1942 : L’opération FRANKTON

Au début du 2e trimestre de l’année 1942, Lord Selborne, Ministre de la Guerre
Économique, attira l’attention de Winston Churchill sur l’accroissement préoccupant
du trafic des navires allemands forceurs de blocus qui, malgré les pertes qui leur
étaient infligées par la Royal Navy et la RAF, déchargeaient à Bordeaux leurs cargaisons
de latex, de métaux rares et de produits tropicaux en provenance d’Extrême-
Orient, d’importance essentielle pour l’industrie de guerre du Reich et embarquaient
des machines-outils et des pièces destinées à l’industrie aéronautique livrées aux
usines d’armement japonaises.

Le Premier Ministre chargea Lord Louis Mountbatten, Commandant en Chef des
Opérations Combinées de préparer un plan d’intervention. Une opération amphibie
de grande envergure ayant été écartée d’emblée et Anthony Eden, Ministre des
Affaires Étrangères s’étant opposé au bombardement du Port par les avions de la
RAF, trop de vies humaines étant en jeu, la décision fut prise de recourir à une
attaque par des commandos contre les forceurs de blocus à quai au sein même du Port
Autonome de Bordeaux.

Cette mission allait être confiée à une unité spéciale du Corps des Royal Marines
le “ Royal Marines Boom Patrol Detachment ” constituée à l’initiative du Major
Herbert G. Hasler, surnommé “ Blondie ”, qui allait être désigné par Lord
Mountbatten comme commandant du commando. L’opération avait reçu le nom de
code (sans signification) de “ Frankton ”.

Sous couvert d’un entraînement de routine à la protection des installations portuaires,
le RMBPD composé de deux sections allait préparer dans le plus grand secret
une opération extrêmement risquée. A l’exception d’Hasler, aucun des membres du
commando ne sut la destination ni le but de la mission avant d’être embarqué à bord
du sous-marin.

Sélectionnés au sein de la 1re section, six équipages de deux hommes à bord de
six kayaks de mer (Cockle Mark II) mis au point par le Major Hasler et l’ingénieur
Goatley seraient mis à l’eau à proximité de l’embouchure de la Gironde. Ils remonteraient
le fleuve à la pagaie, se cachant de jour et naviguant au compas de nuit.

Après avoir identifié leurs cibles le long des quais, ils poseraient des mines “ limpets
” (arapèdes) à adhérence magnétique sous la ligne de flottaison des forceurs de
blocus allemands dont les services de renseignements anglais savaient à quelle date
ils seraient amarrés à quai à Bassens et à Bordeaux, sans qu’aucun membre de la
Résistance eut jamais su à quoi serviraient ou à qui étaient destinées les informations
recueillies et transmises aux services secrets à Londres.

Aucun recueil n’étant possible après l’attaque, ils redescendraient la Gironde en
kayak jusqu’à la hauteur de la ville de Blaye, saborderaient leurs bateaux et tenteraient
de rejoindre à pied la ville de Ruffec, distante de 160 km, d’où une filière
d’évasion britannique dépendant du M19 pourrait prendre en charge leur évasion
vers l’Espagne, avec le concours de Résistants français.

Personne n’avait été informé de leur mission ni à Bordeaux, ni à Ruffec.
Dans la soirée du 7 décembre 1942, le sous-marin britannique HMS, TUNA, sous
les ordres du Lieutenant Raikes, alors âgé de 28 ans, mit cinq kayaks à l’eau au large
de Montalivet. Dans l’ordre de mise à la mer :

  • Catfish (Poisson-chat) : Major Hasler (Chef du Commando), Marine William E.Sparks.
  • Cuttlefish (Seiche) : Lieutenant John MacKinnon (Commandant en second), Marine James Conway.
  • Crayfish (Écrevisse) : Corporal A. S. Laver, Marine W.N. Mills.
  • Chachalot (Cachalot) : Marine Ellery, Marine Fisher.
  • Coalfish (Morue noire) : Sergent Samuel Wallace, Marine Robert Ewart.
  • Conger (Congre) : Corporal George Sheard, Marine David Moffatt.

Le flanc déchiré au passage du panneau d’accès à la chambre des torpilles avant
du TUNA, où il avait été stocké durant la traversée, le Cachalot dut être rembarqué
avec son équipage. Peu après 20 heures, les cinq kayaks s’éloignèrent en formation,
sous le commandement du Major Hasler en direction de la Pointe de Grave.
Vers minuit, au franchissement du ressac très dangereux même par temps calme
sur les hauts-fonds au large du phare Saint-Nicolas, le kayak “ Coalfish ” chavira et
le contact fut perdu avec le Sergent Wallace et le Marine Ewart.
Une demi-heure plus tard, ce fut au tour du “ Conger ” (Caporal Sheard et
Marine Moffatt). Cette fois, les deux RM purent être repérés et après sabordage du
Conger, ils furent remorqués dans l’eau glaciale accrochés au “ Catfish ” (Hasler et
Sparks) et au “ Crayfish ” (Laver et Mills). La mission étant primordiale, Hasler dut
les abandonner au plus près du rivage après avoir passé la Pointe de Grave.

Les trois kayaks restants poursuivirent leur route portés par la marée montante
vers le Verdon. Ils furent obligés de prendre leurs distances pour passer entre le môle
et quatre bâtiments ennemis ancrés à quelques encablures. C’est à ce moment-là que
le contact fut perdu avec le “ Cuttlefish ” (Lieutenant MacKinnon et Marine
Conway).

Le jour se levait quand les deux derniers kayaks, “ Catfish ” et “ Crayfish ” trouvèrent
à la Pointe aux Oiseaux un abri où ils purent se dissimuler pour la journée dans
les roseaux bordant la rive, à proximité de Saint-Vivien-du-Médoc. Ils continuèrent
leur route durant la nuit du 8 au 9 vers le Port des Callonges, puis vers l’Ile-Cazeau
(nuit du 9 au 10) à la faveur de l’obscurité et portés par le courant de marée.

