Extrait du Bulletin : Résistance héroïque du Capitaine André Mercier ( 1) et (2)

Par le Colonel BERNARD

Le 2 octobre dernier, le décès du Général Marcel André Mercier a cruellement endeuillé non seulement notre Amicale mais l’Armée toute entière. Le Pays vient de perdre un serviteur de valeur exceptionnelle qui a personnifié tout au long de sa carrière, la bravoure, l’allant, l’audace, la ténacité et l’efficacité d’un combattant d’élite. Il joignait à ces vertus guerrières la réserve, le désintéressement personnel et la discrétion absolue qui ont toujours été une des caractéristiques essentielles de nos Services Spéciaux.

Le décès du Général Mercier étant survenu alors que notre « Bulletin de liaison n° 159 » (1993/III) était pratiquement « bouclé », le Colonel Paillole n’a pu rappeler que succinctement les raisons pour lesquelles cette disparition nous était particulièrement douloureuse. Il avait promis qu’un prochain « Bulletin » rappellerait, moins brièvement, la carrière exemplaire de celui qui fut « Camelia » du 4 juin 1943 (jour de l’arrestation du Capitaine Johannes) au 11 décembre 1943 (jour de sa propre arrestation en gare de Roanne). 

« Camelia » était le nom de code d’une des 3 « inspections régionales » qui, depuis mars 1943, se partageaient le commandement des Postes du « réseau des Fleurs », c’est-à-dire du réseau qui, entre l’Armistice et mars 1943, avait porté le nom de « Travaux Ruraux » (T.R. Anciens). 

La zone d’action de « Camelia » couvrait, grosso modo, les territoires des VII°, VIII°, IX°, XII°, XIII° et XIV° Corps d’Armée d’avant 1939. A ces responsabilités territoriales déjà fort absorbantes, le Chef de « Camelia » avait ajouté les fonctions d’Adjoint au Chef de réseau (Verneuil) lorsque le Lieutenant Challan-Belval, Adjoint en titre depuis plusieurs années, avait été désigné pour un poste en Angleterre. 

Aujourd’hui, le Colonel Paillole m’ouvre les colonnes de notre Bulletin pour que je parle du Capitaine Marcel André Mercier tel que je l’ai connu de 1940 à 1943. Je dois cet honneur au fait que j’ai succédé à Mercier après son arrestation et ai donc bien connu les activités de  « Camelia » de janvier 1944 à la Libération. Or c’est précisément au cours de cette période que Mercier a réussi le plus inattendu des exploits : la création à la Prison de Fresnes d’un Poste T.R. extrêmement efficace, dont les renseignements parvenaient… à « Camelia » (après un circuit peu banal comprenant des escales en Bretagne et à Vichy).

 

PREMIERE PARTIE

MERCIER, VOLONTAIRE DANS LES SERVICES DE C.E. DE L’ARMEE 

En 1940, lorsqu’un officier désirait entrer aux Services Spéciaux, il devait être « parrainé » par un officier du Service et était, en outre, l’objet d’une enquête qui prenait deux ou trois mois.

Mercier a rejoint les Services Spéciaux en décembre 1940. Il avait dû faire acte de candidature vers septembre ou octobre. A cette date, seuls les cadres les plus ardents de l’Armée d’Armistice s’étaient déjà rendus compte que la susdite Armée serait, en réalité, bien incapable de défendre efficacement la Souveraineté Française en Zone Sud s’il prenait fantaisie aux Allemands de violer la « Ligne de démarcation ».

Comme tous les nouveaux arrivants, Mercier rejoignit la branche « légale » du Service, c’est-à-dire un B.M.A. Il n’était pas question que des débutants, si ardents et bien notés qu’ils puissent être, soient lancés, d’entrée de jeu, dans la spécialité T.R. 

 

Mercier fut affecté au B.M.A. /13 à Clermont-Ferrand pour y apprendre « Notre Métier ».

