Guerre en Ukraine : Une nouvelle rencontre Trump-Poutine se dessine en Hongrie

Jeudi 16 octobre dans la soirée, l’agence TASS relayait les propos de la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, sur Fox News : les deux présidents Donald Trump et Vladimir Poutine venaient de s’entretenir au téléphone pendant deux heures et demie. « Ce fut un appel fructueux et productif », disait-elle donc. Les dirigeants « ont abordé de nombreux sujets » (1).

Cette huitième conversation directe s’est tenue la veille de la rencontre à Washington entre Volodimir Zelensky et Donald Trump ce 17 octobre.

La presse américaine comme européenne, très occupée par la livraison possible de missiles américains longue portée Tomahawk à l’Ukraine, évoquait un « sommet surprise » (Le Monde). En Europe, la BBC rappelait « que Donald Trump avait adopté “une ligne beaucoup plus dure envers Poutine sur la guerre en Ukraine” depuis le sommet en Alaska, promettant même un soutien renforcé à l’Ukraine, à la grande satisfaction des alliés de Kiev ». De son côté, le Guardian remarquait que « le ton conciliant de Trump après l’appel avec Poutine laisse planer le doute sur la probabilité d’une aide immédiate à l’Ukraine et ravive les craintes européennes d’une capitulation américaine face à Moscou ». Ce que relève aussi le New York Times en notant que le président américain avait « brusquement » changé de position (2) – d’autant que les deux hommes ont prévu de se rencontrer dans les quinze jours en Europe, plus précisément en Hongrie, à Budapest, chez Victor Orban.

Faut-il être surpris ? Pas vraiment, pourtant.

D’abord parce que Donald Trump lui-même avait admis la limite de l’exercice, quant aux Tomahawks, ce que rapportait ZeroHedge le 8 octobre (3) : « ‘‘J’ai en quelque sorte pris une décision’’ », a déclaré Trump lorsque les journalistes lui ont demandé s’il avait pris une décision définitive. La réponse supplémentaire suivante est une mauvaise nouvelle pour les faucons, mais une bonne nouvelle pour les colombes qui souhaitent voir une désescalade de la guerre par procuration : « ‘‘Je suppose que je vais devoir leur demander où ils les envoient. Je poserai quelques questions. Je ne souhaite pas voir une escalade’’ », déclarait-il. A Moscou, l’adjoint de Sergueï Lavrov, Sergueï Riabkov, remarquait dans le même temps que « le transfert de missiles de croisière Tomahawk à l’Ukraine modifierait considérablement la situation, mais ne changerait pas les objectifs de l’opération militaire spéciale menée par Moscou » (4). Donald Trump a, durant la conversation du 16 octobre, évoqué la question des Tomahawks.

Ce à quoi, selon le compte-rendu donné sur le site du Kremlin (5), Vladimir Poutine a répondu sans ambages, « que les Tomahawks ne changeraient pas la situation sur le champ de bataille, mais qu’ils porteraient gravement atteinte aux relations entre nos pays, sans parler des perspectives d’un règlement pacifique ».

Du côté américain, Donald Trump exprimait sa satisfaction d’avoir tenu une conversation « productive » sur son réseau Truth Social (6). Félicité par V. Poutine pour « la grande réussite que représente la paix au Moyen-Orient », il pense que ce succès « facilitera nos négociations visant à mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine ». Et il ajoute, préoccupation qu’il a en commun avec le président russe : « Nous avons également passé beaucoup de temps à discuter du commerce entre la Russie et les États-Unis une fois la guerre avec l’Ukraine terminée ». Ce que, nous l’avons relevé ici il y a peu de temps en rendant compte de la réunion à Sotchi du club Valdaï, début octobre. Certes, il est naturel que les Etats-Unis défendent leurs intérêts, disait Vladimir Poutine. « Mais alors, si vous me permettez, la Russie se réserve également le droit d’être guidée par ses intérêts nationaux. L’un d’entre eux, soit dit en passant, est le rétablissement de relations à part entière avec les États-Unis » (7).

