Henri Giraud : l’évasion d’un général d’armée

Sorti de Saint-Cyr en juillet 1900, jeune capitaine au 4ème régiment de zouaves, il est blessé d’une balle au poumon et laissé pour mort sur le champ de bataille de Guise, le 30 août 1914. Fait prisonnier par les Allemands, il s’évade le 30 octobre 1914 de l’hôpital d’Origny-Sainte-Benoîte.

Il rejoint le Maroc, pour de grandes victoires. Dar-Caïd-Medboh contre Abd-el-Krim, alors que Lieutenant-colonel il commande le14ème Tirailleurs Marocains, celle du Djebel-Sagho, sa prise du Tafilalet, sa liaison d’une sensationnelle témérité, avec les forces du Soudan, au milieu du désert à Bir-Moghrein, alors qu’il est Général.
Toutes ces victoires remportées de sa propre initiative, et parfois en dehors même des ordres du commandement, préfigurent longtemps à l’avance le Giraud qu’il sera en 1942, le Giraud d’Alger.

Le préfigure aussi son attitude cassante et désinvolte à l’égard de certains membres du Gouvernement en la trouble année de 1936, alors qu’il est Commandant de la sixième région Militaire et gouverneur de Metz. Il s’en faut de peu que sa carrière ne soit brusquement interrompue. Mais il est si populaire parmi la troupe, que l’on hésite et puis la Guerre de 1939, menace.

En mai 1940, aux frontières de Hollande, il est à la tête de la VII Armée. Un haut commandement ayant perdu tout sang froid, tout esprit de manoeuvre, lui enlève par une succession d’ordres impératifs ses meilleures divisions, pour lui confier les débris de la IX armée. Le 19 mai 1940, il est fait prisonnier par les Allemands. Le 17 avril 1942, il s’évadera de Königstein (Elbe). Le 8 novembre 1942, les Américains débarquent au Maroc et en Algérie. Giraud prévenu, a été sollicité par eux pour prendre le commandement des opérations à la tête de l’armée d’Afrique, qu’il relancera dans la guerre aux cotés des Alliés, afin de rendre à la France sa place de grande puissance et la délivrer de l’oppression ennemie. Il a accepté.

Le 24 décembre 1942, muni de tous les pouvoirs, il va pleinement s’accomplir. Giraud inspire confiance, à son appel beaucoup de réservistes français et indigènes ont remis le sac au dos. Très rapidement, il aura avec lui prés de 350.000 hommes de cette Armée d’Afrique, sauvegardée par la clairvoyance du Général Weygand.
C’est lui, qui prépare les plans de la bataille de Tunisie et conduit à l’écrasement de l’Afrika-Corps de Rommel à Tunis et à Bizerte. Avec l’appui matériel de nos alliés américains, il fera de cette armée d’Afrique, une armée moderne un outil de premier ordre, dont la pointe d’acier ira pénétrer comme un doigt vengeur jusqu’au coeur de l’Allemagne. C’est lui, avec le Général Juin, qui met sur pied l’organisation de l’immortelle campagne d’Italie, qui allait donner aux Français la gloire d’enfoncer l’ennemi sur le Garigliano pour s’en aller défiler dans Rome libéré.

Le 24 janvier 1943, les accords d’Anfa concrétisent les accords Murphy-Giraud du 2 novembre 1942:

  • Armement de 11 Divisions françaises.
  • Parité du franc et du dollar.
  • Loi prêt-bail.
  • Souveraineté des territoires administrés par la France.

Fort de son soutien des militaires et malgré les conseils de collaborateur vigilants, Giraud invitera le Général de Gaulle à venir partager ses pouvoirs avec lui, à Alger. Les deux hommes ne pourront s’entendre. Voulant passionnément l’union de tous les Français, le Général ne peut admettre la séparation de Londres et d’Alger. Il dira “Je ne veux pas donner le spectacle de deux Généraux français se disputant entre eux, alors que leur pays agonise sous la botte allemande”.
Juillet 1943. Voyage en Amérique. Le Président Roosevelt octroie la totalité du matériel que le Général Giraud réclame pour l’armée française.
C’est aussi lui, chef incontesté, qui prend la décision du débarquement en Corse, offrant aux français leur premier département libéré, et mettant à la disposition de nos Alliés un magnifique porte-avions à proximité des côtes de Provence.