Le 11 décembre à l’aube ils trouvèrent enfin, sur la rive gauche du fleuve en face de
Bassens, un endroit pour se cacher, se reposer et préparer l’attaque. Dans la nuit du
11 au 12 décembre, les équipages des deux derniers kayaks s’engagèrent dans la dernière
phase de leur mission : le “ Catfish ” suivit la rive gauche jusqu’aux quais de
Bordeaux et réussit à fixer ses mines sur trois grands navires et un pétrolier à
l’amarre le long du quai ; le “ Crayfish ” traversa la Garonne vers Bassens et fixa
ses mines sur deux navires à l’amarrage.

Mission accomplie, entre minuit et une heure du matin le 12 décembre, les deux
équipages entamèrent leur repli. Ils se rejoignirent miraculeusement dans l’obscurité
au Sud de l’Ile-Cazeau. Portés par le courant, ils firent route ensemble, longeant la
rive droite du fleuve. A 1 500 m environ au nord de Blaye, les deux équipes se séparèrent
par mesure de prudence pour aborder à environ 400 m l’une de l’autre à la hauteur
de Saint-Genès-de-Blaye. Ils ne devaient jamais se revoir. Il était entre 3 h 30 et

4 heures du matin et il ne leur restait que 3 à 4 heures d’obscurité, quand ils entamèrent
leur repli à pied par des itinéraires différents, pour tenter d’atteindre Ruffec, à 160
km de leur point de débarquement.

A partir de 7 heures, les crayons retards mirent à feu successivement les mines
limpets. A Bassens, “ l’Alabama ” et le “ Portland ”, minés par Crayfish, furent gravement
endommagés. Attaqués par Catfish, Quai Carnot à Bordeaux, le “ Dresden ”,
le “ Tannenfels ” commencèrent à s’enfoncer le long des quais auxquels leurs
amarres les retenaient. Un 5e bateau, le pétrolier “ Cap Hadid ” prit feu. Les limpets
posées sur la coque d’un 6e navire, le “ Sperrbrecher n° 5 ” (patrouilleur allemand)
se détachèrent et explosèrent sur le fond sans dommage pour la cible. Les explosions
des mines se succédèrent de 7 heures jusqu’à la mi-journée causant la confusion et
le désordre chez l’ennemi.

La compagnie des pompiers du port autonome au sein de laquelle l’ingénieur
TPE Raymond Brard, responsable de la sécurité du port et fondateur du Club des
Girondins, avait placé une équipe de résistants, intervint immédiatement sous le
commandement du Commandant Paduch à la requête du HafenKommandant. C’est
au cours de leur intervention que les pompiers, inversant l’action des pompes mises
en batterie réussirent, sans être inquiétés, à aggraver la gîte des bâtiments les plus
atteints.

Hasler et Sparks, aidés au long de leur route par des Français courageux, comme
la famille Pasqueraud qui les hébergea une nuit à Napres entre Saint-Preuil et
Lignières, furent les seuls à atteindre Ruffec. Ils choisirent d’entrer au jugé, vers
13 h 30 le 18 décembre 1942, dans le restaurant “ La Toque Blanche ”, où ils eurent
la chance d’être accueillis par M. René Mandinaud, sa femme et ses soeurs, une
famille de Français patriotes. M. Mandinaud prit contact avec M. Jean Mariaud.
Ce dernier organisa le passage des deux fugitifs dans l’ex-zone libre après consultations
successives de M. Paille, ancien professeur en Angleterre, qui confirma leur
nationalité et de Mme Marthe Rullier qui alerta le passeur.

Le 19 décembre, Hasler et Sparks, furent conduits en camionnette par M. René
Flaud, boulanger, près de Benest, à proximité de la ligne de démarcation, toujours
gardée par les Allemands. M. Fernand Dumas, le passeur, les conduisit à la ferme
Marvaud où ils allaient être hébergés pendant 41 jours chez M. et Mme Armand
Dubreuille.

Ils auraient dû être remis dans les deux jours suivant leur arrivée à Marvaud à
Mary Lindell, alias “ Marie-Claire ”, Comtesse de Milleville par son mariage, qui
connaissait les Dubreuille. Marie-Claire était un agent du M19, organisation faisant
partie des Services Secrets britanniques, spécialisée dans l’aide à l’évasion et le rapatriement
des personnels militaires en Angleterre.

Grièvement blessée dans un accident, sans contact radio, elle ne put être jointe
par Armand Dubreuille qu’après plusieurs semaines de silence. Elle arriva enfin à
Marvaud et c’est son fils Maurice de Milleville, âgé de 18 ans qui accompagna les
deux fugitifs par le train de Roumazières à Lyon. Leur évasion se poursuivit jusqu’à
la frontière espagnole via Marseille et Perpignan. Arrivés en Espagne, les deux survivants
furent pris en charge par l’Ambassade à Madrid, d’où ils furent conduits à
Gibraltar. Hasler regagna l’Angleterre par avion le 3 avril 1943 et Bill Sparks fut
ensuite rapatrié par un transport de troupes.

Le Sergent Wallace et le Marine Ewart, capturés le 8 décembre 1942 au lever du
jour furent fusillés sur ordre de l’Amiral Julius Bachmann dans la nuit du 11 au 12
décembre après de longs interrogatoires sans avoir parlé. Leur exécution eut lieu au
château du Dehez (aujourd’hui Château Magnol) à Blanquefort.
Le corps du Caporal Sheard, probablement noyé dans la nuit du 7 au 8 décembre,
ne fut jamais retrouvé et celui de son coéquipier le Marine Moffatt fut découvert le
17 sur la plage de Bois-en-Ré.

Le Lieutenant MacKinnon et le Marine Conway, ayant poursuivi seuls leur route
sur la Gironde atteignirent l’Ile-Cazeau puis le Bec d’Ambès où leur embarcation
coula, après avoir éperonné un obstacle sous-marin. Ils se replièrent jusqu’à Cessac
où un couple de Français, M. et Mme Jaubert les hébergèrent trois jours. Après avoir
quitté leurs hôtes, ils cherchèrent à gagner l’Espagne. Capturés par la gendarmerie
française près de La Réole, le 18 décembre, ils furent remis aux autorités allemandes
qui les emmenèrent à Bordeaux.

