Extrait du Bulletin : Norvège 1942 : Nous n’étions que trois sous-marins français

Par le Capitaine de Vaisseau (H) Etienne SCHLUMBERGER – Compagnon de la Libération

En juin 1940, seuls quatre sous-marins de 600T. armés avaient pu quitter Cherbourg pour rejoindre l’Angleterre : Minerve, Junon, Orion et Ondine. De ces quatre, seuls Minerve et Junon purent être, par la suite, réarmés par les FNFL (1). Le sous-marin mouilleur de mines Rubis, alors en opérations de minage, avait, quant à lui, décidé de continuer le combat. Le Surcouf, le plus grand sous-marin du moment, après avoir été saisi par les Anglais, avait, lui aussi, pu être réarmé par les FNFL. Enfin, le Narval s’était échappé de Bizerte pour rallier le combat à Malte, au cri de ” Trahison sur toute la ligne “.  

Ainsi, au début, seuls des 78 sous-marins dont disposait la France en 1940, cinq ont continué le combat. Dans des conditions tragiques pour certains. C’est ainsi que l’officier en second de l’un des 600T. qui avait décidé de poursuivre le combat, fut si violemment pris à partie par son commandant, qu’il se suicida.  

Hélas, de ces cinq, le Narval coula dans un champ de mines français, en opération devant la Tunisie. Le Surcouf, lui, fut coulé par erreur au voisinage des Antilles, par un avion américain.  

Il en restait donc trois : Rubis, Minerve et Junon. Trois sur les 78 dont disposait au début la France. Et que sont devenus la majorité de ceux qui restaient ? Presque tous perdus, mais bien peu contre l’ennemi. Perdus soit contre les alliés, soit par sabordage, soit saisis par l’ennemi. Ainsi, à la fin de la guerre, nous n’avions plus qu’une quinzaine de sous-marins, y compris ceux cédés par l’Angleterre.  

Et pourquoi, aujourd’hui, parler de ces trois ? C’est qu’ils étaient basés à Dundee, en Écosse, et opéraient essentiellement en Mer du Nord, sur les côtes nord de la Norvège occupée par l’Allemagne. Sans vraiment parler d’opérations spéciales, leurs actions peuvent être considérées, dans une certaine mesure, comme clandestines. En effet, les zones d’action se trouvaient surtout dans Findraled, le passage maritime longeant la côte entre celle-ci et le chapelet des îles et îlots extérieurs. Les ouvertures vers la mer étaient protégées par des champs de mines, et l’ennemi s’imaginait mal que l’on puisse s’y aventurer. En fait, il était possible de passer à une bonne profondeur sous le niveau des mines. Celles-ci se situaient à environ trois mètres sous l’eau, et en passant à une profondeur de 30 m, les risques étaient réduits, sauf le désagrément d’entendre, parfois, un orin de mine frotter le long de la coque. C’est le Rubis qui, avec ses mines mouillées dans ce passage, a obtenu de magnifiques succès.  

Minerve et Junon étaient des sous-marins français classiques de 600T. Ils avaient deux avantages pour les opérations difficiles à l’intérieur des fjords : ils étaient relativement petits et maniables et, surtout, contrairement aux sous-marins semblables des classes U et V, ils avaient de larges ponts en bois sur lesquels il était facile de gonfler, charger et mettre à l’eau des canots pneumatiques. Mais ils avaient deux gros défauts : leur système électrique était délicat et il arrivait, au grenadage que les disjoncteurs sautent ainsi que des rivets de la coque épaisse. Mais leurs deux premières qualités les désignaient tout particulièrement pour des opérations spéciales au fond des fjords.  

Aussi ces deux bateaux purent-ils accomplir un certain nombre de missions, soit de liaison avec la résistance norvégienne par débarquement d’agents, de matériel radio ou de guerre, de ravitaillement, soit de destructions à terre.  