C’est un métier difficile. Il exige l’acquisition d’une foule de connaissances nouvelles sur l’adversaire (ordre de bataille, organigrammes des Services ennemis, identités des personnels, nature, et caract…




Extrait du Bulletin : Un héros du CE raconte – Capitaine Morange (1)

Introduction par le Colonel Paul Paillole

Avant de nous quitter, il y a déjà plus d’un an, Roger Morange avait entrepris, dans le cadre d’une étude générale sur « les X. dans la Résistance »  la préparation d’une thèse de doctorat d’État sur les activités du Contre- Espionnage français clandestin dans le Sud-Est de la France occupée.

Lui-même avait été en 1943 le chef de notre poste T.R. de Marseille : T.R. 115, puis Glaïeul.

Il avait bien voulu m’associer à ce vaste projet. Avec la méthode et la précision qui étaient dans sa nature, il fouillait les archives, les livres, creusait dans sa riche mémoire, appelait les témoignages. En dépit d’une santé qui chancelait, son travail avançait, toujours remis sur le chantier avec une obstination d’autant plus émouvante que nous sentions ses forces l’abandonner.

Hélas, il laisse une oeuvre inachevée mais d’une exceptionnelle valeur pour l’Histoire de nos Services. D’accord avec son épouse qui le secondait avec autant de dévouement que de compétence, nous n’avons pas voulu qu’elle tombe dans l’oubli. Avec elle nous avons pensé que ces souvenirs de Morange, ses observations, ses réflexions pouvaient non seulement enrichir notre patrimoine, mais encore — et peut-être surtout — servir utilement nos successeurs tant cet esprit curieux savait tirer les conséquences et les enseignements des événements et des faits dont il était l’acteur ou le témoin lucide.

Ainsi a été constitué un comité d’études chargé d’extraire à l’intention de notre Bulletin et des diverses instances nationales chargées de veiller à « cette sacrée Vérité », les bonnes feuilles de ce que l’on peut appeler les Mémoires de Roger Morange alias Mordant. Pour commencer nous présentons le récit de son arrestation par la Gestapo de Marseille à la fin de 1943. Il sera suivi par celui de son interrogatoire et de son évasion. Cette publication vient à son heure, au lendemain du procès de Lyon et à la veille de la nouvelle procédure intentée à l’encontre de Klaus Barbie à propos de l’affaire Jean Moulin. On va retrouver dans le récit de notre camarade cet expert en trahison qu’était Jean Multon, alias Lunel, transfuge du groupe « Combat » arrêté le 28 avril 1943 par la Gestapo de Marseille et « retourné » sans grande difficulté par elle. C’est Multon qui est à l’origine des catastrophes qui se sont abattues sur la Résistance en 1943 : arrestations de Bertie Albrecht, collaboratrice d’Henri Frenay (fin mai 1943), du Général Delestraint, chef de l’armée secrète (9 juin 1943), de René Hardy (7 juin 1943) enfin, dont les conséquences furent si funestes. J’en passe. On va retrouver, face à Morange, le célèbre Dunker, dit Delage, homologue de Barbie à Marseille. Aussi cruel et prétentieux que le S.S. lyonnais — Lui aussi mentionné en 1944 dans nos listes de criminels nazis remises aux services français et alliés de sécurité, accolés aux grandes unités de débarquement. Il eut bien le sort qu’il méritait : il fut fusillé le 28 septembre 1947.

 

Situation du C.E. à Marseille en 1943 Avant de laisser la parole à Morange, il m’apparaît nécessaire de rappeler la situation générale de nos services en 1943. Depuis mai 1942 le commandant Laffont, alias Verneuil, a pris ma place à Marseille à la tête de notre organisation clandestine de C.E. offensif : le T.R. Je suis moi-même en charge de l’ensemble de nos services de sécurité offensifs (T.R.) et défensifs (S.M.). Ils sont en pleine évolution en raison de la répression allemande et des entraves de la police de Vichy.