La libération de la Corse, initiative individuelle, en accord avec les Alliés, sera à l’origine du remaniement du CFLN. Ordonnance et décret rapidement adoptés à la majorité, détermineront la séparation du pouvoir du Gouvernement (commissariat) et de l’autorité de commandement. Le Général Giraud restera Commandant en chef sous les ordres du commissaire à la Défense Nationale. L’exploitation calomnieuse de l’affaire Pierre Pucheu, viendra à point pour précipiter l’éviction du Général du commandement des Armées. Il se verra proposer par le CFLN, le poste Honorifique, d’Inspecteur Général des Armées.

Le 17 avril 1944, peu enclin aux intrigues, Giraud, fidèle à sa volonté d’union, refusant le poste proposé, se laissera écarter, puis évincé du Gouvernement. Le 21 avril 1944, son avion quittera ce même jour Boufarik, pour l’emmener en exil “Volontaire” dans le village de Mazagran situé à deux kilomètres à l’ouest de Mostaganem. Le 28 août 1944, à 18 h45, une balle frappe le Général Giraud sous le maxillaire gauche pour ressortir sous le médullaire. Le Général est blessé mais vivant. Version officielle: Attentat causé par un tirailleur sénégalais ivre. Le meurtrier sera condamné à mort à Oran au début de 1945.

L’homme qui a préparé le débarquement américain en Afrique, qui a libéré la Tunisie, la Corse, qui a contribué à organiser l’armée française de la Libération qui devait s’illustrer dans les campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne, s’est éteint à l’Hôpital militaire de Dijon le 11 mars 1949. Quelques jours avant, il avait reçu la veille la médaille militaire, la plus haute distinction pour un officier Général. Ainsi disparaissait à 70 ans ce grand soldat qui, par sa bravoure, son audace, son courage indomptable et son patriotisme, incarnait les plus nobles vertus militaires, celui qui s’interdisait et interdisait aux siens de se résigner à la défaite, celui que la France reconnut comme l’une des gloires les plus pures de son armée et à qui il fera des obsèques nationales. Le Général Henri Giraud, repose avec les autres grands capitaines de notre Histoire, dans la crypte de la Chapelle Saint-Louis des Invalides.

En savoir plus sur le Général Henri Giraud :

De J.C. Petermann, d’après des notes du Général Chambe et de “Un seul But la Victoire” H Giraud – Julliard 1949




Congrès 2014 : Les discours du Président de l’AASSDN

Cérémonie du 8 Mai 2014 à RamatuelleVous trouverez ici deux discours du Colonel Henri Debrun, Président de l’AASSDN, prononcés en marge du congrès de l’AASSDN de Ramatuelle, pour le 70e anniversaire du débarquement de 1944 :




2014 : 70 ans après le Débarquement de Normandie

Du 5 juin au 21 août 2014, la Normandie célébrera le 70e anniversaire du Débarquement et de la bataille de Normandie.

Cet anniversaire sera un temps de recueillement et de communion nationale et internationale, mais aussi un moment privilégié pour la transmission de la mémoire et le partage des valeurs fondamentales pour lesquelles tant de jeunes hommes sont allés jusqu’au sacrifice suprême : la paix, la liberté, la fraternité, la dignité de l’Homme.

Cet anniversaire sera notamment l’occasion d’évoquer le sort de personnalités des Services Spéciaux, souvent inconnues du grand public, et qui sont mortes pour la France. Les Services Spéciaux ont joué un rôle clé dans le débarquement de Normandie, notamment avec Paul Paillole, qui a été le premier officier français associé à la préparation du débarquement de Normandie :

Le 15 avril 1944, le SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force), le quartier général des forces alliées en Europe nord-occidentale commandé par le Général Dwight Eisenhower, demande au président du Comité français de Libération nationale (CFLN), chef des armées, d’avoir la participation de Paul Paillole et du service de sécurité militaire SSM aux missions de sécurité et de CE dans les territoires qui doivent être libérés. L’intervention des Services français a ainsi contribué à éviter ainsi que la France ne devienne un territoire administré par l’AMGOT, le gouvernement militaire allié après la libération.




