Extrait du Bulletin : Les services spéciaux français en Indochine (1)

Par le colonel Jean Deuve

ancien chef de groupement franco-lao « Yseult »

Qui mieux que nombre des membres de notre Association pourrait apporter le témoignage d’événements vécus ou le fruit de leurs recherches : cette rubrique leur est ouverte sans exclure évidemment les signatures qui voudront bien nous confier leurs travaux. Nous devons au Colonel Jean Deuve, ancien chef du groupement franco-lao « Yseult » cette remarquable étude sur « le Service Secret d’Action en Indochine », travail historique qui complète les articles de même qualité des Colonels Daugreilh et Ruat publiés naguère.

( NDLR : voir également  AASSDN – Extrait du Bulletin : Conflits outre-mer 45-56 (1 à 5 ) En juillet 1943, à Alger, le Général De Gaulle fait décréter que « la libération de l’Indochine et la défense des intérêts français en Extrême-Orient est une opération prioritaire ». Parmi les mesures prises dans cette perspective, figure la création immédiate d’un service secret d’Action, intégré sous le nom de Section Indochine Française (French Indochina Country Section) au sein de la Force 136. Cette force, service secret britannique, dépend, comme son équivalent européen, le Special Operations Executive, du Ministry of Economic Warfare et opère dans le cadre du South East Asia Command.

 

NAISSANCE ET MISE EN PLACE DU SERVICE «ACTION» EN INDOCHINE  

Les premiers membres de ce Service Secret d’Action arrivent aux Indes en octobre 1943, venant de tous les horizons de l’empire français, volontaires, en grande partie réservistes, tous ayant eu une expérience dans la pratique de la guerre irrégulière ou du renseignement.

L’entraînement dans la Force 136, mené en grand secret, est très dure et la sélection sévère. Les agents passeront un temps indéterminé en jungle profonde (certains membres de la F.136 viennent d’y passer trois ans déjà!) d’où il ne sera pas question de revenir : 3.000 kilomètres de territoires occupés par les Japonais séparent le Bengale de l’Indochine.

Il n’est question ni de pick-up ni de ramassage en hélicoptères. Après l’entraînement — type commandos britanniques comme hors-d’œuvre — les membres du service suivent des stages spécialisés fort exigeants mer (navigation, pratique de tous les types d’embarcations, nages, passage de la barre,…), jungle et survie, parachutisme, renseignement et action subversive, action psychologique et agit-prop, connaissance de l’armée japonaise, liaisons et pratique radio, chiffre, sabotages, silent killing…

Les premiers arrivés en octobre 1943 ne partiront pas avant la fin de 1944, soit après un an d’entraînement poussé, dont plusieurs mois passés en jungle dans des conditions aussi proches que possible du réel.

Quelques opérateurs radio sont parachutés dès la fin de 1944 pour maintenir une liaison entre la Force 136 aux Indes et les organisations de résistance qui se structurent en Indochine.

Le premier groupe Fabre-Deuve (5 Européens et 5 autochtones) est parachuté en janvier 1945 au Nord Laos, le second (Tual) en février, également au Nord Laos, ainsi qu’un groupe précurseur du corps Léger d’Intervention (commandos préparés en Algérie) non-membre du service secret.

Les deux groupes parachutés doivent: — se préparer à agir contre les Japonais; — recevoir des parachutages destinés à renforcer l’armée d’Indochine et la résistance; — instruire les cadres de l’armée d’Indochine dans les nouvelles techniques et l’art de la guérilla.

En septembre 1944, devant les avances alliées dans le Pacifique et le Sud-est asiatique, les Japonais ont décidé de constituer un môle de résistance Chine-Indochine. P…




Bibliographie : Ouvrages sélectionnés – Index Aa-Ah

Cet outil que nous vous proposons n’est qu’une aide dans votre recherche bibliographique, historique, et pourquoi pas généalogique Nous espérons permettre aux « chercheurs » de trouver ainsi l’accès à d’autres pistes (archives officielles ou privées). Noter le N° de référence et voir la présentation de l’ouvrage sélectionné ci dessous

Da-Dd
D’  voir Claudius-Petit, Eugène. 306
D., Yvette,    402
DABEZIES , Pierre    401
DABOUZA , Luis    101
Dabu    204
DAC, Pierre    306
DACHITCHEV, V.   201
DACHKOV Andreï   203
DACKO , David    401
DACKO , David     102
DADOO, Y.    201
DAGHESTANI  général irakien 102
Dagommier    308
Daguerre, Charles  voir Cordier, Daniel. 306
DAHL , Harry   colonel 102
DAHL , Roald     102
DAHLAB Saad   501
DAHLQUIST, John  gal  306
DAI , Li    101
DAI , Li    102
Daiguy    204
Daille (Marius)  (général) 204
DAILLE  général  303
DAILLE  général,  402
DAIREN    101
Daladier (Édouard)    204
DALADIER , Edouard    101
DALADIER , Édouard    401
Daladier, E   307
DALADIER, E.    201
DALADIER, Édouard   402
DALADIER, Edouard    306
DALADIER, Edouard    303
DALEY , Richard J.    202
DALI    306
d’Aligny (d’)  jean  baron (Quarté de Château-Renault) 308
DALLA CHIESA , Carlo Alberto   général 102
DALLAPORTA  lieutenant-colonel 401
DALLAPORTA , Christian     102
Dallas, Pierre  voir Delaye Pierre ( ?). 306
DALLIDET, Arthur    306
DALLIN , David J.    101
DALLOZ , Pierre    401
DALLOZ, Pierre    306
Dalluin    204
DALMAS , René    401
Dalsace  voir Kalb, Paul. 306
DALTON , Hugh    401
DALTON , Hugh Reginald  major 101
DALTON , Timothy   102
DALTON,    402
Dalton, E. H. J. N.,    307
DALTON, H.    201
DALTON, Hugh    306
DALTON, Hugh    305
DALUEGE , Kurt    101
DAMAS, Germaine    306
DAMAS, Jeanine    306
DAMAS, Léon    306
DAMBLANC,    402
Damerme…




