Organisation des Services Spéciaux français en 1939

Au cours du Congrès 1973 à Paris, les Anciens des Services Spéciaux membres de l’Amicale effectuent un ultime pèlerinage au 2 bis. Avenue de Tourville, pour les locaux du P.C. du Service de Renseignement et de Contre-Espionnage de 1932 à 1940, avant que les bâtiments du 2 bis ne disparaissent.

Bref rappel historique à propos du Service de Renseignement et de Contre-Espionnage Français.
C’est en 1932 que ce Service a quitté son ancien P.C. au 175, rue de l’Université pour s’installer au 2 bis de l’Avenue de Tourville

L’ organisation du Service a la veille de la guerre de 1939 :

Au rez-de-chaussée :
Le Chef de Service : Colonel RIVET et son Adjoint : Lieutenant-Colonel MALRAISON.
Administration : Colonel BERGEAT, puis Commandant MARANDEY.

Sections Géographiques du S.R. :
Section Allemagne : Commandant PERRUCHE, puis Commandant NAVARRE, Capitaines GASSER, BURLEREAU, MERCIER.
Section U.R.S.S. : Commandant JOSSE, M. DELIMARSKI.
Section Midi : Commandant CURET, Capitaine LE TROTTER.
Section « NEMO »: Capitaine CAZIN D’HONONCTUN, Lieutenant LOCHARD.
Section M.G./Avia :
Branche M.G. : Commandant BROCHU, Lieutenant POITOU.
Branche Avia : Commandant FERRAND, puis Lieutenant-Colonel RONIN.

Au ler Etage :
Le Contre-Espionnage (S.C.R.) :
Chef : Commandant SCHLESSER. et son Adjoint : Capitaine PAILLOLE.
Section Allemande : Capitaine BONNEFOUS, Lieutenants ABTEY et DARBOU.
Section Italienne : Capitaines OLLE LAPRUNE, et BRUN.
Section « Sécurité » : Capitaine DEVAUX
Points Sensibles : Capitaine POMMIES.
Encres sympathiques : DEVAUX (Daniel). Capitaine ARNAUD.

Section « Menées Révolutionnaires »
Commandant SERRE, Capitaine JACQUOT.
(Cette Section sera détachée au Cabinet du Ministre de la Guerre )

Le Chiffre :
Commandant BERTRAND.

Courriers extérieurs :
Le P.C. du 2 bis actionnait 7 Postes sur le territoire national et de nombreux Postes à l’étranger (Attachés militaires adjoints). Les Postes sur le territoire national étaient :

Le Poste de LILLE ou Bureau d’Etudes du Nord-Est (BENE). Chef : Commandant DARBOU. Adjoint : Capitaine BERNIER. Officier C.E. : Capitaine BERTRAND.
En 1939, ce Poste allait être renforcé par plusieurs Officiers dont le Lieutenant-Colonel Robert DUMAS, auteur de la série des « Capitaine BENOIT » et le Lieutenant RIGAUD.

Le Poste de METZ ou Bureau d’Etudes Régionales Militaires (B.R.E.M.). Chef : Colonel MANGES, puis Colonel KUNMUNCH. Adjoint : Commandant du CREST de VILLENEUVE.
S.R. : Capitaine LAFON. C.E. : Lieutenant DOUDOT, M. KLEIN.

Le Poste de BELFORT ou Service des Communications Militaires ( S.C.M. ).
Chef : Commandant LOMBARD. Adjoint : Capitaine SEROT.
C.E. : Capitaine HUGON, M. JOURDEUIL.

MARSEILLE
Chef : Commandant BARBARO.
C.E. : Capitaine GUIRAUD- (Georges HENRY).
Antenne de Nice : Capitaine GALLIZIA.

TOULOUSE (créé en 1937).
Chef : Commandant LULLE DES JARDINS.
C.E. : Capitaine d’HOFFELIZE (DOBRE).

ALGER
Chef : Commandant DELOR.

TUNIS
Chef : Commandant NIEL.

Les Renseignements collectés par le « 2 bis » étaient transmis pour exportation au 2em Bureau de l’E.M.A. dont le Chef était le Colonel GAUCHE, avec comme Adjoint le Commandant BARIL et comme Chef de la Section Allemande le Capitaine CAROLET.

_________________

Au cours de la Guerre de 1939- 40, un certain nombre de changements devaient intervenir et notamment le repli du Poste de METZ sur Paris et la création d’un P.C. avancé dit P.C. Victor à GRETZ (Seine-et-Marne) afin de se rapprocher du Q.G. du T.O. Nord-Est du Général GEORGES.

Le Président National rappelle ensuite les grandes lignes de l’évolution de nos Services après la débâcle de Juin 1940 :
– La décision du Colonel RIVET de poursuivre la lutte après l’Armistice ;
– La mise en place dès le 1er Juillet 1940 des postes clandestins S. R. et T.R. ;
– La création en Octobre des B.M.A. avec leur aspect officiel et leur rôle de couverture, de protection et de fournisseur des postes clandestins. A ce propos, le Colonel PAILLOLE s’élève une fois de plus contre toutes les idées fausses ou malveillantes qui ont encore cours de nos jours sur le rôle joué par les B.M.A., y compris même dans une récente interview de M. Henri FRENAY dont le remarquable livre « La Nuit finira » rend pourtant très objectivement hommage à l’action de nos Services.

Le 24 Août 1942, le Service M.A, est dissous et remplacé par un « Service de Sécurité Militaire » dont le Commandant PAILLOLE prend la direction, cependant que le Commandant LAFON alias VERNEUIL lui succède à la tête du T.R.
Ce sigle S.S.M. est maintenu lorsque le Colonel RIVET recrée à ALGER, après les événements de Novembre 1942, le P.C. du Service sous la nouvelle appellation de D.S.R.-S.M., le S.R. étant coiffé par le Colonel du CREST de VILLENEUVE et le S.S.M, par le Colonel CHRETIEN, en attendant que le Commandant PAILLOLE rejoigne l’Afrique du Nord au début de Janvier 1943:

Puis s’ouvre malheureusement, en marge du conflit GIRAUD – de GAULLE, une guerre des Services entre le D.S.R.-S.M. et le B.C.R.A. Le Général GIRAUD confie au Général RONIN la Direction des Services Spéciaux, D.S.S., puis en Septembre 1943, un compromis intervient avec la nomination à la tête d’une nouvelle Direction coiffant la D.S.R.-S.M. et le B.C.R.A., du Général de Division Aérienne COCHET. Ce dernier démissionne le 20 Novembre 1943.

