Memorial – biographies Aa-Al

 

ABEILLE

Valentin

Pseudonymes: MERIDIEN, COLLEONE, FANTASSIN, ARNOULT, ARNOUX.

 

Né le 8 août 19O7  à  Alençon (Orne) de Pierre Abeille et de  Louise VerpillatÉpouse: Nicole Chautemps .Profession: fonctionnaire de l’administration préfectorale. Décédé le 2 juin 1944  à  Paris XIIIe

 Réseaux: S.S.M.F./T.R., B.C.R.A., Action M ( D.M.R. Région M ), Combat, Libération, Franc-tireur, délégué du MUR (Jura et Lyon), promoteur du NAPAgent P1 (1er mai 1945), P2 (1er septembre 1943)

 

Valentin Abeille, qui avait un frère jumeau, Jean-Pierre,  était pupille de la Nation, son père étant mort à la guerre en 1914. Après des études irrégulières, ballotté par une vie familiale brisée, il  fit son droit et, entré dans la carrière préfectorale en 1938, fut, comme son père, le plus jeune sous-préfet de 1ère classe.

Ancien élève de l’école de Saumur, il avait fait son service militaire dans la cavalerie. Normalement dégagé des obligations militaires par ses fonctions, il s’est pourtant engagé dès la mobilisation en septembre 1939, au 29e Dragons à Provins. Les campagnes de Belgique et de France  lui valurent trois citations, la Croix de Guerre avec palme et 2 étoiles.

Démobilisé, homme très brillant, il est nommé au poste de préfet et rejoint alors Provins. Mais il est révoqué quelques semaines plus tard pour son attitude anti-allemande.

Dès janvier 1941, en zone sud, il entre dans la Résistance. Il est d’abord à Marseille sous couvert d’un poste officiel, mais est à nouveau révoqué dans la région de Lyon.

Après avoir fait partie du service de contre-espionnage (T.R. 115), il passe au B.C.R.A.

Très actif, début 1942, sous le nom de Colléone, il est responsable départemental des mouvements Combat, Libération franc-tireur, continue à s’occuper du NAP et organise l’A.S. dans son secteur. De plus, en décembre 1942, il devient chef régional des services économiques et politiques du MUR.

Dénoncé, traqué par la Gestapo, il prend le maquis fin janvier 1943. Nombre de ses camarades sont arrêtés, ainsi que des membres de sa famille: son oncle maternel meurt en prison à Vichy  des suites de mauvais traitements. Marié une première fois (avec Andrée Biette),  divorcé, Valentin Abeille est remarié  avec Nicole Chautemps: l’oncle de cette dernière, Pierre Chautemps, meurt à Bergen Belsen, ses frères passent en Espagne et rejoignent les F.F.L.

Valentin Abeille part pour l’Angleterre le 19-20 mai 1943 (opération Hudson dirigée par Larot à Lons le Saulnier), et est affecté au B.C.R.A. le 1er juillet 1943. Mais,  déçu par l’atmosphère de Londres et après avoir subi une intervention chirurgicale, il se porte volontaire pour une mission spéciale en territoire occupé (ce sera la mission “Fantassin).  Après avoir suivi  des stages d’instruction et d’entraînement de parachutisme, la nuit du 12 au 13 septembre 1943 (opération Gide-Bretagne), il gagne son poste de délégué militaire de la Région M (Normandie-Bretagne- Vendée), sous le nom de Arnoux, en qualité de chargé de mission de 2e classe, assimilé au grade de commandant (ayant été promu au grade de capitaine de cavalerie de réserve par décision du général De Gaulle le 12 février 1944, sous le pseudonyme de Arnoult Victor). Il …




Memorial – biographies Pa-Pei

PAIN

André, Pierre

Pseudonyme:  LA BISCOTTE

 

 

Né le 10 février 1913  à  Neuvy Granchamps (Saône et Loire) de Eugène Pain  et de  Anne Des Brosses Célibataire Profession: bourrelier Disparu le 10 mars 1944  à Weimar ou à Dora (Allemagne)

 Réseaux:  S.S.M.F./T.R., Saturne du S.R. Guerre

 

Ouvrier bourrelier demeurant à Charolles (Saône et Loire), André Pain est entré dans la Résistance en février 1941.

