Eloge funèbre au général Georges Grillot

Éloge funèbre prononcé lors des honneurs militaires rendus le 18 Juillet 2024 au général Georges Grillot, Grand-croix de la Légion d’honneur, décédé le 13 juillet 2024 à l’Institut national des invalides.

Commentaire AASSDN : La vie du général Georges Grillot est à bien des égards exemplaire pour notre époque:
– Il a agit au seul service des intérêts fondamentaux de la France, là où il a été envoyé comme tous les soldats, avec discrétion, efficacité et détermination.
– Il a su se faire aimer de ses hommes, souvent d’anciens ennemis, au point de leur faire une confiance totale et de les commander au combat.
– Il a enfin fait preuve en toutes circonstances de beaucoup de clairvoyance et d’un grand courage, autant de qualités essentielles aux vrais chefs.
Loin de toute repentance, son exemple nous conforte dans notre fierté de Français et nous rappelle nos devoirs envers notre Patrie.

Aujourd’hui, nous honorons la mémoire d’un soldat de l’ombre. Le général Georges Grillot s’est éteint samedi 13 juillet, jour de son 98ème anniversaire. Le général Grillot représente toute une époque, celle de ceux qui ont combattu dans des guerres dont on parle peu et une façon de combattre, celle dont on ne parle pas. Dans l’armée, il a gravi toutes les marches, guidé par le goût de l’effort et la vertu du mérite transmis très jeune par ses parents et confortés au petit séminaire. Il s’engage dès 1946 comme soldat au 15e régiment de tirailleurs sénégalais et part pour l’Algérie. Il y est promu caporal-chef. De retour en France, il entre dans le corps des sous-officiers et embarque à Marseille comme sergent pour rejoindre l’Indochine au sein du 6e régiment d’infanterie coloniale.

Il y mène ses premiers combats, reçoit ses premières blessures et découvre une guerre différente de celle qui lui avait été enseignée. La contre-insurrection deviendra le type de combat dans lequel il excellera. Envoyé dans le Nord du Tonkin où il commande un poste isolé, il découvre un adversaire manœuvrier, insaisissable, passé maître dans l’art de l’embuscade et du harcèlement. Il a très tôt l’intuition que pour vaincre cet ennemi il faut appliquer une partie de ses méthodes. Conscient de la valeur des combattants indochinois et de leur connaissance irremplaçable du terrain, il crée donc sa propre section de partisans. De la même trempe qu’un adjudant-chef Vandenberghe, il fait partie de ces hommes qui ont su s’adapter et comprendre la guerre qu’ils menaient.

Les trois blessures reçues en Indochine disent tout des combats menés : par balle en mai 1949, en tombant dans un piège piqué de bambous en septembre 1949 et par l’explosion d’une grenade piégée en décembre de la même année. Première expérience de la guerre, ce séjour indochinois marquera à jamais le jeune sergent Grillot. De retour en France en 1951, il est promu sergent-chef et prépare le concours de l’école spéciale militaire interarmes qu’il intègre en 1953 au sein de la promotion « Ceux de Diên Biên Phu ». Promu sous-lieutenant, il choisit l’arme de la cavalerie. Toutefois, c’est avec le 151e régiment d’infanterie motorisé qu’il embarque en 1955 pour l’Algérie. Nouveau territoire, nouvelle guerre, mais il retrouve un peu de ce qu’il a connu en Indochine. Voulant mettre à profit son expérience, il croise le colonel Bigeard à qui il demande de rejoindre son unité, le 3e régiment de parachutistes coloniaux.

Les combats sont rudes, l’adversaire organisé et déterminé. Il est de nouveau blessé par balle en 1956 dans le secteur des Aurès, alors qu’il donnait l’assaut sur une position tenue par des rebelles retranchés. La gravité de la blessure impose un retour en France. Un peu moins de six mois de convalescence, une promotion au grade de lieutenant et il repart pour l’Algérie au début de l’année 1957 et ne reviendra qu’en 1962. Il est identifié par le colonel Bigeard pour créer un commando de chasse particulier, composé uniquement d’anciens fellaghas recrutés parmi les prisonniers. Son expérience indochinoise, sa certitude que la victoire passe par la population, sa connaissance des hommes et sa dévotion la plus totale à la mission en font le candidat idéal. Son commando portera son nom : le commando Georges. Il le dit lui-même, la guerre, c’est la misère. La devise du commando est trouvée : « Chasser la misère ».

Exigeant avec ses hommes comme avec lui-même, il sait que seule l’excellence, sans être une garantie, permet de vaincre. Son commandement est marqué par le souci porté à ses hommes et par la foi qu’il a en eux. Il teste d’ailleurs leur loyauté en mettant sa vie en jeu. Il s’endort au bivouac avec les prisonniers tout juste libérés et recrutés, sans arme à portée de main. Au réveil, il est vivant : la confiance est établie. Les combats sont permanents, de jour comme de nuit. Il faut aller au contact, débusquer l’adversaire tout en protégeant la population pour lui permettre de mieux vivre. Il est sincèrement attaché à l’Algérie mais la situation se dégrade. Certains de ses hommes sont assassinés, lui-même échappe de peu à une tentative d’assassinat. Il essaiera jusqu’à la fin de sauver son commando ; seuls quelques-uns rentreront avec lui.

Il est maintenant capitaine et de retour en France, il retrouve la cavalerie mais pour peu de temps. Il s’est imposé en faisant la guerre autrement et c’est donc naturellement qu’il rejoint les services spéciaux au sein du bataillon des parachutistes de choc. Il passera ensuite par l’école de cavalerie à Saumur où il sera promu chef d’escadrons avant d’être affecté au 12e régiment de cuirassiers. Lieutenant-colonel en 1973, il prend le commandement du 3e régiment de hussards à Pforzheim de 1975 à 1977. Quel symbole que de lui rendre hommage devant l’étendard de l’unité qu’il a commandée ! Quel symbole pour les jeunes soldats sur les rangs que de pouvoir se nourrir de l’exemple d’un chef aussi audacieux. Promu colonel en 1978, il achèvera sa carrière en commandant le service action du Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage, le SDECE, ancêtre de la DGSE. La devise du service : « Ad augusta per angusta », « vers les sommets par des chemins étroits », résumé parfait de la carrière du général Grillot.