Archives inédites : Les courriers Alger-métropole perdus en 1944

Peu avant le 15 août 1944, Le réseau TR « Camélia » avait expédié son courrier mensuel (de la métropole à Alger) qui devait normalement emprunter des filières terrestres jusqu’à Barcelone puis un sous-marin de Barcelone à Alger.

 
Mais le 15 août se produisit le Débarquement Allié en Provence. Pour des raisons qui nous échappent aujourd’hui le courrier « Camélia » ne put franchir la frontière pyrénéenne et, après des péripéties variées, finit par échouer en Suisse où il fut pris en charge par le poste TR de Berne. Le temps avait passé, la Libération de la France s’achevait et une grande partie des renseignements contenus dans le courrier « Camélia » avait perdu tout intérêt.
 
Tous les renseignements politiques, économiques ou militaires étaient soit périmés, soit moins complets que les archives officielles Vichystes dont disposaient désormais les autorités Gaullistes. Le Chef du poste TR de Berne utilisa donc uniquement la quarantaine de pages du courrier qui avait encore de l’intérêt (identification d’agents ennemis ou de personnels du Sicherheitdienst [ SD ] et renseignements encore actuels sur l’Abwehr ou la Gestapo).
Le reste du courrier fur gardé tel quel et … versé tel quel aux archives de la Centrale lorsque dernière eut regagné Paris. Quelques années plus tard ce paquet poussiéreux allait être incinéré lorsqu’il fut reconnu par l’ancien Chef de « Camélia ». Ce dernier obtint de ses supérieurs l’autorisation de conserver à titre de souvenirs cette liasse de papiers qui lui rappelait bien des choses.
C’est ainsi qu’un « courrier mensuel » presque intact des Inspections TR, c’est-à-dire grosso modo le tiers d’un courrier mensuel du réseau TR, peut être étudié encore aujourd’hui, à des fins historiques.



Allemagne : Organigramme de la police de Himmler

Cet organigramme de la police allemande a été établi en 1944 d’après les renseignements recueillis par le C.E. français et recoupés par les interrogations de Chefs SS.
Les Kommandos sont des formations souples constitués (en principe) sur le modèle de l’organe d’origine (R.S.H.A ou Abwehr)




Hommage à Pierre de Villemarest, spécialiste de l’espionnage soviétique

Pierre Faillant de Villemarest, ancien résistant, ex-membre des services secrets français, journaliste et spécialiste de l’espionnage soviétique, est mort vendredi 22 février 2008 à l’âge de 85 ans, a annoncé dimanche à l’AFP l’Association des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (AASSDN).

Né à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) le 10 décembre 1922, M. de Villemarest avait interrompu ses études de droit et de sciences politiques pour rejoindre la Résistance dès septembre 1940, en participant à la création de La Dernière Colonne, notamment avec Emmanuel d’Astier de la Vigerie, noyau de Libération-Sud.

En désaccord politique avec des dirigeants de Libération-Sud, il avait rejoint le maquis du Vercors en 1943, comme officier de renseignements du réseau Kléber.

Après la guerre, il avait travaillé pendant cinq ans à la Direction Générale des Etudes et Recherches (DGER, ancêtre de la DGSE) en Autriche et en Allemagne du sud pour repérer les anciens agents nazis.

Il fut journaliste à l’AFP pendant plusieurs années, puis à l’hebdomadaire Valeurs Actuelles et au mensuel Spectacles du Monde.

Pierre de Villemarest est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, notamment sur l’espionnage soviétique dont il fut un spécialiste reconnu durant la Guerre froide, comme “L’espionnage soviétique en France 1944-1969”, paru en 1969 (*), ou “GRU, le plus secret des services soviétiques” (1988) (*).