N’oublions pas les besoins américains en terres et métaux rares – quand la Chine impose des restrictions sur ses exportations. Selon le Temps helvétique, (8) « le gouvernement américain a appelé mercredi à faire front commun contre les restrictions mises en place par Pékin sur les exportations de terres rares, essentielles à l’économie mondiale, assurant que «c’est la Chine contre le reste du monde». «Nous n’allons pas laisser un groupe de bureaucrates à Pékin tenter de contrôler les chaînes de production mondiales», a dit le ministre des Finances Scott Bessent, lors d’une rare conférence de presse organisée au sein du ministère par le Trésor, à quelques pas de la Maison-Blanche ». N’oublions pas non plus la proposition russe d’exploitation en commun avec les Américains de ses propres immenses réserves – affaire évoquée par exemple au Forum de Saint-Pétersbourg en juin dernier. Comme l’intérêt que portent les entreprises américaines au marché russe.

Même si amener les deux parties à un accord est difficile, ce que reconnaît le vice-président américain JD Vance, qui constate un « désalignement fondamental des attentes »entre les deux camps, (le Figaro live du 17 octobre, 13 h23), l’intérêt russo-américain n’est pas à l’escalade.

Qu’est-ce qui gêne Donald Trump que ses oscillations rendent peu lisible pour ses observateurs ?

C’est, nous l’avons remarqué ici, la situation dans son propre pays, où néoconservateurs, regroupés au Sénat, Républicains et Démocrates réunis autour, par exemple, de Lindsey Graham, veulent la poursuite de la guerre en Ukraine – et donc une escalade avec Moscou. Ce que dénonce un membre républicain de la chambre des Représentants, Anna Paulina Luna (Floride) :

« Les faucons de l’OTAN et les néoconservateurs ici aux États-Unis aimeraient continuer à massacrer la jeunesse des deux nations », a-t-elle écrit sur X, en référence au conflit ukrainien », relevait l’agence TASS le 16 octobre (9). « Je reproche en partie au Royaume-Uni de ne même pas avoir autorisé la tenue de pourparlers de paix », disait-elle le 10 octobre dernier, certainement en faisant allusion à Boris Johnson conjurant au début du conflit Volodimir Zelensky de refuser l’accord de paix proposé par les Russes. Ajoutant : « Ma critique de la guerre en Ukraine ne vise pas le peuple ukrainien, mais directement Zelensky. Il a subi des pressions de la part du gouvernement britannique pour ne pas accepter un accord de paix il y a plus de deux ans ». Affirmant « que le régime de Kiev se battait désormais pour «les intérêts de gouvernements étrangers». Et que pour sa part, « Luna a déclaré qu’elle attendait l’occasion de mener une délégation de législateurs américains pour rencontrer des membres de l’Assemblée fédérale russe. Elle n’a pas précisé quand la réunion devait avoir lieu. La députée s’est dite convaincue que le président américain Donald Trump était déterminé à résoudre le conflit en Ukraine et à rétablir les relations avec la Russie ».

C’est peut-être chez lui que Donald Trump a le plus de mal à imposer ses vues. Ce que Vladimir Poutine ne peut pas ignorer quand une partie de l’Europe – dont la France, la Grande-Bretagne de Keir Starmer et l’Allemagne de Friedrich Merz – fait partie des « faucons de l’OTAN » avec les pays Baltes et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Au contraire du hongrois Victor Orban, qui tient contre vents et marées pour une paix négociée, depuis le début de la guerre. Et qui prépare, avec Marco Rubio et Sergueï Lavrov, la rencontre Trump-Poutine à venir sur ses terres – le premier voyage en Europe de Vladimir Poutine depuis 2021.