La source MAD: une Française de l’ombre et un officier de l’armée allemande unis contre le nazisme

Vient de paraitre le livre que l’on attendait :  “LA SOURCE MAD”, magnifique livre écrit par Marie Gatard sur l’apport considérable en renseignements de premier ordre que Madeleine Richou “MAD” fournit à notre S.R. dès la fin des années 30 et jusqu’à fin 1943, grâce à sa relation discrète à hauts risques avec un officier supérieur d’origine autrichienne : Erwin von Lahousen, l’un des plus proches collaborateurs de l’Amiral Canaris, chef de l’Abwehr. A partir des souvenirs de “MAD” Marie Gatard fait revivre ces deux “complices de l’ombre” qui formèrent un exceptionnel duo clandestin.

Ci-joint la recension fidèle parue ce jour dans le Figaro Magazine sous la signature de Rémi Kauffer, historien proche de l’AASSDN.

 




Notre espion chez Hitler : Documentaire sur France 5

Cliquez sur l’image pour voir la bande annonce (en anglais !)

Si les historiens et les cinéastes ont souvent associé la guerre du renseignement contre Hitler avec la machine Enigma et Alan Turing, il existe un autre homme de l’ombre sans lequel rien n’eut été possible. Il s’agit de Hans-Thilo Schmidt, un espion recruté par les services français de contre-espionnage, qui a opéré au Bureau du chiffre puis au sein du ministère allemand de l’Air de 1931 à 1943. Ce film raconte son histoire.

Diffusion le Dimanche 27 Mars 2016

FICHE TECHNIQUE
  • Auteur : Alain FREREJEAN d’après le livre du Colonel Paul PAILLOLE « Notre Espion chez Hitler » paru chez Nouveau Monde Éditions
  • Réalisateur : Laurent BERGERS
  • Conseillers historiques : Colonel DEBRUN / Marie GATARD
  • Musique originale : Pascal STIVE
  • Avec la voix de : Damien BOISSEAU
  • Producteurs délégués : Guillaume GALLIOT / Thibaut CHATEL
https://youtu.be/a2vNemB106Q
Extrait du film en français



1940-1944 : Photos exclusives de l’Etat Major du C.E. clandestin / Travaux Ruraux

1940-1942 : L’ETAT MAJOR DU C.E. CLANDESTIN DES TRAVAUX RURAUX DANS LA VILLA EOLE A MARSEILLE
Avec l’appui de M. Préaud, directeur du génie rural au ministère de l’Agriculture, le commandant Paul Paillole crée l’Entreprise des Travaux Ruraux. Sous cette couverture, l’entreprise abrite en réalité l’état-major du Contre-espionnage clandestin sous l’appellation « Cambronne », qui sera installé dans la Ville Eole à Marseille, de 1940 jusqu’en novembre 1942. Cette villa sera détruite par les Allemands en 1943.

Ci-dessus de face en sombre : Verneuil, a sa droite le chef du TR marseille-Nice Guiraud. En bout de table a gauche : Challan Belval. De dos, face a Verneuil : Paillole. A droite en bout de table : Trottin. A sa droite : Gradiner et Corvée. A sa gauche Giboulot.

 

LE CHATEAU DE BRAX, PC DU RÉSEAU MORHANGE
Le château de Brax, belle et vaste demeure située proche de la forêt de Bouconne était le PC du groupe Morhange, dirigé par Marcel Taillandier, qui y recevait les directives de son supérieur Paul Paillole basé à Alger. Depuis Brax il menait les actions clandestines en s’appuyant sur les agents du réseau Morhange.

 

 

LE COMMANDANT PAUL PAILLOLE EN 1943
Après que la zone libre soit envahie par les Allemands en novembre 1942, Paul Paillole s’évade par l’Espagne, rejoint Londres, où il rencontre le colonel Passy, chef du BCRA, puis Alger en janvier 1943. Depuis Alger, il dirigera les actions de Marcel Taillandier, chef du réseau Morhange, bras armé du contre-espionnage à Toulouse.

 

 

 

MAI 1944 : LE SALUT DU GÉNÉRAL RIVET A ALGER
Ci-dessous, le salut aux couleurs du Géneral Rivet dans la cour de la sécurite militaire à Alger (El Biar)

Ci-dessus de gauche a droite : le colonel Lacoste (chef du SR Terre), le Colonel Paillole et le Colonel Sérot.




Biographie de Michel REYX alias IMPERATOR

  • Pseudonyme : IMPERATOR
  • Né le 14 Février 1917 à Saint Vérain en Puisaye (Nièvre)
  • de Jean Reyx et Marie-Thérèse Paley.
  • Profession : Officier d’Active, Saint Cyr 1936-38.
  • Disparu en Mars 1945 du Camp d’ELLRICH, annexe de DORA.
  • Réseaux : ORA, Samson, S.R. Air, Groupe Jade, Agent P2.

 

Après le Prytanée Militaire de La Flèche (Sarthe) Michel Reyx est entré à l’Ecole Spéciale de Saint Cyr le 1er Octobre 1936 dans la promotion « Soldat Inconnu ». Il parlait l’allemand.