Son dernier ouvrage (“Le KGB au coeur du Vatican”, éditions de Paris) était paru en 2006.(*)

Il était décoré de la Croix de guerre 39-45, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance et de la Médaille des Engagés Volontaires.

Pierre Faillant de Villemarest était entré dans l’Amicale des Anciens des Services Spéciaux en 1956. A ses obsèques, qui ont eu lieu dans l’intimité, l’AASSDN a été représentée par le Président National et le Délégué Normandie.

C’est avec une grande tristesse que l’équipe qui fait vivre ce site a appris cette brutale disparition ; il avait toujours aidé et encouragé à poursuivre la construction de www.aassdn.org.

Nous tenons à présenter nos sincères condoléances à ses proches et nous associons à leur peine.

Voir sa fiche sur Wikipedia




Travaux Ruraux et le réseau des fleurs (1943-1944)

Au début de l’année 1943 l’organisation TR est gravement touchée. Le Commandant Paillole, chef de l’ensemble SSM -TR et le Capitaine Lafont chef des TR en France  Occupée vont devoir procéder à un complet remaniement du service de contre-espionnage clandestin. L’ancienne organisation, trop hiérarchisée et pyramidale, fut remplacée par une autre plus souple et décentralisée.
 
Les 4 Anciens Postes ainsi que leurs annexes, vont êtres remplacés par des Postes Autonomes plus légers mais aussi plus nombreux.
Cette nouvelle structure fonctionnera dès le printemps 1943 sous des pseudos de ” Noms de fleurs “.
Lire le document ci-dessous pour plus d’informations sur l’organisation et les hommes clés.

 En savoir plus :

  • Le Service de Renseignements 1871-1944, Général Henri Navarre, édition Plon 1978
  • Paul PailIoIe “Services spéciaux”, Robert Laffont, Paris 1975



Hommage à l’Abbé George Lapouge (Dec 2013)

Discours du Colonel Henri Debrun, Président de l’AASSDN, le 3 Décembre 2013 :

Permettez-moi de vous appeler encore ainsi aujourd’hui comme nous avions coutume de le faire, avec ce mélange de respect, d’admiration, d’attachement si représentatif de l’esprit qui nous anime toujours depuis la création, voici 60 ans, de l’ASSDN que vous avez rejointe peu après pour en devenir très vite l’aumônier jusqu’au début de ce siècle.

Abbé Lapouge en 1998

Pendant toutes ces années, vous avez apporté, d’abord à vos compagnons de guerre et à leurs familles, puis à ceux qui progressivement leur ont succédé, votre présence, votre sollicitude, votre foi communicative, votre dévouement de prêtre, votre regard d’homme d’église, votre lucidité parfois percutante, élevant nos pensées en gardien de nos âmes, émaillant notre vie associative d’homélies qui ont gravé nos mémoires lors des offices religieux de nos grands rassemblements. A bien des reprises, vous nous avez aidés à sublimer nos vies. Et vous avez eu la sagesse de confier ce ministère exercé pendant près de 40 ans à celui qui était votre discipline et votre fidèle ami, le Père Pierre Molin qui, lui, l’exerça plus de 10 ans et que Dieu rappela il y a juste 4 ans.

Aujourd’hui, vous l’avez rejoint comme vous avez rejoint toute la cohorte de vos compagnons de guerre : le Colonel Paillole, son épouse, le Général Rivet, le Général Navarre, le Colonel Lafont, dit « Verneuil » et bien d’autres, les responsables des services spéciaux militaires et des réseaux, tous ceux qui ont servi la France pendant ces années terribles dont les hauts risques des actions clandestines sont à présent volontiers estompés ainsi que celles et ceux qui ont fait sacrifice de leur vie dans des conditions difficiles à imaginer mais dont notre Mémorial national de Ramatuelle perpétue le souvenir de manière impérissable.

Cette « Pierre de Mémoire » sur laquelle sont gravés près de 320 noms de Morts pour la France au titre des services spéciaux pendant la guerre fut inaugurée le 3 mai 1959 par Monsieur Edmond Michelet, Ministre d’Etat, représentant le Général de Gaulle, Président de la République.