Rien de simple, confirme le Guardian (10) : « Le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a déclaré aux journalistes que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, devraient s’appeler et organiser une réunion afin de régler de nombreuses questions préalables au sommet. «Il y a beaucoup de questions à régler, les équipes de négociation doivent être constituées, etc. Tout se fera donc par étapes, mais la volonté des présidents est bien là», a déclaré M. Peskov vendredi. «(Le sommet) pourrait effectivement avoir lieu dans deux semaines ou un peu plus tard. Tout le monde s’accorde à dire qu’il ne faut rien remettre à plus tard ».

A l’heure où nous écrivons, la rencontre de Donald Trump avec Volodimir Zelensky n’a pas encore eu lieu. On sait peu de choses sur la situation réelle du président ukrainien dans son propre pays – sauf que, soutenu par les faucons européens, néoconservateurs compris, il ne vient pas chercher la paix à Washington. La suite ?

La main est à Donald Trump.

Hélène NOUAILLE
La lettre de Léosthène

Image créée par IA

Infographie :
Cibles potentielles des Tomahawks en Russie (source Institute for Study of War)
https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/tomahwkreach.jpg?itok=bc6QXenJ

Notes :
(1) TASS, le 16 octobre 2025, Trump, Putin hold productive call — White House
https://tass.com/world/2031091
(2) Courrier International, le 17 octobre 2025, Un nouveau sommet Trump-Poutine “dans les deux prochaines semaines”
https://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-guerre-en-ukraine-nouveau-sommet-trump-poutine-dans-les-deux-prochaines-semaines_236401
(3) ZeroHedge, le 8 octobre 2025, Tyler Durden, Watch : Trump ‘Sort Of Made A Decision’ On Tomahawks To Ukraine
https://www.zerohedge.com/geopolitical/watch-trump-sort-made-decision-giving-tomahawks-ukraine
(4) TASS, le 8 octobre 2025, Senior Russian diplomat evaluates Alaska summit outcome, Tomahawk issue
https://tass.com/politics/2026641
(5) Kremlin.ru, le 16 octobre 2025, Commentary by Aide to the President of Russia Yury Ushakov following a telephone conversation between Vladimir Putin and President of the United States Donald Trump
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78237 
Le détail de la conversation par RT en français : Donald Trump annonce une rencontre avec Vladimir Poutine à Budapest
https://francais.rt.com/russie/126418-vladimir-poutine-donald-trump-conversation-telephonique
(6) Truth Social, le 16 octobre 2025, Donald Trump au sortir de sa conversation avec Vladimir Poutine
https://truthsocial.com/@realDonaldTrump/posts/115384956858741387
(7) Voir Léosthène n° 1938 du 4 octobre 2025, Poutine au club Valdaï : les Etats-Unis d’abord
(8) Le Temps/AFP, le 15 octobre 2025, « C’est la Chine contre le reste du monde »: Washington appelle le monde à dénoncer la manœuvre de Pékin sur les terres rares
https://www.letemps.ch/economie/c-est-la-chine-contre-le-reste-du-monde-washington-appelle-le-monde-a-denoncer-la-manoeuvre-de-pekin-sur-les-terres-rares
(9) TASS, le 16 octobre 2025, US ‘neocons’ want Ukraine conflict to continue, congresswoman says
https://tass.com/world/2031163
(10) The Guardian, Minute by minute, le 17 octobre 2025, Sarah Haque
https://www.theguardian.com/world/live/2025/oct/17/viktor-orban-vladimir-putin-volodymyr-zelenskyy-donald-trump-europe-latest-news-updates-russia-ukraine-war?CMP=share_btn_url&page=with%3Ablock-68f2111e8f080b32d591debe#block-68f2111e8f080b32d591debe




Vidéo : Trump faiseur de paix à Gaza ?

Dans cette émission, Alain Juillet et Claude Medori analysent le plan proposé par le Président Trump pour régler le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza. Alors que nous commémorons cette semaine les 2 ans de l’attaque du 7 octobre, un vent d’espoir souffle sur la libération des otages israéliens et sur la construction d’une paix durable dans la région.