Il est promu général de brigade en juin 1982 et quitte le service actif six mois plus tard. Son engagement se poursuit, en faveur de la jeunesse, en assurant la direction de la fondation des Orphelins d’Auteuil et en créant une association au profit des enfants défavorisés du Liban. En écrivant aussi un livre au titre évocateur, « Mourir pour la France ? ». Homme de la terre, c’est pour elle qu’il s’est battu, le plus souvent à des milliers de kilomètres de son Morvan natal. Chef proche de ses hommes, c’est aussi pour eux qu’il s’est battu avec cette « parcelle d’amour » dont parlait Lyautey.

Des rizières d’Indochine au djebel algérien, son engagement a été total. Celui de sa famille aussi. Son épouse Gisèle, qui s’est éteinte en 2009 et ses deux filles, Sylvianne et Sylvie, ont partagé cet engagement sans l’avoir choisi. Soyez-en remerciées. Nous rendons aussi hommage à un pensionnaire qui vivait au sein de l’institution des Invalides depuis 2015, lieu créé pour la guérison et le repos des soldats. Il a terminé ses jours entouré des soins du personnel de l’institution, ainsi que des bénévoles, que je remercie pour leur dévouement.

Mon général, cité 18 fois, grand-croix de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, médaillé militaire, titulaire de la croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs et de la croix de la Valeur militaire, les honneurs sont à la hauteur de votre engagement inconditionnel pour la France. Aussi discret au quotidien que meneur d’hommes intrépide au combat, vous avez marqué ceux qui vous ont croisé. Comme écrit dans une de vos citations, « indicatif Georges, un nom, une légende », c’est pour vous qu’aujourd’hui, le drapeau qui flotte au-dessus de la cour d’honneur est en berne, rappelant ainsi à tous que l’hôtel national des Invalides dit adieu à l’un de ses illustres pensionnaires. Nous allons maintenant vous faire honneur dans le silence de la cour des Invalides.

Paris, le jeudi 18 juillet 2024.




Hommage au général Georges GRILLOT (1926-2024)

Le général Georges Grillot, Grand-Croix de la Légion d’Honneur et titulaire de la Médaille militaire, est décédé en 2024, le jour de ses 98 ans. Sa carrière exemplaire s’est notamment distinguée par la création du Commando Georges en Algérie, ses actions au sein de la DGSE, et son dévouement continu envers les harkis et diverses œuvres caritatives jusqu’à la fin de sa vie.

Sous-officier à Cherchell en 1947, gravement blessé au combat en Indochine, Georges Grillot entre à l’école militaire Interarmes (EMIA) en 1953, médaillé militaire et titulaire de cinq citations dont deux à l’ordre de l’Armée.

A la sortie de l’Ecole d’application de l’arme blindée cavalerie en 1955, il est affecté en Algérie au 3e RPIMA sous les ordres du Lieutenant-colonel Bigeard et crée alors le célèbre « Commando Georges », composé uniquement de harkis (combattants Nord Africains). Le commando « Georges » s’illustra pendant 3 ans dans des opérations périlleuses particulièrement réussies, s’attirant l’estime et la reconnaissance de tous grâce à sa devise  « Chasser la misère ». Son but était de ramener la paix au plus tôt. A son apogée, il atteint 259 personnes. 30 perdront la vie lors des combats de 1959 à 1962.

Le Lieutenant Georges Grillot poursuivra une brillante carrière militaire. Chef du service « action « de la DGSE, lieutenant-colonel, il commanda en second, en 1973, le 12e régiment de cuirassiers en Allemagne (Dauphin Cavalerie) où j’eus l’honneur de servir sous ses ordres puis fut chef de corps du 3e régiment de hussards.  Il termina sa carrière, général de brigade, Grand-Croix de La Légion d’Honneur, médaille militaire, titulaire de cinq blessures et 18 citations. Tous ses subordonnés conservent le souvenir de son panache et de son courage, son esprit non conventionnel, sa capacité de conviction, de décision et d’audace. Un chef apprécié par ses hommes. Pensionnaire de l’Institution Nationale des Invalides, il supporta vaillamment les dures années de fin de vie.

Le général Grillot, en 2e section, consacra son énergie :

  • à la commune de Vauclaix dans la Nièvre dont il fut maire.
  • à l’association « Souvenir du commando Georges » dont le but est de soutenir les harkis.
  • à l’œuvre « Une lumière au Levant » au service de la francophonie au Liban en distribuant du matériel pédagogique et des livres en français dans les écoles de toutes confessions.
  • à sa paroisse du 16e arrondissement.

Toujours attentif au sort des harkis, il développa une intense action en leur faveur, notamment pour leur reconversion. Ses efforts furent couronnés de succès le 25 septembre 2001 lorsque le président de la République, Jacques Chirac, institua la « journée Nationale des Harkis » et reconnu la responsabilité de la France dans leur abandon, sur place, après l’indépendance de l’Algérie. 70 000 furent assassinés !!

Le général Grillot est l’auteur du fameux ouvrage :
«  Mourir pour la France » éditions économica (ISBN 2-7178-3787-6).

Qu’il repose dans la paix du Seigneur au milieu de ces chers harkis !

Par : CES (h) René Jeannin-Naltet
Délégué régional de l’AASSDN

Le commando Georges

Créé en 1959 à Saïda (Algérie) par le lieutenant Georges GRILLOT, sous les ordres du Lieutenant-Colonel BIGEARD, le commando Georges est composé uniquement de harkis (combattants Nord Africains). A son apogée, fort de 259 personnes, il se spécialisa dans la contre-insurection en retournant les membres du FLN qu’il avait pu faire prisonniers. Le Commando « Georges » s’illustra pendant 3 ans dans des opérations périlleuses particulièrement réussies, s’attirant l’estime et la reconnaissance de tous grâce à sa devise « Chasser la misère ». (cf.écusson). Son but était de ramener au plus tôt la paix.

En 1962, après l’indépendance, tous les commandos restés volontairement en Algérie, seront assassinés !! Seuls 34 viendront en France dont le Lieutenant Youssef Ben Brahim qui, lui, sera assassiné en Dordogne le 27 juillet 1968.