A mon sens, l’une des très significatives, puisque j’y étais, fut la destruction de la centrale hydraulique de Glomfjord. Cette impo…




Extrait du Bulletin : Hommage mémoire chef d’escadron Kerhervé

L’ A.A.S.S.D.N., la Gendarmerie Nationale et Issoire se souviennent

Ce dimanche 4 juillet 1971 restera gravé dans la mémoire de tous ceux qui ont eu le privilège d’assister à l’émouvante cérémonie organisée conjointement à Issoire par l’A.A.S.S.D.N. et la Gendarmerie Nationale en présence des autorités locales et d’une très nombreuse assistance. Une organisation exemplaire.

 

…/… A 11 h., deux clairons de l’École d’Enseignement Technique font retentir la sonnerie du « garde-à-vous ». L’assistance se fige. Lentement,  le drapeau tricolore qui recouvre la plaque et retiré.

Cette plaque porte la mention :

CASERNE KERHERVE CHEF D’ESCADRON DE GENDARMERIE AGENT P.2. DES FORCES FRANÇAISES COMBATTANTES RÉSEAU SSM/TR ARRETE A ISSOIRE, LE 15-6-1943 POUR FAITS DE RÉSISTANCE MORT POUR LA FRANCE EN DÉPORTATION A GUSSEN, ALLEMAGNE LE 10 JANVIER 1945 …/…

(  extrait de différents discours )

 

Allocution du Président National.

” Plus d’un quart de siècle s’est écoulé sans que nous ayons pu rendre ce public hommage à un Français, digne entre tous de notre reconnaissance, digne aussi d’avoir son nom et sa mémoire confiés à ce corps d’élite qu’il a honoré de toute sa vie de soldat et par son sacrifice : la Gendarmerie. Et pourtant, à la réflexion, cette cérémonie vient à son heure. Elle vient à son heure car le souvenir des événements qui ont meurtri la France de 1940 à 1945 pourrait sombrer dans l’indifférence et dans l’oubli s’il n’était ravivé par le rappel des actes héroïques qu’ils ont suscités. Oui! elle vient à son heure, car, aujourd’hui, il apparaît plus nécessaire que jamais de mettre en évidence l’esprit de DEVOIR et de SACRIFICE qui a toujours animé – et anime toujours notre Gendarmerie Nationale, de rappeler hautement son inépuisable dévouement au service d’une mission sans cesse plus étendue, sans cesse plus éprouvante, d’en souligner la noblesse et la grandeur puisqu’elle s’étend sans limite, ni solution de continuité, de l’homme à la collectivité, et du français à la France. Ce n’est pas le moindre mérite de KERHERVE, de son existence exemplaire et de sa fin glorieuse, que de permettre d’exprimer cela, maintenant ; en même temps que la confiance et le respect dus par la nation à une institution qui sait assumer les charges les plus lourdes, et parfois les plus ingrates, avec une efficace simplicité et sans jamais faillir à son devoir civique. KERHERVE s’est éteint le 10 janvier 1945 dans la misère du camp de GUSSEN, accablé par les souffrances et les sévices endurés depuis son arrestation à Issoire 18 mois auparavant.

Cet homme simple et robuste issu de l’austère lande bretonne, chère à Octave FEUILLET, celle qui entoure ELVEN et domine de loin le golfe gris du MORBIHAN, passait brusquement dans la légende, après avoir vécu la plus noble des aventures.

Il avait 44 ans et servait déjà la Gendarmerie depuis 20 ans ; lorsque commandant la Section d’ISSOIRE il prit la décision de refuser la défaite et d’aider à la lutte contre l’envahisseur.

Ses origines, sa formation, son âge, sa famille tout l’incitait à la sagesse et à la réflexion ; tout aussi le poussait irrésistiblement vers la défense de son foyer, de l’honneur de son Arme, de sa Patrie.

Depuis Juillet 1940, j’avais le privilège de diriger les services clandestins de Contre-espionnage et d’avoir à mes côtés, à Clermont-Ferrand, un homme d’une trempe exceptionnelle le Commandant JOHANES.

Dans l’organisation que nous mettions sur pieds, il fallait des appuis sûrs habitués à …




Extrait du Bulletin : En déportation avec Michel Garder (2)

Conférence prononcée le 8 novembre 1997

par M. André BESSIERES , compagnon de déportation de Michel GARDER.  