Le repli de Laver et Mills s’acheva près de Montlieu-La Garde où ils furent
dénoncés, arrêtés par la gendarmerie qui les remit aux autorités d’occupation.
Enfermés à Bordeaux avec MacKinnon et Conway, puis transférés à Paris au début
de janvier, tous les quatre furent exécutés le 23 mars 1943.

Gardés en vie pendant trois mois, sans doute parce que les services de renseignement
allemands cherchaient à savoir par qui ils avaient été aidés durant leur repli, le
Caporal Laver RM, le Marine Mills, le Lieutenant MacKinnon RM et le Marine
Conway moururent sans avoir parlé.

L’exécution des six Royal Marines pris en uniforme, en application de la directive
secrète d’Hitler du 18 octobre 1942 concernant les commandos, constitue un
crime de guerre dont l’Amiral Raeder eut à répondre au procès de Nuremberg en
1946 et l’Amiral Bachmann au procès d’Hambourg en 1948.

En 1955, parut le livre de CE Lucas Phillips “ Cockleshell Heroes ” tiré à
250 000 exemplaires en Angleterre, traduit en français en 1956 sous le titre
“ Opération Coque de Noix ”. Le Lieutenant Colonel Hasler OBE DSO RM, apporta
sa collaboration à l’auteur qui eut accès à des sources fermées aux chercheurs.
Également en 1955, le film “ Cockleshell Heroes ” (version française :
“ Commando dans la Gironde ” sorti en 1956) produit par Warwick et distribué par
Columbia Pictures, d’après un scénario de Bryan Forbes et Richard Maibaum.
Tourné sur le Tage, mis en scène par José Ferrer qui interprétait le rôle d’Hasler, avec
Trevor Howard dans un rôle de fiction, le film avait bénéficié de l’appui technique
du Corps des Royal Marines. Malgré les libertés prises par les scénaristes avec la
vérité historique, au grand déplaisir du Major Hasler, “ Commando dans la
Gironde ” fabriqué dans la lignée des productions de films de guerre américains des
années 50 connut un succès commercial.

Une biographie remarquable du Colonel Hasler, décédé en 1987, par le Major
Ewen Southby Tailyour préfacée par SAR le Duc d’Edimbourg, retrace la carrière de
Blondie Hasler au sein du corps des Royal Marines, suivie après la guerre de celle
d’un très grand marin puisqu’il fut le fondateur des courses transatlantiques en solitaire
en 1960. Eric Tabarly qui participa à la seconde traversée devait devenir un de
ses proches amis.

Un ouvrage historique, “ Le Commando de l’impossible ” par François Boisnier
et Raymond Muelle, utilisant les archives anglaises, allemandes, françaises et les
derniers témoignages des rares survivants encore en vie et des contemporains de
l’opération Frankton, est paru en 2003 édité par Trésor du Patrimoine.
En 2002, un reportage de Jonathan Marland a été réalisé pour Meridian TV,
chaîne privée britannique, comportant une longue interview de Bill Sparks sur les
lieux de son évasion.

En 2004 deux films sur l’Opération Frankton ont été tournés :

  • En France : “ Des ombres dans la nuit – Opération Frankton ” durée 52 minutes,
    réalisé par Ramon Maranon diffusé par FR 3 Aquitaine.
  • En Angleterre et en France : “ Frankton Shadows ”, durée 30 minutes,
    réalisé par Tom Keene diffusé par la BBC.

Le souvenir des héros de l’Opération Frankton est commémoré chaque année en
France, notamment à Bordeaux, à Blanquefort, à la Pointe de Grave, à Saint-
Georges-de-Didonne et à Ruffec.




Extrait du Bulletin : Un héros du CE raconte – Capitaine Morange (1)

Introduction par le Colonel Paul Paillole

Avant de nous quitter, il y a déjà plus d’un an, Roger Morange avait entrepris, dans le cadre d’une étude générale sur « les X. dans la Résistance »  la préparation d’une thèse de doctorat d’État sur les activités du Contre- Espionnage français clandestin dans le Sud-Est de la France occupée.

Lui-même avait été en 1943 le chef de notre poste T.R. de Marseille : T.R. 115, puis Glaïeul.

Il avait bien voulu m’associer à ce vaste projet. Avec la méthode et la précision qui étaient dans sa nature, il fouillait les archives, les livres, creusait dans sa riche mémoire, appelait les témoignages. En dépit d’une santé qui chancelait, son travail avançait, toujours remis sur le chantier avec une obstination d’autant plus émouvante que nous sentions ses forces l’abandonner.

Hélas, il laisse une oeuvre inachevée mais d’une exceptionnelle valeur pour l’Histoire de nos Services. D’accord avec son épouse qui le secondait avec autant de dévouement que de compétence, nous n’avons pas voulu qu’elle tombe dans l’oubli. Avec elle nous avons pensé que ces souvenirs de Morange, ses observations, ses réflexions pouvaient non seulement enrichir notre patrimoine, mais encore — et peut-être surtout — servir utilement nos successeurs tant cet esprit curieux savait tirer les conséquences et les enseignements des événements et des faits dont il était l’acteur ou le témoin lucide.