Son chef de réseau le décrira comme un “excellent agent de renseignement, très calme et très courageux. D’un dévouement sans bornes et d’un patriotisme très pur, qui l’ont poussé jusqu’au sacrifice suprême”.

Arrêté en mai 1943, il est déporté et considéré comme disparu en Allemagne officiellement le 10 mars 1944 (début 1945 d’après le dossier “Saturne” du Bureau Résistance), à Weimar d’après son acte de décès , à Dora d’après son frère.

Déclaré “Mort pour la France”, il sera proposé pour la Médaille de la Résistance.

 

Références: Archives du Bureau “Résistance”;  Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°13, p.4


PARENTY

Paul, Édouard

 

 

Né le 11 avril 1898  à Nesles (Pas de Calais) de Ernest Parenty  et de  Eugénie Vinot Epouse:  Marie Barbier Profession: enseignent Décédé en novembre 1944 ou le 5 décembre 1944  à  Hambourg (Allemagne) 

Réseau:  S.S.M.F./T.R. (Secteur de Lille)Agent P2

 

Paul Parenty avait été appelé sous les drapeaux d’avril 1917  à décembre 1919.

Pendant la guerre de 39-40, il fut détaché à la mission franco-britannique, du 3 septembre 1939 au 25 juin 1940, comme officier de liaison auprès de l’armée  britannique (il avait une licence d’anglais, un diplôme d’étude supérieure et un certificat secondaire d’anglais, ainsi qu’un brevet militaire de langues vivantes).

“Rentré en zone interdite le 9 octobre 1940, professeur d’anglais au lycée de Lille (lycée Faidherbe), lit-on dans une note de son dossier du Bureau Résistance, il fait fonction de commissaire principal des Éclaireurs de France (mouvement interdit par l’occupant).”

Quand il s’engage dans les Services spéciaux, le 1er janvier 1944, il est donc professeur d’anglais et a le grade de capitaine. Il est père de deux enfants, habite à Lille, 50 rue Kant.

Honorable correspondant pour le contre espionnage, il devient chef d’antenne d’un des secteurs de Lille, sous les ordres de J.P. Klotz.

Arrêté le 18 août 1944 à Lille, place de Strasbourg, il est interné à la prison de Loos-Nord et déporté en Allemagne le 1er septembre 1944. Il décéde à Hambourg à une date incertaine: novembre 1944 ou le 5 décembre 1944.

Déclaré “Mort…




La Communauté du Renseignement français

…” Ouvrir notre Association aux Anciens des Services Spéciaux actuels, “… ( Par le Colonel Paul PAILLOLE – 1988 – extrait de notre Bulletin N° 136 )

…” L’association ne se contente pas d’honorer la mémoire des anciens des Services Spéciaux victimes du devoir. Elle oeuvre aussi pour que nos compatriotes reconnaissent enfin l’importance des activités du renseignement, au sens large du mot, “… ( Par l’Amiral Pierre LACOSTE – 1998 – extrait de notre Bulletin N° 183 )

Voir pages disponibles, ( non exhaustif )

SGDSN

DCRI ( le regroupement ex – DST / ex – DCRG )

DGSE

DPSD

DRM

 

 

Communauté du Renseignement français

voir mise à jour du 05/07/2010

 

 

 




Archives du site – Marcel BERNARD

 

Madame Chantal LACHEROY, née de Bardies, notre Vice-présidente , est décédée le dimanche 18 octobre 2009, alors qu’elle se trouvait à Paris pour assister au conseil d’administration de l’Amicale.

La levée de corps a eu lieu au Funérarium des Batignoles le mercredi 21 octobre matin, et les obsèques ont eu lieu à Montjoie en Couserans, en Ariège, le jeudi 22 octobre.

Délégations AASSDN étaient naturellement présentes et nous avons reçu de nombreux témoignages de condoléances, qui ont été transmis aux familles.

Née d’un père officier Saint-Cyrien, Chantal de Bardies ne pouvait qu’être marquée par la communauté militaire et les tribulations historiques que notre pays connut au cours du XXe siècle.

Elle a 20 ans lors de l’Armistice en 1940 et à 20 ans, un jeune, pétri comme elle de patriotisme, ne peut rester indifférent devant le désastre qui submerge la France.