L’activité croissante de l’Abwehr, celle de plus en plus envahissante du S.D. et de la Gestapo, l’imminence du débarquement allié en A.F.N., m’ont conduit à étoffer le T.R., en …




Extrait du Bulletin : Les services spéciaux français en Indochine (1)

Par le colonel Jean Deuve

ancien chef de groupement franco-lao « Yseult »

Qui mieux que nombre des membres de notre Association pourrait apporter le témoignage d’événements vécus ou le fruit de leurs recherches : cette rubrique leur est ouverte sans exclure évidemment les signatures qui voudront bien nous confier leurs travaux. Nous devons au Colonel Jean Deuve, ancien chef du groupement franco-lao « Yseult » cette remarquable étude sur « le Service Secret d’Action en Indochine », travail historique qui complète les articles de même qualité des Colonels Daugreilh et Ruat publiés naguère.

( NDLR : voir également  AASSDN – Extrait du Bulletin : Conflits outre-mer 45-56 (1 à 5 ) En juillet 1943, à Alger, le Général De Gaulle fait décréter que « la libération de l’Indochine et la défense des intérêts français en Extrême-Orient est une opération prioritaire ». Parmi les mesures prises dans cette perspective, figure la création immédiate d’un service secret d’Action, intégré sous le nom de Section Indochine Française (French Indochina Country Section) au sein de la Force 136. Cette force, service secret britannique, dépend, comme son équivalent européen, le Special Operations Executive, du Ministry of Economic Warfare et opère dans le cadre du South East Asia Command.

 

NAISSANCE ET MISE EN PLACE DU SERVICE «ACTION» EN INDOCHINE  

Les premiers membres de ce Service Secret d’Action arrivent aux Indes en octobre 1943, venant de tous les horizons de l’empire français, volontaires, en grande partie réservistes, tous ayant eu une expérience dans la pratique de la guerre irrégulière ou du renseignement.

L’entraînement dans la Force 136, mené en grand secret, est très dure et la sélection sévère. Les agents passeront un temps indéterminé en jungle profonde (certains membres de la F.136 viennent d’y passer trois ans déjà!) d’où il ne sera pas question de revenir : 3.000 kilomètres de territoires occupés par les Japonais séparent le Bengale de l’Indochine.

Il n’est question ni de pick-up ni de ramassage en hélicoptères. Après l’entraînement — type commandos britanniques comme hors-d’œuvre — les membres du service suivent des stages spécialisés fort exigeants mer (navigation, pratique de tous les types d’embarcations, nages, passage de la barre,…), jungle et survie, parachutisme, renseignement et action subversive, action psychologique et agit-prop, connaissance de l’armée japonaise, liaisons et pratique radio, chiffre, sabotages, silent killing…

Les premiers arrivés en octobre 1943 ne partiront pas avant la fin de 1944, soit après un an d’entraînement poussé, dont plusieurs mois passés en jungle dans des conditions aussi proches que possible du réel.

Quelques opérateurs radio sont parachutés dès la fin de 1944 pour maintenir une liaison entre la Force 136 aux Indes et les organisations de résistance qui se structurent en Indochine.

Le premier groupe Fabre-Deuve (5 Européens et 5 autochtones) est parachuté en janvier 1945 au Nord Laos, le second (Tual) en février, également au Nord Laos, ainsi qu’un groupe précurseur du corps Léger d’Intervention (commandos préparés en Algérie) non-membre du service secret.

Les deux groupes parachutés doivent: — se préparer à agir contre les Japonais; — recevoir des parachutages destinés à renforcer l’armée d’Indochine et la résistance; — instruire les cadres de l’armée d’Indochine dans les nouvelles techniques et l’art de la guérilla.