La promotion de juin 2010 de l’Ecole d’Application de l’Infanterie à Montpellier porte le nom « Lieutenant Youssef Ben Brahim « ainsi qu’une salle de formation de l’école à Draguignan.

On ne peut, sans émotion, relire l’ordre du jour n° 3 du colonel commandant le secteur de SAÏDA, 13e division d’Infanterie et Z.SO :

« Créé par un acte de foi, bâti sur la confiance, cimenté par l’idéal d’une France et d’une Algérie unies dans la fraternité, le commando Georges disparaît aujourd’hui, n’ayant plus sa place dans un climat ou la haine et le désespoir l’emportent.

Symbole vivant, il a, par de lourds sacrifices des meilleurs des siens, payé sa fidélité inébranlable à la ligne de conduite tracée par son fondateur le colonel Bigeard. Son nom demeurera parmi les combattants d’Algérie, uni à son chef, le capitaine Grillot, comme un rare exemple de vaillance et un témoignage éclatant de la générosité dans le don et le pardon.

Un jour viendra où sa devise s’imposera après l’épreuve, et où Français et Algériens se retrouveront unis pourChasser la misère

Le colonel MAIRE, commandant le secteur de SAÏDA ; 28 avril 1962.

A lire :

  • « Commando Georges « par le Général R.GAGET ; éditions Jacques Grancher (juin 1990)
  • « Mourir pour la France «  par le Général Georges Grillot ; éditions économica (janvier 1999)



Orban en Chine : Négociations pour un cessez-le-feu en Ukraine

En Juillet 2024, une visite en Chine a été conclue par Viktor Orban, Premier ministre hongrois et président de l’Union européenne, afin de promouvoir un cessez-le-feu en Ukraine et d’ouvrir des négociations de paix. Cette initiative s’inscrit dans une série de démarches diplomatiques entreprises pour tenter de résoudre le conflit, malgré les réticences de l’Occident et la complexité des positions des belligérants.

Avis AASSDN : Une analyse claire et argumentée sur les démarches de Victor Orban en vue de la recherche d’un cessez le feu dans le conflit en Ukraine. Elle tient compte notamment la situation militaire tactique sur le front russo-ukrainien et sur la perspective éventuelle d’emploi de l’arme nucléaire tactique par la Russie en cas d’attaques dans la profondeur du territoire russe par des armes de longue portée fournies par les pays de l’OTAN.

Le 8 juillet 2024, Viktor Orban, Premier ministre hongrois et président de l’Union européenne jusqu’en décembre, a conclu une visite en Chine. Cette “mission 3.0” visait à discuter d’un potentiel cessez-le-feu en Ukraine et de négociations de paix. Orban avait auparavant rencontré les présidents ukrainien et russe, Vladimir Poutine ayant déjà montré une ouverture limitée aux négociations. Cependant, Zelensky reste déterminé à poursuivre la guerre.

Orban prône une résistance immédiate sans capituler, comme le conseille le Pape. Il doute de l’efficacité de l’aide prochaine de l’OTAN et craint que l’utilisation d’armes occidentales par l’Ukraine n’entraîne une escalade dangereuse. La Chine, avec son plan de paix en douze points publié en 2023, pourrait jouer un rôle clé. Bien que ce plan ait été initialement rejeté par les soutiens de l’Ukraine, il propose des bases pour des négociations concrètes.

Orban, agissant seul, espère apaiser les tensions en Ukraine et critique l’Occident pour son soutien continu à la guerre, estimant que la victoire de l’Ukraine est improbable. Son initiative est perçue négativement par l’OTAN et l’Union européenne, mais il persiste, prévoyant même une rencontre avec Donald Trump en Floride.

En conclusion, Orban appelle à un cessez-le-feu immédiat et sans conditions, sous la supervision d’une commission d’armistice de l’ONU, excluant les pays directement ou indirectement impliqués dans le conflit.

Auteur : général (2s) Daniel Schaeffer,
membre du groupe Asie21-Futuribles,
ancien attaché de défense en Thaïlande, Vietnam et Chine




    Lancement de SouvTech Invest, une plateforme de financement participatif dédiée à la Défense

    L’industrie de défense nécessite des capitaux importants pour pouvoir se développer et ainsi mettre au point ses nouveaux projets. La plateforme SouvTech Invest a l’ambition de devenir l’un des outils de ces financements. Entretien avec Pierre-Elie Frossard. 

    Commentaire AASSDN : On peut être très dubitatif sur l’idée de développer des fonds participatifs en matière de défense. Les projets d’armements ont deux caractéristiques qui demeurent : ce sont des projets de très long terme et leur financement est assuré actuellement exclusivement par des fonds publics étatiques ou européens.

    La rentabilité des fonds investis dans la défense est toujours aléatoire et complètement dépendante du politique. Pour un investisseur privé il est beaucoup moins risqué de placer des fonds dans des activités civiles à cycle court qui peuvent rapporter très vite des dividendes intéressants. Investir dans la défense stricto sensu ne peut être rentable que si des dispositifs fiscaux très favorables rendent la rentabilité probable à une échéance comparable à celles des activités civils (typiquement, 2 à 3 ans), si toutefois la législation européenne et la pression des ONG  n’y font pas trop obstacle. A partir de là plusieurs stratégies financières peuvent être utilisées si toutefois la législation européenne n’y fait pas trop obstacle.

    Bien entendu cela peut passer pour des activités duales, mais ce sont les débouchés civils qui seront premiers et la défense devient une retombée.

    Parler actuellement d’économie de guerre n’est pas très sérieux pour l’instant. Pendant les 2 Guerres Mondiales, on a réquisitionné les industries de production pour faire du matériel de guerre. (Michelin, par exemple, fabriquait des bombardiers et Renault des chars !). On en est loin aujourd’hui et on ne peut pas le regretter. Il s’agit simplement de recréer des capacités qu’on avait supprimé au nom des dividendes de la paix, comme par exemple recréer des capacités de fabrication d’obus.  Mais le financement de ces nouvelles capacités, ne pourra être « privatisé » que si les Etats ou l’Europe donnent des garanties suffisantes de rentabilité pour rassurer le monde de la finance…

    C’est donc bien le niveau politique qui peut seul agir si on veut réellement aller dans cette voie …

    SouvTech Invest est une plateforme de financement participatif lancée par Vauban Finance, un cabinet de conseil spécialisé dans l’industrie de la défense, cofondé par des professionnels expérimentés de grands groupes comme MBDA et Nexter, ainsi qu’un ancien banquier. Cette initiative vise à résoudre les difficultés de financement bancaire rencontrées par les entreprises de la base industrielle de technologie et de défense (BITD).