Enfin, le 27 Novembre 1943, c’est la création d’une Direction Générale des Services Spéciaux D.G.S.S. avec à sa tête M. Jacques SOUSTELLE, candidat du B.C.R.A.

A partir de ce moment débute l’absorption de l’ancien S.R. par le B.C.R.A. avec comme conséquences le départ du Colonel RIVET, promu Général le 13 Avril 1944, du Colonel du CREST de VILLENEUVE et d’autres officiers.

Le S.S.M. subsiste néanmoins, participe comme tel à la Libération, grâce en particulier au S.S.M. Précurseur monté en France par le Colonel NAVARRE, et ne sera touchée qu’en Novembre 1944.

A ce moment intervient une nouvelle réorganisation d’inspiration politique. Le Service de Sécurité Militaire est scindé en deux, cependant que le Colonel PAILLOLE démissionne :

– La S.M. proprement dite confiée au Colonel LABADIE se trouve rattachée au Ministère de la Guerre ;
– Une Direction des Services de Documentation, avec à sa tête le Colonel CHRETIEN, est maintenue au sein de la D.G.E.R. (organisme qui a succédé à la D.G.S.S.).

La nouvelle S.M. s’installe d’abord Boulevard Haussmann, dans un immeuble réquisitionné ; elle ira plus tard réoccuper les locaux du 2 bis Avenue de Tourville et aura à sa tête le Colonel SEROT, avant que celui-ci ne parte pour le Moyen-Orient où, le 18 Septembre 1948, il tombera aux côtés du Comte Bernadotte sous les balles des tueurs du Groupe Stern.


Le Colonel PAILLOLE rappelle brièvement les fondements de base du fonctionnement des Services Spéciaux avant et pendant la Guerre de 1939-1945.

Avant la guerre, le Décret Ministériel de Février 1938 fixait les attributions respectives en matière de sécurité du Ministère de la Guerre et du Ministère de l’Intérieur.
– Le Ministère de la Guerre avait à sa charge la recherche du Renseignement et le Contre- Espionnage hors des frontières du territoire national.
– Le Ministère de l’Intérieur avait les mêmes attributions sur le territoire national, d’où la création d’un Service spécialisé dit de « Surveillance du Territoire » avec à sa tête le Contrôleur Général CASTAING ….

En temps de guerre, les attributions respectives de l’autorité militaire et de l’autorité civile étaient régies par la Loi de 1889 sur l’Etat de Siège. L’Autorité Militaire étant investie des devoirs de police, un certain nombre de bureaux spécialisés (B.C.R.) devaient être créés sur le territoire utilisant le concours de la Police par voie de réquisition.

Au cours de la Guerre 1939-1940, le Territoire fut divisé en 2 zones : la zone des Armées et la zone de l’Intérieur, avec des juridictions différentes.

 

…, Après avoir évoqué la situation spéciale de la zone non occupée de l’Armistice de 1940 à Novembre 1942, le Colonel PAILLOLE s’arrête plus longuement sur le cas de l’A.F.N. au lendemain du débarquement allié.

Dans cette partie du territoire national ayant pleinement recouvré sa souveraineté et érigée en « Zone des Armées », l’Autorité Militaire avait les devoirs de police qu’il incombait à la D.S.M. de mettre en application.
Le terrain avait déjà été préparé dès 1940 sous le « proconsulat » du Général WEYGAND grâce au Colonel CHRETIEN et au Colonel NAVARRE, Chef du 2e Bureau. Toutefois, il y avait encore de nombreuses lacunes dues en particulier à l’absence des Services Centraux.

Implantée à Alger, la D.S.M. est devenue rapidement un Service très important, à la fois en Afrique du Nord et en Métropole occupée, grâce au S.S.M. Précurseur du Colonel NAVARRE. C’est ce qui a permis d’obtenir des Alliés que la sécurité sur le territoire national incombe à la Libération à l’Autorité Française.




Les services avant guerre 1921-1925- n 81- 1973

NOS SERVICES AVANT GUERRE : LA MAISON 1921-1925
par le Général MERSON

Commentaire de l’AASSDN : De notre Grand Ancien, notre Vénéré Doyen, nous avons reçu un remarquable exposé sur ce que furent nos Services avant-guerre. L’organisation qu’expose avec clarté le Général MERSON ne fut guère modifiée par la suite, au moins jusqu’en 1934, date du transfert des Services du 75 de la Rue de l’Université au 2 bis, Avenue de Tourville. Nous remercions vivement le Général MERSON de cette contribution à l’HISTOIRE. Notre Doyen donne ainsi 1’exemple de ce que devraient faire tous ceux d’entre nous dont les souvenirs peuvent contribuer à enrichir le patrimoine des Services Spéciaux de la Défense Nationale.

LES MOYENS

Personnel :
– Un chef.
– 17 officiers dont chacun a le rendement de trois types ordinaires.
– 2 sous-officiers
– 2 civils (un juriste, un technicien).
– 2 plantons.
– 4 dactylos du cadre officiel.
– Notre concierge qui filtrait les visiteurs avec une remarquable astuce.
– Ma secrétaire qui me rendit les services d’un excellent officier d’état-major,

Matériel :
Une voiture.
– Un appareil de reproduction appelé Photo-Stat. Débit : un exemplaire toutes les minutes et demie.
– Un récepteur radio très volumineux.
– Trois semblables pour les trois grands postes sur l’Allemagne.
– Quelques E.R. 17 confiés à certains agents et certaines antennes.