La déportation : itinéraire de l’insoutenable

Un mois d’interrogatoires en cellule, avenue Foch, cinq mois au secret à Fresnes, précédent son transfert au camp de Royal Lieu à Compiègne. Là, selon le jeu des arrivées et des départs, de 500 à 3.000 prisonniers désoeuvrés arpentent à longueur de journée l’immense place d’appel de cette ancienne caserne française.

Vêtements sales, informes, souvent déchirés et maculés de sang. Pied, main ou tête bandée, bras en écharpe, claudiquant ou boitant ou soutenus par leurs camarades, beaucoup ne sont pas encore remis des tortures subies pendant leurs interrogatoires.

Hormis leur présence aux miradors et aux deux appels journaliers, les Allemands n’apparaissent pas, laissant aux détenus l’administration intérieure du camp. Limitée à l’enceinte des barbelés électrifiés, une liberté relative y règne : des prêtres servent la messe, des conférenciers s’y distinguent, une troupe théâtrale d’amateurs s’y produit.

A l’occasion d’une représentation, j’ai vu Michel Garder pour la première fois. Il s’agissait d’une revue ; avec un partenaire, il parodiait le duo de Carmen à la manière de Charpini et Brancato avec une aisance telle qu’elle ne correspondait pas au personnage que j’allais bientôt connaître…

Au matin du 27 avril, comprimés, debout, à cent et plus par wagon à bestiaux, avec 1.700 camarades, résistants pour la plupart, il prend en gare de Compiègne, le chemin de la déportation. Les gardes ont prévenu : ” une tentative d’évasion et vous serez tassés à 200 par wagon ; une évasion réussie 10 fusillés dans le wagon ; deux évasions réussies tout le wagon fusillé “.

Malgré cette menace, pas un wagon qui, le premier jour ne connaisse une tentative. Dans celui où il se trouve, que les crosses commencent à fourrager, le drame est évité de justesse grâce à son sang-froid, à sa présence d’esprit et à sa parfaite connaissance de l’allemand. ” C’est intolérable, proteste-t-il dans cette langue, personne ne veut être fusillé pour une tentative d’évasion qui remonte au convoi précédent. Je suis père de famille, je me porte garant de mes camarades, s’il arrive quelque chose, fusillez-moi d’abord “.

Sa voix porte l’argument qui clôt l’incident ! Suivent quatre jours et trois nuits d’apocalypse où chaque wagon paie son lourd tribut de fous et de cadavres, une centaine au total, avant que les portes ne coulissent avec fracas sur l’enfer aboyant et vociférant d’Auschwitz.

Des jambes vacillent, des gummis s’abattent, des fous déchaînés courent en tout sens, des coups de feu claquent, des hommes tombent… Quelques heures plus tard, le matricule tatoué sur l’avant-bras gauche fournira le surnom à ce convoi dit ” des Tatoués ” qui stagne deux semaines dans l’univers aux relents de chair grillée de Birkenau.

A son départ pour Buchenwald, il laisse une centaine de morts. Polyglotte remarqué par le leader syndicaliste Marcel Paul, Michel Garder récusera à Buchenwald une position privilégiée dans l’administration intérieure coiffée par les rouges allemands. Elle l’aurait amené, lui, anticommuniste viscéral, à filtrer les communistes à l’arrivée des convois des diverses nationalités afin de leur réserver les postes ou les Kommandos les plus propices à l’action clandestine.

Son refus entraîne son envoi immédiat au camp d’extermination de Flossenburg d’où il est expédié 12 jours plus tard avec 191 de ses camarades de convoi dans une fabrique de fuselages de Messerschmitt 109 à Flôha en Basse-Saxe.

Dans ce Kommando peuplé de quelques centaines de Slaves, en majorité russes, Michel Garder d…




Extrait du Bulletin : Col. Simoneau et SRO

Allocution prononcée en 1988 à Besançon

Par  le colonel Paul PAILLOLE

Honorons leurs mémoires Il y a déjà trois ans, deux des nôtres, parmi les plus grands, nous quittaient: le Colonel Léon Simoneau, notre Secrétaire général et le Colonel Michel Garder, Secrétaire général adjoint chargé de notre bulletin.