Vous avez célébré la messe de cette solennelle inauguration et en avez prononcé l’homélie. Vous étiez assurément le plus digne pour cet office religieux étant donné vos états de service pendant la guerre que je me dois d’exposer mais, rassurez-vous, succinctement. Accordez-moi seulement la latitude de prendre quelques libertés avec votre modestie et votre sens de la discrétion.

« Parachutiste – Thomiste – Canoniste »

A une certaine époque vous aimiez vous présenter ainsi :

  • « Parachutiste » : Le service de la France qui vous a toujours animé.
  • « Thomiste » : l’intelligence au service de la foi qui vous a toujours guidé dans votre sacerdoce.
  • « Canoniste » : Le droit pour que justice soit rendue, qui vous a mené à la fonction que vous avez exercée au tribunal de la Rote du Vatican.

Je parlerai bien sûr essentiellement de votre engagement au service de la France.

Dès l’été 1940, refusant la situation désespérée de notre pays, vous créez en liaison avec le S.R. de l’Armée comme officier de renseignement, un vaste réseau couvrant la Bretagne, le Nord de la France, la Belgique et le sud des Pays-Bas. Vous êtes nommé capitaine et chef de mission. C’est déjà le réseau « Roy », nom de votre alias, qui regroupera plus de 500 agents. Ce réseau recueille et transmet un nombre important de renseignements et de documents sur les forces de l’occupant. Le 31 décembre 1941 vous êtes arrêté à la frontière belge mais réussissez à vous évader début janvier 1942 en gare de Lille. Vous sécurisez alors votre réseau que vous continuez à diriger pleinement, ayant interrompu vos études au séminaire de Saint Sulpice.

Recherché activement par la Gestapo après l’arrestation en février 1943 de deux de vos compagnons, vous poursuivez cependant vos activités et échappez de justesse aux souricières tendues. Entre temps vous avez lancé un autre réseau « Manipule ».

Coupé de nos services depuis l’invasion de la zone dite « libre », vous décidez de gagner l’Afrique du Nord en passant par l’Espagne. Arrêté à Bilbao, vous êtes transféré à Burgos puis interné au camp de Miranda que vous quittez en juillet 1943 pour le Maroc en tant que ressortissant canadien. Vous reprenez alors contact avec le S.R. dirigé par le Colonel Rivet à Alger et, après plusieurs stages spécialisés vous êtes parachuté le 9 janvier 1944 en Haute Loire pour accomplir, avec votre réseau « Roy », une importante mission en vue du débarquement de Provence, en liaison avec l’OSS américain auprès duquel vous êtes détaché par la DGER.

Pour cette mission à très haut risque dans laquelle deux de vos radios périrent à Saint Génis Laval, les plus belles citations vous sont décernées :

Par le Général Patch, commandant la 7ème Armée américaine dans l’opération Dragoon, citation qui vous fut remise par le Général Eisenhower : « A Georges Lapouge, pour services exceptionnellement méritoires et courageux rendus au gouvernement des Etats-Unis et à ses alliés, du 9 janvier au 30 août 1944. A organisé un des plus efficaces et fructueux réseaux de renseignements opérant dans le sud de la France. A fourni un grand nombre d’informations précises sur la zone de l’objectif et des renseignements de dernière heure furent transmis par radio au commandement de l’opération alors en pleine mer, en route pour la France. Son ordre de bataille allemand était parmi les meilleurs reçus par l’état-major allié. L’habileté et le courage exceptionnels dont Georges Lapouge a fait preuve pour les forces alliées font honneur à la France. Le gouvernement des Etats-Unis a envers lui une grande dette de reconnaissance pour les services rendus ».

Par le Général de Gaulle vous nommant chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire et vous décernant la Croix de Guerre avec palme : « Dès juin 1940, a constitué un réseau de renseignement. Arrêté en décembre 1942, a réussi à s’échapper. En 1943, a rejoint l’Afrique du Nord en passant par l’Espagne. Parachuté en territoire occupé par l’ennemi le 9 janvier 1944, a repris la direction de son réseau jusqu’à la Libération, transmettant à Alger un millier de messages sur le stationnement des troupes ennemies, ses mouvements, ses fortifications, ses états-majors. A fait parvenir par pick-up un volumineux courrier considéré comme de la plus haute importance pour la conduite des opérations de débarquement ».