En décembre 1942, à Alger où son père a commandé le 5ème Régiment de Chasseurs d’Afrique, Chantal de Bardies souscrit un engagement dans l’armée et devient secrétaire auprès du Général d’aviation Bergeret, puis est affectée à la Direction de la Sécurité Militaire comme secrétaire du Commandant Paillole et du Lieutenant-Colonel Sérot qu’elle accompagnera à Paris dès la libération de la capitale.

Après que le Commandant Paillole eut quitté le Service en novembre 1944, elle est affectée à la Sécurité Air avec le Colonel Sérot qu’elle faillit suivre à Jérusalem lorsque celui-ci fut envoyé en Palestine comme chef des observateurs français de l’ONU et où il fut assassiné avec le Comte Folke-Bernadotte, médiateur des Nations Unies, le 17 septembre 1948.

Ayant résilié son contrat d’engagement en décembre 1949, elle devait retrouver les anciens des Services Spéciaux au sein de l’Association dont elle est une des fondatrices.

Déléguée générale puis secrétaire générale et enfin vice-présidente, elle en a connu toutes les activités pendant plus d’un demi-siècle.

Sur le plan personnel, l’épilogue de la guerre d’Algérie bouleversa sa vie et, dans ces circonstances douloureuses, elle rencontra le Colonel Lacheroy, qu’elle épousera en 1970.

 

HOMMAGE DU PRÉSIDENT DE L’A.A.S.S.D.N. ( Editorial du Bulletin N° 216 )
 

Au revoir Chantal !

Je voulais consacrer un éditorial à ces événements majeurs qui ont marqué l’histoire de notre temps: – Le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, en septembre 1939, il y a certes 70 ans, mais, après cinq années de cataclysme, la face du monde en a été changée. – La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, fait historique déclencheur, il y a 20 ans, de la désintégration du bloc soviétique qui mit fin à la guerre froide et modifia totalement la géopolitique du monde. Personne ne peut oublier ces événements. Je voulais aussi parler d’autres sujets plus actuels de notre action.

Hélas, un événement bien plus personnel et douloureux pour l’Amicale s’est produit le dimanche 18 octobre dernier m’amenant tout naturellement à reprendre cette rédaction.

Ce jour-là, une grande Dame s’en est allée, brutalement, discrètement aussi, sans signes apparents d’inquiétude préalable, hormis son âge et chacun sait que les risques fatals croissent inexorablement avec les années:

Chantal LACHEROY née de BARDIES-MONTEA venait de nous quitter dans une chambre du Cercle national des Armées de Paris.

Vice-présidente de l’AASSDN, elle était la plus ancienne de l’Amicale dont elle portait la carte de membre n° 12 et avait 89 ans.

Elle personnifiait notre histoire depuis 1943 à Alger. puis à Paris, comme secrétafre du Commandant Paillole et du LIeutenant-Colonel Sérot qu’elle faillit suivre en P…




Extrait du Bulletin : La Garde sous Vichy

Ce texte est une synthèse des pages 147 à 185 de l’ouvrage du Colonel Claude CAZALS, paru en juin 1997:  

… En dehors du refus courageux ou de l’abandon militant au régime de Vichy qui furent l’un et l’autre le fait d’une minorité, il y eut dans une vision plus détaillée, dans le quotidien, toute une palette d’accommodements qu’il importe de préciser et de définir au plus près. (François Bloch-Lainé et Claude Gruson).

Certains auteurs considèrent que ” le retournement contre l’ennemi au moment opportun et dans les meilleures conditions de réussite ” aurait pu être conçu au niveau du commandement supérieur de la gendarmerie, pour ne citer que ce corps constitué de l’appareil policier.

Cas unique parmi les corps des forces de l’ordre, dès 1943, le chef d’escadron Robelin, sous-directeur technique de la Garde, prépare son ralliement à la Résistance.

Sur proposition du Général Verneau, le chef d’escadron Robelin accepte son idée d’entraîner la Garde dans la Résistance.

Dans la garde, le Maréchal Pétain ne fait pas l’unanimité : les avis sont partagés parmi les officiers. Quant au Général Perré, il attend de la Garde de l’efficacité et du loyalisme à l’égard du régime en place. Le chef d’escadron Robelin (Duphin) a choisi de prendre ses distances à son égard, et de jouer double jeu, avec tous les risques que cela comporte.

