce ses capacités défense aérienne et de lutte anti-drones

La Marine nationale se dote de nouvelles capacités d’autodéfense avec l’acquisition de systèmes navals SIMBAD RC auprès de MBDA France. Ces systèmes, conçus pour mettre en œuvre des missiles MISTRAL, équiperont les patrouilleurs hauturiers et les bâtiments ravitailleurs. Objectif : garantir leur liberté d’action et leur sécurité face aux menaces aériennes, renforçant ainsi la protection des unités de la flotte française.

Paris, le 28 janvier 2025

La DGA modernise et renforce les capacités des forces en matière de défense aérienne et de lutte anti-drones

  • La Direction générale de l’armement (DGA) a commandé, en décembre 2024, de nouveaux systèmes de Défense sol-air (DSA) et de Lutte anti-drones (LAD) au profit des trois armées.
  • D’un montant global de l’ordre de 600 millions d’euros, ces commandes s’inscrivent dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 qui prévoit de renforcer et moderniser les capacités des forces dans ces domaines stratégiques.
  • Pilotés par la DGA, ces programmes et leurs futurs incréments doivent permettre la poursuite de l’amélioration des performances des systèmes d’armes et la montée en puissance de ces nouvelles capacités.

Une première commande, passée auprès de MBDA France, porte sur huit lanceurs VL MICA ainsi que des munitions au profit de l’armée de l’Air et de l’Espace. Elle intervient dans la continuité de la livraison des premiers systèmes VL MICA au premier semestre 2024, qui ont contribué à la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Une deuxième commande, réalisée auprès de KNDS France, porte sur le développement et la production de deux nouvelles versions du SERVAL (DSA et LAD). Ces versions sont adaptées aux conditions d’engagement dans des conflits de haute intensité. Elles contribuent à la mise en place par l’armée de Terre d’une bulle antiaérienne d’accompagnement, en protection des forces terrestres déployées en opération.

  • La version DSA (défense sol-air), dont la commande initiale porte sur 30 exemplaires, sera équipée de la tourelle ATLAS RC de la société MBDA France. Ces tourelles permettent de mettre en œuvre le missile MISTRAL sous blindage et disposent d’armes d’autodéfense.
  • La version LAD (lutte anti-drone), dont la commande initiale porte sur 24 exemplaires, sera équipée d’un tourelleau téléopéré intégrant un canon de 30 mm et de systèmes autonomes de détection (radar et détecteur radiofréquence).

Une troisième commande, réalisée auprès de MBDA France, porte sur l’acquisition de systèmes navals « SIMBAD RC » permettant la mise en œuvre de missiles MISTRAL. Ces systèmes doivent équiper les patrouilleurs hauturiers et les bâtiments ravitailleurs de la Marine nationale de capacités d’autodéfense renforcées. Ils sont destinés à contribuer et à garantir leur liberté d’action et leur sécurité.

Une quatrième commande porte sur le développement d’une munition anti-aérienne d’artillerie de 40 mm. Adaptée aux systèmes d’artillerie de 40 mm des bâtiments de la Marine nationale et développée par KNDS France et THALES LAS, elle contribuera également au renforcement des capacités d’autodéfense des navires.

Avec ces nouveaux systèmes et le système de défense franco-italien sol-air « haute couche » SAMP-T NG de la société EUROSAM (THALES LAS et MBDA), la France disposera d’une gamme complète, moderne et performante de capacités de défense surface air et de lutte anti-drone à même de faire face, de manière coordonnée, à l’ensemble du spectre des menaces.

Direction générale de l’armement
Service de presse
Centre médias du ministère des Armées




Nomination : Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État de l’Amérique

Confirmé à l’unanimité par le Sénat, Marco Rubio devient secrétaire d’État des États-Unis sous l’administration Trump, marquant une étape clé dans sa carrière politique. Premier hispanique à occuper ce poste, il s’engage à défendre les intérêts fondamentaux de l’Amérique en matière de sécurité, de puissance et de prospérité. Fort de son expérience au Sénat, notamment sur les questions de politique étrangère et de défense des droits humains, il entend renforcer la position des États-Unis face à la Chine, à l’Amérique latine et aux grands enjeux internationaux.

Marco Rubio  attribue à la décision de ses parents de quitter Cuba pour immigrer aux États-Unis en 1956 « le privilège d’être né citoyen de la plus grande nation de l’histoire du monde ». Son père travaillait comme barman dans les banquets, tandis que sa mère alternait entre son rôle de mère au foyer et celui de femme de ménage dans un hôtel.

Le Sénat a confirmé à l’unanimité, par 99 voix pour et 0 contre[1], sa nomination au poste de secrétaire d’État dans les heures qui ont suivi la prestation de serment du président Trump, le 20 janvier. M. Rubio, [53 ans] originaire de Miami, a prêté serment peu après. Il rejoint ainsi une lignée de diplomates de haut niveau qui remonte jusqu’à Thomas Jefferson. Il est le plus haut fonctionnaire hispanique de l’histoire des États-Unis.