Ainsi a été constitué un comité d’études chargé d’extraire à l’intention de notre Bulletin et des diverses instances nationales chargées de veiller à « cette sacrée Vérité », les bonnes feuilles de ce que l’on peut appeler les Mémoires de Roger Morange alias Mordant. Pour commencer nous présentons le récit de son arrestation par la Gestapo de Marseille à la fin de 1943. Il sera suivi par celui de son interrogatoire et de son évasion. Cette publication vient à son heure, au lendemain du procès de Lyon et à la veille de la nouvelle procédure intentée à l’encontre de Klaus Barbie à propos de l’affaire Jean Moulin. On va retrouver dans le récit de notre camarade cet expert en trahison qu’était Jean Multon, alias Lunel, transfuge du groupe « Combat » arrêté le 28 avril 1943 par la Gestapo de Marseille et « retourné » sans grande difficulté par elle. C’est Multon qui est à l’origine des catastrophes qui se sont abattues sur la Résistance en 1943 : arrestations de Bertie Albrecht, collaboratrice d’Henri Frenay (fin mai 1943), du Général Delestraint, chef de l’armée secrète (9 juin 1943), de René Hardy (7 juin 1943) enfin, dont les conséquences furent si funestes. J’en passe. On va retrouver, face à Morange, le célèbre Dunker, dit Delage, homologue de Barbie à Marseille. Aussi cruel et prétentieux que le S.S. lyonnais — Lui aussi mentionné en 1944 dans nos listes de criminels nazis remises aux services français et alliés de sécurité, accolés aux grandes unités de débarquement. Il eut bien le sort qu’il méritait : il fut fusillé le 28 septembre 1947.

 

Situation du C.E. à Marseille en 1943 Avant de laisser la parole à Morange, il m’apparaît nécessaire de rappeler la situation générale de nos services en 1943. Depuis mai 1942 le commandant Laffont, alias Verneuil, a pris ma place à Marseille à la tête de notre organisation clandestine de C.E. offensif : le T.R. Je suis moi-même en charge de l’ensemble de nos services de sécurité offensifs (T.R.) et défensifs (S.M.). Ils sont en pleine évolution en raison de la répression allemande et des entraves de la police de Vichy.

L’activité croissante de l’Abwehr, celle de plus en plus envahissante du S.D. et de la Gestapo, l’imminence du débarquement allié en A.F.N., m’ont conduit à étoffer le T.R., en …




Extrait du Bulletin : Résistance héroïque du Capitaine André Mercier ( 1) et (2)

Par le Colonel BERNARD

Le 2 octobre dernier, le décès du Général Marcel André Mercier a cruellement endeuillé non seulement notre Amicale mais l’Armée toute entière. Le Pays vient de perdre un serviteur de valeur exceptionnelle qui a personnifié tout au long de sa carrière, la bravoure, l’allant, l’audace, la ténacité et l’efficacité d’un combattant d’élite. Il joignait à ces vertus guerrières la réserve, le désintéressement personnel et la discrétion absolue qui ont toujours été une des caractéristiques essentielles de nos Services Spéciaux.

Le décès du Général Mercier étant survenu alors que notre « Bulletin de liaison n° 159 » (1993/III) était pratiquement « bouclé », le Colonel Paillole n’a pu rappeler que succinctement les raisons pour lesquelles cette disparition nous était particulièrement douloureuse. Il avait promis qu’un prochain « Bulletin » rappellerait, moins brièvement, la carrière exemplaire de celui qui fut « Camelia » du 4 juin 1943 (jour de l’arrestation du Capitaine Johannes) au 11 décembre 1943 (jour de sa propre arrestation en gare de Roanne). 

« Camelia » était le nom de code d’une des 3 « inspections régionales » qui, depuis mars 1943, se partageaient le commandement des Postes du « réseau des Fleurs », c’est-à-dire du réseau qui, entre l’Armistice et mars 1943, avait porté le nom de « Travaux Ruraux » (T.R. Anciens). 

La zone d’action de « Camelia » couvrait, grosso modo, les territoires des VII°, VIII°, IX°, XII°, XIII° et XIV° Corps d’Armée d’avant 1939. A ces responsabilités territoriales déjà fort absorbantes, le Chef de « Camelia » avait ajouté les fonctions d’Adjoint au Chef de réseau (Verneuil) lorsque le Lieutenant Challan-Belval, Adjoint en titre depuis plusieurs années, avait été désigné pour un poste en Angleterre. 

Aujourd’hui, le Colonel Paillole m’ouvre les colonnes de notre Bulletin pour que je parle du Capitaine Marcel André Mercier tel que je l’ai connu de 1940 à 1943. Je dois cet honneur au fait que j’ai succédé à Mercier après son arrestation et ai donc bien connu les activités de  « Camelia » de janvier 1944 à la Libération. Or c’est précisément au cours de cette période que Mercier a réussi le plus inattendu des exploits : la création à la Prison de Fresnes d’un Poste T.R. extrêmement efficace, dont les renseignements parvenaient… à « Camelia » (après un circuit peu banal comprenant des escales en Bretagne et à Vichy).

 

PREMIERE PARTIE

MERCIER, VOLONTAIRE DANS LES SERVICES DE C.E. DE L’ARMEE 

En 1940, lorsqu’un officier désirait entrer aux Services Spéciaux, il devait être « parrainé » par un officier du Service et était, en outre, l’objet d’une enquête qui prenait deux ou trois mois.

Mercier a rejoint les Services Spéciaux en décembre 1940. Il avait dû faire acte de candidature vers septembre ou octobre. A cette date, seuls les cadres les plus ardents de l’Armée d’Armistice s’étaient déjà rendus compte que la susdite Armée serait, en réalité, bien incapable de défendre efficacement la Souveraineté Française en Zone Sud s’il prenait fantaisie aux Allemands de violer la « Ligne de démarcation ».

Comme tous les nouveaux arrivants, Mercier rejoignit la branche « légale » du Service, c’est-à-dire un B.M.A. Il n’était pas question que des débutants, si ardents et bien notés qu’ils puissent être, soient lancés, d’entrée de jeu, dans la spécialité T.R. 

 

Mercier fut affecté au B.M.A. /13 à Clermont-Ferrand pour y apprendre « Notre Métier ».

C’est un métier difficile. Il exige l’acquisition d’une foule de connaissances nouvelles sur l’adversaire (ordre de bataille, organigrammes des Services ennemis, identités des personnels, nature, et caract…




Décès de Laurent Preciozi dernier survivant de l’opération Pearl Harbour en Corse

( Laurent Preziosi – Photo d’archives: JCP- AASSDN )

PARIS, 9 nov 2010 (AFP) – Laurent Preziosi, qui était le dernier survivant français de la mission Pearl Harbour en Corse occupée, est décédé vendredi à l’âge de 98 ans, a annoncé mardi sa famille dans le carnet du Figaro.