Dans le cadre de ses fonctions, il agit de trois manières : – il poursuit son aide aux Services Spéciaux, renseignant le contre-espionnage clandestin à la tête duquel se trouve le Lieutenant-Colonel Lafont (Verneuil) ;

– de mai 1943 à juillet 1944, il prend les dispositions nécessaires pour faire preuve d’obstruction systématique aux ordres d’opérations émanant du secrétaire général au maintien de l’ordre ;

– il prépare le passage de la Garde au maquis. Le chef d’escadron Robelin repère un ” correspondant ” de confiance dans chaque régiment. Des contacts sont entretenus avec l’ORA, l’AS, le réseau Action R6, mais aussi avec le Front national créé par le Parti communiste en mai 1941 et avec les FTPF.

A la fin de l’hiver 1943-1944, une réunion secrète à laquelle participe le chef d’escadron Robelin aboutit au principe d’une action commune de la Garde et des FTP contre la Milice et la Gestapo de Vichy.

Une douzaine d’escadrons sont prévus au départ pour ces opérations. Par la suite, tous les escadrons recevront l’ordre de passer au maquis,

– projet dont n’avaient connaissance que de rares officiers dépendant du chef d’escadron Robelin (en fonction à la sous-direction technique de la Garde depuis avril 1943). Promu Lieutenant-colonel au début de 1944, son projet reste inchangé, malgré les difficultés rencontrées.

A Londres en effet, le BCRA juge son action trop voyante, au risque de faire du tort à la Résistance. Robelin poursuit sur sa lancée, jouant toujours double jeu. Cette attitude déplaît au BCRA, qui souhaite alors qu’il démissionne (25 février 1944).

De France pourtant, le réseau Action R6 et l’ORA soutiennent pleinement Robelin auprès du BCRA, grâce à quoi, il peut continuer la tâche entreprise. Cependant, les autorités le soupçonnent de manque de loyalisme, et jugent la Garde peu fiable.

A l’époque, Robelin pressent le danger, il sait en effet que lui, comme la Garde sont surveillés par la Gestapo et l’Abwehr.

En avril 1944, un rapport du milicien V… à l’encontre de la sous-direction technique et de son chef fait grief à la Garde d’être trop inactive vis-à-vis du maquis ; c’en est au point que Darnand songe un moment à la dissoudre, et d’interner certains de ses officiers.

Le 6 juin 1944, la France apprend le débarquement allié en Normandie. …




Congrès nationaux : 2004 Paris

 

Congrès : Membres, exclusivement

Notre Assemblée générale s’est tenue dans la prestigieuse salle Colbert de l’Assemblée nationale.

Une documentation audiovisuelle conséquente préparée par l’Amicale a été présentée sur grand écran, retraçant les grandes lignes des activités des Services Spéciaux durant la seconde guerre mondiale et de l’Amicale depuis sa création.

Chez beaucoup, une nostalgie et une émotion certaines.

 
Pèlerinage au Mont-Valérien
Sont inscrits, par année d’exécution, les 1.148 noms des fusillés au Mont-Valérien (*) parmi lesquels sept membres de nos Services :

Marc Desserée Le plus jeune avait 19 ans. Il était pilote et avait été recruté par le SR Air en octobre I940. Chargé de la surveillance d’une vingtaine de terrains d’aviation allemands, il était de ceux qui parcouraient à bicyclette les routes de Normandie. Sous la torture il n’a rien dit. L’aumônier qui l’a suivi a témoigné de sa fin : il est allé à la mort en chantant et a désigné lui-même au peloton d’exécution la place de son cœur.

Claude Betsch 20 ans, était un étudiant brillant. Agent des TR et du SR Kléber. Sous l’uniforme de feldwebel qu’il avait dérobé, il collectait des renseignements sur les champs d’aviation de Reims. C’est aussi sous uniforme allemand que, grâce à sa connaissance de la langue, à son habileté et à son courage, il a réussi à se faire passer pour un sous-officier allemand au sein même de l’État-major de la Luftwaffe à Paris où il recueillit de précieux renseignements. Il finit par être arrêté après une banale opération administrative. Dans sa dernière lettre, il écrit à ses parents :” (…) On est venu me dire tout à l’heure que je partirai à quatre heures. (…) Je n’ai pas peur et vous pourrez vous dire que je serai mort sans avoir peur. (…) Dites-vous que je suis tombé pour mon pays d’abord et que c’est une belle mort, une très belle mort “. Et en post-scriptum : ” On me prie d’ajouter au moment de partir que vous pourrez réclamer mon corps au tribunal “.