Date de mise en ligne :  10/10/2025
Durée : 00:43:59
Compte YouTube : Open Box TV




Il y a 23 ans, disparaissait Paul Paillole, figure majeure des Services spéciaux français

Paul Paillole en 1995

Le 15 octobre 2002 s’éteignait à Paris le colonel Paul Paillole, figure majeure des services de contre-espionnage durant la deuxième guerre mondiale. Vingt-trois ans après sa mort, son parcours reste un témoignage essentiel et un héritage toujours vivant des services spéciaux français.

À travers ses ouvrages (Services spéciaux 1935-1945Notre espion chez HitlerL’homme des services secrets) et par la création de l’AASSDN, Paul Paillole a contribué à expliquer l’action historique des Services spéciaux entre 1935 et 1945, à entretenir la mémoire de ses agents morts pour la France et à rendre hommage à leur action.

EN SAVOIR PLUS

Revoir l’entretien de Paul Paillole chez Bernard Pivot en 1995, où il apportait un éclairage sur le rôle des Services spéciaux français durant la deuxième guerre mondiale.

Voir la vidéo sur Youtube

Voir des documents biographiques de l’AASSDN sur son parcours :
une vie au contre-espionnage par JC Petermann




Nouvelle revue “Services Spéciaux” : Défendre la souveraineté : le combat de notre avenir

La revue de rentrée de l’AASSDN parait alors que l’Europe découvre la réalité d’une Amérique qui impose sa vision manichéenne du monde tant pour la paix que pour l’économie. L’Union européenne qui a laissé passer sa chance alors qu’elle était globalement la première économie du monde et une puissance géopolitique majeure se retrouve marginalisée et étale son impuissance. Les déclarations volontaristes de nos dirigeants ne sont plus que des paroles qui s’envolent dans le vent d’un monde qui change car le vrai pouvoir est dorénavant ailleurs.

Pour faire face à cette situation notre pays doit mettre toute son énergie pour s’adapter à ce qui a toujours fait sa force : l’affirmation de sa souveraineté et des valeurs qu’il a sans cesse cultivées.
Dans les années 60, le général de Gaulle s’en était servi pour affirmer notre spécificité et c’est dorénavant le devoir de tous d’y contribuer pour construire l’avenir de nos enfants. Les membres actifs de l’AASSDN, fonctionnaires civils ou militaires ont servi leur pays, quelle que soit la couleur politique des dirigeants de l’époque, car ils travaillaient pour la France éternelle et ce qu’elle représente. Aujourd’hui nous devons être des ambassadeurs de ces valeurs auprès de nos concitoyens de tous âges, qui les ont oubliées sous la pression des modes, du laxisme ambiant, et des idées venues d’ailleurs.

Voyant nos principes malmenés pour des motifs divers, nous avons le devoir de contribuer à faire connaitre les analyses de nos camarades de tous bords. Dans nos métiers, nous avons appris à ne pas faire confiance à l’idée qu’on impose, cette pensée unique issue de l’influence, qui nous éloigne de la vérité. Il faut savoir regarder le dessous des cartes. A côté de notre devoir de mémoire, c’est le but de cette revue et son seul objectif à travers des articles factuels et documentés.

L’été a vu disparaitre deux figures de notre monde de l’ombre. Le colonel Grué, ancien Directeur du renseignement du SDECE et combattant d’exception qui avait si bien écrit sur son long séjour comme prisonnier dans le camp n°1 des vietminhs. Vous découvrirez que ce légionnaire, par son humilité, sa ténacité, et son esprit d’ouverture, était un exemple pour nous tous. Eric Denécé, que nous avions accueilli au Congrès de Bon-Encontre, était un des meilleurs connaisseurs du renseignement sur lequel il avait écrit près de 30 livres. Disposant d’un réseau international impressionnant, il savait beaucoup de choses et n’avait pas peur de les écrire. C’est sans doute de ce côté-là qu’il faut chercher les raisons de sa disparition brutale.