Lors de son audition de confirmation le 15 janvier devant la commission des Relations extérieures, M. Rubio a déclaré qu’il restait déterminé à placer les intérêts nationaux fondamentaux des États-Unis au-dessus de tout en tant que secrétaire d’État .

« Sous le président Trump, a-t-il insisté, la priorité absolue du département d’État américain sera les États-Unis. La ligne directrice qu’il a donnée à la conduite de notre politique étrangère est claire. Chaque dollar que nous dépensons, chaque programme que nous finançons, chaque politique que nous menons doit être justifié par la réponse à l’une des trois questions suivantes :

  • Est-ce que cela rend l’Amérique plus sûre ?
  • Est-ce que cela rend l’Amérique plus forte ?
  • Est-ce que cela rend l’Amérique plus prospère ? »

Marco Rubio siégeait au Sénat pour un troisième mandat – il représentait la Floride depuis 2011 – lorsque le président l’a nommé au poste qui est désormais le sien. En tant que membre influent de la Commission des relations extérieures et vice-président de la Commission spéciale sur le renseignement, M. Rubio a joué un rôle déterminant dans la politique étrangère des États-Unis. À titre de sénateur, l’un des deux représentant la Floride, il s’est rendu dans des dizaines de pays et a rencontré un grand nombre de dirigeants étrangers.

Il est notamment l’auteur de textes de loi bipartite clé relatif à la Chine et il s’est battu pour mettre le gouvernement chinois face à ses responsabilités en matière de violation des droits de l’homme à l’encontre des Ouïghours et à Hong Kong. Il a également joué un rôle important dans l’élaboration de la politique étrangère des États-Unis à l’égard de l’Amérique latine, ayant d’ailleurs parrainé une loi exigeant l’imposition de sanctions contre les auteurs de violations des droits humains au Venezuela et une autre imposant des sanctions à des membres du régime cubain.

Pendant des années, M. Rubio s’est fait le champion de la loi bipartite portant prorogation de la Commission des États-Unis sur la liberté de religion dans le monde.

Avant d’entrer au Sénat, Rubio a été commissaire municipal à West Miami, en Floride, et président de la Chambre des représentants de Floride.

M. Rubio est titulaire d’une licence de l’université de Floride et diplômé de la faculté de droit de l’université de Miami.

Son épouse, Jeanette, et lui ont quatre enfants.

Site internet de l’Ambassade de France aux USA 
Charles HOSKINSON 
Samedi 25 janvier 2025

[1] A noter qu’il avait fallu la voix additionnelle du Vice-président Vance pour confirmer la nomination du secrétaire à la défense qui était à 50-50 au Sénat puisque tous les démocrates et trois sénateurs républicains avaient voté contre.

Source photo : US Department of State




Finances : La pépite française Mistral AI s’apprête à conquérir la Bourse

Mistral envisage une introduction en Bourse afin de conserver son indépendance. Pour autant, la pépite française de l’intelligence artificielle générative n’a pas communiqué de calendrier. Arthur Mensch, l’un de cofondateurs, a assuré que la société n’était pas à vendre.

Mistral, la pépite française de l’intelligence artificielle générative, envisage une introduction en Bourse pour conserver son indépendance, a annoncé mardi son cofondateur Arthur Mensch à Bloomberg TV, lors du forum économique mondial à Davos. Interrogé sur la possibilité d’une introduction en Bourse, le dirigeant a répondu que «bien entendu, c’est le plan», sans donner de calendrier, ajoutant que sa société n’était «pas à vendre». «L’indépendance dont nous jouissons est une chose à laquelle nous tenons beaucoup», a insisté cet ingénieur polytechnicien et normalien. «Nous avons quitté les géants américains de la tech pour créer une entreprise en Europe pour montrer que l’Europe a quelque chose à dire», a indiqué Arthur Mensch, 32 ans, passé par le laboratoire d’intelligence artificielle de Google, DeepMind, avant de lancer Mistral.

Fondée en avril 2023 avec deux anciens chercheurs de Meta, Mistral a connu, à l’image de son patron, une ascension fulgurante, bouclant en juin dernier un tour de table de 600 millions d’euros avec une valorisation estimée à près de 6 milliards d’euros. En tout, la start-up, qui a présenté dès ses débuts des modèles d’intelligence artificielle générative capables de concurrencer ceux de Meta, Google ou encore OpenAI, créateur de ChatGPT, a levé plus d’un milliard d’euros en moins d’un an.

Pas besoin de nouveaux financements dans l’immédiat

Si l’entreprise n’a pas besoin de nouveaux financements dans l’immédiat, «nous allons évidemment continuer à nous développer, ce qui nécessiterait de lever de nouveaux fonds» à terme, a précisé Arthur Mensch à Bloomberg TV. «Nous avons beaucoup de puissance de calcul mais moins que nos concurrents», a-t-il reconnu, ajoutant: «Nous avons tout de même réussi à produire d’excellents modèles dans différents secteurs», a-t-il ajouté. Développer des modèles d’intelligence artificielle demande en effet des capitaux très importants.