Camille Bouvet était notaire à Dax. Dès l’armistice, il est entré dans la résistance et au SR Kléber en 1941. Il fournissait des renseignements d’intoxication à un lieutenant de la Gestapo dont il avait fait la connaissance ; il a aidé de nombreux résistants à passer en zone libre et transmis des ordres et plans qui s’avérèrent utiles pour la préparation du débarquement. Interné à Fresnes en 1942, un compagnon de cellule l’a souvent vu revenir ensanglanté des interrogatoires. Le 3 novembre 1942, il écrit à sa mère: ” nous allons être exécutés à 14 heures. (…} Je le confie et je confie à Sujette et à mes frères mon dépôt le plus cher, mes deux chers petits (…) Élèves-les dans le culte de Dieu et de la France pour laquelle je meurs “.

Maurice Dechy est agent de police. Entré en 1940 dans le réseau Honneur et Police, puis dans les TR, il fournit de nombreux renseignements d’ordre militaire qui sont transmis à Londres, distribue des tracts et des journaux clandestins, accomplit des sabotages. Il a 37 ans quand il est arrêté en avril 1943, lors d’une mission à Vichy. Transféré au fort de Romainville il sera exécuté au Mont-Valérien le 2 octobre 1943.

Louis Esparre, Robert Jeanne et Pierre Doucetont travaillé ensemble, ont été juges et tués ensemble. Louis Esparre, 30 ans, est ingénieur des travaux publics, il a pour adjoint Robert Jeanne, 26 ans, dit ” le Pédagogue ” parce qu’il est instituteur. Pierre Doucet, 31 ans, …




Extrait du Bulletin : Long prologue catastrophe 10 mai 1940

Par M. Jean VANWELKENHUYZEN

Ce mois de mai, si riche en souvenirs, nous incite à piocher toujours davantage dans l’Histoire et plus particulièrement dans celle, si controversée, des événements qui ont précédé le désastre de mai 1940.

Cette fois, nous donnons la parole à M.VANWELKENHUYZEN, le distingué directeur du Centre belge de Recherches et d’Études historiques de la Deuxième Guerre Mondiale. Avec son autorisation, nous reproduisons ci-après des extraits de son étude récente sur l’attitude de la Belgique.

 

La haute compétence de l’auteur, la documentation unique dont les archives belges sont pourvues donnent à son étude une valeur exceptionnelle.

 

Nos camarades que les événements de 1939-1940 passionnent, pourront par comparaison avec les indications abondamment fournies sur ce sujet (1) se faire une opinion à la fois sur le comportement de la Belgique et des Pays-Bas, sur ce qu’il faut penser de l’attitude de l’un des chefs de l’Abwehr, le colonel OSTER, et plus généralement de l’opposition à HITLER.

 

PREMIÈRE ALERTE

L’histoire commence à Berlin le lundi 9 octobre 1939, au début de l’après-midi. Le vicomte Jacques DAVIGNON rentre à l’ambassade de Belgique. Devant le bâtiment de la Jägerstrasse l’ambassadeur aperçoit l’attaché militaire néerlandais qui fait nerveusement les cent pas. Le major Gijsbertus SAS a l’air préoccupé. Dès qu’il voit le diplomate belge, il se précipite à sa rencontre. Il lui dit sa contrariété. Il aurait voulu toucher le colonel George GOETHALS. Il a une communication importante à lui faire.

 

L’ambassadeur introduit l’officier dans son bureau et l’invite à lui confier l’objet de sa visite. SAS va droit au but. Il annonce qu’il tient de source sûre que l’état-major de l’armée allemande prépare une attaque de la Belgique. Il ne peut dévoiler l’identité de son informateur. Mais il a en lui la plus grande confiance. La Belgique court, à son avis, un péril immense.