    La plateforme cible principalement deux types d’entreprises :

    1. Startups pour soutenir l’innovation.
    2. PME/ETI pour la réindustrialisation.

    Les investisseurs peuvent choisir entre deux formes d’engagement :

    • En fonds propres (equity) : acheter des parts d’entreprises, visant surtout l’innovation.
    • En produits de dette : prêter de l’argent aux entreprises contre des intérêts, utilisé principalement pour la réindustrialisation.

    Le lancement de SouvTech Invest coïncide avec un changement de paradigme en France, notamment depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, qui a sensibilisé le public à l’importance d’une économie de guerre. Cette initiative permet aux Français d’investir directement dans le secteur de la défense, offrant des opportunités financières et patriotiques.

    La France possède une industrie de défense diversifiée et technologiquement avancée, couvrant tous les besoins des forces armées. Cependant, elle doit renforcer ses alliances européennes pour concurrencer les matériels américains souvent préférés par les partenaires de l’OTAN.

    Les principaux concurrents de l’industrie française sont la Corée du Sud, la Turquie et la Chine, dont les équipements sont de plus en plus compétitifs. Un avantage clé pour la France est l’utilisation éprouvée de ses équipements au combat, permettant des améliorations continues basées sur des retours d’expérience.

    SouvTech Invest se concentre sur la réindustrialisation et l’innovation technologique, soutenant les startups dans des domaines comme l’intelligence artificielle, le quantique, la cybersécurité, les nouveaux matériaux, et le New Space. L’objectif est de compléter le financement existant et d’encourager les citoyens à investir dans des projets de souveraineté nationale, contribuant à la protection et à la sécurité du pays.

    Cette plateforme propose donc une alternative complémentaire au système de financement actuel, permettant aux Français de s’investir directement dans la défense nationale par le biais de financements participatifs, apportant une nouvelle dimension à la protection du pays et au soutien de son industrie de défense.




    Capacité de projection en Indopacifique : l’armée lance la mission Pégase 2024

    Dans la continuité des projections réalisées en 2021 et 2022, l’armée de l’Air et de l’Espace se déploie de nouveau dans le Pacifique avec 19 aéronefs : 10 Rafale, 5 A330 MRTT Phénix et 4 A400M Atlas.

    Commentaire AASSDN : Avec Pégase 2024, l’armée de l’Air et de l’Espace démontre ses capacités de projection de puissance en Indopacifique. Les Rafale avec leur soutien logistique ne mettront que quelques jours pour rejoindre les forces françaises de souveraineté déployées en permanence dans le Pacifique et dans l’Océan Indien.

    La Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et la Réunion constituent de véritables porte-avions capables d’accueillir non seulement des Rafale mais aussi des avions cargos et ravitailleurs susceptibles de renforcer les forces présentes sur place et des bâtiments de la Marine nationale.

    Il est apparu indispensable d’accroitre le nombre d’A400 M (25 avions-cargos) et de ravitailleurs (12 MRTT A 330 Phénix) dont dispose l’armée de l’Air et de l’Espace. Cet exercice est une démonstration de la capacité de protection de nos compatriotes ultra-marins et de dissuasion de la France dans ce vaste espace stratégique Indopacifique où notre pays possède plus de 50% de sa zone économique exclusive (ZEE).
    Rappelons que les DROM – COM représentent une superficie terrestre de 120 000 km2 et de 11 millions de km2 d’espace maritime (ZEE).

    Pendant plus d’un mois (du 27 juin au 15 août 2024), avions de chasse, ravitailleurs et transporteurs français participeront à plusieurs exercices interalliés et réaliseront des escales valorisées en Corée du Sud, Japon, Indonésie, Qatar et Djibouti. Nation riveraine et souveraine de l’Indopacifique, la France démontre sa capacité à protéger sa population et ses intérêts dans la zone par des déploiements réguliers.




    “La Résistance au service de Sa Majesté” : un film d’espionnage révèle le rôle méconnu du SOE Britannique

    Le 8 août prochain à 21h45, Arte diffusera un documentaire captivant intitulé “La Résistance au service de Sa Majesté”. Réalisé par Cécile Coolen et co-écrit avec Olivier Wieviorka, ce film plonge les spectateurs dans les coulisses méconnues de la Seconde Guerre mondiale.

    Commentaire AASSDN : Le délégué Paris-Ile de France s’est rendu au musée de la Légion d’honneur le mercredi 12 juin à l’invitation de Madame Cécile Coolen, amie de l’AASSDN qui présentait dans le cadre d’une projection privée son dernier documentaire sur le SOE : ”La Résistance, au service de Sa Majesté”. Madame Cécile Coolen est une réalisatrice et chef monteuse de plus de 100 films reconnus dans les festivals internationaux, spécialisée dans les documentaires d’archives, en particulier sur les services de renseignement en temps de guerre. Le documentaire d’une durée d’un heure présentait les différents mouvements de Résistance et les acteurs en Europe occupée, France, Belgique, Danemark, Yougoslavie et Grèce soutenus par le SOE.

    Ce documentaire monté à partir d’archives peu ou même inconnues était particulièrement intéressant même si la réalisatrice pour une question de longueur a été dans l’obligation de faire l’impasse, notamment sur la mise en place du premier réseau de résistance en France occupée par le BCRA avec le soutien des Anglais et l’accord du général de Gaulle (Mission Savanna du capitaine Berger et Joël Le Tac en 1941).