En hommage au rôle et à la place qui furent les leurs, voici pour le Colonel Simoneau le récit, par le Colonel Paillole, de son action à la tête du S.R.O. de la première Armée du Général de Lattre, et pour le Colonel Garder, sur un tout autre registre, un rappel de son talent d’analyste géopolitique des pays de l’Est et de sa vision prémonitoire de l’évolution du monde soviétique dont, dès 1965, il prévoyait déjà la fin.., bien avant tout le monde.

 

Nous sommes à la mi-septembre 1944. 700 Km de course échevelée. 4 semaines de combats victorieux mais éprouvants : Toulon, Marseille, Autun, Dijon. La première Armée française doit reprendre son souffle, assurer sa maintenance, achever l’amalgame avec les F.F.I. C’est d’ici que son commandant en chef, le Général de Lattre décide de rassembler ses forces et de préparer la phase finale de la libération de notre pays.

L’affaire sera rude. Elle doit être décisive. Churchill et de Gaulle qui en ont conscience, viennent à Besançon à la veille du terrible hiver 1944-45, apporter à nos soldats le réconfort de leur confiance. Condition première du succès des opérations à venir: la connaissance de l’ennemi.

Un ennemi désormais regroupé, renforcé, galvanisé par les consignes sans appel d’un Führer aux abois. C’est donc d’ici que de Lattre lance chez cet ennemi arc-bouté sur ses ultimes défenses vosgiennes et alsaciennes, cet éclaireur de fond qu’est le S.R.

Oui, mais pas n’importe quel S.R. Le S.R.O. dont il dispose depuis Alger, est une création originale, sans précédent, dans notre histoire contemporaine. Sa conception résulte autant des besoins d’une guerre de mouvement que des circonstances imposées par l’occupation de notre territoire.

A ses ressources propres, rassemblées en A.F.N., le S.R.O. doit ajouter, au fur et à mesure de son avance, les ressources de la résistance métropolitaine et tout particulièrement celles des S.R. clandestins issus de l’Armée qui depuis bien avant la guerre, n’ont jamais cessé d’être aux trousses de l’ennemi et d’en dénoncer les intentions et les actes.

L’amalgame des sources et moyens de renseignements, tel fut l’un des secrets de la réussite du S.R.O.

Réussite totale que concrétise la lettre de félicitations adressée le 17 octobre 1944 par le Haut Etat-major allié au chef du S.R.O., le Commandant Simoneau, publiée dans un précédent bulletin.

C’est bien ce que cette plaque symbolise à l’emplacement même où le S.R.O. en possession de tous ses moyens se lance vers cette étape décisive pour l’avenir de nos Armées et de la France. Elle est aussi, cette plaque, un hommage discret mais combien nécessaire à une équipe ardente trop souvent ignorée lorsque se sont comptabilisés les facteurs de victoire. C’est enfin le rappel de tout ce que l’on doit à ce chef exceptionnel, expérimenté, rigoureux et humain, que fut le Colonel Simoneau.  

 

Le Colonel Simoneau et le S.R. Opérationnel de la première Armée française

Léon Simoneau est décédé le 7avril 1993. Jusqu’au dernier souffle il a gardé sa lucidité et son exceptionnelle mémoire. L’épopée de la première Armée française y avait sa meilleure place. Saint-Cyrien comme moi (promotion 1925-1927), nous nous étions retrouvés capitaines dans les services spéciaux de l’Etat-major de l’Armée. C’était en 1938. Lui à Metz, moi déjà en fonction à Pari…




Hommage à Buchenwald




Memorial – biographies Cl-Cz




Memorial – biographies Ca-Ck

Buchenwald, la place d’appel. Au 1er plan, la plaque des 50 Nations, au 2e plan, l’unique entrée du camp, au 3e plan, le crématoire.
 