Budget :
Dix millions par an qu’il fallait mendier au rapporteur général du Budget, M. CALARY DE LAMAZIERE, un fort aimable homme.
En outre, un gros reliquat d’argent de la guerre 14-18, que LAINEY avait placé, donnait un revenu appréciable.

Locaux : Une maison située au 75 de la rue de l’Université, attenante au Ministère de la Guerre. Les bureaux étaient misérables, presque sordides.

L’ORGANISATION

Solide et souple ; vaste aussi malgré l’indigence des moyens.
C’était l’oeuvre du Colonel LAINEY, à qui nous devons cet hommage. Cet homme avisé, dynamique, astucieux, n’était jamais si content que lorsqu’en présence d’un obstacle, il pouvait dire :« On va lutter ». Il eut aussi le mérite d’établir des relations cordiales et utiles avec les services anglais, belges, voire suisses et espagnols. Enfin, c’est lui qui inventa RIVET.

Deux sections :
Section de renseignements et S. C. R. (Section de Centralisation des Renseignements, qui n’était autre que le contre-espionnage).
LAINEY coiffait les deux sections; j’étais chef de la S.R. LAINEY qui fut atteint dès 1922 de la grave maladie qui devait l’emporter bientôt et je dirigeai le Service pendant 3 ans.

Section des renseignements :
– Section administrative (personnel, matériel et caisse) ;
– Section allemande ;
– Section russe ;
– Section italienne couvrant la Méditerranée, le Proche et Moyen – Orient ;
– Section anglaise couvrant l’Empire britannique et le reste ;
– Section M. G. (matériel de guerre) explorant les armements dans le monde.

Contre espionnage. :
3 officiers travaillaient en liaison avec la Sûreté dont le Directeur, M. MARLIER, avait constitué une brigade spécialisée : le Commissaire principal DUCLOUX, avec 10 inspecteurs triés sur le volet. L’entente était parfaite.
Un téléphone direct, soi-disant à l’abri des écoutes, reliait mon bureau à celui de M. MARLIER.

A l’extérieur :
– Sur l’Allemagne : trois postes bien outillés à Aix-La-Chapelle (MANGES), Mayence (SCHULTZ), Stasbourg (KOLTZ puis ROUX) splendidement dirigés.
– Sur l’U.R.S.S. : un poste à Varsovie avec RIVET, des antennes à Bucarest et Istambul.
– Sur l’Italie : deux postes à Nice et Chambéry.

Des antennes disséminées sur la planète.

Au total, une quarantaine d’officiers sous différentes couvertures.
Le Quai d’Orsay nous abritait, non sans appréhension, dans une dizaine de consulats.

Ayant constaté un vide sur la mappemonde, je créai un Service d’Extrême-Orient, avec la complicité des Messageries Maritimes. Le chef était installé à Singapour et travaillait surtout sur le Japon, mais essaimait sur tout le Pacifique.

Nous avions partout dans le monde un grand nombre d’honorables correspondants.

FONCTIONNEMENT

Officiellement, les deux sections S. R. et S. C. R. dépendaient du 2e Bureau de l’Etat-Major de l’Armée. Pratiquement, nous ne dépendions de personne. Nous ne recevions ni ordres, ni instructions de quiconque.

Le chef des sections avait accès auprès du sous-chef d’Etat-Major et du chef d’Etat-Major de l’Armée, également auprès du Ministre. J’accédais au bureau de M. MAGINOT par un dédale de couloirs et un escalier dérobé.
Les papiers que LAINEY ou moi ne croyons pas pouvoir signer étaient généralement soumis à la signature du sous-chef d’Etat-Major, Général MAURIN, puis Général HERGAULT, qui nous soutenaient toujours très efficacement.

II n’existait pas de plan de recherche. Nous avions établi nous-mêmes un ordre d’urgence.
Faute d’ordres, nous recevions de nombreuses demandes de toute origine. M. POINCARE nous chargea d’une enquête du genre contre-espionnage. M. BARTHOU, Ministre des Affaires Etrangères, me demanda une petite équipe pour l’accompagner dans une Conférence internationale qui se tenait à Gênes.
L’Air, qui n’avait pas de S.R., s’adressait à nous. Le S.R. Marine était si pauvre qu’il nous appelait à l’aide ; il s’intéressait surtout à la Royal Navy.
La section du chiffre nous demandait des codes étrangers; le Génie des renseignements sur les équipages de ponts allemands; le Service des Poudres des informations d’ordre chimique, etc…

Nous donnions nous-mêmes peu d’ordres.
Nous choisissions pour diriger les postes et les antennes des officiers capables d’initiatives raisonnables. Ils recevaient parfois une « note d’orientation ».

La répartition des fonds était faite très soigneusement d’après les urgences et modifiée selon les circonstances internationales.

La Centrale manipulait elle-même un petit nombre d’agents. Parmi eux, un as ! M. GALTIER- BOISSIERE, dans son journal Le Crapouillot, a donné des précisions fantaisistes sur ce personnage. J’en dirai quelques mots.

Rodolph DAHLMANN, officier allemand chassé de son armée pour divers méfaits, avait conservé pour son pays et son armée une véritable haine. Il s’était mis à notre service pour assouvir sa rancoeur et aussi pour gagner de l’argent. Il nous a servis loyalement pendant quarante ans sous le nom de VON KOENIG, puis sous le nom de LEMOINE. Il était encore en service en 1939. Rivet l’employait alors à la fabrication de faux papiers et à diverses missions de contact. REX, comme nous l’appelions, était homme de grandes ressources.

Il acceptait n’importe quelle mission et je ne l’ai jamais vu échouer. Il n’avait pas son pareil pour acheter les consciences. II aurait fait disparaître Ben Barka sans le moindre bruit. MENZIES ne cessait de nous mettre en garde contre lui. Je crois qu’il en avait très peur.