    Le délégué a aussi exprimé ses réserves auprès de la réalisatrice quant à la présentation de la résistance yougoslave uniquement centrée sur les partisans communistes du maréchal Broz Tito et omettant complètement le rôle et la place de la résistance royaliste incarné par le colonel Draza Mihailovic (décoré de la Croix de guerre par le général de Gaulle). Une cinquantaine d’invités se sont retrouvés à l’issue de la projection autour d’un verre et ont été en mesure d’échanger avec la réalisatrice. De Jean-Marc Montaron, Membre de l’AASSDN

    Le SOE, un service secret méconnu

    Dans l’imaginaire collectif, la Résistance est souvent associée à des groupes de partisans agissant seuls contre l’occupant nazi. Pourtant, dans de nombreux pays sous tutelle, ces réseaux clandestins ont été mobilisés, organisés et financés par un service secret britannique, le SOE (Special Operations Executive). Le documentaire explore le rôle central de cette agence et révèle comment elle a entraîné et parachuté des agents spécialement formés sur leur terre natale, notamment en France, en Belgique, en Norvège, au Danemark, en Italie et en Grèce.

    Des agents au profil inattendu

    Pour raconter cette histoire méconnue en France, la réalisatrice Cécile Coolen a choisi de mêler le genre du film d’espionnage à une dimension humaine profonde. Les opérations du SOE reposaient sur des agents aux profils inattendus, tels qu’un étudiant en droit idéaliste, une femme au caractère bien trempé, un aventurier amoureux ou encore un diplomate proche de Churchill. Elle a retracé leurs parcours dans un récit tout en archives, grâce à leurs dossiers récemment déclassifiés, et aux témoignages de leurs familles, qui lui ont confié des photographies inédites issues de leurs albums personnels.

    Une stratégie complexe pour Churchill

    Le film explore également la stratégie de Winston Churchill à l’échelle du continent européen. Si le Premier ministre britannique a sincèrement œuvré à la libération de l’Europe du joug nazi, il n’a pas hésité à s’immiscer dans les politiques intérieures des pays où le SOE était actif. Cette double perspective, entre défense de la liberté des peuples et intérêts stratégiques, a souvent donné lieu à des résultats contrastés, façonnant ainsi l’après-guerre pour le meilleur et pour le pire.

    Un récit haletant et bouleversant

    À travers des images rares, “La Résistance au service de Sa Majesté” offre un récit haletant qui bouscule l’imaginaire collectif sur la Seconde Guerre mondiale. Cécile Coolen, ancienne chef monteuse récompensée dans de nombreux festivals internationaux, signe ici son premier film en tant que réalisatrice, alliant son expertise du montage à sa passion pour l’histoire.

    Le documentaire “La Résistance au service de Sa Majesté”, réalisé par Cécile Coolen et co-écrit avec Olivier Wieviorka, offre un regard inédit sur le rôle essentiel joué par les services secrets britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale. En explorant les opérations du SOE et en mettant en lumière des agents méconnus de la Résistance, ce film captivant révèle une facette peu connue de l’histoire de la guerre.
    Ne manquez pas la diffusion de ce récit bouleversant le 8 août à 21h45 sur Arte.

    Auteur : Jérémie Raude-Leroy




    Etats-Unis–Russie : puisqu’il faut parler d’escalade…

    Depuis le dimanche 23 juin 2024, tout s’est aggravé très vite entre les Etats-Unis et la Russie – mais il y avait des signes annonciateurs – des nuées qui s’accumulaient sans bruit. Avec des conséquences aussi sur la position d’Emmanuel Macron, passées ici inaperçues. Regardons les faits.

    Commentaire AASSDN : Une analyse soigneusement argumentée et très pertinente sur la montée des risques d’embrasement et d’extension territoriale du conflit russo-ukrainien.

    « L’administration Biden s’apprête à lever l’interdiction de facto imposée aux prestataires militaires américains de se déployer en Ukraine, ont indiqué à CNN quatre responsables américains au fait de la question, afin d’aider l’armée du pays à entretenir et à réparer les systèmes d’armement fournis par les Etats-Unis » (1).

    La chaine américaine CNN en détaillait le 25 juin, les raisons. « Les discussions font suite à une série de décisions prises par les États-Unis ces derniers mois pour tenter d’aider l’Ukraine à repousser les Russes. Fin mai, M. Biden a autorisé l’Ukraine à frapper des cibles à l’intérieur de la Russie, près de la frontière avec la ville ukrainienne de Kharkov, avec des armes américaines – une demande que les États-Unis avaient refusée à plusieurs reprises par le passé. La semaine dernière, cette politique a semblé s’étendre une fois de plus, lorsque le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que l’Ukraine pouvait contre-attaquer avec des armes américaines n’importe où le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie » – ce que Politico, qui suit l’actualité du Congrès à Washington, confirmait (2).

    Puis tout s’est précipité en quelques jours.

    Le résultat de l’autorisation américaine donnée aux Ukrainiens ne s’est pas fait attendre avec l’attaque le 23 juin, jour de la Pentecôte orthodoxe, de cinq missiles américains ATACMS équipés d’ogives à sous-munitions lancés par l’armée ukrainienne sur des plages, au nord de la ville de Sébastopol, en Crimée. Aucune cible militaire n’a été touchée. « Quatre missiles auraient été abattus par la défense russe, mais l’ogive d’un autre a explosé en l’air au-dessus de la plage, son épave et les sous-munitions ont frappé les civils » explique Anthony Marcus, correspondant pour Eurasia Business News (3). « Initialement, le bilan provisoire était de quatre personnes tuées, dont deux enfants, comme l’indique le ministère de la Santé. Le nombre de victimes blessées suite à ces frappes est passé à 144, dont 83 sont pris en charge dans les hôpitaux de Sébastopol (56 adultes et 27 enfants) puis à 153 victimes (données du 25 juin). Plusieurs enfants ont été envoyés à l’Hôpital pour enfants de Moscou, pour y recevoir des soins intensifs. Au moins cinq enfants ont été placés en réanimation ».

    Peu d’échos dans la presse des deux côtés de l’Atlantique – mais, remarque le Canberra Times australien (4), « des responsables russes ont déclaré que le conflit entrait dans l’escalade la plus dangereuse à ce jour ».  