 
 

Le 15 octobre 2010, à Buchenwald, ont été apposées dans l’antichambre du four crématoire, conjointement avec nos amis du Special Forces Club britannique, deux plaques à la mémoire des officiers du SOE, du Secret Intelligence Service,  des officiers ” TR jeune ” des Services Spéciaux militaires français et du B.C.R.A., déportés ensemble en août 1944 et exécutés dans ce camp fin septembre – début octobre de la même année. Hommage également à nos 201 Morts pour la France en déportation ainsi qu’à celles et à ceux qui sont revenus de cet enfer en 1945.
Cette cérémonie qui avait le soutien, pour la France, du Secrétariat d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants  ainsi que de l’ONAC, est une manifestation de notre rattachement pérenne au Monde Combattant ainsi que le scellement de nos relations avec le très discret Special Forces Club ( SFC).

   
 
Recueillement solennel dans la salle du « crématorium » devant les plaques dédiées aux héros
 
   
Lire les textes des allocutions prononcées par le Special Forces Club ( SFC ) et par les Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( AASSDN )
 

 

BUCHENWALD: OPENING ADDRESS The two plaques which we have come here to dedicate today commemorate the sacrifices made 66 years ago by 30 young officers of the British and French Special Services in the cause of freedom in the Second World War. They were of various nationalities: French, British, Canadian, Belgian and Dutch. But they had a few important things in common.

All of them spoke French very well. All had volunteered to act as agents of their various services inside occupied France in order to provide support for the French Resistance Forces or to gather intelligence for the Allies. All of them had been sent into France from England – some more than once. All of them undertook their missions willingly, knowing that they risked torture and death if they were captured, because each of them for his own reasons wanted to play a part in the liberation of France from the Nazi occupiers. They were captured in different areas of France, some being betrayed. They were imprisoned and interrogated in France, often brutally tortured, and, as the Allies advanced through France, they were collected together and sent by train to Germany in mid-August 1944. After a long and dangerous journey in dreadful conditions, they were brought to Buchenwald and kept prisoner in Block 17 under a particularly harsh regime. They nevertheless maintained their dignity and morale, supported by each other’s company, their common experiences and sense of purpose, and by the presence in the Camp of colleagues who had been inmates for some time.

Finally, they were murdered without any trial, as the Allies approached the borders of Germany. The first 16…




Extrait du Bulletin : Le sabotage des liaisons téléphoniques allemandes

Nous publions ci-après le témoignage de M. Jacques DUMAS-PRIMBAULT, Directeur régional des Télécommunications, à Limoges en 1943, sur les circonstances qui ont précédé l’arrestation à Limoges en mai 1943 du Capitaine GATARD, dont l’A.A.S.S.D.N. a honoré la mémoire au cours de son Congrès de Lyon.  

Ce récit a le mérite de souligner l’intensité de l’action résistante dans cette région et le patriotisme engagé des fonctionnaires des Télécommunications.

Quand, en novembre 1941, les Allemands occupent la zone sud, Limoges devient pour eux un centre de communication important, et ils réquisitionnèrent nombre de circuits pour leur usage.

Or il se trouve que, dès 1942, j’avais reçu la visite d’un de nos jeunes ” conscrits ” de l’école polytechnique, le Capitaine Jean Gatard, qui, en fait, faisait de l’espionnage, ou plutôt du contre-espionnage, pour le compte de l’armée française.

Nous devînmes intimes et, pendant un an, je lui passais pas mal de renseignements. En avril ou mai 1943, il m’annonça, tout joyeux, qu’il disposait maintenant d’une liaison directe (radio, bien sûr avec Alger et qu’on lui demandait la carte des circuits de commandement allemands.

Dès le soir, vers 19 heures, à l’heure où le bâtiment était vide et l’équipe allemande au ” rata “, je descendis et relevai la liste des circuits allemands. Le lendemain, vers midi et demie, dans le bâtiment tranquille comme d’habitude, Gatard passa me voir et je la lui remis.

Or, au milieu de l’après-midi, son épouse, Denise Gatard, qui s’était liée d’amitié avec ma femme, vint lui annoncer que son mari avait été arrêté vers 14 heures par la police alors qu’il rentrait chez lui. Coup dur, car il devait avoir sur lui la liste manuscrite, de ma main, des renseignements recueillis la veille.