En septembre 1944, devant les avances alliées dans le Pacifique et le Sud-est asiatique, les Japonais ont décidé de constituer un môle de résistance Chine-Indochine. P…




Bibliographie : Ouvrages sélectionnés – Index Aa-Ah

Cet outil que nous vous proposons n’est qu’une aide dans votre recherche bibliographique, historique, et pourquoi pas généalogique Nous espérons permettre aux « chercheurs » de trouver ainsi l’accès à d’autres pistes (archives officielles ou privées). Noter le N° de référence et voir la présentation de l’ouvrage sélectionné ci dessous

Da-Dd
D’  voir Claudius-Petit, Eugène. 306
D., Yvette,    402
DABEZIES , Pierre    401
DABOUZA , Luis    101
Dabu    204
DAC, Pierre    306
DACHITCHEV, V.   201
DACHKOV Andreï   203
DACKO , David    401
DACKO , David     102
DADOO, Y.    201
DAGHESTANI  général irakien 102
Dagommier    308
Daguerre, Charles  voir Cordier, Daniel. 306
DAHL , Harry   colonel 102
DAHL , Roald     102
DAHLAB Saad   501
DAHLQUIST, John  gal  306
DAI , Li    101
DAI , Li    102
Daiguy    204
Daille (Marius)  (général) 204
DAILLE  général  303
DAILLE  général,  402
DAIREN    101
Daladier (Édouard)    204
DALADIER , Edouard    101
DALADIER , Édouard    401
Daladier, E   307
DALADIER, E.    201
DALADIER, Édouard   402
DALADIER, Edouard    306
DALADIER, Edouard    303
DALEY , Richard J.    202
DALI    306
d’Aligny (d’)  jean  baron (Quarté de Château-Renault) 308
DALLA CHIESA , Carlo Alberto   général 102
DALLAPORTA  lieutenant-colonel 401
DALLAPORTA , Christian     102
Dallas, Pierre  voir Delaye Pierre ( ?). 306
DALLIDET, Arthur    306
DALLIN , David J.    101
DALLOZ , Pierre    401
DALLOZ, Pierre    306
Dalluin    204
DALMAS , René    401
Dalsace  voir Kalb, Paul. 306
DALTON , Hugh    401
DALTON , Hugh Reginald  major 101
DALTON , Timothy   102
DALTON,    402
Dalton, E. H. J. N.,    307
DALTON, H.    201
DALTON, Hugh    306
DALTON, Hugh    305
DALUEGE , Kurt    101
DAMAS, Germaine    306
DAMAS, Jeanine    306
DAMAS, Léon    306
DAMBLANC,    402
Damerme…




La source MAD: une Française de l’ombre et un officier de l’armée allemande unis contre le nazisme

Vient de paraitre le livre que l’on attendait :  “LA SOURCE MAD”, magnifique livre écrit par Marie Gatard sur l’apport considérable en renseignements de premier ordre que Madeleine Richou “MAD” fournit à notre S.R. dès la fin des années 30 et jusqu’à fin 1943, grâce à sa relation discrète à hauts risques avec un officier supérieur d’origine autrichienne : Erwin von Lahousen, l’un des plus proches collaborateurs de l’Amiral Canaris, chef de l’Abwehr. A partir des souvenirs de “MAD” Marie Gatard fait revivre ces deux “complices de l’ombre” qui formèrent un exceptionnel duo clandestin.

Ci-joint la recension fidèle parue ce jour dans le Figaro Magazine sous la signature de Rémi Kauffer, historien proche de l’AASSDN.

 




Notre espion chez Hitler : Documentaire sur France 5

Cliquez sur l’image pour voir la bande annonce (en anglais !)

Si les historiens et les cinéastes ont souvent associé la guerre du renseignement contre Hitler avec la machine Enigma et Alan Turing, il existe un autre homme de l’ombre sans lequel rien n’eut été possible. Il s’agit de Hans-Thilo Schmidt, un espion recruté par les services français de contre-espionnage, qui a opéré au Bureau du chiffre puis au sein du ministère allemand de l’Air de 1931 à 1943. Ce film raconte son histoire.