    Officiels dont le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov. « “Bien entendu, l’implication des États-Unis dans les combats, qui entraînent la mort de Russes pacifiques, ne peut qu’avoir des conséquences”, a-t-il dit ». Ceci sachant que les Ukrainiens ne peuvent mettre en œuvre seuls lesdits missiles, installation et désignation des cibles. Dans le même temps, Sergueï Lavrov « a convoqué l’ambassadrice des États-Unis, Lynne Tracy, et lui a dit que Washington “menait une guerre hybride contre la Russie et était en fait devenu partie au conflit” » (4). Quelqu’un a dû entendre le sérieux de l’avertissement à Washington puisque, pour la première fois depuis plus d’un an, – le 15 mars 2023 exactement – le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, a appelé le 25 juin son homologue russe, Andreï Belousov, le récent successeur de Sergueï Choïgou (5) – annonce du Pentagone. Officiellement pour garder ouvertes des voies de communication. Et les informations sur le contenu réel de la conversation sont rares.

    Rares et contradictoires, note un ancien sous-secrétaire adjoint à la défense, Stephen Bryen (6). Par exemple ? « Des blogueurs russes ont rapporté que les Russes avaient abattu un drone américain Global Hawk au-dessus de la mer Noire. Cependant, les États-Unis ont déclaré que leur drone supposé être impliqué dans le ciblage (des plages de Sébastopol), identifié comme un RQ-4 Global Hawk, était retourné sain et sauf à Sigonella (Sicile) ». Stephen Bryen note encore que « les informations russes ne concernent pas le maintien des communications (entre Washington et Moscou). Les Russes rapportent que Belousov et Austin ont “échangé des points de vue sur la situation en Ukraine”. Selon le ministère russe de la défense, M. Belousov “a souligné le danger d’une nouvelle escalade de la situation liée à la fourniture continue d’armes américaines aux forces armées ukrainiennes”.  Le ministère a également indiqué que “d’autres questions ont également été abordées” ».

    C’est que, rappelle Stephen Bryen, les incidents graves se sont multipliés qui touchent à la sécurité de la Russie. 

    « Avant l’attaque de la Crimée, l’Ukraine a lancé deux attaques de drones contre des stations radar stratégiques russes d’alerte précoce. Ces attaques auraient nécessité une aide au ciblage de la part des États-Unis et de l’OTAN, y compris des tactiques d’évasion pour éviter les défenses aériennes russes. Contrairement aux États-Unis, qui disposent de capacités d’alerte rapide par satellite, les Russes dépendent de radars terrestres capables d’alerter les défenses aériennes conçues pour intercepter les missiles balistiques ». On sait qu’une station a été touchée, sans en connaître la gravité. Et encore ? « Le même jour que l’attaque sur la plage de Sébastopol (23 juin), quatre missiles ATACMS ont été tirés sur la base radar NIP-16 du centre de communications spatiales à longue portée, à Vitino, en Crimée. “Le NIP-16 était destiné à accueillir le complexe de communication avec l’espace lointain Pluton, qui pouvait maintenir le contact avec des engins spatiaux jusqu’à une distance de 300 millions de kilomètres ». Enfin, « Le 26 juin, le lendemain de l’appel d’Austin, l’armée ukrainienne a bombardé une station de surveillance des radiations près de la centrale nucléaire de Zaporozhye, la plus grande installation de ce type en Europe. L’attaque visait une station de surveillance située à Velikaya Znamenka, un village situé à environ 15 km à l’ouest de la centrale nucléaire. La station de surveillance a été détruite lors de l’attaque ».

    La situation inquiète aussi l’ancien ambassadeur britannique Alastair Crooke

    On le sait, dit-il, Vladimir Poutine a proposé le 14 juin, en même temps que se tenait la « conférence pour la paix » en Suisse, près de Lucerne, sa solution pour mettre un terme à la guerre en Ukraine. Il a rejeté clairement « les dispositifs tels que les “cessez-le-feu” ou les “gels”. Il recherche quelque chose de permanent : Un arrangement qui a des “jambes solides”, qui est durable ». Pensait-il qu’il serait entendu à Washington ? « Pour être clair, Poutine ne s’attendait certainement pas à ce que ses propositions soient accueillies en Occident autrement que par le mépris et la dérision dont elles ont fait l’objet ». Pourquoi ce mépris ?

    La raison en est, pour notre ambassadeur, que « les Etats-Unis, dans leur état d’esprit, sont restés bloqués à l’époque de la guerre froide, dans les années 1970 et 1980 ». On en trouve les fondements dès 1992 dans la doctrine Wolfowitz (8) qui « soulignait la suprématie américaine à tout prix dans un monde post-soviétique, ainsi que “l’élimination des rivaux, où qu’ils se trouvent” ». Et le successeur de la puissante URSS « n’était pas son égal et n’était donc pas considéré comme suffisamment important pour être impliqué dans le processus décisionnel mondial ». Sauf que « la Russie est aujourd’hui un acteur mondial de premier plan, tant sur le plan économique que politique. Pourtant, pour la strate dirigeante des États-Unis, il est hors de question d’accorder un statut égal à Moscou et à Washington ».

    Un acteur russe de plus certain que « le monde ne sera plus jamais le même » avec la disparition du système de sécurité euro-atlantique. Et que seule une architecture de sécurité tenant compte des intérêts de chacun (« le Rimland et le Heartland dans un langage à la Mackinder* ») peut amener une paix durable. « Et pour être clair », ajoute Alastair Crooke, « si cette analyse est correcte, la Russie n’est peut-être pas si pressée de conclure les affaires en Ukraine. La perspective d’une telle négociation “globale” entre la Russie, la Chine et les États-Unis est encore lointaine ». Que peut-elle faire ? Laisser passer l’été et attendre l’après 5 novembre ? Avec le risque, d’escalade en escalade, de l’utilisation du nucléaire ? Les Américains pensent que Poutine bluffe.

    Pourtant leurs « chiffres mettent en avant le risque d’un échange nucléaire. S’ils pensent qu’il s’agit d’un bluff, c’est parce qu’ils présument que la Russie n’a pas beaucoup d’autres options ».