J’eus très, très chaud…, et restais sur le qui-vive pendant 24 heures, jusqu’à, ce que, le lendemain, Étienne Moineville, qui appartenait au même réseau, m’apprît que Gatard avait eu le temps, dès la visite qu’il m’avait faite la veille, de passer voir son radio…. et, par conséquent, de lui remettre le papier compromettant.

J’étais donc hors d’affaires ! Gatard ne l’était pas hélas ! Incarcéré par les Allemands à la caserne Marceau qu’ils occupaient, il essaya de s’en évader et se brisa les deux chevilles en sautant d’un mur. Repris, maltraité, durement interrogé, il put cependant donner de ses nouvelles par M. de Cathen qui, en sa qualité de délégué de la Croix-Rouge, obtenait parfois, à cette époque, l’autorisation de visiter certains prisonniers.

C’est par cette voie que le malheureux Gatard put faire passer à sa femme le nom du ” traître ” qui l’avait vendu.

Quelques semaines plus tard, Gatard fut transféré à Lyon, condamné par un conseil de guerre, et fusillé au Fort Montluc en août 1943.

Bien sûr, les autorités allemandes avaient des liaisons radio hors d’atteinte de tout sabotage, mais elles tenaient cependant beaucoup à leur réseau fil, et celui ci était beaucoup plus fragile.

Le câble Limoges-Ussel (un des deux seuls câbles LGD qui, à l’époque, desservaient Limoges), avait été vite coupé au pont de Combade. Quant aux grandes artères aériennes sur voie ferrée, vers Châteauroux, Guéret, Brive, Périgueux, leur état, au fur et à mesure que l’on avançait vers la libération, était devenu une vraie mascarade.

Les voitures K du service des lignes partaient chaque matin pour réparer les artères signalées coupées… et les rétablissaient de façon que les Allemands du répartiteur puissent constater leur action ; puis les chefs d’équipe faisaient le nécessaire auprès du maquis ou de ses patriotes locaux, pour qu’elles soient recoupées dans la nuit.

 

 

 

CLAUDEL

Eugénie

Née BOLZINGER

 

 

Née le 10 décembre 1885 à  Veymerange (Moselle) de Jean-Baptiste Bolzinger  et de  Madeleine Weynant Epouse de  Henri, Joseph Claudel Décédée le 12 avril 1945  à  Ravensbruck 

Réseau:  S.S.M.F./T.R. (T.R. 113,Clermont-Ferrand, Capitaine Johannes)Agent P2

 

Engagée en novembre 1942 par les Services spéciaux,les premiers mois de 1943, Eugénie Claudel offre sa maison de Murols (Puy de Dôme)pour abriter l’installation d’un poste d’émission clandestin.

Arrêtée le 9 juillet 1943, chez elle, elle est internée à Clermont-Ferrand et à Romainville, puis  transférée à Compiègne et déportée à Ravensbruck. Elle y meurt le 2 avril 1945, dans la chambre à gaz, à cinquante neuf ans.

Déclarée “Morte pour la France”, Eugènie Claudel recevra la Croix de Guerre avec étoile de vermeil.

 

*

Citation : “A mis sa demeure à la disposition du service radio d’un poste de contre-espionnage clandestin en zone occupée, dès les premiers mois de 1943”.

 

Références: Archives du Bureau “Résistance”;  Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°21, p.19


CLECH

Joachim

 

 

Né le 28 janvier 1899  à  Crozon (Finistère). de Pierre, Marie Clech  et  de  Rose, Joséphine Parlier Epouse:  Caroline Laugié Profession: officier de gendarmerie Décédé  le 11 avril 1945  à  Bergen Belsen 

Réseaux:  S.S.M.F./T.R.,  S.R.Kléber  (Vénus , Bruno)

 

Né d’un père  gendarme, Joachim Clech, lui-même issu du C.L.A. (Cadre Latéral Artillerie), avait aussi fait carrière dans la Gendarmerie (sous-lieutenant en 1925, lieutenant en 1927, capitaine en 1933, chef d’escadron en 1941, lieutenant colonel en juin 1944). Il s’était marié en 1921 à Constantinople,

Selon le témoignage du commandant Stroup , il “a été, à partir de 1941, un précieux auxiliaire à Riberac (Dordogne), puis à Périgueux. Il avait donné l’ordre à toutes ses brigades de gendarmerie de m’aider par tous les moyens.” Le maire de Tours dit de son côté: “le lieutenant colonel Clech a organisé dans sa zone un service de renseignements très intéressant…Grâce à son activité, à son énergie et aux méthodes employées, plusieurs centaines de jeunes gens, d’Israélites, de femmes et d’hommes plus ou moins traqués par le Boche ont pu venir se réfugier en zone libre.”