Né le 22 juin 1912 en Algérie, d’une vieille famille corse, lieutenant de réserve, Laurent Preziosi avait été choisi, en raison de ses nombreuses relations politiques et syndicales sur l’île, pour participer à la mission Pearl Harbour (de décembre 1942 à mars 1943). Cette opération secrète, montée par les services spéciaux d’Alger avec l’appui des services américains, avait pour but de préparer le débarquement pour libérer la Corse occupée par des forces germano-italiennes. Le commando initial, qui fut débarqué en Corse le 14 décembre 1942 par le sous-marin Casabianca, comptait quatre hommes : le chef, Roger de Saule, un Belge de 53 ans, deux cousins, Toussaint Griffi, 32 ans, et Pierre Griffi, 28 ans (fusillé en août 1943), et Laurent Preziosi, 30 ans. L’année précédente, Laurent Preziosi avait déjà établi des contacts en Corse. Après son arrivée, le commando se scinda en deux pour structurer les réseaux déjà établis dans toute l’île. En février 1943, le sous-marin Casabianca livrait des centaines d’armes automatiques et des dizaines de milliers de balles. Repérés par l’Ovra (contre-espionnage italien), Laurent Preziosi et Toussaint Griffi regagnèrent Alger un mois plus tard par le Casabianca. La mission Pearl Harbour permit de coordonner les réseaux de résistance en Corse qui fut le premier département libéré dès septembre 1943 par un débarquement. Laurent Preziosi était officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite. Il était également détenteur de la Croix de guerre avec palmes et étoiles et de la médaille de la Résistance.

Voir également la fiche descriptive de l’opération Pearl Harbour sur Wikipedia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mission_secr%C3%A8te_Pearl_Harbour

Voir différents extraits de notre Bulletin interne concernant l’opération et où le nom de Laurent Preziosi est cité :

L’AASSDN ET LE 40 EME ANNIVERSAIRE DE LA LIBÉRATION DE LA CORSE

LA CORSE SE SOUVIENT

PIERRE GRIFFI HEROS DE LA RESISTANCE CORSE

CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA LIBERATION : Parlons encore de la Corse

 

 

 

 

 




Extrait du Bulletin : Capitaine Léon Lheureux

Il y a quarante-quatre ans, le Capitaine Léon Lheureux expirait au camp disciplinaire de Dora-Ellrich.

Dans la nuit du 11 au 12 mars 1944, le Capitaine Léon Lheureux et trois de ses équipiers étaient arrêtés par les Allemands, dans la Somme. La mission « JOIE » du T.R. Jeune était décapitée.

Le Capitaine Léon-Joseph Lheureux est né à Sanghin-en-Weppes, le 9 novembre 1913. Entré à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, en 1935 il fait partie de la promotion « Maréchal Lyautey ». A sa sortie en 1937, il est affecté au 8° Zouaves à Mourmelon.

A la déclaration de la guerre, il est lieutenant et prend part, le 1°’septembre 1939 à l’offensive de Lorraine comme chef de section, de la 1° Compagnie.

Le 14 septembre, il reçoit son baptême du feu. Sa bravoure lui vaut sa première citation à l’ordre de la brigade.

Le 5 novembre 1939, il est muté à la 14° compagnie divisionnaire antichar de la 12° DI.; c’est avec elle qu’il fera la campagne des Flandres, de Bovesse en Belgique à Dunkerque, où il est fait prisonnier le 4 juin à 5 heures, après avoir été cité une seconde fois.

A 7 heures il s’évade. Il tente de gagner l’Angleterre dans un bateau de pêche. Repris vers 3 heures du matin le 5 juin, il est conduit au camp de Rexpoede où il reste les 5 et 6 juin.

En route vers Lille le 7, il s’échappe à Lomme le 8 vers 14 heures. Le 9 muni de vêtements civils, il gagne son village natal et y retrouve son père, maire de la commune. Il décide alors de gagner la zone libre.

Il parvient à Bourges le juillet et est affecté au 273° R.I. à Saint-Armand puis au 1° R.I. en poste à Blet.

Muté au Maroc fin décembre 1940, il est affecté au 40° R.T.M. où il reste comme instructeur jusqu’à fin 1942. En mars 1943, volontaire pour effectuer des missions de résistance en France, il est recruté par le Commandant Paillole et affecté au réseau T.R. Jeune que dirige cet autre héros qu’est le Capitaine Vellaud. Une mission prioritaire s’impose rétablir dans le Nord notre organisation de C.E. — Esprit ouvert, méthodique, Lheureux connaît bien la Région et accepte cette mission avec enthousiasme. Après un stage à Alger, puis en Angleterre, un avion le dépose en France avec un aspirant, un radio, deux postes et de faux papiers. C’est le 24 mai 1943.

Son commando a reçu le nom de « JOIE »; son champ d’action s’étend pratiquement de Paris à la citadelle d’Anvers. Chaque jour il frôle la mort. Les liaisons avec Alger étant difficiles, il sollicite avec insistance l’envoi d’un matériel nouveau plus puissant. Après des jours d’attente, le parachutage est prévu début mars 1944, trois jours après le message radio « Le nénuphar est une plante aquatique ».

Jusqu’au 8 mars, il attend vainement. Le 9 mars au soir, passent deux messages déconcertants « la grenouille est sur le nénuphar » et « le carnaval enverra deux amis à Joie » ; les mots  ” nénuphar “cet  ” joie ”  prêtant à confusion, il en conclut que l’opération est fixée dans la nuit du 11 au 12 mars.

Arrivé vers 3 heures du matin au point prévu le calvaire de Maurepas, dans la Somme, ses trois équipiers et lui-même sont immédiatement cernés par les Allemands.

En réalité le message passa le dimanche 12 pour parachutage la nuit du 15 au 16. Victime d’une méprise, le Capitaine Lheureux a été trahi. Emprisonné à la citadelle d’Amiens, il n’y reste que quelques jours. Il est dirigé sur la prison de Fresnes et mis au secret. Il ne parlera jamais.