Par le Prince Régent de Belgique en 1949, vous nommant officier de l’Ordre de Léopold II avec palme et vous décernant la Croix de Guerre belge avec palme : « Organisateur et chef remarquable a mis sur pied dès le début de 1941 un très important réseau de renseignement opérant dans la zone nord française et dans le sud des Pays Bas. A fourni un nombre considérable de rapports de tout premier ordre sur l’ensemble de l’activité ennemie dans ces régions, rendant par ses recherches méthodiques et le contrôle rigoureux des documents recueillis d’inappréciables services à la cause de la Libération ».

Ordonné prêtre en 1947 après avoir repris vos études de séminariste, vous poursuivez des activités militaires comme officier de réserve au 11ème Bataillon de Choc et êtes promu chef de bataillon. Titulaire de la Médaille de la Résistance française, de la Croix du Combattant, de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance et de la Médaille des Evadés vous avez été promu officier de la Légion d’honneur.

Un de vos anciens compagnons de combats clandestins a écrit à votre sujet : « N’hésitant jamais à prendre ses responsabilités, assurant toujours les missions les plus dangereuses, d’une prudence à toute épreuve lorsqu’il s’agissait de la vie de ses collaborateurs, l’Abbé Lapouge les a attirés par la pureté de son idéal patriotique et les a guidés avec un inlassable dévouement. »

Mais de tout cela, « Padre », vous aviez si peu parlé en 70 ans. Pardonnez-moi d’avoir tenté de le révéler aujourd’hui pour vous rendre l’hommage déférent que nous vous devons, contrevenant, j’en suis conscient, à votre discrétion bien connue.

A présent, nous vous saluons respectueusement « Padre » et vous demandons amicalement de veiller sur nous de « Là-haut »




Hommage à Michel THORAVAL (2006)

Le ” Petit Michel ” nous a quitté. Notre Président d’Honneur, Michel THORAVAL, est décédé et ses obsèques ont eu lieu le vendredi 29 septembre 2006, à 14 heures en l’église de Fouras, en Charente-Maritime.

Voici ce qu’écrivait le colonel Paillole dans la présentation de la plaquette “Un parmi d’autres” qui raconte la vie de soldat de Michel Thoraval :

” Parachuté près d’Issoire le 19 janvier 1943, Michel Thoraval va insuffler une vigueur nouvelle à nos réseaux de Renseignements et de Contre-espionnage. Rien ne lui est étranger de la technique radio, du chiffrement et du déchiffrement, du parachutage, des liaisons aériennes nocturnes (pick-up), des problèmes de C.E., de Renseignements et plus généralement de résistance à l’occupant. Rien ne le rebute, rien ne lui fait peur. Sa gentillesse, sa prudence, l’autorité souveraine qui se dégage de son calme, de ses qualités techniques et humaines s’impose à mes camarades. Ainsi se rétablissent, se perfectionnent et s’amplifient nos liaisons et la foi en la Victoire. “

Ce sont ces qualités qu’il a mises au service de notre Amicale pendant de si longues années.

DISCOURS DU PRESIDENT DE L’AASSDN – Septembre 2006

” Le Docteur Michel Thoraval est décédé le 25 septembre 2006. Il avait 85 ans.
Mu par un patriotisme exemplaire, il était animé des plus belles qualités qu’un service spécial ait pu rechercher pendant la guerre.

Évadé de France par l’Espagne où il avait connu cinq prisons dont celle de Miranda avant de gagner Gibraltar, il avait rejoint l’Angleterre au printemps 1942.

Repéré par l’I.S., il avait suivi un stage de parachutiste à Ringway et avait été formé à toutes les techniques de l’action clandestine en vue d’être envoyé en mission en France.