Un autre agent m’a laissé un souvenir personnel. C’était un Arménien qui travaillait sur les Balkans. Ses informations étaient intéressantes, mais exigeaient un contrôle sérieux confié à un ami, M. Elie BOIS, expert en la matière. Ce gaillard m’annonça un jour que l’O.R.I.M. (Organisation Révolutionnaire pour l’Indépendance de la Macédoine) m’avait condamné à mort pour m’être mêlé de ses affaires. Je n’en crus rien. Le fait est que je me suis promené en Macédoine en 1939 et qu’il ne m’est rien arrivé.

Quant au contre-espionnage, les officiers de la S. C. R. travaillaient en liaison avec M. DUCLOUX et sa brigade. Ils traitaient eux-mêmes un petit nombre d’affaires auxquelles nous ne voulions pas mêler la police. Entre autres, l’enquête demandée par M. POINCARE, qui était longue, difficile, coûteuse et m’agaçait. Je tenais M. MAGINOT au courant de ses progrès. Mes chefs militaires ignorèrent tout de cette affaire ainsi que de l’intervention de M. MUSSOLINI que j’ai racontée dans un Bulletin.

LES RESULTATS

Je crois pouvoir dire que le travail était bien fait. Certes c’était un jeu d’enfants en comparaison des exploits de 1939-45, mais il y avait quand même des difficultés et des catastrophes à réparer presque quotidiennement.

Sur l’Allemagne, nous suivions exactement le travail de VON SEECKT, malgré l’Abwehr que la défaite n’avait nullement abattue et qui nous portait parfois des coups sévères. Lorsque je quittai le Service en 1925, la Reichwehr en était au détriplement de ses divisions.

L’U.R.S.S., à l’époque, se défendait très mal ; nous étions en possession de toutes les circulaires de FROUNZE, le VON SEECKT russe, à qui l’Armée rouge doit beaucoup.

Quant à l’Italie, c’était un plaisir. Nous reçûmes un jour une note secrète adressée par le Ministère de la Guerre aux commandants de Corps d’armée, et nous la reçûmes avant le Corps d’armée de Bari. Le reste du monde était exploré suffisamment.

Les résultats du contre-espionnage étaient satisfaisants. Là aussi il y eut deux très beaux coups.
L’un concernait le Colonel BECK ; je l’ai relaté dans un précédent Bulletin. L’autre, il vaut mieux l’oublier.
Quant à l’enquête pour M’. POINCARE, elle donna des résultats contraires à ceux que souhaitait le Président du Conseil.




Les services speciaux pendant la premiere guerre mondiales (3)

Extrait conference du colonel Allemand sur la premiere guerre mondiale: actions du SR. Dans l’ensemble, le bilan S.R. fut positif. En 1914, bien qu’on ait accusé le S.R. français d’avoir commis des erreurs sur l’appréciation quantitative globale de l’armée allemande, il avait dénombré les grandes unités allemandes et dressé un ordre de bataille sérieux. Par la suite, il continua à renseigner, surtout, sur les mouvements des grandes unités et l’évolution du matériel ennemi ; son honneur y était engagé. Quatre ans durant, il tailla des croupières à l’adversaire mettant à son actif des succès importants.




Les Services speciaux francais pendant la premiere guerre mondiale (2)- n 128- 1985

Extrait conference colonel Allemand sur les services allemands pendant la 1ere guerre mondiales . Selons un bilan quantitatif, durant les trois premières années de la guerre, 1785 personnes furent arrêtées en Allemagne pour port illégal ‘uniforme (la plupart travaillant pour la France.)- 384 faux officiers furent identifiés derrière les lignes. 500 personnes furent passées par les armes, dont la moitié était au service de notre pays. En 1918, 33 condamnations furent prononcées pour sabotages, dont 32 organisés par la France.




Les services pendant la premiere guerre mondiale n 127- Mars 1985

Après GRISOT, le colonel VINCENT apparaît dans la galerie de ces précurseurs de choix. Nous sommes en 1885. VINCENT expose un jour, dans un substantiel compte-rendu, sa situation. Il fait état de la pauvreté de ses moyens et plaide avec chaleur l’octroi d’un budget conforme aux “besoins considérables” qui se manifestent. Pour étayer son propos, il se réfère à l’organisation et aux ressources du SR allemand, son antagoniste né. aussi dans ce numero la publication de l’ouvrage du colonel Paillole ” notre espion chez Hitler”.




Les services speciaux dans l’appareil offensif du pays de 1885 a 1914

Le travail de 1885 à 1914 a préparé nos succès pendant la Grande Guerre

Note préliminaire : nous avons vu qu’en 1880, le Colonel GRISOT a pris la direction du SERVICE. Sous son impulsion, d’importants résultats ont été obtenus par nos organes de renseignement qui ont saisi, entre autres, le plan de mobilisation allemande de 1875.

Il est clair à l’esprit des profanes eux-mêmes que GRISOT et ses prédécesseurs ne s’étaient point mépris sur le but à atteindre. Il s’agissait bien, en dernière analyse, d’aller si possible jusqu’au cerveau moteur de la machine de guerre qu’ils avaient à recenser. Et les gens de métier, voire les plus spécialisés et les plus heureux, reconnaîtront que ces maîtresses réussites ne leur sont pas prodiguées par les dieux.

Après GRISOT, le colonel VINCENT apparaît dans la galerie de ces précurseurs de choix. Nous sommes en 1885. VINCENT expose un jour, dans un substantiel compte-rendu, sa situation. Il fait état de la pauvreté de ses moyens et plaide avec chaleur l’octroi d’un budget conforme aux “besoins considérables” qui se manifestent. Pour étayer son propos, il se réfère à l’organisation et aux ressources du SR allemand, son antagoniste né. Et il ne parle pas par hypothèse, car voici ce qu’il affirme :

Il signale tout d’abord pour mémoire que le SR allemand a engagé, pour la durée de la guerre 1870-71,9 millions de thalers (34 millions de nos francs de cette époque). Il évalue ensuite les fonds dont son adversaire dispose en 1883 :
1°/- revenus de la fortune confisquée au Roi du Hanovre, soit 3 millions de francs;
2°/- contribution fournie par les divers ministères, soit 2 millions;
3°/- Trésor de guerre déposé dans les banques (Bleichröder et Erlanger en particulier), chiffre non précisé mais certainement important puisqu’une étude postérieure de peu à cet exposé estime à plus de 20 millions le total des ressources du SR allemand.