Avec le 68ème BCP il participe aux combats en 1940 ; il est blessé le 12 Juin sans gravité à Acy en Multien (Oise) et cité à l’ordre du Régiment puis à l’ordre de l’Armée. Après un interim à Saverdun (Ariège), il intègre le 2 Nov 40 le 10ème BCP à Neuville sur Ain qu’il quittera à la démobilisation fin 42.

Venu dès 1941 à la Résistance, il entre en Décembre 1942 dans l’ORA, dans l’Etat Major du Général Verneau, puis à l’arrestation de celui-ci, Revers. Il dirige un groupe de Transmissions et de liaisons par avions « Lysander » dans la région de Reims avant de rejoindre à Paris le Réseau Samson du S.R. Air : «  De son pseudonyme Imperator dira Jean Madeline, chef de la section renseignement, il a non seulement l’allure mais le charme, le don d’organisation… Chef des Transmissions du réseau et chargé à ce titre des transmissions à Paris, il se dépense sans compter en faisant des liaisons à travers toute la France, effectuant en particulier de nombreuses missions dans l’Ouest pour la recherche de renseignements militaires (fortifications du mur de l’Atlantique) ».

A plusieurs reprises il échappe à des pièges tendus par les allemands. C’est à la fois « un organisateur et un exécutant de premier ordre » selon Jean Bézy. Peu de temps avant son arrestation, il arrive à se procurer un document très important, le « Gotha » de la Gestapo, la liste des personnes recherchées.

A partir de 1943 il est en liaison avec le Groupe Jade Amicol auquel il procure chaque semaine un courrier qui augmentera sans cesse.

En Mars 1944, il entre au S.R. qui notera : « Chef d’antenne, s’est imposé à ses subordonnés par son courage, son esprit de décision et son ardeur au travail ». Arrêté le 11 Août 1944 par la Gestapo à Paris, « sur le pont Alexandre III » dit Jean Bézy, alors qu’il avait rendez-vous avec un agent non identifié par la suite, il est interné à Fresnes.

Au moment de son embarquement pour la déportation, le 15 Août dans la Gare de Pantin, il laissera tomber sur le quai un billet parvenu à Mme Gardes, indiquant qu’il n’avait pas été interrogé, les gens du réseau pouvaient être tranquilles, alors qu’il était un de ceux qui connaissaient le mieux aussi bien les têtes du réseau que ses opérateurs…

Ce train arrivera à Buchenwald le 20 malgré la destruction du pont de Nanteuil-Saâcy sur la Marne. Avec le Matricule 77712, le 3 Septembre il est à DORA (Nordhausen, Thuringe) et le 6 au camp annexe d’ELLRICH (Juliushütte) avec la plupart de ses compagnons « 77000 ». Très éprouvé par une maladie pulmonaire, il est dispensé de travail le 12 Février 1945 devenant un « ohne Kleidung » ce qui lui vaut le 3 Mars de faire partie du Transport de 1602 malades sur la Boelcke-Kaserne de Nordhausen où ils arrivent le même jour.

Il aurait été vu pour la dernière fois embarquant dans le train de 2252 détenus parti le 6 Mars de la Boelcke-Kaserne pour Bergen-Belsen. « En son absence, disent les documents officiels, et en l’absence pour des raisons identiques des personnes qui le connaissaient le mieux (il n’y eut pas de rescapé de ce train du 6) il est impossible de fournir sur son compte des renseignements plus précis ».
Porté disparu à 28 ans, il laisse son épouse et quatre enfants, Philippe 5 ans, Danièle 4 ans, Odile 3 ans et Françoise 18 mois.

Nommé Capitaine à titre posthume, Michel Reyx recevra la Croix de guerre, la Médaille de la Résistance et sera Chevalier de la Légion d’Honneur (J.O. du 7 Juillet 1946).

Citation (Croix de Guerre, 26 Avril 1945) : « Type de l’officier français volontaire pour toutes les missions sous l’occupation allemande, a servi pendant deux ans dans un groupe de renseignement, acceptant tous les risques avec le sourire, joignant aux qualités de courage et de sang-froid, la droiture et la fermeté. Arrêté […] il n’a rien révélé de son organisation. A été déporté en Allemagne ».

Sources :

  • Archives familiales
  • SHAT/SHD, Bureau Résistance
  • Archives de Caen
  • Archives du Mémorial de DORA, Livre d’Or AASSDN



Farewell : Conséquences géopolitiques d’une grande opération d’espionnage

En mars 1981 débuta à Moscou l’une des plus grandes opérations d’espionnage du siècle dernier, l’Affaire Farewell : le colonel du KGB Vladimir Vetrov remettait à un Français mandaté par la DST les premiers documents prouvant l’ampleur du pillage scientifique et technologique soviétique à l’Ouest. Les deux blocs sont alors en pleine Guerre froide et François Mitterrand, récemment élu, révèle au président Reagan les dessous de cette affaire avant d’ordonner l’expulsion de 47 « diplomates » soviétiques.
Plusieurs acteurs-clés de l’opération révèlent ici ses aspects restés encore secrets, à Moscou, à Paris et à Washington.
Entre autres, le lecteur découvrira les témoignages inédits de l’homme qui était au contact de Vetrov à Moscou, et de Richard V. Allen, conseiller à la Sécurité nationale du président Reagan, qui explique comment Reagan et la CIA ont utilisé les renseignements de Farewell pour perturber le complexe militaro-industriel soviétique. Et accélérer la chute de l’URSS.
À travers les interventions de Raymond Nart pour la DST, de Daniel Vernet, correspondant du Monde à l’époque, de Françoise Thom, Bertrand Warusfel et Olivier Forcade, mais aussi d’Igor Preline qui apporte le point de vue soviétique du KGB, Farewell éclaire les dernières zones d’ombre d’une des plus singulières affaires d’espionnage des années quatre-vingts.