Diffusion le Dimanche 27 Mars 2016

FICHE TECHNIQUE
  • Auteur : Alain FREREJEAN d’après le livre du Colonel Paul PAILLOLE « Notre Espion chez Hitler » paru chez Nouveau Monde Éditions
  • Réalisateur : Laurent BERGERS
  • Conseillers historiques : Colonel DEBRUN / Marie GATARD
  • Musique originale : Pascal STIVE
  • Avec la voix de : Damien BOISSEAU
  • Producteurs délégués : Guillaume GALLIOT / Thibaut CHATEL
https://youtu.be/a2vNemB106Q
Extrait du film en français



1940-1944 : Photos exclusives de l’Etat Major du C.E. clandestin / Travaux Ruraux

1940-1942 : L’ETAT MAJOR DU C.E. CLANDESTIN DES TRAVAUX RURAUX DANS LA VILLA EOLE A MARSEILLE
Avec l’appui de M. Préaud, directeur du génie rural au ministère de l’Agriculture, le commandant Paul Paillole crée l’Entreprise des Travaux Ruraux. Sous cette couverture, l’entreprise abrite en réalité l’état-major du Contre-espionnage clandestin sous l’appellation « Cambronne », qui sera installé dans la Ville Eole à Marseille, de 1940 jusqu’en novembre 1942. Cette villa sera détruite par les Allemands en 1943.

Ci-dessus de face en sombre : Verneuil, a sa droite le chef du TR marseille-Nice Guiraud. En bout de table a gauche : Challan Belval. De dos, face a Verneuil : Paillole. A droite en bout de table : Trottin. A sa droite : Gradiner et Corvée. A sa gauche Giboulot.

 

LE CHATEAU DE BRAX, PC DU RÉSEAU MORHANGE
Le château de Brax, belle et vaste demeure située proche de la forêt de Bouconne était le PC du groupe Morhange, dirigé par Marcel Taillandier, qui y recevait les directives de son supérieur Paul Paillole basé à Alger. Depuis Brax il menait les actions clandestines en s’appuyant sur les agents du réseau Morhange.

 

 

LE COMMANDANT PAUL PAILLOLE EN 1943
Après que la zone libre soit envahie par les Allemands en novembre 1942, Paul Paillole s’évade par l’Espagne, rejoint Londres, où il rencontre le colonel Passy, chef du BCRA, puis Alger en janvier 1943. Depuis Alger, il dirigera les actions de Marcel Taillandier, chef du réseau Morhange, bras armé du contre-espionnage à Toulouse.

 

 

 

MAI 1944 : LE SALUT DU GÉNÉRAL RIVET A ALGER
Ci-dessous, le salut aux couleurs du Géneral Rivet dans la cour de la sécurite militaire à Alger (El Biar)

Ci-dessus de gauche a droite : le colonel Lacoste (chef du SR Terre), le Colonel Paillole et le Colonel Sérot.




Biographie de Michel REYX alias IMPERATOR

  • Pseudonyme : IMPERATOR
  • Né le 14 Février 1917 à Saint Vérain en Puisaye (Nièvre)
  • de Jean Reyx et Marie-Thérèse Paley.
  • Profession : Officier d’Active, Saint Cyr 1936-38.
  • Disparu en Mars 1945 du Camp d’ELLRICH, annexe de DORA.
  • Réseaux : ORA, Samson, S.R. Air, Groupe Jade, Agent P2.

 

Après le Prytanée Militaire de La Flèche (Sarthe) Michel Reyx est entré à l’Ecole Spéciale de Saint Cyr le 1er Octobre 1936 dans la promotion « Soldat Inconnu ». Il parlait l’allemand.