Après le numéro spécial de 2025 sur la désinformation, nous commençons à mettre en chantier le numéro spécial qui sortira pour le Congrès de Granville. Le thème choisi, pour intéresser tout le monde, est l’influence mondiale, une ambition française. Nous y parlerons également de l’homme du renseignement que nous souhaitons mettre en valeur. Après André Sérot ce sera le colonel Fille Lambie, dit Morlanne, qui fut, entre autres réussites, le créateur du Service Action. Si nos moyens le permettent, nous voudrions faire un film sur lui, comme nous l’avons fait pour d’autres ; mais cela coûte cher

Vous avez tous accueilli avec des commentaires élogieux notre revue mais vous vous doutez qu’elle a un surcoût par rapport à l’ancien bulletin. Vous avez également apprécié notre film mémoriel sur le colonel Sérot qui représente un lourd investissement. C’est pourquoi, au-delà des cotisations, nous avons besoin de dons, qui sont partiellement déductibles des impôts, par des membres ou des amis, et recherchons des partenaires, pour des pages de publicité, afin de continuer à financer ces projets.

Je compte sur chacun de vous et vous souhaite une excellente lecture.

Alain JUILLET
Président de l’AASSDN

Extrait de la revue et sommaire




1944 : la « bombe volante » d’Hitler ou la naissance du drone de combat

Le 13 juin 1944, un étrange nouvel avion apparut dans le ciel anglais. Alors que la Royal Air Force était habituée à effectuer des vols d’urgence pour intercepter les chasseurs et bombardiers allemands en provenance d’Europe continentale, cette nouvelle menace était différente. Il était sans pilote. Décrit par des observateurs perplexes comme un « avion sans pilote », il était équipé d’ailes, d’un réacteur et d’une ogive qui provoquait des dégâts explosifs considérables à l’impact. Son moteur s’est arrêté en plein vol peu avant de s’écraser sur ses cibles. Il était autoguidé. Il s’agissait du Fieseler Fi 103, ou Vergeltungswaffe 1, plus connu sous le nom de « bombe volante » V-1, souvent qualifié de premier missile de croisière. Mais le V-1 pourrait plus précisément être décrit, dans la nomenclature actuelle, comme un véhicule aérien sans pilote (UAV) – et plus précisément, comme le premier drone suicide.

Comme les drones actuels, le V-1 était peu coûteux à fabriquer et simple à assembler. Son prix abordable, ainsi que les dégâts et la terreur qu’il pouvait infliger, expliquent pourquoi le Troisième Reich a choisi d’investir dans sa production alors que la guerre s’éternisait. La pénurie de main-d’œuvre, une économie sous pression, croulant sous les coûts de la guerre, et une baisse générale du moral de la population civile affaiblissaient la capacité de l’Allemagne à soutenir son effort de guerre. Adolf Hitler espérait que le V-1 se révélerait une véritable Wunderwaffe, ou « arme miracle », capable de renverser la situation face aux Alliés et de remporter une victoire rapide.

Une arme en avance sur son temps Le V-1 était sophistiqué pour son époque. Il était préprogrammé pour trouver sa cible et pouvait corriger sa trajectoire automatiquement. Un système de pilotage automatique avancé, réglé avant le lancement, permettait de programmer la portée, l’altitude et même les conditions de vent auxquelles il devait s’adapter, selon le Deutsches Museum allemand. L’avion pouvait ajuster sa trajectoire en vol grâce à un altimètre barométrique, un compas magnétique et un gyroscope intégrés. Un télémètre, entraîné par son hélice, l’aidait à atteindre sa cible. Le V-1 était équipé d’une ogive de 820 kg et se déplaçait à une vitesse pouvant atteindre 640 km/h. Surnommé « bombe bourdonnante », il était tristement célèbre pour son bourdonnement, qui devenait ensuite mortellement silencieux avant l’impact. Il lui fallait entre 15 et 30 minutes pour atteindre une cible. Une seule explosion pouvait raser des bâtiments et tuer des centaines de personnes d’un coup. Outre son autonomie, le V-1 présentait d’autres similitudes avec les drones actuels. Comme plusieurs variantes de drones modernes, dont le Kratos XQ-58A Valkyrie, le V-1 pouvait être lancé via une rampe inclinée. Comme c’est souvent le cas dans la guerre moderne des drones, il était déployé en essaims. De même, comme beaucoup de drones actuels, les V-1 pouvaient être lancés depuis d’autres avions en vol. Selon la chaîne d’information Norddeutscher Rundfunk, des centaines de V-1 ont été lancés avec succès depuis des bombardiers Heinkel 111 pendant la guerre.