 

Table des Matières

Les Auteurs.

  •  Présentation, Olivier Forcade
  • Introduction, Patrick Ferrant

Résumé de l’Opération Farewell menée par la DST à Moscou

1.Une nouvelle guerre froide à la fin de la guerre froide : le contexte de l’affaire Farewell

  • Histoire d’ambiance, Daniel Vernet
  • Le Contexte chronologique
  • Quelques questions sur la guerre du renseignement
  • Le Renseignement pendant la guerre froide a-t‑il fait la différence ?
  • la guerre du renseignement depuis 1960

2. Qui était le colonel Vetrov, alias Farewell ?

  • Les hommes doubles
  • Quelle était la possibilité d’un conflit Est-Ouest ?
  • Ce qu’en dit la CIA
  • Le ressenti de la guerre côté soviétique
  • l’espionnage scientifique et technique
  • Contribution des pays satellites
  • Le parcours du combattant du défecteur : le cas Farewell

3. L’affaire Farewell vue du côté américain, Richard V. Allen

4. Les personnages de l’affaire Farewell

  • Le Président Reagan
  • Reagan et Mitterrand.
  • L’entrée en scène de Gus Weiss
  • L’après FAREWELL

5. L’exploitation du dossier Farewell et le renforcement des contrôles sur les échanges technologiques sensibles, Bertrand Warusfeld

6. L’après Farewell à la DST, Raymond Nart, ancien responsable à la DST

7. L’Affaire Farewell en URSS

  • Le KGB en 1982
  • Les Vétérans du KGB parlent de Farewell
  • Le complexe militaro-industriel et sa logique
  • L’Affaire Vetrov analysée par Igor Preline

8. Les origines de la perestroïka, Françoise Thom

Conclusion, Olivier Forcade

ANNEXES

  • Annexe 1 : Les organisateurs du colloque du 9 novembre 2012
  • Annexe 2 : Minutes de la réunion du National Security Council du 6 juillet 1981
  • Annexe 3 : Réunion du Conseil de Sécurité Nationale, Jeudi 9 juillet 1981
  • Annexe 4 : Memorandum the White House
  • Annexe 5 : 1981 07 08 CIA Memorandum sur Pipeline Siberian
  • Annexe 6 : The Farewell Dossier, Gus Weiss
  • Annexe 7 : Directive number 75
  • Annexe 8 : Conclusion de l’étude de Nicholas Dujmovic
  • Annexe 9 : Le Sommet d’Ottawa, 20‑21 juillet 1981
  • Annexe 10 : Liste des ouvrages consacrés à l’affaire Farewell



Biographie du Général Louis Rivet

800x600

Né en 1883 à Montalieu dans l’Isère, il sort de l’Ecole d’Officiers de Saint-Maixent en 1909.

En 1914, il est blessé et capturé au cours de la bataille des frontières.

En 1919, revenu de captivité, il entre avec le grade de capitaine, dans les services spéciaux militaires. En 1920 il est affecté à l’antenne de Mayence, puis en 1921 il fait partie de la mission militaire envoyée à Varsovie, où l’excellente entente franco-polonaise permet de jeter les bases d’un renseignement polonais qui sera à l’origine du déchiffrement de la célèbre machine à coder allemande : Enigma.

De 1924 à 1926 il est à Berlin où il poursuit son activité d’officier de renseignement sous le couvert d’une « mission de recherche des disparus en Allemagne ».

En 1926-1927 il accomplit en France une période de commandement militaire, puis il est affecté de 1928 à 1931 au poste S.R. de Belfort. Promu au grade de commandant, il dirigera celui de Lille jusqu’en 1935 (le BENE : Bureau d’Etudes du Nord-Est), à l’heure où les Nazis sont arrivés au pouvoir en Allemagne et où le France a évacué les territoires allemands qu’elle occupait depuis 1919.

En 1935 promu lieutenant-colonel, il est à Paris où il prendra la tête des services spéciaux militaires (SR, SCR) en 1936. Là une intense activité de renseignement – où se distingueront Gauché (deuxième bureau), Bertrand (service du chiffre), Schlesser, puis Paillole à la tête du contre-espionnage – fournira à l’état-major de l’armée des renseignements très précis sur le réarmement allemand. Et les hommes du renseignement français inscriront à leur actif la poursuite du déchiffrement du code Enigma grâce à Hans Thilo Schmidt, frère d’un officier allemand haut placé, qui leur a vendu de précieuses informations.

En 1940 la défaite entraîne le colonel Rivet et les hommes du SR et du CE jusque dans le sud-ouest. En plein désastre ils se déclarent, avec leur chef, déterminés à continuer la lutte en en faisant serment le 25 juin 1940  à Bon Encontre près d’Agen.

Transportés à Vichy et dans la région Auvergne, ses services, liés a l’Etat-major de l’Armée, continuent à fonctionner de manière clandestine en zone libre sous la direction du colonel Rivet, qui, atteint par l’âge de la retraite en 1940, est néanmoins maintenu dans ses fonctions.

L’invasion de la zone libre en novembre 1942 ne permettant plus le fonctionnement d’un service de renseignement en France, le Colonel  Rivet ainsi que ses principaux collaborateurs, le colonel Ronin et le commandant Paillole, gagnent Alger. Là il se trouvera d’abord sous les ordres du commandant en chef, le général Giraud. Puis le général de Gaulle, qui quitte Londres pour Alger en 1943, imposera la fusion de son propre service de Londres, le BCRA, avec les services spéciaux militaires.