Ainsi, lorsque fin décembre 1942, le Commandant Paillole, qui avait gagné Londres après s’être lui-même évadé de France par l’Espagne et Gibraltar pour rejoindre Alger, fit part de ses problèmes et de l’urgence de les résoudre à ses amis responsables de l’I.S., ceux-ci lui proposèrent-ils Michel Thoraval.

Séduit, le chef du contre-espionnage français confia au ” petit Michel ” une première mission dans le Massif Central au titre des TR pour laquelle il suivit un stage complémenaire de ” pick-up ” à Tungmere où il rencontra le Group Captain Pickard.

Parachuté en ” blind ” le 19 janvier 1943 non loin d’Issoire par un Halifax, il s’acquitta parfaitement de cette délicate et périlleuse mission au cours de laquelle il rencontra Verneuil et les Généraux Frère et Olleris de l’ORA.

Récupéré par un Lysander le 18 février avec le Capitaine Bonnefous, il rejoint Londres avec d’importants documents destinés à être remis au Commandant Paillole à Alger, ce qui fut fait cinq jours après.

De retour à Londres en avril, il fut de nouveau parachuté près d’Issoire pour d’autres missions à haut risque : apporter des fonds et des postes de radio indispensables, organiser deux ” pick-up ” de personnalités et de membres importants de TR et réaliser l’évasion du Général Georges dont la présence était attendue à Alger par le Général Giraud et… Winston Churchill.

Cette dernière mission fut accomplie le 18 mai.

Un an après, il se prépara à débarquer en Normandie comme officier de liaison. Arrivé à Courseulles en juillet 1944, il prend contact avec les organisations de renseignement, de contre-espionnage et de résistance avant de devenir chef du poste TR de Rennes puis de Perpignan.

Il quittera l’armée à la fin de la guerre et reprendra ses études de chirurgien-dentiste.

Rejoignant l’amicale dès sa naissance, il en sera successivement Délégué régional de Paris-Ile-de-France, Vice-Président puis Président national adjoint avant d’être nommé Président national délégué et, en avril 2001, élu Président d’honneur.

Le Docteur Thoraval était officier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de Guerre 39-45 avec trois citations à l’ordre de l’armée et de la médaille de la résistance. “
     

Voir notre rubrique Pages d’Histoire, extraits de nos bulletins:

Bulletin N° 013 – COMMENT EST Né LE T.R. Jeune : Les Missions du ” Petit MICHEL” (1) Présentation par le Colonel Paul PAILLOLE – Par Michel THORAVAL

Bulletin N° 014 – COMMENT EST Né LE T.R. Jeune : Les Missions du ” Petit MICHEL” (2) Par Michel THORAVAL

” Le Docteur Michel Thoraval est décédé le 25 septembre 2006. Il avait 85 ans.

Mu par un patriotisme exemplaire, il était animé des plus belles qualités qu’un service spécial ait pu rechercher pendant la guerre.

Évadé de France par l’Espagne où il avait connu cinq prisons dont celle de Miranda avant de gagner Gibraltar, il avait rejoint l’Angleterre au printemps 1942.

Repéré par l’I.S., il avait suivi un stage de parachutiste à Ringway et avait été formé à toutes les techniques de l’action clandestine en vue d’être envoyé en mission en France.

Ainsi, lorsque fin décembre 1942, le Commandant Paillole, qui avait gagné Londres après s’être lui-même évadé de France par l’Espagne et Gibraltar pour rejoindre Alger, fit part de ses problèmes et de l’urgence de les résoudre à ses amis responsables de l’I.S., ceux-ci lui proposèrent-ils Michel Thoraval.

Séduit, le chef du contre-espionnage français confia au ” petit Michel ” une première mission dans le Massif Central au titre des TR pour laquelle il suivit un stage complémenaire de ” pick-up ” à Tungmere où il rencontra le Group Captain Pickard.

Parachuté en ” blind ” le 19 janvier 1943 non loin d’Issoire par un Halifax, il s’acquitta parfaitement de cette délicate et périlleuse mission au cours de laquelle il rencontra Verneuil et les Généraux Frère et Olleris de l’ORA.