Avec le 68ème BCP il participe aux combats en 1940 ; il est blessé le 12 Juin sans gravité à Acy en Multien (Oise) et cité à l’ordre du Régiment puis à l’ordre de l’Armée. Après un interim à Saverdun (Ariège), il intègre le 2 Nov 40 le 10ème BCP à Neuville sur Ain qu’il quittera à la démobilisation fin 42.

Venu dès 1941 à la Résistance, il entre en Décembre 1942 dans l’ORA, dans l’Etat Major du Général Verneau, puis à l’arrestation de celui-ci, Revers. Il dirige un groupe de Transmissions et de liaisons par avions « Lysander » dans la région de Reims avant de rejoindre à Paris le Réseau Samson du S.R. Air : «  De son pseudonyme Imperator dira Jean Madeline, chef de la section renseignement, il a non seulement l’allure mais le charme, le don d’organisation… Chef des Transmissions du réseau et chargé à ce titre des transmissions à Paris, il se dépense sans compter en faisant des liaisons à travers toute la France, effectuant en particulier de nombreuses missions dans l’Ouest pour la recherche de renseignements militaires (fortifications du mur de l’Atlantique) ».

A plusieurs reprises il échappe à des pièges tendus par les allemands. C’est à la fois « un organisateur et un exécutant de premier ordre » selon Jean Bézy. Peu de temps avant son arrestation, il arrive à se procurer un document très important, le « Gotha » de la Gestapo, la liste des personnes recherchées.

A partir de 1943 il est en liaison avec le Groupe Jade Amicol auquel il procure chaque semaine un courrier qui augmentera sans cesse.

En Mars 1944, il entre au S.R. qui notera : « Chef d’antenne, s’est imposé à ses subordonnés par son courage, son esprit de décision et son ardeur au travail ». Arrêté le 11 Août 1944 par la Gestapo à Paris, « sur le pont Alexandre III » dit Jean Bézy, alors qu’il avait rendez-vous avec un agent non identifié par la suite, il est interné à Fresnes.

Au moment de son embarquement pour la déportation, le 15 Août dans la Gare de Pantin, il laissera tomber sur le quai un billet parvenu à Mme Gardes, indiquant qu’il n’avait pas été interrogé, les gens du réseau pouvaient être tranquilles, alors qu’il était un de ceux qui connaissaient le mieux aussi bien les têtes du réseau que ses opérateurs…

Ce train arrivera à Buchenwald le 20 malgré la destruction du pont de Nanteuil-Saâcy sur la Marne. Avec le Matricule 77712, le 3 Septembre il est à DORA (Nordhausen, Thuringe) et le 6 au camp annexe d’ELLRICH (Juliushütte) avec la plupart de ses compagnons « 77000 ». Très éprouvé par une maladie pulmonaire, il est dispensé de travail le 12 Février 1945 devenant un « ohne Kleidung » ce qui lui vaut le 3 Mars de faire partie du Transport de 1602 malades sur la Boelcke-Kaserne de Nordhausen où ils arrivent le même jour.

Il aurait été vu pour la dernière fois embarquant dans le train de 2252 détenus parti le 6 Mars de la Boelcke-Kaserne pour Bergen-Belsen. « En son absence, disent les documents officiels, et en l’absence pour des raisons identiques des personnes qui le connaissaient le mieux (il n’y eut pas de rescapé de ce train du 6) il est impossible de fournir sur son compte des renseignements plus précis ».
Porté disparu à 28 ans, il laisse son épouse et quatre enfants, Philippe 5 ans, Danièle 4 ans, Odile 3 ans et Françoise 18 mois.

Nommé Capitaine à titre posthume, Michel Reyx recevra la Croix de guerre, la Médaille de la Résistance et sera Chevalier de la Légion d’Honneur (J.O. du 7 Juillet 1946).