En avril 1944 le colonel Louis Rivet nommé général  est admis a la retraite .  Les Américains lui confèrent la Legion of Merit.

Ses hommes l’avaient surnommé familièrement et affectueusement « Petit Louis ».

Le général Rivet est mort à Paris le 12 décembre 1958.

Normal 0 21 false false false FR X-NONE X-NONE MicrosoftInternetExplorer4 /* Style Definitions */ table.MsoNormalTable {mso-style-name:"Tableau Normal"; mso-tstyle-rowband-size:0; mso-tstyle-colband-size:0; mso-style-noshow:yes; mso-style-priority:99; mso-style-parent:""; mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt; mso-para-margin:0cm; mso-para-margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; font-size:10.0pt; font-family:"Times New Roman",serif;}




Amiral Pierre LACOSTE : “Osons dire les non-dits” (2013)

Depuis qu’Internet a étendu sa toile sur toute la planète, on peut dire que
jamais dans l’histoire de l’humanité la “ société de l’information ” n’avait joué
un si grand rôle dans les politiques et dans les stratégies des institutions étatiques
et des entreprises privées de l’économie mondiale. Mais, paradoxalement, alors
que les discours édifiants des candidats aux élections dans les démocraties occidentales
se targuent d’agir en toute “ transparence ”, ils évitent prudemment
d’évoquer les “ zones d’ombres ” qui subsistent dans leurs sociétés respectives.
Les “ non-dits ” ne couvrent pas seulement les scandales périodiquement
révélés par quelques habiles journalistes d’investigation. Ils n’épargnent aucun
parti politique, aucune collectivité humaine. Certes ces francs-tireurs profitent
des lois sur la liberté de la presse qui caractérisent les démocraties authentiques.
Mais il faut beaucoup de courage à leurs homologues de régimes autoritaires et
des “ États faillis ” pour poursuivre et publier leurs investigations, parfois au
péril de leurs vies.

Un des sujets les plus sensibles à cet égard est celui de la corruption parce
qu’elle prend les formes les plus variées et qu’aucune institution n’est à l’abri des
manoeuvres frauduleuses de quelques-uns de ses membres. On la dénonce chez
l’adversaire, mais on feint de l’ignorer chez soi !

De Tien an Men aux “ printemps arabes ” la révélation des scandaleux privilèges
des pouvoirs en place et des familles de leurs dirigeants, a été à l’origine
des révoltes populaires remettant en cause les régimes précédents. En décembre
2012, les déclarations publiques de l’ancien et du nouveau maître de la Chine
populaire ont été très significatives : le sacro-saint parti communiste chinois luimême
est interpellé après la révélation des comportements frauduleux de Bo
xilai, l’ancien premier secrétaire du parti de Chonking et de sa richissime épouse.
En Chine la corruption va probablement être traitée comme une affaire d’État.
L’Église catholique en a été victime à travers l’IOR, l’Institut pour les oeuvres
de Religion. Les déclarations du nouveau président de la “ banque du Vatican ”
sont tout à fait claires : en confirmant les non-dits et les insuffisances du contrôle
des flux financiers qui ont eu lieu dans le passé, il reconnaît la gravité des
manoeuvres frauduleuses des quelques menteurs et escrocs qui ont abusé
l’Institution. Il veut rétablir sa réputation en renonçant aux prudences du silence,
amplificateurs des rumeurs et responsables de perceptions très négatives de l’Église,
dans les opinions publiques et les milieux dirigeants du monde entier.

Tout essai de problématique sur le thème des “ non-dits ” conduit inévitablement
à évoquer un vaste ensemble de sujets qui sont du domaine des sciences
politiques et sociales et des pratiques gouvernementales, dans les différents
contextes du secteur public et des secteurs privés. Le “ non-dit ” relève aussi,
évidemment, des responsabilités du Renseignement et des Services Secrets.
Certains secrets sont incontestablement légitimes, par exemple pour des États de
droit victimes d’agressions militaires ou de menaces terroristes. A l’opposé, les
secrets de la corruption et de la criminalité sont évidemment inavouables par
leurs auteurs et leurs complices. Entre ces deux extrêmes j’appelle ambigües, les
centaines de nuances du secret qu’on peut distinguer en fonction des contextes,
des personnes et des circonstances. Elles soulèvent des interrogations fondamentales
en termes d’exigences morales et de règles déontologiques. Les bouleversements
géopolitiques d’après la fin de la Guerre froide ont dessiné les
premiers contours d’un nouveau monde et d’un nouveau siècle. Mais la rapidité
et la complexité des évolutions démographiques, politiques, économiques et
sociales, contrastent avec les pesanteurs, les rigidités ou les archaïsmes des mentalités
et des comportements.

Des secrets légitimes s’observent notamment dans les situations de guerre,
chez chacun des adversaires en présence. Dans les grands conflits militaires du
XXe siècle, comme dans les nouvelles formes de conflits asymétriques de luttes
contre le terrorisme, de guerres révolutionnaires et de guerres de religion, les pratiques
du secret s’imposent à l’évidence aux forces de l’ordre professionnelles,
militaires et policiers, à la Justice et aux gouvernants.