Joachim Clech est arrêté par la Gestapo (le S.S. Meyer) le 6 juillet 1943, dans son bureau, à Périgueux. Le commandant Stroup pense qu’il l’a été à sa place, car la Gestapo le prenait pour son successeur désigné.

Il est interné à Périgueux, puis au Pré-Pigeon d’Angers et à Compiègne. Enfin, le 24 janvier 1944 , il est déporté …




Bibliographie : présentation

Il est difficile d’écrire l’Histoire sans tenir compte de sa partie secrète, menée par des services dits secrets ou spéciaux.

Et pourtant, c’est ce qui se fait, en partie parce que l’accès aux archives de ces Services reste fermé ( et c’est souvent très bien ainsi ) ou, simplement entrouvert.

Des Historiens ont beaucoup écrit et des Universitaires ( plus chez les anglo-saxons que chez les Français ) ont commencé à s’intéresser à ces sujets. Mais ce sont quelquefois les « Acteurs » qui ont le courage de témoigner ( souvent pour leurs camarades restés dans l’ombre ou décédés ) et, ce sont surtout une pléiade de « journalistes d’investigation » qui ont mené des enquêtes minutieuses, rencontré les témoins, etc. qui nous donnent actuellement la meilleure vision de l’histoire des Services, et de la guerre secrète…

Nous voulons vous présenter différents livres qui ont attiré notre attention, français ou étrangers, anciens ou récents. – En quelques clics, soyez comme ” chez le Libraire “, pour rechercher un auteur ou un titre et son éditeur, découvrir un livre, et voir si celui ci répond à votre attente.

Voir les ouvrages présentés & commentaires littéraires

 

 

CALVET

Louis, François, Émile

 

 

Né le 21 août 1914  à  Graulhet (Tarn) de Emile Calvet  et de  Marie Duguet Epouse: Jacqueline, Jeanne, Joséphine Jaunaux Profession: mécanicien garagiste Décédé le 16 juillet 1944  à  Calmont (Haute Garonne) 

Réseau: S.S.M.F./T.R. (groupe Morhange)Agent P2

 

Louis Calvet était mécanicien garagiste à Pau. Mobilisé en août 1939, fait prisonnier à Bondy en juin 194O; six mois plus tard il s’évadait.

Entré dans la Résistance en janvier 1942, il est arrêté le 3 juin 1944, mais réussit à déjouer la surveillance de ses gardiens et rejoint le maquis de Quérigut (canton d’Axat, Aude) où il est chargé de la formation des cadres. En mission de liaison et de convoyage de matériel à Calmont (Haute Garonne), il est arrêté au petit matin du 16 juillet 1944 et fusillé le jour même, dans une rue de la ville, rue du Temple. Lenfant et Vidal, du réseau Morhange (maquis de Quérigut), en témoigneront. C’est ce qui ressort du dossier le concernant au Bureau Résistance.

Cependant, dans le rapport de X3, du 3 août 1944, relatant la mort de M. Taillandier, il est dit (Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°3, p.6): “Au petit jour, les Allemands et la Milice, au nombre d’une cinquantaine munis d’automitrailleuses et de voitures légères cernèrent le village et se rendirent au domicile de nos agents. Ces derniers, surpris dans leur sommeil, essayèrent courageusement de se défendre mais succombèrent sous le nombre. Lenfant et Calvet furent assassinés dans la chambre même.”

Louis Calvet laisse trois enfants: Claude, 5 ans, François, 2 ans 1/2, Louis, 1 an.