(…)
Lire la suite dans Military Times

Zita BALLINGER FLETCHER
Publié sur Military Times
26 septembre 2025

Zita Ballinger Fletcher a précédemment été rédactrice en chef des magazines Military History Quarterly et Vietnam, et historienne à la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine. Elle est titulaire d’une maîtrise en histoire militaire avec mention.

Légende photo : Gros plan sur la « bombe volante » V-1 utilisée par l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Son ogive contenait plus de 820 kg d’explosifs. (Archives d’État polonaises)




Vidéo : Hommage à Paulette Duhalde engagée dès 1941

Paulette Duhalde

Paulette Duhalde (1921-1945), jeune employée de banque à Flers, s’engage dès 1941 dans le réseau de résistance « Jeanne », lié aux services spéciaux britanniques. Sous le pseudonyme « Jojo », elle assure des missions de liaison et de transmission essentielles au renseignement : acheminement de courriers, collecte d’informations, contacts avec des agents opérant à Caen, Alençon et Paris. Son action contribue directement au travail de contre-espionnage mené contre l’occupant allemand. Arrêtée par la Gestapo en décembre 1942 à la suite d’une trahison, elle est incarcérée à Fresnes, puis condamnée à cinq ans de forteresse par un tribunal militaire allemand.



Déportée en 1944, d’abord à Aix-la-Chapelle puis à Cottbus, elle est finalement transférée au camp de Ravensbrück. Elle y meurt d’épuisement le 23 avril 1945, quelques jours avant la libération. À titre posthume, la France lui décerne la Légion d’honneur, la Croix de guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance. Son nom demeure associé aux femmes et hommes des services spéciaux qui, dans l’ombre, ont risqué et sacrifié leur vie pour entraver le renseignement ennemi et défendre la souveraineté nationale.




Mémoire vivante : Hommage aux « Merlinettes »

Hommage aux « Merlinettes » à Jouac en Limousin
Le 1er juin 2025

Ce dimanche matin en plein bois, côtoyant une clairière où furent parachutées dans la nuit du 5 au 6 avril 1944 trois Merlinettes, sous-lieutenantes opératrices–radio du Corps Féminin des Transmissions d’Afrique du Nord : Marie Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzisen-Boitte, se sont rassemblés 70 patriotes et 14 drapeaux d’associations dont la FNP de la Creuse, de la Vienne et de la Haute-Vienne, venus s’incliner devant la stèle inaugurée à leur mémoire le 30 septembre 2017 par Jean-Georges Jaillot-Combelas, neveu d’une autre Merlinette parachutée.

Elles seront arrêtées à la fin du mois d’avril 1944 à Paris où leur sœur d’armes Eugénie-Malika Djendi, parachutée au sud d’Orléans et arrêtée à l’atterrissage, les rejoindra dans la capitale.

Toutes les quatre seront déportées et exécutées dans le camp de Ravensbrück en Allemagne le 15 janvier 1945.

Etaient présents : les Maires de Jouac et de Saint-Léger-Magnazeix, le Délégué de Libre Résistance SOE F et la fille d’une Merlinette Huguette Colombeau.

Une gerbe fut déposée par la sous-préfète de Bellac, Mme Françoise Slinger-Cecotti, qui présidait la cérémonie,

Le général François Mermet, président d’honneur de l’Amicale, accompagné de Dominique Hennerick, vice-président de l’UNP et président de Bagheera, de M. Jean-Georges Jaillot-Combelas et de M. Hedy Belhassine déposa une gerbe au nom de notre Amicale.