L’observation des États-Unis montre comment les principaux traits de la culture
nationale sont déterminants dans les “ représentations ” des réalités dans
l’opinion publique et dans leurs perceptions par les cercles dirigeants. Dans leur
grande majorité, les citoyens américains avaient adhéré aux visions primaires
diabolisant le communisme : l’URSS était perçue comme “ l’Empire du mal ”.
Avant le 11 septembre 2001, ce singulier aveuglement avait conduit les “ faucons
” du Parti Républicain à ne pas prendre au sérieux les menaces les plus précises
du terrorisme. Un même tropisme simplificateur, les mêmes confusions sur
la nature exacte de leurs ennemis islamistes, les ont enfermés dans une nouvelle
sorte de “ croisade ” diabolisant, cette fois-ci, “ l’Islam en général ”. Cette
funeste erreur de jugement sur des situations bien plus complexes que les visions
binaires “ ami-ennemi ” a eu des conséquences dramatiques.

Les fabuleuses capacités de leur immense arsenal militaire font l’orgueil de
la majorité des citoyens américains. C’est seulement de nos jours, après les
défaites des années 70 au Vietnam, puis les déboires successifs en Irak et en
Afghanistan, qu’ils commencent à douter des affirmations, des jugements et des
décisions des maîtres du “ complexe militaro-industriel ” qui n’a jamais cessé
d’exercer une influence dominante sur la politique des États-Unis. Déjà, à la fin
de ses deux mandats présidentiels des années cinquante, le Président Dwight
Eisenhower avait mis en garde ses concitoyens sur les dangers de ce très puissant
lobby. Soixante-dix ans plus tard, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent
pour fustiger les mensonges de G.W. Bush en 2003 à la tribune des Nations
Unies et pour condamner ses stratégies “ d’apprenti sorcier ” dans les années
suivantes.

Des secrets inavouables visent à camoufler les activités illégales ou criminelles
de certains membres des partis politiques et de leurs clientèles électorales,
pour abuser les citoyens désinformés. Les non-dits sur les organisations de type
“ mafieux ” sont caractéristiques à cet égard. En dépit d’une documentation précise,
complète, incontestable et aisément accessible sur le sujet, comme ce n’est
pas un enjeu politique visible, on évite d’en parler dans les campagnes électorales.

Au début des années 90, j’ai publié un essai, sous le titre “ les mafias contre la
démocratie ” pour analyser leurs stratégies et leurs méthodes. Elles ne sévissent
pas seulement en Italie ; on en trouve dans plusieurs autres sociétés européennes,
américaines et asiatiques. “ Corruption et Omerta ” sont les deux mots-clés qui
résument le mieux les raisons de leur exceptionnelle résistance à toutes les
attaques, y compris dans des États de droit. Des familles de la “ Cosa Nostra
américaine ” sont encore présentes dans toutes les grandes métropoles des États-
Unis. La “ criminalité en col blanc ” sévit dans les milieux financiers de Wall
Street sous la forme de délits d’initiés et de subtiles et monumentales escroqueries.
Elles sont, sans aucun doute, au coeur de la déroute des “ subprimes ” de
2008 sur le marché immobilier américain. Elles figurent, incontestablement,
parmi les principales causes de la crise financière, budgétaire et économique qui
sévit depuis cinq ans dans le monde.

Quelques révélations tardives permettent de rompre peu à peu la loi du
silence. Cependant les réseaux légaux et illégaux sont si étroitement imbriqués
que les plus habiles des escrocs trouvent toujours le moyen d’échapper aux
contre-mesures. Le cas des paradis fiscaux est particulièrement significatif. Je
me rappelle, il y a plus de trente ans, la tentative de régulation internationale, au
“ sommet de l’Arche ”, à l’initiative du Président Mitterrand. Trois décennies
plus tard, le sujet est toujours d’actualité dans les médias, mais ils ne lui accordent
qu’un intérêt marginal comparé à la place qu’ils ont réservé pendant des
mois au “ mariage pour tous ”…

Car la grande criminalité est un “ sujet qui fâche ”. Les idéologues qui l’ont
délibérément éliminé de leurs discours prétendent que les criminels ne sont pas
personnellement responsables, dès lors que ce sont les sociétés libérales qui les
ont conduits à exercer leurs méfaits ! Cette manière de travestir les vérités sous
les sophismes et les non-dits est une autre justification de la formule “ secrets
ambigus ”. Leur dévoilement est une des obligations les plus nécessaires pour
l’avenir de la société française. Le devoir de vérité s’impose si l’on veut rétablir
des relations de confiance et réaliser des dialogues constructifs entre personnes
de bonne volonté. Au-delà des clivages et des haines politiciennes il faut oser
dire franchement certains non-dits les plus dommageables. D’autant plus que
beaucoup de secrets ambigus expliquent la chute de popularité du Président élu
en 2012 à la tête de l’État.

Pour l’observateur en retraite que je suis, les méthodes d’analyses prospectives
et stratégiques offrent plusieurs pistes d’explications. Par exemple celle de
l’opposition fondamentale entre les “ stratégies d’appareil ” et les “ stratégies
de gouvernement ”. Les premières consistent à élaborer en permanence des
compromis et des arrangements variables entre des courants idéologiques opposés
et des personnes en conflits. Les secondes dépassent et subordonnent les préoccupations
clientélistes de la République parlementaire pour privilégier l’intérêt
national et l’imposer sur la scène intérieure comme sur la scène internationale.
Car les logiques de contrôle de partis politiques perpétuellement secoués par des
divergences de “ courants ” et de personnes, sont fondamentalement différentes
des logiques d’hommes d’État confrontés aux problèmes cruciaux de l’avenir de
la Nation. Les responsabilités opérationnelles du pouvoir exécutif s’opposent
alors aux positions des doctrinaires, des sectaires et des “ apparatchiks ”.