Peut-on s’étonner qu’en face de cette opulence, VINCENT réclame un budget “triple de celui de l’année précédente”, soit un peu plus 1 million ! Nos grands argentiers, il faut le dire, furent sans cesse lésineurs à l’endroit de ce Service “suspect”, que certains parlementaires citaient vainement à la barre au moment de la discussion du budget par les Chambres, et qui laissait à un malheureux Président du Conseil le soin de s’expliquer sur la destination “inavouable” des fonds dits “secrets ” !

En 1886, VINCENT a passé la main au Commandant SANDHERR. Ce dernier, alsacien vibrant et de surcroît malade, va, à l’occasion des activités allemandes sur notre territoire, déchaîner malencontreusement une campagne qu’un Commandement plus avisé eut pu éviter : l’affaire DREYFUS, la fameuse “Affaire” : On s’en souvient encore. Débordant sur le plan politique, elle a passionné et divisé les Français à un moment où tous les pays du monde observaient attentivement rassurés ou inquiets le relèvement de notre Pays et les progrès de son expansion.

Le remous ne devait pas manquer de secouer le SERVICE et d’entamer la cohésion de son personnel. Impliqué dans un procès dont les incidences lointaines le dépassaient. Avant de dire comment il sortit de ce mauvais pas, remarquons la composition de la “Centrale” telle qu’elle ressort d’une note remise par son Chef au Général GONSE le 22 mai 1896, en pleine crise :

Lieutenant-Colonel PICQUART, Chef de la “Section de Stastistique”
Chef de Bataillon HENRY
Capitaine de Cavalerie LAUTH
Capitaine du Génie JUNCK
Capitaine VALDANT
M. GIBELIN, Archiviste de 2ème Cl.
M. LORSIER, Adjudant de la 2ème Section.

Civils :
MM. MARCHAND et NOTH Expéditionnaires
Un gardien de bureau.

Cet effectif restera inchangé jusqu’à la guerre de 1914-18. Le personnel est celui d’un “moment” de l’ “Affaire”.

Depuis le début de l’action judiciaire, le SR est l’objet d’âpres discussions aux échelons élevés de la Défense Nationale. Plusieurs chefs de l’État-Major de l’Armée ont été sévèrement critiqués au cours du procès. On leur a reproché d’avoir délaissé leurs prérogatives et consenti aux Chefs du SR un trop libre comportement. Des sanctions ont été prises, d’autres sont demandées. Le Général de Gallifet, Ministre de la Guerre, particulièrement sollicité d’agir, va pouvoir se targuer de répondre à ce voeu et d’insuffler un air plus salubre et une discipline plus stricte dans les coins “infectés” de son département. Le 24 avril 1899, il prend, en accord avec le Ministre de l’intérieur, des mesures qui ont pour objet de restreindre l’indépendance du Chef du SR et de borner ses missions :

1°/- La “Section de statistique” demeure un organe de l’État-Major de l’Armée, mais elle est placée sous la dépendance directe du Chef du 2ème Bureau.
2°/- Le Contre-espionnage est confié au Ministère de l’intérieur.
3°/- interdiction est faite aux Officiers du SR de se rendre à l’Étranger, obligation leur est imposée de passer par les agents du Ministère de l’intérieur pour la recherche du renseignement à l’extérieur.

Ce n’est point diminuer un chef de grand mérite, cavalier légendaire, de dire que ce jour-là il chargea comme un “bleu”. Sa décision, explicable peut-être par une de ces sautes d’humeur qui lui étaient familières, était proprement insoutenable.

L’appliquer à la lettre eut signifié la ruine de 20 années d’un prodigieux effort qui avait porté nos positions SR au coeur des secrets des États de la Triple Alliance, ç’eut été mettre un bandeau sur les yeux de notre État-Major au moment même où s’accumulaient les symptômes d’une nouvelle et inévitable conflagration franco-allemande.

Au surplus, si ce geste avait pour but d’apprendre aux Français que, pour avoir enfreint des usages internationaux dont notre démocratie proclamait le respect, nos SERVICES de Recherche un instant dévoyés étaient vigoureusement ramenés dans les sentiers de la vertu, on conviendra qu’il avait à leurs yeux peu d’intérêt.

Leur entendement en ces choses n’a jamais été ni leur fait, ni leur souci. Si, par ailleurs, GALLIFET pensait que le gouvernement allemand nous saurait gré de modérer, à l’avenir, une activité par essence inamicale et marquée d’hostilité, il se faisait des illusions bien enfantines. Sans compter qu’il nous donnait imprudemment tous les torts dans une affaire où les Services Allemands avaient certainement joué un rôle, mal établi il est vrai.

Bref, un gros rire dut secouer la gorge des “gens” d’en face. Mais on ne l’entendit pas. Pas plus que le gouvernement du Kaiser, discrètement prié de donner son sentiment sur l’ “Affaire”, ne se départit d’un silence hautain et quelque peu méprisant. Comme on le comprend !

A la vérité, l’absurdité du régime que prétendait instaurer GALLIFET n’échappa à personne. Nos organes SR, sûrs d’une “doctrine” forgée dans l’action et consacrée par des succès éclatants, résolurent de ne point s’y soumettre. Dans un mémoire rédigé en termes déférents mais fermes, le chef de la “Section de Statistique” laissa percer un refus mental que le Commandement, mal assuré dans ses considérants, contrôla mollement dans les faits. Qu’en advint-il ?