Quelques jours avant la libération de Paris, il part pour Buchenwald avec le sinistre convoi de 1.500 déportés politiques, sur lesquels les Allemands s’acharneront. Pas un seul ne reverra son pays.

Buchenwald avait un camp disciplinaire : Dora et Dora avait aussi un camp disciplinaire qui était Ellrich. C’est là que Léon Lheure…




Extrait du Bulletin : Le colonel Gasser

in Memoriam par le Colonel REMY

– Quel superbe cuirassier il eût fait ! m’écriai-je devant mon ami Marcel Wiriath qui venait de me présenter au Colonel Roger Gasser auquel le liait une profonde affection.

–          « Il le fut », me répondit-il.

 

Je me sentis sur-le-champ attiré par l’impression d’absolue droiture qui se dégageait de cet homme dont la taille me parut approcher de celle du Général de Gaulle. Informé de ma réflexion, il vint vers moi et sourit en disant :« J’ajouterai que les circonstances ont fait que nous sommes devenus quelque peu collègues.

Venez me voir ; on échangera des souvenirs… ».

Je notai son adresse : …, Square de La Tour Maubourg.

 

– C’est une impasse qui donne sur le 143 de la rue de Grenelle », m’expliqua­t-il. « S’il vous advient de m’écrire, ne faites pas comme ces ignares qui écrivent « La Tour » en un mot et l’affublent d’un trait d’union pour accoupler Maubourg à ce nom illustre ; sinon votre pli vous sera retourné. Le 8 est tout au fond, sur la droite. J’habite au rez-de-chaussée, au-dessous de l’étage où résidait avec son épouse le Maréchal Pétain, en deux appartements séparés. La Maréchale est toujours dans le sien, servie avec un dévouement admirable par une vieille Rivesaltaise plus âgée qu’elle et toute percluse de rhumatismes, ce qui n’empêche pas les deux femmes de se chamailler. « Hé ! répète la Rivesaltaise, vous me cassez les pieds avec votre maréchal ! Il n’y a qu’un vrai Maréchal de France, et c’est le Maréchal Joffre !».

 

« Vacant pour les raisons que vous connaissez, l’appartement du Maréchal Pétain n’est pas demeuré longtemps inoccupé : accourant d’Alger pour se voir confier le ministère de l’Éducation Nationale au mois de septembre 1944, M. René Capitant vint s’y installer dans des meubles qui n’étaient pas les siens ! ».

 

En écoutant Roger Gasser, je me disais qu’il n’avait pas seulement la taille pour trait commun avec le Général de Gaulle. Ce dernier n’eût pas désavoué la série de flèches qui venaient d’être décochées à bout portant. Mais je gardai cette opinion pour moi : trois ans à peine s’étaient écoulés depuis que, faisant l’objet de poursuites intentées par la Haute Cour de Justice pour « atteinte à la sûreté de l’État », le Général Weygand en avait été relevé pour « faits de résistance ».

 

Tandis que j’écris, j’ai sous les yeux une photographie qui représente celui dont Foch disait : « Si la France est en danger, appelez Weygand ! »… conseil qui fut retenu au mois de mai 1940 par M. Paul Reynaud, président d’un gouvernement aux abois. « Rappelé au service » l’année précédente par M. Daladier, le Commandant en chef du Théâtre d’opérations en Méditerranée orientale effectue à Beyrouth sa promenade matinale sur la route de la Corniche aux côtés de son chef de Cabinet, le Colonel Gasser qui le domine de toute la largeur de ses épaules. Leurs relations datent de loin.

 

C’est en 1917 que Roger Gasser fit son entrée à Saint-Cyr, dans la promotion « Sainte-Odile – La Fayette ». Deux ans plus tôt, son père — dont le jeune Maxime Weygand fut l’élève à Saumur – avait été tué au front.

 

A Saint-Cyr, il aura pour camarades de promotion Henri de Bournazel (le légendaire héros du Maroc) et le futur Général Salan.

 

Nommé aspirant au bout de quatre mois d’instruction, il partit en première ligne et sa conduite au feu lui valut une citation à l’ordre de l’Armée. « C’est là que je me liai d’amitié avec le futur Général Navarre, saint-cyrien lui aussi de la promotion précédant la mienne,…




Extrait du Bulletin : Deux héros honorés à Toulouse

L’A.A.S.S.D.N. et le Groupe Morhange ont tenu à associer à l’hommage rendu le 31 mai 1986 par la Ville de TOULOUSE à l’action résistante de deux de nos camarades les noms de Léon HAMARD et d’Alexandre ABADIE.

Ainsi ont été unis dans un même élan de gratitude le soldat de l’ombre issu de la police nationale et l’officier de gendarmerie, engagés tous les deux sans retour, dans la lutte contre l’occupant.  

Deux figures de héros qui symbolisent une même conception du devoir et dont l’esprit de sacrifice honore deux grands corps de l’État.  

RUE LEO-HAMARD ET SQUARE LIEUTENANT-COLONEL ABADIE C’est en présence de M. Dominique BAUDIS, maire de TOULOUSE et Président du Conseil Régional, de M. DIEBOLT, déporté et Maire adjoint, du Général EYRAUD commandant d’Armes, du Colonel AMET commandant la gendarmerie régionale, de M. CARRERE représentant le Préfet de Région et de nombreuses personnalités civiles et militaires que le Colonel PAILLOLE et André FONTèS ont tour à tour évoqué la mémoire de nos deux camarades disparus.  

Après avoir dévoilé, à 10 h 30, la plaque qui marque la rue Léo HAMARD, avec l’aide des pièces du héros-martyr, le Président du Groupe MORHANGE André FONTèS s’est exprimé en ces termes  

 

Par André FONTèS

… « Léon, Louis Lucien HAMARD, né le 28 novembre 1919 à Bar-le-Duc.  

En 1940, Léon HAMARD “ alias Léo “ quitte sa Lorraine natale pour TOULOUSE.  

En 1941, il est affecté comme jeune inspecteur de police à la 8° Brigade Mobile, rue du Rempart à SAINT-ÉTIENNE. Garçon intelligent, plein de fougue, un avenir brillant s’offrait à lui.  