La situation du gouvernement et de la société française en 2013 est profondément
inquiétante. La publication d’innombrables études, rapports et témoignages,
français et étrangers, démontre qu’il ne s’agit pas ici de “ non-dits ”,
mais de la révélation d’un vaste ensemble de “ dénis de vérité ” ; des préjugés,
des partis-pris, des amalgames ; des contre-vérités et des dérives idéologiques.
Le militantisme intellectuel et politicien, l’esprit de revanche, la diabolisation de
l’opposition, qui dégénèrent en règlements de comptes. Ce n’est pas l’apanage
des majorités “ de gauche ” contre celles “ de droite ”, mais les effets d’un travers
national, “ les querelles gauloises ”, qui remonte aux plus anciens temps de
notre histoire. Une autre de nos spécificités combine le centralisme administratif
avec la complexité des textes législatifs et réglementaires et avec un nombre abusif
de fonctionnaires. Elle explique notamment le refus des réformes les plus
nécessaires pour éviter à la société française de sombrer dans la faillite. Et pourtant,
il y a de nombreux exemples d’institutions, d’entreprises et de communautés,
qui ont accepté de se réformer à l’appel des gouvernements successifs, au
profit du bien général et au détriment de certains de leurs intérêts égoïstement
corporatistes. Deux illustrations, l’Éducation Nationale et les Armées, rappellent
des évidences conformes aux exigences de la mondialisation ainsi qu’aux principes
essentiels de l’Intelligence Économique et d’une saine gouvernance.

Le budget de l’Éducation Nationale, devenu le premier de l’État, est presque
entièrement consacré à des dépenses de personnel. L’histoire des échecs, cent
fois répétés, de presque tous les Ministres de l’Éducation Nationale démontre à
l’évidence les rigidités d’une immense administration allergique aux réformes.
La publication d’innombrables études, rapports et témoignages sur ce Ministère
est bien la preuve d’un insupportable “ déni de vérités ”. Le recours systématique
aux pressions de la rue, aux actions para-révolutionnaires de quelques
groupes activistes puissamment organisés, idéologisés et politisés s’inspire des
pratiques “ totalitaires ”. Elles sont toujours parvenues à annuler les décisions
des gouvernements successifs… sauf quand ils ont accepté de se soumettre à
leurs propres exigences.
Le livre publié en 2000 par Claude Allègre sous le titre “ Toute vérité est
bonne à dire ” est, à cet égard, le plus édifiant des témoignages. Venant d’un
militant de gauche, intime des membres les plus notables du Parti socialiste, ses
propos ne sont guère contestables. Désavoué par Lionel Jospin, son meilleur ami
alors premier ministre, Claude Allègre a subi les redoutables représailles de l’appareil
semi-clandestin qui n’a jamais cessé de régner à l’Éducation Nationale.
Les engagements du Président de la République élu en 2012 au profit du recrutement
supplémentaire de fonctionnaires de ce ministère démontrent que cet
appareil demeure encore assez puissant pour abuser nos compatriotes et pour leur
imposer ses propres lois.

A l’opposé des fonctionnaires civils syndicalisés et politisés, qui défendent
des privilèges indus et des activistes impénitents qui refusent d’obéir à leurs
gouvernants, les communautés militaires ont fait preuve, dans les cinquante
décennies précédentes, d’un civisme exemplaire (1). Confrontées à des changements
radicaux dans les politiques de Défense ; engagées par la Quatrième
République dans les conflits de décolonisation, notamment en Indochine et en
Algérie, elles l’étaient simultanément dans l’OTAN, face à la menace soviétique.
Dans les années 60, pour la création et la mise en oeuvre des Forces nucléaires
stratégiques, les Armées ont réussi à relever des redoutables défis techniques et
opérationnels. Enfin après la fin de la Guerre froide la suppression du Service
Militaire a de nouveau bouleversé les structures et imposé des réductions drastiques
des capacités. Cependant qu’au plan opérationnel elles n’ont cessé de tirer
les leçons des nouvelles formes de conflits militaires. Dans la plus grande discrétion,
les Armées françaises ont toujours loyalement exécuté les réformes décidées
par le pouvoir politique. Dans l’esprit et dans la lettre du Livre Blanc de
2008 sur la Défense et la Sécurité, elles se sont remarquablement adaptées aux
exigences d’un monde en mutation. Mais de nouvelles épreuves les attendent
après la publication du nouveau Livre Blanc de 2013.

Conclusion : “ Pourquoi faire simple quand on sait faire compliqué ! ”
Longtemps passées sous silence, les dérives administratives de nos services
publics ne peuvent plus être ignorées. Tous les organismes français et européens
compétents, les meilleurs experts et les personnalités les plus qualifiées qui
observent et commentent les raisons et les remèdes de la crise économique et
sociale actuelle, font les mêmes constats. Ils dénoncent en France le poids excessif
des effectifs superflus, la complexité de nos structures administratives qui
plombent inexorablement les dépenses publiques au mépris des plus élémentaires
règles de bon sens.

Le “ déni de vérité ” est une des plaies de la société. Il s’explique par des
raisons historiques et culturelles : le centralisme de l’État remontant à l’ancien
Régime, aux jacobins de 1793 et au Premier Empire ; les privilèges de l’École
Nationale d’Administration qui illustrent jusqu’à la caricature les dangers d’une
superstructure étatique qui semble mépriser les activités du “ privé ”, alors que
beaucoup de ses anciens élèves bénéficient sans vergogne de leurs avantages
pécuniaires ! Cependant que d’autres, parmi ceux qui ont choisi de faire carrière
dans la politique, sont tributaires des logiques politiciennes, de leurs règles et de
leurs “ non-dits ”.