Il advint que des compromis négociés à la sauvette entre les divers échelons du Service et leurs partenaires de l’intérieur, tournèrent les récifs et comblèrent les obstacles ainsi dressés sur leur route. Il advint qu’on rusa un peu partout -en tout bien tout honneur- que l’imagination et l’habileté secondèrent une volonté redoublée de maintenir les voies indispensables de la Recherche.

Le précieux miel que nous appelons le “renseignement profond” continua de suinter et d’emprunter des voies sûres. Notre E.-M. demeura renseigné. Cependant que la discorde française expirait sur la grève et que peu à peu se ressaisissait l’opinion.

A distance, on pourra ergoter, déplorer ou condamner cette ruse de Protée. Une infraction aux “Tables de la Loi” était commise qui peut n’avoir pas l’assentiment de maints Français de bonne tradition. Encore que la loi écrite ait subi depuis ce temps, et récemment comme chacun sait, bien des atteintes, et souvent légitimes .. Une pareille attitude, pour être comprise, requiert plus que le patriotisme de morale usuelle. Elle a sa source aux plus hauts sommets de la Conscience nationale, dans une zone de sensibilité exercée à l’évidence du plus grand devoir devant la menace du plus grand péril, détermine parfois l’homme à négliger la légalité établie.

Nos Officiers SR de 1899, comme ceux de 1871, vivaient sur ces hauteurs. Au contact physique de l’ “ennemi héréditaire”, Ils savaient ce que ne pouvait pas savoir l’opinion publique, et que n’acceptait d’ailleurs pas sans réserve un Haut Commandement voué à ménager sans cesse la politique prudente de nos gouvernements. Une poignée d’Officiers et de fonctionnaires français, nourris de certitudes, voyaient au-delà de l’Affaire. Ils voyaient juste. Car c’est en définitive grâce aux preuves qu’ils apportaient, que la France entra dans le nouveau siècle avec une âme intacte et un coeur ferme.

Au surplus, et confusément encore, la pensée française révisait ses fondements. Remettons-nous en mémoire l’état d’esprit de notre jeunesse entre 1900 et 1914. Mélange singulier d’idéal humanitaire et de réflexes de grandeur. Un patriotisme resté profondément “gambettiste”, et qui cependant interroge. Des courants politiques teintés d’antimilitarisme, mais, dans le peuple de France une sensibilité extrême aux choses du Pays. Et quand le dialogue franco-allemand se révèle menaçant pour notre droit, la nation unanime réclame du pouvoir une attitude sans concession.

On imagine sans peine ce que fut, dans ce moment d’angoisse française, le comportement d’un SERVICE fort de l’approbation mentale que constituait pour lui un patriotisme national en éveil.

Les Chefs du SR étoffèrent sans bruit le dispositif établi aux frontières, et firent un large usage des dispositions favorables manifestées par les Généraux commandant les Régions en bordure. Ainsi purent-ils, sous des formes convenues, introduire des officiers qualifiés ou déjà éprouvés, dans l’appareil de recherche étalé depuis la frontière belge jusqu’à Nice. Peu à peu, d’incessantes alertes aidant, ils obtinrent la faculté de créer des postes comptant plusieurs Officiers en certains points convenablement situés, tels que BELFORT et NANCY (MEZIERES au dernier moment) face à l’Allemagne, et NICE face à l’Italie. Les Chefs de poste, en union étroite avec les Services de police frontière, retrouvèrent leur liberté d’action et prirent leurs responsabilités.

Ce qui leur valut, ne le dissimulons pas, un certain nombre “d’accidents” dont l’un, l’arrestation du Capitaine LUX à Constance, provoqua de la part du Gouvernement impériale une assez vive réaction, qui n’inquiéta pas autrement le Gouvernement français.

La guerre approchait. Une sérénité empreinte de la réalité de notre force imprégnait notre contenance officielle face aux remontrances formelles de l’Allemagne. La diplomatie allemande, inspirée par le Grand État-Major, se voyait d’ailleurs assigner des limites au-delà desquelles le NACHRICHTEN DIENST était exposé,lui aussi, a été mis en cause. De part et d’autre, on avait intérêt à demeurer circonspect.

LUX était prisonnier, mais la guerre du SR continuait.

Dans cette atmosphère qui en définitive redressait les énergies, suscitait des caractères, le SR oeuvrait avec un entrain décuplé et un coeur juvénile. Incrusté depuis des années dans l’appareil de guerre ennemi, il en parachevait l’inventaire et dressait son ordre de bataille. En Août 1914, les unités de l’armée allemande étaient parfaitement dénombrées et leur dispositif en fin de mobilisation connu : deux ans auparavant, des documents recueillis par un de nos organes SR avaient révélé à notre Commandement le plan d’attaque allemand face à l’Ouest …

L’honneur du SR était donc engagé dans l’épreuve décisive qui commençait. Quatre années de guerre ont démontré qu’il était en mesure de “tailler des croupières” à son adversaire chevronné. Et d’ abord, il renseigna. Non seulement, il suivit correctement les mouvements des unités et l’évolution des matériels à l’arrière du front allemand, mission à laquelle il s’était soigneusement préparé, mais il eut la bonne fortune – qui échoit à qui la mérite – d’obtenir de remarquables succès dans la recherche des intentions. Nous ne pouvons les énumérer et les commenter ici. Rappelons en seulement quelques uns .

– Au moment critique de la Marne, il apprend que le prélèvement de 2 corps d’armée en Alsace est décidé par le Commandement allemand en vue de leur transfert dans l’Est. JOFFRE est renseigné en temps utile.
– En Septembre 1915, il a connaissance des premiers préparatifs d’offensive allemande sur VERDUN. Il affirme cette certitude jusqu’à la veille de l’attaque.
– Plusieurs mois à l’avance, il annonce l’offensive austro-allemande de CAPORETTO. Notre 3ème Bureau, orienté vers d’autres prévisions, est long à convaincre. Cette attaque faillit réussir.
– Les préparatifs de l’attaque allemande lancée le 15 Juillet 1918 sur le front tenu par GOURAUD ont été parfaitement décelés. Les renseignements fournis par des prisonniers allemands la veille de l’attaque, n’ont fait que confirmer les données du SR.