Récupéré par un Lysander le 18 février avec le Capitaine Bonnefous, il rejoint Londres avec d’importants documents destinés à être remis au Commandant Paillole à Alger, ce qui fut fait cinq jours après.

De retour à Londres en avril, il fut de nouveau parachuté près d’Issoire pour d’autres missions à haut risque : apporter des fonds et des postes de radio indispensables, organiser deux ” pick-up ” de personnalités et de membres importants de TR et réaliser l’évasion du Général Georges dont la présence était attendue à Alger par le Général Giraud et… Winston Churchill.

Cette dernière mission fut accomplie le 18 mai.

Un an après, il se prépara à débarquer en Normandie comme officier de liaison. Arrivé à Courseulles en juillet 1944, il prend contact avec les organisations de renseignement, de contre-espionnage et de résistance avant de devenir chef du poste TR de Rennes puis de Perpignan.

Il quittera l’armée à la fin de la guerre et reprendra ses études de chirurgien-dentiste.

Rejoignant l’amicale dès sa naissance, il en sera successivement Délégué régional de Paris-Ile-de-France, Vice-Président puis Président national adjoint avant d’être nommé Président national délégué et, en avril 2001, élu Président d’honneur.

Le Docteur Thoraval était officier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de Guerre 39-45 avec trois citations à l’ordre de l’armée et de la médaille de la résistance. “
      

En savoir plus : Voir les extraits de bulletin suivants :

  • Bulletin N° 013 – COMMENT EST Né LE T.R. Jeune : Les Missions du ” Petit MICHEL” (1) Présentation par le Colonel Paul PAILLOLE – Par Michel THORAVAL
  • Bulletin N° 014 – COMMENT EST Né LE T.R. Jeune : Les Missions du ” Petit MICHEL” (2) Par Michel THORAVAL



Le Colonel d’Aviation André Sérot & le BREM – Opuscule

Le Colonel d’Aviation André Sérot est un grand nom des services spéciaux militaires de la guerre et des années qui l’on précédée. Il a accompli un travail considérable – et encore trop méconnu – de renseignement et de contre-espionnage sur l’Allemagne du IIIème Reich à partir d’un des postes les plus importants des services spéciaux militaires. Ce poste SR et CE, est appelé BREM (Bureau Régional d’Etudes Militaires).

Le BREM était une couverture des services spéciaux militaires. Il disposait de plusieurs antennes dans la région et même au Luxembourg. Dirigé par des chefs éminents comme les Colonel Mangès, Kunhmunch ou du Crest de Villeneuve, il comprenait des spécialistes de premier ordre de ce travail bien particulier de recherche et de recueil de renseignements, de lutte contre l’espionnage, de pénétration, d’intoxication, réalisé avec des moyens techniques qui aujourd’hui paraitraient dérisoires.

André Sérot est né à Xertigny le 24 juillet 1896, fils d’un maréchal des logis-chef de gendarmerie. Vosgien d’exception, le Colonel André Sérot a servi la France, tout au long de sa vie, avec courage, abnégation et détermination. Sa devise : « Servir sans se servir » illustre parfaitement cet engagement exemplaire et sans faille au service des intérêts des Français.

En 1923, Il est alors affecté au poste de Strasbourg, où déjà son goût pour le contre-espionnage se manifeste. Précurseur de l’intoxication, il s’infiltre dans l’Abwehr. Dans le, même temps, il pousse d’audacieuses recherches au plus profond de l’industrie aéronautique allemande.

En novembre 1942, lors de l’occupation totale de la France il est contraint à se mettre hors de portée de la Gestapo. Il rejoint Alger, en janvier 1943 où il se joint au Colonel Paul Paillole pour diriger les services de contre-espionnage et structurer définitivement la sécurité militaire.

Restée en France, Betty Sérot, sa femme, est déportée par les allemands à Ravensbrück. Elle sera libérée et accompagnera son mari qui a été désigné comme délégué de la France à la mission des Nations Unies en Palestine.

Le 17 septembre 1948, André Sérot est assassiné à Jérusalem, en même temps que le Comte Folke Bernadotte. Il est mort en héros de la paix.

NB: Opuscule complet en pièce jointe