Le refus des réformes et l’impossibilité de les imposer à l’opinion résulte
donc d’un ensemble complexe de causes. Leur étude, dans le cadre des sciences
sociales, est plus nécessaire que jamais à une époque de mises en cause fondamentales
entre deux mondes et entre deux siècles.

(1) A l’exception du putsch des généraux contre le Général de Gaulle dans les tragiques
circonstances de la Guerre d’Algérie.
Ce plaidoyer pour plus de transparence ne m’empêche pas de recommander
d’agir avec circonspection. La prudence s’impose d’autant plus, dans ce
domaine, que la plupart des sujets que j’ai évoqués suscitent des réactions passionnelles.
C’est la passion contre la raison. “ Osons dire les non-dits ” oui, mais
dans le respect des opinions et des personnes de bonne foi, sans oublier de rappeler
les exemples de dirigeants qui n’ont jamais besoin de recourir à des moyens
illicites pour assumer leurs responsabilités et pour réussir dans leurs entreprises.

Article publié dans la lettre N° 10, juin 2013, “ Offensif et Stratégie ”, de Ludovic EMANUELY




2014 : année de grands anniversaires pour l’AASSDN

Editorial du Colonel Henri Debrun, Président de l’AASSDN

1) Anniversaire de l’Amicale : l’AASSDN a soixante ans !
Elle est officiellement née le 25 décembre 1953,
Date du Journal officiel qui publia sa déclaration en préfecture de police de Paris.
Le jour de Noël !… Cela ne saurait s’inventer.
Conçue par nos Anciens du Contre-espionnage, Paillole, Rivet, Navarre,
d’Alès, Gérar-Dubot et bien d’autres afin d’entretenir un lien de solidarité et
d’entraide entre ceux qui avaient lutté au sein de ce service et auprès des
familles de leurs camarades disparus mais aussi de faire reconnaître l’importance
du rôle qu’ils avaient joué dans la clandestinité au service de la France
et de faire respecter les actions qu’ils avaient menées pendant la guerre.

Elle s’appelait alors : “ Amicale des Anciens des SSM/TR ”
et prit corps le 27 février 1954 lors de son assemblée générale constituante.
Le Colonel Paul Paillole en fut élu Président national et le resta jusqu’en 2001.
Deux ans après, elle ouvrait ses rangs tout naturellement à ceux qui
avaient oeuvré au sein des SR Guerre, Air, Marine et s’appela en 1956 :
“ Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ”
L’histoire de l’ASSDN commençait. 60 ans après, elle se poursuit. Grâce à
son souci d’adaptation au fil du temps, elle a désormais l’honneur d’être
reconnue comme l’expression associative de la Communauté du
Renseignement et des Opérations spéciales telles qu’elles sont à présent définies,
dans l’esprit légué par ses fondateurs et dans le respect des valeurs qui
lui sont chères et de l’histoire des Services Spéciaux dont elle est “ la gardienne
du temple ”.

Pour célébrer cet anniversaire, nul autre lieu que Ramatuelle, si liée à
l’ASSDN par cette histoire dont notre Mémorial à caractère national est “ la
Pierre de Mémoire ”, ne convenait et quoi de mieux que d’y tenir Congrès,
du 7 au 10 mai prochain ?

D’autant que 2014 est l’année d’autres anniversaires au retentissement
historique à l’évidence bien plus grand que l’ASSDN, membre du Monde
Combattant, se doit de célébrer également à sa mesure :

2) Le 60e anniversaire de la chute de Diên Biên Phu le 7 mai 1954
après deux mois de combats acharnés, prélude dramatique, mais dans l’honneur
de nos forces armées, de la fin de la guerre d’Indochine à laquelle nos
services apportèrent un concours encore trop méconnu. Nous le commémorerons
au Mémorial de Fréjus, sans oublier que cette fin de guerre lointaine pour la
métropole entraîna “ la Toussaint rouge ” en Algérie, début d’une autre
guerre.

3) Le 70e anniversaire du débarquement de Provence.
Nous commémorerons avec trois mois d’avance cette opération Dragoon en rappelant l’action
déterminante de nos services et de certains de nos réseaux, dont celui de
l’Abbé Lapouge récemment décédé, pour sa préparation, et, dans son exécution,
avec des détachements TR et SA auprès des grandes unités alliées et le
SRO de l’armée B commandée par le Général de Lattre de Tassigny.
Nous saluerons nos derniers Anciens de cette grande époque de la
Libération et ceux qui nous ont quittés. Nous leur rendrons hommage.

4) Le 70e anniversaire du débarquement de Normandie, l’opération Overlord
à laquelle nos services SR et CE participèrent, dans sa phase de préparation,
par un intense travail de recueil et de transmission de renseignements
et une contribution précieuse au fabuleux stratagème “ Fortitude ”,
comme dans son déroulement, grâce à l’accord conclu par le Commandant
Paillole et le Colonel Sheen, chef du G2 de l’État-major du Général
Eisenhower, avec des détachements TR et SA auprès des grandes unités
alliées et les BSM préinstallés.

L’ASSDN sera présente, avec sa délégation de Normandie animée par
Pierre Desjardins, Délégué régional et Jean-Claude Hamel, Délégué de la
Manche, aux commémorations en juin prochain.

5) Enfin le centenaire de la déclaration de la Première Guerre Mondiale.
Nous participerons bien sûr à sa célébration et découvrirons avec intérêt
certaines actions d’acquisition du renseignement.

En somme, une année riche de souvenirs, d’hommages et de découvertes aussi…