    Ce serait une erreur, affirme Alastair Crooke. « La Russie peut franchir plusieurs étapes dans l’escalade, avant d’atteindre le stade de l’arme nucléaire tactique : contre-attaque commerciale et financière ; fourniture symétrique d’armement avancé à des adversaires occidentaux (correspondant aux livraisons américaines à l’Ukraine) ; coupure de la distribution d’électricité en provenance de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie et de Roumanie ; frappes sur les passages frontaliers de munitions ; et s’inspirer des Houthis qui ont abattu plusieurs drones américains sophistiqués et coûteux, mettant hors service l’infrastructure de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) de l’Amérique » – toutes choses que nous avons, ici, en effet observées.

    La gravité de la situation serait-elle apparue à l’Elysée ?

    Notamment avec l’annonce de troupes de mercenaires américains au sol – mercenaires plutôt que soldats réguliers, Joe Biden ne souhaitant simplement pas voir revenir des body bags dans les familles aux Etats-Unis ? Parce que TASS annonçait dès le 24 juin que « la France n’enverrait pas de soldats en Ukraine dans un avenir prévisible » (9). Et que de plus, Emmanuel Macron souhaitait « poursuivre le dialogue avec Vladimir Poutine (10). Ce à quoi le Kremlin répondait le même jour « qu’aucune condition n’est nécessaire pour relancer le dialogue entre la Russie et la France » (11). Nous n’avons pas plus d’explications. Nous posons des faits.  

    « Nous marchons vers la guerre comme des somnambules » écrivait Henri Guaino le 12 mai dernier pour le Figaro. La voix de la France peut-elle encore compter ?

    Hélène NOUAILLE

    Rimland et Heartland carte

    Notes :

    (1) CNN, le 25 juin 2024, Natasha Bertrand et Oren Liebermann, Ukraine: Biden administration moving towards allowing American military contractors to deploy to country
    https://edition.cnn.com/2024/06/25/politics/biden-administration-american-military-contractors-ukraine/index.html 

    (2) Politico, le 20 juin 2024, Laura Seligman, US says Ukraine can hit inside Russia ‘anywhere’ its forces attack across the border
    https://www.politico.com/news/2024/06/20/us-says-ukraine-can-hit-inside-russia-anywhere-00164261

    (3) Eurasia Business News, le 23 juin 2024, Crimée :  attaque de missiles américains ATACMS à Sébastopol, 153 victimes
    https://eurasiabusinessnews.com/2024/06/23/crimee-attaque-de-missiles-americains-atacms-a-sebastopol-144-victimes/ 

    (4) The Canberra Times, le 24 juin 2024, Russia swears retaliation against US for Ukraine strike
    https://www.canberratimes.com.au/story/8673816/russia-swears-retaliation-against-us-for-ukraine-strike/

    (5) TASS, le 25 juin 2024, US defense secretary speaks over phone with Russian defense minister — Pentagon
    https://tass.com/world/1808411 

    (6) Weapons and Strategy, le 27 juin 2024, Stephen Bryen, Why Did US SECDEF Austin Call Russian Defense Minister Belousov ?
    https://weapons.substack.com/p/why-did-us-secdef-austin-call-russian

     (7) Strategic Culture, le 24 juin 2024, Alastair Crooke, Putin’s “war” to re-shape the American Zeitgeist
    https://strategic-culture.su/news/2024/06/24/putins-war-to-re-shape-the-american-zeitgeist/ 

    (8) The New York Times, le 8 mars 1992, Excerpts From Pentagon’s Plan: ‘Prevent the Re-Emergence of a New Rival’
    https://www.nytimes.com/1992/03/08/world/excerpts-from-pentagon-s-plan-prevent-the-re-emergence-of-a-new-rival.html

     (9) TASS, le 24 juin 2024, France not to send troops to fight in Ukraine in near future – Macron
    https://tass.com/world/1807781 

    (10) TASS, le 25 juin 2024, Macron says ready for dialogue with Putin
    https://tass.com/world/1807855 

    (11) TASS, le 25 juin 2024, Kremlin says no conditions needed to revive Russia-France dialogue
    https://tass.com/politics/1808141




    L’engagement de la CIA dans la guerre en Ukraine

    Afin de mieux mesurer l’ampleur de l’engagement de la CIA en Ukraine, il convient d’en rappeler les origines historiques et d’en analyser les opérations à partir des sources disponibles afin d’essayer de déterminer si l’agence essaie de limiter les dérapages du conflit ou s’attache seulement à le faire croire.

    Commentaire AASSDN : Le dossier de recherche du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2R) qui vous est proposé et auquel on peut accéder en suivant le lien placé en fin du bref résumé ci-dessous est particulièrement intéressant car il met une fois de plus en perspective les évènements récents dont on ne comprend l’origine, le sens et la finalité qu’en les inscrivant dans le temps long.
    Il est maintenant parfaitement documenté que les actions menées notamment par les Services américains, russes, allemands, anglais et ukrainiens ne commencent pas en 2022 ni même en 2014 mais immédiatement après la Deuxième Guerre mondiale dans le cadre de la Guerre froide.
    Les opérations secrètes qui se développent aujourd’hui ne sont que le prolongement de la guerre secrète qui est engagée entre les Russes et les Anglo-saxons depuis près de 80 ans pour maintenir ou restaurer leur leadership. L’Ukraine n’est que leur terrain d’affrontement.

    L’un des buts que se fixe l’AASSDN est de sensibiliser nos concitoyens aux dangers de la désinformation liée à la diffusion massive d’informations provenant souvent d’une seule source étrangère. Les anciens des Services spéciaux souhaitent contribuer à renforcer l’esprit critique des Français afin de les inciter et les aider à prendre le temps d’analyser et de décrypter les faits ou au minimum de faire preuve de prudence dans leur appréciation des situations. A cet égard, la quasi simultanéité entre la présentation des faits et des commentaires assénés par des experts auto-proclamés sur les plateaux de TV réduit à néant notre capacité d’analyse personnelle.

    Celui qui ne prend plus le temps de réfléchir par lui-même et de chercher à comprendre devient alors manipulable. Si le peuple est manipulé, il est vite asservi et perd inévitablement sa liberté de décider et d’agir ; il perd sa souveraineté car il est conduit par celui qui le désinforme. Le conflit en cours en Europe orientale est un véritable cas d’école. Il mérite d’être analysé à partir de sources distinctes et fiables, avec prudence et bon sens. Gardons-nous des jugements hâtifs.