Ensemble, nous n’oublierons jamais leur courage, leur exemple, leur abnégation et leur patriotisme.

Général François Mermet
Président d’honneur de l’AASSDN




La guerre du récit : quand l’information devient champ de bataille

La guerre de l’information a pris un rôle central dans les stratégies de l’Occident, se transformant d’un simple soutien aux objectifs de guerre plus larges en une fin en soi. L’objectif principal est désormais de contrôler le récit gagnant, considéré comme plus crucial que d’affronter la réalité des faits sur le terrain.

Dans cette perspective, la victoire virtuelle obtenue par la manipulation des perceptions publiques est jugée plus significative que tout succès concret sur le champ de bataille.
Cette stratégie vise à créer une réalité imaginée qui résonne avec le public, tant au niveau national qu’international, grâce à des médias complaisants et des récits simplifiés. L’objectif est d’aligner idéologiquement les sociétés occidentales contre un ennemi commun, présenté comme extrémiste et une menace pour la démocratie et les valeurs partagées. Cette approche crée un alignement social et politique rigide, qui rend difficile toute déviation de la ligne officielle et piège les gouvernements dans de fausses attentes.

Un exemple significatif de cette stratégie est l’incursion de l’OTAN dans la région de Koursk, choisie pour sa forte valeur symbolique. L’opération, si elle avait réussi, aurait permis aux forces ukrainiennes d’obtenir un levier de négociation important, forçant peut-être la Russie à réduire sa présence dans le Donbass.
Cependant, l’échec de l’incursion a renforcé la détermination de la Russie à poursuivre ses opérations en Ukraine, augmentant encore la méfiance envers l’Occident. L’utilisation d’équipements militaires allemands dans une zone historiquement significative comme Koursk a évoqué des souvenirs des invasions passées, alimentant le sentiment de menace existentielle perçue par la population russe.

[…]

Giuseppe GAGLIANO
Source : Cf2r
Dossier “Désinformation” publié dans la “Revue Services spéciaux” de l’AASSDN
Juin 2025

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Informations sur l’article :

Titre : “La guerre de l’information”
Auteur : Giuseppe GAGLIANO
Pages : 2
Extrait du dossier : Désinformation
Paru dans la revue : Revue Services spéciaux
Numéro : 271
Périodicité de la revue : Juin 2025
Revue de : AASSDN
Prix de la revue : 15€ (10€+5€ de frais de port)
Où acheter la revue : Sur la boutique de l’AASSDN dans la boutique (pour y accéder, cliquer ICI)




Guerre cognitive et influence 3.0 : Les nouveaux champs de bataille

Qu’elle soit menée à l’intérieur d’un État ou sur la scène internationale, l’influence peut être catégorisée selon son caractère moral ou non. Les opérations classiques s’adressent au conscient d’une cible qu’il s’agit de convaincre au travers d’une argumentation courtoise fondée sur des idées et des références, ou à son inconscient via la persuasion qui emprunte un chemin cognitif plus sophistiqué mais encore éthiquement acceptable. Elles autorisent toujours la capacité pour la cible de dire non.

Plus nombreuses, les opérations indélicates vont de la manipulation à la menace, en passant par l’intimidation et le chantage, toutes mâtinées de la notion de contrainte requérant une stratégie de contre-influence très élaborée pour contrer la loi de Brandolini1. Dans tous les cas, l’influence agit sur les perceptions des cibles visées afin de parvenir à l’objectif final qui est de modifier leur comportement ou leur décision.

Cela, c’était hier, du temps d’une influence « soft » 1.0. où, somme toute, les rapports de force se neutralisaient. Au début des années 1980, une influence 2.0 a vu le jour et a induit un bouleversement sociétal qui a profondément modifié les équilibres sociaux en Occident. Aujourd’hui, le retour au pouvoir de Donald Trump à la Maison blanche, la montée du populisme en Europe et la guerre en Ukraine redistribuent brutalement les cartes d’un jeu d’influence 3.0 qu’il s’agit de décrypter.