Fin 1942, Léo entre dans les rangs de la Résistance et dès la création du Groupe Morhange il est l’un des premiers à joindre cette formation.  

Animé du plus pur esprit patriotique, toujours volontaire pour les missions les plus dangereuses, l’une d’elles, devait lui être fatale.  

Le 11 juillet 1944, accompagné de notre chef, le Commandant TAILLANDIER-Morhange, il tombe dans un piège, tendu par la gestapo.  

Le Commandant Morhange tente de s’échapper, il est abattu sur place. Léo HAMARD est capturé et conduit au siège de la gestapo. Il est torturé. Ses bourreaux tentent de lui arracher les secrets du groupe. En vain.  

Après une longue et atroce agonie, dont ma belle-mère, Mme SIMAN DIRAKIS enfermée dans une cellule voisine, témoignera de l’horreur.

Léo HAMARD est enterré vivant.

La mort l’arrache enfin à ses terribles souffrances. A ses nièces présentes à mes côtés, nous disons ” soyez fières, votre oncle était un héros “.  

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A 11 h 30, c’est le square Lieutenant-colonel ABADIE qui est inauguré avec le même cérémonial.  

Les honneurs militaires sont rendus par un détachement de motocyclistes de la gendarmerie nationale et un détachement du 14° Régiment de Parachutistes.  

Mme Alexandre ABADIE est présente ainsi que deux de ses fils. C’est elle qui, très émue, avec l’aide du Colonel PAILLOLE dévoilera la plaque du square « Lieutenant-colonel ABADIE » tandis que M. Dominique BAUDIS en coupant le ruban tricolore ouvre l’accès au très beau jardin qui portera désormais le nom de notre camarade.  

Notre Président National avait évoqué le souvenir d’Alexandre ABADIE devant une assistance nombreuse et émue.

 

Par le Colonel Paul PAILLOLE

« C’est à un soldat exemplaire que nous rendons ici hommage, grâce à la Ville de TOULOUSE, grâce à vous Monsieur le Maire. Nous vous en sommes profondément reconnaissants.  

Ce qu’il y a d’exceptionnel dans l’existence du Lieutenant-colonel Alexandre ABADIE c’est la spontanéité et le désintéressem…




Archives du site – Abbé Pierre MOLIN

 

L’abbé Pierre MOLIN, Aumonier de notre Amicale nous a quitté.Atteint d’un mal implacable, il a été rappelé à Dieu, le 2 décembre 2009, à l’ Hôpital d’Instruction des Armées du Val de Grâce à Paris où il avait servi pendant des années.
Sa messe d’obsèques a été célébrée le lundi 7 décembre 2009 à 15 heures, en la Chapelle Royale du Val de Grâce rue St-Jacques à Paris.

 

Homélies de l’Abbé MOLIN

Pierre MOLIN 

 

 

” Je rappelle souvent que la grandeur d’un pays se mesure à ses saints et à ses héros.

A cette aune la France est grande. Trois saints qui sont liés au monde militaire : Saint Louis, patron du diocèse aux Armées Françaises, Sainte Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France (comme c’est encore inscrit sur les plaques de la rue Jeanne d’Arc, dans le 13éme arrondissement de Paris), Saint Vincent de Paul que l’on peut considérer comme le premier aumônier militaire…

Quand on parle de héros on imagine tout de suite des actions d’éclats. On peut surtout penser à ceux qui, au risque de leur vie, ont fait leur devoir, accomplit leur mission pour défendre notre pays afin qu’il conserve ou retrouve sa liberté.

Le colonel Paul Paillole était de ces hommes-là. Lorsque nous faisons mémoire de ceux qui ont fait ou défendu la France – ce qui est une mission de l’AASSDN – il s’agit de savoir pour admirer… de ne pas oublier pour imiter.

“Appartient à l’élite, a-t-on écrit, tout homme, de quelque milieu qu’il soit, qui est capable d’admirer ce qui est au-dessus de lui”.

Reste que l’admiration peut revêtir bien des formes ! Admiration médusée devant un amoncellement de valises, neuves ou usagées, qualifié de sculpture… devant une porte vermoulue, ornementée d’un fer à repasser et de trois clous, parsemée de quelques traces de peinture, baptisée tableau… Admiration rêveuse face à certaines expressions, orales ou écrites, de la bêtise…

Un malade, lorsque j’étais aumônier de l’hôpital du Val de Grâce, me confiait un jour, que sa conception de l’Infini reposait sur trois choses : la théorie de l’expansion de l’univers, la bêtise humaine et la miséricorde divine !

Admiration contemplative devant “l’annonce de l’ange à Marie”, “l’apparition du Christ à Marie-Madeleine”, “le couronnement de la Vierge Marie au ciel”, fresques peintes par le bienheureux Fra Angelico sur les murs des cellules du couvent Saint Marc, à Florence.

Admiration qui pousse à l’imitation. Ignace de Loyola (fondateur des Jésuites), né au Pays Basque en 1491, est blessé au siège de Pampelune en 1521. Durant sa convalescence il ne trouve à lire qu’une vie de Jésus et un livre sur la vie des saints. *

Au long de cette lecture “il s’arrête pour réflechir”. De la réflexion naît l’admiration et surgit le désir d’agir : “Que se passerait-il si je faisais ce que fit saint François ou ce que fit saint Dominique?”.

N’est-ce pas là le chemin que nous essayons de prendre lorsque nous pensons à l’oeuvre accomplit par le colonel Paul Paillole et tous nos autres camarades : réflexion, admiration, action ? “

( Archives – 2002 )

 

à g: Abbé Lapouge, à dr. Abbé Molin

Congrès de Lyon- 1998

Chapelle Sainte Anne

Congrès de Ramatuelle- 2009

“Il est une chose agréable à Dieu que d’honorer les morts et un enseignement utile aux hommes que de commémorer leurs sacrifices Ainsi s’exprimait l’Abbé Georges Lapouge – ancien des Services et membre d’honneur de î’AASSDN – lors de l’inauguration, le 3 mai…




Extrait du Bulletin : Hommage mémoire chef d’escadron Kerhervé

L’ A.A.S.S.D.N., la Gendarmerie Nationale et Issoire se souviennent

Ce dimanche 4 juillet 1971 restera gravé dans la mémoire de tous ceux qui ont eu le privilège d’assister à l’émouvante cérémonie organisée conjointement à Issoire par l’A.A.S.S.D.N. et la Gendarmerie Nationale en présence des autorités locales et d’une très nombreuse assistance. Une organisation exemplaire.