 

Dès que GOETHALS arrive à l’ambassade, DAVIGNON lui fait part de ce qu’il vient d’apprendre. L’ambassadeur et l’attaché militaire confrontent leurs impressions. Ils n’ont pas besoin d’épiloguer beaucoup pour tomber d’accord que les autorités militaires belges doivent être averties immédiatement. Le colonel rédige aussitôt un télégramme et le chiffre. Son message parvient à Bruxelles à 18 heures. En voici le passage principal

« Attaché hollandais tient d’un ami allemand qu’il considère comme personne digne de foi très bien placée : une marche à travers la Belgique est en ce moment à l’étude au bureau du chef d’état-major général HALDER ; ce plan évite passage par la Hollande».

 

Qu’un allemand installé dans l’appareil de l’État trahisse à ce point paraît difficile à croire.

 

Qu’il s’agisse d’« intoxication » ou d’information exacte, ce que l’ami allemand de SAS a dit est de mauvais augure. Sans se prononcer sur le fond, l’ambassadeur de Belgique observe dans sa dépêche du 10 octobre :« Quoi qu’il en soit, un tel renseignement doit évidemment retenir notre sérieuse attention ».

 

OSTER CONTRE HITLER

La perplexité de Davignon et de Goethals augmenterait s’ils savaient d’où Sas tient ses renseignements. En effet, son informateur appartient a l’Abwehr !

 

Un des insoupçonnables paradoxes du IIIe  Reich est d’avoir à la tête de ses services secrets militaires un adversaire du régime.

 

Il est vrai que l’amiral Wilhelm Canaris ne s’est pas tourné immédiatement contre ses maîtres nazis. Au contraire, il a commencé par les servir avec enthousiasme. Il ne s’est distancé d’…




Extrait du Bulletin : Conflits outre-mer 45-56 (4)

LA FRANCE ET LE CONFLIT FRANCO-VIET MINH

par le Colonel Clément RUAT

Le Colonel DAUGREILH annonçait dans le Bulletin N° 149 son prochain article :LE FILM SOMMAIRE DES OPERATIONS NOS SERVICES EN INDOCHINEEn bas de la même page on pouvait lire :” LE COLONEL DAUGREILH N’EST PLUS “

Comme notre Président m’en a manifesté le désir, et en souvenir de mon ancien et fidèle collaborateur, et vieil ami, le Colonel Henri Daugreilh, je vais essayer d’écrire ce qu’il avait annoncé.

 

Bien que datant de plus de trente ans, ces événements ont trop marqué leur époque, pour que l’on puisse entrer dans beaucoup de détails, et encore moins, faire beaucoup de commentaires. Si l’on veut des récits détaillés, il y a lieu de se référer à tous les livres qui ont paru, que Daugreilh avait cités dans le Bulletin n° 146, et à tous ceux qui ont pu paraître depuis.

 

Il est toutefois nécessaire, avant de parler des Services Spéciaux (objet de cette étude) de rappeler certains éléments qui permettront, je pense, de se faire une idée de la situation du pays dans lequel ils étaient appelés à travailler.

 

I. – Nous commencerons par une double liste, celle des Autorités Françaises et celle des Autorités Viet Minh.

II. – Viendra ensuite un relevé rapide des principales activités qui, en Indochine, ont marqué cette époque.

III. – Nous traiterons ensuite des organisations Viet Minh, notre objectif.

IV. – Viendront ensuite nos Services et leur évolution en fonction d’événements et de notre expérience.

V. – Nous essaierons, pour terminer de faire un bilan sommaire.

 

I. – LES HAUTES AUTORITES

CÔTE FRANÇAIS

Autorités civiles

HAUTS COMMISSAIRES

En 1947, M. Bollaert remplace l’Amiral Thierry d’Argenlieu.

En 1948, M. Pignon lui succède.

En décembre 1950 c’est le Général de Lattre de Tassigny qui prend sa place.

En 1952, M. Letourneau est nommé à ce poste.

COMMISSAIRES GENERAUX

En 1953, M. Dejean arrive à Saigon (le nom de la fonction a changé). En 1954, le Général Ely le remplace.

(Il faut citer aussi S.M. Bao Dai, monté sur le trône en 1944 qui fut déclaré déchu en 1955, mais dont l’influence fut des plus restreinte.)

HAUT COMMANDEMENT

Après le Général Leclerc, c’est en 1946, le Général Valluy qui devient Commandant en Chef.

En 1948, le Général Blaizot le remplace. En 1949, le Général Carpentier lui succède.

Fin 1950, le Général de Lattre de Tassigny (déjà cité comme Haut-Commissaire) arrive à son tour, et, avec lui, les Généraux Salan et Cogny.