Un accident dans ce tableau :
En Mai de cette même année. LUDENDORFF avait attaqué sur le Chemin des Dames. Le renseignement qui devait nous en prévenir, détenu depuis 8 jours par un agent volage, ne parvint au SR que la veille au soir seulement :

Si assuré soit-il, un SR peut-être trahi par ses dieux.

Mais la démonstration était péremptoire. Le SR français avait prouvé son excellence. Le Colonel NICOLAI, chef du “NACHRICHTEN DIENZT”, dans un plaidoyer pro domo trop hâtivement publié après la guerre en convint avec aigreur, sinon dans les termes du moins par leurs sous-entendus.

Il allait de soi que lui, NICOLAI, n’était pour rien dans la défaite allemande, que son Service avait impeccablement fonctionné, et que le coupable était à chercher dans le Dolschstoss …mais il ne nous a pas expliqué comment, en maintes circonstances et notamment à l’occasion d’accidents survenus dans nos arsenaux ou dépôts de munitions, des agents français travestis en “agents allemands” avaient abusé notre prestigieux adversaire, en lui faisant accroire que ces accidents étaient des sabotages effectués par eux en exécution de missions reçues du SR allemand.

Nous en tirâmes des avantages considérables qui faisaient le plus grand honneur aux Officiers spécialisés dans le CONTRE-ESPIONNAGE, organe neuf en plein essor. Mais NiCOLAI l’a-t-il jamais su ?

Gardons-nous toutefois de mésestimer ou de médire Le vieux et remarquable SR allemand connaissait son métier. Et NICOLAI mentionne des succès qui ne furent pas tous de pure invention.

Il faut néanmoins le répéter. L’instrument de recherche si obstinément et si intelligemment construit par nos Anciens avait, avant et pendant la Grande Guerre, acquis une maîtrise qu’il importerait de maintenir.

Des noms de chefs ont percé le voile pudique derrière lequel ils eussent voulu rester ignorés. Citons parmi d’autres que nous omettons involontairement, HOLENDER, BRISSE, DUPONT, CARTIER, LINARD, LAMBLING, HUOT, WALNER, BRIQUE, ANDLAUER , LAINEY, MERSON, qui méritent plus qu’un souvenir distrait, obscurci par le temps.

C’est un culte que nous leur devons. Hantés par le péril permanent qu’un puissant empire aux rêves démesurés faisait courir à notre existence nationale, ces officiers s’étaient “installés” chez lui pour en surprendre les possibilités et les projets. Ils s’étaient littéralement “intégrés” à sa vie interne.

LA DOCTRINE VAUDRAIT POUR L’AVENIR.




Hommage à Marco, alias Guy JOUSSELIN de SAINT-HILAIRE

Deux semaines après son épouse, décédée le 11 décembre dernier, notre ami Guy de Saint-Hilaire nous a quittés, discrètement, le jour de Noël.

Administrateur en chef de la France d’Outre-Mer, il avait créé en 1943 et dirigé le réseau Marco du S.R. Kléber. Il était Membre d’Honneur de l’A.A.S.S.D.N. après en avoir été le Commissaire aux Comptes et l’un de ses administrateurs.

A la messe concélébrée en la Chapelle de l’École Militaire par l’Abbé Lapouge, assistaient parmi ses nombreux amis, des représentants : – De l’O.R.A., dont le Général Roidot, Vice-Président délégué. – De la F.A.R.R.E.F.C., avec son Président M. Duval et Mme Letty-Mouroux, Secrétaire générale. – Des médaillés de la Résistance et leur Vice-Président, le Colonel de Lalande. – De l’A.A.S.S.D.N. dont la délégation était conduite par Michel Thoraval – Et les porte-drapeaux de l’O.R.A., des médaillés de la Résistance et de l’A.A.S.S.D.N.

A la fin de l’office religieux, son glorieux passé dans la clandestinité a été retracé par M. Jean Huteau du réseau Marco, au nom du Colonel Lochard, dit ” Lucien “, dernier chef du S.R. Kléber, et des compagnons de celui qu’ils appelaient alors Joyeux : Marco.

Éloge de ” Marco “

” Le jour de Noël, quelques jours après son épouse, Guy de Saint-Hilaire est décédé. A leurs familles, si cruellement éprouvées, je renouvelle mes condoléances et toute ma sympathie.

…Guy de Saint-Hilaire avait dès l’Armistice de 1940, milité contre la puissance occupante. Sous le couvert de Secrétaire général pour la lutte contre le chômage dans la zone dite libre, il avait participé au service de camouflage du matériel du Commandant Mollard. Finalement brûlé à Vichy, il était, fin septembre 1943, parti via l’Espagne pour Alger où il s’était mis immédiatement à la disposition du S.R.

Il accepta de revenir en mission en France occupée où un sous-marin le déposa sur la Côte de Provence le 24 octobre 1943.

Après avoir pris contact avec la direction du S.R. Kléber (Commandant Bertrand et Capitaine Lochard), il gagna Paris où il devait prendre contact avec deux officiers survivants du poste de Paris. Malheureusement, entre temps, ceux-ci avaient été à leur tour arrêtés et Guy de Saint-Hilaire se retrouva seul à Paris à la fin de décembre 1943.

Avec un courage et une ténacité qui étaient des composantes de son caractère, grâce à son intelligence et à son charisme, grâce aussi à l’aide de ses relations et en particulier du Général Revers, chef de l’O.R.A., il créa de toutes pièces le réseau Marco. Il était composé d’éléments de valeur, d’hommes et de femmes sûrs, qui étaient entièrement dévoués et profondément attachés à leur chef.

Le réseau Marco rendit dans la période cruciale de 1944 qui précéda le débarquement des services éminents à la cause de la Libération.