Citation (Croix de Guerre, 26 Avril 1945) : « Type de l’officier français volontaire pour toutes les missions sous l’occupation allemande, a servi pendant deux ans dans un groupe de renseignement, acceptant tous les risques avec le sourire, joignant aux qualités de courage et de sang-froid, la droiture et la fermeté. Arrêté […] il n’a rien révélé de son organisation. A été déporté en Allemagne ».

Sources :

  • Archives familiales
  • SHAT/SHD, Bureau Résistance
  • Archives de Caen
  • Archives du Mémorial de DORA, Livre d’Or AASSDN



Farewell : Conséquences géopolitiques d’une grande opération d’espionnage

En mars 1981 débuta à Moscou l’une des plus grandes opérations d’espionnage du siècle dernier, l’Affaire Farewell : le colonel du KGB Vladimir Vetrov remettait à un Français mandaté par la DST les premiers documents prouvant l’ampleur du pillage scientifique et technologique soviétique à l’Ouest. Les deux blocs sont alors en pleine Guerre froide et François Mitterrand, récemment élu, révèle au président Reagan les dessous de cette affaire avant d’ordonner l’expulsion de 47 « diplomates » soviétiques.
Plusieurs acteurs-clés de l’opération révèlent ici ses aspects restés encore secrets, à Moscou, à Paris et à Washington.
Entre autres, le lecteur découvrira les témoignages inédits de l’homme qui était au contact de Vetrov à Moscou, et de Richard V. Allen, conseiller à la Sécurité nationale du président Reagan, qui explique comment Reagan et la CIA ont utilisé les renseignements de Farewell pour perturber le complexe militaro-industriel soviétique. Et accélérer la chute de l’URSS.
À travers les interventions de Raymond Nart pour la DST, de Daniel Vernet, correspondant du Monde à l’époque, de Françoise Thom, Bertrand Warusfel et Olivier Forcade, mais aussi d’Igor Preline qui apporte le point de vue soviétique du KGB, Farewell éclaire les dernières zones d’ombre d’une des plus singulières affaires d’espionnage des années quatre-vingts.

 

Table des Matières

Les Auteurs.

  •  Présentation, Olivier Forcade
  • Introduction, Patrick Ferrant

Résumé de l’Opération Farewell menée par la DST à Moscou

1.Une nouvelle guerre froide à la fin de la guerre froide : le contexte de l’affaire Farewell

  • Histoire d’ambiance, Daniel Vernet
  • Le Contexte chronologique
  • Quelques questions sur la guerre du renseignement
  • Le Renseignement pendant la guerre froide a-t‑il fait la différence ?
  • la guerre du renseignement depuis 1960

2. Qui était le colonel Vetrov, alias Farewell ?

  • Les hommes doubles
  • Quelle était la possibilité d’un conflit Est-Ouest ?
  • Ce qu’en dit la CIA
  • Le ressenti de la guerre côté soviétique
  • l’espionnage scientifique et technique
  • Contribution des pays satellites
  • Le parcours du combattant du défecteur : le cas Farewell

3. L’affaire Farewell vue du côté américain, Richard V. Allen

4. Les personnages de l’affaire Farewell

  • Le Président Reagan
  • Reagan et Mitterrand.
  • L’entrée en scène de Gus Weiss
  • L’après FAREWELL

5. L’exploitation du dossier Farewell et le renforcement des contrôles sur les échanges technologiques sensibles, Bertrand Warusfeld

6. L’après Farewell à la DST, Raymond Nart, ancien responsable à la DST

7. L’Affaire Farewell en URSS

  • Le KGB en 1982
  • Les Vétérans du KGB parlent de Farewell
  • Le complexe militaro-industriel et sa logique
  • L’Affaire Vetrov analysée par Igor Preline