À titre d’exemple, l’entreprise d’intelligence artificielle d’Elon Musk, xAI, a conclu récemment un nouveau tour de table de 6 milliards de dollars, tandis qu’OpenAI, soutenu notamment par Microsoft, a lui levé 6,6 milliards de dollars. Mistral et l’Agence France-Presse (AFP) ont signé mi-janvier un accord qui permet au robot conversationnel de la start-up d’utiliser les dépêches d’actualité de l’agence pour répondre aux requêtes de ses utilisateurs.

Capital avec AFP
Mercredi 22 janvier 2025




Intervention. L’engagement clandestin de la CIA en Ukraine : entre soutien stratégique et guerre secrète

Depuis le début de l’Opération militaire spéciale russe en février 2022, les États-Unis ont intensifié leur engagement aux côtés de l’Ukraine, combinant assistance militaire, renseignement et opérations clandestines. Une enquête du Washington Post révèle l’ampleur du soutien de la CIA, actif depuis 2014, visant à restructurer les services ukrainiens, former des unités spéciales et mener des actions de sabotage en territoire ennemi. Toutefois, Washington cherche à éviter une escalade incontrôlée du conflit, tentant de trouver un équilibre entre soutien offensif et gestion du risque d’affrontement direct avec la Russie.

Ci-dessous l’introduction du rapport qui est disponible sur le site du Cf2r

Depuis le début de « l’Opération militaire spéciale russe » de février 2022, les États-Unis ont fait le choix d’un engagement majeur aux côtés de l’Ukraine : formation, assistance, livraison d’armes, aide financière, mais aussi fourniture de renseignements et conduite d’opérations clandestines.

Dans une longue enquête publiée lundi 23 octobre 2023, The Washington Post a révélé l’ampleur de l’aide apportée par l’agence de renseignement américaine aux services spéciaux ukrainiens. Des opérations qui vont de l’infiltration en territoire ennemi au sabotage, en passant par les assassinats ciblés.

Le média a ainsi porté à la connaissance du public que depuis 2014, année du coup d’État de Maïdan et du début de la guerre dans le Donbass, la CIA a dépensé des dizaines de millions de dollars pour réorganiser les services ukrainiens, former de nouvelles unités d’action clandestine, fournir des systèmes de surveillance avancés et construire de nouvelles infrastructures afin d’espionner la Russie. L’Agence a également livré à son allié – mais aussi reçu de lui – une quantité impressionnante de renseignements.

Parallèlement à cet engagement massif et sans ambiguïté aux côtés de Kiev pour repousser l’invasion russe, The Washington Post, comme l’hebdomadaire Newsweek avant lui en mai 2023, insistent néanmoins sur l’autre préoccupation qui animerait la CIA : limiter les actions trop offensives de Kiev contre la Russie et faire en sorte que « la défaite de Moscou ne soit pas trop marquée » afin d’éviter que le conflit ne s’étende au-delà des frontières de l’Ukraine ou ne provoque une escalade pouvant conduire à un affrontement nucléaire. Le défi est donc de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin…

Afin de mieux mesurer l’ampleur de l’engagement de la CIA en Ukraine, il est utile d’en rappeler les origines historiques et les étapes depuis la Guerre froide, puis à l’occasion de la Révolution orange (2004), jusqu’au coup d’État de Maïdan (2014).
Il convient ensuite d’analyser ces opérations à partir des sources disponibles – nécessairement partielles –, évaluation qui permettra de déterminer si l’agence essaie paradoxalement de limiter les dérapages du conflit… ou s’attache à le faire croire. Car c’est bien à une très intense guerre secrète contre la Russie à laquelle elle se livre.

Toutefois, écrire sur les activités d’un service spécial est un exercice audacieux et risqué, car les informations relatives à ses opérations sont toutes secrètes, hors quelques rares fuites dans la presse ou révélations opportunes. L’auteur est donc conscient des limites de cet exercice.
Le présent rapport n’est fondé que sur des sources secondaires qui doivent par principe être considérées comme sujettes à caution, soit qu’elles attaquent la CIA, soit au contraire qu’elles aient été communiquées par elle à des journalistes pour la protéger, faire diversion ou entraîner délibérément les services adverses sur de fausses pistes.

Il convient de toujours garder à l’esprit que la CIA s’est fait une spécialité de mentir, de tromper et de dissimuler. Le cas du sabotage des gazoducs Nord Stream est à ce titre particulièrement édifiant. Il n’y a cependant rien d’anormal à cela, car c’est là l’un des aspects de sa vocation, quoi que ces mensonges aient à plusieurs reprises largement dépassé, ces dernières années le cadre de la mission de l’Agence.

Il n’en demeure pas moins que les articles publiés depuis deux ans outre-Atlantique concernant l’action de la CIA en Ukraine méritent d’être pris en considération, car ils rendent compte d’événements ayant pu – en partie le plus souvent – être vérifiés par ailleurs.

Aussi, il nous faut apprendre à naviguer dans ses arcanes obscurs où la réalité est rarement ce qu’elle parait être et nous risquer à dresser un tableau de la situation aussi cohérent et plausible que possible.

Éric DENÉCÉ
Directeur du CF2R
Mai 2024

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