Ceux qui ont connu Guy de Saint-Hilaire garderont le souvenir d’un homme de qualité supérieure, d’un homme hors du commun. Adieu Marco “.

Puis notre Président national délégué lut L’hommage du Colonel Paillole

Des deux phases de l’action patriotique de Guy de Saint-Hilaire de 1940 à 1944, je ne sais la plus méritoire.

La première, la plus longue, la moins brillante mais non la moins exemplaire, est celle de juillet 1940 à août 1943 où le fonctionnaire rebelle met à profit les institutions d’État pour multiplier les actes de résistance à l’occupant et aux lois scélérates.

Recherché, il s’évade par l’Espagne et rejoint Alger fin septembre 1943. Le besoin d’action le dévore. La lutte clandestine l’appelle. Négligeant les dangers d’un retour en France, il accepte d’aller au secours de notre réseau de renseignement Kléber, décimé dans la région parisienne.

C’est la 2e phase de son action en métropole. Elle sera brève, de novembre 1943 à la Libération, mais stupéfiante d’efficacité. Sous le pseudonyme de Marco, Guy de Saint-Hilaire, à peine initié au métier de la recherche, va pleinement assumer sa mission et l’étendre ensuite à la zone Nord-Ouest pour pallier les défaillances du réseau Kléber.

Je n’ai pas la prétention de détailler une telle oeuvre. Il l’a fait lui-même dans un rapport qui enrichit l’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale. Pourtant, j’ai à coeur d’évoquer deux souvenirs: A Alger, le 23 octobre 1943 vers 16 heures, j’assure l’embarquement de Guy de Saint-Hilaire sur le sous-marin ” La Perle “. Il doit le déposer sur la côte varoise et y trouver mes camarades pour l’acheminer vers une destinée dont je sais tous les risques. Calme, souriant, il me serre longuement la main comme pour me rassurer sur la force de sa détermination. A Londres, le 4 juin 1944 au petit matin, j’accueille le Chef du réseau Kléber, le Commandant Gustave Bertrand arraché de France par un avion britannique. Il me remet un énorme courrier préparé par son adjoint le Capitaine Lochard. Une heure plus tard, le Colonel Scheen, Chef du 2e Bureau du Général Eisenhower dépouille avec moi la masse des documents. Il en émerge un ordre de bataille, détaillé et précis, de la Wehrmacht de l’embouchure de la Seine à la Normandie. A 48 heures du débarquement, nos alliés peuvent miraculeusement vérifier et compléter leurs connaissances sur le dispositif défensif ennemi.

Ce travail, digne de professionnels était l’oeuvre de ” Marco “. Il honore ceux qui, avec lui, se sont lancés à corps perdu dans la bataille de France. Scrupuleux, soucieux de voir reconnus les mérites de ses compagnons, Guy de Saint-Hilaire n’a cessé depuis la Libération de les mettre en valeur. Homme de coeur, il a maintenu avec eux ces liens affectifs puissants noués dans l’épreuve de la Libération. Ce n’est pas la moindre de ses qualités.

Très attaché à notre association, passionné par notre combat pour la Vérité historique, il lui a apporté le concours permanent de sa pensée rigoureuse et sage.

Rendre hommage à un tel compagnon, dont la distinction séduisait, est le triste privilège de mon âge. Hélas, il a ses rudes contraintes et mon éloignement de ce cercueil en est la plus pénible “. Ne pouvant assister à ses obsèques, le Général de Boissieu a tenu à rappeler, dans une lettre adressée à son fils, le rôle éminent du Capitaine Guy de SaintHilaire dans la Résistance et les opérations de la Libération. L’A.A.S.S.D.N. conserve le souvenir de son grand Ancien et exprime à sa famille ses plus sincères condoléances.




LES SERVICES SPECIAUX A ALGER par le Général Louis RIVET

Quelques mémorialistes d’après-guerre ont évoqué une querelle qui a aggravé le désaccord fondamental entre le Général GIRAUD et le Général de GAULLE: c’est celle des SERVICES SPECIAUX. Ils se sont hâtés d’en donner une explication qui a provoqué en son temps une brève polémique, prolongement regrettable des acides colloques d’Alger.

Sollicité par une actualité autrement passionnante, le grand public l’a ignorée, tout au plus lui a-t-il accordé une attention “lasse et lointaine. Cela valait sans doute mieux.Mais voici que l’Histoire, celle qui nous survit, nous y ramène sous la plume prestigieuse du Général de GAULLE. La postérité est, cette fois, appelée à juger du débat.




Parcours de A Achiary -Main dans la main avec le service-bulletin n4 -1955

Chef de la Brigade de la Police de Surveillance du Territoire d’ALGER, André ACHIARY fut l’un des piliers de notre Contre – Espionnage de 1939 à 1944. Patriote avisé et ardent, il donna à la BST d’Alger, dès Juillet 1940, une impulsion résistante qui se révéla décisive dans la lutte contre l’occupant. En marge de ses occupations techniques, il accorda au TR, une aide constante et sans réserve, il fut aussi l’un des promoteurs de la Libération de l’AFN. Avec tous ses collaborateurs il prit une part glorieuse dans la réussite du 8 Novembre.




Le TR africain participe a la victoire en Tunisie Un exemple d’intoxication

Tous les anciens du poste TR 119 qui le connaissaient l’appelaient “le Chinois” ; on a souvent parlé de lui à la D.S.M. à ALGER. Il avait été baptisé ainsi dans l’Abwehr à BERLIN-RANGSDORF.Les camarades de service britannique à ALGER appréciaient beaucoup le travail du “Chineese”.Grâce au « Chinois » le Poste TR d’ALGER peut revendiquer sa part dans la victoire de la guerre de Tunisie.

Installé dans une maison à DRACIA pendant des heure il chiffrait et déchiffrait des télégrammes. Pendant ses loisirs, il était jardinier, chauffeur ou coiffeur. Sa principale occupation consistait à renseigner de nuit à heures fixes le Q.G. allemand sur les opérations militaires des Alliés en AFN.