Il faut rappeler que quelques temps auparavant, le Général de Lattre avait reçu une lettre de son fils Bernard, qui lui disait : ” Papa, on a besoin de toi ici. ” Le 30 mai 1951, Bernard était tué à Ninh Binh.

En 1952, le Général Salan succède au Général de Lattre.

En 1953, il est à son tour remplacé par le Général Navarre.

En 1954, après Dien Bien Phu, celui-ci part. Il est remplacé par le Général Ely, également Commissaire Général.

 

DU CÔTE VIET MINH QUE SE PASSE-T-IL ?

Dans le Bulletin no 146, Daugreilh nous a dressé une notice biographique de :

– Ho Chi Minh ;

– Pham Von Dong ;

– Vo Nguyen Giap.

Le premier est Président de la République Démocratique du Viet Nam, le deuxième en est le Vice-Président, quant à Giap,il est le Ministre de la Défense Nationale et assure le Commandement suprême de…




Extrait du Bulletin : sur Weygand

Témoignages par le Général de C.A. Henri NAVARRE

Mon premier contact personnel avec le Général WEYGAND remonte aux premiers
jours de la guerre de 1939.

J’étais alors Chef de la Section allemande du S.R. , et j’avais comme
adjoint le Capitaine GASSER.

Or celui-ci m’avait prévenu la veille de ce que
le Général WEYGAND, nommé Commandant en Chef au Moyen Orient lui avait
demandé de l’accompagner à Beyrouth comme chef de Cabinet.

La porte de son
bureau s’ouvre et je vois entrer le Général WEYGAND. Venu au « 2 bis » pour
y prendre connaissance des dossiers, renseignements sur le théâtre
d’opérations qu’il allait commander, il s’était donné la peine d’entrer chez
moi pour dire au modeste Chef d’Escadron que j’étais, ses respects, et au
moment où son travail allait beaucoup s’amplifier, d’être obligé de me
priver de mon principal collaborateur.

Ce geste d’extrême courtoisie m’avait
beaucoup touché et je me le suis souvent rappelé, à une époque où la
muflerie semble devenir la règle.

Puis, ce furent les huit mois de la « drôle de guerre », les revers, la
nomination du Général WEYGAND au Commandement en Chef, son immense effort
pour redresser la situation désespérée qui lui avait été léguée, l’Armistice
et l’installation à Vichy, en qualité de Ministre de la Défense Nationale du
Maréchal PETAIN.

Pendant toute cette période si je n’ai pas eu de contacts
personnels avec le Général WEYGAND, j’ai été, par GASSER, au courant de sa
pensée.

Je savais qu’il n’avait pas accepté la défaite et ne vivait que pour
la rentrée en guerre de la France – mais pour gagner, cette fois ! De cette
revanche, j’étais persuadé que le tremplin ne pouvait être que l’Afrique du
Nord.

Aussi fut-ce avec joie que j’acceptai quand le Général WEYGAND me proposa de
faire partie de l’équipe qu’il enverrait à Alger où il allait prendre les
fonctions de Délégué Général pour l’Afrique française.

Dès le premier contact avec lui, à Alger, notre équipe savait dans quel
esprit elle devrait travailler : l’Allemand restait l’ennemi.

La répartition des tâches était également fixée sans
ambiguïté. Pour ma
part, désigné comme Chef du 2 ème Bureau, je serais responsable de toute la «
partie secrète » – tout au moins de celle que le Général ne se réservait pas
personnellement.

Je dirigerais, à son échelon, le Renseignement, le C.E., la
répression des activités anti-nationales, la propagande et la
contre-propagande.

J’aurais à couvrir tous les camouflages qui
s’organisaient : effectifs, armement, matériel.

Je devrais contrôler
l’activité et lutter contre les empiècements des Commissions d’armistice
allemandes et italiennes.

Il me faudrait un volume pour écrire l’histoire de cette « partie secrète »
de l’action du Général WEYGAND d’octobre 1940 à fin 1941.

Je me bornerai donc ici à retracer quelques épisodes qui me semblent
caractéristiques de l’état d’esprit qui était alors celui de notre Chef.

Le premier de ces épisodes se situe dans le cadre de la guerre du
Renseignement.