Cité à l’ordre du corps d’Armée, il a recevra la Croix de Guerre avec étoile de vermeil et un témoignage de satisfaction du Field Marshal Montgomery.

 

Références: Archives du Bureau “Résistance”; Liste Fontès du 27 novembre 1997;   Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°1, p.26, n°3, p.6 et n°83, p.11.


CAMUS

Laurent, Jules, Émile

Pseudonyme: PETIT PERE

 

 

Né le 5 avril 1887  à  Champagney (Haute Saône) de Jean, François, Augustin Camus  et de   Jeanne, Honorine Charey Epouse: Germaine Picareau Profession: officier de carrière Décédé le 18 août 1944 à Mathausen 

Réseau:  S.S.M.F./T.R.Agent P2

 

Saint-cyrien (promotion Mauritanie), Laurent Camus a été affecté au 2e Régiment d’infanterie en octobre 1910. Il participa brillamment à la guerre 1914-1918, comme chef de section puis comme commandant de compagnie, nommé capitaine à titre exceptionnel en octobre 1914. Deux fois blessé (trois citations dont deux à l’ordre de l’Armée), il reçut la croix de chevalier de la Légion d’honneur. A la suite d’un bombardement, il fut évacué le 15 août 1917 pour contus…




Memorial – biographies Da-De

DARGENT

Maurice, Lucien

Pseudonymes: MICHEL, GRANJAN

 

 

Né le 22 janvier 1910  à  Amiens (Somme) de…. Epouse: Denise… Profession: gendarme Décédé le 15 mai 1945 (d’après le Secrétariat d’État aux Forces Armées)   “disparu” le 2 février 1943 (d’après le  ministère des Anciens Combattants)

 Réseau: S.S.M.F./T.R.Agent P2

 

Militaire d’active, dans la Gendarmerie, Maurice Dargent , qui parlait l’allemand, a fait la guerre de 1939-1940, a été prisonnier du 17 juin 1940 au 23 novembre 1941. Il a ensuite poursuivi sa carrière en service à Marseille, jusqu’au 31 octobre 1942,  et est entré dans  les Services Spéciaux comme agent radio (T.R. 117 bis, à Perpignan).

Le colonel Bernard (Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°103) donne les précisions suivantes: “Le premier coup dur sur T.R. 117 s’est déroulé de la façon suivante: Terres est arrêté sous le nom de Tessier. Le sergent chef Dargent donne l’alerte, mais va au garage où Terres a laissé sa voiture avec ses véritables papiers d’identité, le plan de travail du poste radio et divers papiers de service… Il est surpris avec un autre sous-officier par les Allemands, il tire, mais est capturé(15 décembre 1942, à Toulouse).

Il résiste alors à la torture et ne donne aucun renseignement à ses bourreaux.

Il est déporté  le 16 septembre 1943 à Buchenwald, puis au camp de Lublin, en Pologne, où sa trace se perd en 1944. La date de sa mort est incertaine. Il a un enfant de treize ans au moment de sa disparition.

Déclaré “Mort pour la France”, Maurice Dargent sera cité à l’ordre du régiment et recevra la Croix de Guerre 1939-1940 avec étoile de bronze.

 

*

Citation :“Malgré l’arrestation de son chef de poste et les dangers encourus, n’a pas hésité à se rendre dans un endroit qu’il savait surveillé par la police allemande, pour sauver des documents. A eu une attitude exemplaire, malgré les tortures qui lui ont été infligées n’a communiqué aucun renseignement aux services allemands”.

 

Références: Archives du Bureau “Résistance”;  Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°1, p.26, n°21, p.19, n°103, p.7


DAROUX

Jean, Robert

 

 

Né le 5 juillet 1919  à  Sotteville- les-Rouen (Seine-Maritime) de Robert Daroux  et de  Germaine Briand Epouse:  Germaine Lemarie Profession: militaire d’active Décédé le  20 avril 1945  à  Bergen Belsen 

Réseau: S.S.M.F./T.R.Agent P2

 

Durant la guerre 1939-40, Jean Daroux, jeune licencié en droit, parlant l’anglais et l’allemand, fut…