    Savoir jusqu’où ne pas aller trop loin… Vraiment ?

    Courant 2023 et début 2024, plusieurs journaux américains ont révélé l’ampleur de l’aide apportée par la CIA aux services spéciaux ukrainiens. Des opérations qui vont de l’infiltration en territoire ennemi au sabotage, en passant par les assassinats ciblés.

    Ces médias attestent ainsi que depuis 2014, l’Agence a dépensé des dizaines de millions de dollars pour réorganiser les services ukrainiens, former de nouvelles unités d’action clandestine, fournir des systèmes de surveillance avancés et construire de nouvelles infrastructures afin d’espionner la Russie. Elle a également livré à son allié – mais aussi reçu de lui – une quantité impressionnante de renseignements.

    Parallèlement à cet engagement massif et sans ambigüité aux côtés de Kiev, les médias américains insistent néanmoins sur l’autre préoccupation qui animerait la CIA: limiter les actions trop offensives de Kiev contre la Russie afin d’éviter que le conflit ne s’étende au-delà des frontières de l’Ukraine, ou ne provoquent une escalade pouvant conduire à un affrontement nucléaire. Le défi est donc de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin…

    Le rapport peut être consulté sur le site




    Pourquoi l’Afrique a rompu avec l’« Occident »

    Enfermés dans leur bulle sociétale, les dirigeants occidentaux ne mesurent pas le niveau d’exaspération, voire d’indignation et d’écœurement provoqué par la guerre morale qu’ils mènent actuellement contre les piliers des cultures africaines.

    Commentaire AASSDN : Ce texte de Bernard Lugan, africaniste reconnu, pose la question de la relation entre le monde occidental et l’Afrique sous un angle rarement évoqué par les médias officiels et les dirigeants politiques européens et américains. Le refus de voir et reconnaître certaines réalités constitue un obstacle majeur dans l’établissement de relations solides et confiantes entre occidentaux et africains et dont nos compétiteurs asiatiques et russes tirent largement profit.

    « Il faut toujours dire ce que l’on voit ;
    surtout, il faut toujours,
    ce qui est plus difficile,
    voir ce que l’on voit. »
    Charles Péguy

    Le 16 mai 2024, lors d’un discours consacré aux relations entre l’Afrique et l’Europe prononcé à Dakar devant les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop en présence de Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a déclaré que la « promotion des droits des homosexuels alimente le sentiment anti-occidental en Afrique ».

    Sur un continent où les deux tiers des pays criminalisent l’homosexualité, les injonctions occidentales en la matière sont en effet ressenties comme des attaques directes à l’ordre naturel africain. Ici, les peines contre les homosexuels vont en effet de l’amende à la condamnation à mort. L’ancien président de Gambie, Yahya Jammeh affirmait pour sa part que son pays « lutterait contre ces vermines gays de la même manière qu’il combat les moustiques responsables du paludisme, sinon plus agressivement ». Quant au défunt président Mugabe du Zimbabwe, ce fut à la tribune de l’ONU qu’en 2015, il déclara que « l’Afrique ne voulait pas de gays sur son sol » car l’homme noir se devait de « perpétuer sa race avec des femmes. »

    C’est dans un ferme discours au ton très mesuré qu’Ousmane Sonko a condamné les « velléités extérieures d’imposer l’importation de modes de vie et de pensée contraires à nos valeurs et qui risquent de constituer un nouveau casus belli parce que, dans des pays comme le Sénégal, cela soulève énormément de tensions et d’incompréhensions tant cela met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposée ».

    Refusant ce nouveau diktat qui, à la différence des précédents, n’est ni politique, ni économique, mais « existentiel », Ousmane Sonko a déploré que « la question du genre revienne régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux, jusqu’à se poser comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers ».

    Enfermés dans leur bulle sociétale, les dirigeants occidentaux ne mesurent pas le niveau d’exaspération, voire d’indignation et d’écœurement provoqué par la guerre morale qu’ils mènent actuellement contre les piliers des cultures africaines.

    Ancrés sur leur arrogance, eux qui ne trouvent d’échos que dans le cap ouest de l’Europe et en Amérique du Nord, sont partout ailleurs balayés dans ce que le reste du monde considère comme un réflexe de survie. Cependant qu’en Afrique, sur les volutes de leur prétention morale, Russes, Chinois, Indiens, Indonésiens et Turcs tirent les marrons du feu…

    Le message d’Ousmane Sonko est très clair :  l’Afrique qui ne cédera pas à l’oukase existentiel du Nord a donc décidé de redevenir africaine. Un écho à ceux qui, de plus en plus nombreux, demandent quant à eux que l’Europe redevienne européenne… Ici et là,  référence est donc faite à l’identité, ce qui annonce le triomphe de l’ethno-différentialisme sur les nuées de l’universalisme.




    Trois avions Rafale en Guyane pour le lancement d’Ariane 6

    Trois avions Rafale seront déployés en Guyane du 1er au 17 juillet pour renforcer la protection du centre spatial, dans le cadre du lancement inaugural d’Ariane 6 prévu le 9 juillet prochain.

    Commentaire AASSDN : Le lancement de la fusée Ariane 6 le 9 juillet 2024 devrait permettre à la France et à l’Europe de retrouver leur autonomie d’accès à l’espace perdu il y a un an avec l’arrêt de la production de la fusée Ariane 5. Kourou, est un atout indispensable à l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe. Sa pérennité exige que ce site et plus généralement la Guyane, soit développés et sécurisés sur le plan intérieur mais aussi protégés notamment lors des lancements face aux éventuelles agressions extérieures. Rappelons que les pas de tir de Kourou permettent de lancer non seulement les fusées Ariane VI, mais aussi les fusées Soyouz (jusqu’en février 2022)et Véga

    Ces aéronefs de l’armée de l’Air, issus de la 4e escadre de chasse de la Base aérienne 113 de Saint-Dizier, seront stationnés sur la Base aérienne 367 « capitaine François Massé ». Ils seront accompagnés de deux hélicoptères Fennec de BA367. Les Rafale effectueront plusieurs vols de jour au-dessus de la Guyane.