Pendant que nous étions à Alger, la guerre opposait en
Libye et en
Tripolitaine l’armée anglaise d’Egypte et les Armées Germano-Italiennes.

La victoire ou la défaite de ces dernières dépendaient du rendement de leur
ligne de communications maritimes qui, partant d’Italie, doublai…




Extrait du Bulletin : 50e anniversaire de la mort du Général d’Armée Henri Giraud

SECTARISME ET DÉSINFORMATION

C’est à cet ” exploit ” que j’ai eu la tristesse d’assister le samedi 13 mars 1999 de 19 h à 19 h 45, sur la chaîne de télévision ARTE.  

Deux compères y faisaient assaut d’hypocrisie : le pseudo historien Max F… et son invité, Jean-Louis C-B, connu de l’A.A.S.S.D.N. pour son culte professionnel du gaullisme exclusif.

Oeil complice et sourire en coin, les duettistes commentaient à leur façon les images souvent émouvantes de l’existence du Général Giraud dont c’était le cinquantième anniversaire de la mort. Affirmations erronées, insinuations désobligeantes, allusions tendancieuses, tout l’arsenal de la désinformation tendait à justifier le titre fielleux de l’émission : ” Le Général Giraud ou l’ambiguïté de Vichy “… ” Résistant ” à Londres et responsable du Comité de propagande de la France Libre, Jean-Louis C-B n’arrive pas à admettre que propagande et Vérité historique ne peuvent pas faire bon ménage.

Il lui est interdit de dire que l’évadé de Koenigstein, la tête mise à prix par Hitler, la fille aînée mourante en déportation, la famille prisonnière des nazis, a libéré l’A.F.N. de l’emprise de Vichy et remis l’Armée Française unanime, dans le chemin de l’Honneur.

Mais où les limites du sectarisme confinent à l’odieux, c’est lorsqu’en réponse à la question faussement naïve de F…, l’éminent auteur de la ” France Libre ” ose insinuer que l’ampleur de l’hommage rendu au Général Giraud le jour de ses obsèques nationales, n’était qu’un montage politique destiné à détourner l’attention de la nation des initiatives du Général de Gaulle qui, hors des affaires publiques depuis 1947 s’efforçait de jeter les bases du R.P.F. (Rassemblement du Peuple Français).

Pauvres et rares habitués des émissions de ARTE sur ” l’Histoire parallèle “, après avoir vu Giraud remettre à Eisenhower la Grande Croix de la Légion d’Honneur, après l’avoir vu entrer aux côtés de Patton dans Metz libéré, après l’avoir vu fièrement assis sur son lit de mort et honoré par tout un peuple le jour de ses obsèques, que pouvez-vous penser de ce matraquage impie de l’Histoire (non parallèle) de notre France ?

 ( Paul PAILLOLE )

 

50e ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU GÉNÉRAL D’ARMÉE HENRI GIRAUD

Le 11 mars 1949, le Général Henri Giraud s’éteignait à l’Hôpital militaire de Dijon. Il avait reçu la veille la médaille militaire, la plus haute distinction pour un officier général.  

Ainsi disparaissait à 70 ans ce grand soldat qui, par sa bravoure, son audace, son courage indomptable et son patriotisme, incarnait les plus nobles vertus militaires, celui qui s’interdisait et interdisait aux siens de se résigner à la défaite, celui que la France reconnut comme l’une des gloires les plus pures de son armée et à qui elle fit, il y a 50 ans, des obsèques nationales.  

Depuis, il repose, avec les autres grands capitaines de notre Histoire, dans la crypte de la Chapelle Saint-Louis des Invalides.  

Nous avons déjà relaté dans notre bulletin les grandes lignes de la carrière d’exception du Général Giraud et notamment son action pendant la guerre retracée dans sa dernière citation, la treizième, octroyée par le gouvernement de la République lorsque lui fut décernée la médaille militaire et dont voici le texte :

” Chef prestigieux aux états de service splendides, s’est évadé en avril 1942 de la citadelle de Kônigstein, exploit tenant de la légende, avec la volonté ardente de reprendre le combat. Présent à Alger à l’heure décisive, a pris une part déterminante à la rentrée de l’Afrique du Nord dans la guerre. A réussi, dans les moindres détails, à jeter les troupes françaises face à l’armée allemande en couverture des débarquements alliés, préparant par le succès…