Général de brigade aérienne (2S) Bruno MIGNOT
Auteur de huit ouvrages dont cinq consacrés à l’influence
Dossier “Désinformation” publié dans la “Revue Services spéciaux” de l’AASSDN
Juin 2025

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Informations sur l’article :

Titre : “Vive l’influence 3.0”
Auteur : Général de brigade aérienne (2S) Bruno MIGNOT, Auteur de huit ouvrages dont cinq consacrés à l’influence
Pages : 6
Extrait du dossier : Désinformation
Paru dans la revue : Revue Services spéciaux
Numéro : 271
Périodicité de la revue : Juin 2025
Revue de : AASSDN
Prix de la revue : 15€ (10€+5€ de frais de port)
Où acheter la revue : Sur la boutique de l’AASSDN dans la boutique (pour y accéder, cliquer ICI)




Désinformation : Les vraies origines de la colonisation française en Algérie

La conquête de l’Algérie par la France en 1830 fait toujours l’objet d’une désinformation par omission du fait majeur qui a poussé Charles X à se lancer dans cette expédition. La version officielle qui est mise en exergue se rapporte à une sordide affaire de dette relative à un marché de fourniture de blé que le Directoire avait conclu avec le dey d’Alger en 1797.

La transaction avait été gérée par deux commerçants véreux d’Alger, Bacri et Busnach, qui entretenaient des relations frauduleuses avec un groupe de pirates. Lorsque les exportations de céréales vers la France commencèrent, les deux négociants corrompus communiquèrent pour chaque opération aux bandits des
mers le trajet et la date précise des convois. Les pirates pouvaient alors s’emparer des cargaisons de blé puis les revendre aux deux truands qui, à leur tour, réexpédiaient les produits rachetés vers leur destination. Le blé, objet d’un juteux trafic, arrivait finalement en France après de multiples péripéties et un long séjour dans des cales humides qui le rendaient impropre à la consommation. Dans ces conditions, on comprend les fortes réticences de l’acheteur à payer de telles marchandises. Les dettes prirent de l’ampleur et le contentieux entre la France et le dey d’Alger s’envenima jusqu’en avril 1827 lorsque le roi Charles X chargea le consul de France Pierre Deval de présenter au dey des explications sur cette situation intolérable. L’entrevue orageuse se termina par un coup d’éclat : dans un accès de colère, le dey frappa le représentant de la France avec son chasse-mouches, un acte considéré comme un affront au monarque français. La France humiliée devant l’absence d’excuses réagit en soumettant Alger à un blocus maritime. Mais l’expédition militaire ne sera lancée que trois ans plus tard par Charles X: la conquête de l’Algérie débute le 14 juin 1830 par le débarquement de troupes à Sidi Ferruch, une baie située à l’ouest d’Alger.

[…]

Michel KLEN,
Essayiste et auteur de plusieurs ouvrages dont “La tragédie de l’Algérie
Dossier “Désinformation” publié dans la “Revue Services spéciaux” de l’AASSDN
Juin 2025

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Vous pouvez également lire l’article “La guerre de l’information” dans son intégralité en cliquant ICI.


Informations sur l’article :

Titre : “Les vraies origines de la colonisation française en Algérie”
Auteur : Michel KLEN, Essayiste et auteur de plusieurs ouvrages dont “La tragédie de l’Algérie
française, Les ravages de la désinformation et La guerre du bluff est éternelle”
Pages : 4
Extrait du dossier : Désinformation
Paru dans la revue : Revue Services spéciaux
Numéro : 271
Périodicité de la revue : Juin 2025
Revue de : AASSDN
Prix de la revue : 15€ (10€+5€ de frais de port)
Où acheter la revue : Dans la boutique du site de l’AASSDN (pour y accéder, cliquer ICI)