 

…/… A 11 h., deux clairons de l’École d’Enseignement Technique font retentir la sonnerie du « garde-à-vous ». L’assistance se fige. Lentement,  le drapeau tricolore qui recouvre la plaque et retiré.

Cette plaque porte la mention :

CASERNE KERHERVE CHEF D’ESCADRON DE GENDARMERIE AGENT P.2. DES FORCES FRANÇAISES COMBATTANTES RÉSEAU SSM/TR ARRETE A ISSOIRE, LE 15-6-1943 POUR FAITS DE RÉSISTANCE MORT POUR LA FRANCE EN DÉPORTATION A GUSSEN, ALLEMAGNE LE 10 JANVIER 1945 …/…

(  extrait de différents discours )

 

Allocution du Président National.

” Plus d’un quart de siècle s’est écoulé sans que nous ayons pu rendre ce public hommage à un Français, digne entre tous de notre reconnaissance, digne aussi d’avoir son nom et sa mémoire confiés à ce corps d’élite qu’il a honoré de toute sa vie de soldat et par son sacrifice : la Gendarmerie. Et pourtant, à la réflexion, cette cérémonie vient à son heure. Elle vient à son heure car le souvenir des événements qui ont meurtri la France de 1940 à 1945 pourrait sombrer dans l’indifférence et dans l’oubli s’il n’était ravivé par le rappel des actes héroïques qu’ils ont suscités. Oui! elle vient à son heure, car, aujourd’hui, il apparaît plus nécessaire que jamais de mettre en évidence l’esprit de DEVOIR et de SACRIFICE qui a toujours animé – et anime toujours notre Gendarmerie Nationale, de rappeler hautement son inépuisable dévouement au service d’une mission sans cesse plus étendue, sans cesse plus éprouvante, d’en souligner la noblesse et la grandeur puisqu’elle s’étend sans limite, ni solution de continuité, de l’homme à la collectivité, et du français à la France. Ce n’est pas le moindre mérite de KERHERVE, de son existence exemplaire et de sa fin glorieuse, que de permettre d’exprimer cela, maintenant ; en même temps que la confiance et le respect dus par la nation à une institution qui sait assumer les charges les plus lourdes, et parfois les plus ingrates, avec une efficace simplicité et sans jamais faillir à son devoir civique. KERHERVE s’est éteint le 10 janvier 1945 dans la misère du camp de GUSSEN, accablé par les souffrances et les sévices endurés depuis son arrestation à Issoire 18 mois auparavant.

Cet homme simple et robuste issu de l’austère lande bretonne, chère à Octave FEUILLET, celle qui entoure ELVEN et domine de loin le golfe gris du MORBIHAN, passait brusquement dans la légende, après avoir vécu la plus noble des aventures.

Il avait 44 ans et servait déjà la Gendarmerie depuis 20 ans ; lorsque commandant la Section d’ISSOIRE il prit la décision de refuser la défaite et d’aider à la lutte contre l’envahisseur.

Ses origines, sa formation, son âge, sa famille tout l’incitait à la sagesse et à la réflexion ; tout aussi le poussait irrésistiblement vers la défense de son foyer, de l’honneur de son Arme, de sa Patrie.

Depuis Juillet 1940, j’avais le privilège de diriger les services clandestins de Contre-espionnage et d’avoir à mes côtés, à Clermont-Ferrand, un homme d’une trempe exceptionnelle le Commandant JOHANES.

Dans l’organisation que nous mettions sur pieds, il fallait des appuis sûrs habitués à …




Mémorial national : noms gravés sur le monument

Notre Mémorial national porte, gravés dans la pierre, les noms des membres des réseaux du Service de renseignement et de contre-espionnage qui œuvraient depuis l’automne 1940, dans la clandestinité en France occupée, pour préparer les opérations qui ont amené la libération du Pays. Ces héros ont été pris par les services de l’occupant et sont morts, fusillés, décapités, martyrisés, ou dans les camps de concentration. 
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ABEILLE Valentin
Pseudonymes: MERIDIEN, COLLEONE, FANTASSIN, ARNOULT, ARNOUX


Né le 8 août 1907 à Alençon (Orne)
Profession: fonctionnaire de l’administration préfectorale
Décédé le 2 juin 1944 à Paris XIIIe

Voir biographie
 

Réseaux: S.S.M.F./T.R., B.C.R.A., Action M ( D.M.R. Région M ), Combat, Libération, Franc-tireur, délégué du MUR (Jura et Lyon), promoteur du NAP

 

ACHARD Joseph, Marie
 


Né le 2 mars 1878, à Lempdes (Puy de Dôme)
Profession: boulanger et cultivateur
Décédé le 23 février 1945 à Buchenwald

Voir biographie


Réseau: S.S.M.F./T.R.

 

AGOUTIN Georges, Désiré, Joseph
Pseudonymes: Alain AGNIOL, Alain AGNIEL


Né le 22 septembre 1897 à Mesnil-sur- Estrée (Eure)
Profession: propriétaire hôtelier
Décédé le 30 avril 1943 à Issy-les-Moulineaux

Voir biographie


Réseaux: S.S.M.F./T.R. , S.R. Guerre (Poste P 2), devenu S.R. Kléber- S.R. Air

 

AIZIER Jean, Aimé

Né le 2 juillet 1896 à Montereau (Seine et Marne)

Profession: commissaire de police
Décédé le 7 mars 1944 à Melk (Autriche)

 

Voir biographie

Réseaux: S.S.M….