8. Les origines de la perestroïka, Françoise Thom

Conclusion, Olivier Forcade

ANNEXES

  • Annexe 1 : Les organisateurs du colloque du 9 novembre 2012
  • Annexe 2 : Minutes de la réunion du National Security Council du 6 juillet 1981
  • Annexe 3 : Réunion du Conseil de Sécurité Nationale, Jeudi 9 juillet 1981
  • Annexe 4 : Memorandum the White House
  • Annexe 5 : 1981 07 08 CIA Memorandum sur Pipeline Siberian
  • Annexe 6 : The Farewell Dossier, Gus Weiss
  • Annexe 7 : Directive number 75
  • Annexe 8 : Conclusion de l’étude de Nicholas Dujmovic
  • Annexe 9 : Le Sommet d’Ottawa, 20‑21 juillet 1981
  • Annexe 10 : Liste des ouvrages consacrés à l’affaire Farewell



Biographie du Général Louis Rivet

Né en 1883 à Montalieu dans l’Isère, il sort de l’Ecole d’Officiers de Saint-Maixent en 1909.

En 1914, il est blessé et capturé au cours de la bataille des frontières.

En 1919, revenu de captivité, il entre avec le grade de capitaine, dans les services spéciaux militaires. En 1920 il est affecté à l’antenne de Mayence, puis en 1921 il fait partie de la mission militaire envoyée à Varsovie, où l’excellente entente franco-polonaise permet de jeter les bases d’un renseignement polonais qui sera à l’origine du déchiffrement de la célèbre machine à coder allemande : Enigma.

De 1924 à 1926 il est à Berlin où il poursuit son activité d’officier de renseignement sous le couvert d’une « mission de recherche des disparus en Allemagne ».

En 1926-1927 il accomplit en France une période de commandement militaire, puis il est affecté de 1928 à 1931 au poste S.R. de Belfort. Promu au grade de commandant, il dirigera celui de Lille jusqu’en 1935 (le BENE : Bureau d’Etudes du Nord-Est), à l’heure où les Nazis sont arrivés au pouvoir en Allemagne et où le France a évacué les territoires allemands qu’elle occupait depuis 1919.

En 1935 promu lieutenant-colonel, il est à Paris où il prendra la tête des services spéciaux militaires (SR, SCR) en 1936. Là une intense activité de renseignement – où se distingueront Gauché (deuxième bureau), Bertrand (service du chiffre), Schlesser, puis Paillole à la tête du contre-espionnage – fournira à l’état-major de l’armée des renseignements très précis sur le réarmement allemand. Et les hommes du renseignement français inscriront à leur actif la poursuite du déchiffrement du code Enigma grâce à Hans Thilo Schmidt, frère d’un officier allemand haut placé, qui leur a vendu de précieuses informations.

En 1940 la défaite entraîne le colonel Rivet et les hommes du SR et du CE jusque dans le sud-ouest. En plein désastre ils se déclarent, avec leur chef, déterminés à continuer la lutte en en faisant serment le 25 juin 1940  à Bon Encontre près d’Agen.

Transportés à Vichy et dans la région Auvergne, ses services, liés a l’Etat-major de l’Armée, continuent à fonctionner de manière clandestine en zone libre sous la direction du colonel Rivet, qui, atteint par l’âge de la retraite en 1940, est néanmoins maintenu dans ses fonctions.

L’invasion de la zone libre en novembre 1942 ne permettant plus le fonctionnement d’un service de renseignement en France, le Colonel  Rivet ainsi que ses principaux collaborateurs, le colonel Ronin et le commandant Paillole, gagnent Alger. Là il se trouvera d’abord sous les ordres du commandant en chef, le général Giraud. Puis le général de Gaulle, qui quitte Londres pour Alger en 1943, imposera la fusion de son propre service de Londres, le BCRA, avec les services spéciaux militaires.

En avril 1944 le colonel Louis Rivet nommé général  est admis a la retraite .  Les Américains lui confèrent la Legion of Merit.

Ses hommes l’avaient surnommé familièrement et affectueusement « Petit Louis ».

Le général Rivet est mort à Paris le 12 décembre 1958.